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Full text of "La génération ou exposition des phénomènes relatifs à cette fonction naturelle/ Vol. II"

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IL  A  GEMEMATÎOK: 


R  Ë  LA  T  ï  F'S 

A  ŒTTE  K)NCTIOi^ 

De  leur  méchanifmè  ,  de  leurs  caufes  refpedfcîves  , 
&  des  efFetç  immédiats  qui  en  réfûlrent. 

Traduite  de  la  Phyfiolbgie  de  M>  DE  Haller. 

Augmentée  de  quelques  Notes ,  &  d’une  DifTertatio^ 
fur  l’origine  des  Eaux  de  l’Amnios. 


Chez  DesVentes  de  la  Doué,  Libraire ,  rue  Saint 
Jacques,  vis-à-vis  le  Collège  de  Louis  le  Grand. 


M.  DCC.  LXXIV. 

'Avec  Approbation  ,  &  Privilège  du  Roh 


TA  BLE 

D  E  s  C  HA  PITRES 

CONTENUS 

Dans  ee  fécond  Volume. 

H  A  P I T  R  E  I.  Lis  dépendances 
du  Fétus.  page  I 

'Dijfertatidn  fur  V origine  des  Eaux  de 
VAmnios,  33 

C  H  A  P.  I  r.  La  vie  du  Fétus.  1^8 
C^téS.TtLDeLAccouchemmU  41 1 


Fin  de  la  Table; 


LA  GÉNÉRATION, 


TIRÉE 


DE  LA  pnrsioioG  JE 
DE  M.  'DE  HALLER. 


CHAPITRE  L 
Tes  Dépendanges  du  Fétus, 


§.  L  Les  commcncemcns delà  vie, 

N  O  U  s  avons  dit  que  c’efl:  îa  femeace 
du  mâle  qui  anime  &  donne  la  vie  au  nou^ 
•veau  fétus  ;  maintenant  nous  difons  qu’ii 
eft  vivant  5  quand  fon  cegur  a  du  mouyerr 
ment. 

Je  ne  feais  pourquoi  Jes  anciens  diibient 
qu  il  n’avoit  point  de  mouvement  dans  la 
matrice  ;  il  ell  certain  qu’ii  en  a  dans  tous 
les  genres,  d’animaux.;  desnxpériences  très-* 
connues  prouvent  qu’il  %  meut  dans  les 
Tome  IL  A 


2  Des  Dépendances 

cDufs  des  oifeaux ,  &  c’efl;  même  à  caufe  de 
ce  mouvement  qu’Ariftote  Ta  nommé  le 
point  fautiilant ,  punduni  faliens. 

Dès  que  les  premiers  rudimens  du  fétus 
font  à  portée  d’être  apperçus ,  on  diftingue 
le  mouvement  du  fang  ;  iln’y  a  que  Je  ven¬ 
tricule  gauche  &  le  bulbe  de  l’aorte  qui  fe 
mettent  les  premiers  en  jeu  ;  enfuite ,  au 
bout  de  peu  de  tems ,  il  y  a  du  mouve¬ 
ment  dans  trois  véiicules  qui  battent  par 
ordre ,  ce  font  la  fin  de  la  veine-cave , 
qui  doit  devenir  l’oreillette*  droite  ,  le 
ventricule  gauche ,  &  enfin  l’aorte  ,  qui 
alors  n’efl:  qu’une  efpece  de  bulbe.  Ces  trois 
vélicules  s’élèvent  àc  fe  diftendent  avec 
beaucoup  de  vîtelTej  &  peu  après  ces  pe¬ 
tites  parties  fe  contraèfent  &  chaffent  le 
fang  ;  c’efl:  la  veine-cave  qui  commence  , 
enfuite  le  ventricule  gauche,  &  enfuite 
Faorte. 

Ces  diffenfions  &  contrarions  alterna¬ 
tives  font  un  très-bel  effet  dans  l’œuf;  mais 
elles  deviennent  obfcures  ,  dès  que  l’oreil¬ 
lette  &  le  ventricule  droit  fe  font  unis  en- 
femble,  &  font  corps  avec  les  premières 
ébauches  du  cœur  ;  au  relie,  le  mouve¬ 
ment  continue  toujours  dans  le  cœur  du 
poulet;  cemouv^ent  efl:  fi  vif,  qu’on  le 
fuit  a  peine  des  yeux  ;  il  y  a  jufqu’à  140 


du-Fctus,  3 

pulfations  dans  une  minute  ;  M.  Wolf  Ta 
vu  battre  lentement  au  bout  de  vingt- 
neuf  heures  ,  lorfque  les  vaiffeaux  étoient 
devenus  bruns  ;  j’ai  fouvent  vu  les  bâtte- 
mens  moins  fréquens  &  lents,  quand  l’a¬ 
nimal  étoit  très-foible. 

Ces  points  fanguins  commencent  à  fe 
mouvoir  d’abord  avant  48  heures  j  &  moins 
de  36  heures  après ,  il  y  a  de  vrai  fan  g 
rouge  dans  les  vaiffeaux  ombilicaux  ,  qui 
appartiennent  à  la  figure  veintufeà\i  jaune 
de  l’œuf;  mais  ces  vaifleaux  perdent  de  leur 
couleur  en  approchant  du  corps  du  fétus , 
car  ils  reftent  long-tems  blancs;  c’eft  pour¬ 
quoi  on  peut  dire  que  le  fang  eft  formé 
avant  le  cœur,  &  qu’on  en  voit  dans  les 
vaiffeaux  des  membranes  ,  dans  le  tems 
que  les  parties  du  fétus  font  encore  toutes 
blanches. 

.  Mais  nous  avons  fait  voir  ailleurs  qu’on 
pouvoit  diftinguer  à  l’œil,  mais  que  fur- 
tout  il  étoit  naturel  de  conjedurer  que  le 
cœur  avoir  du  mouvement,  quoiqu’encore 
fans  couleur  ;  car  fi  on  enleve  le  cœur , 
ou  que  l’on  coupe  feulement  quelque  gros 
vaiffeau ,  qui  par  fa  fedion  arrête  le  mou¬ 
vement  du  cœur,  fout  mouvement  ceffe 
dans  l’embryon. 

Si  donc  la  caufe  du  mouvement  du  far  g 
'  A  i  j 


4  Des  Dépendances 

dans  tout  l’embryon,  réfide  dans  le  cœur , 
&  il  les  'vailleaux  fanguins  qui  prennent 
leur  origine  au  cœur,  s’étendent  peu-à-peu 
dans  la  pulpe  de  la  membrane  du  jaune,  il 
eft  certain  que  le  cœur  a  exifté  avant  ;  que 
c’eft  fon  rnouvement  qui  a  fait  circuler  le 
fang,  &  que  c’efl:  le  cœur  qui  a  été  la  caufe 
de  la  couleur  rouge  du  fang.  Si  on  n’ap- 
perçoit  point  le  cœur  avant  zq  heures , 
c’eft  que  fa  petitejfTe  &  fa  tranfparence , 
font  que  les  bornes  dont  il  eft  .circonfcrit 
échappent  à  la  vue  oc  dans  ce  tems  le  niou- 
vemènt  de  l’embryon  n’eil:  pas  plus  feniible 
que  le  cœur  li’ eft  apparent. 

Des  Ôbfervateurs  ont  vu  le  cœur  bon¬ 
dir  dans  l’œuf  du  monocle ,  dans  celui  du 
moine ,  &  dans  celui  de  la  vipere. 

Murait  a  vu,  le  14®.  jour,  le  point fautil- 
lant  dans  un  fétus  de  quadrupède  (  du 
chien  )  ;  il  a  vu  auffi  le  fang  paffer  dans  l’ar- 
.  tere,  éc  revenir  au  cœur.  Quoique  Graaf 
n’ait  pas  apperçu  les  puîfations  du  cœur  le 
14®.  jour,  dans  le  fétus  du  lapin ,  cepen¬ 
dant  il  eft  prefque  sûr  qu’il  y  en  a  eu ,  puif- 
qu’il  étoit  plein  de  fang  ;  Harvée  l’a  vu 
dans  celui  du  daim,  mais  plus  tard  ;  car  ce 
fétus  neparoît  pas  encore  après  30  jours  ; 
d’autres  ôbfervateurs  Font  vu  dans  dilFérens 
animaux. 


■'  du  Fêtas»  ^ 

Les  occâfions  de  faire  ees  oBfervations 
fur  le  fétus  liumain  font  fort  rares ,  &-l’àge 
de  l’embryon  eft  incertain  j  fuivant  Cangia- 
milâ  ,  le  fétus  eft  formé  &  vivant  le  lé®: 
Jour;  ailleurs  il  dit  îe  20®.,  ou  le'  21  ^  &  le 
29=.  ;  mais  ce  n’eft  que  d’après  les  plancHes 
de  BiancM  qu’il  a  avancé  cette  opinion  ,  & 
nous  avons  fait  voir  ailleurs  qu’on  doit  peu 
compter  fur  l’exaftitude  de  ces  plancHes. 

On  a  vu  le  cœur  bondir  dans  un  œuf 
Humain  pas  plus  gros  qu’une  noix  ,  &  dans 
un  fétus,  gros  comme  une  moücHe  kmieî. 

Un  embryon  qu’on  avoit  pris  pour  un' 
caillot ,  avoir  vie. 

Un  autre,  pas  plus  gros  qu^un  fcarabée, 
renfermé  dans  un  œuf  de  la  groffeur  de  ce¬ 
lui  d’une  poule,  a  donné  des  lignés  de  vie. 

Un  autre  qui  n’ avoir  point  de  cordon , 
&  qui  n’étok  pas  deux  fois  plus  gros  qu’un 
fcarabée  ,  étok  auffi  vivant. 

Le  32®.  jour,  le  fétus  remue  fes  mem¬ 
bres  ;  &  Hippocrate  ,  ou  plutôt  FAutèur 
du  livre  qu’on  lui  attribue ,  dit  que  les  gar¬ 
çons  les  remuent  le  30®;  jour  ,.  &  les  filles, 
te  42=. 

Ariftote  veut  que  le  mâle  remue  du  côté 
droit  de  la  matrice,  te  40®.  jour;  un  autre 
Auteur  dît  que  le  cœur  battoir  le  40®.  jour  ,. 
&  il  ajoute  qu’un  autre  fétus  a  fi  bien  don- 
A  iij. 


^  Des  Dépendances 

né  des  fignes  de  vie ,  qu^on  n^a  point  ba¬ 
lancé  à  lui  donner  le  batême  ;  Mauriceau 
dit  que  quelques  femmes  le  Tentent  dès  le 
fécond  mois. 

Il  n’y  a  point  de  doute  que  l’enfant  ne 
donne  des  fignes  de  Vie ,  quand  il  eft  k  ua 
terme  plus  avancé ,  comme  k  trois  mois , 
quoiqu’il  n’ait  point  encore  d’os ,  k  trois 
mois  &  demi  &  k  quatre  ;  car  communé¬ 
ment  il  fait  fi  bien  fentir  fes  mpuvemens 
après  quatre  mois ,  k  quatre  mois  &  demi , 
qu’on  les  fent  k  travers  les  tégumens  du 
bas-ventre. 

Cangiamilâ  affure  contre  M.  Méry ,  que 
les  enfans  qu’on  extrait  par  l’opéçation  cé- 
farienne  font  prefque  toujours  vivans ,  mê¬ 
me  avant  le  ÿ-  mois,  &  qu’ils  vivent  quel¬ 
que  tems  ajjrès  avoir  été  tirés  de  la  ma¬ 
trice  ,  une  heure  k  trois  mois  ;  il  y  en  a  un 
exemple  de  M.  Morgagni.'  Ce  même  Au¬ 
teur  dît  qu’ils  vivent  même  deux  heures , 
&  jufqu’k  ï  ,  23  ^  24,  39  &  48  ;  un  autre 
dit  quelques  heures. 

Ceux  dont  parle  M.  Morgagny ,  &  d’au¬ 
tres  Auteurs  célébrés ,  étoient  aulïi  vivans. 
Sterren  a  lui  -  même  extrait  un  fétus  vi¬ 
vant. 

Un  enfant  de  <5  mois  qu’on  tira  par  l’o¬ 
pération  céfarienne  ,  étoit  fi,  bien  vivant , 


âu  Fétus*  7 

qu’on  lui  adminiftra  le  batême  ;  &  un  au¬ 
tre  de  huit  jours  a  vécu  dix  minutes. 

On  a  vu  le  cœur  battre  dans  un  veau 
tiré  par  une  féétion  faire  au  ventre  de  fa 
mere  ;  il  y  a  même  un  Auteur  qui  aifure 
que  des  petits  chiens,  tirés  de  même  du 
ventre  de  leur  mere  ,  ont  vécu  quinze  mi¬ 
nutes. 

J’en  ai  auffi  tiré  de  vivans  de  différentes 
chiennes. 

La  loi  Romaine  étoit  bien  jufte  :  elle 
punilToit  de  mort  celui  qui  avoic  procuré 
l’avortement  d’une  femme,  dont  l’enfant 
étoit  formé  &  animé;  ot,  les  loix  recon- 
noilToient  le  fétus  comime  animé  ,  quand 
il  eft  à  40.  jours  ;  &  d’autres  ont  encore 
dit  avec  plus  de  raifon ,  cju’il  n’y  avoir  au¬ 
cune  différence  entre  procurer  l’expulfiôn 
d’uii  fétus  animé ,  &  celle  d’un  fétus  fans 
vie  ;  ainfi  ,  les  modernes  ont  raifon  de  dire 
.que  l’enfant  eft  toujours  vivant,  même 
avant  fa  maturité. 

C’eft  avec  raifon  que  Jérôme  le  Floren¬ 
tin  foutient  que  le  fétus  a  une  ame ,  dès 
i’inftant  qu’il  eft  conçu.. 

Je  ne  vois  à  la  vérité  aucun  terme ,  au¬ 
quel  on  puiffe  fixer  la  principale  époque 
de  l’exiftence  de  l’ame  ;  je  ne  dirai  pas  qu’il 
n’y  a  point  d’ame  dans  l’embryon,  parce 


^  3cs  DipendaUcéè 

que  fôri  cerveau  efl  trop  mou ,  puifqu^oiï 
peut  feeoiinoître  à  Finlini ,  des  degréâ 
de  cette  moîleffe  ^  &  que  j’ai  vu  dans  le 
poulet,  un  mouvement  fpontané  ,  peu  dé 
jours-  après  avoir  apperçu  fon  cœur  pour 
la  première  fois.- 

Il  eft  fort  difficile  de  prouver  que  l’hom* 
me  eft  déjà  vivant  avant  la  conception  ^ 
GU  qüé'  les  animaux  fpermatiques  font  ani¬ 
més.  Il  eft  néçefîaire  d’admettre  que  le 
mouvemen-t  du  cœur  ^  dans  un  embryon 
encore  renfermé  dans  l’ovaire,  eft  ft  foi^ 
ble,  qu’il  ne  peut  fe  faire  aucune  exten- 
lion  •  que  le  refte  de  fes  membres,  &  des 
parties  de  fon  corps  qui  font  deftinées  à 
obéir  à  fa  volonté  ,'ne  font  abfolumenC 
d’aucun  ufage ,  &  qubl  ne  fait  aucun  exer¬ 
cice  de  fes  fens;  mais  à  l’imitation  de  Ga¬ 
lien  ,  je  me  difpenfe  de  prononcer  fur  ces 
rnyfteres- ,  &  fur  l’origine  de  l’ame  hu¬ 
maine. 

En  général ,  il  eft  probable  qiie  le  fétus 
eft  animé  ,  quand  fes  membres  jouiffient 
d’un  mouvement  fpontané  ,  &  même  un 
peu  de  tems  avant  ;  car  il  eft  aifé  de  prou¬ 
ver  que  ce  mouvement  peut  exifter,  avant 
d’être  à  la  portée  des  yeux,-  dans  des  par¬ 
ties  tranfparentes  d’une  extrême  petitelTe  ^ 
ds  que  peu  de  perfonnes  ont  pu  voir. 


9 


du  idituSi 

§.  1 1.  Le  Fétus  prend  racine  dans  là 
Matrice, 

Je  fie  nierai  point  que  l’œuf  humain  ne 
foit  flottant  dans  la  matrice  ,  tin  petit  ef- 
pace  de  téms  ;  cependant  quoique  je  nef  aie 
jamais  vu,  je  foupçonne  qu’on  a  été  in-' 
düit  à  croire  qu’il  n’y  avoit  encore  aucune 
adhérence  ,  parce  que  cette  adhérence  eflr 
très  -  légère;  je  l’ai  trouve  telle  dans  les 
premiers  tems  de  la  formation  du  fétus. 

Dès  ce  tems,  l’œuf  efl:  déjà  garni  de  du-' 
Vet  a  l’extérieur ,  &  on  croit  que  dans  ce 
duvet,  il  y  a  des  radicules  qui  réforbent  une 
partie  de  l’humeur  de  la  matrice ,  pour  en 
faire  fa  nourriture ,  comme  on  penfe  que 
quelques  œufs  d’infeâies  prennent  nourri¬ 
ture  par  leur  furface  extérieure. 

Je  ne  croirai  pourtant  pas  que  cet  éTat 
êfl  de  longue  durée  ,  ni  que  peut  -  être  il 
dure  jufqu’k  ce  que  l’œuf  ait  rempli  toute 
la  cavité  de  la  matrice  ;  car  comme  le  pla¬ 
centa  s’implante  le  plus  communément  en¬ 
tre  les  trompes  ,  on  comprend  aifément 
par-là,  qu’il  eft  probable  que,  c’eft  à  cet 
endroit  que  fe  fait  la  première  adhérence, 
&  qu’il  fe  préfente  vis-à-vis  les  petits  floc- 
coiis  de  la  matrice. 

Il  fort  auffi  de  toute  l’enveloppe  de  l’œuf. 


10  Des  Dépendances 

de  petits  floccons  très-apparens;  il  y  en  a 
moins  dans  les  commencemens,  &  ces  petits 
floccons  ne  font  point  contenus  dans  Toeuf 
ni  dans  fes  membranes  ;  ils  font  longs ,  ils 
forment  des  ramifications ,  ils  fe  divifent 
&  fe  fubdivifent ,  &  ils  paroilTent  fe  déve¬ 
lopper  les  uns  après  les  autres, 

A  mefure  que  le  fétus  prend  de  f  accroif* 
fement ,  il  fort  des  filets  apparens  de  la  par¬ 
tie  la  plus  étroite  de  Tœuf ,  de  façon.que 
c’efl:  la  partie  inférieure ,  celle  qui  efl:  vers 
le  col  de  la  matrice ,  qui  s’en  dégarnit  la 
première ,  &  qu’en  total  le  placenta ,  qui 
n’efl:  autre  chofe  que  l’amas  de  ces  filets , 
efl:  d’autant  plus  grand,  que  l’embryon  eft 
plus  petit. 

On  a  Vu  k  la  fin  du  premier  mois ,  le 
tiers  de  l’œuf  tomenteux ,  la  moitié  au  troi- 
fieme  &  au  cinquième ,  &  il  y  en  avoit 
même  plus  de  la  moitié  prefque  à  terme  ; 
cependant  j’avertis  qu’il  n’efl:  pas  sûr  que 
ceux  qui  ont  fait  ces  obfervations ,  ne  fe 
foient  pas  trompés  fur  le  terme. 

Cet  amas  de  filets  fe  raflembîe  en  dimi¬ 
nuant  vers  la  partie  fupérieure  de  l’œuf. 

.  On  doit  croire  qu’il  y  a  k  la  furface  in^ 
terne  de  la  matrice ,  des  floccons  pareils  à 
ceux-ci ,  qui  cependant  font  plus  courts  ; 
car  Hartmann  a  vu  de, petits  vaifîeaux 


II 


du  Fétus. 

prêts  à  recevoir  le  placenta  ;  &  "W^eiss  les  a 
obfervés  dans  une  nouvelle  accouchée;  ou 
voit  dans  l’intérieur  de  la  matrice  des  va¬ 
ches  qui  rie  font  pas  pleines ,  des  tubercu¬ 
les  ,  propres  à  recevoir  les  cotylédons  du 
fétus  ;  on  voit  aufli  dans  la  matrice  des 
femmes ,  des  tubercules  qui  répondent  aux 
finuofîtés  du  placenta. 

§.  111.  La  membrane  extérieure  de  Fœuf. 

Dans  le  commencement,  ces  petits  vaif* 
féaux  font  nuds ,  &  fi  on  les  met  dans 
l’eau,  on  les  voit  flotter  en  liberté  ;  cepen¬ 
dant  on  les  trouve  fouvent  fi  couverts  de 
fang ,  que  tout  l’œuf  paroît  couvert  de  fang 
engrumelé. 

Mais  la  furface  d’un  œuf  un  peu  plus 
grand,  a-peu-près  de  trois  pouces  de  long, 
efl:  toute  différente. 

Il  eft  alors  tout  couvert  d’une  mem¬ 
brane  molle,  poreufe,  prefque  réticulaire, 
pulpeufe  ,  couverte  de  filamens  courts  , 
fortaifée  à  déchirer ,  de  compofée  de  feuil¬ 
lets  appliqués  les  uns  fur  les  autres;  c’eft 
par  ce  moyen  que  cette  membrane  eft  at¬ 
tachée  à  la  matrice,  mais  l’adhérence  eft  fi 
foible ,  que  tout  fœuf  peut  s’en  détacher 
fans  beaucoup  de  dilficulté  ;  elle  eft  unie 
à  i’intérieur  ,  de  percée  de  pores  plus  ap- 


î  %  ’Dcs  Dépendances 

païens ,  &  les  filets  plàcenta  sj  implan¬ 
tent. 

C’eft  entre  cette  membrane  &  l’enve¬ 
loppe  moyenne  de  l’œuf ,  que  font  les  fi¬ 
lets  dont  nous  avons  parlé  au  §.  précé¬ 
dent 

Ce  n’efl:  point  une  mafie  de  fang  coa¬ 
gulé,  quoiqu’il  y  ait  fou  vent  deflbus  ,  du 
fang  mêlé  avec  les  filamens ,  dt  il  ne  pa- 
iroît  pas  qu’elle  ne  fe  forme  que  par  ha- 
fard,  mais  il  eft  plutôt  probable  qiie  c’efi: 
le  chorion^  c’eft-k-dire  une  membrane  ex¬ 
térieure  de  l’œuf,  qui  alors  eft  développée  y 
êc  femblâble  à  une  enveloppe  particulière, 
parce  que  le  placenta  qui  commence  à  fe 
former ,  &  qui  n’a  pas  encore  affez  de  con- 
fiftance ,  ni  des  lacis  affez  épais  de  fila- 
mens ,  fe  diftingue  mieux  alors  de  l’enve¬ 
loppe  qui  le  recouvre. 

J’ai  vu  cette  membrane  pulpeufe;,  le  y. 
mois  I  mais  vers  le  4^,  elle  devient  fibreufe 
&  filamenteufe ,  &  c’eft  par  ce  moyen 
qu’elle  s’attache  d’une  part  au  placenta  au¬ 
quel  elle  reffembîe ,  &  de  rautre  part  à  la 
matrice  ;  enfin  elle  devient  une  vraie  mem¬ 
brane  ,  interpofée  entre  le  placenta  &  la 
matrice  ;  je  l’ai  vue  dans  cet  état,  quitter  k 
une  petite  diftance  du  placenta  ,  fa  nature 
membraneufe  ,  n’être  plus  qu’un  duvet  y 


du  Fétus.  :  13 

je  l’ai  vue  auffi  dans  un  fétus  a  terme,  être 
une  membrane  unie  &  continue  ;  c’eft  unç 
vraie  membrane,  les  vailTeaux  qui  lui  vien¬ 
nent  du  placenta,  &  qui  s’implantent  dans 
la  matrice,  le  démontrent. 

Les  anciens  l’ont  entendu  de  même ,  & 
dans  les  Ecoles,  on  a  enfeigné  que  le  pla¬ 
centa  étoit  recouvert  du  chorion,  du  côté 
qui  regarde  la  matrice ,  &  que  le  chorion 
recouvroit  tout  l’ceuf 

C’eft  auffi  la  même  chofe  dans  les  bru¬ 
tes. 

On  a  cru  que  cette  membrane  étoit  in- 
terpofée  entre  le  placenta  &  la  matrice,  & 
qu’elle  interceptoit  la  communication  en-- 
tre  l’un  &  l’autre  ;  mais  on  verra  par  la 
fuite  que  c’eft  au  contraire  cette  membrane 
qui  l’entretient. 

§.  l'Sf .  Le  Chorion. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  les  filets 
de  l’enveloppe  qui  contient  les  eaux  &  le 
férus ,  venoient  peu-à-peu  fe  ralTembler  à 
la  partie  fupérieure  de  l’œuf,  &  que  .  la 
partie  inférieure  ceftbit  d’en  être  couverte  ; 
nous  avons  dit  auffi  que  c’eft  la  même  en¬ 
veloppe  qui  renferme  la  partie  tomenteufe 
de  l’œuf ,  &  celle  qui  ne  paroît  pas  l’être. 

Quelques  Auteurs  modernes  ont  donné 


14  Des  Dépendances 

un  nom  difFérent  à  cette  membrane ,  a  l’en¬ 
droit  où  elle  recouvre  le  placeijta ,  &  dans 
celui  où  elle  n’eft  point  garnie  de  duvet  ; 
ils  ont  confervé  le  nom  de  chorion  à  une 
autre  enveloppe  qui  relTemble  à  une  vraie 
membrane  ,  qui  vient  prendre  la  place  de 
cette  première  ,  fur  la  partie  de  Tœuf  dé¬ 
pouillée  de  fon  duvet. 

Pour  nous  conformer  aux  anciens ,  nous 
appelions  chorion  cette  même  membrane , 
que  nous  venons  de  dire  qui  occupe  la 
place  du  placenta  ;  Harvée  obferve  qu’on 
l’a  nommé  allantoïde. 

Elle  recouvre  donc  tout  l’œuf. 

On  la  trouve  dans  tous  les  quadrupè¬ 
des  ,  même  ceux  dans  lefquels  à  peine' 
peut  -  on  reconnoître  un  vrai  placenta , 
comme  dans  la  truie  ;  ce  qui  prouve  com- 
plettement  que  les  quadrupèdes  peuvent  fe 
paffer  de  placenta  ,  mais  qu’ils  ont  abfo- 
iument  befoin  de  chorion. 

On  peut  appeller  cette  membrane ,  le 
feuillet  extérieur  du  chorion  ;  mais  à  la 
circonférence  du  placenta,  il  s’en  fépare 
un  autre  feuillet  plus  rnince ,  qui  vient  cou¬ 
vrir  fa  face  interne  ;  cependant  il  ell  diffi¬ 
cile  de  fuivre  fa  continuité  au-delà  de  l’en¬ 
droit  ,  où  les  plus  gros  rameaux  des  vaif- 
feaüx  ombilicaux  viennent  fe  jetterdans  fa 
fubftance. 


du  Fétus,  I  ^ 

Le  chorion ,  tel  que  nous  venons  de  le 
décrire,  eft  une  membrane  jaunâtre,  mol¬ 
le,.  lifTe,  comme  grailTeufe ,  aifée  à  déchi¬ 
rer  ,  couverte  de  filamens  ,  qui  ont  diffé¬ 
rentes  dirédions,  entrelacés  &  flottants  à 
l’extérieur;  intérieurement  unie,  plus  fer¬ 
me  ,  réticulaire  &  poreufe  ;  cette  mem¬ 
brane  nereffemble  à  aucune  autre  mem¬ 
brane  du  corps  de  l’animal ,  c’efl:  ce  qui  a 
fait  que  Fallope  l’a  comparée  à  un  gluten 
charnu  ;  cependant  avec  de  l’efprit-de-vin 
on  lui  donne  la  confiftance  d’une  vraie 
membrane. 

Plufleurs  Auteurs  difent  qu’elle  efl  feuil¬ 
letée,  mais  je  ne  l’ai  pas  vue  telle. 

La  face  extérieure  s’unit  aux  floccons  de  , 
la  matrice ,  de  façon  qu’on  peut  en  arra¬ 
cher  les  filets  qui  forment  cette  union,  & 
qu’en  lés  rompant,  il  en  reflie  de  pareils  à 
la  matrice  ;  j’ai  prefque  toujours  trouvé 
dans  les  femmes  mortes  en  couches  ,  de 
larges  portions  de.  cette  membrane,  adhé¬ 
rentes  à  fa  cavité  ;  ce  n’eft  pas  que  je  veuille 
parler  ici  de  l’adhérence  du  placenta. 

La  face  interne  efl:  adhérente  à  la  mem¬ 
brane  mitoyenne ,  par  lé  moyen  d’un  tiflu 
cellulaire  lâche  ;  quelquefois  il  y  a  aufli  de 
l’eau  dans  ce  tifîli  ;  &  elle  efl:  unie  au  pla¬ 
centa  par  le  moyen  de  fibrilles  &  de  pe¬ 
tits  vaiffeaux. 


'  Des  Dcpmdancts 

La  plus  grande  partie  du  chorion  eft  vaf- 
culeufe,  &  on  peut  la  remplir  de  liqueur 
colorée  ,  quoique  fes  vailTeàux  foient  fort 
petits  ;  mais  on  les  voit  manifeftement  dans 
les  animaux ,  comme  dans  la  vache  &  la 
truie  ;  un  célébré  Anatomifte  y  a  vu  des  vei¬ 
nes  ,  mais  il  n’a  point  vu  d’arteres  fe  rendre 
de  la  matrice  au  chorion. 

Une  partie  de  ces  vailîeaux  fe  plonge 
dans  la  fubftance  de  la  matrice ,  ce  qui  éta¬ 
blit  une  correfpondance  de  vaiffeau  à  vaif- 
feau;  &ply  a  une  double  liaifon  delà  ma¬ 
trice  avec  le  chorion  ;  l’une  fe  fait  par  le 
moyen  de  ces  vailTeaux^  &  l’autre  par  un 
tiffii  cellulaire. 

Dans  le  fétus  humain ,  le  chorion  n’a 
point  de  glandes  ;  il  y  a  cependant  de  pe¬ 
tites  portions  de  graiffe. 

j’ai  lu  dans  quelques  Auteurs  ,  que  c^é- 
toit  une  continuation  de  la  peau  ou  de  i’é- 
piderme  du  fétus  ;  mais  il  me  paroît  que 
le  cordon  va  plutôt  s’inférer  dans  une  fente 
de  la  peau 

Quand  il  y  a  deux  enfans  dans  la  ma¬ 
trice  ,  alors  le  chorion  concourt  avec  l’am- 
nios ,  à  former  la  cloifon  qui  fes  fépare  ; 
dans  les  animaux  dont  la  portée  eft  de  plu- 
jieurs  fétus  ,  chacun  d’eux  a  fon  chorion 
particulier  •  je  fuis  sûr  de  l’avoir  vu  ainft  ÿ 

IN'l 


du  Fétus,  ly 

M.  Levret  Ta  cependant  vu  autrement,  car 
il  dit  que  le  chorion  eft  commun  aux  deux 
enfans. 

§.  V.  La  Membrane  mitoyenne. 

Beaucoup  d’anciens  ont  fait  mention  de 
cette  enveloppe  ;  je  ne  parle  pas  de  Galien, 
qui  entend  par  le  chorion,  le  placenta,  ce 
qui  prouve  qu’il  n’a  difTéqué  que  des  bru¬ 
tes  ;  cependant  il  admet  deux  lames  au  cho¬ 
rion  ,  entre  lefquelles  il  y  a  des  vailfeaux 
qui  ferpentent  J  &  d’ autres  ont  embralTé  fon 
opinion. 

Je  penfe  que  ceux  qui  difent  que  la  face 
interne  du  chorion  eft  unie ,  ont  voulu  par¬ 
ler  de  la  membrane  dont  il  eft  queftion. 

Albinus  n’a  donné  le  nom  de  chorion 
qu’à  cette  membrane. 

Beaucoup  d’ Auteurs ,  tels  que  Need- 
ham,  Diemerbroeck ,  Bidloo  ,  Harder , 
Hoboken  lui-même ,  qui  cependant  l’a  très- 
bien  connue ,  Simfon ,  Littré ,  Fanton  & 
d’autres,  l’ont  appellée  allantoïde. 

D’autres  l’ont  appellée  fauiîe allantoïde^ 
d’autres  la  fécondé  membrane  de  l’œuf,  ou 
la  membrane  mitoyenne,  ou  la  troifieme  j 
&  cette  dénomination  me  paroît  afîez  juf- 
te ,  mais  il  faut  fe  reflbuvenir  qu’elle  n’eft 
au  milieu ,  qu’a  l’endroit  où  n  eft  pas  le  pla¬ 
centa. 

Tome  IL 


B 


î$  Des  Dépendances 

D’autres  l’ont  ajoutée  à  l’amnios  ,  & 
ee  ii’efl:  pas  hors  de  vraifemblance. 

Elle  occupe  tout  le  contour  dé  l’œuf, 
elle  couvre  la  furface  interne  du  placenta, 
placée  entre  le  réfeau  du  chorion  &  l’am- 
nios  ,  &  elle  fe  continue  par-tout  parallèle¬ 
ment  à  l’aranios ,  à  l’endroit  de  l’œuf  qui 
n’eft  point  hérilTé  de  filets,  &  qui  répond 
à  la  matrice. 

C’efl:  une  membrane  blanche  &  opa¬ 
que  ,  qui  n’efl:  pas ,  comme  i’amnios ,  d’u¬ 
ne  tranfparenCe  d’eau  ;  qui  n’efl;  pas  très- 
forte  ,  mais  qui  l’eft  cependant  beaucoup 
plus  que  ie  chorion;  elle  n’eft  ni  très-fine , 
ni  arachnoïde ,  comme  on  l’a  dit. 

Elle  eft  légèrement  unie  au  chorion  , 
par  le  moyen  d’un  tiflli.  cellulaire ,  &  il  eft 
facile  de  détruire  cette  union  ;  quelquefois 
il  fe  trouve  entre  l’une  &  l’autre  quelques 
portions  graiffeufes  ;  c’eft  auffi  parle  moyen 
d’ un  tiftii  cellulaire  qu’elle  eft  unie  à  l’am*. 
nios  par  fa  partie  concave  ;  mais  funion 
eft  plus  forte  qu’avec  le  chorion,  &  n’eft 
pas  fi  facile  à  détruire  ;  elle  va  fe  rendre 
au  cordon ,  au  defius  de  la  divifion  des 
vaifTeaux,  c’eft- à- dire  très -près  de  l’en¬ 
fant. 

On  a  tort  de  rejetter  cette  membrane, 
elle  eft  plus  certainement  une  membrane 


âu.FcttL$y, 

qüeîe  cîiofîon  lui-même;  c’eÈd’elîe  que 
véritablement  le  placenta  prend  nailTance  " 
car  elle  n’eft  qu^un  duvet ,  dans  un  três- 
foible  embryon  >  &  elle  devient  par  la  fuite 
une  vraie  &  folide  membrane. 

Elle  n^eft  d’abord  qu’une  pulpe  -,  mais  ce« 
pendant  elle  p’eft  pas  poreufe  ;  les  modernes 
conviennent  que  dans  ce  tems  auffi,  îe 
chorion  n’eft  encore  qu’une  mucofité. 

^  C’eft  pourquoi  il  n’eft  pas  probable  qu’il 
ait  pu  prendre  naiftance  d’un  tiftu  celiu« 
îaire  placé  autour  du  péritoine. 

Perfonne  n’a  encore  vu  de  vailTeaux  ni 
de  nerfs  dans  cette  membrane ,  quoique 
fort  étendue  ;  on  dit  qu’elle  eft  percée  par 
des  vaifleaux  qui  la  traverfent  pour  fe  ren¬ 
dre  au  placenta  ;  je  crois  l’avoir  reconnu , 
&  que  les  gaines  de  ces  vaifleaux  partent 
du  tiflu  cellulaire  interpofé  entre  cette 
membrane  &  le  chorion. 

Il  faut  prendre  garde  de  la  confondre, 
avec  l’allantoïde ,  qui  eft  le  réfervoir  de 
l’urine ,  de  que  Haie  &  quelques  autres  ont 
décrit  dans  l’homme. 

§.  VI.  UAmnioSe/ 

Il  eft  difficile  de  fuivre  en  ceci  un  ordre 
bien  régulier  ;  on  ne  veut  pas  détacher  le 

Bij 


2,0  Des  Dépendances 

chorion  du  placenta ,  &  cependant  on  né 
peut  gueres  en  faire  la  defcription  avant 
d’avoir  parlé  du  cordon  ;  &  il  n’eft  pas  aifé 
non  plus  de  parler  du  cordon ,  fans  parler 
en  même  tems  de  l’amnios  &  de  l’allan¬ 
toïde  ;  nous  décrirons  donc  premièrement 
l’amnios. 

Ce  qu’Empedocle  a  appellé  amnios,  eft 
cette  enveloppe  interne,  qui  dans  tous  les 
animaux  quadrupèdes  àc  volatiles ,  contient 
le  fluide  dans  lequel  efl:  renfermé  le  fétus  ; 
cette  enveloppe  exifle  donc  dans  les  qua¬ 
drupèdes  ,  les  oifeaux  ,  les  poiflTons  &  les 
quadrupèdes  froids  ;  cette  même  mem¬ 
brane  fe  trouve  aufîi  dans  les  infedes , 
mais  c’efl;  une  enveloppe  fort  dure,  ce  qui 
empêche  que  le  fluide  ne  foit  auflî  appa¬ 
rent. 

Elle  efl:  ovale  dans  les  hommes ,  &  dans 
les  volatiles  elle  a  la  figure  d’un  rein. 

Dans  l’homme,  l’amnios  efl:  une  mem¬ 
brane  fine,  cependant  plus  ferme  que  les 
autres  enveloppes  du  fétus,  &  quelquefois 
fi  dure ,  que  dans  le  travail  de  l’enfante¬ 
ment,  on  efl:  obligé  de  la  rompre;  elle  efl: 
tranfparente  ;  elle  efl:  la  même  dans  toute 
fon  étendue ,  très-lilTe  à  l’intérieur,  &  cou¬ 
verte  à  l’extérieur  d’une  efpece  de  tilTu 
cellulaire ,  par  le  moyen  duquel  elle  eft 


du  Fétus.  21 

plus  exaârement  adhérente  à  la  membrane 
mitoyenne  du  fétus ,  vers  le  placenta. 

Elle  renferme  tout  rceuf,  excepté  le  pla¬ 
centa  ,  &  va  fe  rendre  au  cordon  ombilical , 
&  fe  continue  avec  fon  enveloppe;  de  ma¬ 
niéré  qu’elle  s’élève  a  quelque  diftance  du 
placenta,  k  un  pouce  &  plus,  &  s’appro¬ 
che  du  cordon  ;  ce  qui  fait  qu’il  y  a  un 
vuide  entre  l’amnios  &  le  placenta,  une  ef- 
pece  de  bulle  qu’on  peut  faire  gonfler  en 
la  foufflant.  Quand  l’embryon  efl:  tout  nou¬ 
veau  ,  elle  renferme  tout  fon  ombilic. 

Je  me  fouviens  de  l’avoir  féparée  en 
deux  lames ,  une  pâle ,  &  l’autre  couleur 
d’eau. 

On  a  trouvé  dans  l’amnios  des  vaches , 
de  fur  fa  furfaçe  interne,  quelques. petits 
corps  blanchâtres  ^  femblabîes  a  des  glan¬ 
des  ;  on  n’en  trouve  point  de  même  dans 
l’homme;  Fabre  a  vu  aufli  dans  la  vaçhe, 
des  véficules  aqueufes. 

Dans  les  volatiles. ,  il  y  a  dans  cette  mem¬ 
brane  ,  des  vaifîeaux  fanguins  très  -appa- 
rens;  il  y  en  a  aufli  dans,  les  quadrupèdes, 
comme  la  vache  &  la  truie  ;  ils  font  plus, 
difficiles  k  appercevoir  dans  l’homme. 

J’ai  cependant  vu  une  fois  un  rameau  dq 
de  l’artere  ombilicale  qui  alloit  k  l’amnios  , 
dt  qui  delà  allok  fe. ,  rendre  au  placenta  i 
B  üj 


j%2,  Des  Dépendances 

Needïiam  a  dit  autrefois  ,  qu’on  pou¬ 
voir  appercevoir  des  vaifTeaux  dans  l’am- 
nios,  quand  le  fujet  étoit  encore  chaud ,  & 
que  le  froid  les  faifoit  difparoître  ;  Hobo- 
ken  en  a  vu  quelques  veftiges.  Tout  ceci 
femble  prouver  qu’il  y  a  des  vailTeaux  dans 
Famnios,  quoiqu’on  nepuilTe  pas  les  faire 
voir  ;  il  y  a  même  un  Auteur  qui  a  vu 
tranfuder  par  Famnios ,  de  la  liqueur  in- 
jedée  dans  l’artere  ombilicale. 

On  a  conjeiluré  qu’il  y  avoit  des  vaif- 
feaux  laiteux  ou  lymphatiques ,  mais  au¬ 
cune  expérience  ne  Fa  confirmé. 

Dans  l’homme,  comme  dans  les  brutes, 
chaque  fétus  a  fon  amnios ,  ce  qui  prouve 
que  les  fétus  qui  paroilTent  adhérens  Fun  à 
Fautre,  ne  le  font  pas,  s’ils  ont  eu  chacun 
leur  amnios  ;  car  ceux-là  font  renfermés 
dans  lé  même  ;  on  a  vu  deux  fétus  qui  te- 
noieint  enfemble  par  les  feffes ,  qui  avoienc 
été  renfermés  dans  le  même  amnios. 

'  Il  y  a  cependant  très-peu  d’exemples  de 
jumeaux  contenus  dans  le  même  amnios , 
&  encore  peut  -  on  douter  de  la  vérité  de 
qùélqües-uns  des  exemples  qu’on  en  rap¬ 
porte  ;  &  ce  que  Haie  a  pris  pour  une  al¬ 
lantoïde,  me  paroïc  être  un  fécond  amnios. 

Car  quoiqu’il  n’y  ait  qu’un  placenta ,  il 

y  a  deux  amnios  \  c’çft  ce  qui  fait, 


du  Fétus,  '%'$ 

quand  il  y  a  deux  jumeaux,  les  eaux  d’un 
amnios  peuvent  s’écouler  deux  jours  avant 
raccouchement. 

C’eft  une  membrane  particulière ,  ôc  non 
pas  une  continuation  de  la  peau  ni  du  pé¬ 
ritoine  ,  qui  enveloppe  le  cordon. 

Ce  qu’on  appelle  la  coëffe ,  eft  une  por¬ 
tion  de  l’amnios ,  que  l’enfant  apporte  avec 
lui  en  venant  au  monde  ;  l’enfant  naît  coëf- 
fé ,  quand  les  palTages  font  fort  larges  ,  & 
on  dit  que  c’eft  ligne  de  bonheur. 

§.  V 1 1.  Les  Eaux  de  V Amnios. 

Jamais  l’amnios  n’eftfans  un  fluide;  il 
contient  des  eaux  depuis  la  formation  du 
fétus ,  jufqu’à  l’inftant  de  l’accouchement. 

Moins  le  fétus  eft  avancé  ,  &  plus  eft 
grande  la  quantité  des  eaux ,  en  proportion 
de  fon  volume  ;  dans  les  commencemens  , 
le  poids  des  eaux  excède  de  beaucoup  celui 
du  fétus. 

On  a  trouvé  trois  ou  quatre  onces  d’eau  , 
avec  un  fétus  pas  plus  gros  qu’une  fourmi. 

Un  veau  qui  ne  pefoit  que  onze  gros , 
étoit  renfermé  dans  une  demi-livre  d’eau. 

Il  y  a  plus ,  on  en  trouve  beaucoup  , 
tant  dans  un  œuf  qui  n’eft  pas  fécondé  , 
que  dans  un  œuf  de  volatile  ou  de  quadru¬ 
pède,  qui,  quoique  fécondé,  ne  contient; 

B  iv 


2^  Des  Dépendances 

pas  un  fétus  qu’on  puifle  appercevoir*. 

Les  eaux  vont  toujours  en  augmentant 
en  quantité,  mais  elles  n’augmentent  pas 
en  même  proportion  que  le  fétus  ,  dont 
l’accroiffement  eft  bien  plus  conlidérable; 
on  croit  qu’au  troifieme  mois ,  le  poids  du 
fétus  excede  celui  des  eaux  dans  lefquelles 
il  eft  renfermé. 

Quand  le  fétus  eft  k  terme ,  il  n’y  a 
gueres  plus  de  deux  livres  d’eau ,  tandis 
qu’il  pefe  huit  livres  au  moins. 

Il  y  a  des  animaux ,  &  même  quelques 
femmes,  qui  ont  très  -  peu  d’eau  dans  le 
tems  de  l’accouchement;  dans  l’œuf,  elle 
fe  diffipe  depuis  le  dix  -  huitième  jour ,  de 
façon  qu’il  y  en  a  très-peu  quand  il  écloc  ; 
les  lapines  n’en  ont  plus  quand  elles  met¬ 
tent  bas. 

Ce.  fluide  diminue  auffi ,  en  proportion 
de  l’augmentation  du  fétus ,  &  de  la  quan¬ 
tité  de  l’urine ,  dans  les  animaux  quadru¬ 
pèdes  qui  ont  une  allantoïde  ;  quand  l’em¬ 
bryon  eft  tout  nouveau ,  il  y  a  beaucoup 
plus  d’eau  que  de  liqueur  dans  l’allantoïde; 
&  il  y  en  a  vingt  fois  moins ,  quand  il  eft  k 
terme  ;  un  veau  prêt  k  naître ,  a  quelques 
livres  de  fluide  dans  fon  allantoïde  ;  &  dans 
le  troifieme  mois,  il  n’y  en  a  que  très-peu. 

Dans  le  commencement ,  le  fluide ,  tant 
des^ufs  de  quadrupèdes  que  de  ceux  des 


du  Fétus,  2.*) 

volatiles ,  eft auffi  limpide  &  auffi  clair,  que 
l’eau  de  fource  la  plus  pure  ;  mais  fur  la  fin 
de  la  geftation ,  il  eft  un  peu  trouble  & 
opaque  ;  il  eft  de  couleur  roufle  ou  verdâtre. 

Il  a  quelque  chofe  de  gluant  &  de  gé¬ 
latineux  ;  cette  croûte  grafle  &  gluante  qui 
couvre  la  peau  de  l’enfant ,  en  eft  une 
preuve  ;  on  voit  auffi  quelque  chofe  de 
îemblable  à  la  furface  interne  de  l’amnios  ; 
car  qe  penfe  que  ce  font  des  concrétions  de 
ce  fluide,  qu’on  a  prifes  pour  des  glandes. 

§.  V I  I I.  La  nature  de  ces  Eaux. 

Comme  c’eft  terminer  une  grande  dif- 
pute  parmi  les  Phyfiologiftes,  que  de  dé¬ 
terminer  les  qualités  de  ces  eaux ,  il  faut 
s’en  occuper  avec  attention. 

D’abord  il  faut  prendre  garde  de  con¬ 
fondre  cette  humeur  quand  elle  eft  fraî¬ 
che  ,  avec  la  même  humeur  devenue  pu¬ 
tride  ;  car  les  eaux  ont  beaucoup  de  facili¬ 
té  à  fe  corrompre ,  principalement  dans  les 
femmes ,  quand  la  groflefle  eft  avancée  ; 
la  chaleur  du  lieu ,  &c  le  voifinage  des  in- 
teftins ,  peuvent  bien  y  contribuer  ;  cepen¬ 
dant  il  n’eft  pas  aifé  de  s’ÿ'  tromper  ,  à 
moins  qu’on  ne  le  veuille  bien;  car  ce  n’eft 
jamais  par  dépravation  qu’elles  font  de  na¬ 
ture  â  fe  coaguler;  au  contraire,  la  cha- 


2G  Dépendances 

leur  &  le  féjour  empêchent  certainement 
de  fe  coaguler  les  humeurs  qui  étoient  coa¬ 
gulables  ;  6c  fi  on  a  fait  des  expériences 
qui  aient  prouvé  que  cette  humeur  fe  coa¬ 
gule  quelquefois  ,  on  peut  affurer  avec 
confiance  qu’elle  eft  de  nature  k  fe  coagu¬ 
ler,  quoique  dans  d’autres  expériences  elle 
ne  fe  fbit  pas  coagulée. 

Les  eaux  de  l’amiiios  font  un  peu  falées, 
elles  relTemblent  afTez  à  du  petit-lait ,  mê¬ 
me  par  l’odeur  ;  elles  font  douces  dans 
quelques  animaux. 

Elles  fe  mélangent  avec  l’eau,  quoiqu’el¬ 
les  aillent  au  fond. 

Quand  on  les  prend  récentes  de  l’ani¬ 
mal  ,  elles  fe  coagulent  au  feu ,  comme  a 
coutume  de  faire  la  lymphe  ,  comme  le 
fait  le  blanc  d’ œuf  qu’on  fait  durcir  ,  6c 
enfin  comme  l’humeur  contenue  dans  les 
œufs  de  vipere. 

Les  liqueurs  fpiritueufes  fortes  les  épaif. 
fiffent,  l’alun  en  fait  de  même ,  auffi  bien 
que  l’infufion  de  noix  de  galle  6c  l’efprit  de 
nitre. 

Moi  -  même ,  je  les  ai  réduites  en  gru¬ 
meaux ,  6c  comme  un  nuage  épais,  avec  une 
liqueur  fpiritueufe  dans  un  œuf  humain 
dont  le  germe  avoir  péri. 

Il  s’y  forme,  même  fpontanément,  des 


du  Fétus.  2,7 

caillots  comme  caféeux  &  gras  j  elles  dépo- 
fent  auffi ,  quoique  corrompues ,  des  petites 
malTes  pareilles  ,  quand  on  fait  palTer  à 
travers  un  filtre  la  partie  la  plus  fluide ou 
qu’elle  s’en  eft  évaporée  par  raâ:ion  diî  feu  ; 
cependant  elles  font  aîkalines  &  falées  , 
elles  fermentent  avec  les  acides ,  &  fe  dif- 
folvent  par  l’acide  vitriolique. 

La  liqueur  qu’on  trouve  &  dans  l’effo- 
mae  &  dans  l’amnios,  m’a  paru  avoir  beau¬ 
coup  d’analogie  avec  celle  du  péricarde, 
qui  efl:  de  nature  lymphatique. 

Dans  le  cadavre  ,  le  féjour  la  rend  fa- 
îée;  quelquefois  même  elle  le  devient  fpon- 
tanément  dans  le  fétus  à  terme ,  &  de  mê¬ 
me  dans  l’œuf  ;  elle  efl:  très-gluante  ;  elle 
n’efl:  pas  fans  quelques  marques,  d’acrimo¬ 
nie,  puifqu’elle  rend  rudes  les  doigts  de  l’Ac¬ 
coucheur;  &  alors  ni  le  feu,  ni  les  liqueurs 
fpiritueufes ,  ni  l’acide  nitreux ,  ni  la  fau- 
mure ,  ne  la  peuvent  coaguler. 

Dans  cet  état,  fi  on  l’expofe  au  feu ,  on 
voit  une  écume  &  des  filamens  ,  enfuite 
elle  fe  deflTeche  ,  &  quand  l’humeur  s’én 
efl:  évaporée,  elle  laiflTe  une  terre  &  un  fel 
■fixe. 

Ces  phénomènes  font  voir  que  ce  n’efi 
pas  une  mucofité ,  car  ils  feroient  tout  au¬ 
tres  •  à  peine  une  humeur  muqueufe  fe  pu- 


2 B  Des  Dépendances, 
tréfie-t-eîle ,  à  moins  qu’elle  ne  foit  dif-* 
foute  dans  Feau  ,  &  elle  ne  fe  mêle  point 
avec  l’eau. 

J’ai  lu  qu’il  s’étoit  trouvé  des  globules 
dans  les  eaux  de  l’amnios  ,  même  après 
qu’elles  s’étoient  putréfiées. 

§.  I X.  La  fource  de  ces  Eaux. 

Çeft  un  problème  fi  difficile  à  ré  foudre , 
que  je  ne  me  flatte  pas  d’y  réufîir. 

Les  anciens  enfeignoient  qu’elles  étoient 
la  fueur,  ou  comme  la  fueur  du  fétus ,  & 
quelques  modernes  ont  étédecefentiment. 

D’autres  ont  dit  que  c’étoit  fon  urine ,, 
&  d’autres  un  mélange  de  la  fueur  &  dç 
Furine. 

On  a  dit  auffi  que  c’étoit  un  fuc  qui  ve- 
noit  des  mamelles  du  fétus ,  qui  font  fort 
grolTes  &  pulpeufes. 

Suivant  d’autres ,  c’efl:  fafalive  ;  &  d’au¬ 
tres  encore  veulent  que  ce  ce  foit  un  mé¬ 
lange  de  falive ,  du  mucus  des  narines  & 
d’urine. 

Il  y  en  a  qui  penfent  que  ce  fluide  efl: 
une  gelée ,  qui  provient  des  petites  papilles 
répandues  dans  toute  la  longueur  du  cor¬ 
don  ,  ou  de  fes  conduits  lymphatiques. 

■  D’autres  difent  qu’il  efl:  fourni  par  les 
glandes  du  chorion  •  d’ autres  par  les  vaif^ 


du  Fétus.  29 

féaux  capillaires  ;  dilFérens  Auteurs  le  font 
venir  des  vailTeaux  lymphatiques  de  l’am- 
nios  ,  ou  des  tuyaux  laiteux  qui  vont  du 
placenta  au  chorion  ,  &  qui  fe  vuident 
goutte  à  goutte  dans  l’amnios ,  ou  des  glan¬ 
des  dont  les  t^aux  excrétoires  viennent 
s’ouvrir  a  l’intérieur  de  cette  membrane, 
par  des  orifices  qu’on  y  apperçoit. 

Enfin,  d’autres  prétendent  que  ces  eaux 
s’amafTent  par  tranfudation  ,  comme  la  li¬ 
queur  du  péricarde ,  du  péritoine  &  de  la 
plevre;  &  qu’elles  s’échappent  comme  par 
tranfpiration  dans  la  cavité  de  l’amnios , 
des  extrémités  des  arteres  ombilicales,  qui 
fe  difïribuent  k  cette  membrane;  &  ils  don¬ 
nent  pour  preuve ,  qu’il  n’y  a  point  de  ca¬ 
naux  qui  du  jaune  de  l’œuf,  communiquent 
avec  la  membrane  qui  contient  le  blanc. 

Un  fort  argument  contre  toutes,  ces,  hy- 
pothefes ,  c’eft  que  les  eaux  font  en  grande 
quantité  quand  le  fétus  eft  encore  très-pe¬ 
tit;  qu’il  a  vingt  fois,  peut-être  cent  fois 
moins  de  volume  qu’elles  ;  &  enfin  quand 
il  n’y  a  point  de  fétus,  qu’il  a  péri  préma¬ 
turément  ,  on  trouve  de  l’eau  dans  l’am¬ 
nios ,  &  un  placenta ,  tandis  que  le  fétus  a 
difparu;  ou  au  moins  il  eft  très -petit,  en 
proportion  de  ce  que  feroit  un  fétus  vi¬ 
vant  ,  relativement  k  fes  membranes  :  ce 


Des  Dépendances 

qui  prouve  qu^il  j  a  long-tems  qu’il  a  péri* 
&  au  contraire ,  à  memre  qu’il  prend  de 
raccroilTemenc ,  la  quantité  des  eaux  di¬ 
minue  au  point ,  que  ,  fuivant  quelques- 
uns  ,  il  n’en  refte  plus. 

De  plus  5  on  voir  bien  que  le  fétus  re¬ 
çoit  desfucs  de  fa'mere,  qu’il  fait  des  ex^ 
crétions,  &  qu’il  réforbe  ces  fucs  de  nou¬ 
veau. 

Il  y  a  aulîî  des  vices  particuliers  dans  cha¬ 
cune  de  ces  hypothèfes  ;  lafurface  du  corps 
du  fétus  eft  enduite  d’une  efpece  de  pomma¬ 
de  graiîè  &  muqueufe  ;  il  paroit  que  cet  en¬ 
duit  doit  empêcher  l’abondance  de  la  fueur  ; 
les  eaux  ne  font  donc  point  le  produit  de 
cette  excrétion. 

Elles  né  viennent  pas  non  plus  de  l’uri¬ 
ne  ;  celle  du  fétus  eft  certainement  très- 
douce  a  la  vérité  ;  mais  les  eaux  de  l’am- 
nios  font  bien  différentes  de  l’urine  ne 
fut-ce  que  par  leur  propriété  de  fe  coagu¬ 
ler;  d’ailleurs  on  a  vu  beaucoup  d’eaux 
dans  l’amnios  d’un  fétus  dont  la  verge  n’é- 
toit  point  percée  5  &  dans  la  veffie  duquel 
il  y  avoit  de  l’urine  eetenue  &  fétide. 

Les  glandes  falivaires ,  &  celles  des  ma¬ 
melles  ,  ne  pourroient  pas  filtrer  une  fi 
grande  quantité  d’humeur;  &  le  caraébere 
des  eaux  de  i’amnios  eft  bien  différent  de 


âu  Fétus,  3^ 

Æeîui  du  lait  6t  de  la  lalive  ;  on  peut  dirç 
la  même  chofe  du  cordon  ombilical. 

On  n’a  point  encore  découvert  de  glan¬ 
des  ni  de  vaiffeaux  lymphatiques  dans  Tam- 
nios ,  ni  dans  le  chorion. 

Je  ne  comprends  pas  bien  comment  un 
fluide  poulie  dans  Fartete  ombilicale  peut 
tranfuder  dans  Famnios  ;  il  faut  fuppofer 
cette  membrane  percée ,  pour  qu’elle  puilTe 
avoir  une  communication  avec  cette  ar¬ 
rête. 

J^fin ,  les  fétus  des  animaux  quadrupè¬ 
des  ovipares ,  &  ceux  des  poilfons ,  font 
environnés  de  fluide  ;  ils  n’ont  cependant 
point  de  cordon  ombilical ,  ni  par  confé- 
quent  de  voie  par  laquelle  les  humeurs  de 
î’enfant  puiCent  former  la  liqueur  de  Fam- 
îiio^. 

Il  fuit  donc  J  que ,  puifque  cette  liqueur 
ne  peut  provenir  du  fétus ,  elle  vient  de  la 
matrice  &  de  la  mere  ;  je  n’ofe  mettre  en 
avant  une  expérience  qui  le  prouve  :  on  dit 
qu’une  femme  grofle  ayant  pris  du  faffran , 
les  eaux  en  furent  teintes. 

On  ignore  entièrement  les  voies  parlef- 
quelles  ces  eaux  viennent  s’amalïer  dans 
Famnios  ;  il  eft  néceflaire  que  pour  y  par¬ 
venir,  elles  traverfent  le  chorion  &  la  mem¬ 
brane  mitoyenne  ;  ou  qu’elles  palTent  à 
travers  le  placenta. 


2  2  Des  Dépendances 

Favouc  que  j’ignore  comment  elles  j 
parviennent ,  mais  je  ne  vois  pas  qu’on 
puilTe  l’expliquer  autrement;  il  eft  nécef- 
faire  qu’il  s’en  fépare  continuellement  de 
nouvelles  de  la  matrice  ,  car  l’extréme- 
ment  petite  quantité  que  l’œuf  en  a  apporté 
de  l’ovaire ,  ne  peut  pas  fuffire. 

J’avertis  auffi  qu’elles  ne  viennent  nulle¬ 
ment  dansl’amnios,  en  vapeur,  comme 
la  liqueur  qui  tranfude  de  la  plevre  ,  du 
péricarde  &  du  péritoine;  c’eft  vraiment 
une  tranfpiration  qui  fe  fait  par  les  pores 
de  ces  membranes  ;  car  ce  font  des  vapeurs 
telles,  que  dans  le  corps  le  plus  fain ,  il  n’y 
a  point  une  aulli  grande  abondance  de 
fluide  épanché  ;  au  lieu  que  dans  l’amnios, 
elles  doivent  remplir  une  efpace  qui  fans 
elles  feroit  vuide ,  &cet  efpace  entre  le  fé¬ 
tus  &  l’amnios ,  efl:  confidérable. 


DISSERTA- 


WgëËm 


DISSERTÂT  ION 


DÉS  EAUX  DEL’AMNIOS; 


L.E  fétus  depuis  fa  fofmatiôti ,  jüfqtfaii 
terris  où  il  eft  éxpiilfé  dé  la  matrice  ,  nage 
dans  ün  fluide,  plutôt  lymphâtiquè  qu’à- 
'queux  ,  qù^on  riorririie  /ei  eau:è  de  f  enfant ^ 
les  eaux  de  Vdmnios,  Lés  ufages  gériéraUx 
de  cè  flüidè  font  afîez  connus  ;  çépendaric 
bn  rie  convient  pas  üriariitrieitienÉ  quùl  ait 
iine  propriété  ndtritivè  ,  c’efl-à-diré  qu^il 
îerve  d’àliriiéïit  au  fétüs  •  &  mêrrie  parmi 
ceux  qui  lè  regardent  comme  véritable¬ 
ment  nourricier  ,  il  ÿ  à  controverfe  fur  lai 
voie  par  laquelle- il  pâflTe  à  l’enfant  ;  les  uris 
veulent  que  cé  rie  foit  que  par  les  pores 
cutanés  qu’il  pénétre  daris  fes  vailTeaux  , 
&  les  autres  prétendent  qü’il  le  reçoit  pan 
la  voie  de  la  déglutition:  ils  citent  mêrrie 
d’après  Heifter ,  une  expérience  qui  parôît 
décifivé.  Moii  déireiû  li’efl:  pas  d’entrer 

Tome  IL  '  G 


DiJfcrL  fur  origine 
dans  cettè  dérnierc  difcuffion  ;  je  me  fuis 
propofé  feulement  de  réfoudre  une  autre 
queftion  ,  qui  jüfqu’à  préfent  efl:  reftée  pro¬ 
blématique  ,  éc  dont  la  folution  pourra  don¬ 
ner  quelques  éclaircilTemens  fur  la  pro¬ 
priété  de  ces  eaux.  Ce  fluide  s’amalTe  peu- 
à-peu  dans  la  cavité  de  l’amnios  ;  mais 
quelle  efl:  fa  fource ,  &  quels  font  les  vaff- 
feaux  qui  le  châtient  dans  cette  cavité  ? 
C’efl:  ce  que  je  vais  tâcher  d’éclaircir. 

On  à  cru  pendant  îongtems  que  les  eaux 
de  famnios  n’étoient  que  le  produit  des 
excrétions  de  l’enfant  ;  mais  outre  plufieurs 
railbns  qui  démontrent  la  faulTeté  de  cette 
opinion ,  là  confifliance  &  les  propriétés 
de  ces  eaux  ,  prouvent  qu’elles  ne  peuvent 
être  du  genre  des  humeurs  excrémentitiel- 
les.  Beaucoup  de  Phyfiologiftes  ont  penfé 
qu’elles  tran&dent  des  vailTeaux  exhalans 
du  placenta ,  des  membranes ,  ou  du  cor¬ 
don  ombilical.  D’autres  font  portés  à  croire 
qu’il  y  a  dans  ces  fubftances ,  des  glandes 
deHinées  h  filtrer  cette  humeur  pendant  le 
cours  de  la  geftation ,  quoique  jufqu’a  pré- 
lent  aucun  Anatomifte  n’y  en  ait  décou¬ 
vert^  en  un  mot  les  idées  ne  font  point  fi¬ 
xées  fur  ce  point  de  Phyfiologie ,  &  aucun 
Auteur  n’a  pris  le  foin  d’aiîigner  la  vraie 
fource  de  ces  eaux  j  M.  de  Haller  dit  même, 


dts  Eàüx  de  VJlmnios.  3.^ 
comme  on  vient  de  le  voir,  que  ceft  un 
prpbiême  fi  difficile  a  réfoudre ,  qu’ii  ne  fe 
flatte  pas  d’y  réuffir. 

Je  ne  m’occuperai  point  a  combattre  les 
diverfes  opinions  qu’on  a  eues  fucceffive- 
ment  fur  cet  objet  ;  j’aurai  pleinement  réuffi 
à  en  démontrer  l’erreur,  fi  je  puis  prouver 
que  ce  font  les  vaifieaux  utérins  ^  qui  pen¬ 
dant  le  cours  de  la  grofiefie,  fournifient 
peu  k-peu  le  fluide  renfermé  dans  la  cavité 
de  l’amnios. 

Pour  répandre  quelque  jour  fur  cette 
efpece  de  fécrétion  ,  il  eft  néceflaire  de 
donner  une  idée  jufte  de  i’étst  de  la  ma¬ 
trice,  pendintia  groflefle  •  c’efl-k-dire  de 
réfuter  deux  opinions  erronées  ,  qui  n’ont 
que  trop  pris  faveur  ,  &  qui  même  ont 
donné  lieu  k  une  fi  forte  prévention,  qu’on 
n’a  pas  eu  le  moindre  foupçon  qu’il  y  eût 
dans  fa  fubftance ,  des  vaifleaux  propres  à 
fournir  cette  humeur  :  on  eft  prefque  uni- 
verfeliement  perfuadé  que  pendant  la  grof- 
fefle  ,  les  parois  de  la  matrice  ne  per¬ 
dent  rien  de  leur  épaifleur  :■  on  va  même 
jufqu’k  dire  qu  elles  en  acquièrent  davan¬ 
tage  ;  on  croit  auffi  que  dans  ce  tems , 
toute  la  fubftance  de  cet  organe  eft  rem¬ 
plie  de  gros  vailfeaux  fanguins.  Ces  deux 
opinions  ont  tellenîent  prévalu ,  quo  Tafi» 


jBiJlfcrU  fur  Vongtnt 
fertiôn  du  contraire  paroît  être  un  parà« 
doxe  ;  tous  les  Auteurs  même  qui  difent 
avoir  fait  les  recherches  les  plus  exades, 
iur  letat  de  la  matrice  pendant  la  grolTelTe, 
Semblent  être  d’accord  fur  ces  deux  points* 
cependant  j’ofe  alTurer  contre  ceS  autori¬ 
tés  ,  que  rien  n’efl:  moins  conforme  à  la  vé¬ 
rité  ;  &.  j’efpere  qu’il  ne  me  fera  pas  diffi¬ 
cile  de  prouver  J  i°.  qiie  c’eft  faute  d’avoir 
obferVé  avec  juftefle ,  qu’on  a  prétendu 
que  la  matrice  confervoit  toute  fon  épàif- 
feur  pendant  la  grofîelTe  ;  2®.  que  bien  loin 
que  toute  fa  fubdance  foit  alors  remplie  de 
gros  vailfsaux  fanguins,  il  n’y  en  a  dans  la 
glus  grande  partie  de  fou  étendue  ^  que  de 
lymphatiques,  &  ce  n’eft  que  dans  un  pe¬ 
tit  efpace  qu’on  en  trouve  d’un  certain  vo¬ 
lume,  &  remplis  de  fang. 

De  V  enter  qui  a  foutenu  avec  le  plus 
de  chaleur  que  la  matrice  conferve  toute 
fon  épailTeur ,  même  jufqu’a  la  fin  de  la 
grolTelfe ,  fe  croyoit  fondé  dans  cette  opi¬ 
nion  ,  fur  l’obfervation  &  fur  le  raifonne- 
ment  ;  »  T  outes  les  fois ,  dit-il ,  que  je  me 
w  fuis  trouvé  à  l’ouverture  d’une  femme 
sy  morte  en  couches  ,  cc  qui  m’eji Jbuvcnt 
n  arrivé  ;  j^ai  vu  la  matrice  entièrement 
y)  épaiffie ,  de  quelque  grandeur  quelle 
yy  fût  j  je  l’ai  vu,  dis-je,  de  ne  l’ai  jamais 


des  Eaux  de  r^ninhsi  37 
»  vu  autrement  •;  de  maniéré  que  dans 
»  quelque  érat  qu^elîe  foit  5^  fon  épailFeut 
»  eft  toujours  la  même  n.  Il  ajoute  en* 
fuite ,  pour  prouver  qu’il  éft  néeelTaire 
que  cela  foit  ainfî  :  «  les  vaiffèaux  dont 
yy  la  matrice  eft  compofêe ,  qui  avant  la 

groffefte:  ne  font  que  des,  fibres  très-me* 
yy  nues ,  dont  la  cavité  &  le  liquide  ne  font 
j^pas;  fenfibles ,  fé  nourrifîent  infenfi* 
yy  bîement  pendant  là  groiTeire ,  fe  diîa- 
yy  tent,&  fe  rempliftent  tellenient  de  l’hu- 
yy  meur  qui  y  circule  ,  que  rutérus  malgré 
yy  fon  extenlion ,  ne  perd  que  peu  ou  point 
yy  de  fon  épailfeur. 

Avant  d^’oppofèr  mes  ob^rvations  à  eeî- 
les  de  De  Yenter,  qu’il  me  foit  permis  de 
faire  remarquer  quelles  portent  entière¬ 
ment  à  faux  -,  il  entreprend  de  prouver  que 
les  parois  de  là  matrice  font  épaiftes  pen¬ 
dant  la  groCèCé ,  &  il  ne  cite,  que  ce  qu’il 
a  obfervé  fur  ce  vifcere  après  [accouche¬ 
ment;  on  ne  doit  aifi]  rément  pas  conclure 
de  l’état  dans  lequel  on  la  trouve  alors  , 
qu’elle  éroit  de  même  avant  l’accouche¬ 
ment  ;  car  quoiqu’elle  ne  foitpas-  réduite  à 
fon  volume  primitif,  fon  étendue  eft  beau¬ 
coup  moindre  qu’elle  n’étoit  pendant  la 
grolféfTe  ,  &  conféquemment  fon  épaifi» 
feor  doit  êtrobien  plus  confidérable  ;  j’ex*^ 

c  üj  ■ 


38  origine 

pliquerai  cela  plus  au  long  dans  un  inftant. 
Quant  à  la  théorie  dont  il  appuie  fon  opi¬ 
nion  ,  elle  ne  prouve  pas  davantage ,  puill 
que ,  conitne  je  le  ferai  voir,  ce  n^eft  qu^un 
fyftême  qu’il  a  adopté  fur  la  parole  d’au¬ 
trui  ,  parce  qu’il  étoit  favorable  à  fon  fen- 
timent ,  mais  qui  eü:  démenti  par  l’obfer- 
vation. 

On  peut  fe  convaincre  par  l’autopiie  , 
que  les  parois  de  la  matrice  font  très-min¬ 
ces  far  la  fin  de  la  grofTefTe  ;  c’eft  par  ce 
moyen  que  je  m’en  fais  affuré ,  &  voici  la 
marche  de  mes  obfervations.  En  lyq") ,  je 
fis  a  l'Hotel-Dieu  de  Paris ,  l’ouverture  du 
cadavre  d’une  femme ,  qui  étoit  parvenue 
au  terme  de  fa  groiTelTe ,  mais  qui  n’étoic 
point  entrée  en  travail  d’enfantement.  A 
l’incifion  de  la  matrice ,  je  la  trouvai  d’un 
tifiu  lâche  &  fpongieux  ,  &  elle  n’avoit 
pas  beaucoup  plus  d’épaifleur  quela  vefiie. 
Imbu  alors  de  ropicion  des  Ecoles,  je  fus 
étonné  de  ce  phénomène,  mais  j’avoue  que 
trop  jeune  encore  pour  avoir  l’efprit  obfer- 
wteur ,  je  ne  fis  pas  le  moindre  raifonne- 
îhent  fur  un  fait  fi  contradiâioire  à  ce 
qu’on  m’enfeignoit  ;  j’en  fus  cependant 
frappé.  Quelques  années  après ,  j’eus  une 
autre  occafion  de  faire  l’ouverture  du  ca¬ 
davre  d’une  femme  grofle  à  terme  j  je 


des  Eaux  de  V  Amnîos.  ■ 
orouvaî  de  même  la  matrice  très-amiade* 
Je  me  rappel  lai  la  première  ouverture  que 
favois  faite,  &  je  cherchai  a  raifoimejcfe 
ce  que  j’avois  obferyé  dans  ces  deux  cas  ; 
mais  mes  recherches  n’eurent  aucun  fucs- 
cès,  &  je  finis  par  attribuer  cet  amineifiet 
ment  à  quelque  caufe  particulière  que  je 
ne  pouvois  reconnoitre. 

J’ai  depuis  ce  tems ,  ouvert  le  cadavre  de 
plufieurs  femmes  mortes ,  immédiatement 
après  raccouchement ,  &  d’autres  fur  la  fin 
de  la  grofieffè  ;  j’ai  toujours  trouvé  les  pa-* 
rois  de  la  matrice  fort  épaifies  ,  dans  celles 
qui  étoîent  accouchées;  &  dans  celles  qui 
avoient  péri ,  avec  leur  enfant  dans  leur 
fein,  je  les  ai  vues  tantôt  fort  épaiffes  ,  & 
tantôt  très-minces.  Ces  alternatives  m’ont 
tenu  très-longtems  en  perpléxîté,  &  m’ont 
fourni  matière  à  beaucoup  de  réflexions. 
J’ai  enfin  découvert  le  fecret ,  &  je  fuis 
venu  à  bout  de  concilier  ces  apparences  de 
contradidion. 

Je  me  fuis  rappelle  que  toutes  les  fois 
que  j’avois  trouvé  la  matrice  fort  mince ,, 
je  l’avois  examinée  dans  des  femmes ,  qui 
étoient  mortes  avant  d’être  entrées  en  tra¬ 
vail ,  ou  du  moins  fàns  qu’il  fe  fût  rien 
échappé  de  la  cavité  de  l’amnios;  &  qu’au 
contraire ,  dans  les  cas  où  j’avois  trouvé 
C  iv 


4^  *  fur  l^orîgînè 

qu’il  y  avoit  une  certaine  épailTeur  ,  je 
li’avois  fait  foiiverture  qu •  après  l'écoule-? 
ment  des  eaux  \  cette  diftindion  me  parut 
idfoudre  toute  la  difficulté ,  &  je  conclus 
alors  qu’elle  avoit  échappé  aux  Obferva?? 
téq'rs  ,  &  que  c’étoit  cette  inattention  de 
îeur  part,  qui  avoir  donné  lieu  à  une  fi 
grande  diverfîté  d’opinions  fur  ce  point  5 
&  que  par  confequent ,  ceux  qui  avoient 
afiiiré  avoir  trouvé  la  matrice  fort  épaifle , 
ne  l’avoient  vue  qu’ après  l’accouchement , 
ou  du  moins  après  l’évacuation  des  eaux. 
J’ai  depuis  ce  tems  eu  ocçafion  de  me  con-- 
firmer  dans  cette  opinion, 

Jepourrois  citer  pour  preuve,  quelques  - 
ouvertures  que  j’ai  faites  de  femmes  mor¬ 
tes  au  terme  de  leur  grofiefîe  ;  mais  pour 
éviter  les  redites ,  je  me  contenterai  de  ren-, 
dre  compte  d’une  que  je  fis  en  iyé8  ,  en 
préfeiice  de  deux  Chirurgiens  (  i  ).  Une 
femme  parvenue  à  la  fin  de  fa  grofiefle , 
mourut  d’hémorrhagie  utérine  ;  elle  avoic 
refienti  quelques  douleurs ,  que  les  Accou¬ 
cheurs  appellent  préparantes  ,  mais  les  eaux 
-ne  s^étoient  pas  écoulées.  Comme  il  y  avoiç 
près  de  cinq  heures  que  cette  femme  étoit 


^i)  Meffieurs  Gibert  Çc  Sigaut,  Ghinifgiens  à  Paris, 


des  Eaux  de  VAmnîos.  41 
morte,  &  que  par  conféquent  j’avois  une 
certitude  plus  que  morale,  quefenfant  avoie 
aujfîi  perdu  la  vie  ;  je  me  donnai  le  tems 
de  faire  obferver  !■  état  des  chofes  aux  deux 
Chirurgiens  affiftans  ;  après  avoir  incifé  les 
tégumèns  du  bas-ventre ,  je  leur  fis  remar¬ 
quer  que  la  matrice  paroiflbit  très  -  mince 
à  la  vue-  &  eonvaiiicu  par  ce  que  j’avois 
précédemment  obfervé ,  je  les  prévins  qu’ils 
verroient  au  moment  de  l’incifion  qu’elle 
i’étoit  eifeâiivement  ;  je  ne  fus  point  dé¬ 
menti  à  la  feètion  de  ce  vifeere;  Üs  virent 
ainfi  que  moi ,  que  le  plus  léger  coup  de 
fcalpel  en  pénétra  toute  lafubftance ,  qu’eî-> 
lenWoit  pas  plüs  d’une  ligne  d’épaifieur, 
&  qu’çlle  étoit  d’une  texture  extrêmemeùt 
lâche. 

Nous  obfervâmes  ,  après  que  j’eus  fait 
i’extradion  de  l’enfant ,  que  la  matrice  fe 
contrada  fenfiblement,  &  que  cette  con^ 
tradion  fit  que  les  bords  de  i’incifîon  que 
j’avois  faire  ,  prirent  en  un  infiant  beau¬ 
coup  d'épaifîeur.  J’aggrandis  enfuite  cette 
incifion ,  &  la  continuai  tout  le  long  de  la 
parois  antérieure  ,  pour  mieux  obferver  la 
^tuation  du  placenta  ;  je  trouvai  lé  relie 
de  cette  parois  beaucoup  plus  épailTe  alors , 
qu’elle  ne  l’étoic  à  la  première  fedion  que 
j’avqis  faite.  Le  placenta  étoit  placé  fur  la 


42  DiJfcrtfürV  origine 

parois  poftérieure  ,  &  une  partie  de  cette 
mafTe,  tout  au  plus  le  quart,  n’àvoit  plus 
d’adhérence  avec  cette  parois  ;  ce  léger 
décolement  avoir  fuffi  pour  donner  lieu  à 
une  hémorrhagie  alTez  confidérable ,  pour 
faire  périr  la  femme  en  fort  peu  de  tems* 
On  m’a  objedé  que,  de  ce  que  fur  une 
femme  morte,  j’avois  trouvé  la  matrice 
fort  mince ,  je  ne  devois  pas  conclure 
qu’elle  l’eft  de  même  dans  l’état  naturel , 
de  fur  une  femme  vivante.  Je  doute  que 
cette  objedion  ait  été  faite  de  bonne  foi  \ 
mais  quoi  qu’il  en  foit,  elle  me  paroîttrop 
futile ,  pour  que  je/  croie  avoir  befoin  d’y 
répondre.  Mais  on  pourroit  avec  plus  d’ap¬ 
parence  de  raifon ,  m’objeéèer  que  je  ne 
puis  alléguer  que  ce  feul  exemple  bien 
avéré  &  bien  coiiftaté ,  &  qu’un  feul  fait 
ne  peut  faire  loi.  Il  eft  vrai  que  je  n’ai 
pas  eu  de  témoins  obfervateurs  dans  la  pre¬ 
mière  ouverture  que  je  fis  en  174^  ;  que 
dans  une  autre  que  j’ai  faite  en  1749 ,  il 
n’y  avoit  que  des  femmes  ;  mais  mon  té¬ 
moignage  fur  ce  point  eft  d’autant  plus  au¬ 
thentique  ,  qu’alors  j’étois  prévenu  que  la 
matrice  devoir  être  très-épaifte ,  &  que  je 
fus  étrangement  furpris  de  la  trouver  au 
contraire  fort  mince  dans  ces  deux  cas  \ 
àc  que  dans  quelques  autres  ouvertures  que 


des  ‘Éaux  de  VAtnnîos.  43 
j’ai  faites  depuis ,  je  l’ai  trouvé  de  même  > 
d’ailleurs  aucun  intérêt,  fi  ce  n’eft  celui  de 
la  vérité ,  ne  peut  me  déterminer  à  foute- 
nir  cette  opinion  ;  ce  n’efl  point  par  opi¬ 
niâtreté  que  j’y  fuis  attaché  *  pour  en  con¬ 
vaincre  ,  j’en  appelle  aux  expériences  à 
faire  ;  quoique  l’occafjon  de  les  faire  ne  fe 
préfente  pas  bien  fréquetnment,  il  n’efî: 
cependant  pas  fort  difficile  de  la  rencon¬ 
trer  ;  &  je  fuis  certain  que  toutes  les  fois 
qu’on  fera  l’ouverture  d’une  femme  morte 
fur  la  fin  de  fa  groffieffe ,  fi  on  obferve  avec 
attention ,  on  verra  ce  que  j’ai  vu  ;  c’eft-à- 
dire,  qu’avant  l’évacuation  des  eaux,  les 
parois  de  la  matrice  feront  fort  m.inces ,  & 
qu’elles  auront  une  certaine  épaifTeur  après 
leur  écoulement. 

Pour  le  peu  qu’on  réfléchiffe  fur  le  mé- 
chanifnie  de  la  groiTeffe,  il  ne  fera  pas  dif¬ 
ficile  dé  reconnoitre  que  les  parois  de  îa 
matrice  doivent  s’émincer  de  jour  en  jour 
pendant  le  tems  de  fa  durée ,  &  que  fur  fa 
fin,  elles  doivent  être  très-mincqs;  &  fi  on 
examine  les  changemens  qui  arrivent  à  cet 
organe,  pendant  le  travail ,  &  après  l’ac¬ 
couchement  ,  on  verra  auffi  qu’il  efi:  nécef- 
faire  que  fes  parois  prennent  fubitement 
une  certaine  épaifTeur  après  l’écoulement 
des  eaux,  de  que  cette  épaifTeur  augmente 


44  Dtffcrt.  fur  origine 
de  plus  en  plus ,  après  la  fortie  de  toutes  lej. 
fubftances  qui  y  étoient  renfermées  pen¬ 
dant  la  grolTeirè. 

La  matrice  eft  mufculeufe;  elle  eft  for^ 
mée  d’un  alTemblage  de  fibres  circulaires  ^ 
longitudinales  ,  tranfverles ,  obliques ,  fpi- 
raies,  en  un  mot  rangées  dans  tous  les  fens. 
Toutes  ces  fibres  font  unies  enfemble  par 
le  moyen  d’un  tifiu  fpongieux  ,  qui  hors 
du  tems  de  la  grolTefie ,  les  tient  entafiees 
&  très-ferrées  les  unes  contre  les  autres  ; 
de  maniéré  qu’alors  elle  eft  d’un  très-petit 
volume,  &  que  fa  cavité  eft  fi  étroite,; 
que  ce  vifcere  eft' à  peu  de  chofê  près ,  un 
corps  purement  mafiîf  Comme  la  matrice 
hors  du  tems  de  la  groflefte ,  n’eft  que  d’un 
ufage  précaire ,  il  auroit  été  au  moins  inu* 
cile  qu’elle  eut  occupé  plus  d’efpace  dans 
rhypogaftre,  &  que  fa  cavité  eût  été  plus 
ample  ;  mais  auil  ce  vifcere  étantdeftiné  à 
donner  afyle  a  des  fubftances ,  qui  de  jour 
en  jour  doivent  acquérir  plus  de  volume,  il 
étoit  néceflàire  qu’il  fut  compofé  d’une 
multitude  de  fibres ,  qui  par  leur  développe¬ 
ment  fucceflif ,  puftent  fe  prêter  à  l’accroifi 
fement  infenfible  de  ces  fubftances. 

L’expanfion  de  la  matrice  pendant  la 
groftefîe ,  fe  fait  donc  aux  dépens  des  fi¬ 
bres  qui  entrent  dans  fa  comppfition;  mais 


de.^  "Eaux  de  VAmnios,  4^ 
n’eft  pas ,  comme  Font  prétendu  qüel» 
ques  Phyficiens  -,  par  Fextenfion  de  ces  fi¬ 
bres  J  qu’elle  parvient  au  point  de  di¬ 
latation  où  elle  efi:  à  la  fin  de  la  grofiefie  ; 
il  y  a  long-tems  qu’on  a  fenti  qu’il  ne  fe^ 
roit  pas  pofiible  que  des  fibres  mufculaires 
püflentj  même  parla  gradation  la  plus  in- 
lenfible  -,  s’étendre  aufii  prodigieufement 
fans  fe  rompre  \  fi  elles  ne  fe  rompoient 
pas,  feroit-il  pofiible  qu’elles  ne  perdiflent 
pas  de  leur  ton  ‘  &  pourroient  -  elles  par 
cdnféquent  avoir  autant  de  forces  qu’il  efl 
nécelTaire  qu’elles  en  aient,  &  qu’elles  en 
ont  efieciivement  pour  expulfer  fenfant  ? 
car  c’eft  principalement  dans  le  tems  de 
l’accouchement ,  qu’on  remarque  combien 
elles  ont  d’énergie  ;  il  n’eil  donc  pas  rai- 
fonnable  d’attribuer  a  l’extenfion  de  ces  fi¬ 
bres^  cette  prodigieufe  dilatation* 

La  matrice  ne  fe  dilate  que  pafiivementj 
car  on  feait  que  fa  propriété  naturelle  efi 
de  fe  contracter.  Ce  ne  font  point  les  fabf^ 
tances  folides  qu’elle  renferme  ,  qui  par 
leur  accroifièment  fuccefiif  produifent  fa 
dilatation  ,  elle  n’eft  due  qu’à  l’adion  du 
fluide  qu’elle  renferme  -  ce  fluide,  en  s’ac¬ 
cumulant  peu-à'peu  dans  fa  cavité,  exerce 
une  preffion  égale  &  continue  fiir  tous  fes 
points,  de  par  cette  prefiion,  il  force  fes 


Dijfcrt,  fur  Vorîglnc 
parois  k  reculer  ;  il  agit  conftamment  & 
fans  interruption ,  puifque  c’efl:  fans  inter¬ 
ruption  qu’il  y  aborde  ,  &  que  de  jour  eti 
jour,  il  augmente  en  quantité  ;  par  fon  ac¬ 
tion  fur  les  fibres  de  la  matrice,  il  les  dé¬ 
veloppe,  les  déplie  pour  ainfi  dire,  comme 
l’a  obfervé  un  homme  célébré  de  nos  jours , 
&  les  oblige  par  conféquent  à  s’écarter  les 
unes  des  autres.  Le  tifiu  fpongieux  qui  les 
unit ,  &  qui  de  fa  nature  efl;  prodigieufe- 
ment  extenfible ,  cede  facilement  k  la  puif- 
fance  qui  agit  fur  lui ,  &  il  ne  cefle  de  fe 
prêter  k  l’écaitement  de  ces  fibres  ,  que 
lorfque  la  fomme  de  fon  extenfibilité  efl 
épuifée  ,  ou  du  moins  lorfque  les  fibres 
font  écartées  k  leur  dernier  degré  pofiible. 

Si  la  matrice  en  vacuité,  n’a  toute  l’é- 
paifTeur  qu’on  y  remarque ,  que  parce  que 
les  fibres  qui  en  forment  le  tifiu  font  très- 
rapprochées  les  unes  des  autres ,  &  très- 
ferrées,  il  eft  tout  fimple  que  dès  qu’elles 
viennent  ù  s’écarter  ,  cette  épaifieur  doit 
diminuer,  &  que  fes  parois  doivent  s’amin¬ 
cir  ,  k  mefure  que  fe  fait  leur  développe¬ 
ment.  Ainfi ,  quand  elle  fera  parvenue  k  fa 
plus  grands  dilatation ,  fa  fubffance  ne  fera 
uniquement  qu’un  tifiu  fpongieux ,  auquel 
des  fibres  mufculaires ,  placées  ça  &  là, 
ferviront  pour  ainfi  dire  de  foutien  j  il  n’efi: 


des  Eaux  de  V  Amtiios.  47 
âone  pas  étonnant  qu^eïle  fbit  alors  d’un 
tilTu  lâche  ,  comme  l’ont  remarqué  tous  les 
Obfervateurs ,  &  De  Venter  lui-même  ;  il 
eft  certain  aufli  qu’elle  doit  être  fort  amin¬ 
cie,  puifque  l’expérience  démontre  que  le 
tilTu  cellulaire  perd  de  fbn  épailTeur ,  en 
raifon  égale  de  fon  extenfion  ;  c’eft  ce 
qu’on  obferve  fpécialement  dans  les  hy- 
dropifies  afeites. 

L’expérience  &;  la,  raifon  démontrent 
donc  que  l’épailfeur  de  la  matrice  diminue , 
à  mefure  que  fe  fait  fa  diîatàtion  ;  mais 
puifque  c’eft  le  fluide  qu’elle  renferme  qui 
eft  l’agent  de  cette  dilatation ,  il  eft  aHe  de 
comprendre  qu’après  l’écoulement  de  cô 
fluide ,  fes  parois  doivent  reprendre  de  leur 
épailTeur.  Dès  que  les  eaux  de  l’amnios  fè 
font  écoulées ,  la  puilTance  qui  agilToit  fi^ 
la  matrice  5  &  qui  forçoit  fa  dilatation, 
n’a  plus  lieu  ;  alors,  par  la  vertu  tonique  de 
contraftile  dont  elle  jouit  éminemment, 
elle  fe  rétrade  fubitement,  à  moins  que 
quelque  caufe  incidente  ne  la  tienne  en 
atonie,  ce  qui  eft  fort  rare;  car  on  obferve 
même  quelle  fè  rétrade  après  la  mort; 
comme  je  l’ai  vu  arriver  cinq  heures  après, 
dans  la  femme  qui  fait  le  fujet  de  l’oblèr- 
vation  que  j’ai  ^-apportée.  La  matrice  ne 
peut  revenir  ainfi  fur  elle-même,  fans  que 


48  Diff’ùrt.  für  V origine 

fes  fibres  qui  étaient  écartées  les  unes  des 
autres  j  ne  fe  refierrent  &  ne  fe  rappto- 
chent,  &ces  fibres  en  fe  rapprochant,  là 
rendent  plus  denfe  &  plus  compaâ:e  j 
elle  le  deviendra  d’autant  plus  ^  qu’il  y  aura 
eu  une  plus  grande  quantité  d’eaux  j  & 
qu’il  fe  fera  palTé  plus  de  tems  depuis  leur 
évacuationi  .  '  , 

D’après  ce  qui  vient  d’être  dit  ^  on  voit 
aifément  qiië  cet  aminciffement  ne  fe  fait 
que  par  gradation  j  qu’au  7®.  mois 

de  la  grolTefle ,  la  matrice  a  encore  con- 
fervé  un  peu  de  fqn  épailTeur  ;  qu’elle  n’eft 
très  -  mince  que  für  la  fin  j  &  que  le  col 
n’éprouvant  de  dilatation  que  plus  tard 
que  le  corps  &  le  fond  j  commence  auffi 
plus  tard  à  s’émincer.  D’ailleurs  le  degré 
d’amincififement  n’eft  pas  le  même  à  beau¬ 
coup  près  ,  dans  toute  l’étendue  de  ce  vift 
,  eere  •  le  fond  conferve  toujours  un  peu  de 
fon  épaifteur  :  il  eft  formé  d’un  plus  grand 
nombre  de  fibres  mufculaires ,  &  il  eft  pour 
ainfi  dire  le  point  de  ralliement  de  toutes  cel¬ 
les  qui  entrent  dans  fa  compofition  ;  c’  eftce 
qüi  a  fait  croire  à  Ruyfch  qu’il  y  avoir  au 
fond  un  mufcle  particulier.  Il  peut  aufli  fe 
trouver  des  différences  produites  par  des 
caufes  accidentelles  :  un  fchirre  ,  une  con- 
geftion  quelconque  dans  quelque  endroit 


dcÈ  Eaux  de  VAmniôS»,  49 
idê  ïà  matrice,  en  empêchant  une  partie  de 
ce  vifeere  de  fe  dilater  également ,  l’empê-» 
chera  de  s’amincir  comme  le  refte. 

Mais  la-difFérence  la  plus  fenfible,  eft 
celle  qui  fe  trouve  à  l’eiidroit  où  eft  im¬ 
planté  le  placenta  ;  cet  endroit  conferve 
toujours  fon  épailTeur ,  &  en  acquiert  mê¬ 
me  plus  qu’il  n’en  avoit  avant  la  groflefîe* 
Si  c’eft  au  fond  de  la  matrice  que  s’eft 
faite  fon  implantation ,  le  fond  fera  beau¬ 
coup  plus  épais  que  le  refte  de  fon  éten¬ 
due  ;  il  en  fera  de  même  des  parois  ;  fi 
même  le  placenta  a  pris  racine  fur  le  col , 
comme  cela  arrive  quelquefois  ,  ce  col , 
qui  fouvent  eft  fort  mince  aux  approches 
de  l’accouchement ,  eft  au  contraire  fort 
épais  dans  ce  cas  ;  enfin  ,  fl  ce  n’eft  qua 
fur  un  fegment  du  cercle  de  l’orifice  ,  il 
n’y  aura  que  cette  portion  du  col  qui  fera 
fort  épaifîe ,  tandis  que  l’autre  fera  très- 
amincie  ;  mais  comme  cette  épaifteur  par¬ 
ticulière  de  l’endroit  où  s’eft  attaché  le 
placenta  ,  n’eft  qu’une  fuite  du  change¬ 
ment  qui  arrive  dans  les  vaifteaux  de  cette 
portion  de  la  matrice,  &  de  la  différence 
qu’il  y  a  entre  ces  vaifteaux  ,  &  ceux  du 
refte  de  fa  fubftance  ;  j’en  donnerai  la  rai- 
fon ,  en  faifant  voir  que  les  vaifteaux  ref- 
peétifs  de  ces  deux  parties  de  ce  vifeere , 
Tome  IL  D 


Dijfcrt,fur  V origine 
îie  font  ni  de  même  volume ,  ni  de  même 
nature  *  c’eft  ce  que  je  me  propofe  de 
prouver, 

Graaf  avoit  dit  que  les  vailTeaux  utérins 
étoient  très-gros  pendant  la  groireire,àcaufe 
de  la  grande  quantité  de  fuc  nourricier  qui 
vient  sy  rendre  : propter  affluentis  alimenti 
copiant }  Bartholin  prétendoit  qu’ils  étoient 
gorgés  de  fang  :  turgere  fanguine  ;  beau¬ 
coup  d’Obfervateurs  depuis  eux  ,  ont  dit 
avoir  trouvé  la  matrice  remplie  de  très- 
gros  vailTeaux  fanguins  ;  &  c’eft  diaprés 
toutes  ces  autorités ,  que  Devenrer  s’eft 
cru  en  droit  de  dire  qu’ils  fe  remplifTent 
de  l’humeur  qui  y  circule.  On  ne  peut  dou¬ 
ter  que  ce  ne  foit  d’après  l’obfervation , 
que  ces  Auteurs  ont  parié  ainli  ;  mais  il  y 
a  défaut  de  juftelTe  dans  leur  obfervation  y 
les  uns  ont  vu  de  gros  vaiffeaux  fanguins 
à  l’endroit  de  l’attache  du  placenta  ■  &  ils 
ont  conclu  du  particulier  au  général  :  car 
ils  fe  font  imaginés  qu’il  en  étoit  de  même 
dans  la  grande  portion  qui  eft  tapiffée  par 
le  chorion  ;  les  autres  n’ont  examiné  la 
matrice  qu’après  l’accouchement ,  &  ils 
ont  cru  qu’elle  étoit  pendant  la  groffelTé  , 
comme  ils  la  voyoient  alors.  Ces  erreurs 
fefont  accréditées, parce  que  ceux  qui  ont 
écrit  depuis  Graaf,  Bartholin  &  les  autres, 


ées  Èaü±  de  VÂrhniôèi  ■  ^  ï 

dîit  adopté  leur  fentiment  fans  examen  | 
pour  moijj’ai  fait  ces  recherches  avec  atten-^ 
tion  j  &  j’ai  obfervé  que  les  vailTeaux  com^ 
pris  dans  l’efpace  occupé  par  le  placenta  ^ 
îbnt  tout  autres  que  ceux  de  la  portion  de 
îa  matrice  qui  répond  au  chodon  ;  &  qu’a- 
près  r accouchement,  toiit  le  fyftêmevaf^ 
culeux  de  cet  organe  eft  bien  différent  de 
ce  qu’il  étoit  pendant  la  groflelTe  :  je  ni’ex=^ 
plique; 

Le  placenta  occupe  une  partie  de  l’inté-i 
rieur  de  la  matrice^  &  c^eft  tout  au  plus  le 
tiers  •  le  refte  de  cette  cavité  eft  tapiffée 
parle  chorion^  qui  communément  lui  eft 
adhérent  dans  tous  fes  points  ;  ces  deux 
portions  de  la  matdce  ont  un  ordre  de 
fonctions  bien  différentes  à  remplir  •  l’ef^ 
pace  qui  eft  occupé  par  le  placenta  j  ré¬ 
pond  par  communication  de  vaifleauX  à 
Une  malle,  dont  tout  l’extérieur  eft  hé-“ 
dlTé  de  filets  vafculaires  •  ces  filets  font 
comme  autant  de  fuçoirs  ^  deftinés  à  pom-^ 
per  Continuellement  des  fucs  ,  pour  les 
tranfmettre  à  l’enfant  ;  les  vailTeaux  qui 
communiquent  avec  eux,  doivent  contenir 
une  grande  quantité  de  liquide,  puifqu’uiî 
grand  nombre  de  ces  fiiçoirs  eft  enraciné 
dans  l’orifice  de  chacun  de  ces  vailTeaux  5 
que  c’eft  d’eux  que  le  .  fétus  reçoit  là  itia- 


^2  lyijfërt.  fâr  'Vorîgint 
jeure  partie  des  fucs  qui  lui  font  néceUai-* 
res ,  &  que  d’ailleurs  faire  qu’ils  occupent 
eft  très-étroite,  en  proportion  de  toute  l’é¬ 
tendue  de  la  matrice  ;  ils  doivent  aufîî  être 
d’un  volume  proportionné  a  la  quantité  de 
fluide  qu’ils  contiennent  ;  il  eft  donc  né- 
cefîaire  qu’ils  foient  très  -  gros  ;  auffi  s’en 
trouve-t-il  parmi  ces  vaifteaux ,  dans  l’o¬ 
rifice  defquels  on  pourroit  aifément  mettre 
l’extrémité  du  doigt ,  comme  l’ont  obfervé 
MM.  Morgagny  ,  Monro  àc  autres. 

Outre  cela  ,  le  fluide  que  contiennent 
ces  vaifîeaux,  eft  du  fiang;  il  y  a  une  con- 
teftation  entre  les  Phyfiologiftes ,  fur  l’ef- 
pece  de  fluide  qui  palFe  de  la  matrice  au 
placenta  ;  les  uns  prétendent  que  c’eft  du 
îangtout  préparé,  &  cette  opinion  a  été 
adoptée  pendant  long-tems;  les  autres 
foutiennent  que  ce  n’eft  qu’un  fuc  lympha¬ 
tique ,  qui  par  les  élaborations  qu’il  reçoit 
enfuite  dans  le  placenta ,  fe  convertit  en 
fang  ;  cette  derniere  opinion  eft  plus  pro¬ 
bable  ,  &  il  me  paroir  qu’elle  a  prévalu. 
Quoi  qu’il  en  foit ,  fi  c’étoit  du  fang  pur 
qui  paftat  de  la  matrice  au  placenta ,  il  n’y 
auroiî  aucun  doute  que  les  vaiffi^aux  qui  le 
fourniroient  ne  fiiflent  fanguins  ;  mais 
en  fuppofant  .même  que  ce  ne  foit ,  com¬ 
me  il  y  a  lieu  de  le  croire  ,  qu’un  fuc 


des  Eaux  d^V  Animos.  ^3 

lymphatique  ^  iî  n-eti'  efl:  pas  moins-  vrai 
que  ies  vaiffeaux  defquels,  émane  ce  fuc  ^ 
font  fanguins  :  fa  propriété  nutritive  le 
prouve ,  car  nous  ne  connoilTons-  dans 
ies  corps  animés  ,,  d’autre  humeur  que 
le  fang  artériel qui  contienne  des,  prin¬ 
cipes  nutritifs,;,  c’eft;  un  vrai  fang  qui  n’a 
perdu  que  momentanément  ùi  couleUi: 
&  fa  coniiftance  ,  parce  qüm  a  foulFert 
une  légère  décompofition  :  les  extrémités 
mufculaires  du  placenta  étant  d’un  trop  pe¬ 
tit  diamètre  pour  admettre  dans  leur,  ca¬ 
vité  ,  dos  globules  fanguins  qui  ont  un  cer¬ 
tain  volume  ;  ces  globules ,  pour  s’inlinuer 
dansces  vailîeaux,  font  forcés  de  fe  divi- 
fer mais  dès  qu’ils  font  parvenus  dans  un 
efpace  moins  étroit,  la  plus  légère  élabo¬ 
ration  fuffitpour  les  réunir,  &  leur  rendre^ 
leur  conftitution  primitive  ;^  auffi ,  dès  que 
les  fucs  qui  viennent  de  la  matrice  ont  fait 
un  peu  de  chemin  dans  le  placenta ,  ils  iè 
convertilTenc  en  fang  ;  delà  toute  la  fubf- 
tance  vafculaire.  du  placenta  eit  fanguine , 
tandis  que  fa  fubftance  pulpeulè  eft  lym¬ 
phatique. 

L’expérience  d’ailleurs ,  prouve  que  les 
vâilTèaux  de  la  matrice  qui  communiquent 
avec  le  placenta,  font  fanguins  :  après  l’ex- 
tradion  de  cette  malTe  ,  on  voit  fubitemenc 
D  iij 


^  4  Dijfcrt.fur  VoAgint 
s’çcoüler  une  grande  quantité  de  fang,  L’a^ 
naîogie  le  prouve  aum  ;  car  dans  les  ani- 
niaux  qui,  èn  place  de  placenta,  n’ont  que 
des  cotylédons ,  Iprfque  ces  cotylédons  fe 
détachent  ,  ce  qui  fe  fait  fpontanément 
immédiatement  après  la  fôrtip  du  fétus, 
on  voit  ruilleler  le  fang  des  pores  de  la 
matrice  auxquels  ils  étoient  attachées  , 
quoiqu’il  ne  forte  de  leurs  vailTeaux  & 
de  leurs  cellules  ,  qu’une  matière  blan-< 
çhe  &  mucilagineufe. 

Mais  c’eft  trop  m’étendre  für  un  point 
de  Phyfiologie  qui  n’eft  contefté  de  per-^. 
fgnne  ;  on  ne  doute  pas ,  à  ce  que  je  penfé , 
que  pendant  la  grofrefTe ,  il  n’y  ak  dans  la 
ïîiatriçe,  de  très-gros  vaiffeaux  remplis  de 
fang,  qui  communiquent  avec  le  placenta; 
mais  il  me  refte  à  prouver  que  ces  gros 
vailTeaux  ne  fè  trouvent  que  dans  Tefpace 
pu  il  eft  implanté  ;  les  fonèbions  qu’ils  ont 
à  remplir  l’exigent,  comme  on  vient  de  le 
voir;  examinons  quelles  font  celles  des  au^. 
très  vailTeaux  de  la  matrice,  pour  en  infé-- 
rer  de  quelle  nature  ils  font. 

Hors  l’attache  du  placenta ,  ce  vif- 
çere  eft  revêtu  intérieurement  par  le  cho-^. 
rion  ;  cette  membrane  eft  de  même  hériA. 
^ëe  k  l’extérieur,  de  ftlets  tomenteux,  qui 
l'inferent  dans  les  pqrqfttés  de  la  matrice  ; 


des  Eaux  de  VAmnîos.  ^  <) 

c’eft  par  eette  infertion  que  le  -chorion 
€omîBunique  avec  elle;  mais  elle  lia  &  ne 
fîeut  avoir  d’autre  communication  qu^avec 
lui  ;  car  diacun  des  points  de  fa  îurface 
intérieure  reçoit  un  filet  du  tomentum  de 
cette  membrane ,  &  il  n’eft  pas  poffible  de 
i  découvrir  dans  toute  la  portion  de  la  ma¬ 
trice  à  laquelle  elle  efl:  attachée ,  la  moin¬ 
dre  relation  avec  le  placenta ,  &  il  efl:  cer¬ 
tain  qu’il  n’y  en  a  aucune:  cortiment  donc 
pourra-t-on  concevoir  que  dans  en¬ 
droit  il  y  a  de  gros  vaifleauxTfangums, 
puifque  la  matrice  ne  communique  qu’a¬ 
vec  une  membrane ,  dans  laquelle  on  ne 
remarque  pas  même  de  capillaires  fanguins  , 
fi  ce  n’eft  quelques  filets  qui  proviennent 
du  placenta ,  &  qui  font  contigus  a  fes 
vaifleaux.  Si  on  veut  jetter  les  yeux  fur  les 
çaufes  finales  ,  on  verra  que  de  tels  vaif- 
feaux  y  feroient  au  moins  inutiles  ;  auffî 
eftfil  conftant  qu’ils  n’exiftent  pas:  l’ob- 
fervation  le  démontre. 

Premièrement  ,  tous  les  Gbfervateurs 
qui  ont  fait  l’ examen  de  la  matrice  ,  en 
gravidité ,  ont  remarqué  que  dans  ce  tems 
fes  vaifleaux  font  petits  &  lymphatiques. 
Je  ne  parle  pas  d’ Abraham  V^ater,  qui  a 
donné  pour  la  matrice  d’une  femme  grofle , 
celle  d’une  femme  morte  après  un  avorte- 
D  iv 


^  ^  D  fur  Vofifint 

ment  de  «5  à  6  mois;  ni  de  ceux  qui  n’ont 
jugé  de  tous  les  vailTeaux  utérins ,  que  par 
la  grolTeur  de  ceux  qui  reçoivent  les  raci¬ 
nes  du  placenta.  Mais  Arantius  appelle  les 
orifices  des  vailTeaux  de  la  matrice  ,  ofcu- 
la  J  alTurément  il  n’eft  pas  vraifemblable 
qu’il  eût  nommé  ainfi  des  orifices  de  gros 
vailTeaux  ;  &  il  ajoute  que  ces  orifices  four- 
nilTent  en  maniéré  de  rofée  ;  Malpighy , 
dans  fa  lettre  a  Sponius,  décrit  les  vaif- 
feaux  de  la  matrice  pendant  la  geftation  ;  il 
ne  dit  exprelTément  nulle  part ,  qu’il  y  ait 
découvert  de  gros  vailTeaux  fanguins  ,  & 
il  dit  que  dans  certains  endroits ,  ils  font  li 
fins ,  qu’on  ne  peut  les  appercevoir.  Le 
Dodeuf  Noortwick ,  dans  une  efpece  de 
commentaire ,  qu’il  a  joint  à  la  defcrip- 
tion  de  la  matrice  d’une  femme  grolîe, 
qu’il  a  dilTéquée  avec  grand  foin ,  dit  que 
dans  les  différentes  fedions  qu’il  en  a  fai¬ 
tes  ,  il  y  a  vu  beaucoup  de  vailTeaux ,  mais 
fort  petits  :  numerofjjima  quidem  fcd  cxi-~ 
gua  fueruntÿ  &  qu’il  n’a  apperçu  aucun 
vailTeau  qui  méritât  lé  nom  de  finus ,  à 
moins  ,  dit -il  ,  qu’on  ne  veuille  appeller 
ainli  un  petit  nombre  de  vailTeaux  qui  ne 
fe  rencontroient  que  fur  la  furface  exté¬ 
rieure  de  la  matrice.  Il  eft  k  remarquer 
qu’il  n’a  fait  ces  différentes  fedions  que 


âes  Eaux  dt  VAmnîôs,  ^  7 
loin  du  placenta  ;  car  il  ajoute  que  pour 
conferver  la  piece ,  il  n’a  fait  d’inci lions 
que  fur  la  parois  antérieure  de  la  matrice, 
&  le  placenta  étoit  fitué  fur  la  poftéricure. 
M.  Littré  a  vu  furplufieurs  femmes  mor¬ 
tes  dans  le  tems  de  leurs  régies  ,  que  la 
furface  interne  de  la  matrice  eft  toute  fe- 
mée  de  trous  fort  fenfibîes  &  pleins  de 
fang  ;  il  a  reconnu  ces  mêmes  trous  dans 
les  femmes  mortes  pendant  la  groflefîe  ; 
mais  il  obferve  bien  exprefîement  qu’ils 
étoient  beaucoup  plus  petits ,  &  qu’il  n’en 
fortoit,  au  lieu  de  fang,  qu’une  liqueur 
blanchâtre  &  laiteufe. 

Je  pourrois  ajouter  d’autres  autorités  en 
faveur  de  cette  opinion  ;  mais  je  crois  que 
ces  témoignages  font  alfez  authentiques 
pour  ne  lailTer  aucun  doute  à  cet  égard  ; 
néanmoins,  pour  porter  la  preuve  jufqu’k 
convidion ,  il  fuffira  de  confuîter  l’expé¬ 
rience.  Soit  qu’on  faffe  Topération  céfa- 
rieone  fur  une  femme  vivante ,  foit  qu’on 
né  la  pratique  qu’à  finftant  de  la  mort, 
quand  on  eft  parvenu  à  la  matrice,  on  en 
fait  la  feftion,  fans  qu’il  s’écoule  une  feule 
goutte  de  fang  ;  cette  aftertion  parole  pa¬ 
radoxale,;  cependant  c’eftune  obfervation 
certainev  Dans  le  procès-verbal  de  l’opéra¬ 
tion  cëfarienne,  pratiquée  en  1740  fur  la 


1^8  Dijfcrt  fur  V  origine 

Demoifelle  Defmoulins  ,  il  eft  dit  expref- 
fénient ,  qu’on  obferva  que  l’incilion  de  la 
matrice  ne  donna  pas  une  feule  goutte  de 
fang.  Dans  celle  qui  fut  faite  en  1768  dans 
la  rue  Fromentau,  il  n’en  fortit  point;  & 
dans  plufieurs  ouvertures  que  j’ai  faites  de 
femmes  mortes  fur  la  fin  de  leur  groflefîe , 
quelques  minutes  après  la  mort,  je  n’ai  ja¬ 
mais  vu  s’écouler  de  fang.  Certainement 
fi  toute  la  .fubftance  de  la  matrice  étoit 
remplie  de  vaifîeaux  fanguins ,  il  ne  feroit 
pas  poflible  qu’une  incifion ,  au  moins  de 
fix  travers  de  doigt,  qu’on  eft  obligé  de 
faire  fur  ce  vifeere ,  fe  fît  fans  effufion  de 
fang;  fi  donc  il  ne  s’en  répand  point,  c’eft 
qu’il  n’y  a  point  de  vaifleaux  qui  en  con¬ 
tiennent  ;  cette  conféquençe  me  paroît 
toute  naturelle,  ' 

Il  eft  cependant  arrivé  quelquefois ,  que 
l’incifion  de  la  matrice  a  fourni  beaucoup 
de  fang;  on  l’a  même  obfervé  depuis  peu  , 
puifque  dans  une  opération  céfarienne  qui 
a  été  faite  au  mois  d’Oftobre  1770 ,  on  a 
vu  fortir  du  fang  k  la  feftion  de  la  matrice, 
mais  cette  obfervation  n’infirme  nullemerit 
mon  afiertion  ;  je  conviens  avec  tous  les 
Auteurs  ,  qu’il  y  a  de  gros  vaifleaux  fan¬ 
guins  a  l’endroit  de  l’implantation  du  pla¬ 
centa  ;  ainfi,  fi  on  fait  la  fedion  de  la  ma- 


des  Eaux  de  VAmntos,  9 
tfice  en  cet  endroit,  comme  on  a  fait  dans 
îe  cas  dont  je  viens  de  parler ,  on  verra 
fortir  une  grande  quantité  de  fang  ;  il  en 
fera  de  même ,  fi  on  incife  fur  les  parois 
latérales  de  la  matrice  ;  on  fçait  que  c’eft 
en  cet  endroit  que  les  arteres  fpermatiques 
&  hypogaftriques  ,  font  par  leurs  ramifica-^ 
tions  &  leurs  anafiomofes,  un  plexus  très-, 
confidérable  de  vaifîeaüx ,  qui  rampent  fur 
la  furface  extérieure  de  la  matrice  ;  ces 
vailTeaux ,  pendant  la  grofTeffe  ,  font  rrès^ 
gonflés  &  tout  remplis  de  fang  ;  par  con- 
féquent,  fi  on  les  incifè  ,  il  sVn  fera  une 
grande  effufion  •  mais  fi  on  évite  le  trajet 
de  ces  vaifTeaux ,  &  f  endroit  de  f  attache 
du  placenta,  il  ne  s^en écoulera  pas.  Cette 
remarque  éfl  importante  pour  l’opération 
eéfarienne,  on  en  fent  la  confëquence. 

Je  ne  pènfè  pas  qu’il  refte  le  moindre 
doute  fur  la  vérité  de  ée  que  j’ai  avancé, 
c’eft-à^  dire  qu’il  n’y  a  de  gros  vaifTeaux 
fanguins  dans  la  matrice ,  qu’à  Tendroit 
de  l’attache  du  placenta  ,  &  que  tous  les 
autres  vaifTeaux  de  fà  fuhftance  font  exTan-. 
,  gués  ;  on  peut  aufîi  sén  convaincre  par 
l’autopfie;  mais  il  mç  paroit  fort  difficile 
de  rendre  raifon  de  cette  particularité» 
Comment  fe  peut  -r  il  faire  que  les  arteres, 
fpçrmatiques  &  hypogafl;riqu,es  qui  apport 


Dijfcrt.  fur  V origine 
tent  lé  fang  à  la  matrice ,  &  qui  pendant 
la  grolTelTe  en  contiennent  beaucoup  plus 
que  dans  tout  autre  tems  ;  comment,  dis- 
je,  fe  peut-il  faire  que  ces  arteres  verfent 
tout  le  fang  qu’elles  contiennent ,  dans  un 
feul  efpace  borné ,  &  qu’elles  n’en  four¬ 
nirent  pas  en  même  quantité  à  toute  la 
matrice  ,  &  cela  ,  feulement  pendant  le 
cours  de  la  geftation  ;  car  après  l’accouche¬ 
ment,  tous  les  vaiffeaux  utérins  contien- 
nerx4  du  fang ,  &  ik  contribuent  tous  à 
l’évacuation  des  lochies.  J’avoue  que  l’ex¬ 
plication  de  ce  phénomène  furpalTe  mes 
forces  ;  il  feroit  facile  d’en  rendre  raifon 
par  l’attradion ,  &  ce  moyen  même  fem-  , 
ble  fe  préfenter  naturellement,  mais  je  ne 
penfe  pas  qu’il  fût  fatisfaifant  ;  il  eft  plus 
vraifemblable  que  c’eft  une  méchanique 
particulière  qui  y  donne  lieu  ;  mais  quelle 
eft  cette  méchanique  ?  la  ftruéture  propre 
de  la  matrice  n’eft  pas  affez  connue, pour 
que  je  puifte  me  flatter  de  réuffir  a  la  ren¬ 
dre  palpable  ;  mais  du  moins  qu’il  me  foit 
permis  de  hafarder  quelques  conjeftures 
qui  me  paroilTent  raifonnables. 

L’Anatomie  nous  apprend  que  les  vaif- 
feaux  utérins  communiquent  tous  enfem- 
ble  ;  qu’en  injeftant  ou  en  foufllant  l’un 
de  ces  vaifleaux,  la  matière  injeftée  ,  oü 


des  Eaux  de  Vamîiîos,  Ci 
Fàir ,  palTe  dans  tous ,  comme  dans  un  ca¬ 
nal  continu;  on  fçàit  auffi  que  ces  vaif- 
feaiix ,  quoique  très  -  gros  fur  la  furface 
extérieure  de  ce  vifeere,  ne  foumilfent  dans 
fa  fubftance  que  des  filets  fi  ‘menus ,  qu’il 
efi  très- difficile  d’y  faire  paffer  l’injedion 
même  la  plus  fine.  Ces  filets  ferpentent , 
s’entrelacent,  font  beaucoup  d’inflexions, 
&  communiquent  auffi  les  uns  avec  les 
autres.  Il  n’y  pafle  d’abord  qu’une  humeur 
féreufe ,  mais  quand  cette  humeur  les  a 
dilatés ,  le  fang  trouve  quelque  facilité  à  y 
pénétrer  ;  il  entre  peu-à-peu  dans  leur  ca¬ 
vité  ,  y  circule  lentement ,  s’y  amafîe ,  y 
fait  pléthore ,  &  enfin  au  bout  d’un  cer¬ 
tain  tems  ,  il  s’évacue  par  les  orifices  de 
ces  vaifleaux  qui  s’ouvrent  dans  la  cavité 
de  la  matrice  ;  c’eft  cette  évacuation  qu’on 
nomme  réglés,  parce  qu’elle  fe  fait  com*- 
munément  à  certains  périodes  affez  régu¬ 
liers.  Pendant  la  groflelTe  ce  n’eft  plus  le 
même  méchanifme  ;  à  mefure  que  fe  fait 
la  dilatation  de  la  matrice  ,  les  ondes  que 
font  les  différentes  inflexions  de  ces  vaif- 
feaux  ;  s’applaniffent  peu-â-peu ,  ils  fe  re- 
dreffent  &  s’allongent ,  &  ils  approchent 
de  plus  en  plus  de  la  ligne  droite  ;  c’efl:  ce 
qu’ont  obfervé  les  plus  exaffs  Anatomiftes, 
Ce  changement  de  diredion  ne  peut  que 


Dijfert  fur  Vorîgîné 
rétrécir  eücore  leur  cavité  ;  de  ce  rétrécit 
fement  il  réfulte  i°;  que  fi  là  conception 
ne  s^eft  pas  faite  immédiatement  après  f  é- 
coulement  des  relies  ,  le  fang  qui  étoit 
contenu  dans  cés  vaiiTeaux  au  moment 
qu’elle  s’eft  faite  ^  de  qui  commençoit  à  y 
faire  pléthore  ^  ell  refoulé  j  &  va  fe  rendre 
dans  des  finus  j  où  il  trouve  un  libre  accès  j 
2°.  ce  rétrécilfenient  rend  ces  filets  vafeu- 
laires  abfolument  impénétrables  au, fang, 
puifqu’ils  ont  au  contraire  befoin  d’être  di¬ 
latés  pour  qu’il  puilTe  y  entrer;  ainfi ,  ce¬ 
lui  qui  fe  préfente  pour  pafler  dans  leur 
cavité,  ne  pouvant  forcer  leur  diamètre, 
va  fe  rendre  auffi  dans  des  vaifîeaux  qu! 
lui  offrent  moins  de  réfiftance. 

Or ,  il  trouve  beaucoup  de  facilité  à  pé¬ 
nétrer  dans  ceux  qui  font  compris  dans 
î’efpace  où  eft  implanté  le  placenta  ;  le  flui¬ 
de,  qui  par  fa  collecfiion  infenfible ,  dilate 
la  matrice ,  exerce  moins  d’aâion  fur  cette 
portion  de  fon  étendue  :  le  placenta  qui  eft 
intermédiaire ,  en  fupporte  tout  l’effort  j 
&  fon  épaiffeur  &  fa  folidité  font  que  cette 
portion  n’y  eft  prefque  poirit  foumife  ;  les 
vaiffeaux  compris  dans  cet  efpace ,  confer- 
vent  donc  leur  direétion  tortueufe ,  les  fi- 
nus  &  les  anfraétuofités  qu’on  y  remarque 
en  font  la  preuve.  Le  fang  pénétré  d’a- 


des  Eaux  de  VAmnioSc  ^3 
bord  dans  ces  finus  en  petite  quantité  ;  iî 
il  n’en  faut  pas  beaucoup  dans  les  premiers 
rems  de  la  grolTelTe  pour  fulEre  à  un  em¬ 
bryon  d’une  petitelTe  extrême  ;  mais  peü-k- 
peu  cette  quantité  augmente ,  &  de  jour 
en  jour  les  vailTeaux  en  font  élargis ,  de 
maniéré  que  fur  la  fin  de  la  geftation ,  ils 
font  d’une  grofieur  prodigieufe. 

Cet  ordre  méchanique  change,  dès  que 
l’enfant  efl:  forri  de  la  matrice ,  &  que  le 
placenta  a  perdu fon  adhérence  avec  elle; 
elle  fe  contracte  fubitement,  &  cette  con- 
tradion  produit  fur  fes  deux  différentes 
portions  ,  un  effet  tout  contraire  dans 
celle  où  étoit  le  placenta ,  le  rapproche¬ 
ment  des  fibres  rétrécit  le  diamètre  des 
vaiffeaux  ,  &  en  refferre  les  orifices  ;  ce 
même  rapprochement  dans  celle  qui  ne 
communiquoit  point  avec  le  placenta, 
rend  a  fes  vaiffeaux  leurs  replis  &  leurs  in¬ 
flexions;  par-là  ils  fe  raccourciffent,  &  re¬ 
prennent  en  diamètre  ce  qu’ils  perdent  en 
longueur*  alors  le  fang  qui  afflue  vers  la 
matrice ,  ainfi  que  celui  qui  efl:  contenu 
dans  les  finus,  fe  répartit  également  dans 
tous  les  vaiffeaux ,  par  la  communication 
qu’ils  ont  enfemble ,  &  ils  deviennent  tous 
fanguins  ;  auffi  obferve-t-on  dans  la  ma¬ 
trice  des  femmes  qui  meurent  peu  de-tems 


Dtjfert.für  Vonglnt 
après  ràccouchement ,  que  tous  les  vaif- 
feaux  utérins  font  remplis  de  fang ,  &  que 
tous  les  trous  qui  font  femés  fur  la  furface 
interne  de  la  matrice,  font  bouchés  par  des 
gouttes  de  fang  coagulé,  lorfqu’il  n’y  a 
point  eu  de  fuppreffion  de  lochies* 

Je  fuis  bien  éloigné  de  croire  la  théorie 
que  je  viens  d’établir,  pleinement  fatisfai- 
fante  ;  aufli  ne  l’ai-je  préfentée  que  com¬ 
me  conjedurale  ;  cependant  je  confelTe 
que  c’eft  ma  maniéré  de  concevoir  ce 
phénomène  ;  au  furplus ,  quelle  que  foit  la 
caufe  quile produit,  toujours  eft-il  démon¬ 
tré  par  i’obfervation,  qu’il  n’y  a  de  vaif- 
feaux  fanguins  dans  la  matrice ,  que  dans 
l’efpace  qui  eft  occupé  par  le  placenta  ; 
que  tous  les  autres  font  exfanguins  ,  & 
qu’ils  font  d’un  très-petit  volume  ;  que  con- 
féquemment  les  parois  de  la  matrice  font 
très-minces  dans  toute  cette  étendue ,  car 
la  preuve  d’une  de  ces  propolitions  eft  né- 
ceflairement  celle  de  l’autre ,  puifque  c’eft 
le  plus  fort  argument  de  ceux  qui  foutien- 
nent  le  contraire.  Ces  principes  une  fois 
pofés  &  recoîinus ,  il  ne  fera  pas  difficile 
de  voir  d’ou  viennent  les  eaux  de  l’am- 
nios ,  &  quels  font  les  vailTeaux  qui  les 
fourniffent. 

Quoique  les  vailTeaux  qui  rampent  fur 

la 


â&s  Ëaux  de  Vjimniôs. 
îa  furface  extérieure  de  la  matrice  foient 
très  gros  pendant  la  groHelTe ,  les  filets 
vafculaires  qu’ils  fourniffent  à  fa  fubftance 
n’en  ont  pas  plus  de  volume  ;  il  eft  pro¬ 
bable  au  contraire ,  que  par  leur  redreiTe- 
ment ,  ils  font  devenus  plus  étroits  qu’ils 
n  étoient  avant  ;  ils  font  donc  impénétra¬ 
bles  au  fang  ;  mais,  ils  ne  font  pas  pour- 
cela  imperviab les  k  toute  efpece  de  fluide, 
il  y  paflè  néceffairement  une  humeur.  li 
n’eft  pas  vraifemblablé  que  ce  foit  une  ma-, 
tiere  excrémentitielle  ;  c’efe  un  fluide  lym-^ 
phatique ,  puifqu’il  émane  immédiatement 
d’arteres  fanguines  :  M.  Littré  a  remarqué 
que  c’étoit  une  humeur  blanche  &  laiteufe. 
Cette  matière  n’efl;  pas  dans  ces  vailïeaux 
fans  avoir  une  deflination  particulière ,  elle 
a  certainement  un  ufage.  Les  vaifleaux  qui 
îa  contiennent  viennent  aboutir  a  la  fur- 
face  interne  de  la  matrice ,  par  des  pores 
fi  petits ,  qu’on  ne  peut  qu’à  peine  les  ap- 
percevoir  à  l’œil  nud  j  mais  ces  pores  font 
en  fi  grand  nombre,  que  fi  on  exprime  la 
matrice  de  dehors  en  dedans,  on  voit  for- 
tir  cette  humeur  en  maniéré  de  rofée ,  par 
une  infinité  de  petits  pertuis.  C’eft  dans  ces 
petits  orifices  que  font  implantés  les  filets 
tomenteux  du  chorion,  &  c’eft  par  îô 
Torm  IL  E 


Dijfcrt.  fur  F  origine 
moyen  de  cette  implantation  que  ces  filets 
communiquent  avec  la  matrice. 

Cette  communication  ne  peut  fervir 
qu’à  faire  pafler  au  chorion  les  fucs  qu’elle 
lui  fournit  ;  ces  filets  font ,  de  meme  que 
ceux  du  placenta ,  comme  autant  de  fu- 
çoirs  defiinés  à  cet  ufage.  Le  chorion  re¬ 
çoit  donc  de  là  matrice,  des  fucs  lympha¬ 
tiques  ;  mais  les  vaifieaux  qui  apportent 
ces  fucs ,  font  en  trop  grand  nombre ,  & 
par  conféquent  fournilîbnt  une  trop  grande 
quantité  de  fluide ,  pour  que  cette  mem¬ 
brane  l’emploie  toute  à  fa  nourriture  ;  par 
l’adhérence  qu’elle  a  avec  l’amnios  ,  elle 
lui  en  tranfmet  la  plus  grande  partie ,  & 
cette  autre  membrane  qui  efl:  percée  à  l’in¬ 
térieur,  d’une  infinité  de  pores,  lailTe  tran- 
fuder  cette  humeur  dans  fa  cavité. 

Les  vaifieaux  du  chorion  &  ceux  de 
î’amnios  font  donc  comme  autant  de  fil¬ 
tres  ,  à  travers  lefquels  palTe  goutte  à  goutte 
unfluide  lymphatique  pendant  tout  le  cours 
de  la  geftation  ;  ce  fuintement  fe  fait  fans 
la  moindre  interruption  pendant  tout  ce 
tems  ;  aufîi  la  quantité  du  fluide  augmente- 
t-elle  de  jour  en  jour,  &  eft-elle  quelque¬ 
fois  très-confîdërable  à  la  fin. 

Cette  théorie  me  paroît  fi  fimple  &  fi 
naturelle ,  que  je  ne  puis  prévoir  aucune 


des  Eaux  de  V Amnios^  (37 

objection  j  les vaifleaux  delà  matrice ,  dans 
toute  l’étendue  qui  n’eft  point  occupée  par 
le  placenta ,  ne  contiennent  qu’une  humeur 
lymphatique;  ils  font  comme  dans  tout  au¬ 
tre  tems  d’une  petitefîe  extrême ,  peut-être 
même  font-ils  plus  petits  que.  dans  le  tems 
de  fa  vacuité  ;  ils  commudiiquent  avec  le 
chorion  ;  les  vaifîeaux  de  cette  membrane 
font  continus  à  ceux  de  l’amnios  ;  l’une  & 
l’autre  de  ces  membranes  ne  contiennent 
aucun  vailTeau  fanguin  ;  enfin  i’amnios  eft 
percé  à  l’intérieur  d’une  infinité  de  pores. 
Quel  peut  être  l’ufage  de  cette  ftruârure 
particulière ,  fi  ce  n’eft  de  tranfmettre  dans, 
la  cavité  de  l’amnios  un  fuc  qui  lui  vient 
des  vailTeaux  utérins  ;  il  me  femble  qu’on 
ne  peut  en  douter  fans  fe  refufer  à  l’évi¬ 
dence. 

La  pratique  journalière  me  paroit  en¬ 
core  fournir  un  furcroit  de  preuves  de 
cette  opinion  :  il  arrive  affez  fréquemment 
qu’une  petite  étendue  du  chorion  fe  dé¬ 
tache  de  la  matrice ,  ou  que  l’union  du 
chorion  &  de  l’amnios  fe  rompt  dans  un 
petit  efpace;  ce  décolement  fait  entre  ces 
deux  parties  ainfi  défunies ,  une  efpece  de 
poche  membraneufe ,  dans  laquelle  il  fe 
fait  un  épanchement  ;  c’eft  ce  que  les  Ac¬ 
coucheurs  appellent  de  fauffes  eaux ,  parce 

Eif 


^8  Dijfcrt.  fur  V origine 
qu’ils  nomment  vraies,  celles  qui  font  con¬ 
tenues  dans  la  cavité  de  l’amnios.  Ce  fluide 
ainfi.  épancîié,  eft  de  même  nature  &  de 
même  conflftance  que  celui  qui  eft:  conte¬ 
nu  dans  cette  cavité  •  il  n’en  eft  diflerent, 
que  parce  que  celui  dans  lequel  nage  le 
fétus ,  reçoit ,  probablement  des  excrétions 
cutanées  qu’il  laiflTe  échapper ,  une  teinte 
qui  ne  lui  eft  pas  naturelle. 

Il  feroit  abfurde  de  dire  que  ces  faufles 
eaux  ont  été  réforbées  par  les  pores  de 
l’amnios  ;  car  outre  qu’il  eft  impoflible  de 
prouver  cette  réforbtion ,  on  ne  peut  pas 
même  en  concevoir  ni  le  méclianifme  ni 
la  caufe;  il  me  femble  qu’on  ne  peut  pas 
révoquer  en  doute,  que  ces  faulTes  eaux 
ne  viennent' des  vaifleaux  de  la  matrice  ; 
car  pour  fe  placer  entre  fa  parois  &  le 
clioribn ,  ou  entre  cette  membrane  &  l’ani- 
nios^  d’où  pourroient-eîles  fortir?  La  ma¬ 
niéré  dont  fe  fait  cet  épanchement  eft  fort 
aifée  a  expliquer  :  le  moindre  effort  peut 
déraciner  une  petite  portion  du  chorion 
des  pores  de  la  matrice  ;  la  plus  légère 
caufe  peur  auffi  détruire  l’adhérence  des 
deux  membranes  entr’elles ,  dans  un  petit 
efpace  ;  par  cette  déftinion ,  les  vailTeaux 
de  ces  portions  qui  s’abouchoient  les  uns 
avec  les  autres,  ceffcront  de  communiquer 


des  Eaux  de  rAmnîos. 
êüfemble  \  alors^  le  fluide  qm  vient  des 
vailfeaux  utérins,  ne  trouvant  plus  de  ca¬ 
naux  qui  lui  livrent  paflage ,  s’arrêtera  en¬ 
tre  ces  deux  parties  décolées  ;  mais  comme 
il  continuera  de  tranfuder ,  il  s’y  amaflTera 
peu-à-peu,  augmentera  le  décolement  de 
jour  en  jour,  &  au  bout  de  quelque  tems , 
fera  un  épanchement  confidérable. 

Enaffignant  la  vraie  fource  des  eaux  de 
l’amnios ,  je  crois  donner  la  folution  d’une 
autre  qusftion  y  qui  a  de  tout  tems  agité 
les  Phyflologiftes ,  &  dont  j’ai  parlé  plus 
haut.  S’il  efl:  bien  certain,  comme  je  crois 
l’avoir  prouvé  y  que  ces- eaux  foient  vérita¬ 
blement  un  fluide  lymphatique  qui  émane 
d’arteres  fanguines  ,  pourra-t-on  leur  refu- 
fer  la  propriété  nutritive?  Si  plufieursPhy- 
flologiftes  n’en  conviennent  pas,  g’ efl:  faute 
d’avoir  découvert  leur  fource  ;  mais  cette 
fource  étant  bien  conftatée,  je  penfe  qu’il 
ne  peur  plus  y  avoir  de  conteftation  à  cet 
égard.  D’ailleurs  on  trouvera  dans  le  g-.XI , 
de  fortes  preuves  que  ces  eaux  paflent  a 
l’enfant  par  la  voie  de  la  déglutition  :  pour 
quel  ufage  entreroient-elles  dans  l’eftomac , 
fl  elles  n’y  apportoient  des  fücs  nourri¬ 
ciers? 

Fin  de  la  Dijfertation. 

E  iîj; 


yo  ■  Dépendances 

g.  X.  Ces  eaux  font -elles  nourricières? 

Raifons  de  ceux  qui  le  nient. 

Je'  dois  à  cet  examen  d’autant  plus 
d’exaditude^que  depuis  peu,  des  Phyfio- 
îogiftes  ont  foutenu  avec  quelque  vrai- 
femblance  contre  mon  fentiment,  que  les 
eaux  de  l’amnios  n’ont  aucune  propriété 
nourricière. 

Je  ne  parle  point  des  anciens, qui  croy  oient 
que  dans  l’homme ,  comme  dans  les  ani¬ 
maux  ,  il  y  avoit  a  l’intérieur  de  la  ma¬ 
trice  certains  tubercules  ;  ils  difoientquele 
fétus  les  fuçoit;  &  même  ils  appuy oient  ce 
fentiment ,  fur  ce  que  dès  que  l’enfant  eft 
né ,  &  même  avant  de  naître  ,  il  fuce  le 
.doigt  qu’on  lui  met  dans  la  bouche. 

Il  efc  aifé  de  réfuter  cette  opinion.  Mais 
,  en  général  ce  n’eft  que  depuis  fort  peu  de 
tems  qu’on  a  commencé  à  nier  que  le  fé¬ 
tus  prend  de  la  nourriture  par  la  bouche. 

La  première  raifon  qu’on  en  donne  , 
c’eft  que  la  liqueur  de  l’amnios ,  dit  -  on, 
n’eft  pas  une  humeur  lymphatique  ,  & 
n’eft  qu’une  mucofité  ;  &  on  dit  que  la 
mucofité  n’eft  pas  capable  de  nourrir.  D’au¬ 
tres  objeftent  que  cette  liqueur  eft  acrimo- 
nieufe ,  &  du  caraftere  de  l’urine. 

Enfuite  on  dit  qu’elle  provient  du  fétus. 


âu  Titus,  7^ 

êt  qu’elle  traiifude  de  fes  arteres  ombilica¬ 
les,  &  qu’il  n’efl:  pas  probable,  comme 
nous  l’avons  obfervé  nous  -  mêmes ,  qu’é¬ 
tant  expulfée  du  corps  du  fétus ,  elle  y  foie 
reçue  une, /econde  fois. 

Que  plufieurs  caufes  empêchent  la  dé¬ 
glutition  ;  que  la  bouche  eft  tenue  fermée 
par  les  mufcles  temporaux ,  qui  font  très- 
forts  ,  &  qu’elle  eft  exaéfement  clofe  dans 
le  fétus  ;  que  fa  langue  eft  appliquée  au 
palais  ;  que  le  pharynx  eft  fermé  ,  l’œfo- 
phage  comprimé  ;  &  que  la  tête  eft  pen¬ 
chée  ,  &  prefque  tout  en  bas. 

Que  la  déglutition  ne  peut  fe  faire  fans 
refpiration ,  &  qu’aucun  fuc  quelconque  ne 
peut  pafîer  de  i’amnios  dans  l’eftomac, 
tant  que  l’air  n’a  point  d’accès  ;  que  c’eft 
pour  cette  raifon ,  qu’après  avoir  verfé  du 
lait  dans  la  cavité  de  i’amnios  ,  on  n’en  a 
pas  trouvé  une  goutte  dans  reftomac  du 
fétus  ;  que  ç’eft  auffi  pour  cette  raifon  qu’il 
fe  trouve  aftez  fréquemment  des  fétus  vi- 
vans  &  même  en  embonpoint,  quoique 
fans  bouche  &  même  fans  tête. 

Que  ce  qui  fe  trouve  dans  l’eftomac  des 
animaux ,  ne  reftemble  point  au  fuc  de 
i’amnios;  que  c’eft  une  mucofité,  même 
dans  les  oifeaux  ;  que  la  liqueur  qu’on  a 
trouvée  dans  l’cftomac  d’un  veau  ,  étoic 
E  iv 


72  DeÈ ,  DcpendancêS 

pâle,  tandis  que  les  eaux  defamnios  étoiene 
brunes  ;  que  cette  liqueur  de  i’eftomac  n’eft 
ni  rouge  ni  acide,  ou  qu’il  n’y  en  a  point 
du  tout. 

On  cite  àufîi  l’exemple  d’'un  fétus ,  dans 
l’eftoinac  duquel  on  a  trouvé  de  l’humeur, 
quoiqu’il  fût  fans  bouche  ;  on  allégué  en¬ 
core  une  humeur  gélatineufe  &  le  méco¬ 
nium  ,  qu’on  trouve  dans  les  inteftins  ;  &  on 
prétend  que  tout  cela  vient  de  la  bile. 

On  oppofe  que  des  enfans  ont  vécu 
long-tems  après  la  rupture  des  membra¬ 
nes  ,  même  la  main  fortie. 

Que  c’eft  à  caufe  de  cela  que  les  eaux 
de  i’amnios  font  en  abondance  dans  les 
premiers  tenis  ;  qu’enfuite  elles  font  en 
moindre  quantité  ,  en  proportion  du  vo¬ 
lume  du  fétus  ;  qu’il  y  a  beaucoup  d’eaux 
quand  l’enfant  eft  languilTant  &  malade  ; 
&  qu’elles  fe  diffipent  quand  il  eft  robufte , 
&  que  par  conféquent  il  y  a  peu  d’eaux 
quand  l’enfant  eft  fort. 

Qu’ainfi ,  les  eaux  de  l’amnios  ne  font 
nullement  propres  à  nourrir  le  fétus,  & 
que  s’il  fe  fait  quelque  preffion  fur  i’œfo- 
phage  ou  l’eftomac,  c’eft  contre  nature ,  & 
que  cette  preffion  n’eft  pas  fans  danger  ; 
qu’il  paroît  que  la  liqueur  qui  fe  trouve 
dans  l’eftomac ,  eft  fournie  par  les  glandes 


du  Fétus,  '  73 

de  la  bouche ,  de  i’elîomac  &  des  intéil-ins  ; 
&  quoiqu’elle  relTemble  k  un  fuc  nourri- 
cier ,  cependant  l’humeur  du  bas- -ventre , 
qui  affurément  n’eft  pas  deftinée  k  fervir 
de  nourriture ,  eih  de  la  même  nature, 

§.  X I.  Réponfcs  à  ces  ohjcâio'ns, 

.  Je  fuis  toujours  flatté  quand  je  trouve 
occaflon  de  défendre  le  fentiment  de  mon 
maître ,  dont  la  candeur  efl;  univerfelle- 
ment  reconnue  ;  &  cette  occaflon  fe  préfen- 
te  fouvent  ;  comme  il  ne  cherchoit  que  la 
vérité ,  c’efl;  auffi  tout  le  but  de  mes  travaux. 

On  a  tort  de  nier  que  le  fétus  avale  la 
liqueur  de  l’amnios  ;  car  nous  ferons  voir 
en  premier  lieu ,  qu’il  a  la  bouche  ouverte 
&  béante  ;  enfuite  qu’on  trouve  de  cètte 
liqueur  dans  la  bouche ,  dans  le  gofler , 
dans  l’éfophage ,  &  dans  l’eftomac  de  l’a¬ 
nimal;  enfin,  qu’on  a  trouvé  auffi  dans 
l’eftomac  &  dans  les  inteftins  du  fétus ,  des 
poils  &  du  méconium ,  qu’il  rend  affez  fou- 
vent  dans  l’amnios  ;  &  il  n’efl:  pas  poffible 
de  croire  que  ces  chofes  aient  pu  y  parve¬ 
nir  par  d’autres  voies,  que  par  la  déglutition. 

Rien  n’efl:  fl  commun  que  de  voir  des 
poulets  fe  remuer  doucement  au  milieu  de 
leurs  eaux ,  &  akernativement  ouvrir  & 
fermer  le  bec. 


Des  Dépendances 

J’ai  vu  les  mêmes  mouvemens  dans  les 
petits  des  quadrupèdes,  je  les  ai  vus  enfer¬ 
més  dans  leurs  membranes ,  qui  étoient 
dans  leur  entier ,  &  environnés  de  leurs 
eaux  de  toutes  parts ,  tirer  la  langue ,  ou¬ 
vrir  &  fermer  la  bouche  ;  d’autres  ont  vu 
de  même  les  fétus  des  quadrupèdes  ayant 
la  bouche  ouverte  ;  on  a  vu  la  même  chofe 
dans  le  fétus  humain. 

Il  nous  eft  donc  aifé  de  prouver  pre¬ 
mièrement  ,  que  c’eft  fans  raifon  qu’on  dit 
que  le  fétus  a  là  bouche  fermée  ;  que  cela 
n’eft  vrai  ni  dans  le  volatile,  ni  dans  le 
quadrupède,  ni  même  dans  l’homme. 

On  n’eft  pas  plus  fondé  à  nier  que  la  dé¬ 
glutition  puiffe  fe  faire  fans  refpiration,  puif  - 
qu’elle  ne  peut  fe  faire  dans  le  tems  de  la 
refpiration  ;  car  dans  l’infpiration  ^  l’épi¬ 
glotte  eft  élevée  &  le  larynx  ouvert ,  & 
dans  le  tems  de  la  déglutition ,  là  langue 
eft  abaiflee ,  &  le  larynx  fermé. 

C’eft  ainfi  que  ceux  qui  fe  noyent  ava¬ 
lent  de  l’eau ,  fi  ce  n’eft  pas  toujours ,  du 
moins  la  plupart  du  tems  ;  leur  eftomac 
s’en  trouve  plein,  &  ils  la  rejettent  par  la 
bouche  ,  quand  ils  font  tirés  de  l’eau  ;  il 
n’eft  pas  abfolument  poflible  que  le  fétus 
n’avale  point  ce  qui  lui  vient  dans  le  go- 
fier,  au  delà  de  la  racine  de  la  langue. 


du  Fétus, 

Schacher  a  vu  des  petits  chiens  remuer 
la  langue,  &  faire  la  déglutition. 

Stæhelin  a  fait  voir  autrefois ,  que  fi  on 
ouvre  la  gueule  d’un  petit  chien ,  la  preffion 
de  l’atmofphere  fur  l’efpace  vuide  d’air  , 
fait  entrer  du  fluide  dans  l’eflromac  de  l’a¬ 
nimal,  quoique  mort ,  &  que  cette  pref- 
fion  ne  fy  pouflTe  point ,  fi  la  gueule  efl: 
fermée  ;  or  nous  avons  fait  voir  que  la  b  ou- 
che  du  fétus  efl:  ouverte. 

Cette  opinion  efl:  confirmée  par  l’expé¬ 
rience  qu’on  a  faite  de  faire  glacer  une  fe¬ 
melle  pleine  ;  on  a  trouvé  dans  les  narines, 
la  bouche ,  le  gofien,  l’cefophage  &  F  efl* 
tomac  du  fétus ,  de  la  liqueur  de  l’amnios, 
qui  faifoit  un  glaçon  continu  depuis  les 
levres  jufqu’à  Feflomac. 

Ce  qui  appuyé  encore  cette  opinion, 
c’efl  qu’on  a  trouvé  une  liqueur,  qu’à  fa 
nature  on  a  reconnu  pour  celle  de  l’amnios , 
dans  l’eftomac  de  différens  quadrupèdes , 
comme  veaux ,  agneaux  ,  petits  chiens , 
faons ,  lapins ,  cochons  ;  &  même  Har- 
vée  a  vu  fortir  de  Feflomac  d’uo  fétus  hu¬ 
main,  quelque  chofe  de  fenfbîabîe  à  des 
grumeaux  d’humeur  muqueufe. 

Il  efl  certain  que  le  jabot  &  Feflomac  des 
volatiles ,  efl  rempli  c/un  lait  coagulé  ,  qui 
reflemble  à  du  blan.c  d’œuf  qui  auroir  été 


Des  Dépendances 

coagulé  par  l’efprit  de  vin  ;  ce  qui  eft  dans 
îe  jabot,  eft  un  coaguîum  plus  mou  ;  ce 
qui  eft  dans  Teftomac ,  eft  plus  caféeux* 

Ceft  cette  même  humeur  femblable  à 
du  lait,  que  l’enfant  rend  par  la  bouche, 
avant  d’avoir  encore  tété. 

A  préfent,  il  n’eft  pas  difficile  de  prou¬ 
ver  contre  ceux  qui  ne  veulent  pas  que 
ce  qu’on  trouve  dans  l’eftomac  du  fétus 
foit  de  la  liqueur  de  l’amnios,  que  c’en 
eft  véritablement. 

Ge  n’eft  pas  sûrement  un  mucus  de  la 
bouche  ni  du  gofter  *  il  y  a  dans  l’efto- 
mac  trop  de  cette  liqueur ,  pour  qu’elle 
puifle  être  fournie  par  de  fi  foibles  fources  ÿ 
on  en  a  trouvé  dans  un  veau ,  jufqu’à  trente 
ou  quarante  onces. 

Mais  ce  qui  prouve  parfaitement  que  ce 
qu’il  y  a  dans  l’eftomac  eft  très  -  véritable¬ 
ment  de  l’eau  de  l’amnios  ,  c’eft  qu’on 
trouve  affez  fréquemment  dans  l’eftomacy 
des  concrétions  graffes  &  caféeufes ,  telles 
qu’il  s’en  trouve  dans  l’eau  de  l’amnios. 

Il  n’eft  point  rare  que  le  fétus  rende  fes 
excrémens  dans  l’amnios  •  le  porc ,  le  veau , 
l’agneau ,  îe  daim  &  les  volatiles  l’y  ren¬ 
dent  ;  l’enfant  même  les  y  rend  auffi ,  car 
on  y  a  trouvé  des  matières  brunes  ,  qui 
avoient  toutes  les  qualités  du  méconium. 


'  du  Fétus.  77 

On  trouve  affez  communément  de  cette 
forte  de  matière  dans  l’eftomac  ;  aiTuré- 
ment  ces  excrémens  ronds  ne  prennent  pas 
naifîance  dans  f  eftomac ,  même  d’un  animai 
adulte  ;  il  eft  donc  néceffaire  qu’ils  foient  re-» 
jettéspar  la  voie  du  bas  -  ventre ,  &  qu’ils 
ne  parviennent  dans  l’amnios  qu’après  la  dé¬ 
glutition. 

Et  afin  de  ne  laifler  aucun  doute  dans 
les  efprits  ,  même  les  plus  difficiles  ,  je 
donne  pour  derniere  preuve  les  poils  que 
les  veaux  en  fe  léchant ,  ont  mêlés  avec 
l’humeur  de  l’amnios  ;  qu’on  a  trouvés  dans 
l’eftomac,  qui  fe  font  enfuite  mêlés  avec 
le  méconium  &  les  excrémens ,  &  qui  ont 
été  rejettés  avec  eux  par  l’anus. 

Préfentement ,  fi  l’humeur  de  l’amnios 
paffe  dans  f  eftomac  &  dans  les  inteftins  ; 
fi  cette  humeur  efl:  douce,  vifqueufe,  pro¬ 
pre  à  fervir  de  nourriture ,  je  ne  vois  pas 
pourquoi  elle  ne  ferviroit  pas  à  la  nourri¬ 
ture  du  fétus. 

Il  y  a  encore  d’autres  raifdns  qui  le 
font  croire. 

Nous  avons  dit  que  certains  animaux 
du  genre  des  quadrupèdes  froids  ,  que  les 
poinons  &  les  infeêtes  ne  pouvoient  rece¬ 
voir  de  nourriture  ,  que  de  la  liqueur  de 
famnios. 


'y8  Des  Dépendances 

Il  eft  prefque  nécelTaire  que  les  volati¬ 
les  s’en  nourriffent  dans  le  commencement 
de  l’incubation ,  car  alors  les  inteftins  font 
fl  petits  &  certainement  li  vuides,.  que  le 
jaune  ne  peut  les  nourrir  ;  les  vailTeaux 
ombilicaux  ne  fournilTent  rien  à  un  petit 
oifeau  au  moment  de  fa  formation ,  fi  ce 
n’ eft  ce  qu’il  fournit  lui-même. 

Tant  que  le  fétus  humain  ,  ou  celui  du 
quadrupède  eft  ifolé  dans  la  matrice,  il  ne 
peut  fe  nourrir  que  de  fon  propre  fuc  ; 
o’eft  pourquoi  il  eft  alors  en  plus  grande 
abondance  ;  cc  comme  il  ne  peut  prendre 
de  nourriture  que  par  la  réforbtion  que 
font  les  veines  du  placenta,  des  fucs  de  la 
matrice ,  &  par  les  eaux  de  l’amnios ,  il  eft 
néceftaire  que  dans  ces  animaux ,  ce  fluide 
ait  eu  la  propriété  de  nourrir  &  de  fuften- 
ter le  fétus,  qui  alors  n’ avoir  point  d’om¬ 
bilic  ,  ou  dont  les  vaiffeaux  ombilicaux  n’é- 
toient  point  encore  ouverts ,  comme  beau¬ 
coup  d’expériences  le  prouvent  fuffifam- 
ment. 

Aufli,  plufieurs  Auteurs  célébrés,  tant 
anciens  que  modernes ,  ont  foutenu  que 
les  eaux  famnios  écoient  nourricières  ; 
mais  ils  ol^fervent  qu’elles  ne  nourriffent 
le  fétus  que  dans  les  premiers  tems  de  la 
geftation ,  àc  que  fur  la  fin  elles  deviennent 


du  Fétus,  79 

âcres ,  &  font  en  trop  petite  quantité ,  en 
proportion  de  la  grofleur  du  fétus;  je  ne 
difconviens  pas  elFèdivement  qu’alors  le 
cordon  ombilical  contribue  beaucoup  plus 
à  fa  nourriture. 

C’efl:  entièrement  comme  dans  les  der¬ 
niers  jours  de  l’incubation ,  le  jaune  de 
l’œuf  fournit  un  nouvel  aliment  au  poulet. 

J’admets  encore  volontiers ,  que  même 
dans  les  premiers  tems ,  le  fétus  reçoit  éga-, 
lement  fa  nourriture,  des  eaux ,  &  des  vaif- 
féaux  ombilicaux. 

Il  ne  me  paroît  pas  probable  qu’il  fe 
faffe  une  réforbtion  de  ces  eaux  par  les 
pores  de  la  peau  ;  c’eft  une  vieille  opinion 
d’Alcmæon ,  qui  a  été  renouveilée  depuis 
peu  ;  ni  que  ce  foit  par  cette  feule  voie ,  ou 
en  partie  par  cette  voie,  que  le  fétus  pren¬ 
ne  fa  nourriture  ;  puifque  l’épiderme  d’un 
fétus  contenu  dans  l’amnios,  eft  tout  cou¬ 
vert  d’une  matière  vifqueufe  &  caféeufe  ; 
&  que  fi  l’eau  de  l’amnios  pénétroit  la  peau, 
elle  viendroit  s’épancher  dans  le  tiflu  cel^ 
lulaire  qui  eft  defibus  ;  &  qu’ enfin  cette 
humeur  eft  vifqueufe ,  &  ne  paroxt  pas  de 
nature,  à  pouvoir  paifer  à  travers  la  peau. 

Je  n’en  attribue  pas  moins  de  propriétés 
a  cette  humeur  ;  elle  maintient  l’oeuf  difi 
tendu ,  &  pat-là  le  fétus  peut  y  exercer 


8o  Dépendances 

tous  fes  mouvemens ,  &  eft  à  Tabri  des 
compreffions  extérieures  ;  &  l’œuf  à  fon 
tour  eft  moins  expofé  à  être  endom¬ 
magé  par  les  mouvemens  violens  du  fé¬ 
tus  ;  elle  dilate  plus  facilement  la  matrice , 
que  ne  pourroit  faire  le  fétus  ;  elle  facilite 
auffi.la  fortie  de  l’enfant,  dans  le  tems  de: 
l’accouchement. 

On  voit  alTez  cependant  que  tous  ces 
avantages  ne  font  qu’acceffoires ,  puifqu’ils 
n’ont  point  lieu  dans  les  volatiles ,  dans  les 
poifîbns  ,  ni  dans  les  quadrupèdes  froids. 

§.  X 1 1.  La  membrane  allantoïde  des 
brutes. 

J’avois  écrit  qu’on  trouvoit  dans  les  vo¬ 
latiles  un  fac  membraneux  ,  dans  lequel 
venoit  fe  rendre  l’urine  quifortoit  du  cloa¬ 
que  :  c’eft  une  erreur  manifefté  ,  que  je 
n’ai  enfeignée  que  fur  la  foi  d’autrui  ; 
car  je  n’y  ai  vu  que  très-difficilement ,  ou 
même  jamais  ,  l’infertion  de  l’ouraqüe;  & 
je  n’ai  jamais  bien  connu  la  ftrudure  de 
cette  membrane.  Je  corrige  ici  cette  er- 
=  reur ,  &  je  l’ai  déjà  corrigée  dans  up  petit 
Ouvrage  que  j’ai  envoyé  en  17^3,  à  la 
Société  de  Gottingue.  , 

Il  y  a  une  cavité  pour  recevoir  l’urine 

dans 


âiL  PitüSé 

dans  îes  quadrupèdes  ;  je  crois  qüe  c’efi: 
dans  tous  5  du  moins  i’ai-je  trouvée  dans 
tous  ceux  que  j’ai  ouverts  ;  ce  réceptacle 
eft  grand,  la  plupart  du  tems  fort  long^ 
à-peu-près  cylindrique  j  mais  d’une  largeur 
inégale  ■  il  s’étend  des  deux  côtés  ^  au  delà 
de  l’amnios  j  enmaniere  de  cornes  ;  il  eft 
plein  d’une  liqueur  jaune  ,  falée  ,  même 
fétide  J  qui  ne  fe  coagule  point  quand 
l’œuf  a  atteint  fa  maturité ,  qui  reflemble 
entièrement  à  de  l’urine  j  &  qui  eft  d’au¬ 
tant  plus  abondante ,  que  le  fétus  a  refté 
plus  long-tems  dans  la  matrice  ;  on  voit 
flotter  dans  cette  humeur ,  des  concrétions 
épaifles ,  vifqueufes ,  &  il  s’y  fait  un  dépôt 
que  dans  le  cheval  on  appelle  hyppoma- 
nés. 

C’eft  la  membrane  allantoïde  ;  elle  eft 
niince  comme  l’amniôs ,  lifîe ,  parfemée 
de  vaifleaux  :  on  peut  aifément  la  divifer 
en  deux  lames  concentriques ,  blanches  & 
tranfparentes ,  &  quifoufflées  féparément  , 
forment  comme  deux  facs. 

Il  part  du  milieu  de  l’allantoïde ,  &  de 
la  cavité  de  fon  réfervoir  ,  un  canal  très- 
grand  ,  qui  conduit  le  long  du  cordon  om¬ 
bilical  ,  dans  la  yeffie ,  de  façon  qu’il  y  a 
un  paftage  très-libre  à  l’air  &  à  l’humeur , 
de  la  venie  à  la  cavité  de  l’allantoïde. 
Tome  IL  E 


Si  Des  Dépendances^ 

II  eft  difficile  de  croire  qu^on  y  ait  Vu 
des  vaifTeaux  lymphatiques. 

Cette  membrane  eft  fenftbie  de  bonne- 
heure  ^  car  dans  une  brebis,  le  14®.  &  le 
jour  après  la  conception,  j^ai  vu  une 
allantoïde  femblable  à  un  épiploon ,  lon¬ 
gue  &  cylindrique,  tandis  que  j’avois beau¬ 
coup  de  pèiiieà  voir  le  fétus. 

Parmi  les  quadrupèdes ,  ceux  qui  ont 
tine  allantoïde  font  la  jument ,  la  vache , 
la  brebis,  lé  daim,  la  biche,  la  truie, lé 
Mèvre,  le  lapin,  le  chien,  le  chat,  même 
lë  dauphin ,  avec  un  ouraque  qui  vient  s’y 
terminer  j  enfin  la  grenouille  a  auffi  une 
àllantoïdé ,  à  moins  qu’on  n’ait  pris  une  au¬ 
tre  membrane  pour  une  allantoïde. 

Ainfi ,  ce  ne  font  pas  les  feules  bêtes  à 
cornes  qui  en  ont. 

§.  X 1 1 1.  Ce  qu^on  a  vu  dans  Vhomme^ 
relativement  à  cela. 

Premièrement,  quelquefois  on  y  trouve 
Fouraque  ,  qui  va  de  la  veffie  jufqu’aû 
cordon  ombilical ,  &  qui  s’étend  meme 
Jufqu’â  une  certaine  diftance  fur  ce  cor¬ 
don  ;  il  eft  entièrement  de  même  que  dans 
les  brutes ,  fi  ce  n’eft  qu’il  eft  plus  étroit  > 
für-tout  à  l’endroit  où  il  fe  joint  au  cor¬ 
don  y  cependant  il  eft  creux. 


âiL  Pétus  -o  8  J 

îi  ÿ  a  quelques  Auteurs  j  fort  peu  à  là 
mérité  J  qui  difeiit  avoir  vu  fouraque  dans 
le  cordon ,  dt  fe  coritinuer  avec  lui  ^  à  là 
:diftance  dé  quelques  pouces. 

On  trouve  auffi  quelques  relies  d’une 
véiicule^  pleine  d’eau  ou  de  gelée,  qui  étoiÉ 
à  l’extrémité  du  cordon  du  côté  du  pla-^ 
centà. 

Aibiiius  a  trouvé  dans  un  embtydn  de 
fept  femaines ,  un  petit  filet  qui  alloit  le 
•long  du  Cordon,  &  fe  terniinoit  dans  une 
Véflcule  qu  iétoit  comme  un  entonnoir  de 
4’amnios  j  cette  véficuie  étoit  placée  oblp 
quement  du  côté  gauche ,  entre  le  chorion 
éc  l’amnios  •  il  â  vu  aiilli  un  canal  j.  qui  dë 
t extrémité  du  cordon  j  alloit  fe  rendre  dans 
la  vefiîei 

Boehnier  à  vu  depuis  peu  une  véliculô 
^vale  attachée  au  cordon ,  de  il  penfe  avec 
line  forte  de  raifon ,  qu’on  peut  regardei^ 
•c^-te  véfi-cule  comme  une  allantoïdei 
Haie  a  fait  une  ample  defcription  d’unê 
velEe  formée  d’une  membrane  plus  fine 
•que  l’anmios  ,  placée  entre  l’amnios  de  le 
chorion  ,  kl’endroit  où  ces  membranes  font 
fur  le  placenta ,  qui  étoit  plus  étroite  que 
•cette  maffe^  de  qui  d’une -de  fès  extrémités 
y  touchok  ,  dt  de  l’autre  au  fétus;  il  a  vu 
Cette  -v-elSê  m  fommet  4e  l’œuf,  unie  dans 


Des  Dépendances 

les  deux  tiers  de  fon  étendue, à  Tamnios  ;  & 
il  y  avoitdeux  ouraques  qui  venoientferefr 
dre  à  fon.  col  ;  il  a  fait  repréfenter  ces  deux 
ouraques ,  droits  &  fort  grands.  Keil  &  Ty- 
fon  aiïurent  auffi  avoir  vu  deux  veflies ,  plei¬ 
nes  d’une  liqueur  de  différentes  couleurs. 

Haie  ajoute  encore  qu’il  a  vu  une  allan¬ 
toïde  ovale  dans  un  petit  œuf  avorté. 

Munnik  croit  aulîi  avoir  vu  un  petit  fac 
de  même  dans  un  fétus  de  quatre  mois. 

Eglinger  a  dit  depuis  peu,  que  l’allan¬ 
toïde  eft  agglutinée  avec  l’amnios  ;  de 
même  qu’Aibinus  a  dit  avoir  vu  une  mem¬ 
brane  pleine  d’une  liqueur  gélatineufe. 

On  peut  ajouter  à  cela  ces  maladies  dont 
nous  avons  parié  ailleurs ,  dans  lefquelles 
on  a  vu  fortir  l’urine  par  le  nombril. 

On  cite  encore  pour  confirmer  l’exif- 
tence  de  cette  membrane,  les  eaux  qui 
s’écoulent  de  la  matrice  pendant  la  grof- 
feffe ,  &  avant  le  tems  de  l’accouchement; 
on  ne  peut  pas  croire  que  ces  eaux  foient 
celles  de  l’amnios ,  car  il  eft  fort  difficile 
que  le  fétus  furvive  à  l’écoulement  des 
eaux  qu’il  contient  ;  d’un  côté  elles  lui  ferr 
vent  d’aliment  ;  &  de  l’autre ,  la  matrice 
ne  contenant  plus  d’eau ,  éprouveroit  des 
compreffions  de  la  part  des  parties  environ¬ 
nantes  ,  qui  feroient  courir  de  grands  rif- 
ques  k  l’enfant. 


du  Fkim.  ^  i 

:  On  trouve  dans  les  Auteurs,  nombre 
d’exemples  de  cet  écoulement  prématuré 
des  eaux ,  à  dilFérens  termes  de  la  grolTeffe , 
long  -  tems  avant  l’accouchement ,  même 
à  dilFérentes  reprifes. 

On  trouve  ailleurs  qu’il  y  a  eu  des  ac- 
couchemens  où  les  eaux  fe  font  écoulées  . 
en  deux  tems  ;  on  a  regardé  comme  ve¬ 
nant  de  l’allantoïde ,  une  de  ces  deux  ef- 
fulions,  puifqu’il  n’y  a  que  cette  membrane 
qui  puiffe  être  le  réfervoir  particulier  de 
quelque  fluide. 

.  Or ,  puifque  les  reins  du  fétus  font  fort 
grands ,  qu’il  fe  trouve  de  l’urine  dans  la 
veffie ,  &  qu’on  a  trouvé  de  l’eau  glacée 
dans  i’uretre,  ils  difent  qu’ils  ne  compren¬ 
nent  pas  comment  l’urine  peut  être  retenue 
dans  f  homme  pendant  tant  de  mois,  fi  elle 
n’eflpas  reçue  dans  une  membrane  parti¬ 
culière  ;  &  qu’il  n’eft  pas  poffible  d’expli¬ 
quer  pourquoi  il  ne  fe  fépare  point  d’u¬ 
rine  dans  l’homme  ,  tandis  que  dans  les 
brutes  il  s’en  fépare  plufieurs  livres  ,  & 
qu’on  ne  peut  pas  dire  que  c’eft  la  chaleur 
qui  difïîpe  l’urine ,  ni  affurer  raifonnable- 
nient  qu’il  ne  s’en  forme  que  peu ,  puif¬ 
qu’il  y  a  au  moins  autant  de  chaleur  dans 
un  chien  que  dans  un  homme. 

Que  quoique  la  veffie  ait  beaucoup  de 
F  iij 


0^  Des  Dépendances 

longueur  dans  le  fétus,  cependant  elle  n^eft 
rien  en  proportion  de  Fallantoïde  des  ani-? 
înaux  ;  ^  qu’il  ne  fe  trouve  qu’une  petite 
quantité  d’urine  dans  la  veffie  de  l’enfant, 
C’efi:  d’après  ces  raifons,  &  peut  r  être 
d’autres  encore ,  que  de  grands  hommes, 
parmi  les  anciens  &  les  modernes,  font 
perluadés  qu’il  y  a  une  membrane  allan-? 
■'toïde  dans  l’arriere-faix  humain ,  de  qu  ell§ 
férc  à  contenir  l’ urine, 

§.  X IV,  B^aifons  d\n  douter. 

Cette  queilion  eft  fbr-t  difficile  a  réfou^ 
dre  ;  mais  les  raifons  de  douter  paroilTenç 
plus  naturelles  de  plus  fniples, 

•  Dans  l’homme ,  l’ouraque  qui  vient  de 
la  veffie  eft  li  petit  ,  qu’on  ne  peut  pas 
croire  qu’il  puiiTè  y  paiTér  autant  d’urine , 
qu’il  paroit  qu’il  en  palTe  dans  les  brutes, 
L’ouraque  fe  continue  a  la  vérité  avec  le 
cordon  ombilical ,  mais  il  ne  va  pas  loin  j 
car  après  un  trajet  de  quelques  pouces  au 
plus ,  il  fe  divife  en  petits,  filets ,  &  il  dif-. 
paroît. 

Aucun  Anatomifte  n’a  trouvé  l’ouraque 
^u  cordon,  du  côté  qu’il  s’attache  au  pla¬ 
centa  ;  on  l’y  a  cependant  cherché  bien  des 
fois  ;  Haie  a  fait  graver  une  planche  qui 
fepréfente  l’ouraque  ,  autour  duquel  '  fe 


du  Fétus  S  7 

contGuraêht  les  arteres ,  beaucoup  plus  pe¬ 
tit  qu’il  ne  l’eft  ;  mais  cette  planche  eft  li 
éloignée  de  la  nature ,  que  toute  fon  ob- 
fèrvation  en  devient  fufpede. 

Albinus  a  vu  le  cordon  dont  il  a  parlé  , 
dont  nous  avons  fait  mention  ;  mais 
voyant  que  fes  Eleves  avoient  pris  fa  re¬ 
marque  pour  une  démonfiration  de  l’exif- 
tence  de  l’allantoïde ,  &  la  donnoient  pour 
telle,  il  s’ eft  expliqué  depuis  peu,  &  il  a 
déclaré  qu’il  ne  l’entendoit  pas  de  même , 
de  qu’il  n’âfturoit  pas  qu’il  y  eut  une  allan¬ 
toïde. 

On  ne  voit  pas  pourquoi  cette  mem-r 
brane  fe  feroit  trouvée  feulement  dans  un 
petit  fétus,  &  ne  fe  trouveroit  pas  dans  un 
qui  feroit  plus  avancé. 

Si  l’analogie  peut  être  de  quelque  utilité, 
4e  ee  que  fur  la  fin  de  la  geftation ,  il  y  a 
beaucoup  de  fluide  contenu  dans  l’ailanr 
toïde  des  animaux,  on  peut  en  tirer  une 
conféquence  contre  l’exiftepee  de  cette 
membrane  dans  l’homme  ;  fl  fon  ufage  eft 
d’être  le  réfervoir  de  l’urine,  il  faut  certai¬ 
nement  une  grande  capacité  pour  contenir 
tout  ce  que  les  reins ,  qui  font  alors  fort 
grands ,  auront  féparé  pendant  plufîeurs 
mois;  c’eft  ce  que  les  moins  inftruits  pour¬ 
rons  voir,  puifqu’on  découvre  très-faciie- 
Eiv 


38  Dépendances 

ment  la  membrane  allantoïde  dans  les  bru¬ 
tes,  &  que  les  anciens  Font  connue.  Au 
contraire ,  perfonne  ne  Fa  vue  dans  Fhom- 
me  ;  de  tous  ceux  qui  ont  fait  graver  la 
matrice  dans  le  tems  de  la  groflelTe ,  d’a¬ 
près  les  dilTeètions  les  plus  exades  qu’ils 
avoient  faites ,  tels  qu’Àlbinus  lui-même, 
Hunter  ,  Roederer ,  Jenty ,  Boelimer,  & 
Noortwick,  il  n’en  eft  aucun  qui  ait  rien 
vu  de  femblable  à  une  allantoïde. 

Qu’il  me  foit  permis  d’ajouter  k  ceci  les 
obfervations  que  jai  faites  fur  huit  femmes 
mortes  pendant  la  grofTelTe.,  dont  j’ai  fait 
Fouverture  :  il  n’ell:  point  étonnant  qu’on 
trouve  de  deux  fortes  d’eaux,  ni  qu’ après 
avoir  ouvert  Famnios,  &  après  l’avoir  éva¬ 
cué  ,  on  trouve  une  fécondé  vefîie,  qui, 
après  que  Famnios  eft  vuidé  ,  refte  toute 
entière  &  pleine  ;  la  membrane  mitoyenne, 
les  feuillets  de  l’amnios ,  fes  vaifîeaux  , 
tout  cela  ne  m’a  point  échappé  ;  mais  com¬ 
me  je  n’ai  jamais  vu  d’ouraque  fortir  du 
cordon ,  je  n’ai  pas  vu  non  plus  de  yeflie 
dans  laquelle  il  fût  aboutir. 

Il  faut  réfléchir  que  l’analogie  peut  in¬ 
duire  k  croire ,  mais  qu’elle  ne  prouve  point 
démonftrativement;  &  il  eft  conftant  qu’il 
y  a  dans  l’homme  bien  des  particularités , 
qui  ne  fe  trouvent  point  dans  les  animaux  j 


du  Fétus»  ^9 

tels  font  îes  réglés  des  femmes ,  la  ftruâure 
de  la  matrice  &  le  placenta. 

Il  paroît  que  l’ouraque  livre  paffage  k 
une  petite  quantité  d’urine ,  mais  il  peut 
bien  fe  faire  que  cette  petite  quantité  s’é¬ 
panche  dans  le  tilfu  cellulaire  du  cordon  , 
où  l’ouraque  paroît  fe  terminer,  ce  cordon 
étant  bien  plus  long ,  d’une  plus  grande  ca¬ 
pacité  ,  &  plus  dilatable  dans  l’homme  que 
dans  tout  autre  animal. 

II  paroît  aufli  que  la  grande  facilité 
avec  laquelle  le  fang  palfe  dans  les  arteres 
ombilicales,  qui  font  très  larges,  empêche 
qu’une  grande  partie  de  ce  fang  ne  falfe 
ejffort  fur  les  vifceres  du  bas  -  ventre  ;  & 
cous  fçavons  que  dans  le  fétus  il  fe  fépare 
peu  de  bile ,  &  qu’elle  relfemble  même  à 
une  mucofté  ;  on  peut  croire  aulîi  aveç 
raifon  qu’il  fe  fépare  fort  peu  d’urine. 

Les  eaux  qui  s’écoulent  fpontanément 
pendant  le  tems  de  la  grolTelTe^  peuvent 
venir  de  la  matrice  ,  ou  d’une  hydropifie 
de  ce  vifcere,  ou  d’une  hydatide,  &  non 
de  l’endroit  où  eft  renfermé  le  fétus  ,  & 
elles  peuvent  fortir  d’un  tilTu  cellulaire;  ou 
elles  ont  pu  s’amalfer  contre  nature  entre 
l’amnios  &  fa  membrane  mitoyenne  ,  en¬ 
tre  les  deux  lames  du  chorion  ,  ou  entre 
celles  de  l’amnios^  ou  entre  le  chorion  de  la 


^0  Des  Dïpendances 

membrane  mitoyenne,  ou  enfin  par  quet 
que  fente  des  membranes  ;  quoique  dans 
f  état  naturel  il  n’y  a  point  de  fluide  entre 
ces  membranes ,  &  que  tous  ces  vuides  font 
remplis  par  un  tiflli  cellulaire  ;  il  peut  ce¬ 
pendant  s’y  épancher  un  fluide,  comme 
dans  le  tiflTu  cellulaire  de  toute  autre  partie 
du  corps,  comme  il  y  en  entre  par  la  ma¬ 
cération, 

La  tête  du  fétus  peut  aufli  dans  le  tems 
de  l’accouchement ,  être  placée  de  façon, 
que  toute  l’eau  contenue  dans  l’amnios , 
•puilTe  s’écouler  à  la  fois. 

Nous  avons  parlé  ailleurs  des  eaux  qui 
fbrtent  par  le  nombril  (i). 

Toutes  ces'raifons  me  paroifîent  probables, 
6c  je  ne  les  donne  que  pour  telles  ;  car  j  e  me 
défifterai  aifément  de  mon  opinion ,  s’il  fe 
trouve  quelqu’un  qui  foit  afîez  heureux  pour 
trouver  un  ouraque  qui  s’étende  tout  le  long 
du  cordon ,  qui  foit  creux ,  &  enfin  une 
véfîcule  dans  laquelle  il  vienne  fe  rendre. 

La  plupart  des  Anatomifles ,  depuis  le 
renouvellement  ' de  l’Anatomie,  ont  nié 
i’exiftence  de  l’allantoïde  dans  l’homme. 

Vérheyen  ayant  défié  Bidloo  défaire 
voir  cette  membrane  ,  ce  dernier  n’a  o£e 
entrer  en  lice. 


(i)  Elem,  Phyfiol.  Hall.  lib. 


du  Fétus ^  9^ 

g,  XV,  cordon  ombilical. 

Albinus  l’a  nommé  fimplement  l’ombi-* 
îic,  mais  nous  fuivrons  l’ufage,  &  l’appel** 
lerons  cordon  ombilical. 

L’arriere  -  fak  eft  fgrmé  par  les  mem^ 
branes  dont  nous  avons  parlé ,  qui  renfer** 
rnent  le  fétus ,  par  le  placenta ,  &  enfin  pat 
le  cordon  ,  qui  eft  la  principale  voie  de 
communication  entre  le  fétus  &  l’ arriéré-^ 
faix  3  iSc  même  la  mere  ;  on  le  trouve  dans 
les  quadrupèdes  ovipares,  dans  les  poiftbns 
èc  dans  les  quadrupèdes  vivipares  ;  les  ok 
féaux  ont  une  efpeçe  de  cordon  ;  c’eft  une 
gaine  formée  par  les  tégumens  du  bas-* 
ventre,  dans  laquelle  font  renfermés  les 
vaifteaux  du  jaune  de  l’oeuf  ,  ceux  de  la 
membrane  vafculeufe ,  &  le  conduit  du 
jaune  ;  les  plantes  mêmes  ont  auffi  quek 
que  chofe  qui  reflemble  au  cordon. 

Cette  partie  s’apperçoit  des  premières, 
dans  l’embryon  ;  car  on  la  voit  dans  les 
volatiles  avant  le  cœur ,  &  avant  la  coup¬ 
leur  rouge  •  elle  contient  du  fang  dès  la 
40^  heure. 

Le  cordon  n’eft  pas  tardif  dans  les  qua* 
drupedes  ;  je  n’ai  trouvé  aucun  exemple 
de  fétus  qu’on  ait  pu  appercevoir  ,  fans 
voir  aufti  te  cordon  ;  je  ne  donne  pas  com” 


5 2  Des  Dépendances 

me  autorités  les  obfervations  que  j’ai  fai¬ 
tes  moi-même  fur  le  fétus  ;  je  ne  les  donne 
que  comme  acceifoires  ;  mais  toujours  eft- 
il  vrai  que  le  cordon  eft  un  des  premiers 
points  qu’on  puilfe  appercevoir. 

Un  fétus  de  fept  jours  ’a  un  cordon  ;  on 
l’a  vu  dans  un  embryon ,  pas  plus  gros  que 
la  tête  d’une  épingle  ;  dans  un  de  huit 
jours ,  pas  plus  gros  qu’une  graine  de  cu¬ 
min  ;  &  dans  un  autre ,  gros  comme  un 
grain  d’orge  ;  dans  un  fétus  de  douze  jours , 
gros  comme  un  grain  de  millet ,  on  a  vu  le 
cordon,  &  une  ligne  rouge  dans  ce  cor¬ 
don  ;  on  l’a  vu  de  même  dans  un  fétus  pas 
plus  gros  qu’une  fourmi. 

Il  étoit  apparent  dans  un  lapin  de  dix 
jours ,  dans  un  fétus  de  cerf  gros  comme  la 
moitié  d’un  lapin  ;  je  l’ai  apperçu  dans  la 
brebis ,  le  1 9®.  &  le  20®.  jour. 

Il  efi:  dans  l’ordre  que  le  cordon  pa- 
roilTe  dès  les  premiers  momens  de  la  for¬ 
mation  de  l’animal,  puifqu’il  contient  les 
principaux  vaiffeaux  du  fétus  ,  &  que  c’eft 
par  fon  moyen  que  la  nourriture  lui  par¬ 
vient;  c’efl:  le  premier  tronc  &  l’origine 
des  vaiffeaux  qui  établiffent  funion  du  fé¬ 
tus  avec  la  matrice  ;  Galien  a  donc  eu  rai- 
fon  de  dire  que  de  tous  les  vaiffeaux,,  les 
ombilicaux  fe  formoient  les  premiers. 


du  Fétus,  93 

Comme  le  cordon  eft  le  premier  formé  ^ 
auffi  eft-il  la  partie  la  plus  forte  ;  il  eft 
court ,  mais  gros  ;  fouvent  il  a  un  bulbe , 
comme  je  l’ai  vu,  &  un  point  rouge,  que  j’y 
ai  apperçu  m’a  fait  reconnoitre  une  artere  ; 
alfez  fouvent  auffi,  le  bas-ventre  fait  tumeur 
à  l’endroit  du  cordon. 

Il  y  a  long-tems  qu’on  a  remarqué  que 
le  cordon  refte  court  &  grosjufqu’au 
jour. 

Quand  l’embryon  eft  très -petit,  il  eft 
égal  en  volume  à  tout  l’animal ,  au  fétus 
gros  comme  une  graine  de  pivoine ,  de  à 
celui  de  la  groffeur  d’une  graine  de  ci¬ 
trouille. 

De  même  dans  les  fétus  longs  à-peu- 
près  d’un  pouce  ;  dans  un  œuf  gros  com¬ 
me  un  œuf  d’oie,  comme  dans  celui  qui 
n’eft  pas  plus  gros  qu’une  mouche  à  miel, 
&  de  même  dans  d’autres. 

Il  paroît  que  ces  cordons  fi  grêles  dont 
parle  Ruy fch ,  étoient  dans  un  état  maladif  ; 
car  avec  un  pareil  cordon ,  l’œuf  étant  gros 
comme  un  œuf  de  paon.,  le  fétus  étoit  trop 
petit  en  proportion  ;  à  peine  étoit-il  de  la 
groffeur  d’une  mouche  à  miel. 

Enfin,  dans  l’embryon  peu  avancé,  il 
n’eft  point  contourné  en  fpirale,  il  eft  to¬ 
talement  fimple  &  droit. 


Des  Dlpenâanceà 
XVI.  Uhijloire  du  cordorli 

Il  s’allonge  peu-à-peu ,  &  il  efl:  toujours 
plus  long  dans  l’homme  que  dans  tout  au¬ 
tre  animal  ;  il  eft  auffi  contourné  en  fpi- 
rale,  &  £  je  ne  me  trompe ,  ce  n’eft  que 
dans  l’homme  ;  il  eft  ftllonné  d’un  bout  à 
l’autre  ;  on  n’eft  pas  encore  sûr  du  tem^ 
auquel  fe  fait  ce  changement  ;  il  y  a  des 
Auteurs  qui  prétendent  qu’il  eft  en  fpirale 
le  75 ^  jour* 

Dans  le  fétus  que  Boehmer  a  fait  gra¬ 
ver  5  qui  à  peine  a  un  pouce  de  long ,  lé 
cordon  eft  un  peu  contourné  ;  il  eft  de  fi¬ 
gure  cylindrique  ;  cependant  il  n’eft  pas 
toujours  de  grofteur  égale  dans  toute  fort 
étendue. 

Dans  le  fétus  à  terme ,  la  longueur  dit 
cordon  eft  de  l  ’é  à  24  pouces. 

On  le  trouve  cependant  plus  Court  ;  on 
en  a  vu  de  £x  pouces  ^  de  fix  'travers  dé 
doigt.j  de  deux  ou  trois  travers  de  la  pau¬ 
me  de  la  main ,  de  alors  il  eft  fujet  à  fe 
cafter  ;  il  y  en  a  de  dix  pouces  &  d’un 
pied. 

Quelquefois  au  contraire  j  il  eft  trop 
long  ;  on  en  a  vu  de  40  &  4S  pouces. 

Quand  il  eft  trop  long,  il  peutfe  nouer,» 
Sc  ce  n’eft  pas  fans  danger  j  car  il  peut  fe 


âu  Fétus é 

tourner  autour  du  eol  de  renfant,  quoique 
cependant  il  n’en  ait  quelquefois  réfulté  au¬ 
cun  accident. 

On  le  trouve  auffi  quelquefois  trop  gros, 
de  la  grolTeur  de  deux  doigts. 

Le  fétus  n’a  qu’un  cordon ,  même  celui 
qui  avec  deux  têtes  n’a  qu’un  corps. 

Cependant  on  l’a  vu  bifurqué ,  &  fo  fen¬ 
dre  au  placenta  en  deux  branches.  J’ai  lu 
quelque  part  quhl  y  en  avoit  eu  deux,  dans 
lefquels  là  veine  étoit  féparée  des  arteres. 

Le  cordon  ordinairement  vient  s’inférer 
au  placenta,  a  quelque  diftance  du  bord, 
de  façon  que  d’un  coté  fon  infertion  eft 
très-proche  de  fa  circonférence ,  &  très- 
éloignée  de  l’autre. 

C’efi:  là  l’infertion  la  plus  naturelle  ; 
quand  elle  fe  fait  en  fon  centre ,  ce  n’eft 
pas  fans  danger;  car  alors  dans  le  tems  de 
fon  extraêlion ,  après  l’accouchement,  toute 
la  furface  du  placenta  oppofo  une  égale  ré- 
fiftance;  l’angle  que  fait  le  cordon  avec  le 
placenta ,  eft  la  plupart  du  tems ,  aigu 
d’un  côté  &  obtus  de  l’autre. 

Ily  a  une  enveloppe  très-ferme,  élafti- 
que,  &  comme  cartilagineufe;  cette  enve¬ 
loppe  ne  lui  eft  point  fournie  par  le  péri¬ 
toine  ,  puifqu’il  eft  au  deftbus  du  cordon , 
qu’il  eft  continu,  &  n’eft  point  percé  ;  ce 
n’ eft  pas  non  plus  la  peau  du  bas^ventre  qui 


I^es  Dépendances 

la  fournit,  puifqu’il  y  a  à  la  peau  &  a  féi 
pidernie  un  anneau  très-diftind,  à  travers 
lequel  paiTe  le  cordon. 

Cependant  il  fe  forme  quelquefois  une 
Kernie  en  cet  endroit  ;  le  péritoine  ,  qui 
d’ailleurs  eli  très-foible,  cède,  &  lesin- 
teftins  du  fétus  palTent  dans  le  cordon. 

L’autre  extrémité  du  cordon  eft  conti¬ 
nue  avec  l’amnios  &  la  membrane  mitoyen¬ 
ne  ;  ces  deux  membranes  unies,  le  rendent 
plus  fort. 

Le  cordon  efl:  creux  ^  mais  l’interfli- 
ce  des  vaiffeaux  efl:  tout  rempli  d’une 
fubftance  cellulaire ,  feuilletée ,  fibreufe, 
&  comme  fpongieufe ,  qui  prend  fon  ori¬ 
gine  du  tilTu  cellulaire  extérieur  du  péri¬ 
toine  ;  quand  la  grande  quantité  d’humeurs 
qui  eft  contenue  dans'  cette  fubftance  cel¬ 
lulaire  ,  s’ eft  diftipée ,  on  peut  y  introduire 
de  l’air,  &  on  voit  qu’elle  fe  continue  juf- 
qu’à  l’infertion  du  cordon  à  l’amnios ,  & 
quelle  forme  des  cellules  &  des  finuofttés; 
fi  même  on  met  le  cordon  dans  de  l’eau, 
cette  fubftance  réforbe  l’eau,  &  le  cordon 
devient  mou  &  plus  gros. 

11  y  a  dans  ces  cellules  une  mucofîté 
claire  ,^éiatineufe,  fans  faveur ,  affez  fem- 
blable  aux  eaux  de  l’amnios ,  &  qui  fe  coa¬ 
gule  J  on  peut  l’en  faire  fortir  en  expri¬ 
mant 


âu  Fzmh 

Màht  îè  cô^don  -,  &  elle  en  fot't  mêmé  rpon- 
tanément,  quand  Ü  y  a  peu  de  tems  que  là 
îeâion  du  côrdôii  a  été  faite  ;  on  trouvé 
Cette  humeut  dans  lé  cordon  ombilical  des 
animaux  qui  ruminent,  comme  dans  celui 
de  l’ilommew  Elle  peut  pécher  éh  quantité^ 
îc’eft-aKÜfe  qu’il  peut  y  en  avoir  trop  >  ou 
trop  peu; 

Quelques  petites  pôrtions  dé  cé  tiffu  utt 
péUplus  fermes,  forment  des  cloifons  dans 
le  cordon  :  ces  cloifons  font  plus  fortes  vers 
le  placenta  j  &  elles  ne  font  pas  toujours ,  nî 
dans  toute  l’étendue  du  cordon  j  dans  la  mê^ 
ine  htuation  ^  nï  difpofées  dans  le  tnêmé 
ordre. 

Par  le  hiôyèn  dé  ce§  cloifons  ^  il  y  à 
dans  le  cordon  trois  efpeces  de  petites  lo“ 
g^es,  dans  chacune  defquelles  eft  renfernié 
un  vaifTeàu», 

Noiis  avons  dit  qu’on  avoit  Vu  des  en» 
fans  fans  cordon ,  il  y  a  cependant  des 
Auteurs  qui  doutent  que  cette  variété  fé 
foit  rencontrée; 

j§.  XVI I.  Les  arterés  omMîtcaîesi 

Nous  avons  dit  qu’il  y  avoit  deux  ar¬ 
terés  ombilicales  j  cependant  allez  fouvènt 
on  n’en  trouve  qu’üne  ;  elles  font  ordinaire¬ 
ment  d’un  égal  diamètre  j  quoique  quel- 
Tome  JL  Q 


^8  T>es  Dcpttidatices 

quefois  il  y  en  ait  une  plus  grofîe  q[üe 
Tautre.  J’ai  trouvé  qu’elles  avoientr^de 
pouce  de  diamètre  ;  d’autres  les  ont  trou¬ 
vées  plus  groffes. 

Elles  entrent  dans  la  fubftance  fpon- 
gieufe  du  cordon ,  &  la  traverfent  dans 
tout  leur  trajet,  en  iy  enfonçant  plus  pro¬ 
fondément;  quand  on  les  a  féparées  par 
la  dilTedion  ,  elles  ont  alTez  de  force  pour  ’ 
conferver  leur  diamètre. 

En  général  elles  font  contournées  eu 
fpirale,  mais  tantôt  les  fpirales  font  allon¬ 
gées  ,  &  alTez  uniformément  parallèles  à 
l’axe  du  cordon,  &  tantôt  elles  font  en  li¬ 
gne  droite  pendant  un  alTez  long  trajet , 
&  tout-â-coup  elles  fe  contournent  &  fe 
replient,  reviennent  même  dans  un  fens 
contraire  kleur  diredion,  &  font  un  cer¬ 
cle;  il  y  a  rarement  plus  de  trois  de  ces  replis. 

Il  eft  aifé  de  voir  que  ces  arteres  ne  font 
ainlî  repliées  ,  qu’afin  que ,  quoique  fort 
longues ,  le  cordon  n’en  foit  pas  plus  long  ; 
&  que  ce  qui  donne  lieu  k  ces  replis,  c’eft 
que  la  quantité  de  fang  qui  arrive  dans  le 
cordon,  n’eft  pas  en  proportion  de  fonpeu 
de  longueur  ;  ces  replis  fe  forment  par  le 
même  méchanifme ,  qu’il  s’en  forme  dans 
des  vailTeaux  qu’on  furcharge  d’injedion; 
ces  replis  deviennent  circulaires ,  quand  le 
fang  arrive  avec  grande  impétuofité  dans 


du  Fitus.  .  0 

une  artere  qui  étoic  en  ligne  droite  ;  & 
il  ne  s’en  fait  plus ,  quanjdle  fang  a  perdu 
de  fa  VÎtelTe  ,  par  le  retard  qu’il  éprouvé 
dans  plufîeurs  replis  ;  enfin ,  au  moyen  de 
ces  replis  ,  le  cordon  eft  moins  expofé  àfe 
rompre  dans  les  dilFérens  mouvemens  du 
fétus,  à  caufe  de  la  longueur  des  artères. 

.  La  veine  pafie  à-peu-près  au  milieu  des 
deux  artereS)  mais  elle  eft  plus  près  de  la 
furfece  extérieure  ;  les  arteres  ont  plus  de 
longueur  qu’elle  ,  à  caufe  de  leurs  replis , 
comme  elles  en  ontauflî  plus  que  le  cordon 
en  total. 

On  trouve  fouvenc  dans  ces  arteres, 
foit  que  ce  foit  un  vice  ,  foit  que  ce  foit  un 
méchanifme  particulier,  ce  que  les  anciens, 
&  plus  particuliérement  Hoboken  dc  Rou- 
hault,  ont  appellé  des  nœuds. 

C’eft  ainfi  qu’on  appelle  un  endroit  de 
l’artere  ombilicale,  dans  lequel  elle  eft  di- 
latée^^  plus  mince,  6c  forme  une  tumeur 
ronde  ou  piriforme,  dont  la  portion  la  plus 
étroite  eft  vers  le  placenta. 

C’eft  un  petit  pli  de  la  membrane  in¬ 
terne  qui  termine  le  nœud. 

Ces  nœuds  difparoifîent  quand  on  étend 
le  cordon,  ou  qu’on  foufiîe  les  arteres. 

On  a  cru  que  c’étoient  des  efpeces  de 
valvules  qui  retardoient  le  cours  du  fang , 
Gij 


f  Des  Dépenâaiices 

&  l‘empêchoient  dé  retourner  au  fétué* 

Les  modernes  nient  que  ces  nœuds  aient 
cet  ufage,  eîFeâivetnent  if  eft  certain  qu’en 
fnjeâiant  les  arteres  ombilicales,  la  matiefé 
paffé  aifémeïit  par  l’un  &  l’autre  côté^  je  l’ai 
foüvent  éprouvé ,  &  j’ai  vu  qu’elle  paiToit 
avec  une  égale  vîtefTe  au  fétus  &  au  pla- 
idefita,  &  que  Partere  fe  diftendoit  en  for* 
me  de  Cylindre  dans  toute  fon  étendue, 
niais  qu’elle  éîoit  un  peu  plus  ample  à 
f  endroit  de  ces  nœuds. 

Ü’aULtes  difent  que  ce  font  des  varices^ 
on  lès  attribue  k  la  violence  qu’on  a  exer¬ 
cée  en  faifant  l’extraétion  du  placenta.  Il 
me  paroît  que  ces  nœuds  font,  comme  les 
replis ,  produits ,  parce  que  le  fang  porté 
dans  les  arteres  avec  impétuofité  ,  trouve 
quelque  obftacle  à  la  liberté  de  fon  cours. 

Enfin,  proche  de  l’infertion  du  cordon 
à  i’amniôs ,  ces  deux  arteres  font  Unies  par 
un  canal  de  communication,  de  dans  l’hom¬ 
me,  &  dans  les  animaux  qui  ruminent. 

Il  eft  extrêmement  rare  de  trouver  ces 
arteres  bouchées. 

Il  y  a  dans  les  quadrupèdes  une  troifie- 
me  artereoniphalo-méfentérique,  qui  vient 
de  l’artere  méfentéîique ,  dont  nous  avons 
dit  quelque  chofe  ailleurs. 

Je  l’ai  quelquefois  vue  dans  l’homme , 
mais  fi  petite  ,  qu’elle  fe  perdoit  vers  le 


du  Fétus.  lOt 

nombril ,  après  y  avoir  jetté  quelques  rar 
meaux ,  QU  à  f  endroit  oii  Touraque  prend 
naiiTançc  à  la  veffie. 

Il  y  a  trois  arteres  dans  les  oifeaux  ^ 
qu’on  pourroit  comparer  avec;  les  arteres 
ombilicales^  de  qui  fortent  du  corps  du  fé¬ 
tus  ,  enveloppées  d’une  gaine  à  -  peu  -  près 
pareille,  pour fe rendre  à fes dépendances,. 
L’artere  du  jaune  tire  fon  originede  l’arterç 
méfentérique,.  de  fes  ranaifications  font  ce 
refeau  vafouleuxj  qui  dans  les  commence^ 
mens  de  l’incubation  fo  remarque  fur  la 
membrane  du  jaune  ;  cette  àrtere  a  de  l’a¬ 
nalogie  avec  i’artere  omphalo-méfentéri- 
que.  L’arterè  ombilicale  gauche  cft  une 
continuation  de  l’iliaque  gauche  ,  &  c’eft 
pour  cette  raifon  qu’elle  eft  beaucoup  plus 
grolïe  que  la  droite  -  elle  fe  rendh  la  mem¬ 
brane,  qui  formée  après  l’envdfiÊ^pe  du 
jaune ,  fe  déploie  comme  une  petite  bourfe> 
&  qui  couvre  enfin  tout  l’ceuf  au  deifous 
des  deux  membranes  extérieures  de  fe  co¬ 
quille,.  &  qui  eft  très-vafeuleufe  dç  très- 
pulpeufe,  La  droite  eâ  fembfeble  ,  mais 
beaucoup  plus  petite ,  k  peine  eft  -  elle  plus. 
I^roife  que  la  gaine  ombilicale^ 

§,  XY 1 1  î,  La  v<in€  omHlicaîex 

Les  brutes  ont  deux  veines  onibilicales. 

Q  iij 


102  Dépendances 

qui  font  très-diftindes  dans  toute  fétendue 

du  cordon  ,  &  qui  ne  fe  réunilTent  qu’au 

nombril. 

Les  oifeaux  en  ont  deux,  l’une  du  jaune 
va  s’inférer  dans  la  veine  hépatique,  l’au¬ 
tre  vient  de  la  membrane  vafculeufe  ;  elle . 
va  fe  rendre  à  la  veine- cave,  au  delTous  du 
cœur. 

Dans  l’homme,  il  n’y  en  a  qu’une;  il 
eft  très-rare  qu’on  en  ait  trouvé  deux,  ou 
•qu’on  ait  trouvé  cette  veine  biflirquée  ou 
trifurquée  ;  dans  les  anciennes  Ecoles  ,  on 
enfeignoit  qu’il  y  en  avoit  deux. 

Depuis  le  placenta  où  elle  prend  naif- 
fance ,  jufqu’k  fon  autre  extrémité ,  elle  ne 
jette  pas  une  feule  branche ,  &  cette  autre 
extrémité  va  fe  rendre  au  foie,  &  dans  un 
lînus  tranfverfal  du  foie ,  qu’on  appelle  le 
canal  veineux;  de-Ik  elle  jette  un  grand 
nombre  de  ramifications  dans  tout  le  foie, 
par  le  moyen  defquelles  le  fang  fe  diftri- 
bue  dans  toutes  les  parties  de  ce  vifcere, 
par  un  mouvement  d’artere. 

La  veine  ombilicale  eft  d’une  texture 
délicate  ,  &  elle  s’affailTe  ;  elle  eft  trés- 
grofle ,  elle  a  jufqu’k  de  pouces  de  dia¬ 
mètre,  de  façon  qu’elle  a  plus  que  le  dou¬ 
ble  de  grofleur  des  arteres ,  &  qu’elle  eft 
«ux  arteres  comme  9  k  4. 

Les  uns  veulent  que  fon  diamètre  aug- 


du  Fétus. 

mente  du  côté  du  placenta  ,  &  d^aütres 
prétendent  que  c’èft  du  côté  de  la  veine- 
porte  ;  je  crois  qu’il  n’y  a  riën  de  eonftànt 
en  cela  ,  ni  d’quia  côté  ni  de  l’autre. 

En  général  elle  eft  moins  tortueufè  qtie 
les  arteres,  dans  fon  trajet  à  travers  la 
fubftance  cellulaire  du  cordon  ;  c’eft  ce  qui 
fait  quelle  eft  plus  courte,  qu’elîes  j  cepen¬ 
dant  quelquefois  elle  fe  contourne  aüffi  eft; 
fpirale,  mais  elle  ne  fait  point  de  cerefe 

Elle  a  des  nœuds  comme  les  artereS , 
elle  en  a  même  plus  fouvent,  ils  font  dif^ 
tinfts  par  une  tache- qu’ils  ont  k  l’extérieur  j 
les  anciens  Ecrivains,  en  ont  fait  mention| 
ces  nœuds  font  plus  gros,  que  ceux  des  ar¬ 
tères,  &  ils  font  comme  des  olives ,  mais 
ce  ne  font  pas  de  fi  vrais,  nœuds  ce  font 
des  dilatations  de  veine  dans  un  e^ace 
plus  étendu,  qui  font  terminées  par  un  pe- 
tit  repli  de  la  membrane  interne  de  la  véir 
ne  ;  mais  on  ne  doit  pas  les  regarder  com¬ 
me  des  valvules  capables  de  diriger  le 
cours  du  {ang  ;  le  repli  que  quelques  Au¬ 
teurs  placent  a  l’endroit  où  la  veine  fé 
divife  pour  entrer  dans  le  placenta ,  n^ 
fait  pas  non  plus  la  fonction  de  valvule  ; 
car  le  fang  des  veines  du  fétus  remonte 
facilement  dans  celles  du  placenta  contre 
fon  propre, cours,  j’en  ai  fait  l’expérience 
G  iv 


|04  Dépendances 

îiombre  de  fois.  Un  homme  célébré  a  cru  . 
qne  çes  plis  fe  formoient  par  la  violence 
dq  fang  ;  &  il  pie  femble  que  c’en  eft  une 
fuite  ,  car  les  veines  ont  naturellement 
beaucoup  de  facilité  à  devenir  variqueufés, 
’C’eft  pourquoi  en  fouillant  la  veine,  ou 
çax  l’étendant,  on  fait  difparoître  les  nœuds, 
Çes  brutes  ont  auffi  une  veine  omphalo-s 
ipaéf^érique  qui  vient  de  la  veine-porte  ’ 
on  ja  trouve  du  moins  dans  le  chien ,  le 
chat ,  le  lion  ôç  le  lapin  j  on  l’a  même 
Irouvée;  dans  l’homme, 

.  §.  X  I X.  Y  a-t’-il  d'autres  vaijfeaux 
;  :  le  cordon  ? 

.  Nôûs  æ^^S  examiné  ce  qui  concerne 
fouraque  (i). 

Le  conduit  du  jaune  que  Needham  & 
Stenon  fe  flattent  d’avoir  découvert,  porte 
d^slesfèuls  oifeaux,  un  fuc  jaune  de  la 
cavité  du  jaune  de  l’ceuf  dans  les  inteftins^ 
If àrvée  avoir  enfeigné  avant  eux ,  que  c’é^ 
iqis  par  rinteftin  qu’çtpit  portée  la  nouç-i 
fitùre  ail  poulet. 

Ôn  trouve  des  Auteurs  qui  difènt  qu’il 
ÿ  a  des  nerfs  \  dans  le  f^ftêrne  de  Sthal ,  il 
èif  néçeflâire  qu’il  y  en  ait  ’  car  il  paroît 
diftcile  que  les  frayeurs  dont  la  mere  eft 


du  Fétus:  10$ 

gjfFedée ,  puiffent  agir  fur  le  fétus  par  un© 
autre  voie. 

Oii  dit  efredrivement  qu’il  y  a  quelques 
petits  rameaux  de  nerfs  qui  viennent  du 
foie  à  l’anneau  de  l’ombilic ,  &  quç  dans 
les  vaches  ils  vonç  au  delà  ^  le  long  du  corr; 
don. 

Mais  aucun  Anatomifte  exa<^  n’a  vu  de 
nerfs  dans  le  cordon,  &  moins  encore  dans 
fa  portion  qui  tient  au  placenta  ;  6c  il  eft 
certain  que  ces  parties  ne  font  point  fenfi-s 
blés, 

Perfonne  n’a  confirmé  qu’il  y  eût  des 
vaifieau:^  lymphatiques, 

Gn  n’a  point  retrouvé  non  plus  les  vaif- 
féaux  nourriciers  de  Bidloo  >  fi  ce  n’efi; 
Munniks. 

Ces  petites  papilles  de  'S^arthon  ,  qui 
font  répandues  autour  du  cordon  dans  toute 
fa  longueur ,  ne  font  pas  différentes  du 
tiffü  fpongieux  du  cordon  ,  quoiqu’il  les 
aitprifès  pour  des vailTeaux  lymphatiques; 
Hoboken  a  réfuté  cette  opinion. 

On  dit  qu’on  a  trouvé  des  vaiffeaux 
lymphatiques  dans  les  membranes  du  fé¬ 
tus  ;  c’efl:  im  Auteur  de  poids ,  6ç  digne  d© 
foi  qui  l’a  dit  mais  il  eft  le  feul, 

§,  placenta  çn  général. 

Il  fé  trouve  dans  les  quadrupèdes  même 


10^  Des  Dépendances 
froids,  &  dans  les  poilTons  vivipares  ;  la 
nature  a  fubftitué  dans  les  oifeaux  une  au¬ 
tre  partie  au  placenta  ,  c’eft  le  jaune  de 
Tœuf  ;  les  ovipares  n’ont  donc  point  de 
placenta. 

Ceux  qui  difent  que  la  jument  &  la 
truie  n’ont  point  de  placenta ,  ne  parlent 
que  des  premiers  tems  de  la  geftation  de 
ees  animaux ,  car  alors  il  n’y  a  que  le  cho-' 
rion  qui  tapifle  tout  l’intérieur  de  la  ma-* 
trice  ;  le  placenta  fe  forme  aufli  peu-k-peu 
dans  ces  animaux  ;  &  même  dans  la  ju¬ 
ment,  le  chofion  n’eft  dans  toute  fon  éten¬ 
due  qu’un  amas  d’un  grand  nombre  de 
vaiffeaux ,  qui  en  font  un  placenta  conti¬ 
nu  ,  &  qui  eft  très-adhérent  à  la  matrice. 

Dans  la  truie,  le  chorion  eft  plus  épais, 
il  pouffe  des  tubercules,  par  le  moyen  def- 
quels  il  eft  adhérent  a  la  matrice. 

J’ai  vu  des  bulles  gélatineufes ,  fembla- 
bles  à  des  œufs  humains. 

Dans  les  animaux  qui  ruminent,  comme 
la  vache ,  la  brebis,  la  chèvre  ,  la  biche, 
on  voit  naître  du  chorion  un  grand  nom^ 
bre  de  petits  placentas,  qui  s’uniffent  a  au¬ 
tant  de  petits  monticules  qui  s’élèvent  fur 
la  furface  intérieure  de  la  matrice  ,  c’eft 
ce  qu’on  appelle  les  cotylédons  ;  les  rami- 
fteations  des  vaiffeaux  ombilicaux  viennent 
s*y  diftribuer. 


du  Fétus. 

ïj’autre,€kfre  d’animaux  herbivores  n’a 
qu’un  placenta,  comme  rhomme;  les  ani¬ 
maux  de  cette  claflefont  le  cheval,  le  la¬ 
pin,  le  lievre ,  la  taupe,  le  rat,  le  cochon- 
d’inde. 

Le  placenta  du  lapin  reffemble  alTez  k 
celui  de  l’homme. 

Les  animaux  carnivores,  comme  le  chien 
&  le  chat,  n’en  ont  qu’un,  qui  eft  annu¬ 
laire,  &  qui  environne  tout  l’amnios. 

L’homme  n’a  qu’un  placenta,  fouvent 
même  il  n’y  en  a  qu’un ,  quoiqu’il  y  ait 
deux  jumeaux  ;  mais  ce  n’eft  pas  toujours  ; 
&  il  arrive  quelquefois  qu’on  prendroit 
pour  deux  placentas  ce  qui  n’en  eft  vérita¬ 
blement  qu’un ,  ou  qu’on  croiroit  qu’il  n’y 
en  a  qu’un,  quand  véritablement  il  y  en  a 
deux. 

Il  n’y  a  même  quelquefois  qu’un  pla¬ 
centa  pour  trois  jumeaux,  quelquefois  il  y 
en  a  deux ,  &  quelquefois  trois. 

Il  y  a  très-peu  d’exemples  de  placentas 
réparés  comme  en  deux  parties  ;  on  en  a 
vu  deux  ,  car  outre  le  premier,  il  y  en  avoit 
un  autre  petit  qui  tenoit  à  un  vaifteau  qui 
lui  étoit  propre  ;  même  trois,  dont  deux 
plus  petits  n’en  étoient  que  les  accefîbires , 
&  même  fept,  avec  deux  veines  ombili¬ 
cales. 


ifo8  Des  Dépendances 

Nous  pouvons  faire  ici  une  réflexion  en 
paflanc  :  fl  paroît  difficile  d’expliquer  dans; 
le  fyftême.  d’une  ame  formatrice  »  comn 
ment  deux  ou  trok  fétus  contenus  dans  une 
enveloppe  commune  ,  peuvent  avoir  les 
mêmes  droits  fur  les,  vaiffèaux  fanguins. 

§.  XXI.  Le  placenta  tire  fon  origine  du 
chorion,^ 

Nous  avons  fait  voir  que  quand  l’ceuf 
efl:  encore  tout  nouveau,,  il  eft  tout  garni 
à  l’extérieur  ,  de  filets,  tomenteux  ;  que 
quand  il  efl:  plus  avancé ,  c’eft  feulement 
de  la  partie  fupérieure  de  l’œuf,  que  for- 
tent  de  longs  flocons  ;  que  fa  partie  infé¬ 
rieure  qui  retient  le  nom  de  chorion,  n’eft 
garnie  que  d’un  duvet  fort  court. 

Cette  différence  paroit  dépendre  de  fâ 
différente  union  avec  la  matrice  ;  car  dans; 
les  animaux  où  l’adhérence  efl:  plus  foible  ^ 
toute  l’enveloppe  de  l’œuf  rétient  davan-. 
tage  la  nature  du  chorion,  &  reffémble: 
moins  au  placenta  humain ,  commje  on  lo 
voit  dans  le  cheval  &  le  cochon.. 

La  portion  do  l’œuf,  qui:  dans  rhonime 
devient  le  placenta ,,  efl:,  celle  qui  prend 
plus  exadement  racine  dans  la  matrice  ^ 
vers  le  col,,  il  y  a  moins  de  vaiffeaux,. &: 
üs  font  plus  petits,  , la  matrice  efl:  plus. 


éu  Pctus>.  109 

îlpailïe  ;  la  “portion  de  l’œuf  qui  lui  réjpond  > 
retient  la  nature  du  chorion. 

L£s  vaifleâux  les  plus  cônfîdérabks 
de  la  matrice  font  entre  les  deux  trompes  * 
ils  font  formés  de  fanaftomofe  des  fper- 
matiques  avec  les  hypogaftriques ,  il  y  a  de 
plus  gros  finus  ^  Sc  le  tilTu  de  la  matrice  y 
eft  plus  lâche. 

On  comprend  facilement  que  les  vaif- 
féaux  qui  répondront  à  fendroit  de  la  ma-^ 
trice  qui  peut  fournir  plus  de  fucs  nourri¬ 
ciers  ^  deviendront  plus  gros  >  &  formeront 
le  placenta  ,  &  que  les  autres  qui  font  à 
l’endroit  où  la  matrice  a  moins  de  fucs  ^ 
referont  petits.  Or  tout  le  placenta  n’eft 
quuii  compofé  de  tifîu  cellulaire  de  vaif- 
feaux  &  de  petites  gaines  celluleüfes  de  ces 
vaifîeaux  5  qui  leur  viennent  du  chorion. 

C’efî:  pourquoi  le  placenta  eû  une  por-^ 
lion  du  chorion,  qui  n’en  différé  que  par 
l’épaiffeur  ;  &  on  doit  excufer  les  anciens , 
d’avoir  dit  que  le  placenta  n’étoit  qu’une 
portion  du  chorion  épaiffie,  Ôc  d’avoir  at-^ 
tribué  au  chorion  ce  qui  n’eft  vrai  que  du 
placenta ,  c’eft4-dire  que  cette  membrane 
eft  formée  d’arteres,  de  veines,  de  chairs 
ôc  de  nerfs. 

Les  placentas  imparfaits  reftent  reffem- 
bîans  au  chorion ,  car  ils  ne  font  pas  plus 
épais  que  des  membranes. 


iio  Des  Dcpmdances 

C’eft  donc  aux  environs  du  fond  que  îe 
placenta  s’implante  le  plus  naturellement 
dans  la  matrice  ;  c’eft  là  auffi  ou  on  le 
trouve  le  plus  fouvent  ;  il  commence  par 
faire  un  petit  cercle  entre  les  deux  trom¬ 
pes  ,  il  occupe  tout  le  fond ,  enfuite  il 
s’étend  fur  une  partie  de  la  parois  anté¬ 
rieure  voifine ,  fur  la  poftérieure ,  &  fur  , 
la  parois  latérale ,  de  maniéré  qu’une  trom¬ 
pe  répond  à  fon  centre. 

Il  n’eft  pourtant  pas  vrai  que  cefoit  tou^ 
jours  là  l’endroit  de  fon  implantation  ;  car 
on  l’a  vu  s’attacher  en  devant ,  fur  l’un  des 
deux  côtés  à  droit  ou  à  gauche,  &  même 
enfin  il  s’attache  afîez  fréquemment  à  la 
parois  poftérieure. 

Enfin  il  s’implante  quelquefois  au  def- 
fus  de  l’orifice  de  la  matrice,  tout  près  du 
col ,  &  fur  l’orifice  même. 

Car  puifque  le  placenta  peut  mênae 
prendre  racine  fur  de  pures  membranes, 
comme  un  inteftin ,  le  méfentere ,  le  colon , 
le  diaphragme ,  la  trompe ,  &  autres  dé¬ 
pendances  de  la  matrice ,  il  eft  moins  éton¬ 
nant  qu’èn  s’attachant  à  la  matrice ,  ilpuilfe 
îe  faire  dans  toutes  les  parties  de  fa  cavité. 

Enfin,  il  n’eft  pas  fort  rare  que  le  pla¬ 
centa  refte  caché  dans  une  poche  particu¬ 
lière  de  la  matrice,  autour  de  laquelle  tout 
le  refte  de  ce  vifcere  s’ eft  contrafté. 


du  FltuÈ* 

§.  XXII.  Du  Fkcônta, 

Ôn  le  nomme  ainfî,  à  caufe  de  fa  figu¬ 
re;  eh  général  elle  eft  orbiculaire  ;  il  eft 
comme  un  vifcere  fanguin ,  de  couleur  li¬ 
vide;  il  eft  àpplati ,  car  fi  on  compare  fon 
épailTeur  avec  fon  diamètre,  on  trouvera 
qu’il  eft  mince;  fon  diamètre  eft  depuis, 
iix ,  jufqu’à  huit  &  même  douze  pouces , 
Sc  fon  épaifîeur  n’eft  que  d’un  ou  deux 
pouces  tout  au  plus  ;  il  eft  plus  épais  de 
quelques  lignes  à  fon  centre,  &  plus  mince 
fur  fes  bords  ;  même  fon  épaifîeur  n’eft  pas 
la  même  dans  toute  fa.circonférence. 

Sa  grandeur  ne  répond  pas  toujours  au 
volume  du  fétus,  on  a  vu  de  très  -  petits 
enfans  avoir  un  gros  placenta. 

Sa  figure  n’eft  pas  toujours  exadement 
orbiculaire,  quelquefois  il  eft  oblong,  ou 
il  a  une  extrémité  pointue ,  ou  il  a  une  ap¬ 
pendice. 

Il  a  deux  faces ,  une  concave  qui  eft 
tournée  vers  l’enfant  ,  qui  fait  la  partie  fu- 
périeure  de  l’œuf,  &  qui  en  eft  fouvent  la 
moitié,  même  au  delà  ;  les  troncs  des  vaif- 
feaux  ombilicaux  ferpentent  fur  cette  face 
interne,  néanmoins  elle  eft  plus  unie  & 
moins  inégale  que  l’extérieure  ,  quoiqu’il 
y  ait  de  petits  enfoncemens  entre  les  vaif- 


i  I  i  ï)cs  DépeâiaticcÈ 

féaux  ;  elle  eft  recouverte  du  chorîon^ 

La  fkcë  qui  eft  du  coté  de  la  matrice  eft 
convexe  ;  elle  ëft  très-inégale  ;  on  j  voit 
des  filions  qui  la  partagent  en  tubercules 
afîez  groSj  qui  font  des  lobes  k  -  peu  ^  près 
ronds-  ces  lobes  font  formés  cbacuti  par 
une  grofte  branche  d’arteres  ;  quelquefois 
les  filions  pénétrent  jufqu’à  la  furface  in¬ 
terné  j  il  y  en  a  plus  ou  nioihs  ;  il  y  a  dé 
même  de  ces  anfraftuofités  dans  les  pla¬ 
centas  qui  font  reftés  dans  la  matrice,  & 
qui  n’ ont  fouffert  aucune  violence  (î). 

Cette  face  extérieure  eft  aufii  reCouverté 


(i)  Un  Moderne  prétend  pendant  totièe  la  grof- 
feiTe  -,  la  furface  extérieure  du  placenta  eft  lifle  &  faus 
finuofités ,  Sc  que  celles  qu’on  y  remarque  après  fon  ex- 
tradibn ,  né  fe  forment  que  pendant  le  travail  de  l’en¬ 
fantement  ;  c’eft-à-dite  que  leut  nombre  eft  en  raifon  dé 
celui  des  douleurs  que  la  fènamé  â  repenties  avant  d’ac¬ 
coucher  5  qu’il  n’y  en  à  point  quand  le  travail  a  été  fott 
court ,  &  beaucoup  au  contraire  quand  il  a  été  long  & 
pénible.  Outre  que  cette  opinioiî  eft  démentie  journel¬ 
lement  par  l’expériencè ,  cbiâme  je  l’âi  fait  obferver  plu-J 
fieurs  fois ,  On  trouve  autant  d’infraduofîtés  à  la  face 
externe  du  placenta  d’une  femme  qui  eft  morte  grolTe  i 
iàns  être  en;rée  èn  trâvailj  que  fur  celui  d^uhè  autre 
dont  l’accouchement  aura  été  tres-laborieui.  Au  réfte 
cette  opinion  eft  trop  âbfurde  &  trop  puérile  ,  pour  méa 
îiter  d’être  férieufement  réfutée; 

par 


du  Fétus.  113 

par  le  chorion ,  qui  quelquefois  eft  mem¬ 
braneux  &  réticulaire  ,  4’ autres  Ibis  il  eft 
purement  fibreux- 

Vers  le  borfi  du  placenta  ,  îe  chorion  ejfl: 
plüs  épais  qu’ailleurs,  &  fon  adhérence  y 
'  eft  aulfi  plus  forte- 

Le  chorion  couvre  les  filions  du  pla¬ 
centa,  il  en  pénétre  même  la  profondeur  , 
&  en  unit  les  lobes  ;  cette  face  du  placenta 
eft  tomenteufe ,  pulpeufe  &  vafculeufe- 

LepJacenta  efi  très-mou  dans  fon  centre., 

■§.  XXII I.  La  Jirudüve  du  placenta. 

Quand  on  n’a  fait  aucune  préparation,, 
le  placenta  parok  être  fibreux,  &  d’une 
nature  parenchymateufe.;  ilefttout  rouge, 
plein  de  fang ,  &  relTemble  afiez  à  un®> 
éponge. 

Ilfe  trouve  en  quelques  endroits  de 
face  interne ,  une  petite  quantité  de  fubf-: 
tance  jaune  ,  qu’on  prendroit  pour  de  la 
graifie. 

Si  on  fait  tremper  &  macérer  le  placenta 
dans  de  l’eau,  il  fe  difîbut  en  fibres  rameu- 
fes ,  qui  étoient  liées  enfemble  par  le  moyen 
d’un  tifîu  cellulaire,  &  qui  alors  fontfépa- 
rées  les  unes  des  autres  ;  c’^fl:  ce  qu’on  ap¬ 
pelle  un  placenta  décharné ,  placenta  ex^ 
carnata. 

Tome  IL 


H 


j  Des 'Dépendances 

■  .Quelques  Auteurs  ont  dit  que  ce  tiflu 
cellulaire  étoit  un  plexus  nerveux ,  d’autres 
ont  dit  que  c’ étoit  une  humeur  gélatineufe, 
&  d’autres  que  c’étoit  une  fubftance  par¬ 
ticulière  ,  carneo-fpongieufe. 

Ce  tiiîli  accompagne  les  troncs  des  vaif- 
feauX,  leur  fert  de  gaine,  &  les  fuit  juf- 
qùes  dans  leurs  dernieres  ramifications; 
c’eft  par  lui  qu’un  vaiffeau  eft  uni  au  vaif- 
feau  voifin. 

Il  y  a  une  autre  fubftance  ceîluleufe , 
plus  fine,  qui  eft  une  continuité  du  cho- 
rion ,  &  qui  fournit  une  enveloppe  à  cha¬ 
que  petit  vaifTèau. 

Pour  ce  qui  eft  des  glandes ,  les  uns  ont 
jugé  par  analogie,  qu’il  devoir  y  en  avoir 
dans  le  placenta ,  &  d’autres  fe  font  ima¬ 
ginés  y  en  appercevoir,  &  même  ils  onr 
cru  voir  des  vaifteaux  répandus  dans  leur 
fubftance,  &  diftinguer  leurs  tuyaux  ex¬ 
crétoires. 

Pour  confirmer  qu’il  y  a  des  glandes 
dans  le  place ita,  on  a  coutume  d’en  don-' 
ner  pour  preuve  ,  les  hydatides  qu’on  y 
trouve  très-fouvent;  Gemma  mettoit  au¬ 
trefois  au  nombre  des  avortemens ,  ces  hy¬ 
datides  ,  qui  font  un  mélangé  de  véfîcules  j 
&  d’humeur  femblable  à  un  jaune  d’œuf; 
Marcellus-Donatus  parle  d’une  femme  qui 


âü  Pétu^i  i îf 

ïejettà  une  malTe  ronde  j  faite  de -bulles  j 
&  Panairole  ,  de  petits  œufs  j  quiToilt  for- 
tis  avec  un  fétus;  on  rapporte  auffi  à  ceià 
ces  vefîies  qui  fortent  avec  les  vuidangfes; 
les  hydatides  qui  font  fortiés  par  la  vulve  ; 
èc  cês  véiicules  greffes  comme  des  châ-^ 
taignes ,  qui  font  adhérentes  au  placentà. 

Soixante  vëficules  qui  font  ;  forties -en 
place  de  fétus,  mêlées  avec  des'’ morceaux: 
de  chair  •  un  nombre  prodigieux  de yéficu- 
les  vüides  j  ou  pleines  d’une  férofité  de  cdü* 
leur  de  fafran.  -  _ 

Il  y  a  beaucoup  d’exemples  d’une  mêlé 
véficuiairè  j  cela  éfî:  fort  commun;  '  • 

Une  môii  àqueufe  ,  d’oüril  fdrtbit  cHa-^ 
que  jour  cinq  a  fix  livrés  d’une  liqueur 
femblâblé  à  dû  petit-lait. ; 

Une  maffe  de  vèfSes ,  affez  girofle  pour 
remplir  trois  bocaux,  ■ 

Un  placenta  hÿdatide ,  rejetté  même 
avec  un  œuf  ;  une  grappe  de  véAcufes  ;  des 
hydatides  forties  avec  un  fétus ,  Ou  trou¬ 
vées  dans  le  bas- ventre.  : 

Des  <Eufs  unis  "enfemble  par’des-  fila- 
mens  ,  comme  une  grappe  de  raifin ,  dont 
la  pea;u  étoit  dure,  &  qui  étoient  remplis 
de  matière  albuminéufe.  '■  * 

Une  grande  quantité  d’hydatides ,  for- 
ties  de  la  matrice.  •  -  - 

Hij 


xiè  Dépendances 

Un  monceau  de  Gooo  véficules  pleines 
d’une  humeur  coagulable,  qui  ont  été  re- 
jettées  le  mois. 

On  apporte  auffi  pour  preuve ,  une  mole 
charnue ,  de  laquelle  pendoient  des  véficu¬ 
les,  qui  fortit  de  la  matrice  fans  fuites  fâ- 
cheufes. 

Des  grappes  hydatîdesÿ  Unies  enfemble 
par  le  moyen  d’une  fubftance  môle. 

Une  môle  véficulaire  d’une  grofieur 
prodigieufe ,  rejettée  avec  un  fétus  ;  une 
grolïe  môle  pleine  de  véficules ,  tirée  après 
l’enfant. 

Des  veffies  fortieis  de  la  matrice  j  qui 
çqntenoient  fept  à  huit  pintes  de  liqueur. 

Il  y  a  dans  les  Auteurs  quantité  de  ces 
hiftoires  ,  de  grappes  de  véficules  du  poids 
de  deux ,  trois  J  quatre  &  même  neuf  li¬ 
vres; 

Ruyfch ,  qui  pouvoir  en  parler  d’après 
fon  expérience  ,  dit  que  cela  efi:  fort  ordi¬ 
naire,  de  en  rapporte  beaucoup  d’exem¬ 
ples. 

J’ai  eu  aufli  occafion  d’en  voir. 

Ruyfch  a  m.ême  fait  l’extirpation  d’une 
tumeur  pleine  de  cellules  remplies  de  fé- 
rofité ,  qui  étoit  k  l’orifice  de  la  matrice  ; 
on  a  trouvé  dans  un  cadavre  une  pareille 
tumeur,  adhérente  k  la  matrice  dans  toute 


du  Fétus,  117 

Ton  étendue ,  qui  même  fujt  caufe  de  la 
mort  du  fujet. 

Le  fiuide  contenu  dans  ces  véficules  eft 
coagulable ,  du  moins  if  peut  s’épaiffir. 

Il  peut  fe  faire  que  quelquefois  il  y  2k. 
une  caufe  particulière  d’hydatides  ;  dans  le 
cadavre  d’une  femme  qui  en  avoit  rejetté, 
on  trouva  le  placenta  tout  entier;  mais  je 
crois  que  cela  eft  rare,  bu  que  ces  hydati^ 
des  appartenoient  au  placenta  d’un  autre 
fétus,  &  quelles  ontrefté  après  lui  dans  la 
matrice ,  ou  que  ce  font  des  veines  de  la 
matrice  qui  ont  dégénéré  :  il  eft  sûr  que  la 
plupart  du  tems  ces  vellies  appartiennent 
au  placenta,  &  Ruyfch  qui  avoit  tant  d’ex¬ 
périence  là-defliis ,  enfeigne  que  les  pla¬ 
centas  ,  dans  les  premiers  tems  de  la  grof- 
fefîe,  fe  changent  en  malfes  charnues ,  & 
que  le  mois  ils  dégénèrent  en  hydati- 
4es  ;  cépendant  je  conferve  un  placenta  de 
deux  mois ,  qui  eft  véliculaire. 

§.  X  X I  Y.  Les  artères  du  placenta,. 

Pour  que  les  recherches  qu’on  fait  fur  fe 
placenta ,  pLiiftent  en  faire  connoître  la 
ftruélure.,  il  faut  fini eéter,  le  bien  rem¬ 
plir  par-  les  gros  vaiftèaûx  du  fétus  ,  & 
enfuite  le  mettre  dans  l’eau. 

Lçs  arteres  ombilicales  ,  ainfi  que  les 

Hiii 


I  î  8  Des  Dépendances 

veines ,  fe  divifent  k  quelque  diftance  du 
placenta  ,  a  l’endroit  où  Tamnios  s’infere 
au  cordon. 

Si  le  cordon  eft  implanté  au  centre, 
les  arteres  ombilicales  jettent  de  grofîes 
branches ,  en  maniéré  de  rayons  qui  s’é¬ 
tendent  vers  la  circonférence  ;  ces  branches 
font  de  grandeur  inégale ,  li  le  cordon  eft 
près  du  bord;  &  elles  font  plus  petites  du 
côté  où  le  bord  du  placenta  eft  plus  près 
du  cordon. 

Les  vaiiTeaux  font  apparens  k  travers 
l’amnios  ;  les  arteres  m’ont  paru  plus  grof- 
fes  fur  le  placenta  que  dans  le  cordon. 

Après  un  court  efpace ,  quand  la  mem¬ 
brane  mitoyenne  a  pris  adhérence  avec  les 
troncs  des  arteres ,  elles  s’avancent  dans  le 
tiftu  cellulaire  qui  unit  le  chofion  k  cette 
membrane ,  &  fe  rendent  au  chorion ,  en¬ 
veloppées  de  ce  tiftii  cellulaire  ,  que  des 
Auteurs  ont  appellé  leur  gaine. 

C’eft  ce  tiftu  cellulaire  qui  eft  la  chair 
blanche  ,  que  Fabrice  dit  environner  les 
vaifteaux  ;  c’eft  aufti  k-peu-près  de  ce  tiftii 
que  veut  parler 'W^arthon,  quoiqu’il  fem- 
ble  cependant  que  c’eft  plutôt  du  tiftli  cel¬ 
lulaire  du  cordon.  Noortv/ick  le  regarde 
aufti  comme  une  gaine  ;  il  paroit  cependant 
qu’il  ne  fe  continue  pas  loin  avec  ces  vaif- 


du  Fétus^  J 19 

féaux ,  puifqu’on  ne  peut  pas  le  fuivre  au- 
delà  de  radhérenee  de  la  membrane  îtii- 
toyenne. 

Ces  arteres  s’approchent  en  s’enfonçant 
&  en  ferpentant ,  du  bord  du  placenta  ; 
enfuite  elles  s’unilTent  enfemble  par  de 
greffes  anaftomofes,  de  même  que  les  vei¬ 
nes  qui  les  accompagnent,  &  forment  un 
réfeau  dont  les  plus  greffes  branches  fe 
rendent  au  fétus  >.  &  les  plus  petites  font 
du  côté  de  la  matrice  ;  de  ce  côté  le  pla¬ 
centa  eft  bien  plus  mou. 

Les  rameaux  de  ce  réfeau  vafculeux , 
produifent  dans  toute  leur  longueur  de  pe¬ 
tits  rameaux  ,  dont  ils  font  couverts  com¬ 
me  d’un  duvet. 

Et  ces  petits  rameaux  divifés  &  fubdi- 
vifés ,  produifent  de  petits  rejettons  qui 
percent  le  chorion  ,  fe  font  une’  elpece  de 
gaine  de  cette  membrane  ,  &  parvien¬ 
nent  au  placenta  k  travers  les  trous  du  cho- 
rioii  ;  c’eft  ainfi  qu’ils  Funiffent  avec  lui  ; 
je  ne  dis  pas  que  des  filets  celluleux  ne 
concourent  à  cette  union  :  enfuite  ils 
fe  plongent  dans  le  placenta  en  ligne  per¬ 
pendiculaire  ,  &  fe  divifent  en  rameaux 
qui  fe  divifent  auffi  ;  &  d’un  gros  tronc 
artériel  il  en  réfulte  un  peloton  vafculeux. 
Hiv 


1 20  Des  Dlptndancts 

tel  qu^on  en  diftingue  plufieurs  fut  la 

■furface  convexe  du  placenta. 

Ces  rameaux  font  délicats ,  prefque  lym¬ 
phatiques  ,  &  fe  terminent  en  une  efpece 
de  duvet;  leurs  extrémités  unies  enfemble 
par  un  tiflli  cellulaire,  forment  des  grains 
qui ,  quand  on  les  fait  macérer,  repréfeii- 
tent  de  petits  arbrifîeaux. 

Il  n’y  a  dans  le  placenta  aucune  partie 
où  il  n’y  ait  de  ces  vaiiTeaux,  &  ils  font 
proprement  les  libres  qui  le  compofent, 
dont  j’ai  parlé;  le  placenta  n’eft  donc  for¬ 
mé  que  de  vaifleaux  &  d’un  tilTu  cellulaire  ; 
ce  tilTu  en  les  unilTant  enfemble,  en  fait 
de  petits  faifceaux ,  que  Ruyfch  a  appelle 
grains,  ou  acini-^  fi  on  les  fait  macérer, 
ces  petits  faifceaux  fe  déploient,  &  on  voit 
par-là  qu’il  n  y  a  point  de  vraies  glandes 
dans  le  placenta. 

Ces  vailfeaux  du  placenta  deviennent 
facilement  hydatides  ;  Albinus  en  a  vu  dans 
une  conception  qui  n’étoit  pas  plus  grolfe 
qu’un  œuf  de  poule  ;  ces  lilamens  devenant 
variqueux  &  fe  dilatant ,  préparent  la  for¬ 
mation  des  hydatides. 

J’ai  vu  dans  le  placenta  d’une  groffelTe 
plus  avancjée,  des  hydatides  de  deux  gen¬ 
res  ;  le.  placenta  étoit  femblable  à  du  fang 
coagulé,  &  il  en  fortoitdes  pédicules  longs 


du  Fétus.  I2I 

d’un  pouce,  larges  d’une  demi-ligne,  d’où 
pendoient  des  vélicules  blanches  très-dif- 
tinâ:es;  du  même  pédicule  fortoient  d’au¬ 
tres  véhicules  ;  ce  pédicule  était  creux ,  & 
fa  cavité  étoit  continue  avec  celle  des  véfi- 
cules  ,  de  façon  que  l’air  palToit  des  uns 
dans  les  autres  ;  ainli ,  une  véficule  pro¬ 
duit  une  brancne  qui  fe  divife  &  fe  fubdi- 
vife  ,  de  laquelle  branche  &  de  les  divi- 
fions ,  pendent  des  vélîcules  pareilles. 

Ceci  nous  apprend  que  les  vélicules  du 
placenta  font  plutôt  des  vailTeaux  dilatés, 
que  des  cellules  défigurées. 

Je  croirois  afiez  que  ce  font  des  veines, 
à  caufe  de  leur  délicatefîe ,  &  parce  que  ce 
genre  de  vaifîeaux  eft  fujet  a  fe  dilater. 

D’autres  véficules  naifient  fur  le  pla¬ 
centa  même ,  fans  pédicule ,  &  /ont  unies 
enfemble  ;  il  y  en  a  eu  dont  l’enveloppe 
paroiflbit  comme  du  fang  coagulé ,  &  mis 
couche  fur  couche ,  prefque  de  couleur  de 
minium  ;  elles  étoient  remplies  d’une  gelée 
qui  n’étoit  pas  difibluble  dans  l’eau  :  on 
peut  croire  que  celles-lk  viennent  du  tifili 
cellulaire. 


1^2  Dépendances 

§.  X  XV,  U  adhérence  du  chorion  a  la 
matrice. 

Il  faut  en  premier  lieu  décrire  cette 
union  ,  &  démontrer  qu’en  général  le  pla¬ 
centa  eft  fortement  attaché  à  la  matrice, 
&  faire  voir  en  fui  te  comment  il  y  eft  atta¬ 
ché;  mais  nous  devons  commencer  par  le 
chorion. 

Par-tout  où  le  chorion  eft  fans  placenta, 
fon  duvet  s’attache  étroitement  à  celui  de 
la  matrice;  l’un  &  l’autre  fe reftemblent li 
fort ,  qu’à  peine  pourroit  -  on  diftinguer 
dans  les  lambeaux  de  l’un  &  de  l’autre , 
quel  eft  celui  qui  appertient  au  chorion , 
&  quel  eft  celui  de  la  matrice  ;  on  trouve 
fouvent  de  grands  lambeaux  du  chorion 
qui  ont  refté  dans  la  matrice. 

On  peut  croire  que  le  moyen  de  cette 
union  eft  en  partie  cellulaire  ,  &  en  partie 
fait  de  vaifleaux  qui  reftemblent  à  du  du¬ 
vet,  &  qui  du  chorion  vont  à  la  matrice, 
&  s’y  implantent ,  de  façon  que  les  vaif- 
feaux  du  chorion  font  continus  avec  ceux 
de  la  matrice. 

C’eft  ainfi  dans  la  femme  ;  car  il  y  a 
plufieurs  animaux  où  cette  adhérence  eft 
légère,  comme  dans  la  truie  ;  &  j’ai  vu 
aufîi  dans  la  femme  que  le  chorion  fe  déta- 


du  Fétus,  ï  2,5 

choit  facilement  ;  comme  les  vaiffeaux 
font  petits  ,  ils  ne  verfent  point  de  fang 
quand  on  a  arraché  le  chorion  (i). 

En  général ,  Fadhérence  du  placenta  eft 
plus  forte  que  celle  du  chorion ,  &  elle 
Peft  plus  dans  certaines  femmes  que  dans 
d’autres ,  car  il  y  en  a  qu’on  ne  peut  déli¬ 
vrer  qu’avec  beaucoup  de  peine  &  de  dan¬ 
ger  ;  dans  d’autres  elle  eft  très-légere  ,  cq 
qui  les  expofe  à  l’avortement  &  aux  hé¬ 
morrhagies  ;  elle  eft  plus  forte  quand  le 
cordon  eft  inféré  au  centre  du  placenta  ; 
elle  l’eft  encore  davantage  quand fes  finuo- 
fités  font  très-profondes ,  &  enfin  l’adhé¬ 
rence  eft  plus  forte  à  la  circonférence  du 
placenta  ,  &  à  l’endroit  où  le  chorion  s’y 
attache  ;  il  y  a  encore  des  Auteurs  qui 
prétendent  que  l’adhérence  eft  d’autant 
plus  forte,  que  le  fétus  eft  plus  vigoureux. 

Cette  adhérence  fe  fait  aufîi  par  le 
moyen  du  tiftii  cellulaire ,  que  d’autres  ont 
dit  être  des  ligamens ,  &  par  le  moyen  des 
vaifteaux  .qui  font  plus  gros  en  cet  en¬ 
droit. 

Mais  on  comprend  aifément  que  le  pla¬ 
centa  étant  recouvert  par  le  chorion  dans 


(i)  Ce  n’en  eft  pas  là  la  raifotl,  comme  on  l’a  vu 
<îans  ma  DilTertation,,  c'eft  «ju’ils  n’en  contiennent  pas. 


ï  24  Dépendances 

toute  foti  étendue ,  ce  font  en  partie  les 
petites  fibres  de  cette  membrane  qui  font 
îbn  union  avec  la  matrice,  &  que  les  vaifi, 
féaux  qui  la  traverfent  y  concourent  auffi. 

§.  XXVI..  La  fin  des  vaijfeaux  du  pla^ 
centa. 

Quand  les  extrémités  des  arteres  du 
placenta  font  parvenues  jufqu’au  commen¬ 
cement  du  chorion,  il  s’en  détache  quel¬ 
ques  rameaux  qui  vont  fe  rendre  à  cette 
membrane,  qui  s’étendent  même  allez  loin 
dans  fafubftance  ,  &  qui  lutraverfent  en- 
fuite  pour  fé  rendre  à  la  matrice  ;  peut-être 
y  a-t-il  auffi  quelques  petits  rameaux  qui 
vont  fe  rendre  à  l’amnios  &  à  la  membrane.^ 
mitoyenne,  mais  cela  n’eft  pas  encore  af^ 
fez  certain. 

.  Le  chorion,  la  membrane  mitoyenne  &; 
l’amnios  ,  font  plus:  étroitement  unis  au 
placenta  en  cet  endroit ,  c’eft-k-dire  à  fon 
bord. 

Enfin  pî-ufieurs  arteres  du  placera  s’a-, 
bouchent  avec  des  veines  qui  dépendent  de. 
îa  veine  ombilicale,  &  verlènt  dans  ces  pe¬ 
tites  veines  le  fang  qu’elles  contiennent-; 
c’efi;  par  ces  anaftomofes  que  la  matière  in¬ 
jectée  dans  les  arteres  du  placenta  revient 
par  les  veines  ;  cependant  cette  expérieii-. 
ce  ne  rêü.llit  pas  toujours. 


àu  Fétus-,  1^5' 

Enfin ,  les  rameaux  artériels  les  plus  im- 
portans  ,  font  ceux  qui  fortent  de  la  face 
externe  du  placenta  ,  &  qui  percent  obli¬ 
quement  le  chorion,  pour  s’infinuer  dans 
la  fubftance  de  la  matrice. 

Je  dois  même  faire  ici  mention'de  ce  qüe 
de  grands  hommes  penfent  fur  ces  arterès  * 
ils  difent  qu’elles  entrent  dans  de  petits 
pores  &  de  petits  tuyaux  de  la  matrice ,  qui 
leur  correfpondent. 

§.  XXVI I.  Les  veines  du  placenta. 

Il  faut  prendre  leur  origine  des  troncs 
ombilicaux  ;  elles  font  fur  la  face  interne 
du-placénta  un  réfeau  plus  épais ,  que  ne 
î’eft  celui  des  arteres,  parce  qu’elles  font 
plus  grpfîes  ,  en  plus  grand  nombre ,  &  que 
leurs  tuniques  font  plus  fines  ,;  elles  accom¬ 
pagnent  par-tout  les  arteres  .;  chaque  ar-^ 
tériole  renferme  une  veine  dans  fa  petite 
gaine ,  &  elles  palfent  comme  les  arteres , 
à  travers  les  pores  du  chorion. 

La  plupart  de  ces  veines  fe  terminent  en 
'feifant  un  canal  continu  avec  leurs  arté¬ 
rioles  ,  par  le  moyen  defquels  on  les  rem¬ 
plit  facilement. 

On  peut  croire  qu’il  y  en  a  d’autres  qui 
vont  de  même  au  chorion,  &  quipaflènt 
à  travers  de  fes  pores  pour  fe  rendre  a  la 
matrice. 


12^  Dcpéndanccsi 

Mais  il  y  en  a  beaucoup  qui  deviennent 
des  finus  veineux ,  mous ,  qui  fe  répandent 
fur  la  furface  extérieure  du  placenta ,  & 
contiennent  du  fang;  ccs  finus  fe  rétré- 
cilTent  en  s’approchant  de  la  matrice. 

Il  y  a  des  Auteurs  qui  en  cet  endroit ,  y 
ont  vu  des  orifices  ouverts. 

Il  eft  vraifemblable  que  les  arteres  tor- 
tueufes  de  la  matrice,  qui  dans  les  derniers 
tems  de  la  grofiefie  fortent  de  fa  face  in¬ 
terne,  à  l’endroit  de  l’implantation  du  pla-, 
centa ,  s’infinuent  dans  ces  finus  ;  leur  fail¬ 
lie  n’eft  pas  fort  apparente ,  car  quelques- 
unes  d’ entr’elles  n’ont  pas  plus  d’un  tiers 
de  ligne  de  largeur  ;  cependant  jufqu’àpré- 
fent,  perfonne  n’a  vu  ces  arteres  dans  ces 
finus ,  ni  perfonne  ne  les  a  fait  fortir  des 
finus  du  placenta,  quoique  Albinus  afiure, 
qu’elles  font  adhérentes  au  placenta ,  & 
qu’elles  s’y  infèrent. 

D’autres  ont  dit  que  les  arteres  utérines 
s’implantoient  dans  les  petits  pores  du  pla¬ 
centa.  M.  Aftruc  fait  entrer  fes  appendices 
veineufes  dans  les  petits  trous  du  placenta , 
pour  y  verfer  du  fang  ;  Roederer  les  fait 
aller  jufqu’à  la  membrane  réticulaire,  qui 
eft  le  chorion. 


du  Fitus,  xij 

§,  XXVIII.  Doutes  fur  Vunïofi  du 
placenta  avec  la  matrice, 

iPerfonne  ne  nie ,  à  ce  que  je  crois , 
qu’il  pafle  quelque  fuc  nourricier  de  la 
matrice  au  fétus  par  le  placenta  ;  car  on  ne 
voit  pas  autrement  quelle  feroit  la  voie  par 
laquelle  lui  palTeroit  la  matière  qui  fournit 
fon  accroifTement  ;  c’efl:  pourquoi  la  plus 
ancienne  opinion  efl:  que  le  fétus  fe  nour¬ 
rit  par  l’ombilic. 

On  demande  quelle  efl  l’efpece  de  fucs 
qui  pafTent  de  la  matrice  au  placenta  :  les 
uns  difent  que  c’efl  du  fang ,  les  autres  le 
nient;  &  cette  queflion  n efl. pas  encore 
décidée ,  car  deux  hommes  célébrés  ont 
depuis  peu  rapporté  plufieurs  expériences , 
qui  prouvent  qu’il  ne  pafTe  point  de  fang 
dans  le  placenta.  Ces  expériences  ont  été 
faites  de  bien  de  différentes  maniérés, 

Roederer  enfeigne  ouvertement  que  la 
membrane  vafculeufe  de  la  matrice ,  qui 
naît  pendant  la  grofTelTe  ,  s’unit  avec  la 
membrane  réticulaire  du  chorion,  de  fa¬ 
çon  que  les  arteres  &  veines  de  l’une  & 
l’autre  membrane  fe  confondent ,  de  font 
corps  enfemble. 

Il  ne  conclut  pas  delà  quhl  paffe  du  fang 
de  la  mere  k  l’enfant;  car  il  dit  que  cette 


128  Des  Dépendances 
membrane  filameiiteufe  ne  verfe  point  fotï 
fang  dans  les  vailTeaux  ombilicaux  :  il  avoit 
cependant  dit  autrefois  le  contraire  ;  il  fem- 
ble  même  que  c’étoit  d’après  fes  expérien¬ 
ces. 

Il  remarque  qu’il  ne  fort  point  de  fang 
de  la  face  convexe  du  placenta  qui  eft  du 
côté  de  la  matrice,  quand  le  placenta  eft . 
nouvellement  extrait ,  qu’on  ne  peut  même 
en  faire  fortir  par  expreffion  ;  &  qu’ayant 
rempli  d’injedion  les  vailTeaux  du  placen¬ 
ta,  on  n’a  rien  vu  s’écouler  de  ce  côté,  fi 
ce  n’efl:  de  l’eau  qui  paffoit  difficilement , 
ou  quelque  chofe  de  très-clair  qui  n’étoit 
point  du  fang. 

Il  ne  convient  point  que  les  grands  ori¬ 
fices  veineux  de  la  matrice ,  rencontrent 
dans  le  placenta  quelque  chofe  qui  leur  ré¬ 
ponde  ;  du  moins  ceux  qui  ont  écrit  qu’il 
y  avoit  des  vaifîeaux  dans  le  placenta  qui 
leur  répondoient ,  ont  dit  que  ce  n’étoient 
que  des  grains  ,  des  prolongemens  du 
placenta ,  de  la  largeur  de  fix  lignes ,  qui 
s’implantoient  dans  les  finus  de  la  matrice  ; 
mais  il  ne  paroit  pas  naturel  que  de  très- 
petites  artérioles  fourniflent  du  fang  à  de 
trës-;groires  veines,  car  fuivant  les  loix  de 
l’hydroftatique ,  le  fang  y  feroit  continuel¬ 
lement  en  ftagnation  comme  dans  un  lac. 

Enfin 


âuPitus,  Ï29 

Ênfin ,  il  paroît  qu’il  regarde  ces  orifi¬ 
ces  comme  des  fiuus  veineux  qui  ont  été 
déchirés ,  &  c’efi;  à  cette  dilacération  qu  il 
rapporte  l’hémorrhagie  qui  arrivé  dans  le 
tems  de  laccouchement. 

Il  ajoute  que  fes  expériences  lui  oiit  dé¬ 
montré  que  le  mouvement  du  fang  dans  le 
placenta  ne  vient  point  delà  mere,  &  que 
rien  ne  lui  donne  ce  mouvement  que  \è 
cœur  du  fétus ,  puîfque  les  arteres  du  pla¬ 
centa  ne  battent  plus  ,  dès.  qu’on  a  fait  la 
ligature  des  arteres  du  cordon  ;  que  ce  font 
les  arteres  du  placenta  qui  font  du  côté  de 
la  matrice  qui  celfeiit  de  battre  les  pre¬ 
mières,  &  celles  du  cordon  les  dernieres  ; 
&  qu’après  la  mort  de  la  mere ,  les  arteres 
du  fétus  ne  ceffent  point  de  battre ,  &  qu’il 
lui  furvit  même  ;  que  c’eft  pour  cette 
raifon  que  fi  on  laifle  le  placenta  dans  la 
matrice  après  avoir  coupé  le  cordon,  il  ne 
s’écoule  que  deux  ou  trois  onces  de  fang; 
&  que  quoique  la  mere  ait  perdu  tout  font 
fang,  le  fétus  ne  perd  point  le  lien. 

Que  jamais  on  n’a  pu  faire  pénétrer  par 
l’injeèèion  quelque  matière  que  ce  fût,  pas 
même  du  mercure ,  de  la  mere  au  placenta , 
au  cordon ,  ni  au  fétus  ;  ni  qu’une  liqueur 
ftyptique,  injeârée  dans  les  vaiffeaux  de  la 
mere,  n’a  pu  coaguler  le  fang  du  fétus, 
Tom&  JJ.  I  . 


Dépendances 

quoique  la  matière  injectée  parla  matrice, 
s’épanche  dans  tout  le  tüTu  cellulaire  du 
placenta. 

J’ai  vu  de  même,  que  de  la  cire  injec-  I 
tée  dans  les  veines  &  les  arteres  de  la  ma-  [ 
trice ,  alloit  fe  répandre  dans  le  chorion ,  & 
dans  la  portion  du  placenta  voifîne  de  l’en¬ 
droit  in  jeélé,  &  qu’elle  y  étoit  maniféfte- 
ment  ramalTée  en  grumeaux ,  fans  forme 
particulière. 

Qu’il  ne  palTe  rien  non  plus  dans  la 
'  matrice ,  de  l’injeêtion  que  Fort  fait  au  fé-  ! 
tus ,  pas  même  dans  la  vache  ;  que  par  [ 
conféquent  il  n’y  a  point  d’anaftomofe 
entre  les  vailTeaux  fanguins  de  la  matrice 
ôcceuxderœuf. 

C’eft  ce  qui  a  fait  dire  que  le  fang  qui 
vient  de  la  matrice  fe  dépofe  dans  le  tiffii 
cellulaire  ,  pour  être  enfuite  réforbé  par  j 
les  petites  veines  du  placenta.  | 

C’efl;  à-peu-près  ce  que  Hippocrate  a 
enfeigné ,  que  le  fang  menlrruel  s’épan- 
choit  autour  du  placenta ,  &  qu’il  étoit  ré¬ 
forbé  pour  palier  au  fétus  ;  on  a  même 
obfervé  que  M.  Noortwick  ,  aulieu  de 
voir  comme  il  l’a  cru ,  le  placenta  adhérent 
.  à  la  matrice ,  n’a  vu  que  le  tillu  cellu¬ 
laire. 

On  ajoute  qu’on  trouve  fouvent  entre 


âu  Fétus i  îjî 

le  placenta  &  la  matrice,  des  pierres,  des 
matières  calcaires  ou  argilleufes ,  ou  des 
concrétions  falines.  Rüyfch  parle  auffi  d’u¬ 
ne  membrane  qui  couvre  le  placenta,  & 
il  penfe  qu’elle  intercepte  la  communica¬ 
tion  du  fang  ;  il  dit  même  l’avoir  trouvée 
pierreufe. 

Que  les  vailTeaux  du  cborîon  font  trop 
jpetits  pour  pouvoir  réforber  du  fang ,  & 
qu’on  trouve  entre  la  matrice  &  le  chorion 
une  humeur  claire  &  gélatineufe. 

Enfin,  que  le  placenta  appartient  au  fé¬ 
tus  &  non  à  la  mere,  &  que  le  fétus  efl: 
un  individu  particulier  ,  &  ne  fait  point 
partie  de  la  mere»  -  : 

Que  le  fuc  nourricier  efl:  pompé  par  le 
chorion,  après  qu’il  s’efl  comme  exhalé  de 
la  matrice. 

§.  XXIX.  Les  cotylédons, 

.  On  donne  encore  pour  preuve ,  Cê  qui 
fe  pafle  dans  les  animaux  qui  ruminent  ;  Ë 
efl  évident  par  ce  qu’on  remarque  dans  les 
cotylédons ,  que  ce  n’efl  point  du  fang  qui 
pafle  de  la  mere  au  fétus ,  mais  une  matière 
îaiteufe. 

Car  dans  la  brebis  ou  dans  la  vache ,  les 
cotylédons  qui  naiflent  fur  la  furface  in¬ 
terne  de  la  matrice  dans  le  tems  de  la  gefl 


Des  Dépendances 

cation ,  de  très  -  petits  deviennent  grands ,  f 
&  reftent  dans  la  matrice  après  la  fortiedii 
fétus  ;  il  fort  auffi  du  ehorion  de  pareilles 
caroncules ,  qui  font  propres  à  s’adapter  ; 
avec  celles  de  la  matrice  ;  elles  ont  des  fof-  j 
fettes  &  des  éminences ,  formées  de  petits 
grains  ;  les  folTettes  répondent  aux  tuber¬ 
cules  de  la  matrice,  de  même  que  les  émî-  I 
iiences  k  fes  cavités  :  cette  engrainure  fe 
fait  il  exaâement ,  qu’on  a  même  dit  que  ! 
les  cotylédons  étoient  maintenus  unis  a  la  ' 
matrice  par  le  moyen  de  quelque  ligament  ; 
dans  les  brebis ,  les  caroncules  font  mani- 
feftement  creufes,  &  c’efl  delà  qu’elles  ont 
pris  leur  nom  ;  il  ÿ  a  même  des  cas  où  elles 
font  trop  adhérentes,  &  alors  fi  on  leslaif- 
fe,  elles  tombent  en  fupuration. 

Or ,  quand  on  détache  avec  foin  ces  co-  - 
tylédons,  on  voit  fortir  des  petites  cavités 
de  la  matrice  &  de  celles  des  cotylédons, 
des  filets  ;  mais  il  ne  s’écoule  point  de  fang  ; 
cependant  il  y  a  quelques  Auteurs  qui  di- 
fent  avoir  vu  des  points  rouges  &  du  fang. 

‘  Le  fluide  dont  l’une  &  l’autre  efpece  de 
cotylédons  eft  remplie,  eft  muqueux,  al¬ 
bumineux  ,  d’un  goût  fade ,  afiez  fembla- 
ble  a  du  lait ,  &  il  s’en  écoule  de  chaque  co¬ 
tylédon  ,  jufqu’k  une  cuillerée. 

Si  on  met  dans  l’eau  les  radicules  des 


du  Fctusi  ■  131 

coC)^îédot3S^,  on  les  voit  former  des  filets  de 
des  ramifications  comme  le  placenta  hu¬ 
main  ,  &  fe  fiirèdivifer  enfin  en  des  fiîa- 
mens  capillaires. 

■  Roederer  injecta  les  vaîfîeauic  utérins: 
d’une  vache,  &  rinjeébion  pafikà  la  face- 
interne  de  la  matrice:;  car  je  penfe  que  c’eft: 
cette  partie  qu’il  nomme-  corticale:  cette 
face  qui  touche  proprement  les  parties 
du  fétus  ,  refiembloit  à  la  tunique  vil- 
îeufe  des  inteftins  qui  auroit  été  bien  rem¬ 
plie  d’injeétion  ;  il  y  avoit  un  peu  de  ma¬ 
tière  épanchée  dans  les  filions  de  la  par¬ 
tie  propre  au  fétus ,  mais  rien  ne  pénétra 
dans  cette  partie  ni  dans  le  chorion ,  de 
mêmeque  cela  arrive  dans  la  femme.  Mon- 
ro  avouoit  cependant  que  le  placenta  des 
brutes  étoit  coloré  quand  on  injecèoin 
C’efi:  pourquoi  on  peur  dire  qu’il  y  a  de 
la  différence  entre  la  ftruârare  des  cotylé¬ 
dons  de  la  matrice  &  celle  de  ceux  du 
chorion ,  ceux-ci  font  rouges ,  &  ceux  de 
la  matrice  font  blancs  dans  le  lapin ,  mê¬ 
me  dans  la  vache,  la  biche  &  d’autres 
animaux. 

J’ai  répété  cette  expérience  dans  la  va¬ 
che. 

Les  cotylédons  delà  matrice  reffembloient 
à  des  champignons ,  ils  étoient  ovales  &: 

liij 


134  Dépendancts 

circulaires  ;  ils  étoient  pleins  de  petits 
vaiiTeaux  artériels  &  veineux ,  même  à  la 
furface  qui  étoit  du  côté  de  Fœuf. 

Ceux  qui  appartenoient  à  l’œuf  étoient  | 
formés  comme  de  filets  cylindriques,  mais  J 
qui  étoient  grands ,  &  fe  ramifioient  ;  cha¬ 
cun  dé  ces  cotylédons  étoit  compofé  d’un 
grand  nombre  de  flocons  cylindriques , 
qui  fe  réunilToient  en  un  tronc  commun ,  | 

&  ils  fe  détachoient  quand  on  les  tiroit  ! 
doucement  des  follettes  fongueufes  &  en 
forme  de  champignons ,  qui  étoient  aux 
cotylédons  de  la  matrice. 

Il  palTe  beaucoup  de  vaifieaux  fanguins 
par  le  chorion  pour  fe  rendre  à  ces  cotylé¬ 
dons  ;  delà  ils  fournilTent  un  petit  tronc  ar¬ 
tériel  &  veineux  à  chaque  filet ,  dont  les 
branches  fe  propagent  jufqu’à  fes  extrémi¬ 
tés  ,  &  fourniffent  un  petit  mmeau  à  cha¬ 
que  flocon  ‘y  l’injedion  pénétré  tout  le  fi¬ 
let  ,  &  le  colore  entièrement  ;  il  y  a  plus 
de  petites  veines  que  d’arteres ,  &  le  flo¬ 
con  efl:  plus  coloré  quand  l’injedion  s’eft 
faite  par  les  veines. 

En  injeéfant  les.  vailfeaux  de  la  mere, 
il  ne  palToit  rien  au  fétus ,  &  de  même  il 
ne  paflbit  rien  à  la  mere ,  quand  on  injec- 
toit  ceux  du  fétus  ;  mais  la  liqueur  injefliée 
fortoit  facilement  par  les  dernieres  ramifi- 


du  Fétus,  ï3^ 

cations  des  filets  ;  cependant  il  y  avoic  ap¬ 
parence  que  ces  vailTeaux  fe  déchiroient , 
de  qu’ils  ne  s’ouvroient  pas  fpontanément  ; 
ces  extrémités  fe  déchirent  très-aifément , 
car  elles  font  très-délicates ,  &  font  comme 
fi  elles  fortoient  de  petits  tuyaux  creux  6c 
profonds. 

Quand  on  n’y  a  fait  aucun  changement, 
on  voit  fuinter  une  humeur  laiteufe,  des 
petites  radicules  appartenantes  au  fétus. 

En  détachant  fans  violence  les  petits 
placentas  dans  la  brebis ,  on  en  a  vu  couler 
du  fang. 

Dans  le  lapin ,  le  placenta ,  qui  refîem- 
ble  au  placenta  humain ,  eft  très-plein  de 
fang ,  même  quand  le  fétus  en  a  peu ,  &  il 
eft  adhérent  par  des  tubercules ,  à  de  pa¬ 
reils  tubercules  qui  font  à  la  matrice  ;  j’en 
ai  vu  couler  du  fang ,  en  détachant  ces  tu¬ 
bercules  les  uns  des  autres. 

Pendant  que  je  détachois  dans  une  , 
chienne,  le  chorion ,  qui  eft  filamenteux  , 
plein  de  trous ,  &  réticulaire ,  il  s’ eft  écoulé 
une  humeur  féreufe,  6c  d’autres  fois  il  en 
eft  forti  du  fang  après. 

Mais  quoique  dans  quelques  animaux,^ 
il  fe  foit  écoulé  du  fang ,  je  ne  tire  aucune 
conféquence  de  cette  expérience  ;  je  fuis 
convaincu  par  celles  que  j’ai  faites  fur  la 
I  iv 


Des  Dépendances 

vache ,  avec  la  plus  grande  exaditude,  quhl 
a  pu  fe  faire  que  pendant  qu’on  a  détaché 
les  cotylédons  du  fétus  de  ceux  de  la  ma¬ 
trice,  ilfe  foit  écoulé  quelques  gouttes  de 
fang  du  petit  rameau  artériel  dont  chaque 
filet  eft  pourvu. 

§.  X  X  X.  a  -  f  -  il  des  vaijfeaux  lau 

teux  qui  de  la  matrice  y  vont  fe  rendre 
au  placenta  ? 

Ce  qui  fe  paffe  a  l’égard  des  cotylédons, 
induit  à  en  croire  quelque  chofe  ;  il  s’é¬ 
coule  du  lait  quand  on  les  fépare  de  la  ma¬ 
trice  ,  &  le  lait  a  par  lui  -  même  des  pro¬ 
priétés  ,  qui  femblent  prouver  qu’il  efi  né- 
cefTaire  qu’il  en  pafîe  au  fétus. 

C’efl:  ce  qui  a  fait  dire  à  plufîeurs  Au¬ 
teurs,  que  le  fétus  ne  fe  nourrit  point  de 
fang  ;  que  ce  fluide  efl:  trop  épais ,  pour 
pouvoir  palier  de  la  mere  à  l’enfant  ;  mais 
qu’il  fe  nourrit  entièrement  de  lait  qui  efl: 
filtré  par  la  matrice ,  àc  qui  va  fe  rendre 
au  chorion  &  au  placenta  par  des  vailTeaux 
laiteux ,  ou  iymphatico  -  laiteux. 

Ils  en  ont  donné  pour  preuve  ,  la  ma¬ 
tière  laiteufe  qu’on  voit  fur  la  furface  du 
placenta  au  moment  de  fon  extradion ,  & 
les  vaifleaux  laiteux  qu’on  a  trouvés  dans 
les  mamelons  du  placentac 


du  Fitus,  137 

Ils  ont  dit  auffi  qu’en  exprimant  te  pla¬ 
centa  ,  il  s’en  écouloit  du  chyle. 

Qu’il  y  avoit  des  vaiffeaux  laiteux  y 
flottans  dans  la  cavité  de  la  matrice  des 
femmes  en  couches ,  qui  étoient  adhérens 
au  placenta  avant  qu’on  en  eût  fait  l’extrac¬ 
tion,  &  qu’on  trouvoit  de  petites  appendi¬ 
ces  lymphatico  -  artérielles ,  pleines  de  lait 
dans  les  femmes  grolTes. 

Que  ces  vaiffeaux  laiteux  de  la  matrice 
s’abouchent  avec  les  orifices  des  vaiffeaux 
du  placenta. 

Qu’il  fort  des  arteres  de  la  matrice  des 
tuyaux  lymphatico-laiteux ,  qui  deviennent 
veineux ,  &  qui  renferment  uiifuc  laiteux, 
qu’on  peut  faire  fortir  par  expreffion  ;  que 
ces  tuyaux  fe  dilatent  dans  les  femmes  gref¬ 
fes  ,  &  qu’il  y  a  à  la  furface  intérieure  de 
la  matrice ,  pendant  la  groffeffe ,  des  orifi¬ 
ces  d’où  on  peut  auffi  faire  fortir  par  ex¬ 
preffion  une  humeur  laiteufe. 

Qu’il  y  a  dans  le  placenta ,  des  conduits 
blancs  qui  partent  des  arteres,  &  fe  termi¬ 
nent  dans  des  veines  ;  que  ces  conduits  re¬ 
çoivent  leur  fluide  des  vaiffeaux  de  la  ma¬ 
trice  du  même  nom  ;  qu’ils  pompent  cette 
humeur,  des  pores  de  ces. vaiffeaux  par 
leurs  propres  pores;  &  qu’il  peut  y  avoir 
des  vaiffeaux  lymphatiques  dans  le  pla- 


1^8  Dlpmdanccs 

centa ,  quoique  les  expériences  de  Ruyfch 
femblent  prouver  qu’il  n’y  en  a  pas  ;  que 
même  on  a  vu  depuis  peu  dans  un  placenta 
blanchâtre ,  des  petits  vailTeaux  pleins  d’une 
humeur  claire ,  quelquefois  noueux ,  & 
qui  renfermoient  une  matière  femblable  k 
de  la  chaux. 

Avant  cela ,  Warthon  avoit  enfeigné 
qu’il  fe  féparoit  du  lait  dans  le  placenta  ; 
Harvée ,  dont  l’autorité  eft  de  grand  poids , 
a  dit  que  le  placenta  fait  l’office  de  la  ma¬ 
melle.  Mais  tous  ces  Auteurs  ont  attribué 
a  l’homme  une  ftrudure  qui  eft  particu¬ 
lière  aux  animaux  qui  ruminent  ;  V an-Swie- 
ten  ne  nie  pas  abfolument  qu’il  palTe  de  la 
matrice  à  l’œuf,  quelque  chofe  de  fembla¬ 
ble  à  du  lait. 

§.  XXX I.  JVe  pajfe^  t-tl  ahfolument 

rien  de  nourricier  de  la  matrice  ,  dans 

les  vaijfeaux  ombilicaux  ? 

II  y  a  beaucoup  d’ Auteurs  qui  croient 
qu’il  n’y  palTe  rien  ;  de  la  Corvée  eft  le 
chef  de  cette  opinion  *  enfuite  Everard , 
d’après  fes  obférvations  fur  la  formation 
du  fétus  dans  la  lapine  ;  Entius  ,  Bayle , 
Yanderwiel  pere  &  ftls,  Berger,  ont 
été  du  même  fentimeiit. 


iuFctüs',  139 
Blondel  nie  même  que  l’oeuf  tienne  jamais 
à  la  mere,  &  qu’il  y  ait  la  moindre  ânaf- 
tomofe  entre  fes  vailTeaux  &  ceux  de  la 
matrice. 

Les  raifons  qu’ils  en  donnent ,  fe  tirent 
prefque  entièrement  des  cas  contre  nature , 
dans  lefquels  on  a  trouvé  un  vrai  nœud  au 
cordon ,  ou  une  grolTe  tumeur,  ou  les  vaif- 
feaux  ombilicaux  bouchés ,  ou  le  cordon 
rompu,  ou  des  enfans  fans  cordon,  &  mê¬ 
me  des  fétus  fans  la  moindre  apparence  de 
nombril. 

Ils  ajoutent  que  l’analogie  le  prouve , 
puifque  dans  la  jument  &  dans  la  truie, 
difent-ils ,  il  n’y  a  aucune  communication 
entre  le  fétus  &  la  matrice ,  du  moins  dans 
les  premiers  mois  de  la  geflation. 

Ainfi  ,  fi  des  animaux  femblables  à 
l’homme  peuvent  vivre  fans  cordon  ombi¬ 
lical;  fi  même  des  fétus  humains  vivent  & 
parviennent  à  terme  ,  quoiqu’il  y  ait  au 
‘  cordon  un  obftacle  à  ce  que  le  fang  puilTe 
leur  parvenir ,  ou  même  quoiqu’il  n’y  ait 
point  de  cordon  ,^ls  penfent  qu’il  eft  évi¬ 
dent  que  la  nourriture  lui  vient  par  une 
autre  voie. 

Ils  prétendent  donc  que  c’efl:  des  feules 
eaux  de  l’amnios  qu’il  tire  fa  nourriture, 
dt  qu’il  reçoit  la  madere  de  toutes  fes  hu¬ 
meurs. 


140  Des  Tyîpendaiices 
S’il  étoit  bien  vrai  qu’il  fe  fût  trouve  des 
fétus  fans  cordon  ni  nombril  -,  il  feroit  très- 
difficile  d’expliquer  par  quel  moyen  ils  au- 
roient  été  nourris  (i). 

§.  X  X  X  I  I.  Cependant  il  ejl  certain 
qu^il  pajfe  quelque  chofe  de  la  merc  au 
fétus  par  le  nombril. 

Je  n’emploie  point  les  raifons  qu’on  a 
coutume  de  donner  pour  le  prouver ,  car 
comme  perfonne  ne  peut  nier  qu’il  paffe 
un  fuc  nourricier  de  la  mere  a  l’enfant ,  il 
n’eft  queftion  ici  que  de  rechercher  par 
quelle  voie  ce  fuc  lui  parvient  ;  il  y  a  des 
Phyfiologiftes  qui  penfent  que  c’eft  par 
des  voies  qui  nous  font  inconnues ,  ou  par 
une  forte  de  réforb don  ;  nous  leur  objec¬ 
terons  les  raifons  que  donnent  d’autres  Au¬ 
teurs  5  &  ils  doivent  admettre  avec  nous 
les  phénomènes  dont  nous  allons  faire 
mention  :  car  ce  fuc,  ou  ,  s’ils  l’aiment 
mieux,  cette  effufion  de  matière  très-fine, 
peut  auffi  pafTer  de  la  mere  au  fétus  par 


(  i)  si  cela  étoit  vrai ,  on  pourroit  fimplemetit  en  con¬ 
clure  que  la  nature  a  des  reflburces  infinies,  &  que  quand 
une  voie  lui  manque ,  elle  pourvoit  par  d’autres ,  à  la 
confervation  de  fiou  ouvrage  j  mais  ces  faits  font,  trèsr 
douteux. 


du  Fétus,  J4t 

des  pores  inorganiques  ,  comme  pafTe  le 
virus  variolique  ,  dont  l’enfant  eft  infecté 
auffi-tôt  que  fa  mere  en  eff  attaquée ,  puif- 
qu’on  le  voit  venir  au  monde  avec  des  ta¬ 
ches  de  petite  vérole  5  ou  qu’il  en  eft  atta¬ 
qué  dès  qu’il  eft  né  *  la  mere  communique 
auffi  à  fon  fruit  d’autres  maladies,  comme 
la  vérole,  la  jaunilTe  ;  on  dit  qu’on  a  vu  les 
eaux  de  l’amnios ,  de  couleur  de  fafran , 
parce  que  la  mere  en  avoit  beaucoup  pris 
pendant  fa  groftefle ,  &  que  ces  eaux  font 
imprégnées  de  mercure ,  quand  la  mere  en 
a  fait  ufage. 

Mais  la  perte  qui  fuit  le  décolement  du 
placenta  ne  fait  pas  preuve  ,  quoique  quel¬ 
quefois  la  femme  perde  tout  fon  fang 
la  vie  ,  &  fur  -  tout  fi  fon  adhérence 
étoit  autour  de  l’orifice  de  la  matrice  *  car 
ce  fang  peut  ne  pas  fortir  des  vaifTeaux, 
qui  s’ouvroient  naturellemiCnt  fur  la  face 
convexe  du  placenta,  mais  il  peut  couler 
par  des  vaifteaux  qui  ont  été  déchirés ,  «Sc 
principalement  fi  ce  font  les  finus  veineux 
de  la  matrice  ;  &  il  y  a  des  exemples  que 
le  placenta  eft  fort!  long-tems  avant  l’en¬ 
fant,  fans  qu’il  foit  furvenu  d’accident. 

Je  ne  donne  point  pour  preuve,  non  plus 
le  fang  qui  coule  après  la  fortie  du  pla¬ 
centa  dans  les  animaux  j  car  ü  y  a  des  Au- 


141  Dipenâaiius 

teurs  qui  Tout  vu  fortir,  fans  qu’ii  fe  foit 

écoulé  de  fang. 

;  Outre  cela ,  comme  tout  ce  que  j’ai 
rapporté  efl:  alTez  incertain  &  variable , 
qu’une  femme  attaquée  de  la  petite  vérole 
fouvent  accouché  d’un  enfant  bien  por¬ 
tant  ,  &  qu’un  enfant  a  apporté  en  venant 
au  monde,  des  taches  de  la  petite-vérole, 
quoiqu’il  fût  conftant  que  fa  mere  ne  l’a- 
voit  point  eue  dans  le  tems  de  fa  groffeirej 
&  qu’une  mere  attaquée  de  la  pelle  ou  de 
la  vérole ,  a  mis  au  monde  un  enfant  fain  ; 
que  Detlef  a  trouvé ,  qu’il  étoit  faux  que 
l’enfant  fe  fût  relTenti  de  ce  que  fa  mere 
avoit  bu  de  la  décoélion  de  garance  :  on 
peut  tirer  de  tout  cela des  raifons  de  dou¬ 
ter /il  y  a  communication  de  la 'mere  à 
l’enfant;  je  croirois  plus  facilement,  qu’une 
poule  qui  auroit  vécu  de  garance,  aura 
rendu  des  œufs  dont  la  coquille  étoit  colo¬ 
rée  ,  parce  que  l’œuf  a  fait  partie  de  la 
poule,  &  que  la  garance  s’unit  très-facile¬ 
ment  avec  les  matières  calcaires. 

Et  je  ne  prétends  pas,  comme  quelques 
modernes ,  que  la  refpiration  foit  nécèf- 
faire  pour  la  perfeélion  du  fang,  ou  qu’elle 
donne  de  la  chaleur,  ou  que  le  fang  eft 
noir  dans  les  femmes  groiTes ,  parce  que 
celui  qui  revient  du  fétus  en  altéré  la  qua¬ 
lité. 


àu  Fétus.  Î43 

Car  les  petits  des  oifeaux  fe  préparent 
eux-mêmes,  &  fans  le  fecours  de  leurme- 
re ,  un  fang  d’un  beau  rouge,  de  leurs  fucs 
nourriciers. 

§.  XXXIII.  Preuves  de  ce  que  le  fétus 
reçoit  fa  nourriture  par  le  nombril. 

Les  fétus,  qui  font  nés  acéphales ,  ou  qui 
avoien|:  la  bouche  fermée  ,  n’ont  pu  rece¬ 
voir  leur  nourriture  que  par  les  vailTeaux 
ombilicaux  fi  donc  ceux-là  ont  pu  le  faire , 
pourquoi  les  autres  ne  le  feroient-ils  pas  ? 

Cette  grande  quantité  de  fang  qui  fe 
trouve  dans  les  vailTeaux  de  la  matrice 
d’une  femme  grolTe,  fembleroit  déroger  à 
la  fagelTe  de  la  nature ,  s’il  ne  palToit  pas 
au  fétus  une  partie  de  ce  fang. 

On  ne  comprend  pas  pour  quelle  raifon' 
les  réglés  fe  fuppriment  auffi  certainement 
dans  prefque  toutes  les  femmes ,  même  dès 
le  premier  mois  de  la  grolTeire,  tems  au¬ 
quel  rembr5ron  ne  prend  que  très  -  peu  de 
nourriture,  fi  on  n’admet  que  la  matrice 
tranfmet  de  ce  fang  dans  le  placenta ,  &  que 
fur -tout  les  ouvertures  des  vailTeaux  qui 
fournilTent  la  matière  des  réglés,  font  fi  bien 
bouchées  par  l’adhérence  du  placenta,  qu’il 
ne  peut  rien  s’en  échapper  ;  car  fi  le  pla¬ 
centa  n’éroit  qu’appliqué  à  la  matrice ,  il 


Des  Dlpendancés 

n’empéclieroit  pas  qu’il  n’en  fortît  du 

.  . 

C’étoit  la  raifon  des  anciens  Grecs  ;  ils 
difoient  que  les  cotylédons  dans  la  femme, 
n’étoient  que  les  extrémités  des  vailTeaux 
qui  avoient  fourni  les  réglés ,  &  ils  enfei- 
gnoient  que  les  veines  du  placenta  s’atta- 
choient  aux  veines  de  la  matrice ,  de  mê¬ 
me  que  les  arteres  du  placenta  aux  arteres 
utérines. 

Un  phénomène  qui  peut  encore  fervîr 
à  prouver  la  communication  du  fétus  avec 
fa  mere,  c’eft  que  quand  l’enfant  eft  fort, 
il  y  a  fort  peu  d’eau  dans  famnios ,  &  que 
le  placenta  au  contraire  eft  fort  adhérent; 
encore  une  autre  preuve ,  c’eft  que  quand 
il  n’y  a  point  de  fucs  dans  les  vaifteatix 
ombilicaux,  il  n’y  en  a  point  dans  le  fétus 

§.  XXXIV.  Preuves  plus  fortes. 

Ces  preuves  ne  font  que  la  négative  de 
quelques-unes  de  celles  de  l’opinion  con¬ 
traire  a  la  nôtre  ;  quelques  Auteurs  ont  nié 
que  le  fétus  perdît  fon  fang  par  une  hémor¬ 
rhagie  de  la  mere  ,  pour  nous ,  nous  l’aftli- 
rons  ;  car  dans  toute  expérience ,  celle  qui 
prouve  a  plus  de  force ,  que  celle  qui  nie 
le  réfui tat,  parce  que  différens  obftacles 
peuvent  retarder  l’ effet  qui  doit  naturelle¬ 
ment 


/ 


du  Fétus.  Î4') 

ment  réfulter  >  &  on  peut  mettre  en  âdion 
des  caufes  étrangères ,  incapables  de  pro¬ 
duire  un  événement  qui  ne  peut  être  que 
l’effet  de  la  ftrudure  des  parties. 

Une  chienne  6c  une  femelle  de  lievre 
pleines ,  ayant  perdu  leur  fang  j  les  petits 
qu’elles  portoient  perdirent  auffi  le  leur. 

Quand  la  comprelîîon  du  cordon  fait 
périr  un  enfant  dans  la  matrice  ,  il  a  tout 
fon  fang  ;  mais  quand  il  meurt  par  d’autres 
caufes,  il  n’y  en  a  point,  parce  que  tout  a 
repaffé  dans  les  taiHeaux  de  fa  mere. 

Une  femme  avant  d'açcôucher  ,  avok 
perdu  tout  fon  fang  d’une  chute,  fon  en-  . 
fant  avoit  auffi  perdu  tout  le  fien  ;  une, 
femme  greffe  étoit  morte  d’hémorrhagie, 
il  n’y  avoir  point  de  fang  dans  le  placenta  ; 
on  avoit  laiffé  à  une  autre  femme  le  pla¬ 
centa  dans  la  matrice ,  6c  on  avoit  néglige 
de  faire  la  ligature  du  cordon ,  il  furvinri 
par  le  cordon  une  hémorrhagie  qu’on  ne. 
put  arrêter,  &  qui  fut  funefte  (i);  dans 
CO  cas,  le  fang  de  la  femme  fort  par  la 


(i)  Il  eft  hors-^e  toute  vraifemblance  que  cette  ftt- 
îîefte  hémorrhagie  fe  foit  faite  par  le  corion  ;  je  cïs  plus  , 
cela  eft  faux  ;  tous  les  jours  les  Accoucheurs  fe  difpen- 
fent  de  faire  une  ligature  du  côté  de  la  mere  ,  üc  jaïuajs 
il  ne  s’écoule  qu’une  très  légère  qva-^tité  de  fang. 

TomcII^  K 


Des  Dépendances 

veine  ombilicale ,  &  celui  de  fenfant  par 
les  arteres  du  même  nom  ;  le  mouvement 
du  fang  n’eft  pas  lent  dans  cette  veine,  car 
un  homme  de  mérite  dit  avoir  vu.  fe  lancer 
avec  beaucoup  de  force ,  le  fang  qui  reve- 
noit  du  placenta  ;  &  nous  ferons  voir  que 
de  même  très-fouvent  l’enfant  périt ,  faute 
d’avoir  fait  la  ligature  du  cordon. 

Enfin ,  après  que  le  placenta  eft  détaché, 
là  matrice  verfe  du  fang  avec  beaucoup  de 
force,  &  le  placenta  eft  couvert  de  celui 
<|ui  fort  du  fétus,  quoiqu’on  n’ait  employé 
aucune  violence ,  de  que  les  membranes 
foiént  dans  leur  entier  •  le  fétus  périt  &  eft 
vuide  de  fang. 

On  a  vu,  même  en  injectant  les  arteres 
ombilicales  ,  la  matière  de  rinjediontran- 
fuder  fur  la  furface  du  placenta.' 

Tout  cela  prouve  que  le  fang  du  fétus 
fort  par  les  vaifteaux  du  placenta,  queifa 
furface  n’eft  pas  fans  ouvertures;  que  le  mou- 
verrient  du  fang  dans  le  placenta  eft  rapide  ; 
&  enfin  que  le  fang  du  fétus  repafte  â  la  me- 
re,  &  s’écoule  par  les  plaies  qu’elle  reçoit. 

§.  XXXV.  Lés  injedions  pajfent  de  la 
mere  au  fétus. 

Cowper  a  vu  le  premier  du  mercure  in-î 
jefté  dans  les  arteres  hypogaftriques  de  la 


du  Fétus,  147 

mere  j  pafTer  dans  les  veines  du  placenta , 
&  dans  les  cotylédons  du  fétus  (i  ). 

ViculTens  injeéta  aufli  du  mercure  dans 
les  arreres  carotides  d’une  chienne  quiétoic 
pleine  ;  il  vit  qu’il  âvoit  pénétré  jiifques 
dans  la  membrane  allantoïde^  àt  qu’il  en 
étoit  entré  dans  là  veine  ombilicale  du  pe¬ 
tit  chien  ;  on  a  vu  la  mêrrie  chofe  après  une 
injedion  de  liqueur  colorée  ;  elle  palTa  des 
vailTeàux  hypogaftriques  dans  les  vailTeaux 
du  placenta. 

On  a  auffi  quelquefois  fait  pafTer  de  l’air 
des  veines  hypogaftriques  dans  les  ombili¬ 
cales.  • 

Il  h’ étoit  pas  nécelTaire  d’avoir  de  pareils 
fuccès  à  oppdfer  aux  incrédules,  puifque 
l’adreffe  d’un  bon  Anatômifte  peut  fuffire 
pour  faire  voir  la  même  chofè. 

M.  Noortwick  a  vu  qu’après  avoir  rem¬ 
pli  les  vaifTeaux  de  la  matrice  ,  ceux  du 
chorion  i’étoiént  aufE ,  de  que  le  placenta 
étoit  très-rouge. 

Les  liqueurs  injeélées  prennent  une  route 
toute  èontraire  à  celles  quelles  femblent 
devoir  prendre  •  car  fi  on  injed:e  dU  vif-ar¬ 
gent  ou  quelque  liqueur  teinte  dans  les  ar- 


(1)  Oa  a  nié  cette  expérience  de  Cowper. 

Kij 


1^.8  Des  Dcpendances 

teres  du  fétus  ,  rinjedion  pafTe  dans  les 

veines  hypogaftriqués  de  la  mere. 

Et  même  ,  fi  dans  les  animaux  on  fait 
pafler  de  l’air  dans  la  partie  d’un  cotylé¬ 
don  qui  eft  du  côté  de  la  matrice ,  il  palTe 
dans  la  partie  rouge  qui  eft  propre  au  fé¬ 
tus  ;  &  fi  on  en  fait  palft  r  dans  les  arteres 
de  la  matrice ,  il  va  dans  les  cotylédons 
du  chorion. 

Ces  expériences  ont  d’autant  plus  de 
poids ,  que  mille  caufes  peuvent  diminuer 
ou  faire  perdre  la  force  de  la  matière  in- 
jeftée  dans  des  vaifîeaux  qui  font  très-fins, 
en  arrêter  la  progreffion,  lôc  l’empêcher  de 
parvenir  jufqu’au  fétus ,  à  travers  des  ca¬ 
naux  fi  étroits;  c’eft  ce  qui  a  pu  arrivera 
Monro  &  à  Roederer  ;  car  on  ne  peut  pas 
foupçonner  d’infidélité,  l’expérience  dans 
laquelle  l’injeftionl  faite  dans  les  vailTeaux 
de  la  mere  a  pafîe  dans  les  vaifteaux  ombi¬ 
licaux;  nous  fçavons  qu’il  faut  très-peu  de 
tems  à  une  matière  telle  que  de  là  cire, 
pour  fe  figer  &  fe  mettre  en  mafte  fans 
forme  ,  dès  qu’elle  a  trouvé  à  s’échapper 
du  vaifîeau ,  ôc  qu’elle  n’eft  plus  retenue 
par  des  parois. 

C’eft  pourquoi ,  s’il  n’y  avoir  pas  de  la 
mere  au  fétus  un  pafîage  libre  &  continu , 
on  ne  devroit  jamais  attendre  d’autre  fuç- 


du  Fétus  149 

cès  de  l’injeétion ,  &  on  ne  pourfoit  pas 
éviter  que  la  matière  injectée  ne  s’épan¬ 
chât  hors  des  vailTeaux ,  fi  les  ouvertures 
de  la  matrice  font  grandes  &  béantes  ;  ou 
que  cette  injeâiion  ne  revint  dans  les  vei¬ 
nes  de  la  matrice  ,  s’il  n’y  a  point  d’ouver¬ 
tures  k  fa  furface  interne. 

Roederer  &  moi  avons  fait  pafferde  la 
cire  dans  le  tilTu  cellulaire  du  chorion. 

Pour  concilier  des  réfultats  d’expérien¬ 
ces  auiîi  contradiétoires ,  il  me  paroît  qu’on 
peut  dire  que  les/  vaiffeaux  qui  font  entre 
la  matrice  &  lefétûs,  font  li  délicats  dans 
le  chorion  &  dans  le  placenta ,  qu’ils  ne 
peuvent  tenir  contre  la  force  de  l’injec¬ 
tion,  &  ne  peuvent  porter  la  matière  in¬ 
jectée  jufqu’aux  vailTeaux  ombilicaux  ; 
mais  que  la  plupart  du  tems  ils  fe  déchi¬ 
rent,  &  que  la  matière  ne  va  pas  au  delà 
du  tilTu  cellulaire  ;  c’eft  ce  qui  nous  eft  ar¬ 
rivé  a  Roederer  é:  à  moi. 

Enfin ,  Albinus  a  trouvé  les  arteres  de 
la  matrice  pleines  de  fang  ,  &  il  faifoic 
palier  ce  fang  jufque  dans  le. placenta,  de 
façon  que  cet  homme  fi  attentif  &  lifage  , 
ne  doutoit  même  pas  que  ces  vailTeaux  ne 
portalTent  du  fang  dans  le  placenta. 

L’opinion  de  plulieurs  Auteurs  tant  an¬ 
ciens  que  modernes ,  eft  qu’il  palTe  du  fang 
'Kiij 


115  O  Dépendances 

jrouge  8c  tout  préparé,  des  vaiffeaux  de  la 
matrice  dans  ceux  du  chorion  ;  c’ell-à-dire 
qu’une  portion  du  fang  de  la  matrice  peut  / 
être  réforbée  par  les  vaifîeaux  du  fétus.  1 
Rouhaut  eftime  qu’il  en  pafTe  un  vingtié-  i 
me ,  car  il  eft  certain  que  la  majeure  par-  ■ 
rie  de  ce  fang  revient  par  les  veines. 

Je  n’ofe  rien  alTurer  fur  la  couleur  ;  il  j 
femble  cependant ,  à  en  juger  parla  grof-  1 
feur  des  vaifleaux  artériels ,  que  Roederer 
a  repréfentés  dans  le  chorion  ,  &  encore 
plus  par  les  planches  d’Albinus ,  &  par  les 
pertes  fubites  qui  furvieniient  dans  l’accou-  j 
chement  le  plus  naturel  ,  après  l’extrac¬ 
tion  du  placenta  la  plus  heureufe,  que  ces 
vailTeaux  font  plus  capables  de  contenir 
du  fang,  qu’une  hnmeur  plus  tenue. 

Ainf  ,  je  crois  fermement  qu’il  paffe , 
ou  un  fuc  nourricier ,  ou  du  fing  par  le 
nombril ,  cependant  ce  n’eft  pas  exclufive- 
ment  par  cette  voie ,  comme  plufieurs  le 
croient,  mais  il  y  en  a  une  autre ,  car  la  li¬ 
queur  de  l’amnios ,  quelle  qu’en  foit  l’ori¬ 
gine  ,  pafTe  par  la  bouche  du  fétus ,  &  lui 
ferc  d’aliment. 

De  même  que  pendant  l’incubation ,  le 
poulet  eft  nourri  par  le  blanc  de  l’œuf  qu’il 
luce ,  &  par  le  jaune  qui  pafTe  dans  fon  pé¬ 
rit  intefin,  dans  le  tems  qu’il  n’eft  pas  en- 


du  Fétus. 

core  capable  de  prendre  une  nourriture 
plus  folide  ;  il  me  paroît  aiTez  raifonnable 
de  croire  que  dans  les  premiers  tems ,  le 
fétus  reçoit  plus  de  nourriture  paria  bou¬ 
che,  &  dans  les  derniers ,  qu’il  en  reçoit  . 
davantage  par  Tombilic.  , 

La  groiTeur  de  la  tête  femble  le  prou¬ 
ver,  car  elle  eft  déjà  fort  grolTe  quand  le  — 
cordon  commence  à  paroître. 

§.  XXXyi.  Cependant  il  y  a  aujjî  de 
laniere  au  placenta ,  une  certaine  conti- 
nuité  de  circulation  de  fang. 

Je  fuis  obligé  de  répondre  aux  raifons 
qu’on  donne  contre  l’union  de  la  matrice 
avec  le  placenta. 

J’accorde  volontiers  que  le  mouvement 
du  fang  dans  le  cordon  ombilical  &  dans 
le  placenta,,  dépend  du  cœur  du  fétus,  & 
non  de  la  feule  force  des  arteres  utérines  ; 
cependant  il  me  femble  qu’on  peut  foute- 
nir  que  la  circulation  de  la  mere  peut  y 
entrer  pour  quelque  chofe. 

Car  premièrement ,  fi  les  vaifTeaux  de 
,  la  matrice  font  abouchés  avec  ceux  du  fé¬ 
tus,  il  n’y  a  point  de  doute  que  le  fang 
pouffé  par  les  arteres  de  la  mere  dans  les 
.  veines  du  placenta ,  n’apporte  avec  lui,  & 

K  iv 


Dépendances 

tie  canferve  le  mouvement  qu’il  a  reçu  de 
la  mere ,  &  que  ce  mouvement  ne  fe  j  oigne 
à  celui  qui  refte  dans  le  fang  veineux  du 
placenta,  après  que  ce  fang,  fuivant  les 
loix  ordinaires  des  corps  animés,  a  perdu 
beaucoup  de  fon  mouvement  dans  le  trajet 
qu’il  a  fait  dans  le  placenta;  &  c’eftpeuN 
être  alors  que  la  rapidité  du  fang  eft  due 
aux  arteres  du  cordon. 

Or  ,  il  eft  néceflaire  que  ce  fang  foit 
pouffé  par  la  mere ,  puifqu’après  la  mort 
prématurée  du  fétus ,  elle  entretient  la  vie 
du  placenta  qui  refte,  &  qu’elle  fournit  des 
eaux,  comme  on  a  vu  plufieurs  fois  des 
œufs  abortifs  de  quelques  jours,  refter  des 
femaines  ,  des  mois ,  des  années ,  attachés 
à  la  matrice,  y  végéter  fans  s’y  putréfier, 
de  devenir  comme  des  dépendances  de  la 
mere  &  de  la  matrice. 

Ces  fortes  de  placentas  deviennent , 
quand  l’embryon  eft  détruit ,  des  môles 
fouvent  volumineux  ;  elles  reftent  plu¬ 
fieurs  années  dans  la  matrice ,  y  pren¬ 
nent  beaucoup  d’accroiffement ,  devien¬ 
nent  fibreufes  ,  &  ont  des  vaiffeaux  fan- 
guins  ;  le  chorion  s’épaiffit  aulfi ,  &  reffem- 
ble  à  un  placenta  ;  le  fait  merveilleux  de 
Soligen  fe  rapporte  à  cela  :  il  étoit  refte 
d’im  accouchement  précédent,  une  portion 


du  Fétus,  ' 

de  placenta  avec  le  cordon  dans  la  matrice  ; 
dans  une  conception  fuivante ,  le  nouvel 
ceuf  dans  lequel  étoit  un  fétus  avec  fes 
vaiffeaux  s’attacha  à  l’extrémité  de  ce  cor¬ 
don,  &  ces  vailTeaux  alloient  fe  rendre  par 
l’ancien  cordon  au  nouveau  placenta ,  qui 
étoit  rond  &  vafculeux  ;  par  ce  moyen,  le 
nouveau  fétus  étoit  nourri  par  l’ancien 
placenta. 

Enfin ,  il  n’eft  pas  abfolument  rare  de 
voir  des  fétus  fans  cœur;  dans  ces  cas  il 
ne  peut  y  avoir  d’autre  puilTance  motrice 
qui  produife  raccroilTement  du  fétus,  que 
le  mouvement  du  fang  qui  vient  de  la  ma¬ 
trice.  : 

Préfentement ,  s’il  y  a  eu  quelques  cas 
où  la  mere  a  perdu  tout  fon  fang ,  fans  que 
le  fétus  ait  perdu  le  fien  ;  fi  nous  ne  nions 
point  l’expérience  de  M.  Faîconet ,  que 
d’autres  ont  faites  comme  lui  ;  nous  pou¬ 
vons  bien  attribuer  cela  à  la  foibîefie  dii 
fétus,  qui  n’a  pas  permis  qu’il  fit  paiTer  fon 
fang  dans  les  gros  vaifleaux  de  la  matrice  -, 
avec  afîez  de  force  pour  qu’il'  puifiè  s’é¬ 
couler  par  la  plaie  de  fa  mere  ;  ce  fang 
s’efl:  arrêté  dans  les  veines  de  la  matrice , 
qui  font  très -amples ,  comme  dans  un  lac. 

Il  y  a  eu  fort  peu  de  placentas  couverts 
de  concrétions  pierreufes,  &  les  récits  que 


Des  Dépendances 

nous  en  avons  ne  font  pas  afîez  bien  dé¬ 
taillés,  pour  qu’on  puilTe  aflurer  avec  con¬ 
fiance  ,  que  toute  communication  a  été 
rompue  de  la  matrice  avec  le  placenta. 

Même  dans  les  cotylédons ,  il  paroît  tout  | 
fimple  que  ce  font  des  vaifleaux continus, 
qui  portent  une  matière  laiteufe  de  la  mere 
au  fétus ,  puifqu’il  n’y  a  point  de  cavité 
dans  laquelle  cette  humeur  puifle  s’épan¬ 
cher,  ni  d’où  elle  foit  réforbée. 

Quand  on  fait  l’extraétion  du  placenta, 
il  peut  s’épancher  du  lait  fur  fa  furface  ex¬ 
térieure  ,  par  la  rupture  des  vaifTeaux ,  com¬ 
me  il  s’y  épanché  prefque  toujours  du 
fang. 

Il  n’efl:  pas  ridicule  de  dire  que  la  pré¬ 
paration  de  fhumeur  laiteufe  fe  fait  dans 
îa  matrice ,  quoique  je  n’aye  rien  vu  qui  y 
refîemble ,  &  que  d’autres ,  au  lieu  de  lait, 
y  font  venir  une  mucofîté. 

Enfin ,  il  a  pu  fe  faire  que  le  chyle  qui 
coule  un  certain  tems  dans  le  fang,  fans 
fe  mêler  avec  lui ,  foit  arrivé  pur  dans  les 
vaifleaux  de  la  matrice,  &  fe  foit  écoulé 
comme  quelques  Anatomiftes  François  ont 
dit  en  avoir  trouvé.  Van-S wieten  ne  difeon- 
vient  pas  qu’il  pafle  quelque  chofe  de  lai¬ 
teux  de  la  mere  au  fétus. 

Toutes  les  fois  qu’il  y  a  eu  interruption 


du  Feus.  1^5 

du  cours  du  fluide  dans  le  placenta ,  il  pa- 
roît  que  les  eaux  de  l’amnios  ont  fpurni 
nourriture  au  fétus. 

§.  X  X  X  V I  I.  placenta  a-t  îl  quel¬ 
que  autre  ufa^el 

Les  anciens,  &  quelques  modernes ,  ont 
cru  Tair  flnécelTairej.qu’ils  penfoient  mê¬ 
me  que  le  fétus  ne  pouvoir  s’en  paflTer;  on 
enfeignoit  autrefois ,  que  la  femence  rece¬ 
voir  de  l’air  de  la  part  de  la  mere ,  que  le 
fétus' en  recevoir  d’elle  par  le  cordon  om¬ 
bilical  ,  &  que  ç’étoit  pour  cette  raifon 
que  la  compreffion  de  ce  cordon  faifoit 
mourir  l’enfant. 

Si  on  veut  dire  un  air  qui  efl:  fans  élafli- 
cité ,  qui  certainement  coule  avec  le  fàng 
de  la  mere ,  je  n’en  difconviens  pas  ;  mais 
fi  on  dit  qu’il  pafie  au  fétus  ,  de  l’air  dé¬ 
veloppé  & éiaftique,  j’attens  qu’on  afligne 
les  caufes  qui  débarrafîent  le  fang  de  cet 
air  dans  la  matrice. 

Il  y  a  aulfi  quelques  Auteurs  qui  ont 
dit  que  l’arriere-faix  faifoit  l’office  du  pou¬ 
mon  ^  puifque  le  fang  de  la  veine  ombili¬ 
cale  efl:  rouge  &  vermeil,  en  comparaifon 
de  celui  qui  coule  dans  les  arteres;  mais 
mes  expériences  ne  font  point  d’accord 
avec  celle-ci;  dans  le  poulet ,  l’artere  efl: 


.  Des  Dépendance^ 
prefque  d’un  rouge  écarlate ,  &  la  veiné 
eft  violette  ;  je  n’ai  jamais  vu  de  fang  ver¬ 
meil  dans  le  fétus  humain ,  &  je  ne  puis 
comprendre  comment  le  placenta  dans  le¬ 
quel  il  n’y  a  point  très-certainement  de  vé- 
ficules  aeriennes ,  qui  puilTent  renouvelkr 
l’air  /peut  faire  l’office  de  poumon. 

Il  y  a  d’autres  Auteurs  qui  prétendent 
que  le  chyle  fe  mêle  au  fang  dans  le  pla¬ 
centa,  ou  que  c’eftdans  le  placenta  qu’il 
s’en  fépare;effeâ:ivement,  le  chyle  femêle 
avec  le  fang  dans  les  vaiffeaux  de  l’animal, 
pendant  un  long  trajet  ;  on  Aie  peut  pas 
dire  par  conféquent  qu’il  ne  s’y  mêle  pas 
dans  le  placenta,  qu’on  peut  regarder  com¬ 
me  le  plus  gros  vifeere  du  fétus.  ,  . 

Le  fang  qui  nourrit  le  fétus  n’a  pas 
grand  befoin  de  dépuration  ,  puifqu’il  eft 
raifonnable  de  croire  que  ce  fang  eft  filtré 
dans  les  plus  petits  vaifteaux  de.  la  matrice , 
avant  d’arriver  au  fétus ,  &  qu’il  n’apporte 
avec  lui  aucune  partie  impure  ,  autant  ce¬ 
pendant  que  le  fang  peut  en  être  dépouillé; . 
néanmoins  le  fétus  a  fes  excrétions  &  fon 
méconium ,  &  les  brutes  ont  une  grande 
quantité  d’urine. 

D’autres  veulent  que  l’ufage  du  placenta 
foit  de  détourner  le  fang  ,  pendant  que  le 
poumon ,  faute  d’air ,  ne  peut  pas  s’éten- 


’duFctus*  1^7 

dre;  mais  le  poulet  renfermé  dans  l’œuf, 
n’a  pas  plus  de  poumons  qui  foient  en  mou¬ 
vement. 

Le  principal  ufage  du  placenta  eft  d’être 
Tinftrument  de  la  nitration  du  fluide  ,  qui 
va  de  la  mere  à  l’enfant  ;  &  il  n’efl:  point 
abfurde  de  dire  que  le  fang  du  fétus  re- 
pafle  à  la  mere,  pour  êtrè  perfedionné 
dans  fes  vifeeres  &  dans  fes  vaifleaüx  ;  car 
c’eftee  qui  paroît  être  caufe  de  ce  que  les 
arteres  ombilicales  font  fi  groifes. 


CHAPI  TRE  IL 

L  A  V  I  E  DU  F  E  T  tJ  S. 

§.  I.  V Embryon, 

J  E  traiterai  dans  ce  chapitre ,  des  princi¬ 
pales  époques  de  Toftéogénie  ;  enfuite  j’é¬ 
tablirai  les  premiers  principes  d’une  très- 
belle  théorie ,  mais  prefque  nouvelle  ;  car 
perfonne  avant  moi  n’a  entrepris  de  dé¬ 
crire  exadement  la  maniéré  dont  les  os  du 
fétus  prennent  leuraééroilTement,  ni  com¬ 
ment  les  autres  parties  de  ce  petit  corps 
acquièrent  peu-k-peu  leur  nourriture  ;  nous 
n’avons  même  fur  là  formation  des  vifce- 
res  J  que  quelques  raifoiinemens  épars  ça 
&  là;  k  peine  a-t-on  parlé  de  celle  des 
mufcles ,  &  des  élémens  des  parties  foli- 
des. 

Pour  mettre  quelque  ordre  dans  ce  que 
nous  avons  k  dire ,  il  faut  répéter  en  peu 
de  mots  ce  que  c’efl:  que  ce  férus,  dont 
nous  entreprenons  de  décrire  l’accroilTe- 
ment. 

C’eft  une  gelée,  qui  au  premier  afpeél: 
paroît  informe ,  dans  laquelle  la  peau  n’eft 
point  encore  diftinde  des  parties  qui  font 


La  Vie  du  Fétus,  Ï0 
au  deflbus  d’elle  ;  on  n’y  voit  point  de  vil^ 
ceres,  ni  rien  qui  relTemble  à  un  os  ni  k 
un  mufcle ,  ni  k  un  nerf,  ni  enfin  un  cœur 
bien  évident  ;  car  nous  entendons  par  lé 
corps  dont  nous  faifons  la  defeription ,  un 
embryon  tel  qu’on  voit  le  poulet  dans  les 
premières  heures  de  l’incubation. 

Cependant  dans  cette  gouttelette  infor¬ 
me  ,  comme  d’un  mucus  blanc ,  la  raifon 
humaine  diftingue  une  tête,  une  poitrine, 
&  démontre  qu’il  y  a  un  cœur  &  des  vaif- 
feaüx  ombilicaux  ;  car  quoique  l’œil  ne  le 
découvre  pas .,  cependant  lorfqu’on  voit  un 
poulet  mieux  formé ,  l’efprit ,  en  rétrogra^ 
dant ,  trouve  facilement  que  ces  parties  p⬠
les  &  fans  couleur,  qui  paroiiTent  être  in- 
vifibles ,.  étoient  alors  fi  molles ,  qu’elles 
ne  pouvoient  avoir  une  forme  déterminée , 
ou  paroiflbient  n’en  point  avoir  ;  au  bout 
de  trente  -  une  heures ,  on  voit  une  appa¬ 
rence  de  veine,  formée  des  branches  des 
vailTeaux  ombilicaux  ;  au  bout  de  quarante- 
cinq  heures ,  on  voit  les  vaifîeaux  ombili¬ 
caux,  qui  font  les  troncs  dé  ces  branches  ; 
il  eft  impoflible  que  ces  vaifleaux  n’aient 
pas  exifté  depuis  la  trente-unieme  heure 
jufqu’k  la  quarante  -  cinquième  ;  mais  on 
ne  pouvoit  les  diftinguer ,  k  caufe  de  îa 
tranfparence  du  fluide  qu’ils  contenoient; 


1^0 

leur  union  avec  ïa  membrane  du  jaune  de 
l’œuf,  &  avec  la  cavité  même  de  ce  jaune, 
démontre  qu’ils  exiftoient  avant  la  trente- 
unième  hetqre  ;  car  ces  parties  font  affez 
^parentes  dans  la  matrice  de  la  poule ,  & 
font  unies  avec  le  cordon  ombilical,  dès 
rinftant  de  leur  formation. 

.  Le  conduit  du  jaune  eft  une  hernie  de 
rinteftin  du  poulet ,,  &  cette  hernie  eft 
continue  avec  l’inteftin  &  la  peau  du  petit 
animal. 

Enfuite  l’accroilTement  de  famnios  fe 
fait  avant  qu’on  puifTe  appercevoir  le  cor¬ 
don  ,  &  cependant  l’accroilTement  de  tou¬ 
tes  les  parties  du  fétus  dépend  de  l’adion 
du  cœur,  &  il  ne  s’en  feroit  point,  fi  cette 
puifiance  motrice  manquoit  ;  mais  enfin 
ce  fétus  a  vécu ,  avant  qu’on  eut  mis  l’œuf 
à  l’incubation;  car  c’efi  la  feule  force  du 
cœur  qui  a  fait  que  l’œuf  ne  s’eft  point 
putréfié  les  premières  heures  après ,  &  qu’il 
a  paru  d’une  très  -  belle  ftrudure  ,;  cette 
firudure  commence  àfe  perfedionner  len¬ 
tement  &  par  degrés ,  dès  les  premières 
heures  de  l’incubation. 

Ainfi ,  il  y  a  donc  dans  l’embryon  en¬ 
core  informe,  un  cœur,  des  vaifleaux qui 
donnent  naifiance  aux  troncs  ombilicaux , 
une  veine  cave ,  une  veine  méfentérique , 

.  une 


âu  Fétus. 

tiïie  aftere  iliaque  gauche ,  une  aorte  fupé- 
rieure ,  &  fes  autres  rameaux ,  qu’on  ap¬ 
pelle  conduits  artériels. 

Si  un  Gbfervateur  moderne  n’a  pas  vu 
de  cœur  avant  vingt  -  quatre  heures ,  c’eft 
que  le  cœur  n’eft  alors  qu’une  pulpe  d’uné 
extrême  mollelTe  3  dont  la  figure  eft  mal 
exprimée. 

Il  ne  faut  pas  croire  non  plus  quhl  n’y 
avoir  point  de  vaiffeaux  à  la  tête  \  car  puif- 
que  la  tête  même  eft  vifibîe  alors  j  qu’elle 
prend  tout-de-fuite  de  i’accroifîementj  que 
fa  figure  change ,  &  qu  au  bout  de  quarante 
heures,  ellereftemble  à  trois  bulles  jointes 
enfemble  ;  puifque  certainement  il  n’y  a 
que  le  cœur  qui  puifte  par  le  moyen  des 
feules  arteres ,  faire  mouvoir  régulièrement 
les  humeurs  dans  l’œuf,  &  produire  l’ac-? 
■croiftement  naturel  ;  puifqu’enfin ,  un  peu 
après  le  deuxieme  jour ,  Vers  la  cinquante- 
neuvième  heure ,  on  voit  naître  les  arteres 
carotides ,  de  l’aorte  qui  fort  du  cœur  ;  il 
n’eft  pas  douteux  que  ces  arteres  n’aienc 
exifté  auparavant  ;  l’œil  découvroit  dans 
cette  tête  un  cerveau ,  fluide  a  la  vérité. 

La  moelle  épiniere  exiftoit  aufiî  ;  elle 
étoit  continue  au  cerveau  ,  &  fe  prolon- 
geoit  jufqu’au  croupion  qui  la  terminoit, 
puifqu’elle  devient  apparente  dans  le  même- 
Tome.  IL  L 


1^2 

tems  que  la  tête,  c’eft-k-dire  au  bout  de 
.  douze  heures  ;  &  li  elle  n’étoit  pas  fenlî- 
ble  avant  ce  tems,  c’efl:  qu’elle  étoit  trop 
tranfparente  pour  être  diftinde,  mais  l’é¬ 
pine  du  dos  avoir  dès-lors  toute  fa  figure. 

Les  vifceres  font  alors  entièrement  ca¬ 
chés  ;  le  poumon  eft  très-petit;  le  foie  n’eft 
vifibl'e  que  beaucoup  plus  tard  :  c’efi:  aufîi 
fa  tranfparence  qui  le  rend  invifible  ;  on  ne 
peut  encore  difiinguer  l’eftomac  ni  les  in- 
teftins  ;  il  n’y  a  point  de  membres,  ni  de 
mufcles ,  ni  de  nerfs ,  ni  d’arteres ,  excepté 
l’aorte. 

En  place  de  cœur ,  il  n’y  a  que  le  ven¬ 
tricule  gauche  avec  le  commencement  de 
l’aorte ,  &  une  oreillette,  qui  n’efl:  pas  en¬ 
core  diftinâie  de  la  veine-cave. 

Mais  on  ne  doit  pas  en  conclure  que  ces 
vifceres  n’exifient  point  ;  car  nous  avons 
fait  voir  que  long -tems  auparavant  l’incu¬ 
bation  ,  quelquefois  même  avant  l’appro¬ 
che  du  mâle  ^  on  avoir  vu  un  petit  animal , 
&  qui  étoit  vivant. 

Quand  on  fe  rappelle  les  tems  auxquels 
chaque  petite  partie  fe  forme,  on  voit ,  en 
réfléchiffant  fur  l’accroilfement  du  fétus , 
qu’elle  avoit  exifté  avant  ;  mais  fimple- 
ment  qu’elle  étoit  plus  petite  &  fans  cou¬ 
leur,  puifqu’on  la  rend  vifibie,  en  y  jet- 


duFitus,  1^3 

tant  de  refprit  de  vin  ou  du  vinaigre  j  & 
que  par  ce  moyen  on  rend  diftindes  foti 
étendue  &  fes  bornes  •  &  alors  fans  cela  , 
elle  ne  paroît  être  qu^une  goutte  de  vraie 
mucolité.  J’ai  fait  cette  expérience  depuis 
peu  fur  le  poumon ,  fur  le  foie ,  &  fur 
toutes  les  parties  du  poulet. 

Mais  la  raifon  nous  fait  juger  qu’il  y  a 
quelque  cbofe  de  plus  ,  que  ce  que  l’ceil 
peut  appercevoir. 

Cette  gelée  qui  paroit  informe ,  Vivoit 
cependant  dans  l’cèuf ,  &  même  plufieurs 
jours  avant  que  le  coq,  l’eût  fécondé  ,  & 
avant  qu’on  l’eût  mis  à  l’incubation ,  quoi^ 
qu’on  ait  été  long-tems  à  l’y  mettre  ;  & 
dans  l’ceuf  fécondéd’une  chenille,  elle  at¬ 
tend  plufieurs  mois  avant  que  la  chaleur  du 
printems  la  fafie  éclore. 

Si  donc  elle  a  vécu,  les  parties  qui  dans  le 
tems  convenable  doivent  fe  développer ,  y 
étoient  renfermées  &  cachées  ;  car  ce  n’en: 
point  une  vifcofité  inorganique  qui  efi:  for¬ 
mée  •  félon  nous  c’efi:  une  caufe  fécondé , 
&;  félon  prefque  tous  les  Auteurs,  c’ efi:  un 
autre  agent  que  la  femence  du  mâle  qui 
l’organife,  &  qui  forme  le  fétus  avant  que 
l’œuf  ait  été  Couvé.  On  a  découvert  auffi 
avec  de  l’efprit  de  vin ,  les  organes  du  pa¬ 
pillon,  enveloppés  &  cachés  dans  la  che¬ 
nille.  L  ij 


L<^  Vit 

Ainfi  j  avant  Fincubation  j  cette  ttiucoi 
fité  contient  les  vifceres ,  les  mufcles ,  les 
fibres  du  tifiu  cellulaire  ,  ce  qui  doit  être 
irritable ,  les  nerfs ,  les  os  &  les  cartilages. 

L’embryon  qui  n’eft  encore  que  mu¬ 
queux  ,  différé  en  ce  que  dans  fdn  premier 
rems ,  fes  fibres  ne  font  formées  que  de 
très-peu  de  fubftance  folide  ^  entourée  d’une 
très-grande  quantité  d’eau  j  ou  de  vifcofité 
molle  ;  ét  c’eft  auffi  à  cet  état  que  l’on  ré¬ 
duit  les  membranes ,  les  arteres  &  les  vif¬ 
ceres  j  en  les  faifant  fimplemeiit  macérer 
pendant  longtems  dans  l’eau.  Une  gran¬ 
de  quantité  d’eau  fufiit  pour  détruire  peu- 
à-peu  la  continuité  des  fibres,  &  pour  ré¬ 
duire  tout  en  mucofité;  delà  le  tifiu  cellu¬ 
laire  devient  une  pure  mucofité  ,  les  os 
n’ont  pas  plus  de  confiflance  qu’une  gelée 
molle  ;  les  vifceres  prennent  la  forme  d’une 
glu  blanche  de  tranfparente,  &  fe  confon¬ 
dent  avec  les  tégumens  qui  les  entourent; 
de  la  peau  même,  bien  macérée  dans  l’eau , 
ne  fe  diftingue  plus  de  l’humeur  gélati- 
neûfe  qui  eff  au  deffous  d’elle,  de  c’efUà 
la  première  forme  des  mufcles  &  des  os 
qui  couvrent  les  grandes  cavités  de  l’ani¬ 
mal. 

Ces  parties  jufque  là  n’ont  aucune  foli- 
dîté  ni  couleur,  dans  aucun  embryon  ;  elles 


du  Fétus,  î^') 

n’ont  ni  faveur  ni  odeur;  les  mufcles  en¬ 
core  trop  tendres  ,  n’ont  aucune  irritabi¬ 
lité,  c’eft  le  cœur  qui  en  jouit  le  premier; 
l’eftomac,  les  inteftins  &  les  mufcles  ne 
deviennent  irritables  que  long-tems  après. 

Si  on  met  dans  l’eau ,  feulement  pen¬ 
dant  une  nuit ,  l’embryon  tel  que  nous  ve¬ 
nons  de  le  décrire,  il fe  dilTout  en  flocons  ; 
&  il  fe  fond  à  l’air ,  de  maniéré  qu’il  ne 
reftç  de  cette  mucofité  qu’une  petite  croûte. 

§.  II.  Le  fuc  nourricier. 

Il  y  a  beaucoup  d’animaux  qui  vivent 
toujours  dans  cet  état ,  &  plus  imparfaits  en¬ 
core,  ils  font  feulement  doués  d’irritabi¬ 
lité  ;  tels  font  toutes  les  efpeçes  de  polypes, 
d’e^u  douce  &  d’eau  falée,  ces  corps  qu’on 
nomme  zoophites  ,  -ceux  dont  on  ne  peut 
fçavoir  s’ils  font  plante  ou  animal ,  nommés 
holothuria,  les  petits  animaux  microfeopi- 
ques  ,  qui  n’ont  cœur  ni  vailTeaux  ,  &  qui 
ne  font  qu’une  gelée. 

Mais  les  infeétes ,  les  poiflbns ,  les  oi- 
feaux ,  les  quadrupèdes ,  &  même  quel¬ 
ques  vers ,  font  d’une  autre  nature  ;  ils 
commencent  à  la  vérité  par  être  une  mu¬ 
cofité  figurée  comme  un  ver  ,  mais  ils  ne 
tardent  pas  à  avoir  des  parties  ■  diftinéies , 
&  a  prendre  de  la  confiftance.  Il  efl:  quef- 
L  iij 


La  Vîe 

tion  de  rechercher  préfentement  commet 
.  cela  fe  fait ,  &  d’examiner  cet  embryon ,  qui 
n’eft  qu’une  gelée  compofée  de  tant  de 
parties  renfermées  &  cachées  ;  il  faut  fuir, 
vre  les,  progrès  infenfibles  qu’il  fait  pour 
parvenir  à  l’état  de  perfedion,  &  chercher 
autant  que  les  foibles  lumières  de  l’hom^ 
me  peuvent  le  permettre^  la  caufe  de  cés 
changemens. 

Il  eft  tout  limple  de  commencer  par  dér- 
terminer  quelle  eft  la  matière  de  ce  déve¬ 
loppement  d’une  forme  animale. 

Qu’il  me  foit  encore  permis  d’avoir  re-, 
cours  a  l’exemple  des  volatiles ,  parce  que 
nous  pouvons  appercevoir  les  humeurs  qui 
les  nourrirent  ;  il  eft  plus  difficile  de  déter¬ 
miner  la  nature  de  ce  qui  paffe  de  la  matrice 
au  fétus ,  quoiqu’on  puifte  conclure  que  ce 
font  les  mêmes  principes  que  dans  le  volati¬ 
le,  püiiqu’ils  ont  l’un  &  l’autre  des  chairs  & 
des  os  tpnt-à-fâit  femblables.  Il  y  a  appa¬ 
rence  que  dans  l’homme  il  y  a  plus  de  ma¬ 
tière  gélatineufe.  Il  ne  fe  fait  jamais  de  calus 
dans  les  femmes  grolTes ,  mais  leurs  frac¬ 
tures  fe  fondent  après  l’accouchement  (i). 
XiC  fuc  alimentaire  de  fous  les  animaux  eft 
albumineux;  il  eft  de  fa  nature,  doux,  & 
n’abonde  point  en  fel ,  même  celui  dont 

(i)  Cette  affertioa  n’eft  nullement  fondé  fur  rexpé- 
liençe. 


du  Fitus,„  ICI 

les  abeilles  font  la  pFemiere  nourriture  de 
leurs  petits  vers  ;  il  ne  faut  pas  croire  qu*il 
fermente,  ni  qu’il  tende  à  la  putréfaâion , 
car  tout  füc  animal  putréfié  perd  de  fa  vif- 
cofité ,  &  le  blanc  de  l’œuf  ne  fe  putréfiée 
point  dans  l’œuf  fécondé. 

La  première  nourriture  des  yolatiles,  eft 
le  blanc  de  l’œuf;  il  a  plus  d’étendue  quo 
le  j  aune ,  &  il  domine  dans  la  plupart  des 
différentes  claffés  d’animaux,  même  dans 
les  quadrupèdes  froids  &  les  poiffons  ; 
ce  blanc  eft  entièrement  femblable  à  la 
lymphe ,  fi  ce  n’eft  qu’il  eft.  un  peu  plus 
pefant. 

Il  fe  mêle  au  j  aune  fans  fe  confondre  ;  jj’aî 
vu-  diftinftement  une  huile  jaune  nager 
dans  une  férofité  trouble ,,  fans  fê  mêler 
avec  elle  ;  &  il  n’eft  pas  douteux  que  c’eft 
fa  partie  la  plus  fubtile  qui  fe  diftbut  & 
devient  fluide  ;  car  puifque  l’amnios  ;  croît 
tout~d.’uH-coup  ,  dès  que  l’incubation  eft 
commencée ,  &  qu’il  rerifèrme  dès  le  l  o®. 
jour  une  grande  quantité  d’eau ,  en  compa^ 
raifon  de  ce  qu’il  contenoit  le  premier  jour, 
&  encore  puifqu’il  ne  peut  venir  dans  l’am- 
nios  que  ce  que  fournit  le  blanc  de  f  œuf^ 
car  le  jaune  eft  proprement  d’une  toute  am 
tre  nature ,  il  eft  clair  que  e’eft  le.  blanc, 
qui  fournit  les  eaux  de  l’amnios. 

L  iv 


x.^8  La  Vie 

Il  y  a  dans  le  blanc,  une  eau  &  une  ge¬ 
lée  coagulable ,  qui  par  la  chaleur  ou  par 
l’adion  de  quelque  acide,  prend  très-faci¬ 
lement  la  confiftance  de  gelée,  &  fe  chan^ 
ge  en  une  gomme  friable  ;  quand  la  lym^ 
phe  épaiffie  fe  dilTout,  ce  n  eft  plus  qu’une 
eau  fans  couleur ,  &  une  partie  qui  n’eft 
point  foluble  dans  l’eau ,  qui  eft  fixe,  folide , 
&  comme  de  la  corne. 

La  partie  filamenteufe  dufang,  qui  ne 
pourroit  pas  circuler  dans  les  vaifleaux 
d’un  animal  vivant ,  eft  cependant  produite 
par  la  vifeofité  de  la  lymphe  ;  on  peut  en 
juger  en  la  filtrant  Amplement  ;  &  de  ces 
filamens  peuvent  fe  former  des  membranes 
qui  ne  font  point  vafculeufes ,  mais  qui 
d’ailleurs  reftemblent  afîez  à  de  vraies 
membranes. 

Il  y  a  enfin  dans  la  lymphe  un  mucus  lé¬ 
ger,  quia  peu  de  conftftance,  qui  cepen-r 
dant  eft  vifqueux ,  &  ne  fe  coagule  point. 

Il  y  a  beaucoup  d’huile  dans  le  jaune 
d’œuf,  on  l’a  obfervé  il  y  a  très-Iongtems  ; 
il  fe  diftbut  prefque  tout  entier  en  une 
huile  inflammable  ;  &  fi  on  fait  évaporer 
cette  huile ,  le  jaune  n’eft  plus  qu’un  corps 
jaune,  afîez  femblable  à  de  la  colophane, 
pu  au  füccin,  &  qui  eftdur  &  friable. 

On  trouve  aufîi  de  pareils  principes  dans  , 


du  Fétus,  1^5 

îe  fang  des  quadrupèdes  ;  un  corps  gras 
qui  eft  rouge ,  de  la  lymphe,  de  la  muco- 
lité  &  de  la  férpfité  ;  il  y  en  a  auffi  dans  le 
lait  J  ainli,  foit  que  ce  foit  de  la  lymphe , 
ou  du  fang,  ou  du  lait,  ou  un  mélange  de 
toutes  ces  liqueurs  qui  palTent  au  fétus ,  il 
y  aura  dans  le  petit  èmbry on  une  matière 
huileufe  &  un  principe  gélatineux ,  mu¬ 
queux  &  féreux. 

Puifque  la  lymphe  eft  encore  plus  fuf- 
çeptible  de  coagulation  que  le  fang,  &  que 
le  feu  ou  f  efprit  de  vin  la  réduit  en  gru¬ 
meaux  bien  plus  folides  ;  puifque  le  fétus 
eft  blanc ,  dès  qu’il  prend  fa  nourriture  en 
fuffifante  quantité  &  promptement  -  puif- 
qu’enfin  beaucoup  d’animaux  croiftent  très- 
promptemement  fans  le  fecours  du  fang, 
&  qu’ils  ne  peuvent  prendre  le  moindre 
accroilTement  fans  une  humeur  gélati- 
neufe,  il  eft  probable,  comme  on  le  croit 
&  comme  on  l’enfeigne  dans  prefque  tou¬ 
tes  les  Ecoles ,  que  le  fuc  nourricier  n’eft 
que  la  partie  féreufe  du  fang,  qui  eft  fuf- 
ceptible  de  coagulation  ;  c’eft  l’opinion  de 
Barbaut  &  de  plufieurs  autres.  J’ai  lu  qu’un 
chien  à  qui  on  ne  donnoit  à  manger  que 
des  caillots  de  fang,  ne  prenoit  point  de 
nourriture. 

Il  y  aura  auffi  de  la  matière  capable  de 


170  La  Vie 

s’endurcir,  ou  terreufè,  car,  comme  nous 
i’avons  fait  voir  ailleurs  (  i  )  \  il  fe  trouve 
de  cette  matière  dans  la  lymphe ,  dans  le 
fang  &  dans  Thuile. 

Il  fe  trouve  donc  dans  le  fuc  nourricier 
du  fétus ,  tous  les  principes  néceffaires  pour 
réparer  en  lui  les  parties  folides  &  fluides^ 

§.  III.  Les  fluides  du  fétus  fe  forment 
de  la  nourriture  qVil  prend. 

Une  grande  partie  de  ces  fluides  eft  une 
gelée ,  ou  un  gluten  ;  il  efl:  croyable  qu’ils 
n’ont  befoin  pour  lui  parvenir,  que  d’être 
reçus. 

Il  n’y  a  point  de  fang  rouge  dans  l’em-, 
bryon ,  cependant  il  y  en  a  certainement 
de  bohne-heure  dans  l’œuf  ;  il  efl:  évident 
que  c’efl:  le  jaune  qui  en  fournit  la  matière, 
puifque  le  fluide ,  qui  dans  les  premiers 
tems  efl:  contenu  dans  les  vaifleaux  du  fé¬ 
tus  ,  eft  très-clair ,'enfjite  il  devient  jaune, 
enfuite  rouillé,  mêlé  de  jaune  &  de  rouge, 
de  les  ramifications  du  réfeau  vafculeux 
font  jaunes ,  &  les  troncs  font  rouges  ;  en¬ 
fin  tout  le  fang  devient  rouge  dans  tous 
les  vaifleaux ,  &  même  d’une  belle  couleur 
de  pourpre  ;  il  efl:  aufli  compofé  de  globu^. 


(i)/Elenî.  Phyfiol.  Hall.  lib.  j. 


du  Fétus, 

les  5  que  j’ai  vus  très -.facilement  palTer  & 
circuler  dans  les  vailTeaux  ombilicaux  dans 
les  nouvelles  expériences  que  j’ai  faites , 
&  que  je  n’ai  point  encore  publiées  :  il 
n’ei'l;  pas  plus  difficile  d’appercvoir  ces  gîo- 
bules  &  la  circulation,  quand  l’animal  eft 
encore  chaud  ,  qu’il  ne  l’eft  de  voir  la  cir¬ 
culation  dans  la  grenouille',  &  je  confeille 
de  faire  cette  expérience. 

Ces  changemens  fe  font  en  très-peu  de 
tems  ;  car  depuis  31  heures  jufqu’à  3^,  & 
quelquefois  42  ,  tout,  dans  le  fétus  & 
hors,  du  fétus ,  eft  blanc  ;  mais  au  bout  de 
48  heures ,  le  fang  eft  rouge  autour  des 
vaifleaux  du  cœur.' 

Ce  changement  commence  par  la  veine 
ombilicale  ,  car  ce  font  les  vaifleaux  om¬ 
bilicaux  ,  qui  rougiflent  les  premiers ,  tan¬ 
dis  que  le  fétus  eft  encore  blanc,  &  même 
fon  cœur. 

On  a  vu  le  IO^  jour,  la  veine  rouge  & 
ramifiée  dans  la  truie  ;  &  dans,  le  fétus  d’une 
chienne,  pas  plus  gros  que  la  moitié  d^une 
graine  de  lupin ,  il  y  avoit  un  point  rouge 
&  des  veines  ;  dans  une  lapine  ce  fut  le  1 
jour  &  le  12®. ,  &  une  autre  fois ,  encore 
Jeu®.;  dans  la  chienne ,  le  1 4®. ;  on  a  vu 
dans  l’homme,  le  12®.  jour,  une  ligne 
rouge  au.  cordon,  &  dans  une  brebis ,  le 
dix-neuvieme. 


172  La,  Vk 

La  couleur  rouge  vient  plus  tard  dans 
le  poulet ,  quand  la  faifon  eft  froide ,  & 
que  rincubation  if  eft  pas  régulière. 

Avant  les  couleurs ,  il  n’y  a.  que  la  tranf 
parence  de  la  férofité  &  du  mucus  ;  enfuice 
vient  la  blancheur ,  qui  dans  toute  plante 
&  dans  tout  animal  eft  la  marque  du  pre¬ 
mier  état ,  avant  que  la  chaleur  du  foleil , 
la  lumière ,  ou  les  autres  agens  qui  perfec¬ 
tionnent  les  humeurs,  aient  exercé  leurac^ 
tion  ;  c’eft  pourquoi  les  plumes  &  les  poils 
de  tous  les  animaux,  tant  des,  Alpes  que  du 
fond  du  Septentrion  ,  font  blancs  à  cette 
époque. 

Après  le  fang ,  on  voit  pemà-peu  les  au¬ 
tres  humeurs ,  qui  font  diftinétes  par  leurs 
qualités  refpeftives  ;  c’eft  l’urine  qui ,  dans 
les  animaux ,  fe  fépare  la  première ,  &  s’a- 
maife  dans  l’allantoïde ,  car  ce  réfervoir  eli 
déjà  très-grand,  quand  les  vifceres  ne  font 
encore  nullement  diftinèbs. 

L’urine  paroît  auffi  dans  le  fétus  hu¬ 
main,  plus  tard  à  la  vérité ,  &  elle  eft  bien 
différente  de  celle  d’un  adulte  ;  elle  eft  fé- 
reufe ,  trouble ,  fans  couleur  &  fans  goût  ; 
dans  les  grands  quadrupèdes ,  elle  eft  éga¬ 
lement  douce ,  cependant  elle  eft  plus  vé¬ 
ritablement  de  l’urine ,  elle  eft  falée. 

Les  excrémens  du  bas-ventre  font  très- 


du  Fétus»  1 73 

tlïfférens  de  ceux  de  i’aduîte ,  ils  font  ver¬ 
dâtres,  ont  la  confiftance  d’éleâuaire,  ont 
peu  d’odeur ,  ils  font  un  peu  âcres ,  tantôt 
iis  ont  de  la  tendance  a  facidité ,  tantôt  à 
îa  putridité  ;  mais  je  ne  les  ai  jamais  vus 
dans  le  fétus ,  de  couleur  jaunâtre* 

Dans  fœuf  couvé  ,  le  poulet  a  de  la 
grailfe  avant  de  fortir  de  fa  coquille  ;  j’ai 
négligé  de  remarquer  le  jour  où  elle  com¬ 
mence  à  paroître  ;  dans  le  fétus  humain  , 
elle  quitte  fon  état  gélatineux ,  elle  eft  plus 
grenue  que  dans  l’adulte ,  &  elle  eft  moins 
ondueufe  ;  dans  les  os  du  fétus  la  moëile 
eft  rouge  &  lymphatique ,  &  elle  n’eft  pas 
inflammable ,  même  dans  le  fétus  humain* 
La  bile  eft  d’abord  fans  couleur,  &  dans 
îe  poulet ,  a  commencer  du  dixième  jour 
de  l’incubation  ,  elle  paflê  par  différentes 
nuances  de  verd,  &  enfin  elle  eft  jaune  & 
âcre  au  tems  qu’il  fort  de  fon  œuf  ;  dans 
le  fétus  humain,  a  peine  a- 1- elle,  après 
neuf  mois  de  geftation ,  la  moindre  mar¬ 
que  d’acrimonie  ;  c’eft  comme  la  partie 
huîleufe  du  jaune  d’œuf ,  qui  eft  plus  gralfe 
que  le  fuc  de  la  matrice,  &  qui  prend  plus 
promptement  de  l’amertume. 

Les  humeurs  de  l’œil  font  dans  le  petit 
poulet,  les  mêmes  que  dansde  poulet  adul¬ 
te;  dans  l’homme,  elles  ont  une  teinte 


174 

rouge ,  &  cette  teinte  eft  auffi  dans  îâ  bile  j 
dans  la  liqueur  du  péricarde ,  celle  de  la 
plevre ,  celle  du  péritoine ,  ôc  dans  la  moëU 
le  ;  on  pourroit  foupçonner  de  là ,  que  le 
fuc  nourricier  du  fétus  humain  eft  plus 
fanguin  ;  on  apperçoit  du  noir  dans  l’œil  ^ 
fur  la  fin  du  quatrième  jour. 

Peu  de  tems  après  que  les  humeurs  font 
colorées,  elles  deviennent  âcres,  car  tou¬ 
tes  ces  qualités  que  nous  reconnoiftons  pat 
nos  fens  ,  dépendent  de  ce  que  les  parties 
intégrantes  des  liqueurs  ont  plus  de  vo¬ 
lume,  &  que  les  tuyaux  dans  lefquels  elles 
pénétrent  fe  font  dilatés  ;  il  eft  raifonnable 
de  croire  que  les  parties  qui  font  la  faveur 
font  plus  groffieres,  &  celles  qui  colorent j 
plus  minces. 

§.  I V.  Les  parties  folides  font  original 
rement  fluides^ 

Il  paroît  difficile  de  croire  que  des  par¬ 
ties  folides  &  des  parties  très-dures ,  les  oS 
même ,  fe  forment  d’humeurs  fluides. 

Cependant  on  le  comprendra  aifémentj 
lorfque  nous  aurons  fait  voir  qu’il  y  a  beau-- 
coup  de 'parties  fluides ,  &  capables  de  fo 
diffiper  par  évaporation ,  dans  celles  qui 
paroiflent  folides,  &  qu’il  y  en  a  bien  plus 
encore  dans  le  fétus. 

En  effet,  les  parties  molles  du  corps  ani- 


du  Fltus^ 

iïiaî  fe  diffipent  prefqu’entiérement  par  l’é¬ 
vaporation  ;  il  s’en  exhale  les  trois  quarts 
de  la  moëlle  épiniere  ;  la  fubftance  corti¬ 
cale  du  cerveau,  en  fe  deiféchant  lente¬ 
ment,  de  loooo  parties,  en  a  perdu 782^  , 
805^ ,  8^08  ;  la  moëlle  allongée  en  a  perdu 
de  la  même  quantité  7270,  8100;  &  ce¬ 
pendant  ce  n’eft  pas  là  tout  ce  qu’il  y  a  de 
fluide,  car  l’huile  ne  s’évapore  jamais. 

Il  y  a  des  vifceres  qui  ont  perdu  plus 
que  les  autres  ;  le  foie  fur  10000  parties  , 
en  a  perdu  7192 , 7^(34 

Les  glandes  maxillaires  7332 , 7340  & 
7<54o. 

La  peau  ^88^.  Les  inteflins,  Ies;|. 

La  chair  des  mufcies  a  été  réduite  à  77- 

Le  cœur  à  | ,  ou  de  1 0000  parties  à 
783^,  7971  &  8108;  dans  un  vieil  animal 
il  a  relié  W?  ouïe  quart  ;  l’aorte  deflTéchée 
s’’ efl:  réduite  à  un  tiers. 

Dans  les  os,  dont  le  poids  efl:  à-peu-près 
de  20,  livrés ,  il  y  a  fr  de  partie  terreufe  ;  la 
portion  de  colle  extraite  dans  la  machine 
de  Papin ,  égale  en  poids  les  lames  ofleufes 
qui  reftent. 

Enfin ,  quand  un  homme  efl  confumé 
par  le  feu ,  s’il  pefoit  ï  >5  o  livres ,  il  efl  à- 
peu-près  réduit  à  1 3  livres ,  ce  qui  fait  en¬ 
viron  la  douzième  partie  de  fon  poids ,  de 
îa  chair  efl  réduite  à  dufien. 


La  î^iè 

De  même  dans  le  bois  fec,  il  ÿ  a  liné 
afTez  grande  quantité  de  fluide  ;  car  dans 
19  livres  de  ce  bois,  il  11  y  a  pas  plus  de 
^8  grains  de  parties  folides  ^  c’eft-à-dire 
environ  tttô* 

On  trouve  le  même  réfultat,  fi  entre  les 
parties  folides  &  fluides  du  corps  humain , 
on  établit  la  même  proportion  qu’entre  les 
arteres  &  les  veines  ;  carie  calibre  des  artè¬ 
res  efl:  à  leurs  parois ,  comme  10  à  1 1 ,  & 
&  celui  des  veines ,  comme  31  à  i. 

Il  y  a  beaucoup  moins  de  parties  folides 
dans  le  fétus  ;  car  la  fubftance  corticale  du 
cerveau  d’un  fétus  a  perdu  8(394  P^-rties 
fur  10000 ,  &  dans  l’adulte ,  elle  n’en  perd 
pas  plus  de  809^;  &  celle  du  cervelet,  de 
81  parties ,  a  été  réduite  à  1 2.  Les  glandes 
maxillaires  du  fétus ,  de  10000  parties  ,  en 
perdent  84^9 ,  le  foie  8047,  pancréas 
78^3 ,  les  arteres  8278  ;  àc  meme  les  car¬ 
tilages  perdent  quatre  cinquièmes  de  leur 
poids. 

La  partie  terreufe  des  os  du  fétus  eft  un 
peu  moins  que  la  moitié. 

Les  fétus  qu’on  fufpend  dans  l’efprit  de 
vin  diminuent  confidérablenaent  dans  tou-, 
tes  leurs  dimenfions. 

Mais  quand  les  fétus  font  auffi  nouveaux 
&  auffi  tendres  que  ceux  dont  nous  par¬ 
lons  ^ 


^  .  du  Fétus.  177 

Ions  ,  leur  petite  mâiregélatineufe:  difparpic 
prefqu’ entièrement,  de  façon.qu^il  ne  refte 
qu’une  croûte  légère,  cômme  j’en  ai  que  - 
je  conferve  ;  &  des  os  de  lix  ou  fe|^ 
jours,  fur  îefquels  je  fais  a^uellement  def 
expériences ,  s’évaporent  tout^a-faic  me 
laiffent  qu’un  petit  bourbillon  gélatineux 
&  de  couleur  cendrée.  -,  v.- 

ir  paroit  qU’on  peut,  regarder  le  .  fétus , 
.relativement  à  fon  accroiflèment ,  cpmnie 
un  amas  de  fibres ,  la  plupart  glutinéures , 
&  dans:;  iefquelles  il  y  a  peu  de  terre  prin¬ 
cipe..'^.:,  ;  .  '  ■  '  ..  ^r.:. 

La  tête  &;  tous  les  os  du  poulet ,  même 
l’os  pierreux ,:  font  dans  le  commeneernent 
un  pur  glatenq  on  a  réduit  en  mucilage  un 
.5  eune;  agneau  ,  :en  le  faifant  cuire  à  petit 
feu.  .  • 

§.  Il  n^yu  pn.s  gi andcjlïfférmce  entre 
les  folides  &  les  fluides  " 

.  On  ne  doit  pas  crone  que  les  partit 
fluides  &  folides  font  de  leur  nature  entiè¬ 
rement  différentes  les  unes  des  autres ,  tous 
les  élémens  des  corps  font  folides,  maisiîs 
Lont  très  -  petits ,  &  ne  font  prefque  que 
,des  atqrnes,  fl  on  peut  concei^joir  des  ati^ 
mes  pîiyfiques;  ff  ces  atômeaÿuniffent /à 
.4’autres.pareils:j  ou  s’ils  "s’en  Teparent  j-eélâ 
.  Tome  II. .  " . . . .  M 


la  Vie  ■ 

dépend  de  cauîes  étrangères ,  fouvent  très-, 
légères  :  on  croit  que  quand  ils  font  aban¬ 
donnés  k  eux  -  mêmes,  il  y  a  entr’eux  une 
telle  attraction ,  que  pour  qu’ils  s’unilTent 
exactement  &  fermement ,  il  n’eft  befoin 
que  d’un  contaCt  de  principes ,  &  alors  au¬ 
cune  autre  matière'  ne  peut  plus  lés  fépa- 
rer. 

Ainfi ,  la  principale  caufe  de  la  fluidité , 
efl:  qu’il  y  ait  une  matière  très -fluide  & 
très -mobile,  placée  entre  des  parties  foli- 
des  ,  qui  ne  permette  jamais  k  ces  parties 
folides  d’être  en  repos,  ni  de  s’attirer  mu¬ 
tuellement. 

Le  feu  efl:  la  caufè  de  la  fluidité,  cepen¬ 
dant  quand  il  efl:  féparé  des  eorpufcules,iI 
permet  l’attraâ:ion  entre  les  parties,  qui 
auparavant  étoient  très-fluides. 

Gar  en  Ruffie ,  pendant  les  grands  froids ^ 
bn  efl:  venu  k  bout  de  fixer ,  même  le  mer¬ 
cure  ,  &  on  lui  a.  donné  une  confiflance 
métallique;  fouvent  quelques  légères  dilFé- 
rences  dans  le  degré  de  chaleur ,  ont  donné 
de  la  confiflance  k  des  corps  fluides. 

L’eau  feule  unit  puiflamment  certaines 
terres  ;  le  plâtre  coule  comme  s’il  étoit 
fluide,  &  bouillonne;  mais  il  devient  en- 
fpite  une  pierre  folide. 

Dans  les  animaux,  la  force  du  gluten 


âu  Fàus*  t79 

qui  unit  enfemble  les  parties  ariiinaîes  -,  & 
qui  eft  compofé  d’eau  &  d’huiîe ,  eft  très- 
grande  en  comparaifon  de  la  terre  animale  ; 
ces  particules  terreufes  qui  nageôient  dans 
un  fluide,  prendront  dëoè. de  la  cehfif- 
tance,  fi  au  lieu  d’üne  eaü  moins  capable 
de  les  unit,  il  s’introduit  entt’ elles  une  hii- 
meur  Ÿifqueüfe,  que  les  principes  tèffeux 
attirent  de  toutes  parts ,  &  qui  à  fon  toik 
attire  à  elle  ces  principes  terreux,  par  fa 
tendance  naturelle  a  fe  reflerrer  ;  amfi  ,  la 
folidité  dépend  principalenient  d’une  pùif- 
fance  à-peu-près  égale  au  poids  de  là  par¬ 
tie  ,  &  rien  ne  peut  futmôriter  cette  attrac¬ 
tion  de  parties-intégrantes'  d’ un  corps  queî- 
conque.  '  : 

Nous'  avons  fait  voir  l’additioh 

du  glutemdans  les  os^  dbnnoit  à  leur  par^» 
tie  terrèufe  la  dureté  qui  leur  eft  naturèlle'^ 
&  que  leur  fubftance  deiPenoit  friaN^ 
^qùand- ce  gluten  étôit  énîëVe;  "  -  - 

Les  membranes,  &  toutes -les  partît 
molles  du  cotps  humain  ,  le- bois  mêmè", 
font  dé  la  même  nàturè  ;  car ferons 
"voir  qû’on  peut  en  extMre  le  yüten-,-"lèS 
düToudre ,  &  leur  donner  dé  la^  fluidité ,  efi 
ne  laiflànt  qu’une  trèë-pètite  quantité  dé 

"  fi).  Ëlemi- •  _  •- 


ï%6  La  T^ie 

terre, que  toutes  ces  parties  ne  doivent 

leur  confîitance  qu’au  gluten. 

-  La  colle  forte  fe  fait  par  la  co£tion  de  la 
peau  ,  des  tendons  &  des  ligamehs  d’ani¬ 
mal  ;  &  ce  qui  étoit  dans  l’animal  vivant 
une  très-grande  partie  de  membranes,  de¬ 
vient  un  gluten  très-fort. 

Les  Efpagnols  font  une  emplâtre  contra 
rupturas,  de  peaux  d’animaux  cuites. 

.  On  fait  la  colle  de  poilTon  ,  en  faifant 
cuire  le  poiffofi  dans  beaucoup. d’eau  pen¬ 
dant  vingt  -  quatre  heures  ;  on  n’en  fépare 
.que  la  graiffe,  &  la  colle,  refte. 

^  Quand  on  a  dré  ce  gluten  des  pierres 
.de  l’écrèvilTey  du  calcul  de  la  veffie,  ên 
un  mot  de  quelque  fabftance  animale  ,  ce 
qui  refte;  n’efl:  plus  qu’une  terre  friable  ;  & 
ce  gluten  unit  ,fi  fortement  les.  parties;  ter- 
reufes,  que  douze  grains  de  ce  gluten,  re¬ 
tiennent  104-grains  de  terre.  • 

Ce  gluten  eft  inlipide  &  a.lbumineüx dans 
tous  les.  animaux  ,  même  dans  le  fuc  des 
abeilles ,  malgré  fa  douceur  dç  il  ne  dioit 
,.pas-avoir  de  parties. capables  de  fermeiiter, 
c’eft-à-dire  difpofées  à  putréfaètion  j  il  doit 
fe  gonfler  dans,  l’eau,  dç .  ne*  s’y  délaye  pas 
^cilement ,  puifqu’il  efl:  de-  iaaturê  hui- 
ieufe.  " _ 

Pour  que  cette  .gelée  j  animale,  reprenne 


duFku^.  iSi 

fa  dureté  quand  elle  l’a  perdue,  il  n’eft  be- 
foin  que  d’une  légère  évaporation  de  l’eau, 
ou  d’une  diminution  de  la  chaleur  qui  la  te- 
noit  en  liquéfadiori. 

C’é.ft  cette  feule  çaufe  qui  durcit  la  colle, 
&  qui  réduit,  le  gluten  des  poiffons  en 
membranes  comme  du  parchemin  En  fai- 
faut  cuire  l’ortie  marine elle  diminue  de 
volume,  &' devient  plus  dure.  ’ 

La  foie  s’endurcit  par  l’évaporation; 
une  efpece  de  gomme  Ênide  qui  s’engen- 
(h:e  dans  les  propres  vailTeaux  du  ver-à- 
foie,  &  qui  fort  du  corps  de  cet  animal, 
devient  un  fil  très-fort  par  une  légère  éva¬ 
poration  de  l’humidité  :  la  toile  des  arai¬ 
gnées  n’efl:  de  même  compofée  que  d’un  . 
mucus. 

C’eft  la  même  chofe  dans  tant  d’autres 
parties  d’infedes  qui  étoient  fluides,  ou dti 
moins  molles,  &  qui  prennent  confiftancè' 
par  la  diflipation  de  l’air  qui  y  étoit  ren¬ 
fermé. 

C’eftauffi  par  l’évaporation  feule,  que: 
la  vifcoflté  de  l’urine  fe  change  en  pierre 
dure ,  ou  en  chaux. 

Ce  font  principalement  toutes  ces  ex¬ 
périences  qui  nous  donnent  des  lumières  fur 
la  quefliion  préfeate  ;  elles  nous  font  voir 
que  les  principes  terreux  fufpendus  dans 
M-  iij' 


îe  gluten ,  s’attirent  mutuellement  par  la 
diminution  de  la  quantité  d’eau,  La  partie 
féreufe  du  fan  g  devient  une  concrétion 
friable  ,  dans  laquelle  il  ne  refte  que  des 
molécules  terreufes  ,  &  quelque  chofe 
d’ondueux  ;  &  le  blanc  d’œuf  qui  eft  très« 
fluide,  devient  une  gomme  friable  étant 
deirécîié. 

De  la  même  maniéré ,  la  liqueur  qui 
s’exliale  de  la  peau  du  limaçon  devient  une 
coquille  fragile  &  très -dure;  de  chaque 
nouvelle  exhalaifon  qui  fe  fait ,  y  ajoute 
de  nouvelles  couches. 

Enfin  une  gelée  capable  de  putréfadion 
dt  de  fermentation,  &  qui  efl;  folubîe  dans 
l’eau ,  prend  fous  f  écorce  de  l’arbre  la  na^ 
ture  de  l’herbe ,  &  cette  herbe  acquiert  peu 
de  tems  après  |a  confiftanCç  de  bois ,  éç 
elle  forme  l’écorce, 

V I,  Lg  gluten,  devient  fibreux. 

Les  corps  fluides ,  dans  leur  attrafftion 
mutuelle,  ont  une  forme  fphérique  ,  mais 
en  prenant  une  confiftance  folide ,  ils  de¬ 
viennent  plutôt  des  corps  oblongs ,  dont 
un  diamètre  eft  beaucoup  plus  grand  que 
l’autre, 

La  neige  prend  la  forme  de  filamens , 
de  nreme  que  la  glace  qui  fe  forme  fur  upe 


du  Fitusl  i 

vitre;  fes  criftaux  des  fels  affeÆent  une  fi¬ 
gure  oblongue,  &  font  volontiers  de  la  na¬ 
ture  du  fpath  &  du  quartz  (i  )* 

'  En  tirant  lesfubftances  gélatineufes ,  oa 
en  fait  des  filamens,  &  étendues  fur  un  ver* 
re,  elles  s’allongent  d’elles-mêmes. 

Si  on  met  évaporer  une  gelée  dans  un 
vafe  cylindrique ,  comme  le  font  l’araignée 
&  lever-a-foiej  on  conçoit  que  cette  ge¬ 
lée  s’y  moulera  ;  il  eft  v^raifemblable  que 
la  gelée  nourricière ,  en  fortant  lentement 
de  fes  propres  vaifieaux  qui  font  cylindri¬ 
ques  ,  prend  aufS  une  forme  cylindrique  ; 
je  ne  parle  ici  que  de  la  fibre  fîmple  &  élé¬ 
mentaire  ,  &  non  de  la  fibre  mufculaire. 

<-  On  pourroit  auffi  fe  repréfénter  un  glu¬ 
ten  moulé  en  cylindre ,  entre  deux  arté¬ 
rioles. 

Il  eft  certain  qu’on  prouve  facilement 
que  dans  l’homme ,  les  fibres,  font  formées; 
d’une  humeur  vifqueufe ,  ou  par  rexemple; 
du  cœur  qui  eft  velouté,  ou  par  celui  de  ce 
îiftu  cellulaire  fibreux  qui  néft  pasnaturel  ^ 


-  (  i,)  Efpeces  <îe  pierres.  criftaUifêes  dans- les  enmiltés. 
dè  k  terre.  Voy.  Miner,  dfe  WaHerius,  éditi  Franc,  t.  î»;, 
p.  ixi  &  rjj.  Diâ:.  de  Ghymie  de  M:  Mâcher  ,  aius; 
mots  fpath  ^  quarti^  fc  6ç  d*Hift..  îk««;  de;  Jidk 
jt  fti,. 


M  m 


rLdVk 

què  j’ai  vu  très-foiivent  unir  la  pointe  du 
cœur  avec  le  péricarde,  ou  les  deux  extré¬ 
mités  d’un  tendon  coupé,  ou  devenir  fort 
épais  pour  couvrir  quelque  corps  étranger, 
comme  une  épine  enfoncée  dans  un  ten¬ 
don.  Ce  font  des  filamens  formés  du  fang, 
qui  rempliffent  les  arteres  oblitérées,  foit 
qu’on  veuille  entendre  ceci  pour  les  arte- 
jcs  ombilicales  ,  ou  ce  qui  arrive  contre 
nature  aux  autres  arteres  ,  ce  qui  eft  plus 
rare  ;  le  fang  menfirue)  battu  fe  coagule 
en  libres ,  &  fait  des  môles. 

Il  y  a  cependant  dans  le  fang  &  dans  la 
féroiité,  une  certaine  matière  propre,  qui 
devient  filamenteufe  ,  même  fans  moule; 
il  y  en  a  beaucoup  plus  dans  le  fang ,  mais 
la  féroiité  en  contient  auffi, 

§.  V 1 1.  //  déviaient  tijjii  cellulaire. 

Il  eft  cependant  bien  plus'  ordinaire, 
qu’un  fuc  en  devenant  concret ,  ne  forme 
pas  -feulement  des  fibres  ,  mais  auffi  des 
feuillets,  qui  étant  plats,  larges ,  de  beau¬ 
coup  de  diverfes,  figures ,  de  inclinés  les  uns 
vers  les  autres  en  diffiérens  fens ,  s’unifient 
mutuellement  ,  en  laifiant  entr’eux  des 
mailles  qui  contiennent  un  fluide  ;  e’eft  à 
peu-près  de  cette  efpece  que  font  tous  ces 
îigamens  qui  fe  forment  contre  nature, de 


du  Titus.  iSij 

qui  font  l’adhérence  de  la  pîevre  avec  le 
poumon,  du  péritoine  avec  le  foie,  avec 
les  inteftins  ,  avec  l’épiploon ,  ou  des  in- 
teftins  entr’eux ,  ou  avec  le  foie  &  avec 
l’eftoniac;  c’eft  quelquefois  la  férolité  qui 
forme  ce  tiflu  cellulaire  ;  quelquefois  c’eft 
fa  partie  la  plus  épailfe  ,  &  quelquefois, 
c’eft  le  pus  même  ;  mais  tout  cela  eft  ft 
commun,  que  dès  qu’il  y  a  eu  inflâmma- 
tioii  à  quelque  vifcere ,  il  prend  adhérence 
avec  fon  enveloppe. 

.C’eft  ainft  que  dans  un  nerf  qui  avoit 
été  lié  ,  les  fibres  pendant  trente  ans  s’é- 
paiffirent ,  &  furent  défunies  par  l’humeur 
qui  s’épancha  entr’ elles ,  &  tout  le  tiflii 
cellulaire  devint  femblable  aux  corps  ca¬ 
verneux  de  la  verge. 

On  conçoit  aifément  que  les  fucs  géla¬ 
tineux  de  l’embryon ,  en  devenant  concrets 
fans  qu’il  y  ait  maladie,  forment  un  tiftu 
cellulaire,  fi  ,  en  fuivant dans  les  premiers 
jours  de  l’incubation  d’un  muf  de  poule  les 
changemens  qui  arrivent  au  poulet  ,  on 
compare  l’humeur  gélatineufe  qui  eft  entre 
la  peau  &  l’épine  du  dos ,  avec  l’état  dans 
lequel  eft  cette  hum^eur  ,  quand  le  poulet 
éclot  à  fon  tems  ;  car  il  y  a  des  mufcles  & 
de  gros  vailTeaux  en  place  de  l’humeur  gé- 
ktineufe  ;  de  un  peu  de  graiiTe  contenue 


iH  La  Vîe 

dans  le  tifîli  cellulaire  ;  on  trouve  dans  les 
mufcles  &  entre  leurs  plans  ,  des  filets 
celluleux  très -minces,  &  une  enveloppe 
de  même  nature  aux  gros  vaifîeaux  ;  & 
par-tout  une  fubftance  de  même  genre  qui 
unit  les  parties ,  qui  alors  font  bien  con¬ 
formées. 

Je  vois  que  M.  Duhamel  a  dit  que  c’é- 
toit  une  gelée  fluide ,  qui  étoit  entre  fé- 
corce  &  le  bois ,  &  qui  devenoit  écorce  ; 
cependant  il  remarque  que  leurs  plaies  ne 
fe  réunifient  point  par  le  moyen  de  quel¬ 
que  fuc ,  mais  d’un  tifili  cellulaire,  puifque 
ce  gluten  ne  fe  difibut  pas  dans  l’eau  ;  fui- 
vant  fon  fyflême ,  il  falloit  que  cela  fut 
ainfi ,  &  nous  ne  fommes  pas  fort  éloi¬ 
gnés  de  fon  fentiment. 

Mais  tout  le  monde  fçait  qu’il  fort  de  la 
dure-mere  &  des  autres  membranes ,  de  la 
tunique  albüginée  du  tefticule ,  même  des 
iiiteflins  &  de  la  peau ,  de  petites  goutte¬ 
lettes  rondes ,  rouges  &  fangüines,  quide- 
viennent  des  bourgeons ,  &  qui  enfin  cou¬ 
vrent  d’une  nouvelle  chair  la  dure-mere , 
ou  les  inteftîns  ,  ou  les  tefticules. 

On  voit  même  tranfuder  de  l’extrémité 
coupée  d’un  tendon ,  un  fiic  qui  peu-à-peu 
forme  des  lames  bleues,  &  devient  enfuite 
un  tifîu  cellulaire  dur,  qui  après  gfi:  tendi* 


du  Fétus.  1S7 

ceux,  cartilagineux ,  enfin  ofîeux,  qui  réu¬ 
nit  comme  un  petit  nœud  faillant,  les  ex¬ 
trémités  du  tendon  ;  c’efi:  pourquoi  pour 
guérir  les  plaies  des  tendons ,  il  fiiffit  de 
feire  tenir  une  fituation  qui  empêche  les 
extrémités  de  s’écarter  ,  &  il  ii’eftpas  befoin 
de  future. 

Préfentement,  fi  c’eft  d’un  fuc  que  fe 
forme  un  tifîli  cellulaire  dans  une  mala¬ 
die  5  rien  n’empêche  de  croire  qu’il  fe  forme 
de  même  naturellement. 

Ce  n’eft  qu’un  vrai  fuc  qu’on  voit  dans 
la  tige  des  jeunes  plantes  ;  &  quand  la 
plante  efl:  plus  âgée,  on  voit  en  la  place  de 
ce  fuc,  une  fubftançe  celluleufe  &  fpon- 
gieufe  :  ou  du  moins  y  a-tdl  des  lames  com¬ 
me  membraneufes,  appliquées  aux  parois 
de  la  tige. 

Il  eft  vraifemblable  que  le  tilTu  cellulaire 
fe  forme  méchaniquement  ;  car  on  voit  , 
même  dans  le  pain  qui  n’eftfaitquede  pâte 
de  d’air,  des  cellules  qui  font  un  tout  aifez 
femblable  au  tifîu  cellulaire  ;  on  voit 
quand  on  fait  le  mélange  d’un  fluide  clair 
avec  un  autre  qui  efl;  plus  vifqueux ,  que  fl 
on  fait  évaporer  une  partie  du  fluide  clair, 
par  la  chaleur ,,  l’autre  devient  encore  plus 
vifqueux,  il  fe  ramafîe,  &  forme  des  la- 
iqçs  de  des  fibres ,  dont  les  aires  font  rem- 


.i8B  La  Vh 

plis  par  le  fluide  le  plus  léger  ;  &  que  fl  la 
partie  glucineufe  furabonde,  les  lames  font 
plus  larges. 

Cependant  je  n’admets  pas  cela  généra¬ 
lement  ;  car  le  tiflu  cellulaire  eft  différent 
dans  le  corps  humain  ,  fuivant  les  divers 
ufages  auxquels  il  eft  deftiné  ;  il  eft  feuil¬ 
leté  dans  des  parties  dans  lefquelles ,  ni  dans 
le  fétus ,  ni  par  la  fuite ,  il  ne  doit  y  avoir 
d’huile  ni  de  fang  ;  &  il  eft  fibreux  dans 
d’autres ,  comme  aux  plis  des  arteres,  en¬ 
tre  les  membranes  de  l’œil ,  où  il  ne  doit 
point  fe  dépofer  de  fubftance  grailTeufe , 
ni  aucun  autre  fluide. 

Il  peut  y  avoir  dans  le  gluten  de  l’em¬ 
bryon  ,  une  ébauche  de  tiflu  cellulaire ,  & 
ca  ,&  là  des  points  vifqueux ,  qui  font  com¬ 
me  le  fondement  deS  autres  parties ,  &  le 
centre  de  leur  attraction  ;  &  ces  centres 
peuvent  fe  ranger  en  lignes  ou  en  réfeati 
folide.  , 

Le  diamètre  des  pores  par  lefquels  le 
gluten  fort  des  arteres,  peut  aufli  contri¬ 
buer  à  faire  de  ce  gluten  ou  des  fibres  ou 
des  lames;  fi  ces  pores  font  étroits  ce  fe¬ 
ront  des  fibres,  &  des  lames  s’ils  font  lar-f 
ges. 

La  pulfation  des  vailîeaux  voifins,  la 
preflicn  des  mufcles  d’alentour  ,  la  réfiA 


du  Fétus. 

tance  d’un  os  ou  d’un  cartilage ,  &  le  plus 
ou  .moins  de  vifcoiité  du  gluten  qui  forme 
ce  tilTu  ,  enfin  d’autres  caufes  qui  .  nous 
font  inconnues,  peuvent  faire  qu’il  foit 
plus  épais  ou  plus  lâche. 

I  §.  VI 1 1.  Il  devient  membranes. 

Comme  il  y  a  du  tifiu  cellulaire  dans 
toutes  les  membranes  fans  exception,  & 
qu’éiT  les  faifant  macérer  feulement  dans 
de  l’eau  ,  elles  redeviennent  auffi  toutes 
fans  exception^tilTu  cellulaire  ;  comme  auffi 
dans,  les  maladies  elles  deviennent  molles 
ou  plus  dures,  tels ^que -les  ligamens  contre 
nature,  dont  nous  avons  parlé  ;  &  que  d’au¬ 
tres  s’épaiffilFént;  dans  les  écrouelles ,  &; 
qu’enfin  les  enveloppes  les  plus  épailfes  & 
cartilâgi.neufes  font  formées  du  tifiu  cellu¬ 
laire  ;  on  peut  croire  u  qu’  elles .  fe  forment 
de- même  dans  le,  fétus  ;  ainfi_,  Je  ventre: 
&  la  poitrine  j  pardevanf ,  &  plus  manifef: 
tenient  encore  par  derrière ,  font  bornés 
par  le  .tifiu  célluîaire.  féul  ;  de  ce  tifiu  fe» 
forment  de  tresramples;  membranes  ,  telîesj 
què  la  plevre-j  le  péritoine  ;  &  dans  la  tête, 
défi:  une  mucofité  qui  fournit  fia  matière! 
du  péri  crâne  &  de  la  dure-mere.  .  ;  ? 
.'iiPjéfentement  il  eft  vraifemMâble  que 

les  yifeeres  ;  après  s  avoir  acquiscquelque 


LaVh 

conliftance,  &  que  le  cœur,  le  pou  mon,  & 
le  foie ,  en  prenant  de  la  folidicé ,  par  la  pref- 
lion  qu’ils  exercent  fur  les  vertèbres  qui 
font  plus  dures ,  broient  de  expriment  cette 
mucofité ,  de  façon  que  fa  partie  la  plus 
fluide  étant  exprimée,  de  les  parties  gluti- 
neufes  s’approchant  de  s’attirant  mutuelle¬ 
ment,  cette  mucofité  produit  des  membra¬ 
nes.  " 

Que  dans  la  tête ,  le  cerveau  étant  plus 
ferme  alors,  &  tendant  toujours  à  s’élever 
par  les  pulfations  de  fes  arteres ,  préparé 
lui-même  fes  membranes ,  à-peu-près  com^ 
me  on  fait  du  papier  ,  en  faifant  une  pâte 
avec  du  vieux  linge  battu  qu’on  laiiTe  éva-- 
porer ,  de  qu’on  met  en  prefle  ;  il  fe  forme 
de  même  des  membranes ,  du  gluten  qui 
eft  mêlé  dans  le  fang ,  de  la  férofité ,  du 
mucus,  enfin  par  le  mouvement  qui  en' 
^t  évaporer  la  partie  fluide ,  de  même 
que  dans  l’aorte ,  les  carotides  &  les  autres 
arteres ,  il  fe  forme  de  fang  de  de  férofité 
des  tuniques  intérieures ,  qui  font  comme 
des  lames  formées  nouvellement ,  comme 
de  la  colle  de  poilTon  defîechée  ;  il  s’en 
forme  aufli  qui  font  comme  du  parcîxe^ 
min.  '  i 

Je  n’admets  cependant  pas  cette  théorie. 

Car  nos  membranes  font  parfemées  àH 


duFims*  19  r 

vaîlTeaux,  qui  tiennent  à  leur' fubftance 
par  le  moyen  du  tilTu  cellulaire  ;  il  y  a 
même  des  membranes  qui  en  ont  d’alTez 
gros. 

Ce  feroit  trop  avancer,  que  de  dire  que 
ces  vailîeaux  fe  forment  par  une  pürè  mé- 
chanique  ;  car ,  ni  les  obfervations  faites  fur 
l’incubation,  ni  la  proportion  qui  fe  trouve 
conftamment  entre  chaque  vaiffeau  &  fes 
enveloppes ,  ne  portent  à  le  croire  ;  ils  forit 
grands  dans  certaines  parties  ,  de  petits 
dans  d’autres;  leur  diredîon  eftiixe,  &  ils 
ont  toujours  la  même  dans  le  même  ani^ 
mal. 

Les  membranes  qui  ne  font  point  vaf- 
culéufes,  comme  l’épiderme  &  la  cornée 
fè  réparent  au  moyen  d’un  fuc. 

C’eft  d’un  tifîii  cellulaire  relâché  de  plus 
rempli  d’humeurs ,  que  feformentdes  iori^- 
goûtés,  qui  fouvenc  deviennent  très-dures. 

§.  IX.  1/  devient  vaijfeau'x. 

Defeartes  a  enfeigné  autrefois  que  le 
fang  fe&ifoitfes  membranes  ;  Hippocrate 
î’ avoir  dit  âuïfi  long-tems  avant ,  de  depuis, 
:pêu  on  a  renouvellé  ce  fyûême.  Les  fibres 
■des  vaifleaux  qui  en  font  les  élémens ,  naif- 
fct  d’une  fiibftance  celluleufe,  de  fontra;- 


îf,2,  La  Vie 

menées  k  cet  état  de  fubftance  celluleufe, 

par  la  dilToiution. 

M.  Wolf,  de  l’autorité  duquel  je  fais 
grand,  cas,  a* dit  que  les  vailTeaux  étoient 
formés  par  des  globules,  qui  s’ouvrent  uti 
chemin  à  travers  la  fubftance  celluleufe, 
&  il  penfe  que  fes  expériences  le  démon¬ 
trent  évidemment  ;  de  façon  qu’il  croit  que 
les  vaifteaux  n’ont  d’autres  membranes 
qu’un  tiftu  cellulaire  un  peu  épaiffi ,  &  que 
dans  le  principe,  les  globules  des  fluides, 
pouflTés  par  la  force  de  la  végétation,:  fe 
font  un  pafîage  dans  les  intervalles  qji’il 
y  a  dans  une  matière  inorganique,  &  qu’on 
ne  peut  pas  l’expliquer  autrement.  ,J’ai 
avancé  auffi ,  qu’il  fe  formoit  de  nouveaux 
vaiflTeaux  dans  les  calus  ;  on  ne  fçauroit  le 
nier  &  que  le  calus  ne  prend  une  nature 
.  ofteufe,  que  quand  fes  vaifteaux  font  rem¬ 
plis  d’un  fluide  rouge. 

Cette  queftion  eft  importante ,  &  mé¬ 
rite  d’être  difeutée  avec  attention.  J’obferve 
donc  d’abord ,  que  dans  les  vaiflTeaux ,  du 
moins  lés"  gros ,  il  y'  a  manifeftement  des 
fibres  mufculaires  ;  or,  il  fuftit  qu’il  y  éh 
ait  dans  les  gros  vailTeaux  ;  il  y  a  auffi ,  du 
moins  dans  quelques:  arteres  ,  des  nerf»; 
■on  les  voit ‘en  grand  nombre  s’entrelacé 
autour!  des,  troncs  artériels ,  dn:  copur, ,  dês 
vifeeres 


du -Fétus. 

Vilceres  du  bas-ventre  &  de  rextérieur  de 
îatête. 

Je  ne  crois  pas  qu^aucun  Ahatoniifte  ail 
trouvé  dans  un  animal ,  de  fibre  mufculaire 
ni  nerveufe,  Formée  nouvellement  ;  il  fe  fait 
felFedivement  dans  les  plaies  des  mufcles , 
des  cicatrices  enfoncées  •  quelquefois  mê-^ 
'me  la  peau  efi:  adhérente  à  fos,  li  là  plaie 
à  été  fort  profonde  ;  dans  le  partie  Coupée 
du  mufcle,  il  fe  forme  ün  tiîTu  celiulairé 
blanc  qui  te  la  réunion  >  mais  ce  tiiTu 
ti’efl:  ni  rouge  ni  irritable. 

Ou  pGurroit  croire  qu’il  fe  forme  de 
nouveaux  nerfs  y  puifque  des  parties  qui 
avoientété  longtemsinfenfibles  deviennent 
quelquefois  fenfibîes  ;  mais  on  expliqué 
cela ,  comme  on  explique  le  pâflage  du 
fang  dans  de  nouvelles  arteres  :  les  tuyaux 
nerveux  j  shl  en  exifte  véritablement  ,  fe 
dilatant  a  l’endroit  de  leurs  anaftomofes  5 
ces  endroits  deviennent  alîez  amples  pour 
admettre  autant  de  fiic  nerveux  y  qu’il  en 
faut  pour  donner  le  fentiment  à  la  partie  ; 
perfonne  n’a  vu  renaître  de  nerf  fain  ôc 
pulpeux  ,  audefîbus  d’une  ligature,  ni  après 
unanevryfme. 

Ôn  voit  à  quoi  tout  cela  tend  ;  puifque 
les  arteres  ont  des  mufcles  &  des  nerfs  ,  éé 
qu’il  ne  peut  fe  former  de  nouvelles  fibres 
Tome  IL  N 


ï54 

jnufculaires ,  ni  de  nouveaux  nerfs ,  il  ne 
paroît  pas  qu’une  artere  ait  pu  être  for¬ 
mée,  limplement  parce  que  le  faiig  fe  fera 
fait  un  palTage  k  travers  le  tilTu  cellulaire. 

En  faifant  un  peu  de  réflexion ,  on  ne 
pourra  pas  comprendre  comment  une  ar¬ 
tere  qui  auroit  été  formée  de  cette  façon , 
auroit  pu  avoir  des  nerfs  autour  d’elle  ; 
car  s’il  y  a  quelque  partie  du  fétus  qui  fok 
formée  avant  les  autres,  ce  font  les  nerfs, 
puifqu’ils  exiftent  les  premiers ,  comme  le 
prouve  le  volurne  de  la  tête ,  &  celui  de  k 
moëile  de  l’épine  ;  mais  dans  le  tems  que 
l’embryon ,  fon  cerveau  &  fa  moëile  épi¬ 
nière  font  déjà  exiftans  ,  il  n’y  a  point 
encore  d’arteres  ,  comme  le  prétend  M. 
W^olf,  il  n’y  a  ni  aorte  ni  carotides. 

Voila  ce  qui  concerne  la  théorie;  mais 
quand  je  me  rappelle  avec  attention  ce 
qui  fe  paffe  dans  le  poulet  dans  le  tems  de 
l’incubation  ,  je  vois  affez  clairement  que 
les  arteres  ni  les  veines  ne  font  point  for¬ 
mées  par  le  pafîage  du  fluide  a  travers  le 
tiîîu  cellulaire.  M.  Wolf  a  vu  pénétrer  un 
fang rouge,  il  l’a  vu  pourfuivre  fon  che¬ 
min  peu-à-peu  ,  depuis  le  cœur,  jufqu’a 
l’extrémité  la  plus  éloignée  d’une  artere; 
de.  s’il  a  cru  que  le  vailTeau  n’étoit  pas  en¬ 
core  formé,  c’eil:  qu’il  y  avoir  une  trop  pe- 


àlL  Vêtus.  19^ 

rite  quantité  de  globules  rouges  ;  car  nous 
fçavons  qu’on  ne  peut  voir  les  vaiiTeaux  qui 
ne  contiennent  qii’une  fuite  de  globules 
quoique  rouges  ;  leur  membrane  eft  fi  fine^ 
qü’on  ne  l’apperçoit  point  ;  on  l’obfervQ 
même  dans  les  grenouilles  adultes,  on  n’y 
apperçoiç  queles  globules  •  &  quoiqu’il  difs 
que  les  vaiiTeaux  dans  les  grenouilles  n’ont 
point  de  parois ,  sûremenç  il  n’a  pas  fait 
attention  à  Tuniformité  du  cours  des  glo¬ 
bules  fanguins ,  qui  mettent  beaucoup  de 
tems  à  faire  le  même  trajet,  &  qui  vont 
en  ligne  droite  &  en  ferpentant. 

Ainfi,  les  vaiiTeaux  du  jaune  de  l’œuf, 
qui  forment  la  figure,  vcincufe , 
depuis  long-tems  ,  de  avant  que  le  fang  îea 
pénétrât  avec  fes  globules  ;  ce  n’étoit  que 
la  pâleur  du  fluide  qu’ils  contenoient^  qui 
les  rendoit  invifibîes  ;  ç’eft  pourquoi  on 
pouvoir  les  appercevoir  avec  le  microfeo-? 
pe,  quoiqu’on  ne  pût  les  voir  à  Tœü  nudi 
Or ,  puifque  les  vaiiTeaux  du  jaune  de 
l’œuf  font  des  veines  ,  car  il  n’y  a  aucune 
artere  qui  fafle  la  cirGulationdans  le  jaune  j 
ces  veines  tiennent  donc  comme  toutes  les 
veines ,  leur  mouvement  de  leurs  petites 
racines,  &  non  de  leur  tronc. 

Suivant  la  tliéorie  de  M.  ^ oîf ,  ce  de^ 
Nij 


'  La 

vroierit  être  les  plus  petites  veines  qui  fe 
formeroient  les  premières  &  les  troncs  les 
derniers,  &  par  conféquent  les  petites^vei- 
nes,  qui  font  les  racines  des  ombilicales, 
devroient  paroître  les  premières. 

Cependant  cela  ne  fe  palTe  pas  ainlî  • 
j’ai  fouvent  vu ,  &  Malpighi  fa  vu  de  mê-^ 
me,  la  partie  fupérieure  du  réfeau  veineux 
fi  imparfaite  ,  que  les  rameaux  inférieurs 
qui  étoient  inférés  dans  le  tronc  circu¬ 
laire  ,  étoient  très  -  apparens ,  &  les  ra¬ 
meaux  fupérieurs  ou  les  radicules  ne  l’é- 
toient  nullement  ;  cela  ne  peut  pas  être  au¬ 
trement,  puifque  ces  petites  veines  con¬ 
tiennent  fi  peu  de  globules ,  qu’on  ne  peut 
les  apperçevoir:  ce  feroit  le  contraire,  fi 
le  vaiffeau  ne  fe  formoit  qu’à  mefure  que  le 
fang  pénétreroit. 

On  le  voit  encore  plus  diftind:emenc 
dans  d’autres  vailTeaux  de  l’embryon  ;  car 
premièrement  on  apperçoit  la  veine  jugu¬ 
laire  avant  l’artere  carotide;  ce  n’eft  pas 
qu’elle  ait  pu  exifter  fans  cette  artere  ; 
puifque  c’eff  une  veine  qui  ne  peut  rece^ 
voir  de  fang  d’ailleurs  ;  mais  c’efl:  qu’elle 
eft  plus  grolTe ,  &  que  le  fang  qui  s’y 
amalTe  la  colore.  ,  avant  que  l’artere  ne 
foit  colorée,  ce  qui  fait  quelle  frappe  la 


àu  Fétus.  |C'97 

vue ,  daus  le  tems  que  l’artere  qui’  contiènir 
très«peu  de  globules ,  n^eii  point  apparente 
a  caufe  de  fa  pâleur  ;  f  obfervation  que 
nous  feifons  ici,  eft  très  -  manifefte  à  la 
cuilïe  &  k  la  jambe.  Les  ârteres,  ainfi  qiie 
La  bien  obfervé  M.  Wolf  lui -  même  ,  ne 
paroiffent  dans  le  commencement  ,  que 
comme  des  points  &  des  lignes  ;  ce  n’eif 
pas  que  les  globules  du  fang  foieiit  feparés 
les  uns  des  autres,  car  ces  points  &  ces  li¬ 
gnes  fuivent  exaétement  la  direction  du 
vailTeau  qui  n’eft  pas  encore  entièrement 
rempli  de  fang,  mais  les  întervales  qüi 
font  entre  les  lignes  rouges  font  inviii- 
bles  ,  parce  qu’elles  contiennent  moins  de 
fang. 

Il  en  ePc'de  même  des  vailTeaux  du  j  aune 
de  l’œuf  &  de  la  figure  veiiicufe'^  cm  ces 
vailTeaux  font  divifés  en  points  &  en  li¬ 
gnes  par  la  même  caufe. 

'  Enfin ,  fi  on  confidere  que  les  veines  ont 
une  certaine  proportion  avec  les  artères 
qu’elles  accompagnent ,  on  ne  croira  ja¬ 
mais  que  c’eft  le  feul  mécfianifme  du  cours 
du  fang  qui  a  formé  des  arteres;  car  les 
veines  font  apparentes  avant  les  arteres,  & 
leurs  troncs  font  plus  gros ,  même  dans  la 
figure  veineuje,  d’où  part  la  veine  ombili¬ 
cale.  hépatique  j  de  fi  on  prétend  que  les 
Niii 


La  P^ie 

vèîhes  liront  été  formées ,  que  parce  que 
lès  arteres  fe  font ,  par  une  force  mécha- 
nique,  réfléchies  vers  le  cœur,  il  n^auroit 
jamais  pu  y  avoir  avant  cela  une  circula¬ 
tion  établie;  mais  de  petits  rameaux  en re^ 
pouifant  le  fang ,  auroient  certainement 
fait  de  petites  veines,  qui  conduites  au ha- 
fard,  n’ auroient  pas  plus  été  fe  rendre  au 
cœur,  que  dans  tout  le  refle  de  la  mem¬ 
brane  du  jaune  qui  efl:  vuide ,  &  qui  n’a  pas 
encore  de  vaifleaus  apparens. 

Mais  fl ,  comme  il  femble  que  le  pré¬ 
tend  M.  ’^olf ,  les  premières  veines  ont 
été  formées  du  fuc  provenant  du  jaune , 
on  ne  peut  pas  rendre  raifon  de  la  circula¬ 
tion  ;  on  ne  peur  pas  expliquer  pourquoi 
le  nombre  infini  des  petites  veines  qui  font 
la  circulation,,  feroient  venues  aboutir  au 
jaune,  plutôt  que  de  fe  rendre,  comme  il 
étbit  néceflaire ,  dans  quelque  tronc  vei¬ 
neux  ,  auquel  elles  feroient  parvenues  fans 
tant  de  détours  ;  on  ne  peut  pas  expliquer 
non  plus ,  pourquoi ,  par  la  circulation ,  la 
veine  a  été  fe  rendre  plutôt  dans  le  fétus 
que  dans  la  membrane  du  jaune,  qui  efl: 
vers  la  pointe  de  l’œuf  ;  pourquoi  cettê 
veine  a  formé  un  cœur  ,  &  ce  cœur  des 
rameaux  ;  elles  auroient  dû  former  un  lac 
qui  fe  feroit  aggrandi  de  jour  en  jour. 


du  Fitüs^ 

comme  ferorent  dès  ruiiTeaus.  qui  vien-^ 
droient  fe  reudre  dans  une  vallée.  Enfin ,  on 
ne  donne  point  la  raifon  de  ce  qu’un  autre 
ruilTeau,  en  forçant  de  ce  lac,  fe  divife  en 
gouttelettes  ,&  de  ce  que  ces  gouttelettes 
qui  font  des  brandies  d  arteres ,  font  en- 
fuite  des  veines.  Ce  Seavanc  ne  promet 
point  de  rendre  raifon ,  de  ce  que  des  vei¬ 
nes  qüi  ne  viennent  point  d’arteres  ^  pro- 
duifent  manifeftemenc  des  veines,  peu  de 
tems  après  leur  origine,  quand  elles  font 
diftendues  par  une  plus  grande  quantité  dé 
fang. 

Enfin ,  ce  font  les  veines  qui  paroilTent 
les  premières ,  même  dans  la  tête  de  Fen>- 
bfpon  ,  les  arteres  ne  paroiffent  que  les 
dernieres.  Pour  nous  en  tenir  au  même 
exemple ,  aucunes  des  veines  fournies  par 
le  jaune  n’ont  pu  fe  rendre  dans  des  vei- 
hes  ;  il  eft  néceffaire  que  tout  ait  palfé  des 
arteres  dans  les  veines  ;  &  l’analogie  nous 
porte  à  croire  que  l’origine  des  veines  eft 
la  même  dans  toutes  les  parties  ,  que  dans 
î’aire  du  jaune  elle  n’efi:  pas  différente  :  dans 
la  tête  du  fétus,  elles  viennent  d’arteres. 

Plus  je  fais  réflexion  fur  l’état  de  l’em¬ 
bryon  naiffant ,  pîuls  je  me  perfiiade  que 
toutes  les  parties  fe  font  formées  dans  le 
même  tems  j  les  arteres  en  même  tems  que 
Niv 


ioo  Zæ  T^îc 

les  veines ,  les  vifceres ,  les  nerfs  qui  îesaca 

çompagnent  ^  ôç  les  os. 

Jamais  le  hafàrd  n  auroît  pu  unir  en-i 
femble  une  artere  dont  l’origine  eft  au 
cœur,  une  veine  continue  à  une  artere,  & 
un  nerf  qui  a  toute  autre  origine  ,  qui  vient 
du  cerveau  ,  &  en  faire  comme  des,  faif-. 
ceaux  qui  s’accompagnent  dans  tout  l’ank 
mal  fans  fe  féparer,  ü  dès  le  premier  inf- 
tant  de  la  formation ,  la  nature  n’avoiti 
donné  aux  afteres  de  aux  veines  ,  des  nerfs 
pour  les  accompagner. 

Jamais  le  cœur  n’auroit  reçu  le  fang 
qu’il  avoit  envoyé  aux  parties ,  fi  l’ artere 
avoit  exifté  avant  la  veine  ;  l’embryon  au 
contraire  périt,  dès  l’inftant  qu’il  eft  privé, 
du  Jlimulus  que  le  cœur  reçoit  du  fâng  vei¬ 
neux  \  &  fi  la  veine  eût  exifté  avant  l’ar- 
tere  ,  il  eût  été  inévitable  que  le  cœur, 
dont  l’irritabilité  eft  extrême  ,  n’eût  fait 
palïer  par  rouverture  4^  l’aorte ,  qui  eft 
d’une  grofleur  prodigieufe  en  proportion , 
la  grande  quantité  à,Q  fang  que  la  veine  ap^ 
porte  à  un  fi  petit  embryon,  de  ne  l’eût  fait 
fe  répandre  dans  fqn  tifiu,  qui  n’eft  alors 
qu’un,  mucus  léger  &  très-mou.  Ce  que  j’ai 
dit  du  développement  ,  confirme  ce  que 
l’avance  ici, 

Q’eft  pourquoi  je  fuis  très-porté  a  croirez 


du  Fétus..  2.01 

que  la  nature  a  préparé  pour  des  caa  pré¬ 
vus,.  quelques  fecours  néceffaires  pour  ré¬ 
parer  les  parties,  qui  pouvoienc  être  répa¬ 
rées  \  qu’elle  a  multiplié  ces  fecours  ^ 
en  raifon  des  différens  dangers  auxquels 
font  expofés  les  animaux,  mous,  géla¬ 
tineux  ,  longs  ,  &  grêles  comme  fé- 
crëvifle  ,  le  polype,  le  lézard  &  le  ver; 
mais  qu^elle  les  a  diminués  dans  l’homme  , 
qui  eft  doué  de  raifon  ;  de; façon  cependane 
que  le  tilTu  cellulaire  pût  fe  réparer,,  que 
les  parties  diyifées  pufîent  fe  réunie,  & 
les  arteres  .  fe  former  par  le  moyen  d’un 
^lutéri ,  ou  qu’il  pût  fe  percer  des  canaux,, 
dans  un  gluten  qui  auroit  peu  de  longueur. 

Mais  il  me  paroît  aufïi  difficile  de  con¬ 
cevoir  qu’il  puilTe  fe  former  un  animal 
d’une  matière  informe  ,  par  la  feule  forco 
de  i’impulfi-on ,  que  d’efpérer  qu’il  naîtra 
un  fleuve  du  lac  de  Genève ,  dont  les  bras 
relTembleront  à  un  aigle, 

§,  X,  Idée-  de  Fembry an  avant  fan 
iraijfement. 

Nous  parlerons  de  l’embryon  ,  tel  que 
nous  l’avons'  vu  dans  lés  quadrupèdes, 
peu-près  un  mois  après  l’imprégnation ,  & 
tel  que  nous  l’avons  vu  dans  l’œuf,  le  fe- 
CQnd  ou  rrQifîemô  jour'  de  l’incubation  ^ 


2,02  La  Vie 

de  îa  grandeur  de  deux  lignes  ;  car  il  eft 
diiEcile  d’avoir  alTez  d’embryons  humains^ 
il  n’eft  pas  aifé  de  fçavoir  précifément  les 
époques  •  enfin  il  n’eft  pas  poffible  de  faire 
une  comparaifôn  entre  les  jours  dé  la  coû- 
ceprion  du  fétus ,  &  ceux  de  rinciibatidill 
un  poulet  de  trois  jours  efl  de  de  poli¬ 
ce,  c*eft-a-dire  qu’il  a  de  longueur  le  qua- 
tante-cinquieme  de  ce  qu’il  doit  avoir,  fi 
on  fuppofe  qu’une  poule  a  huit  pouces  dé 
long;  mais  un  fétus  humain  qül  âuroit  lé 
quarante-cinquieme  de  la/grahdeur  d’ua 
adulte,  aurqit  de  pouce,  &  parcon- 
iëquent  plus  d’un  demi  -  pouce  ;  il  feroit 
trop  avancé  pour  notre  objet.  C’eft  encore 
une  nouvelle  preuve  qu’un  poulet ,  au 
:troiiienie  jour  de  l’incubation,  équivaut 
peu -près  à  un  fétus  de  quarante  jours 
'pour  le  degré  de  diveloppemeot  ;  &  que 
viiigt-un  jours  dans  le  poulet  ,  équivalent 
a  trois  cent  cinq  dans  Thomme. 

Ainfi,  pour  nous  en  tenir  a  l’exemple 
jdu  poulet,  à  la  fin  du  cinquième  jour  tous 
fes  os  font  cachés  fous  la  forme  d’une  ge¬ 
lée;  les  uns  font  plus  parfaits  que  les  au¬ 
tres,  &■  ce  font  communément  les  vertè¬ 
bres  qui  font  le  plus  apparentés.' 
i  Le  tiiêmë  embryon  a  aufïi"  tous  fes  vaif- 
feaux,  quoiqu’on  ne  puifTe.en'voir  qu’un 


du  Têtus,  103 

très-petit  nombre  à  Toeü  nud  ;  mais  la  rai- 
fon  nous  dit  que  dès  ce  tems  il  a  pris  nour^ 
riture  ;  que  d’une  goutte  de  femence  qu’il 
étoic ,  il  a  pris  un  peu  plus  de  yolume ,  & 
que  la  matière  de  fon  accroilTemeiir  lui  a 
été  apportée  par  le  moyen  des  altérés  & 
par  la  force  du  cœur. 

Par  conféquent  les  veines  étoient  par-, 
faitemènt  formées. 

:  Ceux  des  vailTeaux  qui  fcnt  les  plus  par¬ 
faits,  font  ceux  qui  font  fur  les  vertèbres, 
ou  qui  font  renfermés  dans  la  poitrine  & 
le  bas-ventre  &  ceux  qui  font  dans  les  ex¬ 
trémités  ,  font  plus  imparfaits,  c’eit-à-dire 
plus  grêles  &  plus  courts.  . 

Quoiqu’on  ne  voie  point  de  nerfs ,  la 
groffeür  dela  tête,  le  volume  de  là  moelle 
de  i’épine ,  &  l’état  dans  lequel  eft  lé  fétus 
plus  avancé,  nous  font  juger  qu’il  y  en  a 
par-tout  où  il  y  en  a  dans  les  adultes  ;  oa 
voit  les  yeux  prefque  tout  formés ,  mais  ils 
font  fans  couleur. 

Les  tégumens  exiftent ,  dt  il  n’y  a  point 
d’obfervation  sûre  ,  que  le  cœur  ait  été 
fans  fon  péricarde  ;  ils  font  aulli  fins  que  la 
toile  d’araignée  ;  cependant  le  long  du  dos, 
on  fépàre  la  peau  du  tiifu  cellulaire  qui  eft 
defîbus  ;  il  n’y  a  point  encore  de  plumes 
dans  le  poulet  ni  de  duvet. 


204 

Dans  le  bas-ventre ,  la  même  gaine  con*^ 
tient  le  cordon,  ombilical  &  une  grande 
partie  des  vifceres. 

On  n’en  apperçoit  aucun  ‘  ce  n’eft  pas 
qu’ils  n’exiftent  pas  encore,  car  dès  la  fin 
du  quatrième  jour  ,  le  foie  eft  déjà  très- 
gros,  &  on  auroic  pu,  le  voir  ,  quoique  bien 
plus  petit ,  s’il  avoit  été  coloré. 

On  diftingue  aufli  les;  véficules  du  cer¬ 
veau  ,  mais  la  fubftance.  de  ce  vifcere  eft 
fluide. 

Le  cœur  efl  le  feul  des  mufcles  qui  foie 
parfait  &  irritable  ;  les  mufcles  exiftoient 
cependant  fous  une  forme  muqueufe;  on 
en  eft  convaincu ,  li  le  premier  jour  qu’on 
apperçoit  les  mufcles  dans  le  poulet ,  on 
fait  attention  a  ce  qu’ont  dû  être  les  mem¬ 
bres  auparavant  ;  oc  quand  on  n’apperçok 
encore  que  de  la  mucofité  ,  on  peut  lui 
faire  prendre  quelque  confiftance  avec  du 
vinaigre  ou  de  l’efprit  de  vin  ;  car  par 
ce  moyen ,  des  chairs  qui  étoient  tranf- 
pârentes  cefîeront  de  l’être.  Il  n’y  a  point 
alors  de  tendons ,  car  pendant  tout  le  tems 
(de  la  geftation ,  ils  font  mous,  épais,  pleins 
de  fucs,  ils  different  peu  de  la  chair  des 
mufcles,  &  ils  n’ont  ni  le  brillant  ni  la  du¬ 
reté  que  l’on  remarque  aux  tendons,  des 
adultes. 


% 


dû  Fctiis. 

Les  membres  commencent  k  être  vifi^ 
blés ,  mais  ils  font  peu  de  faillie  &  font 
tout  muqueux. 

Le  tilfu  cellulaire  eft  comme  une  mu^ 
coûté ,  &  prefque  comme  de  l’eau  j  c’eft 
pourquoi  ,  quand  l’animal  eft  plus  avancé  , 
les  vailTeaux  du  foie,  qui  alors  font  plus 
fermes,  font  fi  apparens  le  neuvième  jour, 
qu’on  croiroit  qu’ils  feroient  ifolés ,  &  qu’ils 
ne  feroient  attachés  enfemble  que  par  le 
moyen  d’une  matière  prefque  fluide  ;  on 
leur  donne  aufli  plus  de  confiftance,  par 
le  procédé  dont  nous  venons  de  parler; 
les  membranes  font  k-peu-près  de  même 
efpéce  ;  elles  font  cependant  un  peu  plus 
folides. 

C’eft  d’après  ce  que  j’ai  vu  que  je  dis 
eelay  &  par  conjecture ,  j’âjoure  qu’alors 
les  fibres  &  les  feuillets  du  tiflu  celîulairey 
dont  eft  compofé  le  corps  de  l’animal,  ont 
très-peu  de  principes  terreux,  &  qu’il  y  a 
entre  ces  principes  beaucoup  de  gluten  , 
qui  unit  les  fibres  &  les  feuillets. 

Nous  en  avons  un  exemple  dans  les  os , 
dont  le  milieu ,  qui  eft  la  partie  qui  fe  dur¬ 
cit  la  première,  eft  dans  le  commencement 
très-étroite,  &  fe  dilate  tout  de  fuite;  au 
lieu  que  dans  l’épiphyfe ,  qui  eft  fort  éloi¬ 
gnée  de  ce  centre,  il  commence  k  fe  for- 


lôë  La  Vit 

mer  un  autre  centre  offeux  ;  on  voit  dans 
les  os  du  crâne  quatre  à  cinq  points  d’offifi- 
cation ,  paroître  dans  le  gluten ,  qui  s’éten¬ 
dent  beaucoup  ,  &  ne  forment  qu’un  feul 
os,  par  l’augmentation  du  principe  terreux, 
&  la  diminution  de  la  partie  gîutineufe. 

Qn  voit  de  même  dans  la  fibre  mufcu- 
laire ,  dans  le  vailTeau  &  dans  la  membrane 
des  parties  terreufes ,  qui  font  comme  des 
îles  éloignées  les  unes  des  autres,  comme 
|)ardes  efpaces  glacés. 

Il  eft  queftion  à  préfent  de  faire  voir 
comment  l’embiy on  fort  de  l’état  que  nous 
Venons  de  décrire ,  &  comment  en  beau¬ 
coup  de  tems ,  &  par  l’adion  répétée  des 
caufes  formatrices ,  il  parvient  enfin  â  l’é¬ 
tat  de  fétus  parfait. 

M,  Bonnet  regarde  la  fibre  ,  en  tant 
qu’elle  appartient  à  la  nutrition ,  comme 
un  rézeauplus  lâche  dans  l’embryon ,  dans 
les  mailles  duquel  peut  fe  dépofer  le  fuc 
nourricier. 

§.  XI.  Caufes  du  mouvement  du  fang  dans 
Vembryon. 

L’air  paroît  être  la  principale  caufe  du 
mouvement  du  blanc  &  du  jaune  de  l’ceuf, 
puifque  l’œuf  efi:  féparé  de  la  poule;  dans 
l’homme ,  c’efi:  la  fondion  du  cœur  de  la 


du  Fétus,  2,07 

niere  ;  c’eft  lui  qui  fait  pafTer  le  fuc  nour¬ 
ricier  des  arteres  de  la  matrice  ,  dans  le 
placenta. 

La  force  d’ofcillation  des  vailTeaux  dont 
parle  ’Whytt,  a  moins  lieu  dans  Fembryon 
que  dans  l’adulte,  puifque  l’irritabilité  dont 
il  la  fait  dépendre  ,  n’eft  encore  fenfible 
que  dans  le  cœur. 

Et  il  eft  aflez  évident  qu’on  ne  doit  pas 
beaucoup  efpérer  de  cette  force  d’ofcilla- 
tion  ,  même  dans  l’adulte,  puifqu’on  ne 
peut  la  découvrir  avec  le  microfcope ,  dans 
la  crévalTe  d’un  petit  vailTeau  coupé. 

L’exemple  de  la  nutrition  des  végétaux 
pourroit  porter  k  croire  qu’il  y  a  une  certaine 
force  de  chaleur,  capable  de  donner  de  l’ex- 
panlion,  comme  iî  arrive  quelquefois  ,  que 
pendant  les  chaleurs  de  l’été,  le  poulet  a  plu¬ 
tôt  atteint  l’état  de  perfection ,  &  que  les 
fluides  du  corps  de  l’animal  ont  moins  de  vi¬ 
vacité  dans  le  froid;mais  nous  avons  fait  voir  " 
que  iesinfe<9:es  croilTentpromptement  fans 
chaleur  propre  ;  que  les  poiflons  vivent  & 
croilfenr  fans  la  chaleur  de  l’air  dans  la 
mer  boréale,  entre  des  Ifies  glaciales  ;  que 
par  conféqueiir  on  ne  peut  pas  beaucoup 
compter  far  la  chaleur  :  à  la  vérité,  il  y  a 
de  la  différence  par  rapport  aux /  œufs  cou¬ 
vés  ,  il  eff  certain  que  l’air  en  eit  la  puif- 


2oâ  Vh 

lance  motrice  ;  or-,  rélafticicé.de  rairs^àug* 
mente  parla  chaleur,  dans  un  endroit  closi 
il  falloir  une  caufe  motrice  particulière 
dans  l’animal ,  après  qu’il  eft  féparé  de  fa 
mere^  qui  pût  mettre  en  mouvement  le 
blanc  de  l’œuf  qui  eftvifqueux,  &  le  jaune 
qui  eft  grumeleux  ;  fi  les  infeftes  paroiflent 
avoir  befoimd’une  chaleur  extérieure  pour 
prendre  leur  accroiflement ,  on  peut  en 
attribuer  la  caufe  tant  à  la  vifcofité  de  leurs 
humeurs,  que  la  chaleur  de  l’air  rend  plus 
fluides ,  qu’à  ce  qu’ils  n’ont  point  de  cœur. 
Ou  qu’il  a  peu  de  force  •  leur  ftrufture  eft 
'  toute  autre,  elle  n’eft  point  vafculeufe. 

Une  fécondé  puilTance  végétative  eft 
une  efpece  de  fuccion  des  vaifteatix  capil¬ 
laires;  car  il  jfemble  que  c^eft  par  ce  feul 
moyen  que  leurs  racines  &  les  pores  abfor-» 
bans  peuvent  prendre  la  nourriture  ;  c’eft 
pareillement  par  ce  feul  moyen,  que  l’hom¬ 
me  paroit  attirer  par  les  vailfeaux  laâés, 
le  chyle  qui  lui  fert  de  nourriture  ;  on  fçait 
que  c’eft  par  le  moyen  dont  nous  venons 
de  parler ,  que  généralement  dans  la  na¬ 
ture  ,  les  fluides  s’incorporent  avec  les  fo- 
lides  ;  que  le?  fucs  qui  colorent  les  plan¬ 
tes  ,  &  qui  teignent  le  blanc  des  pétales , 
font  attirés  dans  les  tuyaux  capillaires  des 
plantes ,  fans  l’adion  d’un  cœur  ;  c’eft  auffi 

par 


du  Füü's.  2,09 

par  atrraâion'  que  les  humeurs  animales 
parviennent  aux  membranes  folides  •  je  l’ai 
obfervé»  . , 

Je  ne  nie  pas  l’exiftence  de  cette  puif- 
fance,  &  je  conviens  qu’elle  fait  parvenir 
le’  fuc  nourricier  dans  les  interftices  &  les 
vuides  qui  fe  trouvent  entre  les  élémens  ; 
mais  quand  je  penfe  -a  la  rapidité  avec  la¬ 
quelle  des  globules  fanguins  ifolés  ,  font 
mus  dans  les  petits  vaiffeaux,  &  combien 
ils  s’écartent  peu  de  leur  route  dans  des 
Yaiffeaux  un  peu  plus  gros ,  pour  être  atd-r- 
'  rés  vers  les  parois  de  ces  vailTeaUx  *  je  n’ofe 
attribuer  a  cette  puiirance  le ,  mouvement 
du:  fluide  d’un,  tuyau  capillaire.,  éloigné 
du  point  d’attradion.  Je  comprends  qu’un 
élément  folide  attire  la  molécule  de.  fluide 
qui  efl:  près  de  . lui  ;  que  cette  molécule  en 
attire  une  autre,  &  cèlle-ci' encore  Une  aun 
tre ,  de  que  ia  vîteire^diminue ,  en  raiCon 
de  la  diftanee  des  particules,  qui  font  atti¬ 
rées  ,  du  centre  de  l’attradion  ,  ç’eft-à-dire 
de  l’élément  folide.  Quand  les  rameaux  ca¬ 
pillaires  font  pleins ,  ils  n  Ont  point  d’air- 
tracfcion. 

Ainfi  ,  la  vraie  caufe  du  mouvement 
qui  fait  parvenir  le  fuc  nourricier  dans  les 
parties ,  eft  leOcœur  même  y  fi  fa  force  dir 
minue ,  l’accroiflement  du  poulet  languir^ 

Tome  IL  ^  O 


210  La 

les  vaifleaux  •  ombilicaux  fe  développent 
plus  lentement ,  au  lieu  d’être  rouges  ils 
font  pâles ,  &  un  fétus  de  quatre  jours  n’eft 
pas  plus  avancé  que  le  feroit  un  de  deux 
jours ,  dont  le  cœur  auroit  toute  fon  ac¬ 
tion;  fi  cette  force  eft  enlevée,  Taccroif- 
fement  cefîe  tout-à-coup ,  le  fétus  refté 
dans  l’état  où  il  étoit  au  moment  qu’elle  à 
Cefle ,  &  le  fuc  nourricier  qui  auroit  pro¬ 
duit  des  vailTeaux  dans  les  membranes, 
qui  auroit  donné  au  fétus  des  mufcles  & 
des  vifceres ,  fi  le  cœur  avoir  été  aülîi  ac¬ 
tif  qu’il  auroit  dû  l’être  ;  ce  fuc  fe  diflbut , 
&  n’eft  plus  qu’une  humeur  corrompue  & 
très-fétide ,  &  cependant  la  force  de  la  cha¬ 
leur  ,  de  l’air  &  de  l’attraétion  eft  reftée. 

Il  y  a  dans  le  cœur  du  fétus,  toute  la 
force  polîible  pour  procurer  l’accroifte- 
iîient. 

C’eft  pourquoi  il  eft  plus  gros  &  plus  ir¬ 
ritable  ,  &  fe  meut  avec  plus  de  vîtefîe. 

J’ai  trouvé  le  cœur  du  poulet  dans  l’œuf> 
à  la  fin  du  cinquième  jour  de  l’incubation, 
de  la  groffeur  de  1 2  centièmes  de  pouce, 
plus  gros  que  le  foie ,  qui  en  avoir  9,  &  que 
le  poumon  ,  qui  eft  de  beaucoup  plus  gros 
que  le  coeur  dans  l’adulte  ;  dans  les  pre¬ 
miers  jours ,  il  eft  de  la  groffeur  de  la 
tête  du  poulet.  Ceux  qui  ont  nié  depuis 


du  Vhm*  ait 

ptü  que  ïe  cœur  du  fétus  fut  fort  gros  ^  & 
qui  ont  dit  que  c’étoienr  feuiement  les 
oreillettes  qui  étoient  plus  grofles ,  de  fâ-^ 
qon  que  l’oreillette  ^droite  ï’étoit  plus  que 
tout  le  cœur  ,  n’ont  mis  en  parallèle  que 
t’oreillette  avec  le  ventricule  gauche, dans 
un  embiyon  tout  récent  ,  &  encore  ont- 
ils  un  peu  exagéré  ;  mais  ils  en  ont  cmai- 
îiement  trop  dit  à  l’égard  du  poulet  déjà 
éclos.  ^ 

Robinfon ,  qui  a  mis  en  parallèle  le  cœur 
d’uni  animal  adulte  avec  celui  du  fétus,  a> 
trouvé;  que  dans  un  veau  abortif ,  le  cœur 
étoit  à  la  totalité  du  corps ,  comme  a é 2.% 
à  ;  427488  j  de  daiis  la  vache  ,  comme 
24528  2^4^137^»  La  différence  efl:  donc 
comme  1 5  9  à  2^9;  Âinfi ,  le  cœur  dù  fétus 
eft  en  proportion  plus  grand  que  celui  de 
i’animàl  adùlte;  ainfL,  celui  du  fétus  eft  àt 
celui  de  l’animal  adulte  j  comme  2é  à  15  , 
c’eft~k*-dire  comme  5  à  3 ,  ou  dans  l’hom* 
me  ,  comme  3  k  2 ,  fuivant  le  même  Au  ' 
teur;  M.  Sauvage  a  eftimé  la  proportion  du 
cœur  du  fétus  k  celui  de  l’adulte ,  comme 
C  k  80.  Préfentement,  comme  le  cœur  d’un 
adulte  pefe  12  onces,  &  que  celui  du  fétus 
eft  k  1 2  onces  comme  é  k  80  ,  dans  cette 
fuppofition  ,  le  Cœur  du  fétus  fera  de  H , 
c’eft-à-dire  qu’il  pefèra  unpeu  moins  d’une 

Oij 


212  ^  Vît 

once.  Le  cœur  de  radulte  fera  la  2oo«. 
partie  du  poids  ■  de  tout  le;  corps  ,  &  ce¬ 
lui  du  fétülla  .quatre>;vmgtiemev  c^eït-à-' 
dire  qu^ilfera  en  araifcm  du  cœur  de  l’adulte 
comme  à  2j:'j  ; 

:  ‘Le,  gjdeur  du  poulet  au  bout  deiao heu¬ 
res^  efl  à  fon  corps  comme  -h  à  toutes 
cliofesvégales  d'àilieurs ,  ce  qui  n’eft  pas  * 
mais  çetçe  égalitéji  eft  pas  bien  néceffaire  ;■ 
le  cœur  d’un  homme  adulte  eft  à  fon  corps 
comme  j'aih’Soo.;  tous  ces  rapports  font 
flr,  cLeft-a  -  dire,  comme 
%  43  à  ,  (if  ;  ainlî ,  la  proportion  ;  entre  le 
cœur  du  poulet  &  fon  corps  ,  eft  en  raifon; 
quadruple,  de  celle  qu’il  y  a  entré  le  cœur 
d@;Lhéîîime  adulte  &  fon  corps.; 

;  .  Dhns  mon  expérience  y  le  cœur  >  du  fétus 
fera  ieâcore  plus  grand-  en  raifon  du  corps  p 
mais  il  eft  extrêmeméncirritablè  :^  c’eftfà^-i 
dire  qu’il  à  une*  force,  vertu  cohtràftilè  y 
6c  qU'  il  fe  met  très-facilement  en, qéü  ,; 
daiis.le.rems  quel’eftbmac,  les  inteftins,: 
6c;.mêmé:  tous  les  miifcles ,  fontinfenfibles 
a  tout  ÆO,  qui  devroit  les.;agacer.  h  ;  ■  = 

:  Il  fe  meut  aveorune  très  -  grande.  rapU. 
dité.,;  il;a  prefque- 1 4.0.  pulfationsidan&rurie'; 
minute.r-  :  ;■>  ...  ■  - .  ;  :  -i.:..,. 

,  Si  qn.eftime  à^  100  les  pulfations  dans  '; 
un  pifeau  •  adulte ,  'efFeftivemént  il  n’y  en  a 
.pas  beaucoup  moins ,  &  le  cœur  d’un  oi- 


du  Faits  2:1 -J 

£eaü  adulte  a  1  de  celui  du  fétus ü'  paf^‘ 
fera  dans  lé  même  tems  donné  760  partiés 
de  fang  dans  le  cœur  du  fétus  ,  &  200" 
dans  celui  de  Fadulte  j  e’eft-à-dirë  plus  de 
deux  tiers  de  moinSi 

Mais  il  en  paffe  encore  davantage  y  car 
dans  le  cœur  du  fétus ,  tout  le  fang  eft 
poulfépar  les  trois  racines  de  l’aorte;  il  en 
paffe  11  peu  dans  le  poumon  7  qu’on  peut 
le  regarder  comme  rien  ,  &  il  n  y  a  pas  la 
moindre  trace  de  ventricule  droin 

Ainfi ,  dans  un  jeune  embryon  de  poule, 
il  fortira  de.  l’aorte  prefque  fepü  fois  plus 
de  fang,  qui  ira  circuler  dans  tout lecOrps 
&  fes  dépendances,  qui  font  les  membrà-'’, 
nés;  &  je  le  répété,  c’eft  beaucoup  davam 
tage  que  dans  l’adulte  ;  car  c’eil  le  eœür 
d’un  fétus  à  terme  que  M.'  Boiffier  a  mis  en- 
parallèle  ;  &  il  en  paffe  bien  davantage  en 
proportion ,  dans  un  fétus  bien  moins  âgé. 

Dans  l’homme,  l’aorte  a  deux  racines; 
je  crois  que  tout  s’y  palTe  de  même.  • 
Ajoutez  à  cela  la  mollefTe  de  toutes  les 
parties  dans  le  fétus,  &  la  facilité  avec  la-  " 
quelle  le  gluten  dont  tout  fou  corps  eft 
Gompofé ,  cede  à  l’impulfion  ,  &  on  aura 
allez  de  raifon  pour  croire  que  le  cœur 
furmonte  dans  le  fétus  la  réliftance  des'  ar¬ 
tères,  comme  l’accroilTement  même  le  dé-^ 
O  iij 


214  La  Vie 

montré;  il  la  furmonte  même  dans  la- 
dulte ,  puifque  c^eft  par  lui  que  le  fang  eft 
poulTé,  &  qu^il  l’eft  fuivânt  Faxe  de  Far- 
tere ,  &  que  Fartere  s’étend  fuivant  la  per¬ 
pendiculaire  ;  mais  lorfque  la  concradion 
eft  égale  .à  Fextenfion ,  elle  n’^égale  que  la 
partie  de  forces  du  cœur  qui  augmente  Far¬ 
tere  dans  fa  longueur;  dans  le  fétus,  le  cœur 
la  furpafle  beaucoup  plus ,  car  il  eft  très- 
fort,  &  les  arteres  font  très-foibles. 

§.  X  1 1.  Caufcs  auxiliaires. 

J’attribue  au  cœur  feul  le  mouvement 
de  la  circulation  ;  mais  je  ne  lui  attribue, 
pas  celui  qui  fait  la  nutrition  du  fétus  ;  car 
je  la  regarde  plutôt  comme  FelFet  de  la  len¬ 
teur  du  gluten  nourricier ,  &  de  fa  force 
d’attradion. 

Il  eft  évident  que  la  nutrition  demande 
du  retard ,  &  qu’il  faut  que  les  petites  par¬ 
ties  alimentaires  s’uniftent  aux  parties  qui 
font  déjà  formées  dans  le  fétus. 

,  Ainfi,  la  vifeofité  à\i gluten  fait  que  les 
vaifîeaux  qui  ne  font  encore  que  mu- 
cîlagineux  ,  éprouvent  de  Fexpanfion 
&  ne  fe  rompent  pas  ;  je  me  repréfente 
les  bulles  de  fàvon  de  Fim  mortel  New¬ 
ton  ;  les  intervales  du  tifîu  cellulaire , 
font  comme  ces  véftcules  ;  &  les  vaif- 


,  du  Fétus.  21') 

féaux ,  quoiqu’ils  ne  foient  pas  fphériques  , 
peuvent  cependant  fe  dilater  dans  .  tout 
fens,  comme  il  arrive  dans  la  verge ,  pour¬ 
vu  que  le  fluide  par  fa  vifcofité,  ait  plus  de 
facilité  à  céder  près  du  cœur ,,  &  plus  de 
difficulté  dans  les  parties  qui  en  font  plus 
éloignées ,  ou  qu’une  partie  de  la  preffion. 
de  tout  le  fluide  fe  dirige  vers  les  cotés. 

Cette  même  preffion  fait  que  de  nou¬ 
veaux  principes  s’uniflent  plus  facilement 
aux  efpeces  de  noyaux  terreux  des  fibres 
de  l’embryon  ,  &  pareillement,  a  fa  p^ie: 
glutineufe,  &  s’incorporent  avec  ce  qu’il 
y  a  de  fait  de  l’embryon  ;  il  faut  donc  à 
caufe  de  cela  fuppofer  de  la  vifcofîté ,  cp* 
fans  cela  il  n’eft  pas  poffible  qu’il  y  ait  de 
nutrition  ;  les  animaux  ne  peuvent  vivre 
feulement  d’humeur  aqueufe  ;  &  fi  les  plan¬ 
tes  paroiffent  fe  nourrir  d’eau,  nous  fça- 
vons  que  l’eau  efl:  capable  de  prendre  de  la 
vifcofité  ;  on  la  voit  filamenteufe,  peu  de 
rems  après  avoir  été  puifée;  en  Allemagne 
les  eaux  le  deviennent  plus  promptement 
que  celles  de  notre  pays . 

Il  efl  donc  néceflaire  qu’il  y  ait  aâioa 
&  réaiflion ,  pour  produire  la  nourriture  & 
l’accroiffement;  c’efl  le  cœur  qui  produit 
faction,  &  la  réfiftance  qu’oppofe  le  fluide 
O  iv 


2ï6’  La  Vie 

à  caufe  de  fa  vifcofité,  fait  la  réaction  ; 
ce  fluide  fe  moule  aifément ,  &  ne  de¬ 
mande  qu’a  s’attacher. 

§.  X  1 1  C’eji  Vartere  qui  charie  U  fuc. 

La  première  &  la  plus  fimple  fondion 
du  cœur  ,  eft  d’envoyer  à  toutes  les  parties 
du  corps  de  l’animal ,  du  fan  g,  ou  u  ne  hu¬ 
meur  nourricière  ,  fi  elle  n’a  pas  encore 
acquis  la  couleur  rouge  ;  c’efipar  le  moyen' 
des  arteres  &  des  arreres  feules  que  cela  fe 
fait. 

Il  y  a  un  exemple  qui  le  prouve  :  un 
homme  eut  l’avant-bras  coupé ,  même  les 
os  ,  de  il  ne  refea  d’entier  que  l’artere  ra¬ 
diale  ;  toutes  les  parties  fe  réparèrent,  le. 
membre  recouvra  fa  chaleur  naturelle,  &  le 
pouls ,  &  tout  ce  qui  avoit  péri  du  bras  fut 
réparé  ;  c’eft  auffi  par  le  moyen  des  arteres 
que  la  partie  alimentaire  fe  dépofe  dans  le 
tifiii  cellulaire  ,qu’ elle  y  eftmue ,  &  quelle 
s’y  applique. 

■  Gar  il  tranfude  une  humeur  dans  ce  tiflii , 
p^r  les  pores  invifibles  des  parois  des.  arte¬ 
res;  fi  . ces  pores  étoknt  obliques ,  &  s’ils 
fortoient  des  arteres  en  maniéré  de  petits 
tuyaux  allongés ,  la  matière  qu’ils  renfer¬ 
ment  poiirroit.  être  poofîee  par  une  fuite 
de  l’adion  du  cœur ,  jufqu’à  un  certain 


du  Fétus.  217 

point ,  perdre  defon  mouvement,  de  pren¬ 
dre  la  figure  d’un  filet,  autant  que  fa  mol- 
lelTe  &  la  réfiftance  qu^ elle  rencontre ,  au- 
roient  diminué  le  mouvement  quelle  au- 
roit  reçu  du  cœur  ;  c’eft  de  cette  façon 
qu’on  peut  croire  que  fe  forment  les  fibres , 
&  que  le  tiffu  cellulaire  croît  en  long  ;  & 
c’eft  la  la  tranfudation  à  laquelle  on  a  at¬ 
tribué  la  nutrition.  ' 

§.  X I V.  Uartçre  allonge. 

Il  efl:  même  tout  fimplè  que  chaque  pul- 
fation  du  cœur  allonge  l’artere  ;  on  en  voit 
la  preuve  dans  l’animal  ^  vivant ,  dans  les 
plaies,  &  dans  les  ârteres  que  l’on  injecte,; 

Il  eft  évident  qu’une  artere  conique's’al- 
îonge , lôrfque le  fang,pàflantd’un  calibre 
plus  large  dans  un  plus  étroit ,  rencontré 
une  efpece  d’obftacle  à  fon  cours;  cela  ar¬ 
rive  auffi  dans  une  artère  cylindrique-,  & 
cela  eft  fur  -  tout  remarquable  dans  une 
qui  eft  bouchée ,  ou  à  laquelle  on  a  fait  une 
ligature  ;  il  en  eft  de  même  du  cœur ,  quî^ 
quand  il  eft  rempli ,  dévient  en  même  tems 
&  plus  large  &  plus  long,  fi  on  en  bouche 
la  bafe.  ; 

Ç’eft  pourquoi  plus  l’extrémité  d’ Une  ar¬ 
tere  éprouvera  de  réfiftance  ,  ou  de  la  parc 
des  os,  ou  par  quelque  matière  coagulée , 


21 8  Vit  y 

plus  elle  fera  courbée  ou  comprimée ,  & 
plus  il  eft  évident  qu^elle  s’allongera ,  car 
tous  ces  obftacles  font  le  même  effet  que 
Il  elle  étoit  plus  ou  moins  bouchée. 

Ainfî ,  une  artere  fîmple  &  libre  dans 
fon  extrémité ,  s’étendra  &  deviendra  plus 
longue ,  &  allongera  avec  elle  toutes  les 
parties  avec  lefqueiles  elle  a  des,  conné- 
xions  ;  c’eft-à-dire  le  tiffu  cellulaire ,  les 
mufcles ,  les  os  même  ,.  &  tout  le  membre  ; 
die  fe  raccourcira  à  la  vérité  dans  la  diaf-, 
tôle  qui  fuivra  immédiatement. 

Cependant  comme  nous  fuppofbns  que 
la  réfîftance  eft  moindre  que  la  force  d’im- 
pulfion,  l’artere  s’étendra  plus  qü’elle  ne 
pourra  fe  raccourcir,  elle  reftera  donc  plus 
longue  ;  on  peut  croire  que  c’eft  par  le 
même  méchanifme,  &  fîmplement  parce 
que  les  arteres  font  pouffées  en  avant ,  que 
fe  forment  ces  petits  prolongemens  de 
tuyaux  exhalans ,  &  ces  filets  artériels, 
qu’on  voit  à  la  furface  des  cavités,  &  les 
poils  ;  l’extrémité  conique  de  toutes  ces 
parties  ne  fouffre  aucune  preffion ,  &  n’a 
rien  de  continu  qui  ait  befoin  d’impulfton 
pour  être  pouffé  en  avant. 

Auffi  les  poils ,  les  cheveux  ,  les  ongles, 
pouffent-ils  très-promptement. 

C’eft  ce  qu’on  voit  plus  évidemment 


du  Titus.  219 

que  par-tout  ailleurs ,  dans  les  vaiffeux  de 
la  membrane  vafculeufe  qui  fe  forme  après 
l’enveloppe  du  jaune  d’œuf,  de  qu’on  a 
pris  pour  l’allantoïde  ;  les  arteres  de  cette 
membrane  font  un  réfeau  bouché ,  qui  fait 
une  efpece  de  fac  dont  l’extrémité  eft  ifo- 
lée  &  n’a  point  d’ ouverture. 

C’eft  pourquoi  j’ai  trouvé  cette  mem¬ 
brane  longue  de  de  pouce  au  bout  de 
142  heures*  au  bout  de  i6é  heures  elle 
avoir  -Hi  de  pouce,  &  au  bout  de  190 
heures  ;  dans  l’efpace  de  24  heures ,  les 
arteres  de  la  membrane  ombilicale  avoient 
plus  du  double  de  cette"  longueur ,  &  dans 
l’efpace  de  24  autres  heures ,  encore  plus 
du  double. 

Voilà  ce  qui  fe  paffe  à  l’égard  des  arte¬ 
res  qui  font  libres  ;  car  celles  qui  tiennent 
à  quelque  partie  du  corps  croiffent  bien 
plus  lentement,  parce  qu’elles  allongent  en 
même  tems  la  partie  à  laquelle  elles  font 
attachées  ;  on  en  voit  la  preuve  dans  les 
os ,  les  membres ,  &  enfin  dans  tout  le 
fétus  ;  car  les  os ,  meme  dans  le  commen¬ 
cement  de  l’incubatiqn ,  croifîent  dans  l’efi 
pace  de  24  heures  dans  l’ordre  fuivant ,  9 , 
lOï,  141,  17I,  2<3 ,  3é,  c’eft-à-dire  pas 
tout-à-fait  en  raifon  de  la  moitié;  j’ai  vu 
pareillement  que  l’accroiffement  du  fétus  3 


220  LaVîc 

depuis  le  commencement  du  fîxieme  jour, 
s^eft  fait  dans  l’ordre  fuivaiit ,  8^1  j  112  , 
1 3'3i ,  1 364 ,  1 88  ,  &  en  proportion  dans 
de  plus  courts  intervales. 

Cet  accroilTement  ne  fe  fait  que  parce 
que  l’artere  qui  étoit  courbée  &  pliée,  s’é-^ 
tend  en  ligne  dire(3:e,  &  par-là  donne  tout- 
à-coup  lieu  à  un  grand  accroilTement  en 
long;  c’eltauffi  ce  qui  produit  le  développe¬ 
ment  des  ailes  des  papillons,  qui  fe  fait  par 
l’abord  de  l  air  &;  du  duide  dans  les  vaif- 
feaux  nerveux  des  ailes. 

C’efl:  là  ce  qui  fe  palTe  dans  une  artere 
qui  eft  en  ligne  droite,  &  dont  l’extrémité 
efl; libre  ;  dans  une  artere  coudée ,  les  angles 
des  courbures  deviennent  plus  aigus,  parc© 
que  la  première  ligne  du  vaiiTeau  s’allonge 
plus  que  la  fécondé. 

Mais  auffi  les  canaux  en  croilTantjde 
droits ,  peuvent  devenir  coudés ,  li  quel¬ 
que  extrémité  d’artere  a  fait  réfiftance  ; 
je  penfe  que  p’eft  de  cette  façon  que  fe 
forme  de  pii  de  la  carotide  fous  le  crâne  ; 
en  partie  parce  que  le  fang ,  en  pénétrant 
à  travers  du  crâne ,  dans  la  fécondé  ligne 
du  tuyau  ,  éprouve,  un  choc  j  &  en  partie 
parce  que  l’angle  ofîeux  qui  fe  rencontre 
là ,  lui  fait  réfiifance. 


du  Fétus,  221 

^  §.  XV.  Uartçrc  Je  dilate,- 

Comme  il  n-y  a  point  d’artere  qiii  n’é- 
prdùve  une  prefîion  latérale ,  &  que  cette 
preffiori  augmente  pair  lès  replis  deCartére , 
par  lés  bbftacles  qui  fë  préfentént ,  &  par 
tout  ce  qui  eft  capaMé  de  eoïTiprimer, 2  fe 
fera  aüiîi  une  préffiqh  fur  les- àrtérés  de" 
V ènibryon  ,  &  cêtte  -prelîîori  poulTerà  le. 
fang  perperdiculairemënt  à  Taxe  Les^ar- 
teres  du  fétus  auront  auffi  des  puîlàtions  , 
comme  -  il  eft  aifé  '  de  le  voir  dans  celles 
qui  âvoifinept  le  cœur,  &  dans  les  arteres 
ombilicales  ,  f  a^'tere  ne  s’allongera  donc 
pas  feulement  i,  mais- elle  s’élargira  en  mê¬ 
me  tems  - 

Il  y  a  beaucoup  de  chofes  qui  dépen¬ 
dent  de  cette  prelïion  latérale  ^  c’eftpar  elle 
que  le  fuc  nourricier  eft  ferré  contre  les  pa¬ 
rois  de  l’arteie,  c’eft  elle  qui  force  Ce- fuc 
dê- s’échapper  parles  branches  latérales  éc 
par  le&  pores ,  pour  fe  répandre  dans  les 
petits  efpaces  voilins  5  de  qui  le  fait  péné¬ 
trer  xîans  la  profondeur  de  ces  petits  efpa¬ 
ces,  par-tout  où  dpeut  fe  faire  adhérence 

Mais  auffi  tout  ce  qui  eft  foumiaà  l’ac¬ 
tion  du  fang,  qüi  tend  vers  l’axe  de  l’ar- 
tere  ,  éprouve  compreffion  ;  la  parois  mê¬ 
me  dcl’ârtere  fera  ddùç  comprimée  y  W 


221  La  Vît 

fon  épaîlTeur  diminuera  même  du  trîpîe  ; 
les  particules  aqueufes  feront  broyées,  mais 
ce  qui  eft  glütineux  aura  fes  principes 
plus  rapprochés  &  plus  capables  de  s’unir, 
puifqu’ils  fe  toucheront  dans  une  plus 
grande  furface,  l’artere  en  deviendra  plus 
épailTe^  celles  qui  font  aux  environs  du 
cœur  éprouveront  ce  changement  très- 
promptement,  elles  deviendront  folides  & 
opaques,  tandis  que  dans  tout  le  refte  du 
petit  corps  elles  refteront  minces  comme 
des  veines  •  mais  on  pourroit  porter  cela , 
jufqu’au  point  de  croire  que  les  petits  vüi-, 
des  formés  entre  les  principes  à  demi  dé- 
funis  ,  s’élargilTent ,  &  prennent  la  forme 
d’un  enfoncement  conique,  dans  rendroif; 
qui  répond  k  la  cavité  de  l’artere  ,  &  où 
ks  principes  du  fang  ont  été  défunispar, 
fon  impétuofité  ;  que  le  fuc  nourricier 
adhéré  plus  facilement  dans  ces  petits  vui- 
des,  puifqu’étant  le  lieu  le  plus  éloigné  de 
l’axe  de  l’artere,  il  y  a  moins  de  mouve¬ 
ment  ;  &  qu’enlin  ce  fuc  y  eft  pouffé  par 
la  force  latérale,  comme  k  l’extrémité  du 
rayon  qui  part  de  la  perpendiculaire. 

Gene  fera  pas  feulement  la  parois  . de  l’ar¬ 
tere  qui  fera  comprimée,  mais  il  fè  formera; 
de  petits  creux  dans  le  tiffu  cellulaire  des 
environs  ,  la  partie  la  plus  fluide  abandon- 


du  Fétus,  223 

nera  îaplus  épailTe,  &fera  repompée  parles 
petites  veines  ;  &  ce  qui  fera  plus  épais,  fe 
rapprochera  de  même ,  s^unira ,  &  en  pre¬ 
nant  de  la  folidité ,  s’incorporera  avec  far- 
tere  ;  la  mucofité  formera  donc  le  tilïii 
cellulaire. 

Cette  même  force  agira  de  toutes  parts 
fur  la  fibre  mufculeufe ,  fur  les  membranes 
&  fur  les  os  ;  &  la  chair  molle  &  gélati- 
neiifé  de  l’embryon  prendra  peu-à-peu  de; 
la  confifiance.  ' 

Il  eft  fi  certain  que  les  parties  qui  àVoi- 
finent  l’artere  prennent  cette  cônfiftance , 
que  c’eft  aux  environs  du  cœur  de  l’em- 
bry  on  que  :  fe  forme  la  première  folidité  ^ 
&  que  le  fétus  étant  parfiLit  dans  fes  parties 
fupérieures  ,  a  les  parties  inférieures  (  oii 
les  afteres  font  moins  dilatées  )  toutes  géla- 
tineufes.  Berenger  n’a  pas  ignoré  cette  dif¬ 
férence.  - 

Enfin  ,  ;  la  puiflance  qui  poulîé;  le  fang 
fuivant  la  ligne  droite  de  rartere ,  &  fui- 
vant  fon  axe  ,  dcicelle  qui  l’éloigne  de  l’axé 
fuivant  la  perpendiculaire ,  dr^nent  lieu  à 
l’effort  que  fait  le  fang  pour  pafier  dans 
les  rameaux  qui  partent  des  cotés  des  artè¬ 
res  ;  cet  effort  produit  plufieurs  effets  ;  pre¬ 
mièrement  ,  le .  fang  pouffé  par  ces  deux 
puilfances  combinées,  pourra  parvenir  juf- 


114  ^  ^  Vu 

qu’à  des  parties ,  où  un  mouvement  plus 
foible  n  auroit  pas  pu  le  faire  pénétrer. 

■  C’eft  par-là  que  deviennent  rouges  les 
vailTeaux  du  fétus  qui  n’avoient  point  de 
couleur,  &  qui  ne  charioient  qu’un  fluide 
clair ,  ou  qui  n’avoient  pas  aflfez  de  globu¬ 
les  rouges  pour  donner  de  la  couleur;  j’ai 
vu  ce  changement  de  couleur  dans  les 
troncs  mêmes  des  arteres,  par  lefquelles  le 
fang  fe  détourne  en  augmentant  de  vîtefle 
dans  fon  mouvement. 

C’efl;  ainii  que  le  fétus  qui  étoit  d’une 
couleur  pâle  ,  devient  enfin  très  -  rouge  ; 
c’efl:  ainfi  queles  vifceres,  le  poumon,  le 
foie  même,  qui  étoient  comme  cachés  a 
caufe  de  leur  tranfparence,  deviennent  vi- 
fibles.  .  : 

C’éfl:  la  même  caufe  qui  étend  le  réfcau 
vàfculaire.  ‘  En'  penfant'  à  l’accroilTement 
fubit  de  la  membrane  que  mal-à-propos  on 
appelle  allantoïde  dans  les  qifeàux ,  j’ai  vu 
avant  le  troifieme  jour ,  que  cette  mem4 
brane  h’avoit  prefque  point  de  largeur,  & 
qu’elle  étoit  comme  un  cordon  grêle  ;  c’efl: 
pourquoi  le  tronc  artériel,  &;  les  rameaux 
qui  font  très -près:  de  ces  troncs  ont  du: 
être  pfefquêi  parallèles  ,  &  les.,  angles  que 
faifoient  les  rameaux  avec  les  troncs ,  très- 
aigus.  i 

Dès 


dü  Fétus.  21% 

Dès  que  lefang  a  pénétré  dans  ces  vaiC* 
féaux  J  auffi-tôt  les  branches  de  fartere  s’é¬ 
loignent  du  tronc,  &  dans  la  même  pro¬ 
portion  que  croît  toute  la  membrane ,  les 
■angles  que  font  les  branches  avec  les  troncs 
croiffent  auffi  ;  il  fe  forme  entre  les  bran¬ 
ches  qui  font  écartées  les  unes  des  autres , 
des  efpâces  blancs  ,  &  les  angles  devien¬ 
nent  plus  favorables  à  l’abord  du  fang , 
jufqu’à  ee  que  parvenus  à  quarante  -  cinq 
degrés  ,  ils  aient  alors  l’étendue  la  plus  pro¬ 
pre  à  iâiffer  pénétrer  le  fang  ;  c’eft  le  mê¬ 
me  méchanifme  dans  les  feuillès,  car  quand 
la  feuille  efl:  toute  petite ,  fes  fibres  font  ra- 
mafiees  en  un  faifceau,  elles  s’écartent  par 
la  fuite,  &  forment  entr’elles  de  grands 
angles  ;  c’efi:  de  même  auffi  dans  les  os,  car 
dans  le  premiér  tems  dè  l’embryon  ,  il  ne 
paroit  dans  l’os  qu’une  tache  rouge,  en- 
fuite  deux,  &  peu-'a-peu  î’artere  qui  feni- 
bloit  être  unique ,  efl;  une  continuité  circu¬ 
laire  de  plufieurs  arteres ,  &  enfin  d’un  très- 
grand  nombre.  Ç’efl;  k  cette  caufe  que  je 
rapporte  i’accroifiement  des  arteres  dans 
lés  tumeurs  ,  qui  de  très  -  petites  qu’elles 
;  étoient,  difiendent  les  membranes  de- 
;viennent  groffies ,  &  qu’on  ne  peur  pas  , 
quand  elles  ont  acquis  tant  de  volume  , 
.  extirper  fans  danger.  C’efl:  auffi  ce  qui 
Tome,  JL  '  P 


42,1^  La  Vie 

nrrivQ  k  la  matrice  pendant  la  grofleife  ; 
^  rexpànfion  des  ailes,  qui  dans  le  papil¬ 
lon  étoient  püees  ,  eft  encore  du  même 
genre. 

Ainli  ,  pendant  que  les  arteres  ,  les 
veines  qui  leur  font  continues  ,  &  le 
tiffu  cellulaire  s’étendent  en  long  &  en 
large  par  Fimpulfion  du  fangj  &  par  le 
mélange  du  gluten  nourricier  ,  il  fe  fait  , 
non  pas  k  la  vérité  une  vraie  nutrition  , 
niais  un  accroiiîèment  ;  à  chaque  pulfation 
tout  le  corps  devient  plus  large.  Ainli ,  les 
courbures  des  arteres  étant  moins  mar¬ 
quées  j  parce  que  la  force  du  cœur  rem¬ 
porte  fur  elles ,  rembryon  croît  dans  foïi 
entier,  fuivant  toutes  les  dimenlions*  dans 
Fefpace  de  deux  heures ,  les  viperes  croif- 
fent  du  double  par  l’effet  de  l’air  qu’elles 
ont  refpiré  ,  de  l’embonpoint  eff  le  genrfe 
d’accroiffement  le  plus  prompt. 

Mais  la  nutrition  eff  une  fuite  des  mê¬ 
mes  caufes. 

L’artere  étant  dilatée  de  toutes  parts , 
étant  allongée  &  élargie ,  peut  être  regar¬ 
dée  comme  un  réfeau ,  dont  lés  parties  fo¬ 
ndes  font  les  filets  ,  &  les  mailles  font  les 
pores  pleins  de  gluten ,  &  même  d’humeur 
aqueufe  ;  quand  ce  réfeau  acqüiert  plîls 
d’étendue,  les  mailles  qui  font  entre  lès  fi- 


du  Fétus.  Il  J 

îets  font  plus  grandes ,  c’eft-a-dire  qu’il  fe 
forme  des  vuides  qui  font  plus  grands  k  la 
face  interne  de  l’artere  ,  contre  laquelle 
rimpétüofité  du  fang  fait  effort,  &  quife 
rompt  toujours  la  première  dans  fanevriA 
me;  &  ces  vuides  font  plus  petits  à  la  face 
extérieure  de  î’artere ,  qui  eft  moins  dila-* 
tée. 

Le  gluten  qui  eft  charié  dans  les  arteres, 
eft  pouftë  dans  oes  vuides  par  une  mécha-^ 
nique  nécefraire ,  par  la  force  de  la  pression 
qui  fe  fait  félon  la  perpendiculaire  ;  ce 
gluten  remplit  tout  Ce  vuide ,  &  rien  dé 
plus ,  car  ce  qu’il  y  auroit  de  trop  feroit 
emporté  par  le  conrs  du  fang  ;  certaine¬ 
ment  ce  fuc  nourricier  pouffé  par  la  même 
prefîion  perpendiculaire  ,  &  trouvant  la 
moins  de  réfiftance-,  puifque  l’artere  y  eft 
plus  mince ,  y  pénétre ,  &  y  eft  en  repos  ^ 
puifque  lâ  place  eft  tranquille  &  hors  dii 
torrent  delà  circulation  ;  une  double  fôrCé 
&  la  preff  on  le  font  s’unir  aux  parois  qui 
bornent  l’efpace  où  il  eft  arrêté. 

Il  n’importe  de  quelle  figure  (bit  le 
vuide ,  car  le  gluten  fe  moule  facilement  k 
toutes  les  formés. 

La  nature  a  donc  voulu  que  là  même 
caufe  qui  définit  les  principes  ,  unifie 
&  confolide  îè's  parties  par  une  nouvelle 
P  ij 


2,2^  T^îè 

îTiatîere  qu’elle  fait  pénétrer  entr’elîes. 

La  compreffioii  de  l’artere  qui  fuccéde 
a  la  pulfation ,  peut  faire  fortir  l’humeur 
aqueufe  qui  éft  dans  la  -cavité ,  la  rendre  a 
•la  principale  branche  de  l’artere ,  &  épaif- 
fir  par  ce  moyen  le  gluten  qui  efl:  dans 
cette  cavité;  elle  peut  auffi  exprimer  ce 
qu’il  y  a  de  trop  de  gluten  au  refte  elle  ne 
peut  pas  empêcher  que  la  cavité  ne  fe  rem- 
plüfe  ;  car  fuivant  notre  hypothèfe  ,  la 
force  du  cœur  furpaffe  la  réfiftance  des  ar¬ 
tères  J  &  la  force  attrafeive  facilite  runion  ; 
îa  contradion  de  Fartere  efl:  plus  foible  à 
l’endroit  de  la  cavité ,  parce  que  la  partie 
folide  de  l’artere  y  efl:  moins  épailTe. 

Geci  ne  répugne  point  à  l’épaiflilTement 
de  l’arcere  dont  nous  avons  parlé-;  cet 
épaihilTement  fe  fait ,  parce  que  la  lame 
interne  de  l’artere  efe  prelTéé  contre  l’ex¬ 
terne,  &  cela  n’empêche  pas  que  puifque 
la  lame  interne  s’écarte ,  les  lames  inter¬ 
médiaires  n’aient  auffi  dés  intervalles  qui 
s’écartent ,  comme  je  viens  de  le  dire. 

§.  XVI.  Cette  méchant  que  fe  fait  dans 
tout  le  corps. 

Ce  double  genre  de  nutrition  &  d’ac- 
croiffiement  a  lieu  dans  tout  le  corps  , 
dans  tous  les  vailTeaux  grands  ôc  petits , 


du-  Fctus^  . 

dans  îe  tiffa  cellulaire ,  duquel  font  formées 
toutes  les  parties  du  corps  humain^  fi  ce 
n’efl:  peut-être  la  fibre  mufculaire ,  &  en¬ 
core  n’eft-il  pas  bien  certain  qu’on  doive 
l’en  excepter.  C’eft  la  force  d’adhéfion  qui 
eftplus  grande  dans  les  petites  parties  ,  ôc 
dans  les  grandes ,  celle  d’impulfîon. 

La  fibre  mufculaire  appartient  ,  pour  la 
plus  grande  partie  ,  au  tilïu  cellulaire  ;  car 
c’eft  lui  qui  rafiembïe  les  faifceaux  quî 
fa  compofenr,  êc  il  accompagne  fes;  plus 
perits  vaifieaux  *  s’il  y  a  dans  cette  fibre 
quelque  chofe  de  particulier  ,  qui  efi  dif¬ 
férent  de  ce  qu’on  appelle  proprement  le 
tilTu  cellulaire  ,  il  efi:  probable  que  'è’eft 
parce  qu’elle  reçoit  fa  nournture  de  Fhu- 
meurqui  s’exhale  des  vailTeâux  &  qui  s’y 
attache.  Ce  qu’a  de  particulier  la  pulpe 
médullaire ,  c’eft  que  -ce  Ibnr  des  fibres 
cellulaires  qui  l’unifient ,  &  que  c’efl:  dans 
les  interfiices  de  ce  tifiu  ,  qu’eft  reçu  le 
fuc  nourricier. 

■  Cependant  l’accroifiement  ne  le  fait  pas 
également  j  certaines  parties  qui  fe  déve¬ 
loppent  les  premières,  &  qui  avoient  déjà 
une  certaine  fermeté  ,  croifient  moins  en 
proportion,  que  d’autres  qui  étoient  peti¬ 
tes  &  muqueufes  ,  qui  prennent  touc-à- 
coup  un  certain  volume. 

piij 


La  tête  &  le  cœur  grandiiïent  d’abord 
dans  le  tems  que  le  bas -ventre  a  peu  de 
volume ,  &  que  les  membres  font  très- 
petits. 

Après  les  premiers  teins ,  les  membres 
s’étendent  conlidérablement  ;  du  feizieme 
jour  au  vingtième ,  la  çuifle  devient  dix  fois 
plus  longue ,  tandis  que  tout  |-le  fétus  n’a 
pas  k  peine  quatre  fois  plus  de  longueur  de 
la  tête  k  la  queue. 

Le  lixieme  jour  la  cuilTe  n’étoit  que-dë 
huit  5  &  le  vingtième  elle  efl  parvenue  k 
;  la  tête  &  le  col -ont  pris  peu  d’accroif- 
^ment  pendant  ce  tems. 

Lè  fétus  5  après  fa  naifîance ,  croît  dans 
les  mêmes  proportions  ;  car  la  tête  d’un 
enfant  prend  peu  d’accroiffement ,  tandis 
que  le  corps  approche  de  la  taille  d’un 
homme  adulte;  &:  cette  tête  qui  étoit 
peut-être  trois  fois  plus  groffe  que  le  corps  , 
ne  change  prefque  point  ,  tandis  que  le 
corps  &  les  extrémités  inférieures  çroiffent 
du  double  ;  le  ballin  augmente  auffi  pro- 
digieufement  après  la  naiffançe. 

Enfin  5  qu’il  me  foit  permis  de  répéter, 
que  les  oflelets  de  l’ouïe  font  prefque  de 
même  dans  le  fétus  k  terme  que  dans  l’a- 
^ 

Tout  ceci  prouve  que  l’accroifiement  f© 


du  Fétus.  231 

fait  en  raifon  du  moins  de  réfiflrance ,  & 
que  ks  parties  inférieures  du  corps  aug¬ 
mentent  ,  quand  les  fupérieures  font  plus 
folides ,  &  quelles  oppofeiit  plus  de  ré- 
fiftance  à  l’abord  du  fang. 

Enfin ,  n’eft-ce  pas  parce  que  les  caro-» 
tldes  qui  font  en  ligne  droite  reçoivent 
le  fang  plus  promptement ,  que  la  tête 
augmente  fi  précipitamment,  &  qu’elle  eft 
fi  promptement  dans  fon  état  de  perfec¬ 
tion.  ' 

§.  XVI I.  La  promptitude  de  Paccrozf- 
ment  du  Fétus, 

L’accroifiement  de  l’embryon ,  pris  en 
général  dans  lè  fein  de  fa  mere,  eft  pref- 
que  incroyable;  nous. ignorons  quelle  efi 
fa  première  grandeur  à  l’inftant  de  fa  for¬ 
mation  ;  il  eft  Certain  qu’il  eft  fi  petit , 
qu’on  ne  peut  l’appefcevoir  avec  les  meil¬ 
leurs  microfcopes  ;  &  de  cette  petiteftè  in-, 
finie ,  il  parvient  dans  l’efpaçe  de  neuf 
mois  au  poids  de  dix  eu  douze  livres. 

Pour  nous  rapprocher  de  cette  fpécula- 
rion ,  ayons  recours  au  poulet  dans  l’.qeuf  ; 
nous  ne  pourrons  cependant  pas  revenir 
non  plus  à  fa  première  grandeur  ;  dans  le 
moment  qu’on  met  l’œuf  à  l’incubation , 
P  iy 


2^2  '  La  Vit 

il  ne  peut  pas  être  plus  grand  que  de 
pouces ,  car  s’il  y  avoit  plus  ,  on  l’apper- 
cevroit:  ce  même  poulet,  au  bout  de  25 
jours ,  fort  de  l’œuf  ;  il  eft  alors  de  quatre 
pouces  de  long.  Il  eft  donc  au  premier 
inftant  de  fa  formation ,  comme  ^4  à  <34 
millions  J  ou  comme  un  à  un  million. 

Cet  accroiftement  fe  fait  dans  un  ordre 
ftngulier  ;  il  eft  très-rapide  dans  les  com- 
mencemens  de  l’incubation  ,  &  va  tou¬ 
jours  en  diminuant  de  vîtefle. 

J’ai  fait  voir  ailleurs  que  l’accroüTement 
du  premier  jour  étoit  d’un  à  91  f  ;  ce  que 
Swammerdam  appelle  ver ,  d’un  20e.  & 
un  30e.  de  grain,  dans  un  jour,  parvient 
à  fept  grains:  c’eft  donc  à  140  ou  a  210 
fois  plus  de  volume. 

Le  fécond  jour,  raccroüTement  du  pou¬ 
let  eft  d’un  à  4;  le  troifieme,  pas  tout-k- 
fait  d’un  a  4;  &  le  cinquième ,  moins  d’un 
à  3  ;  du  fixieme  jour  au  douzième,  l’ac- 
croiiTement  de  chaque  jour  n’eft  gueres 
que  de  2  à  3  ;  du  treizième  jour  au  ving¬ 
tième,  celui  de  chaque  jour  n’eft  prefque 
que  de  4  k  ^  ;  le  vingt-unieme  j  our,  comme 
^  3.6  :  delk  le  poulet  fort!  de  l’œuf,  dans 
les  quarante  premiers  jours,  ne  croît  cha¬ 
que  jour,  prefque  également,  que  comme 
20  k  2ï. 


du  Finis:  233 

Ainfî  la  crue  du  premier  jour  efl:  k  celle 
du  vingt -unième,  comme  ou 

comme  145  à  i. 

Or,  comme  toute  la  crue  d’une  poule 
jufqu’à  rétat  adulte  eftA  peu  près  comme 
deux  onces  (  quelquefois  même  le  petit 
poulet  pefe  davantage)  a  deux  livres  tout 
au  plus, ou  24  onces,  tout  l’accroilTement 
poftérieur  k  fa  fortie  de  l’œuf  eft  comme  i 
a  1 2  ;  c’eft-k-dire  qu’il  eft  k  l’accroiflement 
d’un  feul  jour  du  commencemèrit  de  l’in¬ 
cubation  comme  i  kyî. 

Si  on  fuppofe  un  petit  ver  d’un  cent- 
millieme  de  grain ,  &  que  de  cette  petitelTe 
il  parvienne  en  21  jours  k  9^0  ou  1000 
grains,  ce  qui  arrivera  fi  on  fait  couver 
l’œuf  tout  auffi-tôt  qu’il  a  été  fécondé, 
là  crue  de  21  jours  fera  d’un  k  100,  000, 
600  ;  &  par'  rapport  k  l’homme ,  en  pre¬ 
nant  .un  petit  ver  de  la  même  grandeur, 
&  le  comparant  k  un  fétus  k  terme  qui 
eft  k  peu  près  de  10^  onces  ou  <500000 
grains ,  l’accroüTement  de  toute  la  grof- 
fefîe  fera  d’un  a  <50,000 , 000 , 000  ;  & 
cela  ne  doit  pas  paroître incroyable,  puif- 
qué  dans  l’efpacé  de  18  jours,  une  graine 
de  citrouille  acquiert  83039  fois  plus  de 
volume  qu’elle  n’en  avoit;  &  qu’une  graine 
de  rave,  en  42  jours,  en  acquiert  GjiGoo  ; 


234 

&  je  ne  parle  que  de  la  graine  grofliere  ^ 
&  non  de  cette  poudre  invifîble  qüi  èft  la 
femencè  proprement  dire.  C^eft  k  peu  près 
avec  la  même  vitelTe  que  croit  le  poulet , 
dont  l’œuf  deviendroit  en  2 1  jours  33  800 
fois  plus  gros  qu’il  n’étoit  dans  le  prin¬ 
cipe  ;  car'c’eft  l’œuf  qui  eft  la  femence  ; 
ç’eft  cependant  la  chaleur  feule  qui  produit 
cet  accroiffement  dans  les  plantes ,  fans  le 
fecours  d’un  cœur.  Les  champignons  d’une 
graine  inviiible  qui  k  peine  pefè  un  cen¬ 
tième  de  grain ,  deviennent  en  trois  jours 
du  poids  de  dix  k  douze  onces. 

L’accroiiTement  dans  l’homme,  comme 
dans  l’œuf,  va  en  progreffion  décroilîante 
a  mefure  qu’il  avance.  Suppofons  que 
l’homme,  k  l’inftant  de  la  conception,  foit 
d’un  cent  millième  grain,  &  qu’un  fétus 
d’un  mois  foit  de  30  grains ,  il  aura  acquis 
dans  un  mois  trois  cent  mille  fois  plus  de 
jppids  qu’il  n’ayoit  dans  le  principe  ;  qu’un 
fétus  de  deux  mois  pefe  trois  onces,  il 
n’en  aura  acquis  que  48  fois  plus  qu’il 
n’en  avoir ,  ce  qui  fait  une  décroiirance 
prpdigieufe  ;  k  la  fin  du  neuvième  mois , 
il  ne  péfera  qu’environ  10^  onces  ;  ce  n’efi 
pas  quinze  fois  plus  par  mois.  Un  enfant 
de  trois  ans  a  k  peu  près  la  moitié  de  la 
grandeur  d’un  adulte.  En  prenant  donc  pour 


duFkus. 

îe  poids  d'un  adulte  1-50  livres  eu 
onces  ^  toutes  çhofes  égstles ,  l’enfant  de 
trois  ans  péfera  a- 81  onces  ,  ce  qui  eft 
moins  que  le  huitième  de  l’homme  adulte, 
ç’eft-à-dire  qu’il  péfera  par  eomparaifoii 
avec  fa  péfanteur,  au  tems  de  fa  nailfance, 
comme  10 >5  à  a-Si ,  environ  comme  5  à 
14  ;  enfuite,  des  22  années  fuivantes,  il 
acquiérera  la  péfanteur  de  2  2 '50,  &  il  eu 
aura  huit-  fois  plus  qu’il  n’en  avoit  à  cette 
époque.  L’accrpilTeruent  de  l’homme  fera 
donc  dans  le  premier  mois ,  comme  un  à 
300000;  dans  le  fécond,  comme  un 'a  48  ; 
dç  dans  chacun  des  autres  mois,  comme 
un  à  1'^.  Il  fera  dans  les  trois  premières 
aimées  de  la  vie  partagées  également  , 
comme  1^4  à  281  ;  &  dans  les  22  années , 
fuivantes,  comme  281  à  384;  de  l’accroiP 
fement  du  premier  mois  à  celui  du  der¬ 
nier,  fera  comme  300000  à  ^  ou  13^ , 
800000  à  28  ;  ou  488^717  à  un  ;  &  tout 
l’acerpiffement  de  l’homme  eft  comme 
1 08 ,  000 ,  OQQ ,  000  à  un. 

Et  la  caufe  en  eft  évidente. 

Pareillement  le  cœur  eft  plus  gros  dans 
le  premier  tems ,  en  proportion  du  fétus  * 
car  il  ell  développé  le  premier,  &  prend 
enfuite  moins  d’accroilTement. 

Et  il  y  a  apparence  que  fon  irritabilité 


2^^  La  Viô 

qui  eft  extrême  dans  les  premiers  inftans 

de  la  formatioh  du  poulet ,  diminue. 

Maintenant ,  fi  tout  le  fyftême  nerveux: 
d’un  enfant  nouveau-né  ,  efl  en  raifon  do 
la  moëlle  de  l’épine  ou  du  volume  de  la 
tête ,  comme  il  eftraifonnable  de  lé  croire  y 
il  fera  huit  ou  neuf  fois  plus  grand  que  dans 
FadultCy  c’eft-a-dire  qu’il  fera  en  raifon  do 
celui  de  l’adulte  comme  21(3  a  27  ou  com¬ 
me  9  kl  :  c’ eft  pour  cela  que  lefentimenteft 
plus  vif  dans  le  fétus,  même  dans  les  en* 
fens  ;  le  bruit  les  effraie  facilement ,  &les- 
fait  tomber  en  convulfions  ;  levin ,  parfon 
acrimonie ,  les  étourdit  ;  la  moindre  chofe 
les  , fait  pleurer  &  crier;  le  mouvement  du 
cœur  eft  plus  vif;  enfin  la  morfure  d’uno 
puce,  qui  ne  fait  qu’une  légère  impreffion 
fur  la  peau  d’un  adulte ,  excite  une  tumeur 
dans  un  enfant. 

Quoiqu’il  n’y  ait  point  d’expérience- 
qui  prouve  que  l’irritation  méchaniquo 
des  nerfs  de  la  huitième  paire  &  de  fiiiter- 
coftale  caufe  du  trouble  dans  le  cœur; 
quoique  des  auteurs  célébrés  prétendent 
que  le  cœur  eft  infenfible  ;  ^cependant  il 
eft  évident ,  même  par  l’effet  que  produi- 
fent  les  affeÆions  de  l’ame ,  que  i’aftidii 
des  nerfs  augmente ,  diminue  &  fupprime- 
le  mouvement  du  cœur. 


du  Fétus,  2,37 

Âinfi  ,  fi  le  cœur  de  l’enfant  eft  d’un 
fentiment  plus  vif,  une  petite  quantité  de 
fang  excitera  encore  plus  promptement  en 
lui  une  entière  contraction  ,  &  qui  fera 
plus  forte  en  raifon  de  fa  plus  grande  irrita^ 
bilité. 

Les  expériences  que  j’ai  faites  fur  le 
cœur  du  poulet  font  d’accord  avec  cette 
théorie.  J’ai  vu  que  fes  pulfations  étoient 
plus  vives,  qu’il  s’irritoit  très-facilemenr; 
que  la  chaleur  feule  ou  d’autres  caufes 
rappelloient  aifément  foh  mouvement  ; 
qu’ enfin  il  ne  le  perdoit  pas  dans  l’eau, 
froide  ,  puifque.  je  l’y  ai  vu  fe  mouvoir 
pendant  24  heures.  Les  arteres  du  fétus 
battent  donc,  plus  fouvent  &  plus  forte¬ 
ment  dans  le  même  efpace  de  tems  que 
dans  l’adulte. 

Encore  une  autre  caufe  de  ce  que,  l’ac- 
croiflement  feiait  plus  facilement  dans  le 
fétus,  c’eft  que  fes  vaiffeaux  font  en  plus 
grand  nombre. 

Cette  opinion  n’efi  pas  celle  de  quel¬ 
ques  modernes ,  qui  veulent  qu’il  manque 
au  fétus  beaucoup  de  vaiffeaux  ,  qui  naif- 
fent  après  peu  à  peu  ;  principalement  dès 
vaiffeaux  fécrétoires  ,  &  des  filets  tomen- 
teux  qu’ils  penfent  fe  former  de  nouveau. 
J’ai  répondu  ailleurs  k  ceci  ;  en  générai 


23B  LaPu 

tout,  cela  revient  k  ce  qu’il  j  a  dans  Ta- 
duke  des  vaiffeaux  qui  ne  font  pas  èn- 
core  apparens  dans  le  fétus  ,  c’ell-à-dire 
qu’il  n’y  palfe  pas  encore  affez  de  fang 
pour  leur  donner  la  couleur  qui  ell  né- 
celfaire  pour  les  rendre  apparens. 

Au  refte  on  peut  même  le  prouver  par 
expérience. 

Les  vifceres  du  fétus  font ,  èn  propor¬ 
tion  de  fon  corps,  plus  grands  ,  plus  rou¬ 
ges  &  plus  fanguins.  Dans  l’enfant  nou- 
veau^né  toutes  les  glandes  font  gonflées;, 
la  peau  eft  rouge  dans  toute  l’habitude  de 
fan  corps,  même  dans  la  meilleure fanté;, 
de  même  que  les  vifceres  ^  la  cornée ,  quel¬ 
quefois  même  la  rétine ,  &  enfin  il  a  en 
général  plus  de  fang. 

Ruyfch  affure  qu’on  peut  remplir  en¬ 
tièrement  d’injeftion  les  os  d’un  jeune 
fujet;  que  par  ce  moyen  on  les  rend  tout 
rouges ,  ainfi  que  la  moelle ,  &  que  cette 
injeétion  ne  réuffit  jamais  dans  l’adulte  ; 
&  Ruyfch  eft  afîurément  celui  qui  a  voit 
le  plus  d’expérience  en  ce  genre  ;  ainfi , 
comme  il  étoit  très curieux  d’un  fuccès 
brillant  dans  fes  expériences,  il  avoit  cou¬ 
tume  de  ne  prendre  que  de  jeunes  fujets 
dans  les  hommes  &  dans  les  animaux  , 
toutes  les  fois  qu’il  avoit  deffein  de;  rem- 


du  Fétus.  239 

plir  exaâiement  les  vailTeaux.  J’ai  moi»- 
même  éprouvé  fouvent,  en  injedant,  qui! 
y  avoir  un  nombre  prodigieux  de  vaif* 
feâüx  dans  les  intervalles  des  fibres  olTeu»- 
fes  du  crâne  &  des  autres  os  ;  &  que  dans 
les  yeux ,  dans  la  moelle  de  Fépine  ,  & 
par-tbut  où  il  y  a  des  vaiffeaux  très-fins , 
l’injeâ:ion  pénétré  mieux  &  eft  bien  plus 
belle  dans  les  jeunes  fujets.  Il  eft  prefqué 
ordinaire  dans  le  fétus  -,  que  les  vaiifeàux  fè 
rempîiîTent  de  fang  rouge  fpontanément , 
&  qü’ii  n’eft  pas  fort  aifé  de  les  vüider. 

Car  au  refte  lion  veut  fuivre  de  f  teil 
i’aorte  -du  fétus  &  celle  de  l’adulte, 
quoique  les  vaiffeaux  foient  fort  petits 
dans  le  fétus  de  grands  dans  l’udulte ,  ce¬ 
pendant  on  trouvera  qu’ils  font  en  bien 
plus  grand  nombre  dans  le  fétus  que  dans 
l’adulte  ,  &  on  trouvera  même  fou  vent 
cette  artere  rouge  dans  le  fétus.  Si  on  in^ 
jeciè  le  périofte ,  on  voit  fe  former  des 
réféaux,  tandis  qü’il  n’y  a  que  très  -  peu 
de  vaifïeaux  dans  cette  mèmbriné- dans 
un  adulte,  de  qu’on  les  appèreoit  diffici¬ 
lement. 

Joint  à  cela  qu’on  nè  peut  pas  dire  qu’il 
fe  forme  de  nouveaux  vaiffeaux ,  il  y  a  au 
contraire  beaucoup  de  vaiffeaux  dans  îè 
fétus  qui  difparoiffent  évidemment,  dé 
quelques-uns  même  qui  font  confidéra- 


2,40  P^ic 

blés,  comme  les  vailTeaux  ombilicaux j  ét 
d’autres  canaux  qui  lui  font  particuliers  : 
il  y  en  a  auffi  d’autres  petits  qui  font  en 
tr&-grand  nombre  ;  on  voit  une  quantité 
prodigieufe  de  vailTeaux  ,  principalement 
dans  les  os  du  poulet  &  dans  le  crâne  hu¬ 
main,  &  on  peut  en  fuivre  le  trajet  entre 
les  fibres  &  les  lames  ofTeufes.  Il  ne  reftè 
pas,  la  moindre  trace  de  tous  ces  vaifTeaux 
dans  l’adulte,  car  ce  ne  font  que  dés  filions, 
dans  les  jeunes  fujets ,  &  dans  l’adulte  le , 
fuc  les  remplit ,  &  il  efface  les  intervalles 
des  lames  ofTeufes  &  des  fibres.  Il  y  a 
beaucoup  de  vaifTeaux  à  la  fontanelle  qui 
difparoiffent  avant  Tadolefcence  :  il  y  en 
a  de  même  dans  les  follicules  des  dents. 

J’ai  fait  voir  dans  la  fubftance  des  car¬ 
tilages  du  poulet  une  infinité  de  vaifTeaux 
pleins  d’un  fang  rouge ,  queperfonne  ,  a 
ce  que  je  crois,  n’avoit  fait  voir  avant 
moi;  &  j’ai  tellement  rempli  d’injeâiion 
les  croûtes  cartilagineufes  de  la  rotule  de 
des  épyphifes  du  fémur ,  &  quelquefois 
de  celles  du  tibia,  même  fans  beaucoup 
de  difficulté  ,  que  ces  cartilages  '  reffem- 
bloient  à  des  fuccins  tranfparens  par  le  nom¬ 
bre  de  vaifTeaux  rouges  qu’on  voyoit  répan¬ 
dus  dans  leur  fubftance  ;  on  ne  peut  pas 
réuffir  de  même  dans  les  adultes. 

: . ; .  Ainfi 


du  Fétus.  ,  241 

Âinfi,  puifqu’il  ne  fe  forme  point  de 
nouveaux  vaiffeaux 5  qu’il  s’en  efface  beau¬ 
coup  de  ceux  qui  étoient  formés,  il  fuit 
qu’il  y  a  plus  de  vaiffeaux  dans  le  fétus 
que  dans  l’adulte. 

Ils  font  même  plus  gros  en  proportion 
des  mufcles  &  des  os,  comme  le  cœur  eft 
plus  gros  •  &  enfin  ils  font  beaucoup  plus 
lâches. 

Ils  tranfmettent  aifément  au  fétus  le 
fluide  qui  lui  eft  envoyé  ,  &  ce  même 
fluide  tranfude  facilement,"  même  quel¬ 
quefois  trop ,  des  arteres  dans  la  cavité 
des  inteftins  ,  dans  le  tiffu  cellulaire  , 
dans  les  grandes  cavités  ,  à; travers Ja 
jpeau ,  ce  qui  eft  très  -  rare  dans  l’adulte. 
Enfin  comme  l’humeur  qui  fe  trouve  dans 
les  grandes  capacités  du  fétus  .eft  rouffeâ- 
tre,  &  qu’elle  eft  fans  couleur  dans  l’a¬ 
dulte  ,  il  faut  que  les  pores  du  fétus,  k 
travers  lefquels  tranfude  ce  fluide,  foient 
plus  larges.  On  voit  de  même  le  dedans 
de  la  main  humide  dans  les  .enfans,  dt  il 
eft  fëc  dans  l’adulte. 

Terforihe  ne  peut  douter  que  tous  les 
vaiffeaux  ne. foient  plus  tendres  &  plus  ex-* 
tenfibles  dans  le  fétus  que  dans  l’adulte,  en 
raifon  de  l’action  du  cœur  ;  ' j’ai' vu  bien 
exaêtement  que  dès  le  premier  inftanc 
Tome  IL  Q 


1^2 

qu^on  peut  voir  le  cœur  du  poulet ,  iî  eft 
fort  &  capable  d’un  grand  mouvement ,  & 
qu’ai  ors  il  efî:  difficile  de  faire  celTer  foii 
mouvement  ;  &  dans  ce  même  temps  les  ar¬ 
tères,  même  celles  qui  avoffinêntiè  cœur  ' 
font  fines  &  tranfparentes,  &  n’ont  point 
de  confifiance  :  peu -a-peü  l’aorte  devient 
blanche  &  folide  du  côté  qu’elle  eft  près 
du  cœur,  car  dans  le  refie  de  fon  trajéfe 
elle  efi  auffi  délicate  qu’une  veine.  .  ' 

Ainfi  dans  le  fétus  tout  eft(  réuni  pout 
fendre  dans  un  efpace  de  teqips  donné; 
i’accroifièmént  plus  confîdérable  ;  le  cœur 
eft  plus  gros,  plus  vigoureux,  plus  irrita¬ 
ble,  &  fes  pulfations  font  plus  fréquentes: 
les  àrterés  font  en  plus  grand  nombre , 
par  conféquent  il  y  a  plus  de  voies  pour 
taire,  pafîer  le  fuc  nourricier  dans  tous  les 
points  du  corps  de  ranimai  y  elles  font 
plus  groftes ,  de  façon  que  leur  dilatation 
.eft  grande,  elles  font  effort  fur  les  parties 
ambientes  ,  &  elles  ont  une  tendance  a 
s’allonger  ;  enfin  elles  font  plus  lâches  êè 
plus  délicates,  par-lk  elles  fe  prêtent  plus 
facilement  à  l’abord  du .  fang  qui  doit  les 
pénétrer,  de  par-lk  auffi  dans  le  temps  de 
la'  fyftqle ,  il  y  a  moins  dé  retard  au  prcr 
grès  de  racerôiiremenr. 


du  \Eétus-,  243 

g.  X¥IîI.  L'a  cmfiguraûmv  •  . 

Mon  grand  foin  dans  Touvrage  diffiçire 
que  j’ai  entrepris  ,  eê:  d’éviter  d’enpiiyèr 
le  Leébenr  par  des  redites  ;  j-aprois  dû  dire, 
dans  f hiiloire  dn  développement*  pe  qne 
je  vais  dire  aéliuelienienE  ,  mais<  ppnn  ne 
pas  répéter  la  niêpiç  clîqfe  4  je  f  ai^tranf^. 
porté  ici.  ,  .  .  -  -  ‘ 

Il  ne  s’agit  point , de  i’acçroiÛK?pnîî  dû 
fétus,  mais  de  la  Gon%.L^ti.Qilde^gran-^. 
des  parties,  des  vi|eer.es3,  ÿs  Qs  , /  des 
çîes  ;  il  s’agit  aù^  des  xaufes.méçlianiqnea^ 
qui  font  prendre  la  Égaré  Éumaiae  à  un 
embryon  5  qui  dans  fou  principe  n’é.toit- 
qn’un  petit  ver  à  gri^Çe.  tête,  ^  ^  . 

Il  y  a  pluÉeurs.  eawfe  qpi  ecmeourrent 
à  produire-  ce  chàngÿient  ;  j’en,  m  cité 
quelques-unes  ,  .&  je  vais  ep  propofer.,d^au“ 
tres  dontperfonne  iia  parlé  ;  je  penle  qu’il 
y  en  a  d’oçcuites ,  dt  il  ^.  en  a  d’autos  qu’il, 
ferok  trop  long  de  rapporter.  ;  ; 

Pour  mettre  quelque  ordre  dans  ee  que, 
nous  allons  dire  ,  nous  rapporterons  toutes 
/çes  caufes  à  l’expanfion  ,  4  l’attraction,  à 
la  preffion,  enfin  anx  cfiangemens ,  quՎ 
prouvent  les  fluides;  . 

La  principale  caufe  de  l’expanfion  efi,. 
comme  nous  l’avons  dit,  le  fluide  que  le 

. Qij  ' 


5^44  La  Vie  ' 

cœur  envoyé  aux  parties  par  îe  moyen  des 
arteres  ;  c’efl:  à  çette  caufe  que  nous  rap¬ 
portons  rextenfion  que  nous  avons  déjà 
expliquée  de  la  membrane  vafculeufe  èdu 
fétus,  qui  n’étant  d’abord  qu’une  poche 
extrêmement  petite ,  devient  l’enveloppe 
de  tout,  l’œuf  ;  raccroilTement  journalier 
de  la  jfigure  veincüfi ,  par  le  moyen  duquel 
elle  s’étend  de  plus  en  plus  vers  la  pointe 
de  l’œuf-;  rimpuifion  des  parties  fluides 
colorées  &  terreufes,  d’oïl  s’enfuit  l’ofS#'^' 
cation  qu’il  faudra  expliquer  plus  ample¬ 
ment  ;  le  développément  des  membres 
qui  étcient  cachés  &  comme  repliés  fous 
la  peau,  &  leur  ailongemenr  ;  la  formation 
des  os  dont  nous  parlerons  dans  i’inflant , 
delà  folidité  du  tiffu  Cellulaire.  ' 

Mais  fans  parier  de  l’air  dt^de  la  chaleur, 
il, y  a  encore  d’autres  caufes  d’expaiiliôn. 

Ainfi  les  parties  miolles  ,  foit  qu’elles 
foienc  grandes,  foit  qu’elles  foient  petites,, 
font  étendues  par  le  Euide  qui  vient  s’y- 
dépofer. 

L’eflomac  &  les  inteftins  prennent  de 
l’expanfion  ;  l’eftomac  efl:  petit  quand  on 
mange  peu  ,  il  s’étend  &  devient  très- 
grand  quand  on  prend  beaucoup  de  nour-^' 
riture ,  ou  que  l’air  le  diftend. 

C’ejft  ainfi.  que  la  matrice  efl:  diftendue 


du  'Fétus.  24^ 

dans  la  groiTeiTe  par  le  fétus  &  par  le  fang 
qui  y  abonde  (i) ,  que  la  verge  augmente 
de  volume  par  la  fréquence  de  l’acte  véné¬ 
rien,  &  qu’elle  diminue  dans  la  continence  ; 
êc  que  dans  l’embryon  la  véficule  du  fiel 
eftvuide  &  fort  petite,  &  qu’elle  s’allonge 
dans  l’adulte. 

C’eft  ainfi  que  l’amas  de  fubftance  adi- 
peufe  dans  le  tilTu  cellulaire  donne  de  l’em^ 
bonpoint  j  que  cet  amas  fait  gonfler  les 
mamelles  des  femmes  ;  que  l’air  dilate  le 
poumon  qui  étoit  très-petit  ;  que  le  criftal- 
lin,  en  s’épanchant  dans  les  cellules,  feic 
probablement  étendre  le  corps  vitré ,  je 
dis  probablement,  car  je  n’ai  jamais  vu  le 
corps  vitré  autrement  que  dans  l’état  d’ex- 
pânfion.  G’efl:  ainfi  que  les  yeux  s’éten¬ 
dent  en  long,  ce  qui  rend  myope,  ce  qui 
vient  aufli  d’avoir  la  tête  trop  fouvent  baif- 
fée  j  c’eft  ainfi  que  la  vefîie  de  cylindrique 


(i)  Il  ne  faut  pas  prendre  à  la  lettre  ce  que  dit  ici 
l’Auteur  j  car  ce  n’eft  aflurément  pas  le  fétus  qui  dilate 
la  matrice  pendant  la  grolTeirej  ce  n’eft  pas  non  plus 
le  fang  qui  vient  à  la  matrice  qui  produit  fa  dilatation, 
mais  c’eft  l’abord  continuel  du  fiaide  dans  lequel  nage  le 
fétus  ,  qui  en  augmentant  toujours  en  quantité ,  force  les 
parois  de  la  matrice  à  s’écarter  ;  quelle  que  foit  la  caufc 
de  cette  dilatation ,  la  parité  qu’établit  l’Auteur ,  n’e» 
cft  pas  moins  jufte. 

Qiîj 


âel^ient  conique  ,  <Sc  s’élargit  par  le  bas- 
fond  ,  ce  qui  ef):  fut  -  tout  très-ordinaire 
dans  les  femmes- 

Enfin  quand  Uiié  cbryfalîdé  fe  changé 
ên  papillon ,  quand  il  fort  un  j3erit  animal 
volant  d’une /<3:rve  fans  mouvement,  &  qui 
parok  inanimée ,  ce  grand  changement  fè 
fait  par  la  vertu  expanfive  de  l’air,  qui 
allonge  les  vailTeaux  des  ailes  qui  font  re¬ 
pliées,;  &  qui  développe  les  ailes  ;  Fair 
elt  H  fort  ,  ài  a  tant  de  célérité ,  qu’il 
forme  un  ern.phyfême  dès  l’inPcant  que  les 
vaifîeaux  qui  le  contenoient  font  rompus. 

Les  changemens  qui  arrivent  au  cœur 
tiennent  auffi  en  partie  de  l’expanlion  ; 
dans  le  premier  temps,  le  poulet  &  le  qua¬ 
drupède  aufîi  fans  doute ,  n’-ont  qu’un 
ventricule  au  cœur  ,  qui  p’âroit  donner 
naiffance  à  i’aorte;  ou  plutôt  il  n’en  paroît 
qu’un ,  parce  que  le  droit  eft  fi  petit,  qu’on 
ne  peut  l’appercevoir  ,  &  le  fang  palTe 
avec  tant  de  facilité  de  la  veine  cave  dans 
l’oreillette  gauche,  qu’il  ne  rouchê  pref- 
que  pas  au  ventricule  droit,  c’eïl  ce  qui 
fait  croire  qu’il  n’y  a  qu’une^  oreillette. 

Mais  cohinie  le  canal  de  l’oreillette  ëft 
caché  dans  les  fibres  du  cœur,  &  que  la 
longueur  de  l’oreillette  droite  efl:  par -là 
diminuée  tout-k-coup ,  l’ouvertute  du  trôü 


du  Fétus. 

ovale  fe  rétrécit  peu-a-peu ,  &  il  paffe  par 
ce  trou  moins  de  fang  venant  de  la  veine 
Cave. 

Ceft  pourquoi  comme  il  fe  perd  par  le 
frou  ovale  une  moindre  quantité  de  fang 
qui  vient  de,  la  veine  cave  ,,  il  en  arrivé 
davantage  dans  le  ventricule  droit ,  & 
cette  quantité  le  dilate  ,  d eft  ce  qui  fait 
qifau  bout  de  heures ,  on  commence 
à  i’appercevoir ,  il  efl:  tout  foriné  au 
bout  de  io8  heures.  - 

Il  fuit  auffi  de -la  que  l’artere  pulmo^ 
naire  reçoit  plus  de  fang,  ainlî  que  le  pou¬ 
mon,  püifqu’au  bout  de  178  heures  ,  il  eft 
encore  très-petit,  &  n’a  prefque  que  -jÇ®- 
de  fa  grandeur,  &  qu’ alors  comme  il  re¬ 
çoit  plus  de  fang  de  l’artere  pulmonaire  ^ 
en  quatre  jours ,  il  double  de  longueur  y 
&  à  huit  fois  plus  de  volume. 

Je  ne  fçais  pas  aflez  s’il  y  a  quelque  autre 
caulè  de  configuration  qui  tienne  del’ex- 
panfipn ,  mais  certainement  elle  en  dé¬ 
pend  fuivantles  opinions  reçues  les  mem¬ 
bres  dont  on  a  habitude  de  fe  fervir  plus 
fréquemment,  &  chacun  des  mufcles  qu’on 
exerce  le  plus  fouvent  deviennent  |)lus 
gros  ;.le  pouce,  de  Cette  fille  qu’on  trouva 
dans  les  forêts  de  Lorraine ,  étoit  d  uné 
groflèür  prodigieufe. 

Qiv 


248  La  Vie 

Les  femmes  ont  les  membres  foibles  & 
greîes ,  parce  que  la  vie  fédentaire  qu’elles 
mènent  ne  donne  point  de  force  aux  muf- 
cles  ;  les  cerfs  qui  font  renfermés  dans 
des  pâturages  étroits  ont  les  jambes  rachi¬ 
tiques  ;  6c  le  rachitis  eft  la  maladie  des 
peuples  qui  ont  des  métiers  où  on  travaille 
affisj  comme  les  Ânglois  6c  les  Hollandois. 

§.  XIX.  L’attraBion. 

L’attraétion  eft  le  grand  inftrument  de 
la  nature  ;  elle  agir  puifîamment  auffi  dans 
le  développement  du  corps  animé. 

Premièrement,  dès  que  le  tiftu  cellulaire 
a  acquis  quelque  folidité  ,  c’eft  la  force 
d’attra<?cion  qui  .  fait  toutes  les  flexions  ; 
car  fuivant  fon  différent  degré  6c  fuivant 
la  folidité  de  fappui,  elle  fait  tourner  les 
vaiffeaux  6c  les  plans  des  mufcles  vers 
les  parties  vers  lefquelles  elle  les  attire  ; 
on  peut  rapporter  à  cela  le  pli  de  la  ca¬ 
rotide  fous  le  crâne  ,  celui  de  la  véii- 
cule  du  fiel,  qui  d’abord  eft  ovale  6c  droite, 
6c  qui  enfuite  prend  la  figure  d’une  tête 
de  petit  oifeau  avec  fon  bec  ;  les  coudes 
de  Pinteftin  colon  6c  du  cæcum,  qui  font 
que  la  portion  gauche  de  la  fin  du  cæcum 
difparoit  prefque  entièrement ,  tandis  que 
la  portion  droite  eft  confidérablement  di- 


du  Fétus.  245 

latée  ,  &  que  ce  qui  étoit  l’extrémité  du 
cæcum  n’eft  plus  qu’une  petite  appendice  ; 
c’eft  par  ce  moyen  que  les  os  qui  font  à 
côté  les  uns  des  autres ,  &  ceux  qui  font 
feuls ,  font  unis  peu-a-peu  par  le  tilTu  cellu¬ 
laire  ,  &  font  corps ,  comme  la  mâchoire 
fupérieure,  de  même  que  l’inférieure  ;  fi 
cette  attradion  a  été  très-foible ,  les  os 
de  la  mâchoire  fupérieure  reftent  féparés , 
&  il  y  a  une  fente  au  palais  ;  ce  vice  efl: 
ordinairement  accompagné  d’un  bec  de 
îievre. 

Il  y  en  a  un  exemple  bien  fenfible  dans 
le  cœur ,  prefque  la  moitié  de  l’oreillette, 
qui  eft  encore  feule ,  à  caufe  de  la  gran¬ 
deur  du  trou  ovale ,  eft  placée  hors  du 
cœur ,  dans  le  temps  qu’on  apperçoit  pour 
la  première  fois  le  point  fautillant  ;  cette 
même  partie  de  l’oreillette  fe  retire  tout- 
a-coup  dans  la  fubftance  du  cœur,  par  le 
moyen,  à  ce  que  je  penfe ,  d’un  tiftii  cellu¬ 
laire  ;  &  enfuite  le  fixieme  jour,  étant  ren¬ 
trée  dans  le  cœur ,  il  y  en  a  une  très-petite 
portion  de  découverte,  &  le  trou  ovale 
devient  plus  petit  par  fattradion  de  l’o¬ 
reillette  vers  le  cœur. 

C’eft  auffi  de  cette  maniéré  que  les 
troncs  des  grofîes  arteres  du  cœur  viennent 
fe  retirer  dans  fa  fubftance. 

Et  par  la  combinaifon  de  la  force  d’ex- 


'  La  Vit 

p^nüùn  êc  de  celle  d’atüradion ,  îe  cceor 
du  fétus,  doùE  les  parties  if  avoient  aucuné 
ioioii  eotf  elles,  &  qui  relîembîoit  k  ub 
canal  tormeuK,  devient  un  organe  mu  feu- 
feux  k  deux  ventricules  dt  deux  oreillettes-. 

L^attraction  des  mufcles  opéré  auffi  des 
cbângemens  dans  les  os  ;  c’ed  évidemment 
rattrad'ion  du  mufcle  maHoidien  qui  donne 
siaiiTance  au  linus  &  k  l’apophyfe  mafloidej 
ce  mufcle 'attaché  k  la  table  externe  du 
ci*âne  par  le  rnoyen  du  périofte ,  entraîné 
cette  table  extérieure ,  tandis  que  Finté^ 
Heure  eft  retenue  par  la  dure  mere ,  &  par 
cette  attradion,  il  rend  plus  grandes  les 
|ïetites  cellules  diploiques. 

On  doit  croire  que  c’eft  la  maffication 
&  fadion  du  mufcle  pterigoidien  externe 
«|ui  dilate  pareillement  le  finus  maxillaire 
fopérieur,  puifque  le  principal  os  de  la  mâ~ 
clioire  fupérieure  eft  comme  caché  ftir  les 
cotés  &  en  arriéré.  ' 

Ce  font  auffi  les  mufcles  qui  allongent 
clans  les  difîerentes  parties  du  corps  les 
■épines  des  os  &  toutes  leurs  apophyfes, 
&  qui  courbent  les  os  par  leur  attradion  , 
comme  il  eft  clair  que  c’éft  cette  caufe  qiii 
courbe  le  péroné  ;  en  en  mot  ils  les  cour¬ 
bent  entièrement  quand  quelque  vice  dans 
le  fuc  oiTeux  leur  conférée  ou  leur  rend 
îeüt  préttikte  molleflê. 


âü  Fétus. 

C’en  par  ce  moyen,  que  dans  l’exemplê 
rapporté  par  M.  Mer}?-,  la  clavicule,  les  cô¬ 
tes,  l’épine  du  dos  &  les  os  longs  fe  font 
podigieufement  courbés. 

'Les  os  dans  leur  entier  prennent  aufS  une 
"direéèion  particulière  par  la  force  de  l’at* 
trââ:ion  ;  on  corrige  peu-a-peu  la  courbure 
des  pieds  en  dedans  fi  on  ramene  ces  parties 
dans  le  fens  contraire  à  leur  pente  vicieufe, 
par  les  moyens  qu’indique  l’art ,  &  on  voit 
au  contraire  que  les  Tailleurs  ont  les  jambes 
courJbées,  k  caufé  de  la  fituation  vicieüfê 
qu’ils  prennent  en  travaillant  ;  un  grand 
homme  a  remarqué  qu’a  force  d’êtré  afîis, 
l’épine  du  dos  fe  courboit  ;  j’ai  vu  lé  même 
effet  arriver  pour  avoir  porté  des  fàrdeaüXé 

§.  XX.  La  prcjjïon. 

Cette  force  a  aülîi  beaucoup  de  puiffancè  ; 
je  rapporté  k  l’âugméntation  de  l’irritabilité 
des  mufeles  dü  bas  ventre  &  k  la  Compref- 
fion  de  la  gaine  conique  de  l’ombilic,  qui 
augmente  de  jour  en  jour,  la  rentrée  dés  in» 
teftins  &  du  jaune  d’œuf  dans  lé  bas-ven» 
Été  ;  cependant  je  ne  difcon viens  pas  que 
là  preffion  de  l’air  n’y  contribue. 

C’efl:  cette  càufe  qui  fait  que  le  fétus 
qui  étoit  divifé  é&  deux  côips^  ôc  qui  avait 


2^2  :La  Vie 

une  très-grolTe  hernie  d’inteftins  ,  devient 
un  poulet  agile  &  en  état  de  fuivre  fà 
mere. 

C’eft  par  cette  caufe  que  les  tefficules 
defcendent  peu-à>peu  dans  le  fcrotum.  On 
pourroit  croire  auffi  que  raccroiffement  du 
poumon  &  ia  refpiration  peuvent  en  être 
caufe  ;  cependant  comme  très-fouvenî  les 
tefticules  font  defcendus  dans  le  fcrotum 
avant  la  naiffance ,  on  ne  peut  attribuer 
cette  chûte  qu’a  l’action  des  mulcles  du 
bas- ventre. 

Les  tégumens  de  la  poitrine  prenant 
peu -a- peu  plus  de  folidité,  repoulTent 
auffi  peu-à-peu  dans  cette  cavité  le  cœur 
qui  en  étoit  dehors  &  en  travers,.  &  par¬ 
la  fa  pointe  eft  en  bas  &  fes  vaiffeaux  arté¬ 
riels  en  haut. 

Le  poumon  eH  gonflé  confidérable- 
ment  par  l’air  qui  le  pénétré  ;  cette  aug¬ 
mentation  du  poumon  allonge  la  poitrine  , 
rend  rétendue  du  bas-ventre;  plus  courte, 
&  diminue  l’accroiflement  du  foie ,  des 
reins  &  des  eapfules  atrabilaires  :  c’eft  œ 
qui  fait  que  dans  le  fétus  la  poitrine  a 
trës-peu  d’étendue  en  long,  &  qu’elle  en 
a  beaucoup  dans  l’enfance  &  dans  l’adulte. 

Les  mufcles  qui  font  placés  fur  les 
os ,  ne  permettent  pas  aux  os  de  s’accroî- 


du  Fitus,  2^3 

rra  dans  Pendroit  où  ils  fe  gonflent  fou- 
vent  dans  leur  adion ,  &  ils  font  dans  ces 
endroits  de  profondes  dépreflions  ;  la  pref- 
fion  qu’exercent  fur  le's  parties  latérales 
de  la  tête  les  mufcîes  temporaux  y  font 
que  de  ronde  qu’elle  etoit  dans  le-fétus  , 
elle  eft  applatie  fur  les  côtés  en  droite  li¬ 
gne  j  tous  les  os  longs,  qui  dans  le  fëtus 
font  cylindriques  ,  deviennent  des  prifmes 
plus  ou  moins  réguliers^  fuivant  lé  plus 
ou  moins  de  force  des ‘müfcles,  ^  le  plus 
ou  moins  de  réfîftance  qu’ils  leur  oppôfeiit  ; 
tels  fe  tibia,  lé  péroné,  le  radius,  lè  cu¬ 
bitus,  les  os  du  métacarpe ,  ceux  dû  me^ 
tatarfe,  les  doigts ,  enfin  le  fémur  êc  lé 
cubitus  ;  m*ais  il  paroît  que  les -  endroits 
par  ou  pafTent  les  tendons  font  moins  com¬ 
primés  ,  &  groffifferit ,  de-là  vient  qu’a 
i’ extrémité  des  os- longs  il  y  a  de  gréffes 
de  larges  épiphyfes.  ' 

Ôn  change  auflî  par  art  la  forrrie  de  l’ac- 
croiffemérit  des  os ,  de  on  les  dirigé  fa 
fantaifîe.  Dans  f Aniériquef  les  peuples 
qu’on  appelle  ,  renférment  la 

tête  des  petits  enfans  dans  une  mâlTe  d’ ar¬ 
gile  ,  pour  la  rendre  plate,  ce  qu’ils  regar¬ 
dent  comme  un  agrément,  de  ce  tfeff  pas 
fans  danger  pour  les  enfans  ;  cette  preffioa 
rend  les  os  plus  minces  &  très-durs,  - 


2^4  ^ 

La  réfiftance  des  parties  voifiiies  fak 
auffi  prendre  une  forme  aux  parties  du 
corps  animé  j  c^eft  ce  qu’on  appelle  fe 
mouler. 

J’ai  vu  trës^manifeftement  cette  réfif-  j 
tance  dans  le  fétus  ;  il  y  a  à  fon  poumoii 
des,  efpeces  de  dentelures  à.  égale  diftance 
les  unes  des  autres,  qui  font  formées  par 
la  prefTion  que  font  les  côtes  fur  ce  vif- 
cere  ;  fon  cœur  avec  fa  pointe  fe  fait  une  1 

vraie  loge  entre  les  lobes  du  foie,  &  ces  | 

deux  vilceres  fe  figurent  réciproquement;  j 
conime  auffi  toutes  les  autres  parties  dq  1 
bas  -  ventre  font  figurées  pa^  le  foie  de 
concourent  à  lui  faire  prendre  fa  forme.  ; 

On  croyoit  autrefois  que  les  mains 
Jes  genoux  du  fétus  accroupi  dans  la  ma? 
trice  lui  formoient  le  vifage  ;  enfin  nombrê 
d’autres  parties  font  prendre  forme  à  cel-^ 
les  qui  les  avoifinent. 

Mais  il  ne  faut  pas  croire  qu’il  n’y  a 
que  les  parties  molles  qui  font  figurée? 
par  les  parties  dures  ;  puifque  très-fouvent 
les  parties  les  plus  molles  changent  la  figurç 
des  plus  dures ,  &  que  les  pulpes  les  plus 
délicates 'font  fur  ces  parties  des  impref- 
fions  très-marquées  ;  ce  ne,  font  pas  feu^ 
lement  les  arteres  de  la  dure  -mere  qui 
creufent  des  filions  fur  la  face  interne  des 


âu  Fétus,  ,  2,^*). 

m.  du  crâiie ,  en  remportant  par  leurs  puî- 
facions  fur  la  force  expanfive  du  fuc  nour¬ 
ricier,  &  en  ne  permettant  pas  à  l’endroit 
où  elles  font  réfi Bance  dans  leurs  batte-' 
mens  de  prendre  de  l’accroilTement  ;  mais 
de  même  le  nerf  radial  laiffe  une  trace 
fur  l’humérus,  &  l’artere  vertébrale  çreufë 
un  canal  profond  dans  Ton  trajet  fur  l’at¬ 
las  ;  le  cerveau  fait  fur  la  face  interne  du 
coronal,  a  l’endroit  où  il  concourt  à  for¬ 
mer  l’orbite  des  empreintes  ,  femblables  Ù 
fes  anCraduaftés ,  enfin  la  moëile  alongée 
marque  fa  fortie  de  f  apophyfe  cunciforméj^. 
par,  un  léger  enfoncement  ;  toutes  cës 
marques  ne  fe  font  pas  dans  le  temps  que 
Thomme  n’efl;  que  fétus  .,  puifque  leur 
étendue  prouve  qu  elles:  ont.  été  faites  par 
des  vaiffeaux  d’adultes,  &  qu’elles  ne  par. 
roiffent  pas  encore  dans  le  fétus  ;  mais  it 
paroit  en.  général  que  toutes  les  fois  que 
le  fuc  nourricier .  arrive  avec  plus  de  force 
dans  quelque^  partie,  qiî’ij.  y.  eft  apporté 
par  de  plus  groffes  arteres  fi^  qui  par  con- 
fëquent  en  fournifiént  davantage  ,  la  par-; 
tie  qui  ên  efi  yoifiné  ,'  qùî  reçoit  moins 
de  çe  fue-Scipîüs  îèntement  de  plus  pe-. 

tits  vaiiTeaux ,  efi;  forcée  dè  eéder  à  la  fores 
fùpérieure,  &  fe.  moule' fur  çeîle  dont  Jef 
yÉlTeaux  font  plus  gros  &ëplus  fe  •  . 


La  Vie 

Les  mufcles  même  deviennent  tendons  par 
la  preffion ,  puifque  fans  exception  tous  les 
mufcles  deviennent  tendineux  par  l’endroit 
où  un  autre  mufcle  fort  les  touche  ;  de 
que  très-fouvent  deux  mufcles  deviennent 
tendineux  du  côté  où  ils  fe  touchent  mu- 
tueilementj  parce  que,  comme  on  fçait,  ils 
ont  de  leur  nature  peu  de  vaiiTeaux,  que 
leur  tiifu  cellulaire  eft  très-ferré  ,  &  leurs 
fibres  font  plus  menues. 

La  preffion  même  ramollit  les  os  -  il  eft 
très-ordinaire  de  voir  un  fungus  ou  quelque 
autre  tumeur  comprimer  un  os  du  crâne  ou 
un  autre  os ,  &  ramollir  même  cet  os  dans 
l’adulte  à  l’endroit  de  fa  preffion  *  c’eft  ainfi 
que  dans  l’hydrocéphale  les  os  font  mous  & 
tranfparens  ;  un  anevryfme  a  produit  le 
même  effet.  '  . . 

§.  XXI.  La  force  de  dérivation  ù  de  ' 
révulfon.  - 

Ce  qui  concerne  cette  matière  tient  un 
peu  du  fyftême ,  cependant  il  me  paroît^ 
qu’ii  y  â  beaucoup  de  vraifemblance.  .  ; 

J’appelle  force  dê  dérivation,  l’augmen;- 
tation  qui  fe  fait  dans  une  partie  du  corps', 
animal,  quand  une  autre  partie  qui  eft, 
nourrie  par  la  même  artere  que  Oette  pre-^ 
miere,  perd  entièrement  cette  artere  par 
quelque 


''du  Fétus:  2^7 

Quelque  caufe  que  ce  foie ,  ou  du  moins 
qu’elle  reçoit  moins  defucs  ;  ce  qui  arrive 
quand  on  a  fait  la  ligature  de  l’arterc 
brachiale ,  à  l’endroit  où  elle  palTe  fur  le 
brachial  interne ,  prouve  bien  que  le  fang 
change  merveilleufement  fa  route,  &  qu’il 
paffe  en  grande  quantité  dans  de  très-pe¬ 
tites  arteres ,  quand  le  gros  tronc  a  péri  ; 
car  toutes  les  fois  qu’un  homme  échappe  à 
la  gangrené ,  que  la  vie  &  la  chaleur  revien¬ 
nent  à  la  main  ,  &  que  les  pulfations  de 
l’artere  s’y  font  fentir  ,  comme  cela  arrive 
affez  communément;  alors  le  fang  ,  dont 
la  ligature  a  intercepté  le  cours,  eft  dérivé 
dans  une  des  trois  arteres  récurrentes,  donc 
j’ai  fait  la  defeription  ailleurs ,  &  remplit 
cette  artere,  de  maniéré  quhl  s’établit  une 
nouvelle  communication^  i 

Je  crois  que  c’eft  de  cette  maniéré  que^ 
le  baffin  &  les;  extrémités  de  l’enfant  pren¬ 
nent  de  l’accroilTement  après  fa  naiffance  ‘ 
on  fait  la  ligature  des  arteres  ombilicales,  le 
cordon  dans  lequel  elles  aîloient  fe  rendre  fe 
feche  en  très-peu  de  temps, comme  s’il  avoir 
été  câutérifé;  par  cette  caufe  le  fang  qui  fait 
effort  fur  le  tronc  de  l’ artere  iliaque,  vient 
fe  rendre  avec  plus  de  violence  dans  l’ilia- 
qüe  externe,  qui  alors  eft  libre ,  &  ce  fang  ' 
en  y  palfant  la  dilate  continuellement.  ' 
Tome,  IL  jEl 


La  P’iç  ! 

On  voit  croître  alors  les  cuilTes,  leg. 
jambes  &  les  pieds ,  qui  font  très-délicats  j 
&  peu  formés  •  &  ce  nouveau  fuc  nourri-  i 
cier  en  fe  diftribuant  dans  toute  l’extrémité  j 

inférieure  d’un  fétus, qui  avant  nageoit  dans 
un  fluide ,  &  d’un  enfant  qui  ne  pouvoir 
fe  foutenir,  fait  un  animal  bipede  qui  mar-  j 
che,  &  c’efl:  par-la  feul  qu’il  peut  être  le  [ 
roi  des  animaux. 

La  même  chofe  arrive  quand  quelque 
rameau  n’a  pas  entièrement  péri,  niais  que 
le  fluide  y  pafîe  difficilement  ;  car  alors  • 
fuivant  la  réglé  que  confirment  nos  expé- 
riences,  le  fang  détourné  par  la  réfilfance  ! 
de  ce  vaiflTeau  ,  vient  fe  rendre  en  total 
dans  l’artere  qui  efl:  libre. 

Ç’efl:  ainfi  que  cela  arrive  quand  on 
pafîe  de  l’enfance  à  l’âge  de  puberté  ;  quand 
les  deux  extrémités  inférieures  font  aufli 
parfaites  que  les  fupérieures ,,  que  les  épi- 
phyfes  ofîeufes  &les  croûtes  cartilagineufes 
font  devenues  très- minces,  il  nefe  fait  que 
très-peu  ou  point  d’accroiflement  des  mem¬ 
bres  qüi  font  devenus  très  -  folides  ;  car 
alors  le  fang  détourné  par  la  grande  réfif- 
tance  de  l’artere  iliaque  externe  fait  effort 
fur  l’interne  ;  les  vifceres  jufques-là  s’é- 
toient  moins  développés ,  &  étoient  très- 
délicats  ,  parce  que  le  rameau  extern® 


àu  Fétus',  " 

étant  plus  droit ,  avoit  porté  aux  parties 
auxquelles  il  fe  diftribue  une  plus  grando 
quantité  de  fang  ;  par- là  les  parties  de  la 
génération  fe  développent  dans  l’un  &  l’au¬ 
tre  fexe ,  la  matrice  s’étend,  les  réglés  cou¬ 
lent,  la  femence  fe  forme,  &  la  verge 
prend  plus  de  volume. 

Je  crois  en  trouver  un  autre  exemple 
dans  le  poulet  pendant  rincubation  ;  tant 
qu’une  grande  partie  de  fon  enveloppe  n’a 
aucuns  vailTeaux  fanguins  apparens ,  ’  que 
cette  partie  en  a  moins  de  confiftance , 
&  qu’elle  eft  difpofée  feulement  à  recevoir 
le  fang  qui  y  eft  poufle ,  le  fang  palTe  plus 
facilement  dans  la  membrane  du  jaune  & 
dans  l’autre  tunique  vafculeufe  de  l’œuf  ; 
c’eft  pourquoi  la  membrane  du  jaune  croît 
l’apidement  la  première  ,  de  enfuite  après 
elle,  la  membrane  ombilicale, ;  le  fang  d© 
l’aorte  vient  donc  s’y  rendre  en  abondance 
comme  à  l’endroit  qui  lui  fait  moins  de 
réftftance. 

Mais  quand  le  cercle  du  jaune  s’ eft 
étendu  julques  près  du  blanc  éc  jufqu’aux 
dernieres  bornes  de  la  miembrane  du  jaune  ; 
&  quand  la  membrane  vafculeufe  eft  tout 
autour  de  l’œuf,  &  que  le  réfeau  des  vail- 
feaux  fanguins  eft  de  toutes  parts  aflez 
grand  pour  ne  pouvoir  plus  augmenter 
B.  ij 


2^0  La  Vie 

que  difficilement ,  alors  ces  membranes 
offrent  moins  de  réfiftance.  Ceft  pourquoi 
le  poumon  ,  qui  jufques-lk  étoit  prefque 
réduit  à  rien ,  croît  alors  bien  prompte¬ 
ment,  &  les  vifceres  du  bas-ventre  fe  for¬ 
ment,  la  bile  fe  fépare,  i’eftomac  &  les 
inteftins  prennent  beaucoup  d’accroiffe- 
ment ,  les  vaiffeaux  du  rein  qui  étoient 
jaunes  deviennent  rouges,  ils  ferpentent, 
&  on  les  apperçoit  à  l’œil  nud  ;  &  le  dé¬ 
veloppement  du  poumon  change  la  figure 
du  cœur. 

La  révulfion  fait  tout  le  contraire  de  la 
dérivation  ;  car  le  fang  ne  va  plus  fe  ren¬ 
dre  dans  une  partie  quand  il  fe  préfente 
trop  de  réfiftance  à  fon  cours ,  ou  que  le 
paffage  lui  eft  entièrement  fermé. 

La  tête  du  poulet  prend  moins  d’ac* 
croiffement  quand  les  membres  inférieurs 
commencent  à  grandir,  &  que  le  fang  rem¬ 
plit  la  membrane  ombilicale. 

La  révulfion  fe  fait  parfaiten\ent  quand 
:on  fait  la  ligature  de  l’artere  d’une  partie 
qui  doit  diminuer ,  ou  qu’on  la  comprime 
entièrement  ;  elle  fe  fait  cependant  aufli 
quand  le  fang  y  abonde  avec  plus  de  diffi¬ 
culté  qu’il  ne  faifoit  auparavant. 

Dans  l’incubation,  quand  la  membrane 
vafculeufe  a  occupé  tout  l’œuf,  que  fes 
vaiffeaux  font  parvenus  à  leur  dernier 


du  Fétus. 

degré  de  diftenlioti ,  &  que  cette  enve¬ 
loppe  ne  peut  plus  être  étendue  au-delà 
de  ce  qu’elle  Teft  J  que  fes  vaiffeauxne  peu¬ 
vent  plus  être  dilatés,  non-feulement  il  fe 
fait  une  dérivation  vers  le  fétus,  mais  les 
vailTeaux  de  la  memBrane  vafcuîeufe  ne 
font  plus  d’aucun  ufage  &  s’oblitèrent  en¬ 
tièrement. 

Je  foupçonne  que  c’eil  de  cette  maniéré 
que  dans  certains  animaux ,  des  parties  de 
leur  corps  diminuent  &  difparoiffent  mêmey 
çe  qui  eft  fort  commun  ;  quand  la  grenouil¬ 
le  devient  parfaite  elle  fe  dépou  illé  de  fes  na¬ 
geoires  &  de  fa  queue,  de  même  quelques 
infedes  volatiles  quittent  leurs  ailes  ;  mais 
je  ne  donne  cette  opinion  que  comme  une 
conjecture. 

§.  XXII.  Caufes  qui  dépendant  dès^ 
humeur  s.^ 

Une  plus  grande  quantité  de-fùc  nourri¬ 
cier  donnera  lieu  à  de  la  dérivation  ,.  &  une 
moindre  à  la  révulfion  ;  c’eft  cette  abon¬ 
dance  qui  fait  qu’ify  a  des.  enfans  qui  font 
très-grands  &  très-gros;  &  c’eft parce  que 
d’autres  en  reçoivent  peù  &  qu’ils  font  mal 
nourris  ,  qu’ils  font  minces  ;  il  de  plus 
iis  foulFrent  quelque  compreilion  dans  la 
matrice ,  ils  y  font  comme  écrafés  ;  j’en  ai 


2^1  La  V'iè 

vu, &  d’autres  en  ont  vu  aufîi,  qui  n’étoiene 

pas  plus  épais  qu’un  parchemin* 

Les  différens  vices  des  humeurs  font 
que,  la  dépravation  des  fjcs  nourriciers 
produit  différens  effets  ;  la  mere  ou  la  nour¬ 
rice  communiquent  à  l’enfant  le  vice  fcro- 
phuleux  ;  ce  vice  augmente  le  volume  de 
la  tête  &  du  foie,  &  il  engorge  les  glan' 
des  d’une  lymphe  coagulable  &  blanche. 

Le  vice  vénérien  fait  des  ravages  fur  les 
os  d’une  autre, maniéré,  il  ronge  la  peau, 
&  produit  des  ulcères  qui  fe  renouvellent. 

Mais  en  général ,  pour  revenir  à  notre 
fujet,  les  humeurs  du  corps  conforment 
différemment  les  parties  folides  fuivant 
leur  différens  carafferes. 

Il  y  a  dans  le  fuc  artériel  d’un  homme 
fain  des  particules  terreufes ,  qui  donnent 
aux  os  leur  dureté  ;  dans  quelques  hom¬ 
mes  ces  particules  ne  fe  trouvent  pas ,  de-lk 
leurs  os  relient  ou  deviennent  mous  ;  de 
même  on  dit  que  dans  le  pays  marécageux 
des  environs  de  Comore  ,  les  œufs  n’ont 
point  de  coquilles ,  tant  il  eft  vrai  qu’il  eft 
néceffaire  qu’il  fe  trouve  une  matière  cal- 
c,ffre  dans  les  humeurs  de  la  poule  ;  on  dit 
auffi  que  dans  ces  mêmes  endroits  les  cor¬ 
nes  des  pieds  des  animaux  ne  font  pas 
dures. 


du  Fétus.  2/53 

La  tranfpiration  qui  fe  fait  par  exhala¬ 
tion,  ou  naturellement,  ou  par  des  pores 
inorganiques,  rend  dures  des  parties* qui 
étoient  très-molles  ;  i^épiderme  ne  peut  fè 
former  que  d’une  humeur  giutineufe ,  de 
laquelle  l’air  a  enlevé  tout  ce  qu’il  y  avoir 
d’aqueux  ;  c’eft  par  l’exhalation  que  les 
ailes  des  infedes  qui  étoient  molles  & 
aqueufes  prennent  un  peu  de  dureté  ,  & 
leur  donnent  la  faculté  de  voler ,  &  que 
peu  de  temps  après  leur  développement,  el¬ 
les  rendent  encore  un  fuc  qui  ne  s’en  échap¬ 
pe  plus  après  ;  c’eft  auffi  par  l’exhalation 
que  la  partie  calcaire  de  la  coquille  de  l’œuf,, 
qui  fort  des  papilles  de  la  matrice  fous  la 
forme  d’un  gluten,  s’ endurcit  fous  les  yeux 
de  l’obfervateur  ;  que  les  œufs  de  lima¬ 
çons  deviennent  fragiles  à  l’air,  de  mous 
qu’ils  étoient  ;  que  ceux  des  papillons  qui 
font  mous  deviennent  auffi  fragiles  tout 
auffi -tôt  que  les  femelles  les  ont  ren¬ 
dus,  &  qu’enfin  s’endurcit  la  coquille  des 
limaçons,  qui  n’eft  compofée  que  de  peti¬ 
tes  membranes. 

C’eft  la  même  caufe  qui  endurcit  le 
gluten  ,  puifqu’il  eft  certain  que  les  coquil¬ 
les  de  limaçons  ne  font  produites  que  d’une 
humeur  vifqueufe  qui  vient  de  l’animal. 

Quoique  la  principale  caufe  foit  daiïs 

Riv 


2^4  I 

l’attradion  des  parties  terreufes  ;  car  î® 
calcul  de  .  la  veffie  &  celui  de  la  véficule 
du  fiel  fe  forment  au  milieu  d’un  fluide , 
ainfi  que  les  écailles  des  huitres  &  des  au¬ 
tres  coquillages  d’eau  ;  la  réforbtion  peut 
faire  ici  l’office  de  la  tranfpiration ,  fi  du 
mélange  d’élémens  il  n’y  a  que  l’eau  qui 
foit  pompée  dans  les  petits  vaifTeaux  ,  & 
que  les  particules  qui  font  mutuellement 
attradiles  ayent  la  liberté  de  s’unir.  La  ré¬ 
forbtion  contribue  beaucoup  à  la  vifcofité 
du  gluten,-  à  fa  folidité,  &  à  la  formation 
du  tiflli  cellulaire. 

Enfin  toutes  ces  caufes  peuvent  être  dif¬ 
féremment  combinées  &  s’aider  mutuel- 
lemei-ig  ;  j’ai  fait  voir  que  les  forces  d’ex- 
panfion ,  de  dérivation ,  d’ attraction  &  de 
preffion,  concouroient  à  la  formation  du 
cœur  ;  nous  allons  faire  voir  dans  l’inftaiit 
que  dans  celle  des  os  il  y  a  de  l’expanflon , 
une  nature  particulière  de  fuc  nourricier 
ÔL  d’autres  caufes. 

§.  XXIII.  La  formation  des  os. 

Quoique  /  fi  je  ne  me  trompe ,  je  fois 
le  premier  qui  aie  fuivi  avec  le  microfcope 
la  formation  des  os  dès  le  commencement 
de  i’exiflence  de  l’animal ,  cependant  je 
dois  en  parler  avec  beaucoup  de  circonf- 


du  Fctüsl 

pedion,  un  de  mes  collègues,  homme 
qui  a  très-bien  mérité  de  fa  patrie,  n’efl: 
pas  d’accord  avec  moi^  fur  ce  point  de  la 
formation  du  fétus. 

Tous  les  os  dans  le  principe  font  géla¬ 
tineux  :  je  l’ai  reconnu  dans  les  os  longs, 
même  dans  l’os  pierreux ,  &  dans  tous  les 
autres  os  du  corps  animal. 

Dans  ]es  os  larges ,  eette  fubftance  géla- 
tineufe  eft  comme  une  membrane;  elle 
paroît  telle  dans  le  crâne  &  dans  les  parois 
de  la  poitrine,  qui  font  fî  mous  pendant 
quelques  jours,  qu’on  a  prétendu  qu’il  ne 
s’y  trou  voit  aucun  os.  (On  a  vu  ce  qui  de¬ 
voir  devenir  os  dans  un  embryon,  prefque 
entièrement  diifous.  )  Enfuite  quand  les 
enveloppes  de  la  poitrine  commencent  k 
être  apparentes ,  les  côtes  avec  la  plevre , 
le  fternum ,  &  les  mufclês  qui  remplif- 
fent  les,  deux  cavités  du  fternum,  &  qui 
font  alTez  forts  dans  le  volatile,  paroilTent 
n’être  qu’une  membrane  très-fine,  dans 
laquelle  d’une  part  le  fiernum,  &  de  l’au¬ 
tre  vers  le  dos  ,  les  côtes ,  deviennent  carti¬ 
lagineux  avec  le  temps. 

Dès  que  les  os  longs  font  apparens,  ils 
ont  leuf  forme  bien  exprimée  ;  c’eft-à-dire, 
les  os  de  la  cuiffe,  de  la  jambe,  du  tarfe, 
des  ailes  ;  quand  on  les  cherche  le  fixieme 


La  vie 

jour  entre  ïes  chairs ,  on  trouve  avec  aJfTez, 
de  peine  l’os  de  la  cuilTe  &  les  autres ,  for¬ 
més  d’une  .  gelée  tranfparente  ,  ils  font 
mous  &  flexibles ,  ils  peuvent  fe  fendre 
dans  tous  leurs  points ,  ils  font  uniformes 
dans  toute  leur  étendue,  lî  ce  n’efl:  qu’ils 
ont  une  tête  fphérique  &  des  condyles 
entièrement  de  la  même  figure  que  dans 
l’animal  adulte  ;  il  y  a  feulement  ces  dif¬ 
férences  ,  qu’ils  font  tous  fans  couleur,  fans 
filets,  fans  lames,  fans  trous,  que  la  moëlle 
n’efl  ^as  de  même  que  dans  l’adulte ,  & 
qu’ils  font  d’une  ftruclure  alvéolaire.  Ce 
même  os  de  la  cuifle,  abandonné  à  lui^ 
même,  fe  defleche  comme  du  gluten,  & 
refiemble  à  une  petite  écorce  cendrée. 

Dans  l’homme,  l’os  temporal  efl:  auffi 
cartilagineux,  &  principalement  fon  apo- 
phyfe  maftoïde. 

Peu  de  temps  après ,  on  voit  dans  le  mi¬ 
lieu  de  l’os  long,  quoiqu’il  ne  paroifie 
pas  encore  de  fang ,  une  petite  portion 
opaque  ,  qu’on  voit ,  en  la  regardant  avec 
attention ,  traverfée  de  lignes,  qui  ont  leur 
direétion  fuivant  la  longueur  de  l’os  &  qui 
féparent  par-tout  de  petites  éminences  ;  on 
découvre  d’abord  ces  lignes  avec  le  mi- 
crôfcope,  enfuite  on  les  apperçoit  à  l’œil 
nud  ;  dès  que  cette  opacité  exifle,  la  mollefle 


du  Fétus,  2,<57 

de  Tos  efî:  déjà  diminuée  de  beaucoup  ,  il 
a  alors  un  peu  d’élafticité,  il  fe  reftitue 
quand  on  le  fait  ployer ,  &  peu  de  temps 
après  fi  on  veut  le  ployer,  il  fe  cafle  dans 
fon  milieu ,  ou  fes  épiphyfes  fe  détachent 
de  chaque  côté  ;  ces  épiphyfes  alors,  & 
encore  long-temps  après ,  quittent  facile¬ 
ment  le  corps  de  l’os,  quoique  même  dans 
ce  temps  elles  paroiffent  fi  exaârement 
adaptées  à  l’os ,  qu’on  ne  peut  pas  difiin- 
guer  avec  le  microfcope  la  ligne  qui  fé- 
pare  l’un  de  l’autre  ;  quand  cette  portion 
opaque  s’efl:  defiechée,  elle  fe  foutient  & 
repréfente  la  moitié  d’un  cylindre  ofifeux, 
mais  elle  n’eft  pas  totalement  opaque ,  car 
il  refte  beaucoup  de  points  &  de  filions  entre 
les  lignes.  Quand  les  os  font  élaftiques  ,  je 
crois  qu’on  peut  les  regarder  comme  des 
cartilages  auxquels  ils  relTemblent  beau¬ 
coup  ;  le  gluten  devient  cartilage ,  &  le 
cartilage  devient  os. 

Vers  le  dixième  jour,  les  gros  vaifiTeaux^ 
qui  nourriflent  le  fémur  font  parfaits ,  & 
font  un  canal  rouge  continu. 

En  même  temps' les  lignes  qui  font  ré¬ 
pandues  fuivant  la  longueur  de  l’os  croif- 
fent  ;  l’opacité  augmente ,  de  maniéré  que 
l’os  jaunit  déplus  en  plus,  &  à  la  fin  du  dixiè¬ 
me  jour  il  paroît  raboteux  j  il  paroîtmême 


2^8  La  Vie 

des  inégalités  fur  la  portion  de  l’os  qui  ell 
encore  cartilagineufe  ;  dès  que  3a  portion  . 
qui  étoit  opaque  eft  delTéchée ,  elle  eft 
vraiment  offeufe ,  &  elle  fe  foutient  en 
forme  de  cylindre  creux  ;  il  n’en  eft  pas  de 
même  de  celle  qui  eft  cartilagineufe ,  car 
quand  elle  eft  delTéchée,  elle  eft  toute 
ridée. 

L’os  commence  a  devenir  rouge  a  la 
fin  du  onzième  jour ,  &  la  portion  qui 
a  été  opaque  la  première,  l’eft  auffi  la  pre¬ 
mière  ;  c’eft  ce  qui  fait  paroître  plufieurs 
points  rouges  d’abord  fur  le  tibia,  tandis 
qu’il  n’y  en  a  qu’un  fur  le  fémur ,  mais 
peu  de  temps  après  il  en  paroît  d’autres 
fur  cet  os. 

Ces  points  bornent  de  côté  &  d’autre 
la  portion  du  fémur  &  du  tibia ,  qui  alors, 
eft  toute  rouge. 

A  la  fin  du  douzième  jour,  ou  un  peu 
plus  tard  ,  il  paroît  dans  ces  deux  os  une 
ligne  de  points  rouges,  à  laquelle  va  fe 
joindre  la  portion  rouge  de  l’os ,  &  on  voit 
manifeftemént  le  trajet  de  l’artere  nourri¬ 
cière  depuis  le  point  où  elle  entre  dans  fon 
canal,  jufqu’a  la  moëlle  qui  eft  rouge  auffi; 

Alors  on  apperçoit  des  lignes  dç  vaif- 
feaux  parallèles ,  qui  vont  fe  rendre  dans  la 
cavité  de  l’os.  ' 


^du  Vküs, 

Et  cette  cavité  eft  très-di&nde  ;  vers 
le  milieu  j  l’os  eft  plus  épais  ,  &  formé 
de  lames  fpongieufes ,  qui  rendent  le  tuyau 
pilus  étroit  ;  il  eft  plus  large  vers  l’épiphyfe, 
parce  que  dans  cet  endroit  il  n’y  a  qu’une 
lame  ofteufe. 

Le  périofte  interne  eft  alors  apparent, 
il  eft  délicat  &  vafculeux ,  il  doit  devenir 
l’enveloppe  de  la  moëlle. 

Il  y  a  alors  les  deux  tiers  de  l’os  qui  f© 
foutiennent  &  qui  font  vraiment  ofîeux. 

Si  on  le  dépouille  alors ,  on  apperçoic 
entre  les  filions  &  dans  les  pores  un  nom¬ 
bre  prodigieux  de  vaifleaux  qui  font  pref- 
que  rouges ,  &  qui  font  comme, une  pluie 
de  fang;  ce  qui  n’eft  dans  ce  temps  que 
des  points,  devient  de  petites  lignes  quand 
l’os  eft  plus  avancé. 

Pour  lors  les  fibres  ofîeufes  s’étendent 
a  travers  ce  qui  n’eft  encore  que  cartila¬ 
gineux  ,  jufqu  à  l’épiphyfe,  en  forme  de  li¬ 
gnes  blanches. 

Prefque  à  la  fin  du  quatorzième  jour,  on 
voit  de  longues  atteres  qui  proviennent  de 
l’artere  nourricière  ,  former  un  cercle  vaf¬ 
culeux,  qui  augmente  de  plus  en  plus  en 
quantité  &  en  longueur  ;  elles-  font  ren¬ 
fermées  dans  la  cavité  de  l’os,  &  leur  di- 
redion  eft  parallèle  à  l’axe,  elles  produi- 


ijo  La  Vie 

fent  auflî  des  rameaux  ;  elles  palTent  entre 
les  lames  qui  font  élevées ,  &  elles  vien¬ 
nent  finir  en  bas,  k  l’extrémité  de  la  por¬ 
tion  ofleufe. 

Il  fe  forme  aufii  une  éminence  dans  le 
tuyau  ofieux  qui  part  de  fépiphyfe,  & 
vient  faillir  dans  la  cavité,  &  il  part  de 
la  largeur  de  l’os  de  toutes  parts  des  lames 
qui  defeendent  dans  la  cavité  ôc  qui  font 
comme  fpongieufes. 

Vers  le  quinzième  ou  feizieme  jour, 
tous  ces  vailTeaux  font  très-pleins  de  fang. 

L’os  lui-même  eft  prefque  dans  fa  ma^ 
turité  ;  de  longs  vaiffeaux  defeendent  en 
droite  ligne  jufqu’à  l’extrémité  de  l’os, 
entre  les  James  ofieufes  qui  grandifient 
toujours  ;  la  partie  cartilagineufe  devient 
alors  une  lame  très  -  fine  ,  qui  s’articule 
avec  fépiphyfe  en  s’adaptant  réciproque¬ 
ment  l’une  k  f autre  par  de  petites  émi¬ 
nences. 

La  partie  de  fépiphyfe  qui  regarde  le 
milieu  de  l’os  eft  bfieufe. 

Il  y  a  dans  la  cavité  médullaire  des  lames 
qui  font  toujours  en  gi-and  nombre  ,  qui 
partent  de  celles  qui  compofent  la  propre 
fubftance  de  l’os  ;  ces  lames  font  très- 
courtes.  Elles  s’allongent  k  mefure  qu’el¬ 
les  approchent  des  épiphyfes  ;  celles  qui 


du  Fétus,  IJi 

îbnt  dans  l’intéreur  font  plus  le  réfeau  qu@, 
celles  qui  font  k  l’extérieur. 

Ainii  les  lames  entre  lefquelles  palTenc 
les  vailTeaux  des  cercles  vafculeux  &  celles 
qui  partent  des  parois  de  l’os,  forment  la 
fubftance  alvéolaire  interne  de  l’os. 

Mais  les  membranes  de  cette  fubftance 
alvéolaire  procèdent  du  tiflii  cellulaire  qui 
fuit  les  vaifteaux  des  cercles  vafculeux  ôc 
de  la  fubftance  cellulaire,  qui  de  l’extré¬ 
mité  de  l’os  pénétré  dans  la  cavité  médul¬ 
laire,  en  maniéré  de  promontoire,  comme 
en  rétrogradant. 

Le  tifîu  cellulaire  qui  arrive  av^ec  I@ 
vailfeau  nourticier  concourt  auffi  à  former 
J’enveloppe  de  la  moëlle. 

Enfin  l’os  atteint  fa  perfection;  les  la¬ 
mes  intérieures  prennent  de  la  folidité  ;  des 
vaifteaux  qui  parpiftbient  n’être  que  des 
points  &  des  lignes ,  fe  recouvrent  peu-kt 
peu  de  lames ,  tellement  qu’on  ne  les  ap- 
perçoit  plus,  k  moins  d’arraclier  quelque 
lame  ;  les  cercles  vafculeüx  font  aufli  ca¬ 
chés  par  l’enveloppe  qui  les  couvre,  ôç 
tout  l’os  devient  fragile  &  dur. 

.  §.  XXIV.  Uépîphyfi. 

Dans  les  premiers  temps  l’épiphyfe  fait 
partie  de  l’os ,  car  on  ne  voit  aucune  ligne 


2,^2  Vit 

de  réparation  ,  elle  paroit  ne  faire  qu’hua 
même  corps  avec  fos,  &  c’eii  de  l’os  que 
lui  viennent  fes  principaux  vaiffeaux. 

Cependant  dès  les  premiers  jours  fosfe 
replie  pour  donner  une  affiette  plus  favo¬ 
rable  à  l’épiphyfe,  elle  s’en  fépare,  &  elle 
attire  a  elle  le  périofte  qui  lui  devient  plus 
exactement  adhérent.  y 

Enfuite  l’épiphyfe  ,  par  k  moyen  des 
petites  éminences  &  des  petits  enfonce- 
mens  qui  font  fur  fa  furface  &  qui  la  ren¬ 
dent  toute  inégale ,  s’unit  fi  bien  avec  l’os , 
qu’il  n’y  a  aucune  lame  du  périofte  entre 
eux. 

C’eft  pourquoi  l’épiphyfe  s’unit  tou¬ 
jours  aftez  tard  avec  le  corps  de  l’os,  ôc 
ne  lui  eft  jamais  parfaitement  unie,  quoi¬ 
qu’il  ne  refte  point  de  ligne  intermédiaire  j' 
on  voit  même  quelquefois  dans  -  l’adulte' 
les  épiphyfes  fe  détacher  du  corps  de  l’os 
par  maladie. 

Nous  prenons  ici  l’épiphyfe  environ  au 
dix-feptieme  jour  de  l’incubation  ,  on  la 
trouve  alors  cartilagineufe  &  n’ayant  rien 
d’organifé. 

V ers  ce  temps  les  lignes  vafculeufes  de 
la  principale  portion  offifiée  font  parvenues 
jufqu’à  l’extrémité  de  la  partie  ofTeufe  qui 
cft  recouverte  d’un  mince  cartilage. 

C’eft 


âu  Fétus.  173 

tD’eft  aufli  dans  ce  temps  que  les  vaif- 
féaux  des  lignes  du  cercle  vafculeux  font  èn 
très -grand  nombre,  j’y  en  âi  découvert 
jufqu’à  quarante-trois  ;  &  ils  ne  font  pas 
feulement  le  tour  du  cercle  pour  parvenir 
à  l’endroit  où  fe  borne  la  partie  oifeufe , 
mais  ils  remplilfent  toute  l’aire  circulaire  ^ 
de  leurs  divifîons  ;  011  croiroit  que  dans 
cet  endroit  il  y  a  quelque  cliofe  qui  réfiRe, 
càr  on  voit  que  les  extrémités  des  vaiifeaux 
font  en  forme  de  maillets. 

V ers  le  commencement  du  dix-hüitiemè 
jour,  quelques- uns  de  ces  vaiifeaux  percent 
la  lame  qui  termine  l’os  ôc  fa  croûte  çarti- 
îâgineufe ,  djt  il  en  pénétré  deux  ou  trois 
dans  répiphyfe. 

Et  peu-a-peu  ils  augmentent  lî  fort  êti 
nombre  ',  que  l’extrémité  de  fos  qui  re¬ 
garde  i’épiphyfe  devient  un  hémifphere 
cribleux  &  vafculeux ,  &  eft  percée  par 
une  infinité  de  vaiifeaux/ 

Ces  vaiifeaux  viennent  de  l’artere  nour-. 
riciere,  &  vont  fe  rendre  â  i’épiphyfe,  eii 
palfant  par  les  filions  cellulaires  internes  de 
i’os;  ils  font  pleins  de  fang  rouge,  quelque¬ 
fois  ils  font  tranfparens  ;  ils  traverfent  pres¬ 
que  entièrement  le  cartilage  de  l’épiphyfe 
de  toutes  parts  ;  ils  fe  courbent,  de  de  leurs 
courbures  partent  de  petits  rameaux  droits* 
Tome  II.  S 


2-74 

Mais  iî  y  a  encore  d’autres  vailTeaux  qui 
vont  fe.  rendre  à  l’épiphyfe  plus  tard  à  la 
vérité; il  y  a  une  certaine  artere,  qui  en 
fe  détournant  fur  le  coté ,  aux  environs  du 
condyle,  dans  une  efpece  de  puits  de  l’épia 
phyfe,  s’enfonce  dans  fa  fubftance  çarti- 
îagineufe. 

Les  vailTeaux  des  deux  genres  s’abou¬ 
chent  dans  ce  cartilage  ,  iis  forment  un 
réfeau  dans  l’intervalle  des  condyles ,  & 
le  remplilTent  entièrement  de  vailTeaux 
rouges.  . 

Enfin  vers  le  temps  où  le  poulet  fort 
de  Tœuf ,  il  fe  forme  un  noyau  dans  l’é- 
piphyfe,  c’eft-a-dire,  un  grumeau  blanc 
olTeux,  celluleux,  &  qui  eft  communé¬ 
ment  rond. 

Peu-à-peu  ce  noyau  efl:  tout  couveiî 
d’arteres,  qu’il  envoyé  de  toute  fa  furface 
cartiiagineufe ,  dans  le  cartilage  de  Tépi- 
phyfe  ,  parfaitement  de  même  que  fait 
fliémifphere  vafculeux  de  la  principale 
portion  olTeufe. 

Ces  vailTeaux  paroilTent  naître  de  l’ar- 
tere  du  centre ,  qui  aura  palTé  par  le  puits 
de  i’épiphyfe.  , 

Ce  noyau  efl:  toujours  plein  d’alvéoles, 
qui  dans  le  milieu,  près  du  centre,  font 
plus  larges;  elles  font  plus  petites  à  la  cir^ 


du  Fitus^, 

conférende  ;  ces  alvéoles  fuivent  le  trajet 
des  vaîfîeaux. 

Tout  le  noyau  croît  en  même  temps  ^ 
&  il  ferre  le  cartilage  de  Fépiphyfe ,  tout  dé 
même  que  la  fubftance  offeufe  de  la  prin¬ 
cipale  partie  de  l’os  change  peu-k-peu  le 
cartilage ,  en  cette  croûte  qui  fert  de  borne 
a  l’os,  du  côté  de  répiphyfe  ;  ,&  il  conrinue 
de  croître  jufqu’à  ce  qu’il  ait  occupé  tout 
l’efpace  où  étoit  Fépiphyfe ,  &  qu’il  n’en 
refte  plus  rien,  fi  ce  n’eft  la  croûte  carti« 
iagineufe  qui  fe  trouve  dans  la  cavité  arti¬ 
culaire;  &  alors  Fos  eft  parfait. 

Il  y  a  d’autres  ^os  dans  lefquels  il  y  a 
deux  noyaux ,  le  refte  en  efl  de  même. 

§.  XXV.  Formation  méchaniquc  de  Fôs 
long.  Le  fuc  ojfeux. 

En  général,  il  y  a  dans  le  fang  une  ma¬ 
dère  propre  à  produire  les  os,  qui  fe  ré¬ 
pand  très-fréquemment  dans  l’intérieur  du 
tilTu  cellulaire ,  &  entre  la  furface  convexe 
de  la  membrane  intérieure  des  arteres  & 
Fextrêmité  concave  de  la  membrane  vaf* 
culeufe  ;  cette  matière  efl:  d’abord  caféeufe> 
enfuite  elle  devient  calleufe  &  comme  un 
cuir,  enfin  elle  devient  femblable  à  une 
écaille  oifeufe. 


Sij 


27^ 

_  Cette  matière  prend  peu-a-peu  de  la  ■ 
folidité ,  elle  palTe  cornme  les  os  de  Tétât 
de  matière  gélatineufe,  à  celui  de  carti¬ 
lage,  &  enfin  elle  devient  dure.  ; 

Mais  bien  des  chofes  démontrent  prin-  j, 
cipalement  qu’il  y  a  dans  les  os  un  gluten  | 
d’une  efpece  particulière  ;  on  en  tire  des  [ 
os  &  de  Ty voire  par  l’ébullition  êc  Téva-  i 
poration  ;  il  a  une  confiftance  de  gelée  j  ] 
&  a  le  même  goût  que  la  gelée  de  viande;  i 
fi  on  le  mêle  avec  des  cendres ,  il  reprend 
fa  folidité  ;  il  eft  fi  vifqueux ,  qu’une  livre 
d’os  de  bœuf  donne  deux  livres  de  gelée  ; 
la  corne  de  cerf  en  donne  le  quintuple  de 
fon  poids  ;  les  os  de  pieds  de  mouton  en 
donnent  huit  ou  feize  fois  leur  poids  ;  Teau 
qui  eft  unie  à  la  gelée  faite  d’os,  en  aug¬ 
mente  lapefanteur.  Cette  gelée  eft  de  natu¬ 
re  alkaline  &  fufceptible  de  putréfaéiion,  \ 
'&  fi  on  la  conferve  elle  s’évapore  &  ne 
laifte  qu’une  petite  croûte  ;  elle  donne 
dans  Talembic  par  le  moyen  du  feu  un  fel 
alkaîi  volatil  ;  fi  on  la  prépare  k  la  maniéré 
de  Papin ,  elle  devient  comme  un  fro¬ 
mage  mou  ,  pourri ,  &  même  les  vers  s’y 
mettent  ;  quand  on  a  enlevé  toute  cette, 
gelée  les  os  deviennent  friables ,  il  en  eft 
de  même  du  bois. 

C’eft  ce  gluten  qui  traiifude  des  articu- 


du  Fétus.  277 

lacions  des  mains  &  des  pieds  de  goutteux, 
&  qui  peu  de  temps  après  forme  des  to- 
phofités  qui  fe  trouvent  comme  des  croû¬ 
tes  entre  les  ligamèns. 

Oeft  cette  même  yifcofité,  qui  en  s’at¬ 
tachant  aux  dents ,  devient  le  tartre. 

Elle  eft  auffi  le  fuc  offeux  qui  s’échappe  des 
pièces  d’os  fracturées  j  on  voit  fon  progrès 
à  chaque  panfèment ,  eî  le  répare  les  -d©-^ 
perditions  que  l’os  a  fouifertes  ;  il  eft  cer^ 
tain  qu’on  a  vu  fortir  du  gluten  de  la  fénte 
d’un  os,  ’qiiî  s’y  attachait  en  forriié^de 
croûte  ;  &  ôn  a  vu  àuffi  fortir  prefqûè  ^de 
tous  les  points  d’une  fraftùæ ,  un  mûcîiage 
qui  Ibudoit  lés  piecés  fracturées;  7  - 

Ces  gouttes  comme  fangûines ,  qui  tf  an- 
fudént  en  maniéré  de  rofée  >  font  le  com¬ 
mencement  du  cal  ;  péü-a-peu  elles  s’én-^ 
durciftent  comme  dir  marbre.  On  voit  fdr- 
tir  du  dtploë  mi 

tures  du  crâne ,  «&  on  en  voit  s’échapper 
des  Ceîluîés^iîèufëà- qui^edncoiirt  a  for- 
merle  cal,  avec  une  pâÿéiHe;gelée  qui  vient 
des  tendons  ;  le  fuc  'qüïitranftide  des  mem¬ 
branes  du  tibia  n’eft  d’abord  qu’une  mu- 
coiité ,  il  dévient  ehfuîte  du  gtutew,  après 
un  càliîs,  de  enfin  la  dépèndition  de  la  fubE 
tance  ofîeufe.s’eii  trouve  entièrement  ré-^ 
parée»  '  '  ■' 


2,^8  La  V^ic 

C’eft  un  fuc  olFeux  qui  s’épanche  fur  îe 
périofte  qui  fait  les  exoftofes  j.dans  le  bois 
qui  a  beaucoup  d’analogie  avec  les  os,  c’eft 
ce  qui  forme  l’écorce  &  le  corps  ligneux. 

.  On  a  vu  les  pièces  d’os  qu’on  avoir  frac¬ 
turé  entourées  d’unibc  rouge;  ce  fuc  fe 
fige  peu-à  peu,  devient  cartilage  &  enfuite 
os  •  en  a  obfervé  auffi  que  la  foudure  des 
DS  fe  fait  par  le  moyen  d’une  matière  de 
confiftance  de  boullie ,  jointe  k  des  molé¬ 
cules  calcaires,  y 
;;  .Ury  Méded^^  dans  un  fteatome  ce 
fuc.4ui4s>  mou,  calleux,  &  enfin  olTeux, 

;  Enfin  les  expériences  de  M.  Detle-f 
ont  fait  voir  que  les  pièces  fraéfurées,  & 
principalement,  la  moëlle  fournilTent  un' 
fuc  qui  s’épanche  de  tous  çqtésy  que  ce 
fuC;  fe  condenfe- peu-a-peu  5  §:  devient  une 
gelée  trerablante^.qui  enfuite  en  paflant 
par  différens  degrés,  de  confiftance.,  forme 
un .  cartilage.  ,  ^  ^ 

,Que  dans  ce  cartilage  il  ïiajt  àçs  qoyaux 
ofTeux  comme  dans  l’ épiphyfe ,;  que  ces 
noyaux  groffiffent  peq-k-peu,  que  par  l’aug- 
mentation  de  leur  yojume ,  il;a  cynfument 
le  cartilage,  deviennent  un  os  celiuleux, 
comme  il  en  naît  un  ou  deux  dans  une  épi- 
pîiyfe.  ,  .  __  a';  i  ;• 

Qü’oii  trouve  même  pîufieurs  marques 


du  Fitus^  '  VJ  J 

à&  ce  fuc  :  en  en  a  trouvé  d^épanclié  & 
formant  comme  un  champignon  aux  en¬ 
virons  des  vertebres  d^un  homme  âgé  de 
cent  ans  ;  j^ai  vu  de  ces  croûtes  dans  les 
vertebres  ,  &  ailleurs  ;  on  voit  manifefte- 
ment  que  c^efi:  un  fue  en  liberté  qui  coule 
en  maniéré  de  fialadite  (i),  &  qui  de¬ 
vient  concret  ;  on  a  trouvé  '  plufeurs  fois 
tout  le  eanai  niédullaire  plein  de  ce  fuc 
endurci.,  ■ 

On  a  vu  une  éxofcolê  formée  par  mx 
fuc  épanché  de  Tos  du  tarfe.  11  y  a  dans 
les  colieélions  d’os  ,  des  crânes  dans  lef- 
quels  on  voit  des,  réparations  de  perte  de 
fubftanee  ;  on  a  vu  dans  des  fractures  des 
excroilTaiices  ofîéufes  formées  par unefura- 
bondance  de  fucs  ^  &  même  cks  carrilages 
d’articulations  recouverts  d’une  lame  pH- 
rreufe  &  tmier,  qui  y  elt  adhérente.,  Boeh- 
mer  a  vu.; des  croûtes- informes  fur  des  os. 
Les  vertebres  &  d  autres-  os,  fe  font  ankylo- 
fés  par  ce  fue  qui:  les  a  ibudés  enfeHi*“ 
ble.  On  a  guéri  une  .ankylofe.  univerfelî.e 
par  la  répercufîion  de  rhumeur  yon  a  vm 
la  tête  du  fémur  foudée  dans  la  cavité  eor- 
tyloîde,  deux  os  du  tarfe  auffi  fondés  en- 


(i)  Les  Minéraîogiftcs  appellent  ftalaclitçs.  des  coîi^ 
crcîiohs  terro-aquenfes. 


iSo  La  Vit 

femble.  C’eft  l’aiikylofe  des  os  du  carpe 
&  du  tarfe  qui  rend  les  chevaux  roides  ^ 
&  la  maladie  que  les  Maréchaux  appellent 
Epervin  ,  eftune  éxoftofej  faite  d'unfuc 
gélatineux.  Il  arrive  quelquefois  quand 
les  os  ont  été  dépouillés  de  leur  cartilage, 
que  les  fibres  offeufes  végètent  ôç  s’unif- 
fent  enfemble. 

Ce  même  fuc  épanché  entre  deux  dents, 
les  a  fondées  enfemble  ;  il  a  rempli  l’alvéole 
ëc  le  canal  de  la  dent. 

Un  trou  qu’une  balle  de  plomb  avok 
fait  k  la  trompe  d’un  éléphant  a  été  rem¬ 
pli  par  ce  fuc ,  qui  eft  devenu  concret. 

Ce  même  fuc  remplit  fi  manifeftement 
dans  le  fétus ,  les  pafTages  des  petites  arte- 
r;es  dans  le  crâne  ,  &  même  dans  les  os 
longs ,  que  ce  qui  avoit  été  un  enfonce¬ 
ment  entre  deux  éminences,  eftapplani, 
parce  que  le  fuc  a  rempli  le  vuide. 

Les  futures ,  qui  n’étoient  d’abord  que 
des  intervalles  membraneux,  &  qui  en- 
fuite  unifient  folidement  deux  os  qui  feké- 
pondent ,  font  tellement  effacées  dans  le 
crâne  des  vieux  animaux,  qu’il  n’en  refte 
pas  le  moindre  veftige. 

Enfin  on  a  l’obfervation  d’un  crâne  hu¬ 
main  pétrifié  qui  pefoit  12  livres,  les  na¬ 
rines  6c  le  conduit  auditif  étoient  bouchés 


du  Fétus  281 

par  un  fuG  épanché ,  &  les  dents  étoient 
fondées  enfemble.  Un  anatomifte  '  de  nos 
jours  a  vu  les  côtes  d’un  fétus  offifiées  par 
l’épanchement  d’un  fuc  plâtreux. 

Nesbit  a  vu  dans  les  vaifleaux  même 
des  os,  des  particules  dures  &  calcaires  qui: 
réfiftoient  au  fcalpel  ,  &  depuis  peu  Wal¬ 
ter  en  a  vu  de  même.  Il  eft  certain  qu’il  y 
a  plufieurs  hommes.,  dans  le  fang  defqucls 
ce  principe  abonde,  puifqu  il  y  en  a  qui  Qiit 
ou  les  vertebres  ankylofeés ,  ou  des  calus 
ofTeux  aux  arteres  &  au  cœur,  &  qu’on 
trouve  quelquefois  des  calculs  dans  les 
glandes  fqhirreufes. 

Enfin  comme  011  enleve  aux  os  leur 
fermeté  en  les  privant  de  leur  gluttn ,  on 
l’enleve  aullirehrenlevant  la  terre  calcaire  ; 
j’ai  fouvent  fait  cette  expérience  avec  le 
vinaigre ,  &  j’ai  vu  les  os  s’amollir  très- 
promptement  par  cet  acide  ;  &  il  y  avoit 
des  parcelles  comme falines,' brillantes  & 
anguleufes  qui  fortoient  de  toutd’os,  &  j’ai 
vu  naître  des  cryftaux  bien  manifeftes  de 
i’union  de  la  portion  terreufe  de  l’os  avec  le 
vinaigre  ;  ces  mêmes  os ,  en  fe  delTéchant 
après,  deviennent  ridés,&  ils  ne  reprennent 
point  leur  dureté  à  l’air  ;  les  os  qu’on 
met  dans  certaine  liqueur  pour  les  faire 
cuire,  s’amoîlilTent  ;  le  petit  lait  aigre  a  la 


282  La  Vie 

même  propriété ,  ainfi  que  le  chou  aigre 

&  les  eaux  fpirkucufes.. 

Quand  on  a  enlevé  la  terre  crétacée  de 
Fos  par  le  moyen  de  Facide  ,  alors  tout 
Fos  qui  de  Féràt  de  cartilage  avoit  ac¬ 
quis  la  nature  olTeufe  par  le  moyen  des 
particules  terreufes  ,  revient  derechef  car¬ 
tilage  ,  quand  on  enleve:  ces  particules  j  fes 
libres  &  fes  lames  deviennent.élafliques,  & 
on- peut  les  couper  comme  auparavant  ;  il 
y.  revient  auffi'  des  vailTeaux  qui  fe  diliri- 
huent  dans.  les.  lames  ,-  pour  nourrir  Fos  ; 
ce  qu’il  y  a  de-plus  étonnant,  c’efr  que 
cette  fübftance  s’enflamme:,  au  feu.  L  ;  .  j 
■  '  Enfin  :ce  parenchyme  :  ;eac  c’  eft  ainfi 
qu’on  a -nommé  cette  fubftanc^,.  privé'  de 
fe  partie  terreufe  ,  reprend  iamaturei-ofe 
feufe,-  fei'on  lui-  rend  ‘fa  niatiere  crétacée 
avec  deelar-colle  de  poiflbri.  -  ' 

-‘-  La  vapeur: de  l’eau  feule  peut  feire  ici 
la  force  ^  i’aeide ,  elle  donne  aux  os  une 
e'onfîftancé'i^de  chair  ,  les  rend  mous  de 
bons:  k  Manger  9  les  os  de  porc  s’amoliflenc 
dans' Fhüileî* ■ 

‘  -  Les  ■  ft&fllinces  "  alkàlines-  peuvent  auffî 
produire :1e- même  effet,  telles  font  Feau 
de  chaux  &'4e  :rel  alkali. 

.Be  même  .-dans  l’effomac  des  animaux, 
mêm-s  4aos  cèlùides  chiens  &  des  poiiTons  , 


du  Fétus.  283 

les  os  s’amoIIilTent  fans  lefecours  d’un  acide, 
les  lames  ofîeufes  fe  détachent,  &  la  terre 
crétacée  fe  fépare  de  l’os  &  paiTe  avec  les 
excrémens  ;  la  corne  des  pieds  des  ani¬ 
maux  qui  vivent  dans  des  endroits  maré¬ 
cageux  eft  très-molle. 

ÂlTez  fouvent  des  maladies  ramolliflent 
aiilîi  les  os  ;  la  carie,  comme  je  l’ai  vu 
moi  -même ,  &  le  fpina-ventpfa  les  ramol* 
iifîenr,  au  point  qu’ils  reprennent  une  con- 
fiftance  de  cartilage,  &  qu’on  peut  les 
couper;  je  l’ai  vu  dans  la  partie  inférieure 
du  péroné  &  dans  le  tarfe  ;  on  a  vu  le  tibia 
&  le  péroné  ramollis  ;  dans  un  fujet  c’é- 
toient  les  os  d’une  feule  jambe  j  &  dans 
un  autre  ç’étoit  le  crâne.  _  - 

.  Cependant  il' y  a  beaucoup  de  caufes 
capables  de  réduire  tous  les  ^  os  du  corps 
humain  dans  les  enfans  &  les  adultes,  a  dif- 
féreos  degrés  ;de  mollefTe ,  &  qui  ont  pu  les 
rendre  friables  comme  le  parenchyme  du 
foie  ,  &  enfin  cartilagineux  ;  3  d’oufil  eft 
arrivé  que  cédant  à  la  force  .  fqpérieure 
dêS;mufcles  fléchiiTenrsqui  les  entraînoieiif, 
ils  ont  été  affeftés  de  différente^  courjbur 
res  ,  4c  que  la  taille  en  a  été  confidérable- 
ment  diminuée  &  réduite  à  troisqq  quatre 
pieds  ,  &  enfin  à  dix-huit  pouces.  ‘ 

J’ai  vu  moi-même  toutes  des  côtes  fié- 


284 

chies  de  chaque  côté  a  une  ccrtaifie  diftancc 
du  fternum  avec  fymétrie  ,  de  façon  que 
le  fternum  &  la  partie  extérieure  de  la 
poitrine  faifoient  une  forte  faillie  en-de-' 
vaut,  &  que  la  partie  extérieure  étoit  fort 
en  arriéré  ;  elles  n’étoient  pas  à  la  vérité 
friables  ,  mais  elles  étoient  flexibles ,  & 
leur  furface  étoit  comme  tendineufe  :  il 
en  étoit  des  côtes  dans  ce  cas  a-peu-près 
comme  des  os  du  crâne  dans  l’hydroce-^ 
phale,  qui  font  devenus  prefque  cartilagi¬ 
neux  ,  &  le  crâne  mou  &  plein  de  fang. 

Il  eft  croyable  que  dans  ce  cas  il  y  a  eu 
quelque  efpece  d’acide  qui  a  enlevé  la  par¬ 
tie  terreufe  de  l’os  ;  on  a  remarqué  dans 
le  diabétés,  quelquefois  même  dansfétat 
ordinaire  ,  un  fédiment  plâtreux  dans  les 
urines  ,  &  dans  la  füeuf  quelque  chofe 
d’onftueux.  . 

Le  fachitis  a  fouvent  été  la  fuite  de  ce 
ramolliflement  contre  nature  des  os  ;  car 
tous  les-  es  fe  courbent  facilement  quand  , 
ils  font  mous.  - 

De  même  que  dans  le  fcorbut,  les  os  ne 
fe  confondent  point ,  le  calus  déjà  formé- 
fe  difîbut ,  &  on  trouve  dans  cetté  maFâ- 
die  les  os  rouges  &  mous ,  &  les  épiphyfés- 
gonflées.'  Dans  léfujet  de  robfervation- de 
M.  Petit ,  il  y  avoir  carie.  Le  vice  cancé.» 


du  Fétus.  28^ 

reux  a  rendu  les  os  mous  &  comme  ver¬ 
moulus.  Il  y  a  un  exemple  de  ce  ramol- 
lilTement  après  une  maladie  lente,  pro¬ 
duite  par  un  abcès  au  méfentere  ;  on  a  vu 
dans  une  fievre  étique  les  côtes  &  le  fter- 
num  devenir  cartilagineux ,  &  même  tous 
les  os  fe  ramollir  ;  telle  étoit  la  mala¬ 
die  de  cette  lionne,  dont  les  os  fe  düTol- 
voient  en  mucilage  dès  l’inftant  qu’on  les 
mettoit  au  feu.  (i) 

L’ufage  du  mercure  peut  aulîi  ramollir 
le  calus,  puifque  par  fon  moyen  on  a  pu 
étendre  un  os  fraduré ,  qui  avoit  été  mal 
réduit. 

"  Cependant  il  y  a  eu  bien  des  hommes 
dont  les  os  fe  font  ramollis  fans  qu’il  y  eût 
la  moindre  apparence  de  carie  ;  chez  les 
Arabes,  il  y  a  eu  le  Poëte  Sathih,  fameux 
par  la  mollefîe  de  fes  os. 

Les  os  peuvent  être  alFedés  d’un  vice 
tout  contraire  ;  ils  peuvent  être  extrême¬ 
ment  fragiles ,  de  façon  qu’une  médiocre 
adion  des  mufcles  puilTe  les  faire  calTer. 

Gn  a  fouvent  vu  aulîi  le  virus  rachiti¬ 
que  ou  vénérien  leur  donner  cette  fragi¬ 
lité  ;  on  a  vu  le  fémur  fe  courber  de  fe 
fradurer  dans  une  convullion,  de  même 


(i)  Eph  nar.  cur.  déc.  i.  an.  i.  obf.  5. 


28^  La  Vie 

un  bras  fe  fradurer  fpontanément  en  tra.- 
vaillant  ;  un  homme  s’eft  caffé  Thume- 
rus  en  jouant  à  la  boule  j  &  un  autre  dans 
un  mouvement  de  projeftion. 

Il  eft  probable  que  dans  ce  cas  le  gluten 
des  os  s’étoit  diffipé  &  qu’il  ne  reftoiî  plus 
que  les  parties  terreufes  ;  quelquefois  ce¬ 
pendant  l’os  eft  tellement  diminué,  qu’il 
ne  refte  plus  que  fa  furface  extérieure. 

Un  Bateleur,  dont  les  capfules  articu¬ 
laires  étoient  fort  lâches,  avoit  les  os  ten-' 
dres  &  friables. 

§.  XXVI-  Le  fuc  ojfeux  cjî  formé  de  _ 
particules  grojjïeres. 

Fai  peut-être  pris  trop  de  peine  à.  parler 
de  ce  fuc ,  que  perfonne  ne  nie  abfolu- 
ment  être  formé  d’un  gluten ,  dans  lequel 
il  y  a  beaucoup  de  parties  calcaires;  cepen¬ 
dant  pour  terminer  une  difpute  que  je  t⬠
cherai  de  faire  éelTer  ,  il  étoit  néceflaire 
que  je  fifte  voir ,  qu’on  tire  cette  efpece 
defuc  des  os ,  qu’on  le  voit  dans  les  plaies  , 
&  que  quand  l’os  a  perdu  fa  nature  olTeufe, 
c’eft  ce  fuc  qui  la  lui  redonne  ;  mais  j’ai 
encore  quelque  chofe  à  dire. 

Les  particules  terreufes  que  ce  fuc  ap¬ 
porte  aux  os  font  fi  épaifîes,  qu’il  ne  peut 
palTer  qu’a  travers  des  vailfeaux  rouges  , 


du  Fétus»  2S7 

&  qui  font  il  dilatés ,  qu^on  voit  qu’ils 
charrient  un  fang  rouge  ;  car  comme  je 
Tai  fait  voir  dans  un  autre  endroit,  fartere 
ne  fe  colore  pas  quand  il  n’y  a  qu’une  feule 
fuite  de  globules  qui  la  parcourt. 

Il  y  a  une  parfaite  refîemblance  entre 
ce  que  l’on  remarque  dans  le  poulet  à  Tin- 
cubation,  ce  qui  arrive  dans  le  calus  qui 
fe  fait  après  une  fra<9:ure ,  &  dans  l’endur- 
cilTement  des  os  du  corps  humain,  quand 
de  cartilages  ils  deviennent  vrais  os  ;  & 
enfin  ce  qui  arrive  quand  un  animal  fe 
nourrit  d’un  aliment  qui  a  la  couleur  de 
fang. 

Premièrement  dans  les  os  longs  d’un 
poulet  renfermé  dans  l’œuf,  la  molleffe  de 
l’os  eft  toujours  en  proportion  de  fa  tranf- 
parence  ;  &  de  même  fa  dureté  eft-  pro¬ 
portionnée  a  fon  opacité. 

Tant  que  tout  l’os  eft  tranfparent,  il  eft 
auffi  tout  flexible ,  &  il  eft  fi  mou  qu’on 
peut  plier  le  tibia  &  en  faire  un  cercle  ; 
&  dans  ce  temps  on  ne  voit  aucune  dif- 
tinétion  de  parties ,  ni  aucune  fibre. 

Dès  qu’il  y  a  quelque  opacité  dans  l’os, 
il  y  a  auffi  un  peu  d’élafticité  &  de  réfif- 
tance ,  &  il  fe  foutient  ;  alors  il  y  a  quel¬ 
que  ébauche  de  fibres. 

On  voit  enfuite  paroitre  fur  tout  l’os , 


2^8  La  Vit 

k  méfiire  qu’il  fe  colore,  &  fur  le  carti¬ 
lage  ,  des  rides  qui  font  le  commencement, 
des  fibres  ;  le  dixième  jour  l’os  eft  d’un 
jaune  foncé,  tel  qu’eft  le  fang  du  fétus 
avant  d’être  d’un  beau  rouge  ,  peu  après 
cette  couleur  jaune  fe  changé  en  rouge, 
&  en  même  temps  on  appérçoit  les  arteres 
nourricières. 

Dans  ce  même  temps  l’os  fe  forme ,  & 
on  appérçoit  des  filions  dans  lefquels  on 
voit  ramper  des  arteres  rouges  ;  la  fubf- 
tance  alvéolaire  fe  forme  a  l’intérieur,  de 
façon  que  chaque  artere  marche  entre 
deux  éminences ,  6t  l’os  fe  perfeêlionne. 
Tout  cela  commence  lorfque  les  arteres 
commencent  a  paroitre  ,  &  s’accroît  à 
mefure  que  les  arteres  profitent,  de  maniéré 
que  rien  de  cartilage  ne  devient  os ,  & 
qu’en  général  rien  dans  l’os  ne  prend  une. 
forme  parfaite  &  diftinde,  fans  que  le  fang 
l’ait  pénétré.  Le  dix-feptieme  &  dix-hui- 
tieme  jour ,  temps  auquel  les  vaifTeaux 
font  de  la  longueur  de  l’os ,  de  qu’ils  ont 
pénétré  l’épiphyfe  ,  l’os  eft  dur  &  fragile. 

L’épiphyfe  eft  de  la  même  nature  :  elle 
n’avoit  été  jufqu’au  dix  -  huitième  jour 
qu’un  cartilage  rrès-fimple,  alors  les  vaif- 
feaux  rouges  commencent  k  la  pénétrer  j 
c’eft  ce  qui  fait  que  ces  vaifîeaux  augmen¬ 
tent 


du  Fétus.  â,§9 

teht,  font  en  grand  nombre ,  Jfortent  de 
l’hémifphere  vafculeux  pour  percer  l’épi- 
phyfe,  verslafindu^ihgt-unieme  jour,  & 
îès  vaifîeâux  extérieurs  pénètrent  âuffi 
piphyfe  ;  c’eft  àuffi  ce  jour-îà  que  le  noyau 
olieux  commence,  a  y  paroitre  ^  quelques 
jours  après  il  en  paroît  un  fécond  toutes 
les  fois  qu’il  y  a  deux  éminences  à  l’extré¬ 
mité  de  l’os  :  &  ces  noyaux  font  tous 
pleins  de  vaÜfeaüx  qui  entrent  dans  îeut 
fubfl:ânGe:&  qui  en  fortent.  . 

La  fubllan  ce  alvéolaire  oiTeufe  du  noyau  ■ 
fe perfedionne en  même  temps,  & peu-k- 
peu  le  cartilage  de  l’épiphylè  difparôit  j 
!&  elle  devient  toute  entière  alvéolaire. 

C’eft  le  même  ordre  dans  la:  formation 
du  calus,  &  ce  font  à-peu-près  les  mêmes 
époques;  car  dès  qu’il  y  à  eu  fradure,  le$ 
pièces  fradurées  fournirent  auffi  -  tôt  iin 
gluten  vifqueux',  qui  eft  coagulable  à  l’ef- 
prit-de-vio  ,  d’autant  plus  facilement  qu’il 
eft  plus  ancien.  Âu  bout  dé  cinquante  heu¬ 
res  il  a  un  peu  de  conftftance ,  èc  eft  trem¬ 
blant,  enfuitedl  fe  prend  en  gelée,  de-^ 
vient  plus  ferme,  &  reftemble  prefque  kr 
une  membrane  ;  il  eft  blanc  le  ftxieme  &  le 
feptieme  jour,  il  devient  cartilage  élafti- 
que  le  neuvième,  le  dixième  &  le  onziemé| 
Tome  IL  T 


I90 

même  qü^on  voit  ces  progteffions  dans 
le  fémur  &  le  tibia  du  poulet. 

Les  points  rouges  ,  qui  font  les  ébau- 
cîies  des  noyaux  offeux  ,  paroiffent  dans 
ie  calus  le  neuvième  &  le  dixième  jour; 
c’eli  auffi  à  cette  époque  qu’on  appercoit 
les  arjcéres  nourricières  dans  le  tibia  du 
poulet ,  ou  un  jour  plus  tard  ,  ç’eft  peut- 
être  parce  que  la  couleur  de  la  garance 
marque  plus  que  les  globules  rouges  ;  mais 
le  calus  devient  plus  rouge  à  mefure  qu’il 
efl  plus  ancien. 

Les  vailTeaux  rouges  font  apparens  dans 
le  cartilagodu  calus  le  douzième  jour,  c’eft 
auffi  ce  jour  îk  qu’ils  paroiffent  dans  lé 
poulet  ;  l’offification  fe  fait  plus  promp¬ 
tement  de  la  partie  inférieure  vers  la  fupé- 
rieure  ,  de  même  dans  le  poulet  les  vaif- 
îèaux  de  la  partie  inférieure  des  os  font 
ordinairement  plus  conlidérables. 

Les  noyaux  qui  fe  forment  dans  le  calus 
reçoivent  ces  vaiffeaux,  de  alers  ils  pren» 
lient  la  nature  offeufe. 

Le  calus  devient  de  même  rouge  à  me* 
fure  qu’il  s’offifie  ;  il  a  un  plus  grand  nom¬ 
bre  de  vaiffeaux  que  l’os,  il  eft  pius  rouge; 

enfin  il  devient  plus  dtir  ,  comme  tout 
le  monde  ie  fçait. 


du  FêtüÈ,  i$t 

On  voit  auffi  quelquefois  dans  f  homme 
les  grands  cartilages  du  larynx  s^offifier  ; 
pour  que  ce  changement  fe  faffe  ,  il  efl 
iiécelTaire  que  les  yaiSeaux  de  ces  cartila¬ 
ges  ayent  auparavant  été  dilatés,  &  qu’ils 
ayent  reçu  plus  de  fang  ;  enfin  lâürs  cellu¬ 
les  offeufes,  qui  étoient  très-hlanches,  ü 
qui  fe  font  endurcies  depuis  peuj  font  ma- 
nifeftement  remplies  d’un  fue  fanguin  ,  je 
l’ai  remarqué  plufieurs  fois. 

Enfin  on  favoit  depuis  long-temps  que  lâ 
garanee  avoit  la  propriété  de  teindre  l’urine  ; 
niais  depuis  qu’on  a  remarqué  que  les  os  des 
cochons  ;  qui  fe  nourrilToient  des  épîuchu^ 
res  de  cette  plante  chez  les  Teinturiers 
étoient  très-rouges  -,  cette  ohfervation  a 
excité'  la  eurioiité  des  favans^  e’efi  ce  qui 
a  fait  que  dans  toute  l’Europe  on  a  fait 
des  expériences  fur  cette  racine  ;  il  y  a  eu 
en  Angleterre,  Belchier ,  en  France ,  M. 
Duhamel,  &  depuis  peu  M;  Fougeroux,  en 
Italie ,  M.  Bazzanni  en  Allemagne ,  MM*,’ 
Boehmér ,  Eudv^igii  Deîim ,  Steinméyeri 
Duntzius  &  Rungîus  mes  éleves  m’ont 
préparé  le  fqueîette  d’ Une  poule  qui  étoit 
tout  rouge ,  &  enfin  M.  Detlef  a  fait  des 
recherchés  fur  cet  objet  avec  beaucoup 
d’induftrie  ’  il  a  refié  pour  confiant  qu’il 
n’y  avoit  que  cette  racine  qui  teignît  les 
Tij 


1^2. 

os  ;  que  le  cartame  &  lé  guesde  n^avoienc 
pas  cette  propriété ,  comme  il  n’y  a  que  lé 
fuc  de  l’indigo  qui  paffe  dans  les  vailTeaux 
îadés ,  èc  non  la  garance  ■  cependant  prefj- 
que  toutes  les  efpeces  de  galium  qui  ont  de 
TalEnité  avec  la  garance  ont  la  même  pro¬ 
priété  ;  cette  racine  teint  plus  facilement 
les  os  dans  les  jeunes  fujets,  &  plus  lente¬ 
ment  dans  les  vieux. 

On  a  obfervé  que  pendant  que  les  os 
fe  teignent  en  rouge,  il  y  a  une  pouffiere 
très-fiue,mais  très-manifefte, qui  fe  dépofe 
dans  le  tiflu  cellulaire  olTeux ,  &  qu’il  y  a 
des  croûtes  rouges  qui  entourent  les  par¬ 
ties  blanches  de  f  os  ;  il  y  a  de  même  quel¬ 
ques  os  plats  ,  fur  lefquels  on  remarque 
une  quantité  de  vaifîèaux  qui  font  comme 
fi  on  les  âvoit  injeélés ,  c’efl:  ce  que  nous 
avons  vu  M.  Delius  &  moi. 

Mais  de  toutes  les  parties  animales  ,  il 
n’y  a  que  les  os  qui  fe  teignent  ;  ce  ne 
font  ni  les  cartilages,  ni  les( tendons  ,  ni 
les  membranes,  ni  les  ligamens,  ni  le  pé¬ 
riode  ,  ni  aucune  humeur  animale ,  ni  le 
lait,  quoiqu’on  ait  dit  que  le  lait  fe  tei- 
gnoit  auffi. 

Les  os  prennent  une  teinture  d’autant 
plus  forte ,  qu’ils  font  plus  durs  &  plus 
épais. 


Fitus,  293 

Tous  les  os  prennent  donc  la  couleur 
rouge ,  même  les  petits  grains  eachés  dans 
les  cartilages  avant  qu’ils  s’offifienc  ;  c’eflr 
en  s’oiEfiant,  a  ce  que  je  penfe,  que  le  car¬ 
tilage  du  bec  de  certains  oîfèaux  ,  les  an 7 
neaux  de  la  trachée  artere ,  ou  toute  la  tra* 
chée  artere  &  le  larynx  ont  été  teints. 

On  voit  auffi  teintes  de  cette  couleur  les 
parties  qui  fe  font  offifiées  contre  nature, 
comme  les  tendons  d’animaux  oiîifiés,  les 
écailles  offifiées  de  la  lelérotique  des  oi— 
féaux .enfin  les  noyaux  du  calus  quand 
iis  ont  acquis  la  nature  ofîeufe,  mais  pas 
auparavant  ^  on  a  vu  auffi  teinte  en  rouge 
une  concrétion  de  goutte  dans  une  poule. 

Quand  le  caîus  eft  parfaitement  offeux, 
il  eft  plus  rouge  que  l’os  ^  comme  il  eft 
auffi  plus  dur.. 

Si  on  fufpend  i’ufage  de  la  garance,  les 
©s  redeviennent  blancs ,  &  même  la  cou- 
leur  rouge  diminue  peu-à-4>eu  dans  les  os 
d-’un  fquelette  expoféà  l’air. 

^  Toutes  ces  expériences  prouvent  donc 
que  de  toutes  les  humeurs  du  corps  hu¬ 
main,  le  fuc  olîeux  eft  le  plus  grofiier> 
puifqu’il  ne  peut  être  charié  que  par  des 
vaiffeaux  parfàitement  rouges_ 

Elles  prouvent  auffi  que  les  vaifTeaux' 
des  os  font  très-amples.,  puiique  ce  n’eft: 


a  ^4 

que  par  eux  que  le  fuc  colorant  de  la  ga¬ 
rance  peut  être  dépofé ,  &  non  par  ceux 
d’aucune  autre  partie  qui  font  fans  couleur 
&  plus  fins.  ; 

Enfin  elles  démontrent  qu’il  y  a  tant 
d’affinité  entre  la  teinture  rouge  &  la  par¬ 
tie  terreufe  des  os,  que  c’efi;  cette  partie 
qui  reeok  principalement  la  couleur  de  la 
garance  &  qui  en  eft  teinte. 

C’efi:  ce  qui  fait  que  les  calus  &  les  car¬ 
tilages  fe  teignent  dans  le  temps  qu’ils  s’ofi 
fifienc ,  6c  qu’en  enlevant  d’ un  os  teint  la 
partie  crétacée,  on  en  enleve  auffi  la  coup¬ 
leur. 

N’eft-ce  pas  pour  cette  raifon  que  les 
poi fions  ne  font  que  cartilagineux  ,  leur 
cœur  eft  petit,  êc  ils  ont  peu  de  vaifieaux 
fanguins  6c  très-peu  de  fang, ils  n’ont  point 
les  vaifieaux  âlTezgros ,  où  ils  n’ont  point 
afiez  de  matière  tprreufe  pour  former  des 
os,  6c  pour  faire  prendre  à  des  cartilages 
une  vraie  nature  ofieufe. 

C’eft  pourquoi  la  baleine  a  de  vrais  os; 
ce  poi-fibn  a  le  cœur  gros  ,  les  vaifieaux 
grands  6c  beaucoup  de  fang. 

§.  X  X  V  î  I.  cartilage. 

Quoique  le  cartilage  foit  en  quêîque 
façon  un  commencement  d’os  ,  6c  qu’à 


du  Fém  s^  % 

Voccâfîon  des  os,  nous  ayo»s  dît  bien  des 
chofes  qui  regardent  le  cartilage,  il  nous 
refte  cependant  des  chofes  qui  ne  font  pas 
inutiles  à  ajouter. 

La  ftriîdure  du  cartilage  efï  beaucoup 
plus  difficile  à  connoitre  que  celle  de  Fos  ÿ 
dans  le  commencement  de  fbrmatioii 
dans  le  fétus ,  il  ny  a  aucune  diftinéfion  do 
parties  ;  il  y  en  a  fort  peu  dans  le  larynx  de 
dans  le  cartilage  des  côtes ,  qui  fuivant  les 
loix  ordinaires  de  la  nature,  ne  s’offifient  ja- 
mais,ou  du  moins  ne  le  font  que  très-tard.  ï i 
parok  que  la  plus  grande  partie  du  Gartikge 
eft  formée  comme  dkn  tiffii  cellulaire  plus 
dur,  &  qui  s’enleve  par  écailiesq^  il  y  a  h 
l’intérieur  des  parcelles  qui  font  e-ntoutées 
dune  matière  d’une  aqtte  couleur.; 

Je  n’ai  point  vu  dans  k  cartilage  dè 
bres  ni  de  lames  ,  je  ne  nie  pas.  cependaFir 
qu’il  n’y  es  ait  ;  on  en  voit  maoifeileînent 
dans  ces  filets  dont  eft  hériffié  fîntérieur 
des  os  de  la  baleino  ;  en  eifet  les  interyal-T 
les  qui  font  renaplis  par  ks  f  ailïeaux  qu| 
pénètrent  à  travers  les.  croates  cartilagi-i 
neufes  des  os,  paroiffent  fibreux ,  cepen-^ 
d^nt  il  n’eÉ  point  affei  certain  qu’il  y  ait 
dans  cette  fixu^ure  quelque  cbefe  de  plus 
que  des  filions  vafculeux  qm  divifest  lo 
çartila^  j  car  leg.  cartüages  font  percés  ^ 


La  Vit 

traverfés  de  toutes  parts  par  des  vaîlîeaus» 
qui  ne  font  fenfibles  que  dans  le  temps 
qu’il  fe  change  en  os ,  foie  qu’on  prenne 
pour  exemple  les  épiphyfes ,  ou  les  cartila¬ 
ges  du  larynx. 

Il  eft  encore  plus  difficile  de  démontrer 
des  lames  que  des  fibres  dans  les  cartila¬ 
ges  ,  même  dans  les  plus  gros,  à  moins 
qu’on  ne  veuille  prendre  pour  des  car¬ 
tilages  les  mouftaches  des  baleines,  ou 
qu’on  employé  quelques  procédés  que  je 
n’ai  pas  éprouvés. 

Les  cartilages  different  des  os  en  ce  que 
les  liqueurs  acides  ne  font  fur  eux  aucune 
împreffion ,  qu’ils  ne  font  pas  facilement 
affe(^és  de  carie,  qu’il  ne  s’en  détache  pas 
de  feuillets  quand  ils  font  léfés,  qu’ils  ne 
fe  reffentent  point  du  ramblliffement  gé¬ 
néral  des  os  ,  qu’ils  fe  diffolvent  facile¬ 
ment  &  entièrement  dans  l’eau  chaude , 
qu’ils  font  mous  &  élafiiques,  &  qu’on 
peut  les  entamer  avec  le  fcalpel ,  que  la 
garance  ne  les  teint  point,  &  que  quand 
le  cartilage  eff  confommé,  il  ne  fe  régé¬ 
néré  point. 

Comme  il  fè  forme  des  offifications 
contre  nature ,  il  fe  forme  auffi  des  carti¬ 
lages  ;  les  tendons  qui  éprouvent  un  grand 
frottement;^  comme  le  long  péronier  du: 


du  Fétus.  297 

coté  qu’il  touche  à  Fos  cuboïde,  deviennent 
facilement  cartilagineux  j  ce  tendon  dans 
l’adulte  eft  rrès-fouvent  un  cartilage  ovale 
&  applati.  Les  tuniques  des  kiftes  comme 
dans  l’ovaire,  dans  la  glande  thyroïde,  là 
rate  &  ailleurs ,  &  fouvent  celles  de  l’aorte 
deviennent  auffi  cartilagineufes  y  enfin  les 
mufcles  &  les  nerfs. 

La  plupart  des  cartilages  dans  le  corps 
humain  font  des  commencement  d’os ,  & 
quand  l’homme  éft  devenu  adulte ,  il  n’en 
refie  plus  qu’une  croûte  mince  qui  terminé 
Fos. 

Quelques-uns  peuvent  s’offifier,  cepen¬ 
dant  ne  s’offifient  que  rarement,  comme 
les  cartilages  des  côtes ,  du  larynx  &  dés 
vertébrés  ;  ces  derniers  ont  plus  d’affinité' 
avec  les  ligamens. 

Fréfentement  li  on  demande  commérit 
les  cartilages  fe  forment  ôc  comment  ils 
fe  détruifehr,  on  peut  croire  qufils  fe  for-^ 
ment  d’un  gluten  épaiffi ,  &  ils  fe  diffoivéne 
maniféftement  en  gluten ‘^\\  eft  probable 
que  ce  gluten  fe  charge  d’une  médiocre 
quantité  dé  matière  calcaire.  C’eft  pouf 
cette  raifon  qu’une  grande  abondance  d’hu¬ 
meur  conferve  dans  l’état  cartilagineux  des 
parties  qui  devroient  s’offifier  ;  c’eft- pour¬ 
quoi  auffi  les  cartilages  qui  terminent  les  os 


298  La  Vie 

longs  Sc  qui  font  hume£lés,  ne  s*offifietit 

pas  ;  l’épiglote  s’offifie  rarement. 

Il  peut  fe  former  des  cartilages  contre- 
nature  ,  quand  il  y  a  eu  inflammation  dans 
une  membrane  ou  un  tendon  qui  a  fait, 
tranfuder  le  gluten,  comme  on  a  vu  ce 
ten  tranfuder  de  la  plevre  ou  du  péricarde , 
par  l’inflammation  des  ces  parties.  Il  paroît 
que  ce  font  des  couches  répétées  de  ce  glu¬ 
ten  qui  forment  le  cartilage  ;  on  a  vu  la  rate 
devenir  cartilagineufe  par  Tendroit  où  elle 
touche  la  derniere  des  fauflTes  côtes. 

L’épanchement  même  feul  de  ce  fuc  en¬ 
gendre  un  cartilage  •  cela  efl:  arrivé  dans  le 
tilTu  cellulaire  qui  environne  la  plèvre,  & 
dans  les  grandes  arteres  ;  le  bol  &  les  re- 
medes  aftringens  caufent  l’ankylofe. 

Il  paroît  que  le  cartilage  devient  os 
quand  il  y  a  une  plus  grande  portion  de 
matière  calcaire,  qui  fe  dépofedans  les  in-- 
terjfticesque  laifîent  les  fibres  entr’elles,^ 
qui  s’unit  avec  elles. 

Ou  cela  fe  fait  tout  fîmpîement  par  l’a¬ 
bondance  de  cette  matière  calcaire,  comme 
dans  le  cartilage  des  côtes  des  vieillards  & 
dans  le  lary  nx  ;  ou  par  la  dilatation  des  vaif- 
féaux  qui  pénètrent  dans  l’intérieur  des  car¬ 
tilages,  de  façon  que  ceux  de  ces  vajifeaux 
,  qui  ne  donnoient  palTage  qu’à  une  matière 


du  Fétus.  -^99 

fine  &  tenue,  deviennent  capables  de  rece¬ 
voir  du  faiig,  &  reçoivent  auffi  par  la  meme 
caufe  de  la  terre  calcaire  ;  c’efi  ce  qui 
arrive  dans  les  cartilages  qui  s’ofîifienc 
naturellement. 

La  refiemblance  du  cartilage  offifié  avec 
un  os ,  induit  k  ctoite  qu’il  y  avoir  dans  le 
cartilage  ,  dans  l’état  naturel  ^  des  fibres 
&  des  lames,  &  une  ftruéluré  alvéolaire ÿ 
quoique  tout  cela  (bit  caché  par  un  g/utsn 
calleux  qui  remplit  les  intervalles  des  fir- 
bres ,  des  lames ,  Sc  des  alvéoles  ;  Si  que 
cet  état  différé  fi  peu  de  la  nature  carti^ 
lagineufe ,  que  l’œii  ne  peut  Fen  diftinguer. 

§.  XXVIII.  Comment  fi  forment  les  os 
cylbtdriques. 

Soit  qu’il  y  ait  dans  les  os  une  difpofi^ 
tion  particulière  qui  foit  favorable  a  la 
ftruâure  qu’ils  doivent  avoir,  foit ,  comme 
il  eftplus  probable,  que  dans  le  principe  les 
rudimens  de  l’os  exifieot  entièrement,  mais 
plus  mous  &  imparfaits,  je  penfe  que  pro¬ 
bablement  c’efl:  de  la  maniéré  cpie  je  vais 
dire  ,  que  d’un  gluten  il  fe  forme  un  os 
parfait. 

Il  fe  diftribue  donc  des  artères  f^s  cou-»- 
leur  dans  l’os  qui  n’efi:  encore  qvFun  gluten^ 
comme  elles  doivent  ie  difiribuer  dans  fôs 


300  Vie 

parfait;  or  dès  qu’une  nouvelle  force  lait 
entrer  dans  ces  arteres  des  particules  plus  - 
groffieres,  ce  qui  arrive  dans  le  poulet  con¬ 
tenu  dans  Tœuf  vers  la  fin  du  fixieme  jour  y 
que  le  cœur  eft  parfait ,  que  les  membres 
prennent  plus  d’accroifTemenr,  &  qu’il  y  a 
des  taches  fanguines  dans  les  vaifTeaux  des 
extrémités  qui  pénètrent  jufqu’aux  ergots; 
alors  les  vaifTeaux  des  os  de  ces  extrémités 
font  diftendus ,  5c  il  pafTe  d’abord  dans  l’ar- 
tere  nourricière  &  dans  fes  deux  plus  gref¬ 
fes  branches ,  qui  font  proches  du  milieu 
de  Tos,  ainfî  que  dans  leurs  ramifications  , 
une  humeur  jaune,  mélangée  de  quelques 
globules,  tandis  que  les  autres  branches  de 
la  même  artere  reftent  fens  couleur  ;  ainfi 
du  fixieme  jour  au  dixième,  il  fe  forme  fur 
l’os  des  filions  par  la  pulfation  des  arteres 
qui  font  droites  ,  qui  refTerenc  le  gluten. 
dans  un  efpace  plus  étroit  en  proportion 
quelles  fe  dilatent  ;  de-là  vient  la  Topacicé', 
&  une  certaine  portion  terreufe  qui  fe  dé- 
pofe  dans  le  gluun  y  donne  de  Télafticité 
&  de  la  fermeté. 

Vers  le  onzième  jour,  les  arteres  étant 
alors  plus  dilatées ,  reçoivent  du  vrai  fang?, 
&  ce  fang  pafTé  de  Tartere  nourricière  dans 
les  vaifTeaux  droits ,  qui  en  traverfant  lé 
tifiu  cellulaire  interne  du  canal  médullairea, 
vont  fe  rendre  a  TépiphyCe, 


du  Fétus.  .  3ÔÎ 

îî  paroit  aufïi  des  vaifTeaux ,  qui  placés 
(dans  toute  l’étendue  de  l’os  en  lignes  prefque 
parallèles  à  Taxe ,  forment  de  plus  en  plus 
des  fibres  qui  font  des  famés  féparées  par 
CCS  vaifTeaux. 

Ainfi  l’opacité  ,  la  fragilité  ôc  la  rou¬ 
geur  s’étendent  également  du  centre  de 
l’os  vers  Tépiphyfe  de  chaque  extrémité ,  à 
mefure  que  s’étend  Tartere  nourricière  avec 
fes  rameaux,  dans  îefqueîs  le  fang pénétré 
tou j  ours  plus  profondément. 

Alors  les  plus  gros  vaifTeaux  encore  dé¬ 
licats  des  cerclés  vafculeux ,  pofés  les  uns 
entre  les  autres ,  transforment  les  éminen¬ 
ces  en  petites  lames;  &  la  dilatation  des . 
vaifTeaux  qui  defcendent  à  travers  toute  la 
partie  offîfiée,  &  dont  le  fang  n’a  pas  en-, 
core  trouvé  un  palTage  libre  jufqu’à  l’épi- 
phyfe  ,  force  quelques  lames  de  s’élever 
dans  le  canal  médullaire ,  d’ abord  du  mi¬ 
lieu  de  l’os ,  enfuite  de^ toute  fon  étendue; , 
c’eft  ainfi  que  fe  forme  la  fubftance  alvéo¬ 
laire. 

En  même  temps  le  tifTu  cellulaire  de¬ 
vient  rouge,  à  caufe  du  grand  nombre  de 
vaifTeaux  dont  ce  canal  eft  rempli,  &  alors 
il  commence  a  Te  faire  fecrétion  d’un  füc 
médullaire  gras  &  rouge. 

Outre  cela,  quand  les  arteres  du  cercle 


302r  La  Vît 

vâfcuîeux  font  parfaites ,  c^eft-k-dirc,  que 
jüfqu’k  rextrêmicé  de  l’os  elles  font  rem¬ 
plies  de  vrai  fang  ,  tout  ee  qui  étoit  car¬ 
tilagineux  eft  alors  devenu  ofleux  par  le  - 
moyen  des  particules  concrètes  comme 
graveieufes  que  le  fang  y  apporte,  &  ces 
particules  en  font  un  os  dur  &  fragile. 

Ledix-huitieme  jour,  le  fangqüi  palToit 
plus  difficilement  a  l’épiphyfe ,  &  qui  par 
cette  difficulté  diftendoit  les  arteres  à  l’ex- 
trêmité  de  fos,  en  forme  de  tête  de  clou, 
s’ouvre  enfin  un  paflage  a  travers  les  pores 
de  la  lame  cribleufe ,  &  apporte  ce  qu’il 
imt  de  fang  dans  ce  qui  eft  encore  carti¬ 
lagineux. 

ÏÆs  vaifieaux  extérieurs  qui  font  k  l’ex- 
trêrnké  du  membre  font  le  même  office. 

Tout  fe  fait  pareillement  dans  l’épiphyfe 
par  les  mêmes  caufes  ;  de  toutes  parts  l’ar- 
rere  nourricière  fournit  des  vailTeaux  qui 
fortent  de  la  furface  percée  du  noyau ,  & 
qui  charient  une  provifion  de  matière  ter- 
reufe. 

Cette  matière  terreufe  forme  le  com¬ 
mencement  du  nouvel  os  dans  le  centre  de 
ce  noyau>  aux  environs  de  l’entrée  de  l’ar¬ 
tère  nourricière  ;  &  la  preffion  des  vaifîeaux 
la  rend  alvéolaire  j  cette  fubftance  alvéolaire 


du  Vêtus,  303 

sMtend  peu-k-peudans  ce  qui  eft  cartilagi¬ 
neux  ,  jufqu’à  ce  que  toute  l’épiphyfe  foie 
elle-même  devenue  oireufe,&  qu’elle  s’unif- 
fe  a  l’os  par  l’épanchement  du  fuc  terreux  ; 
jamais  cependant  l’union  de  l’épiphyfe  avec 
l’os  n’eft  également  ferme  ;  la  portion  car- 
tilagineufe  des  cotes  fe  détache  facilement 
du  refte  de  l’os ,  cela  arrive  même  dans 
certaines  maladies. 

J’ai  vu  tout  ce  que  je  viens  dé  décrire  3 
&  on  peut  aifément  le  voir  comme  moi  k 
ï’aide  d’une  lentille  fort  convexe  \  la  raifon 
enfeigne  le  refte  :  fçavok  que  les  particules 
terreufes  s’adaptent  aux  fibres  glutincufes , 
dt  que  ces  fibres  acquièrent  d’autant  plus 
de  dureté  qu’elles  font  vifqueufes,  de  abfor- 
bent  facilement  les  parties  terreufes. 

Enfuite  à  mefure  que  l’animal  continue 
de  vivre ,  ces  mêmes  particules  teiteulès 
s’épfnchant  dans  les  petits  vuides  que  laif- 
fent  entr’eux  les  vaifteaùx  ,  compriment 
davantage  les  artérioles  qui  font  déjà  com¬ 
primées  de  rétrécies  par  l’os  k  mefiire  qu’il 
prend  plus  de  folidiré,  en  écrafenc  plufieurSj 
&  forment  par-la  une  fuperficie  continue, 
fuivant  l’ordre  dans  lequel  font  rangées  les 
fibres.  Cette  matière  terreufe  fe  dép^  con¬ 
tinuellement  de  ne  eefîe  qu’à  îa  niort,  c’ eÉ 


hct  Vît 

ce  qui  fait  que  les  os  deviennent  de  plus  eu 
plus  pefans,  terreux  &  fragiles;  que  le  nom^ 
bre  de  leurs  vailTeaux  diminue  de  plus  en  ' 
plus ,  &  qu'ils  fe  foudent  plus  difficilement; 
ç’eft  ce  que  les  Chirurgiens  ont  obfervé 
depuis  long-temps»  Les  os  des  jeunes  fujets 
ne  donnent  par  la  càlcination  que  quelques 
onces  de  cendres,  ceux  d’un  bœuf  en  don^ 
nent  k-peu-près  la  moitié  de  leur  poids  ;  un 
os  encore  mou  fe  dilTout  prefque  entière¬ 
ment* 

Le  calus  eft  une  imitation  d’os  ;  car  le 
gluten  qui  tranfude  des  vaifTeaux  &  des  fi- 
'bres  de  l’os  fraduré  &  des  vaifleaux  mé¬ 
dullaires  déchirés  ,  prend  fpontanément 
confiftance  &  devient  un  cartilage,  comme 
ce  même  forme  naturellement  urt; 

cartilage  ;  il  s’offifie  enfuite  quand  il  â  des 
vailTeaux  alTez  dilatés  pour  que  de  vraifang 
puilTe  le  pénétrer  &  apporter  le  fuc,, ter¬ 
reux  ,  &  cette  terre  forme  les  points  ofleuX 
que  la, garance  teint  en  rouge,  dont  chacun 
devient  un  noyau  olTeux,  qui  leçoit  &  en¬ 
voyé  des  vailTeaux  jufqu’a  ce  qu’il  ne  refte 
plus  rien  du  cartilage  &  que  tout  Toit  ofii- 
fié.  Cependant  le  calus  eft  toujours  un  corps 
inorganique,  celluleux  &  fpongieux  ou  fo- 
lide  ,  parce  que  le  fuc  olTeux  n’eft  point 
doué  naturellement  de  la  faculté  de  faire 

par 


âîi  Fiüiài 

-^àr  fon  ühidii  avec  lé  fue  terréux ,  un  touè 
bien  ordonné. 

§.XXÏt.  Dmi  Phomm. 

II  y  a  fort  peu  de  différence  entré  îà 
maniéré  dont  fe  forinentles  os  des  quadru» 
jpedes  &  ceux  des  volatiles ,  c’eft  auïïi  à*peu" 
près  de  même  dans  l’homme.  Nous  éoni- 
mencerons  pair  les  os  longs, e’éff-à-dire,rhü“ 
hiérus,  le  cubitus^  le  radius,  les  os  du  méta¬ 
carpe^  ceux  des,  doigts  j  de  la  main  &  du 
pied^  le  fémur  y  le  tibias  le  péroné  y  le  cal«ï 
caneumy  le  métatarfe  &  l’os  hyoïde; 

Tous  ces  os  ont  de  commun  entr’eux^ 
que  dans  le  principe  ils  font  gelée  ^  enfuiré 
.cartilage  ;  de-fa  il  fe  formé  un  cercle  dans 
le  milieu^  qui  s’offifie  le  premier,  &  qui  eh 
croiffant  peu  ■  àfpeu ,  s’étend  en  s’olfîfiant 
vers  les  épiphyfes,  &  enfin  réduit  en  une 
croûte  mince  le  cartilage  qui  lui  obéit. 

Gn  Voit  auÜï  plutôt  ou  plus  tardj  dans 
i’épiphyfe  delà  plupart  des  os ,  des  noyaux 
jde  chaque  coté  ;  ces  noyaux  par  leur  pro¬ 
pre  accroiffement  changent  en  os  ce  carti;^ 
îagej  qui  par  lâ  fuite  termine  là  vraie  fubf^ 
tance  offeufe  ;  eft  reçu  dans  la  cavité  arti-' 
culaire^  &  s’attache  à  l’os  par  une  furfacé 
inégalêi 

Ces  os  brit  àullides  vaiiTeaux  iiGurricièr% 

Tôme  JJi  V 


des  arteres  &  des  veines  qui  les  accofil^â'» 
gnent  *,  ces  vaiiTeaux  defcendent  oblique¬ 
ment  dans  la  mpëllê,  par  un  canal  qui  leur 
eft  proprCj  vers  le  milieu  de  f  os. 

■  La  plupart  du  temps  ils  fe  di vifent  comme 
dans  les  volatiles  y  en  deux  branches ,  dont 
chacune  va  fe  diftribuer  k  une  épiphyfe. 

Ils  fourniffent  auffi  des  vaiffeaux  longs 
placés  entre  les  lames  de  les  libres  de  fos  • 
il  y  en  a  cependant  quelques  petits  qui 
viennent  du  périofte^  ce  qui  n’eft  pas  de 
même  dans  le  volatile,  car  il  ne  paffe  dansée 
volatile  aucun  rameau  dans  Fos,  qui  vienne 
de  cette  membrane. 

Il  y  a  enfîtt  quelques  petits  vajiTeaux , 
jqui  du  canal  médullaire,  pafîènt  dans  les- 
pores  de  Fos ,  en  l'evenant  par  les  filions  êc 
les  intervalles  qui  fe  trouvent  entre  les  lar¬ 
mes  ;  c^eft  de  cette  maniéré  quel  de  petits 
vaifTeaux  pafTent  de  là  dare-mere  au  cfâne^ 

Il  y  a  d’autres  vaifTeaux  pour  nourrir  les 
ëpiphyfes,  ils  font  en  grand  nombre,  ils 
fe  plongent  .dans  les  puits  de  la  fub fiance 
alvéolaire  ;  leurs  rameaux  qui  font  très^ 
"fins  font  une  éfpece  de  dellin  fur  le  périofte 
&  fur  le  tifTü  cellulaire  ;  on  prétend  qu’ils 
ne  s’anaftôniofent  point  ;  je  penfe  qu’on 
eft  induit  k  le  croire  ,  parce  qu’ils  font 
fort  courts. 

J’ai  fouvent  vu  dans  Fhomme,  les  vaif 


dnFétüsi  367 

féàuît  fujpèrficiels  dès  cartilages  naître  dti 
Cercle  qui  entoure  l’épiphÿfe  -  quand  Fépi- 
phyfe  eft  encore  cartilagiheufe  >  les  Vaif^ 
féaux  font  moins  àppârèha^  cependant  oü 
en  trouve  des  tracesi  V  -  \  ■ 

’  Dans  l’homme  y  la  lubfLatiCe  de  Fo^  dâns' 
fon  principe  eft  de  même  due  dans  le  Volatil 
le ,  pbreufe  "blanche &  tendrey  elle  deViehl 
fibreufê  quand  les  intèrftices  des  pores  iont" 
devenu^  continus-  en  ligné  droite;  &  enïiti 
ils  font  formés  de  laines;  quand  lé  foc  oi^'! 
îeüX  à  rempli  une  partie  dés  fentes'  qui  ÿ 
font  ;  les  fibres  ôfteufésj' comme  celles  deS 
-parties  molles;  fe  détournent  de  côté  &  fë 
mêlent  en  formé  de  réfeau  ;  &  chaque  fi-^' 
bre  eft  ifn  fâifceau  d’âutres  plus  petites  fi¬ 
bres.  -  ■-  '  ■- 

Les  os  humains  oht  àüiÈ  l’eüf  laifies  quL 
ie  prolongent  dans  la  cavité;  médullaire  ;  J 
elles  font  froncées ,  percées  de ,  trous  éê  té-  ‘ 
ticulaires,;  &  enfin  iFy%"âuit  'èirréïhiî:es 
dèi’os;  dës  réfeaux  très-fins  de  filets  Oiïeux-  . 
autour  dé  grades  aréoles  j  lés  vqiafilês  " 
ifén  onc^pâs^dë  pareilsf ;  ;  ,  - 

Il  n’y  â  aiifii  aux  épiphyfes  qu’une  feulé  I 
lame  3  qui  couVre  un  tifîu  ceîlüiâire.  ; 

Le  gluten  ôc  le  fuc  terré  üx  font  de  M  ' 
même  nâtürei  ' 

Ceci  s’accorde  avec  lès  meifteüres  oB^ 

Vij 


fervatîofts  que  nous  avons  éparfes  fur  k 
formation  des  os  humains,  quon  a  faites 
en  fuivant  ràccroiffement  de  l’os  depuis 
fon  état  gélatineux  jufqu’à  fa  parfaite  for- , 
matîon  ;  quoique  dans  l’homme  on  ns 
puiffe  pas  de  même  obfervsr  dès  les  pre-» 
miers  temps  de  la  formation  j  de  qu  on  ne 
foit  pas  à  portée  de  déterminer  de  même 
les  époques. 

Ainfi  ce  qui  eft  vrai  de  l’arrangement 
des  yailTeaux  dans  la  formation  des  os  dans 
les  volatiles  ,  felî:  de  même  dans  les  qua-^ 
drupedes ,  &  même  dans  f  homme. 

§.  XXX.  Les  ôs  pïatà. 

Quoique  ces  os  paroiffent  d’uné  autre 
nature  j  &  qu’ils  n’ayent  point  de  cavité  : 
médullaire ,  ni  d’épiphyfe ,  ni  de  noyauj 
ni  enfin  de  Cercle  central ,  comme  les  os 
longs,  cependant  ils  ont  de  commun  avec 
eux  Cè  qui  eft  de  plus  important. 

Le  coronal,  par  exemple,  n’ eft  dans  I© 
fétus  des  brutes,  même  dans  le  fétus  hu¬ 
main^  qu’une  membrane-rnolle  de  flexible; 
enfuite  c’eft  une  multitude  de  points  of- 
feux,  étendus  fur  une  membrane,  fort  dif- 
tans  les  uns  des  autres^  de  dont  les  inter¬ 
valles  font  remplis  d’une  matière  molle. 

Ces  molécules  deviennent  un  réfeau  de 


du  Fctüs.  '  30.^ 

fibres,  poreufés ,  écartées  &  ifoîées  ,  qui 
de  tous  côtés  s’étendent  vers  la  circonté- 
rence.  Toutes  ces  parties  font  flexibles  dans 
le  principe ,  &  cependant-  ne  font  pas  un 
vrai  cartilage  ;  enfüite  elles  reftent  flexibles 
au  bord,  &  prennent  plus  de  folidité  au  cen¬ 
tre,  &  on  voit  manîfeftement  que  le  tout 
efl;  compofé  d’une  portion  membraneufe 
&  d’une  autre  déjà  ofleufe  ;  car  les  os  même 
fe  ployent  jufqu’à  ce  qu’ils  foient  très- min¬ 
ces  :  c’efl:  à-peu-près  le  même  état  que  celui 
auquel  les  ramènent  les  maladies  car  on 
a  vu  dans  le  crâne  d’un  hydrocéphale  des  fi¬ 
bres  ofieurés  éparfes  dans  des  membranes , 
tandis  que  tout  le  refte  étoit  flexible  à; 
tranfparent.  •  • 

Toutes  ces  fibres  partent  d’un  centra 
commun  pour  fè  rendre  à  la  circonférence; 
c’efl;  dans  ce  centre  qu’entre  la  principaîe 
artere  nourricière,  ou  quelquefois  plufieurs 
artérioles. 

C’efl:  au  centre,  comme  il  eft  raifônna- 
bîe  de  le  croire,  que  l’épanchement  de  la 
matière  calcaire  forme,  autour- de  l’entrée 
de  Fartere,  les  premières  lignes  duréfeau 
offeux ,  ainfi  que  les  premiers  points  de 
dureté.  '  '  ; 

Et  il  efl:  évident  que  le  füc  ofleux  s’é¬ 
panche  de  fe  raflemble  tellement  au  çen- 

Yiir 


jiQ  La  Vu 

fre,  qu’il  remplit  &  met  de  niveau  les 
tervalles  qui  font  entre  les  points  offeux^ 
&  les  fentes  qui  font  entre  les  fibres  •  c’elî 
pourquoi  c-efl:  au  centre  que  fe  forme  cette 
efpece  de  noyau  dur ,  parce  qu’il  y  a  beau¬ 
coup  4s  vaiffèaux  blancs  qui  font  effacés  j 
&  beaucoup  de  fuc  terreux. 

L’artere  centrale  envoyé  des  rameaux  à 
îa  circonférence  ,  le  long  des  vuides  qui 
font  entre  les  fibres  ;  fi  on  les  découvre 
avec  force,  on  les  arrache q  (es  fibres  s’a- 
longent  auffi  de,  plus  en  plus  ,  en  même- 
temps  que  les  artérioles  ;  &  les  rayons  ofieux 
s’avancent ,  en  accompagnant  les  rameaux, 
jufqu’k  ce  qu’ils  ayent  parcouru  toute  faire 
membraneufe  de  leur  os. 

Ii’os: s’unit,  fe  durcit  &  s’amincit  plus 
promptement  dans  les  endroits,  où  iifouf- 
fre  preffion,  comme  au-delTüs  de  l’orbite, 

.  A  f  eî^trêmité  de  l’os;  plat  la  plus  éloi-?. 
gnée  du  centre  du  mouvement ,  il  n’y  a 
-dans  le  commencement  qu’une  feule  lame 
IjlFeufe ,  &  elle  eft  intérieure  ;  mais  plus 
PU  approche  du  centre,  plus  on  trouve  de 
lames  appliquées  les  unes  fur  les  autres ,  de 
façon  que  la  furfàce  eft  comme  ecailleufé , 
k  caufe  de  l’inégalité  du  nombre  des  lames  j 
il  y  a  plus  d’épailTeur  dans  le  milieu, comme 
•dans  les  os  longs ,  dç  il  ne  refte  qu’mP?  lame 


du  Fétus.  '  3  î  I 

près  de  i’épiphyie  ;  on  voit  auffi  k  l’exté^- 
rieur  de  l’ extrémité  de  Tos ,  plus  de  fibres 
diftindes,  rangées  en  maniéré  de  dents  de 
peigne,  dans  le  temps  que  tout  eft  épais  & 
très-dur  dans  le  centre  ;  &  enfin  la  furface 
eft  comme  déchiquetée,  &  ii  y  a  des  points 
membraneux  qui  s’élèvent  verticalement 
entre  les  lignes  ofîeulès  ;  ces  fibres  dures 
font  plongées  dans  la  membrane  <St  paroif- 
fent  fe  terminer. én  fe  continuant  avec  les 
fibres  membraoeufes, 

J’ai  vu  fkns  peine  dans  le  fétus  humain 
de  dans  celui  du  chien,  qu’elles  étoient 
rameufes. 

Dans  le  temps  même  que  le  fétus  eft  à 
ternie,  il  reftedes  intervalles  membraneux 
entre  les  os  qui  font  unis  enfemble. 

Il  y  a  cependant  des  endroits  où  ces 
fibres  réunies  font  une  forte  d’épaiffeur 
comme  Gartilagmeufe ,  ç’eft  du  côté  qu’el¬ 
les  regardent  l’os  voifin  ;  c’eft  le  commen¬ 
cement  du  diploé  ,  c’eft-à-dire,  du  tifîli 
alvéolaire  de  l’os  plat  qui  fc  forme  pemk- 
peu  entre  les  tables  de  l’os  ;  je  l’attribue  à 
la  diftenfîoii  que  caufeiit  les  arteres-  dans 
rinrérieur  de  l’os  plat  ,  ce  qui  qn  forme  des 
cellules,  comme  cela  arrive  dans  le  noyau^ 
îorfqüe  les  deux  fürfaces  extérieures  s’èn- 
durçilTent  a  caufe  de  la  preffion  qu’elles 
:  '  Y  iv  ■ 


^12,  Lii 

éprouvent,  &  que  leurs  vaiffeaux  font  obli^, 
térés. 

Enfin  quand  deux  os  oppofés  ne  peu¬ 
vent  prendre  de  l’accroiffement  fans  fe  faire 
réftftance  l’un  à  fautre,  les  fibres  de  f os 
qui  eft  à  droite  s’entrelacent  dans  celles  de 
celui  qui  eft  à.  gauche  ,  comme  s’entrekt 
cent  les  doigts  quand  on  joint  les  mains, 
jufqu’a  ce  que  les  extrémités  de  l’os,  étant 
arrêtés  par  la  réfîftance  de  l’os  oppofé,  cefc 
fent  de  s’étendre  ;  c’eft  ce  qu’on  appelle 
des  futures  ;  elles  difparoiftent  prefque  en¬ 
tièrement  à  l’intérieur,  parce  que  les  deux- 
os  fe  confondent  plus  promptement  à  l’in-, 
térieur  ,  &  qu’il' y  arrive  une  plus  grande 
quantité  de  matière  calcaire, 

Il  y  a  quelques  intervaUes  des.  os  du 
crâne  qui  font  remplis  d’un  vrai  cartilage; 
comme  vejs  la  felle  turcique  en  dedans , 
en  arriéré  ;  entre  l’os  fphénoïde ,  le  vomer 
&  les  narines  ;  entre  l’os  pierreux  dc  Tos 
fphénoïde  ;  &  aufti  à  l’os  coronal  ;  ces  car-? 
tilages  ne  s’oftifient  jamais ,  ou  du  moins 
rarement,  principalement  ceux  qui  font  k 
f  ur.ion  de  fos  fphénoïde  &  de  I’-qs  pierreux; 
au  refte ,  j’ai  vu  ces  cartilages  remplis  de  fi^ 
}ets  oCeux ,  de  même  que  dans  les  os  longs. 

Le  péricrane  interne  &  externe,  envoy ent 
un  grand  nombre  de  vaiffeaux  qui  palTent 
^|ns  les  filions,  dç  fos,  &  la  dqro-imere  en„ 


du  Fehi&i'.  313 

fournie  de  plus  gros ,  qui  ont  leur  canal 
propre  dans  le  crâne  ;  il  y  a  un  petit  vaiC-. 
feau  nourricier  qui  paffe  k  Fexterieur  du 
coronal  près  de  fon  centre  3  il  vient  d’une 
arrere  do  l’orbite, , 

Les  vaiîTeaux  du  finciput  font  intérieurs 
^  en  grand  nombre  ;  il  y  en  a  auffi  a  l’ex¬ 
térieur  des  os  temporaux,  outre  l’artere 
maftoï'dienne  ,  &  à  l’intérieur  à  |a  racine 
de  i’apopbyfe  zygomatique, 

§.  XXXI.  Les  os  courts.  Les  os  compofés. 

On  peut  mettre  dans  cette  clafle  beau¬ 
coup  d’os  du  fétus  ;  non^feulement  on  y 
comprend  les  os  du  tarfe ,  du  carpe  &  la 
rotule,  mais  même  les  parties  des  os  com-? 
pofés ,  que  la  nature  a  coutume  de  multi¬ 
plier  &  de  faire  très-petites ,  &  qui  ont 
piufieurs  centres  &  piufieurs  arteres  cen¬ 
trales  ;  de  même  qu’il  y  a  des  vifeeres  qui 
font  compofés  de  piufieurs  parties  de  dif¬ 
férentes  figures,  &  des  parties  molles  trésr 
étendues  qui  ont  piufieurs  troncs  d’arteres, 
comme  par  exemple,  l’eftomac,  le  foie 
la  dure-mere, 

Les  os  courts  font  donc  ceux  quî  con? 
courent  à  former  l’occiput,  l’os  moyen  du 
fpliénoîde,  les  os  de  la  mâchoire,  ceux  qui 
pompofent  le  fternum,  le  corps  des  verte?: 


314 

bres,  les  os  pubis,  rifchion,  &  les  os  fëfa, 
moïdes. 

Les  autres  os  compofés  font  faits  d’os 
plats  &  courts  comme  f  omoplate,  les  tem¬ 
poraux  ,  le  fphénoïde  &  les  vertebres  ;  fos 
facrum  n’eft  prefquç  formé  que  d’os  courts. 

Le  calcanéum,  quoique  fort  court,  a 
un  noyau  comme  les  os  longs, 

La  clavicule  au  contraire  croit  fans 
noyau  comme  les  os  courts  ;  il  en  eft  de 
même  des  os  du  métacarpe,  du  métatarfe, 
&  des  doigts. 

Les  côtes  ont  un  diploé  prefque  de  même 
que  les  os  plats  ;  on  peut  mettre  auffi  m 
nombre  des  os  plats  ceux  du  nez ,  l’os  un^ 
guis ,  le  vomer,  les  apephyfes  latérales  des 
vertebres,  faphophyfe  coracoïde ,  les  ailes 
du  fphénoïde,  dcc,. 

Les  os  compofés  ,  &  cependant  fans, 
épiphyfe  &  fans  addition  d’un  nouvel  os , 
font  chaque  os  de  la  mâchoire  infédêure , 
k  principal  os  de  la  fupérieure,  l’os  du' 
palais,  fos  de  la  joue.  Je  marteau,  l’enr? 
clume  &  l’étrier. 

Pour  abréger,  je  dirai  que  les  os  courts 
font  de  même  nature  que  l’ épiphyfe  d’un 
os  long  j  d’une  confiftance  de  gelée  ils 
palTent  a  celle  de  cartilage  ,  &  il  y  en  a, 
piufieurs  qui  çonfervenc  cette  confiftan* 


du  Fétus. 

ee,  même  jufqu’au  temps  de  la  nailTance, 
Il  y  a  dans^ce  cartilage  un  grand  nom¬ 
bre  de  vaifleain? ,  la  plupart  nourriciers , 
qui  fe  plongent  à  travers  les  puits  ^  &  vont 
fe  rendre  au  noyauj  qui  confunie  peu-à-peu 
tput  ee  qu’il  y  a  de  cartilagineux ,  de  façon 
qu’il  ny  rçfte  plus  que  les  croûtes  articu-;? 
laires  ;  il  y  a  dans  l’os  pierreux  du  fétus  des 
grumeaux  oiTeux,  trèsrpedts,  fepablables 
g  des  grains  de  fable. 

Les  os  compofés  fuivent  la  nature  des 
parties  dont  ils  font  compofés  ;  ainfi  îp 
grand  os  du  bâfîin,  qui  dans  Faduîte  eft 
d’une  feule  piece  ,  eft  compofé  de  trois 
dans  le  fétus  \  los  ilium,  fuivant  la  nature 
:  d’un  os  plat,' a  une  artere  cei\trale  a  Fin- 
térieur,  &  une  autre  â  l’extérieur,  de 
libres  partent  de  ces  arteres  du  centre  à  la 
circonférence  en  forme  de  rayons ,  outre 
cela  à  fa  circonféretice  &  à  fes  articula¬ 
tions  ,  il  efl  recouvert  d’une  forte  croûte 
çartiiagineufe,  renfermée  entre  deuxpériof- 
tes  ;  il  en  eft  de  même  de  Fpmopîate,  dont 
le  bord  ne  s’ofBfie  entièrement  que  tard, 
à:  prefque  jamais  en  total. 

Cette  même  croûte  çartiiagineufe  qui 
eft  entre  deux  os  pubis ,  devient  auffi  dure 
qu’un  os  ;  cependant  elle  acquiert  cette 
dureté  plus  fenftblement  dans  Je  refte  de 
l’union  des  os  ifehion  &  ilium  *  au  refte j 


31^  La  Vie  I 

comme  les  os  longs  s’uniflTent  k  l’épiphyfô, 
ces  os  s’unifTent  avec  les  petits  os  voifins, 

&  ne  font  plus  qu’un  feul  os  quand  la  lame 
intermédiaire  eft  devenu  très-mince ,  que 
beaucoup  de  fuc  olTeuxa  rempli  les  por^  * 
de  la  lame  cribleufc,  &  q^uil  a  rendu  unie 
la  furface  inégale  de  fun  de  l’autre  caifci- 

lage-, 

Àinfi  tout  bien  examiné,  la  marche  de 
la  nature  efl:  la  même  par^tout  ;  dans  tous 
les  os  elle  fait  d’un  gluun  un  cartilage,  de  . 
ce  cartilage  un  centre  offeux,  &  de  ce  cech 
tre  elle  fait  partir  des  fibres  &  des  lames  ' 
qui  s’étendent  de  toutes  parts ,  &  qui  enfin 
fans  le  fecours  d’un  gros  vailTeau,  devien¬ 
nent  un  tiilu  alvéolaire  ou  un  tuyau  plein 
dans  fon  milieu  d’une  ftibftance  médullaire, 
dont  l’extrémité  eil  alvéolaire  ;  dès  le  prin-^ 
cipe,  il  y  a  dans  le  fétus  une  difpofition  à 
former  c-e  tuyau ,  car  la  mâchoire  infé¬ 
rieure  a  une  artere  très-confidérable  ,  & 
cèpendant  cet  os  refte  alvéolaire  dans  l’a-' 
dulre  •  de  même  la  clavicule  eif  un  os  long, 
cependant  fa  ftruèture  efl:  alvéolair-e. 

Je  n’ajoute  que  peu  de  chofe  à  l’égard 
des  dents  ,  leur  partie  offeufe  n’a  rien  de 
différent  des  autres  os ,  l’autre  portion  qui 
eft  pierreufe  ou  l’émail ,  efl:  formée  par  un 
fuc  particulier  qui  devient  concret  nianjiê|k 
tement. 


du  Fétus.  317 

%  XXKll.  Le  périofte. 

Après  avoir  examiné  la  formation 
l’accroiiTemenc  des  os,  il  fera  facile  de  dé¬ 
terminer  quelle  eft  la  part  que  prend  le 
périofte  k  cet  acerpiffemenî:. 

Le  péfîofte  eft  cette  membrane  qni  en* 
Vironné  Tos  de  routes  parts  ;  il  me  paroit 
néceflaire  de  rechercher  fa  première  ori* 
gine ,  car  il  me  femble  que  ce  qui  a  donné 
lieu  a  Terreur  de  quelques  horiimes  cèle* 
bres,  c’eft  qu’ils  n’ont  eu  en  vue  le  périofte 
que  dans  l’animai  adulte.* 

Ainfi  dans  le  fétus,  dans  le  ternps  qu’il 
n’y  a  encore  qu’un  gluten  en  place  d’os,  il 
il  y  a  un  périofte  d’une  fineffe  arachnoïde 
qui  entoure  tout  Tos^  &  non  feulement  la 
principale  partie,  qui  ordinairement  eft  dil* 
tinde  de  Tépiphyfe  ,  mais  les  épiphyfes 
même.’ 

Alors  Gependanf  ,  tout  le  tem^ps  que  le 
poulet  refie  dans  Tœuf  &  le  fétus  dans  la 
matrice,  il  eft  très-peu  adhérent  à  Tos  )  j’ai 
fouyent  emporté  le  périofte  tout  entier  du 
fémur  ou  du  tibia  d’un  poulet  dans  cet  état, 
comme  fi  je  Teuffe  déchaufïéj  fans  même 
déchirer  une  fibre  en  le  réparant. 

Ce  n’eft  pas  la  même  chofe  k  Tégard  de 
Tépiphyfe  ;  le  périofte  commet^ce  k  être 


3iS  La  Vit 

adhérent  kŸos  proche  Tendroit  oh  elle  doiê 
commencer,  jufque-là  c’étoit  au  centre  de 
î*os,  alors  c’eft  à  cet  endroit  j  énfuite  a 
l'épiphyfe  ;  &  il  eft  ii  adhérent  à  i’un  dè  à 
Fautre ,  qu’èn  voulant  l’arracher  on  fépare 
répiphyfe  du  corps  de  l’os  j  âuffi-tôt:  que 
de  cartilage  il  a  commencé  à  devenir  os  ; 
il  eft  auffi  plus  épais  à  l’endtoit  où  fe  borne 
J’épiphyfe  &  fur  i’épiphÿfe  même  ;  c’efl 
ïionc  le  périofte  qui  attache  enfemblel’os 
ëc  l’épiphyfe  ;  il  s’endurcit  &  s’épaiffit  avec; 
le  temps ,  &  il  eft  plus  exadement  âdhé-" 
tent  à  l’épiphyfe^  à  l’endroit  où  l’épiphyfa 
s’unit  à  l’os  j  6c  enfin  à  tout  l’os;  J  e  n’ai 
jamais  vu  qu’il  fut  devenu  cartilagineux; 
dans  lé  poukù 

Il  ne  pénétré  jamais  dans  cet  èhdrok  dé- 
l’imion  de  l’épiphyfe  à  l’os  ■  je  fuis  trop  cef^ 
tain  d’avoir  vu  plufieurs  fois  un  grand  nom-' 
bre  de  vaiffeaux  palTer  de  l’os  à  l’épiphyfe p 
à  travers  cet  endroit ,  &  k  travers  la  lame' 
cribleufe  qui  le  recouvre,  &  qu’èn  coupant’ 
i’os  on  cOupoit  ces  vaiffeaux  -,  or  s’il  y  a  voit' 
eu  üii  périoftè  dans  cet  endroit,  tous-  ces^ 
vaiffeaux  atiroient  dû  paffer  par  les  trous 
du -périoftè  &  le  détacher  j  même  l’arra- ' 
cher  avec -eux  dans  le  temps  qu’on  les  dé-' 
range.  ■  ,  .  . 

Quand  on  a  féparé  l’épiphyfe  de  l’os  .qui 


du  FétuÉ.  319 

tiennent  peu  î’ un  k  l’autre ,  fi  on  niet  l’os 
tremper  dans  l’eau,  on  n’y  découvre  à  l’en* 
droit  de  cette  limite  jamais  de  membrane. 

Le  périôfte  s’aîonge  au>delà  de  l’épiphyfe 
pour  former  la  capfule  articulaire  ;  c’eft  le 
périofte  c|ui  unit  dans  le  fétus  les  deux  os 
de  la  mâchoire  &  d’autres, • 

Pendant  tout  ce  temps  les  tendons  s’in- 
ferent  au  périofte,  &  n’envoyent  feulement 
pas  Un  filet  a  l’os  *  car  en  léparant  le  pé* 
riofte  de  l’os  même  dans  un  fétus  humain , 
j’enlevoîs  tous  les  tendons,  &  il  n’y  avoir 
pas  une  fibre  qui  lui  parvint. 

A  mefure  que  l’os  acquiert  de  la  dureté  ^ 
le  périofte  devient  de  plus  en  plus  épais,  &, 
plus  manifefternent  celluleux ,  de  maniéré 
qu’a  l’endroit  où,  fe  borne  l’épipliyfe ,  on 
peut  enlever  pïufieurs  de  fes  feuillets  cellu¬ 
laires,  &  qu’en  le  faifant  fécher  comme 
un  parchemin ,  il  s’en  va.  en  lambeaux. 

Pendant  tout  ce  temps  ^  à  la  vérité  pic 
périofte  eft  blanc  dans  le  volatile,  &  je  n’y 
ai  pas  Vu  un  féul  vaiiTeau  rouge  j  ni  même 
après  pïufieurs  femaines  d’incubation  .  Ce 
qui  prouve  bien  que  fes  vaiiTeaux  font  fort 
petits  ;  dans  le  fétus  humain  un  peu  grand , 
il  a  des  vaifîeaux  aftez  apparens  dont  j’ai 
décrit  ailleurs  les  petits,  troncs  dans  les  os 
longs  ;  il  en  part  de  petits  rameaux  qui  s’in- 


320  Là  Fit 

finuent  dans  les  fentes  de  fos  j  cependaftt 
ils  font  beaucoup  plus  petits  que  les  vaif-^ 
féaux  des  puits  dans  les  os  coures  j  ou 
ceux  dit  crâne  )  &  encore  beaucoup  plus 
petits  que  les  vailTeaux  nourriciers  ;  les 
rameaux  principaux  qui  palTeiit  entre  les 
lames  olTeufes ,  ne  viennent  point  du  pé- 
riofts,  ni  les  cercles  vafculeux  dont  nous 
ayons  parlé  \  car  coiume  nous  l’avons  dit| 
c’eiî  i’artere  nourricière  qui  les  produit. 

Tous  ces  vailTeaux  reçoivent  des  gaines 
celluleufes  du  tiifu  cellulaire  du  périofte , 
dans  lèquel  les  couches  extérieures  de  cé 
düii  viennent  fe  terminer^  &  ces  gaîiies 
tapiiîent  les  petites  cavités  des  alvéoles.  ' 
Dans  le  poulet  qui  eft  forti  de  l’œufj  le 
périofte  eft  fî  adhérent  à  l’osj  qu’on  né 
peut  feii  détacher  fans  le  déchirer. 

Enfin  le  périofte  eft  épais  dans  l’hommé 
adulte  5  &  il  pénétré  dans  tous  les  puits^ 
toutes  les  fentes  &  dépreftions  des  os ,  & 
ii.alonge  avec  lui  les  tendons  qui  lui  font 
inférés  ,  fi  bien  qu’on  a  cru  qu’ils  avoieiit 
leur  infertioh  k  l’os. 

Cette  membrane  cependant  eft  toujours 
de  nature  celliileuie  ,  &  il  n’y  a  point  un 
certain  ordre  de  fibres ,  ni  même  de  fibes 
longues  ÿ  fi  ce  n’eft  des  fibres  étrangères 
quiJui  viennent  des  tendons*  M.  Eougé- 

foux 


du  Fétus.  321 

roux  avoue  qu’il  ne  connoit  pas  la  ftruc- 
ture  du  périofte,  mais  il  la  coniioîtroit  li 
elle  étoit  favorable  à  fon  opinion. 

§.  XXXÎII.  Les  os  s^engendrcnt~ils  du 
périojîe? 

On  aprétendu  quelès  os  dans  leur  prîneipe 
étoieîic  membraneux  ,  qu’ils  étoient  alors 
formés  de  fibres  &  de  vaifleaux  ;  que  les 
fibres  viennent  des  mufcles ,  &  que  ce  qui 
fuccède  enfuite ,  naît  par  ordre  du  pé* 
riofte. 

Ceft  une  membrane ,  a^t-on  dit,  qui  eft 
la  première  fubftance  de  l’os,  &  cette  mem¬ 
brane  a  des  pores  qui  reçoivent  un  fuç  qui 
s’épaiffit;  ce  n’eft  pas 'par  le  moyen  d’un 
fuc  qui  fe  change  en  os,  que fe  bouche  le 
trou  fait  par  le  trépan  j  le  premier  point 
de  concrétion  n’eft  autre  chofe  que  des  fi¬ 
bres  qui  s’étendent  en  long  ,  &  qui  font 
la  partie  extérieuré  de  l’os. 

On  eft  perfuadé  que  les  os  font  formés 
d’un  fuc  plâtreux  j  uni  aux  membranes 
qui  le  fbrmoient  dans  lè  principe  ;  on  croit 
auffi  que  le  calus  ne  vient  point  de  l’extré¬ 
mité  des  pièces  frafturées  3  mais  par  le 
moyen  d’un,  fuc  qui  éft.verfé  de  l’extérieur 
dans  l’intervalle  qu’elles  lailTent  entr’elles  ; 
l’os  d’abord  eft  une  membrane ,  enfuite  un 
Tome  IL  X 


322  Lu  P^h 

i:arciîage,  c  eft  un  aphorifme  de  Boerhaave. 

.M.  Duhamel  a  donné  un  nouveau  fyf- 
tême  fur  la  formation  des  os.  (i) 

Il  ne  rejette  point  le  gluten^  ni  le  car¬ 
tilage  primitif  qui  devient  os ,  ni  la  terre 
quhl  appelle  crétacée.  Il  nie  abfolument 
que  fos  forme  d’un  gluten  inorganique, 
<&  qu’il  prenne  de  l’accroiffement  par  ce 
gluten  :  &  nous  fommes  a  cet  égard  d’aç- 
çord  avec  lui  ;  car  nous  fommes  perfuadés 
que  le  gluten  qui  efi:  deftiné  k  former  le 
fémur ,  n’eft  pas  a  la  vérité  femblable  à  l’os 
d’un  adulte ,  mais  qu’il  eft  cependant  fa¬ 
briqué  de  maniéré  que  par  des  couches  fub- 
féquentes,  fa  ftrudure  devienne  telle  qu’elle 
eft  dans  l’adulte,  c’eft  le  point  effentiel  *  & 
M.  Bonnet  n’ a  pas  voulu  prononcer  entre 
M.  Duhamel  &  moi,  parce  que  l’opinion 
de  M.  Duhamel  lui  paroiftbit  mieux  s’ac¬ 
corder  avec  le  développement  ;  mais  ce 
n’eft  pas  fur  cet  objet  que  nous  fommes 
en  diipute ,  car  chacun  de  nous  deux  eft 
perfuadé  que  l’os  fe  développe  :  pour  moi 
-  j’en  ai  fait  preuve. 

Voici  le  point  de'la  difficulté,:  M.  Du¬ 
hamel  penfe  que  le  période  eft  l’organe 
.  dans  lequel  fe  prépare  le  cartilage  qui  doit 


(î)  Mémoires  4e  l’Académie  Royale  des  Sciences^  I74î‘ 


du  Fétus.  323 

devemros  par  ^àcldition  d’une  terre  calcaire: 
que  chaque  lame  intérieure  du  périofle  de¬ 
vient  une  lame  offeulTe,  &  qu’ainfi  chaque 
lame  du  périofte  fe  détachant  fucceffive- 
ment ,  l’os  enfin  devient  épais  par  l’àppo- 
fition  répétée  de  cès  lames  les  unes  fur  les 
autres. 

Que  le  cartilage ,  qui  différé  peu  de  î’oSj 
fe  forme  âufii  par  l’épaiffiffement  des  lames 
dü  périofte  ;  que  e’eff  aufii  de  eêttê  mém- 
brané  que  pfovieM  le  cârtilage  de  î’épî- 
phyfe. 

Que  par  cônféquènr  les  lameS  bffeufes 
ne  font  point  formées  d’un  fuc  gluûmuit 
qui  devient  concret,  ou  qui  fe  irépand  dans 
le  tiffu  cellulaire. 

Ayant  obfervé  qu’en  enlevant  le  périofte 
d’un  os  de  veau,  il  emmenoit  avec  cé  pé¬ 
riofte  une  lame  mêlée  d’ôs  &  de  cartilage, 
enfuite  qu’il  voyoit  aüfii  des  lames  demi 
offeufes  qui  avoient  encore  quelque  chofe 
de  là  nature  du  périofte. 

Il  attribua  au  périofte  tous  les  vaiffeaux 
des  osj  même  les  vaiffeaux  nourriciers. 

^  II  penfâ  que  la  ftrufturè  des  Vaiffeaux  eft 
la  même  dans  les  carrilàges  des  extrémités 
des  os ,  dedans  le  pérloftè* 

Que  même  les  eXoftofes  ne  font  qii’dh 
endurciffemenc  du  périofte,  &  que  c’eft. 
-  Xij 


324 

cette  membrane  qui  remplit  le  vuide  des 
fradures. 

Enfin  que  les  os  dans  le  principe  ne  font 
qu’un  vrai  périofte,  &  qu’un  cartilage  eft 
un  périofte  épaifli. 

Mais  comme  j’avois  fait  en  différens 
temps  des  remarques  contre  cette  opinion, 
&  que  j’avois  publié  mes  obfervations  fur 
la  formation  des  os ,  le  neveu  de  M.  Duha¬ 
mel  prit  la  défenfe  de  fon  oncle,  &  M. 
Daubehton,  ainfi  que  M.  de  La  Sone  &  M. 
Petit ,  fils ,  embrafferent  fon  fentiment. 

M.  Schwenke  penfe  que  le  périofte  eft 
l’organe  qui  prépare  le  calus  ;  &  M.  Monro 
penfe  que  le  calus  eft  plutôt  un  périofte. 

Suivant  M.  Bordenave ,  le  périofte  qui 
fait  la  fymphyfe  de  la  mâchoire  inférieure, 
devient  cartilage  &  os. 

Et  l’opinion  de  M.  Eercin  n’eft  pas  fort 
différente  de  celle  M.  Duhamel. 

§.  XXXIV.  Quelques  objeSions. 

Ôn  n’adopta  pas  univerfellement  cette 
nouvelle  opinion,  &  plufieurs  Auteurs  s’en 
tinrent  au  fuc  ofleux  ;  quelques-uns  même 
écrivirent  contre  M.  Duhamel. 

Pour  moi  j’ai  fait  des  expériences  que 
j’ai  publiées  il  y  a  quelques  années,  qui  ne 
m’ont  pas  permis  d’adopter  le  fentiment 
de  ce  grand  homme. 


du  Fétus.  325 

1  Premiefemént,  le  fuc  offeux,  dont  l’exif- 
tence  eft  démontrée  par  tant  d’expérien-: 
CCS,  qui  eft,  une  humeur  d’une  nature  par¬ 
ticulière ,  qui  feul  peut-  fe  fatnrer  de  par¬ 
ticules  terreüfes,  qui  fi,  on  l’enleve  de  l’os^ 
le  rend  friable ,  &  fi  on  le  lui  rend ,  le  remet 
dans  fon  état  de  folidité  ;  ce  gluten ,  dis-je, 
n’eft  d’aiicun-  ufage  fi'  le  fentiment  de  M. 
Duhamel  eft.  vrai.  -  .  :  r'  "':  :  ' 

Il  n’en  parle  nulle  part  que  pour  le  prof 
-crire.  e:::;  ^  ^  ■ 

Selon  lui,  c’eft  le  périofte  qui  fait  le  car^ 
tilage ,  qui  enfuite:de-vient  os,  &  c’eft  auffi 
le-périofte  qui  forme  le  calus  &  les  exof- 
-tofe&--  '  ■  ;■  -  . . 

-  Màis  j  quoî  equfil'  en*  dife;,:  ce  fuc  paroit 
très  -^manifeftement  dans-  le  calus  d’une 
frafture.  ,  -  ■  ■  -  :  é  -  '  ; 

Premièrement ,  il  n’eft  pas  aifé  de  com¬ 
prendre  comment  une  membrane  qui  eft 
même  Gêlluleüfê  &  durejpeuts’étendre  dans 
une  fraélure  au  point  de  remplacer  des 
déperditions  confidérabîes  de  la  fubftancs 
■de  l’os  ;  &  fi  on  fuppofe  que  le  périofte  en 
s’avançant  de  chaque  côté  vient  fe  réunir, 
il  n’eft:  pas  facile  d’ expliquer  comment  cette 
membrane  pourra  former  un  calas  très-dur 
&  très-long  ,  tandis  que  d’ailleurs  les  plaies 
dès  parties  membraneulès  ont  beaucoup  de 
V  .  Xiij' 


3  2^ 

peine  k  fe  confoli.der,  &  <jye  k  aaairîcc 
s’en  fait  fort  difficilement. 

Il  y  a  des  exemples  de  pertes  çonfidé- 
rables  de  fuibûance  de  l’os  fémur  qui  ont 
été-  réparées  ;  on  a  vu  auffi  fe  réparer  une 
très-grande  longueur  de  rhumérus,  un  os 
presque  tout  entier,  &  même  tout  entier* 
De  même  le  tibia  prefque-  entièrement 
confommé  s’eft  régénéré  ,  quoiqu’il  n’en 
reftat  que  quelques  pouces  ;  'à  s’en  eft  ré¬ 
paré  une  fois  cinq  pouces  ,  &  une  autre 
fois  huit  à  dix;  ' 

On  a  vi^  fe  faire  une  réparation  à-peu- 
près  femblabje  au  péroné.  au  cubitus.  . 

On  a  même  emporté  deux  fois  Une 
grande  portion  de  la  mâcHoire  inférieure  ; 
îa  nature;  a  réparé  ,ee  défordrè  q  la  moitié 
s’eft  régénérée  dans  un  autre  cas..;  ,  : 

Lea  os  dutarfé  fe  font  réj^Eés;,  ê:  les' 
faftes  de  la  Chirurgie  font  pleins/ de, pareils 
exemples  ;  on  a  trouvé  dans  une  fFa<fture 
du  bras  que  matieré  vifqueufe  éê'  callêufe 
entre  les  pièces  fraâ^es,  ,  > .  : . 

Et  dans  un  cas  ou  le  périofte  fçulre*^ 
noit  les  extrémités  fraftiurées  d’un.  os  ,  la 
réunion  étoit  très-foible, 

Bar  des  recherches  exactes  &  par  l’exa¬ 
men  des  os ,  on  a  vu  en  feaélurant  des  os 
d^’animaux  pour  ffiire  des^expérieiices,  que 


'duFctüf.:  ^27 

d’abord  il  s  écoulait  un  fuc  ofîeip  dé  tous 
les  points  de  la  fr^-UFe.  .  :  . 

M.  Fougeroux  ,  pour  défendre  fa  Caufe , 
prétend  que  ce  fuc  eft  une  lymphe  fanguî- 
nolente,  fans  s’embaFrairer  de  ce. qu’il  de¬ 
vient  j  mais  on  lui  a  fait  voir  qu’il- s’épaif* 
filToit  ,  &  qu’il  paffmi  fuçeeffivemeM  par 
tous  les  degrés  gluten ,  de. gelée  ^rde  cari 
tjlage ,  de  croûte  ofleufe ,  &  devenok  u». 
véritable  os  ,  &  même  qu’il  formoit  Une- 
exoftofe  i  quoique  ce  fu  c  foit  fi  vérit^e- 
ment  fluide,  qu’il  reln^it  la  cavité,  m^^ 
lairê dçvs’épançhe  entre  les  müÇeles  yoib 

■filKi  .  .  . 

Il  n’eft  pas  fans;  exemple  que  desvdents 
éjrêule^  le;^fbiènt  remplis  de  matière  ofieiÉ^ 

;  ipUÆ^fait  voirdufè que*  ee^ fiie‘,:eoagulé 
comeneit  tout  ce  quffe  trouve  dau®  un  os 
^qul  lè  formqn  e’eft-à-dire  ^ 

des  .yaifTeaux  fanguins;.  Une  fubfiançè  car? 
tilâgineufe,  &  desnoyaux  ofieux;  dt;qujsn- 
fin  ces  noyaux  fe  colqj^ient  par  CuC^e  de 
la  garance  comme  dans  l’ohnatufeà  :  on 
obferve  encore  que  lë  calus  eft;  quelquefois 
tout  réticulaire,  comme  l’efi  un  os  la  plu¬ 
part  du  temps,  '  j  - 

Qn  ne  remarque  aucuilde  ces  phéhomenes 
dans  le  périofte,  il  ne  prend  jamais  de  coifi- 
Xk 


328,  La  Vie 

leur,  il  ne  s’y  engendre  point  de  vailTeaux 

fenfîbles  ni  de  noyaux  offeux. 

Mais  on  diffingué  facilement  lé  périofte 
du  cal  us,  quand  \q  glu  tcri<3^\  doit  le  former 
s^épancb'e  fur  céttè  membrane  ,  &  qu'elle 
enveloppe  ce  calus  a  l’exrérieur ,  comme 
elle  enveloppe  un  cartilage  naturel que 
dnreÉe-.te  periofte  n’eft  point  adhérent  au 
calus  ,y  à  moins  rqu’iî  né  foit  tout  formé, 
mais  il  ne -précédé  point  fa  formation,  & 
il  ne  lui  vient  que- quand  il  eft:  parfait. 

'  A  la^ vérité  le  périoife  d’en  haut  &  celui 
d^en  bas  font  unis  par  un  tilîu  cellulaire  y 
mais  aufii  il  eft  conftant  que  le  tuyau  mé¬ 
dullaire-  -concourt -'à -fâir^'  le  calus ,  -ds-en 
fait  une  grande  partie -dans  l’endroit  ou  il 
n’y  a  pas  de  vrai  pmofte  ;  -  qù’il  -  naît  -  des 
vâifteâûX  de  la  nouvelle  moëlle  ,  &  que  ce 
tuyau-êftrrempli'  pâr  un  füc  qui  s’épanche, 
ce  qiéôii:népourrôitpâSefpérer  dû  periofte.' 

Nous  'avons  'un  '-exemple  d’üne~='  iârgé 
portion-de  périofte-féparée  du  tibia  ^ce  qui 
n’a  pasvempéchénê‘m'âl  de  fe  guérir  &  l’os 
de  feffâître  ;  de  nous  fçavons  que  l’os' peut 
vivre  fans  périofte.  -  ^—-  • 

La  nature  du  calus  ne  permet  pas  d’ef- 
pérer  qu’une  mernbrâné  puifte  le  fournir  ; 
il  fe  diffout  dans  l’eau  bouillante,  &  la 


du  Fétus,  3^5 

fievre  fe  dilTotît  auffi  :  cela  ne  peut  arriver 
qu’à  ürx  fuc  concret,  &  n’arrivera  jamais 
à  une  membrane. 

Il  y  a  encore  des  preuves  évidentes  qu’il 
y  a  un  fuc  qui  s’dffifie  ,  même  fans  qu’il  y 
ait  eu  fraéture  :  ces  croûtes  qui  couvrent 
les  vertebres  des  vieillards  en  font  foi,  ainfi 
que  cette  matière  femblable  à  de  la  cire 
qui  tranfudoit  d’un  os  corrompu  ;  eettefta- 
lacÊice  qu’on  trouva  formée  dâiis  ün  ca¬ 
nal  que  s’étoit  creufé  une  balle  de  plomb 
dans  la  dent  d’un  éléphant  ;  &  enfin  ces 
gouttes  de  fang  qui  coulent  dé  la  fiure- 
mere,  pour  commencer  la  réparation,  dans^ 
une  Fraâure  dü  crâne ,  comme  il  y  en  à. 
dans  un  caîus ,  de  d’autres  gouttes  qui  vien¬ 
nent  du  diploé.  ' 

Enfin  les  expériences  de  M.  Tenon 
viennent  fort  à  l’appui  de  notre  opinion  ; 
car  il  a  vu  dans  des  chiens  vivans,  fortir 
de  trous  qu’on  avoir  faits  au  Crâne /  une  ef- 
pècQ  ÛQ  gluten ,  mou  &  fanguin  *  que  cé 
gluten  formoit  des  bourgeons,  qui  nâif- 
foient  de  ces  trous,  &  que  par  leur  Union 
iis  faifoient  une  efpece  d’enveloppe  à  i’os  ; 
il  a  reconnu  que  cq  gluten  vient  de  Finté- 
rieur  de  l’os,  que  ce  qui  étoit  Vifqueux  & 
rouge  eft  devenu  blanc,  folide,  &  prefquc 
cartilagineux ,  &  s’ofiifia  enfin  ;  &  que 


330  La  Vie 

c’eft  la  propre  matière  offeufe^,  qui  étant 
privée  de  Ta  partie  terreufe,  s’amollit  ôc  fé 
durcit  dès  qu’elle  l’a  recouvrée  ;  que  ce  glu- 
ten  s’étend  dans  l’eau ,  &  fe  relTerre  dans 
refprit-de-vin  :  tout  ceci  prouve  évidem¬ 
ment  que  la  régénération  fe  fait  de  la  fubf- 
tance  intime  de  l’os  &  non  du  périofte. 

Après  qu’on  eut  emporté  à  un  malade 
un  corps  gélatineux  &  demi  cartilagineux, 
qui  l’avoit  incommodé  long-temps ,  lana- 
nature  olTeufe  fe  rétablit ,  quoiqu’il  n’y  eut 
point  de  périofte. 

C’eftainfi  qu’on  a  trouvé  dans  la  cavité 
articulaire,  du  genou'  un  corps  cartilagi¬ 
neux  &  une  groftç  concrétion  ofteufe  en¬ 
tre  le  pubis  &  la  veftie,;„&  fi  on  .  a  nié  qué 
ce  fuftent  de  vrais  os ,  on  a  voulu  dire  qué 
e’étoit  un  amas  in^rfait  de  lames  &  de 
fibres,  mais  le  périofte  n’y  a  eu  aucune 
part. 

L’émail  des  dents  eft  manifeftement 
formé  d’ un  fiic  qui  fe  durcit  fans  qu’il  y  ait 
de  périofte  ;  fi  on  objeèbe  que  l’état  naturel 
de  l’os  eft  tout  autre on  fait  voir  facile¬ 
ment  que  la  défenfe  de  l’éléphant  eft  for-» 
mée  de  couches  comme ,  un  os,  que  le 
vinaigre  là,  ramollit,  que  e’eft  un  véritable 
os  fans  périofte  ,  &  qu’elle  fe  forme  de  fbn 
propre  fuc.  ^ 


du  Fétus .  33* 

II  y  à  aufR  des  exemples  de  dents  qid 
fe  font  unies  enfemble  fans  périofte. 

On  a  troiiyé  une  corne  de  licorne ,  dans 
la  cavité  de  laquelie  une  autre  corne  s’écoit 
formée;  il  eft  de  toute  néceffité  que  cette 
fécondé  corne  fe  foit  formée  fans  pérk>f:e> 
Il  eft  évident  que  les  cartilages  déyien*- 
nent  olTeux  de  leur  propre  fubftance  inté¬ 
rieure  ,  &  ‘  non  de  leur  furface,  &  qu’ils 
n’ont  pas  befqin  de  périofte  pour  s’offifter: 
on  peut  rapporter  k  ceci  la  remarque 
faite  Ruyfch  d’un  os  frafturé,,  dans  lequel 
lahfurface  manquoit ,  il  n’y  a  point  de  doute 
qtiqle  périofte  ne  manquât  auffi  ;  cependiant 
la  frafture  fe  réunk  par  le  rajc^en  d’une 
efpece  de  diplqé  qui;  proveflqk- dej  fmtèér 
rieur  de  l’os  ;  &  un  grand  Anatomi'^  afere 
que  Ja  matierè  qui  remplit  lu  trqu  fek 
^  la  rCGuronne  de  trépan  j  nq  vient  ni  de  k 
duré^mere ,  ni  du  péricrane ,  mais  du 
■  plbéi;  ^ 

li  fe  forme  contre  nâture.desHos  dans  les 
àrteres  5  fans  périofte  j  &  -fans  qu’il  y  a^k 
dans  ies  parois  membraneufes' d’une  grolfe 
artere  rien  dé  propre  a  conftruire  des;  os  ; 
il  s’en  forme  aufti  dans  les  tendons^ds:;  dans 
des  membranes  très  délicates ,,  comme;  k 
rétine  &  la  pie- mere. 

Il  eft  conftant  auffi  qu’il  fe  fait  des  an- 


332  La  Vie 

kylofes ,  comme  du  fémur  avec  fa  cavité  ; 
on  ne  peut  affurément  les  attribuer  au  pé- 
riofte  ,  puifqu’il  n’y  en  a  point. 

Les  os  longs  font  toujours  terminés 
des  deux  côtés  par  un  cartilage,; il  n’y  a 
jamais,  dans  quelque  état  que  ce  foit,  de 
membrane  dans  cet  endroit. 

§.  X  X  X  V.  Nos  preuves. 

Il  paroît  réfulter  mànifeftement  de  ^cc 
que  nous  avons  dit  jufqu’à  préfentj  que  le 
périofte  n’eft -point  l’organe  dans.  lequel  fè 
forme  l’os  j  car  il  ne  contient  point  les  fucs^ 
'qui  feuls  peuvent  faire  la  nature  qffeufe, 
puifqu’il  n’eft  point  côlôré  par  la  garâncé^ 
dont  la  pouffiere,  de'fàvéu  même  de  M. 
'Duhamel  ,^  s’attache  à  cette  terré  calcaire  > 
qui  eft  la  matière  propre  dé  l’os  ;  Or  la^a- 
rance  ne  teint  même  pas  lé  périofte  dans  iè 
temps  qu’il  fé  forme  un  nouvel  osqil  n’a 
donc  pas  dans  ce  temps  de  vaiiTeaux  pleins 
de  l’humeur  qui  fait  l’offification  y  iP  n’a 
nullement  de  gros  vaiffeaux  quand  l’os  fé 
forme  ,  puifqu’il  eft  bîahc  ;  &  ce  n’eft  pas 
non  plus  du  périofte  que  na;iirent  les  vaif- 
féaux  qui  fe  diftribuent  dans  lé  calus  j  & 
qui  font  néceffâires  pour  l'a  régénération 
de  l’os ,  puifque  ce  font  eux-  feuls  qui  char^ 
rient  îe  fuc  ofîeux  ;  c’eft  la  moelle  qui  eîi 
eneendre  la  plus  grande  partie. 


du  Fàîis.  ^  333 

La  firuérure  du  périofùe  n’eft  certaine^ 
ment  pas  îa  même  que  celle  de  Tos  ;  il  n^a 
point  de  fibres  longitudinales,  comme  il  y 
a  dans  Tos  qui  fe  forme,  puifqu’il  efi:  cel- 
Huleux  &  fait  de  fibres  très-courtes. 

Les  principaux  phénomènes  de  Toffifica- 
tion  fe  palTeiit  dans  l’intérieur  de  l’os,  où  il 
n’y  a  point  de  périofte  ;  c’eft  à  l’intérieur 
que  naifienc  les'lames,  la  fubftance  alvéo¬ 
laire  &  les  vaifleaux,  qui  en  traverfant  la 
lame  cribleufe  ,  vont  fe  rendre  à  l’épi- 
phyfe ,  &  qui  y  apportent  le  fuç  offeux  ; 
c’efl:  de  l’intérieur  qu’il  fe  forme  un  nouvel 
os  dans  le  cartilage  qui  conftitue  l’épiphy- 
fe  ;  ce  nouvel  os  n’efl;  recouvert  d’aucun 
périofte,  il  reçoit  des  vaifleaux  par  fes 
puits,  pour  les  rendre  de  fa  furface  au  car¬ 
tilage  ;  c’eft  à;  l’intérieur  que  naiATent  dans 
le  milieu  du  cartilage  les  points  rouges  du 
calus  ,  qui  enfuite  s’oflifient. 

Outre  cela ,  dans  le  temps  que  l’os  eft 
formé  d’un  cartilage,  le  périofte  eft  très- 
imparfait,  il  eft  foible,  très- mince,  &  n’a 
point  de  vailTeaux  qui  charrient  les  fucs 
propres  à  l’oflification  ;  il  eft  trop  mince 
pour  avoir  des  lames  qui  puiflcnt  fe  déta¬ 
cher  &  fe  changer  en  os.  ,, 

C’eft  par  le  milieu  de  l’os  que  i’oflifica- 
tion  commence  à  fe  faire,  &  c’eft  en  cet 


154 

•cn^ifoît  que  ïê  période  a  le  moins  d’adhé- 
tence  avec  lui  ;  de  plus,  ce  n’eft  que  quand 
i’os  eft  parfait  que  les  lames  du  përiofte  le. 
multiplient,  &  qu’il  devïénc  plus  épais. 

Il  efl;  fi  Vrai  que  les  lames  ofTeufes  ne 
font  point  formées  par  les  lames  internes 
4u  période  ,  que  le  périofte  n’eft  adhérent 
à  aucune  partie  de  l’os,  fi  ce  n’eft  à  celle 
qui  n’eft  pas  encore  offifiée,  c’eft-à-dire, 
fépiphyfe  ;  on  peut  en  tout  temps  enlever 
le  périofte  du  refte  de  l’os,  fans  endomma¬ 
ger  l’os  ,•&  il  n’y  a  point  d’exemple  du 
contraire  ;  il  n’eft  adhérent  à  l’os  que  quand 
la  figure  &  la  ftrudure  de  fos  font  parfai*- 
tes  ;  dans  ce  temps  il  eft  très-poflible  qti’oh 
enlève  avec  le  périofte  quelques  fibres  of- 
feufes ,  une  petite  lame  à  demi  cartîlagi- 
neüfe ,  ou  une  écaille  de  l’os  à  demi  ofTeu^ 
fe  ;  on  n’a  jamais  vu  de  nouvelle  lame  dif¬ 
férente  de  l’os,  renaître  entre  l’os  &  le  pé- 
fiofte. 

Enfin  les^  expériences  démontrent  que 
l’ofTification  fe  fait  par  une  autre  caufé, 
feavoir  par  le  moyen  du  (uc  glutincux ,  qui 
fe  charge  de  particules  calcaires ,  qui  étant 
apportées  par  les  arteres ,  viennent  s’atta¬ 
cher  au  gluten  qui  exifte  primitivement. 

Il  n’y  a  pas  la  moindre  apparence  que 
Q&  gluten  primitif  foie  le  périofte,  perfonne 


du  F itu s.  335 

a’a  vu  îe  fémur  reffembîant  à  une  mem¬ 
brane  ;  quand  on  le  coupe,  il  ne  refte  point 
de  lambeaux  à  l’endroit  de  la^  divifion ,  & 
Il  on  le  fait  tremper  dans  l’eau,  il  refte 
toujours  uni  &  fans  flocons. 

§.  XXXyi.  Réponfes  de  M.  Fougeroux 
à  ces  preuves. 

M.  Fougeroux  répond  qu’if  ne  parle 
point  de  la  première  formation  de  l’os  ; 
qu’il  voit  bien  &  qu’il  admet  que  le  fémur 
dans  le  principe  n’eft  qu’ung/nien ,  &  qu’il 
ne  parle  que  de  l’accroiflement  de  l’os  qui 
a  lieu  dans  l’animal  plus  âgé. 

Que  les  noyaux  des  épiphyfes  ne  font 
point  des  os. 

;  Que  c’eft  du  périofte  qü’eft  formé  le 
cartilage  qui  doit  devenir  os  ;  que  puifque 
le  cartilage  devient  os ,  il  n’eft  point  éton¬ 
nant  que  le  noyau  fe  forme  dans  le  carti¬ 
lage. 

Que  ce  qui  nous  paroît  n’être  qu’un  car¬ 
tilage  inorganique ,  a  cependant  fa  ftruc- 
ture  particulière ,  car  un  morceau  de  gom¬ 
me  informe  ne  produit  rien. 

Qu’il  enleva  avec  le  périofte  un  fil  qu’il 
avoir  pafîé  à  travers  la  tumeur  d’un  calus 
renaifîant. 

Qu’il  s’engendre  de  nouvelles  lames  dans 


le  périofte,  à  mefure  que  fes  lames  fe  dé¬ 
tachent  &  s’olîifient. 

Que  le  calus  à,  la  vérité  eft  cartilage, 
mais  qu’il  étoit  périofte  auparavant  ;  que  le 
périofte  lui  eft  très-adhérent,  6c  qu’il  four¬ 
nit  des  lames  au  calus. 

Que  la  garance  ne  colore  point  le  pé¬ 
riofte  ,  parce  que  cette  racine  n’agit  que 
fur  les  parties  crétacées  ,  6c  qu’on  ne  doit 
pas  comparer  cette  membrane  à  l’os  formé, 
mais  feulement  au  cartilage. 

La  plûpart  de  ces  raifons  ne  répondent 
point  à  nos  objections ,  le  refte  me  paroît 
contraire  k  l’expérience ,  6c  en  total  il  me 
femble  qu’il  y  a  contradiction. 

M.  Fougeroux  dit  qu’il  n’y  a  que  le  car¬ 
tilage  qui  foit  formé  du  périofte,  6c  ailleurs 
il  dit  qu’il  fe  détache  des  lames  du  périofte^ 
qui  font  des  lames  olTeufes. 

Il  admet  le  gluten  primitif,  &  ailleurs 
il  objeâie  que  ce  gluten  a  été  périofte,  .6c 
que  le  cartilage  eft  un  périofte  épaifti  -  ce¬ 
pendant  puifqu’on  peut  détacher  très-faci¬ 
lement  le  périofte  de  cette  gelée,  qui  alors 
eft  le  fémur  ;  puifque  cette  gelée  pafte  k 
vue  d’œil  de  l’état  de  gelée  a  celui  de  car¬ 
tilage,  6c  enfuite  k  celui  d’os,  6c  jamais  k 
l’état  de  membrane, 

Puifque  dans  les  os  du  fétus  on  fépare 
facilement 


du  Fétus.  ^3^' 

fecilement  du  périofte  j  un  cartilage  rouge  ^ 
tremblant,  &:  même  gélatineux,  de  Tcsdes 
îles  ,  de  l’omoplate,  de  l’os  pierreux  ,  & 
qu’on  diftîngue  que  ce  cartilage  eft  renfer-^ 
mé  dans  le  périofte.,  ' 

Puifque  dans  le  fétus,  dont  lès  épiphyfes 
font  cartiiagineufes ,  il  ri’y  a  aucune  pro¬ 
portion  èntre  le  périofte  &  le  cartilage  de 
i’épiphyfe,  &  qu’il  eft  très-évident  que  ce 
cartilage  s’oflifie  par  le  moyen  des  vaiA 
féaux  longs  qui  lui  viennent  en  palTant  à 
travers  le  cercle  cribleux ,  fans  qu’il  s’y 
fafte  aucun  changement ,  fans  que  le  pé^ 
riofte  y  change  rien ,  puifqu’il  eft  toujours 
le  même  pendant  qu’il  n’y  a  que  de  la  gelée 
dans  l’épiphyfe,  &  pendant  que  cette  gelée 
fe  convertit  en  cartilage,  &.  enfin  pendant 
que  ce  cartilage  devient  os. 

Si  donc  dans  le^  fétus  &  dans  ranimai 
né,  &  qui  a  atteint  le  quart  du  volume  de 
fon  corps  j  les  os  font  conftrüits  par  le 
moyen  de  vâilTeaux  qui  changent  la  nature 
du  cartilage  ;  pourquoi  la  formation  des  os 
ne.  feroit'^elle  pâs  la  même  quand  l’animal 
eft  un  peu  avancé  en  âge  ? 

Les  vaifîeaux  du  périofte,  dans  une  poule 
de  trois  rnois  j  ont  ils  acquis  plus  de  volume 
pour  châtier  une  matière  crétacée ,  &  pou¬ 
voir  former  des  os  j  ils  n’acquierent  rien 
Tome  IL  Y 


La  Vie 

de  plus  ;  car  la  garance  ne  colore  point  le 
périofte,  même  dans  l’animai  &  dans  l’a- 
duîte,  &  elle  le  coloreroit  s’il  contenoit  de 
cette  matière  crétacée. 

Le  noyau  eft  entièrement  de  la  nature 
de  l’os ,  &  perfonne  ne  l’exclut  du  nombre 
des  os^  par  fon  fyftême  M*  Fougeroux  a 
été  forcé  de  l’en  exclure. 

On  dit  que  le  cartilage  naît  du  périofte  ; 
mais  c’eft  ce  qu’il  faut  démontrer  :  il  exif- 
toit  primitivement ,  tout  le  monde  en  con¬ 
vient;  &  comme  il  ne  fe  régénéré  poin^^ÿ 
je  ne  crois  pas  qu’il  provienne  originaire¬ 
ment  du  périoifte. 

J’ai  trouvé  un  fil  que  j’avois  pafie  à  tra-  - 
vers  un  calus  j  couvert  du  périofte  &  adhé¬ 
rent  k  cette  membrane. 

Quoique  le  calus  ait  quelques  vaifteàuX 
qui  font  un  prolongement  de  ceux  des  os  ^ 
cependant  il  eft  inorganique  ;  il  n’a  pas  cette 
belle  ftrutfture  de  fibres  longues,  de  lames ^ 
d’alvéoles  de  différent  genre,  comme  il  y 
en  a  dans  l’os,  &  c’eftdà  legrand  argument. 
C’eft  pourquoi  notre  opinion  fur  fa  forma¬ 
tion  n’a  rien  qui  répugne  âu  fyftême  du 
développement  ;  c’eft  d’un  fuc  que  fe  régé¬ 
néré  une  maffe  percée  de  vaiffeaux,  du  refte 
inorganique,  comme  c’eft  d’un  fuc  que  fe 
régénéré  aufti  la  peau ,  qui  eft  de  même 
inorganique. 


âu  Fétiis,  339 

Mi  Foiigefoux  admet  auffi  des  Concré¬ 
tions  crétacées,  inorganiquesj  dans  le  calusi 
il  admet  enfin  un  fuc  ofieux ,  dont  il  ne 
parloit  point  dans  toute  fon  hypothefe  ^ 
pour  faite  dériver  f  olîification  d’une  ma¬ 
tière  crétacéé  ^  famaflee  en  points  ^  dans 
lefquels  commence  Foffification. 

Je  ne  nie  pas  quelepériofii  ne  s’épaiflîlTe 
dansiesfràâutesj  &  qu’il  ne  s’engendre  un 
nouveau  tifîu  cellulaire  j  qui  attache  les 
mufcles  aux  os  nouvellement  régénérés  , 
afin  que  les  membres  puiflent  remplir,  leurs 
fondions  ;  ni  enfin  qu’il  n’y  ait  dans  le  caîuS 
des  nerfs  qui  s’allongent  avec  les  vaiiTeauxi 
s’il  eft  véritablement  fenfible. 

§s  XXXYII.  U accroijfemcnt  du  fétus. 

Après  avoir  pofé  ceS  efpeces  de  prélimi¬ 
naires  5  &  avoir  établi  les  caufes  qui  aug^ 
mentent  le  volume  des  parties  élémentaires 
du  corps  humain,  nous  devrions  examinei? 
chaque  partie  féparément ,  en  pretiane 
toutes  les  parties  du  fétus  dés  leur  com¬ 
mencement,  les  fuivre  jufqu’à  l’état  de  per^ 
fedion  où  il  eft  quand  il  vient  au  monde. 

Mais  il  feroît  trop  long  de  fuivre  tous 
Ces  détails  ,  ôc  nous  nous  bornerons  à  ex¬ 
pliquer  les  chofes  principales  ;  un  traité  tie 
fuffiroit  pas  pour  décrire  complettemenc 


540  La  P^îc 

k  formation  de  l’homme,  puifque  les  epôa 
ques  font  toujours  incertaines,  «Sc  que  juf- 
qu’à  prëfent  on  n  a  pas  aflez  diffequé  de 
fétus  ;  car  excepté  les  os ,  les  yeux ,  les 
oreilles  &  les  vifceres  de  la  poitrine ,  l’aC' 
croiiTement  des  autres  parties,  &  les  diffé¬ 
rences  qu’il  y  a  entre  ces  parties  &  celles 
des  adultes ,  n’ont  été  décrits  que  très- 
fuccindement  ;  nous  avons  bien  quelques 
obfervations  faites  fur  les  grenouilles ,  fur 
quelques  poifTons  ,  &  principalement  fur 
les  poulets ,  mais  ces  obfervations  ne  font 
pas  fuffifantes  pour  remplir  cet  objet. 

L’œuf  humain  que  nous  avons  fuivi  juf- 
qu’au  quarantième  jour,  peu-æ-peu  aug¬ 
mente  de  volume,  &  s’élève  au-defîus  de 
l’os  pubis. 

Le  placenta ,  comme  nous  l’avons  ob- 
fervé,  s’attache  communément  vers  la  par¬ 
tie  fupérieure  de  l’œuf,  &  n’occupe  que 
cet  endroit  ;  mais  de  tom  nt  ux  qu’ilétoif, 
il  devient  une  efpece  de  vif.ere  pulpeux , 
comme  nous  l’avons  dit. 

Les  eaux  de  l’amnios  diminuent  en  pro¬ 
portion  de  l’accroüTement  du  fétus,  de  ma¬ 
niéré  que  l’embryon  ,  qui  auparavant  étoic 
beaucoup  plus  petit  que  le  volume  des  eaux 
6c  le  refte  de  l’œuf,  fait  alors  la  plus  grande 
partie  de  l’œuf 


âu  Fétu$.  341 

L’offification  commence  dans  tout  le 
fétus,  mais  tous  fes  ps  relTemblent  k  un 
vrai  gluten ,  tel  que  nous  l’avons  avancé. 

Cependant  dans  l’efpece  humaine  ,  i! 
refte  dans  le  fétus  plufiéurs  veftiges  de  fa 
première  forme  ;  les  épiphÿfes  font  par¬ 
tout  fort  groffes  &  cartiiagineufes  ;  les  os 
courts  font  tout  cartilagineux  ;  les  bords 
des  os  larges ,  comme  de  l’omoplate  &  de 
l’os  des  iles,  font  recouverts  d’une  croûte 
cartilagineufe  qui  en  augmente  l’étendue  ; 
les  parties  dont  font  formés  les  os.,  compo- 
fés  ,  tels  que  les  vertebres,  les,  os  du  baffin  , 
le  fphénoïde,  foecipital  &  les  temporaux, 
font  diftinclés  &  féparées  par  des  cartila- 
:ges. 

Le  fternum  eft  prefque  tout  cartilagi’- 
neux,  on  n’y  voit  que  quelques  noyaux 
oiTeux,  " 

C’eft  la  clavicule  qui  eft  l’os  le  plus  par- 
.  fait  *,  c’eft  elle  qui  fert  k  tous  les  mouve  - 
:  mens  du  bras  ;  elle  eft;  le  premier  os  qui 
s’offifie,  car  elle  commence  à  le  faire  dès 
la  fin  du  premier  mois  ;  les  côtes  ont  aufli 
leur  folidité  de  bonne  heure. 

La  tête  eft  formée  des  premières,  ^  on 
ne  peut  pas  dire  en  quel  temps  elle  com¬ 
mence  k  paroître  ,  car  jamais  rembryoïi 
n’çft.  apparent  que  fa  tête  ne  falFe  la  prin- 
Y  iij 


cipale  partie  de  fon  corps  ;  f  épine  du  dos 
paroît  en  même-temps ,  ôc  c’eft  même  avec 
la  fête  J  tout  ce  qui  conftitue  Tembryon, 

§.  XXXVIII.  la  tête. 

Dans  lé  principe,  la  tête  étoitune  bulle 
membraneufe  j  elle  refte  membraneufe  en¬ 
core  alTez  long-temps  ;  car  dans  le  fétus  k 
terme ,  quoiqu’elle  foit  dure  dans  fa  plus 
grande  partie,  les  os  qui  la  compofent  font 
réparés  par  beaucoup  de  membranes  & 
de  cartilages  ;  c’efl:  a  l’endroit  qu’on  nomme 
la  fontanelle ,  que  cela  fe  remarque  plus 
fenfiblement  ;  ç’eft  cet  intervalle  qui  fe 
trouve  ençre  les  os  du  front  &  les  pariétaux, 
Cette  partie  membraneufe  du  crâne  eft 
en  lofange,  l’angle  antérieur  eft  très-aigu, 
&  fe  continue  entre  les  os  du  front  j  le  pof« 
térieur  eft  obtus  &  plus  court ,  de  eft  placé 
entré  les  pariétaux. 

Dans  cet  endroit  il  n*y  a  fous  la  peau 
que  le  péricrâne  dc  la  dure-mere  ;  ces  deux 
membranes  font  unies  enfemble  par  un 
tiflu  cellulaire ,  dans  lequel  il  y  a  un  grand 
nombre  de  petits  vaifteaux,  Il  y  a  encore 
un  autre  petit  intervalle  membraneux,  pof^ 
térieur  &  fupérieur,  à  l’endroit  de  runion 
de  l’occiput  avec  les  pariétaux. 

Il  y  en  a  un  pareil,  cependant  plus  pé«» 


du  Fétus.  343 

tk,  entre  les  os  du  front,  le  pariétal,  les 
temporaux  &  les  ailes  du  fphénoïde  ;  un 
autre  en  partie  cartilagineux  entre  l’os  pa¬ 
riétal,  celui  des  tempes,  ôc  la  grande  por¬ 
tion  de  l’occipital  ;  &  encore  un  autre  entre 
la  grande  portion  de  l’occipital  &  fa  por¬ 
tion  antérieure,  &  enfin  un  autre  entre  l’os 
pierreux  &  le  fphénoïde  ;  ces  derniers  font 
fur  la  bafe  du  crâne, 

C’efi:  ce  qui  fait  que  la  tête  du  fétus  peut 
changer  de  forme ,  de  qu’elle  peut,  comme 
cela  arrive  afièz  fou  vent  dans  les  accou- 
chemens  difficiles ,  être  comprimée  fur  les 
côtés ,  &  s’alonger  ,  &  que  le  coronal  peut 
chevaucher  fur  les  pariétaux,  ou  les  parié¬ 
taux  fur  le  coronal  ;  par  ce  moyen  le  dia¬ 
mètre  de  la  tête,  qui  parfon  étendue  ren- 
doit  fon  pafîage  difficile ,  peut  être  dimi^ 
nué  ;  il  faut  quelquefois  remettre  ces  os  en 
place  après  l’accouchement,  (i) 

(ï)  On  étoit  autrefois  datis^rufàgè  ,  qijand  la  tête  dé 
J’enfant  avoir  été  déformée  pendant  le  travail  de  l’accou¬ 
chement  ,  de  la  mouler  &  de  la  pétrir  ,  pour  ainfî  dire  , 
pour  lui  rendre  fà  première  figure  >  mais  on  a  ffenti  com¬ 
bien  ces  manipulations  peuvent  être  préjudiciables  à  l’en- 
fant ,  &  d’un  autre  côté  ou  a  obrervé  que  la  nature  fe  fuf- 
fifoit  à  elle!,mêine  pour  réparer  ces  petits  défordres  ;  c’eft 
pourquoi  les  Açeouchcur^  modernes  défendent  très-ex- 
preflement  d’agir  fur  la  tête  de  l’enfant,  fi  déforixîéç 
qu’elle  ait  été  j  dans  l’cfpace  de  vingt-quatre  heures ,  le 
plus  fottveilt  élis  reprend  d’elle-mêmc  fa  forme  naturelle. 


344  La  Vie 

G’eft  aufli  par  la  raifon  contraire  que 
raccouchement  eft  plus  difficile  quand  il 
n’y  a  point  d'efpaçes  membraneux  à  la  tête 
de  l’enfant. 

Il  y  a  eu  même  des  adultes  qui  ont  con* 
fervé  cette  facilité  de  changer  la  forme  de 
leur  tête ,  de  maniéré  que  tantôt  elle  étoic 
convexe  comme  les  autres ,  &  tantôt  il  fe 
faifoit  un  enfoncement  au  hregma ,  auquel 
on  écoit  obligé  de  remédier. 

Les  os  qui  'appartiennent  a  f  organe  de 
î’oüie  font  parfaits  dans  le  fétus  ,  même 
dans  le  temps  qu’il  eft  encore  dans  le  fein 
de  famere  ,  &  les  deux  cartilages  du  mar*» 
teau  font  déjà  offifiés. 

'  Les  os  de  la  mâchoire  fupérieure  ôc  in¬ 
férieure  font  aufti  aftez  dans  l’état  de  per- 
feftion  ;  leur  fonftion  eft  néceftaire  pour 
la  vie  ■  cependant  les  uns  &  les  autres  ont 
encore  bien  des  points  réticulaires  ,  on  y 
voit  dés  parcelles  ofteufes  très*^ courtes,  fé- 
parées  par  de  grands  intervalles. 

Cependant  la  portion  droite  de  ces  os 
n’eft  point  unie  à  la  gauche  par  une  fubf' 
tance  oiTéufe, 

Dans  tous  les  animaux  les  dents  reftenî; 
cachées ,  c’eft  ce  qui  fait  que  le  bord  alvéo-: 
laire  de  , chaque  mâchoire  eft  plus  court, 
il  eft  cave  dans  fa  plus  grande  partie ,  de 
fépâré  en  petites  loges ,  en  moindre  now-^ 


du  Fétus.  34^ 

bre  que  dans  l’adulte,  &  imparfaites ,  dans 
lefquelles  les  premières  dents  reftent  ca¬ 
chées  ,  imparfaites  &  fans  racines  ;  &  celles 
qui  doivent  fuccéderà  ces  premières  quand 
elles  tomberont,  le  font  encore  davantage. 

Toutes  ces  petites  logçs  font  recouvertes 
d’une  membrane  dure  &  Calleufe,.  qui  donne 
à  l’enfant  la  facilité  de  faifîr  le  mamelon  , 
&  de  prendre  quelques  alimens  mous. 

La  mâchoire  inférieure  s’avance  avant 
la  fupérieure. 

C’efl:  la  partie  olTeufe  de  la  dent  qui  fe 
forme  la  première,  &  celle  qui  fera  l’émail, 
de  la  dent  ,  s’étend  delTus  comme  une  ef- 
peee  de  crème,  :  / 

.  En  total  la  tête  eft  ronde,  le  diamètre 
transverfal  eft  plus  grand.,  principalement 
vers  le  finciput ,  &  l’autre  plus  court  ;  les 
orbites  font  plus  grands  en  proportion  que 
dans  l’adulte,  qui  a  la  tête  plus  longue  *  la 
face  eft  plus  courte  &  plus  petite. 

Dans  les  commencemens  le  fétus  a  la 
tête  fort  groffe  ;  elle  â  long-temps,  autant, 
&  même  plus  de  volume  que  le  refte  du 
corps. 

Dans  le  fétus  à  terme  elle  eft  beaucoup 
plus  groffe  en  proportioh  du  refte  du  corps 
que  dans  l’adulte  ;  car  ft  on  mefure  la  tête 
depuis  le  milieu  du  menton  jufqu’au  fom^ 


34^  Ld  Vie. 

met  du  front ,  on  trouvera  qu’elle  eft  aû 

refte  du  corps  prefque  comme  3^. 

Elle  eft  cependant  moindre  en  propor¬ 
tion  que  dans  le  temps  que  l’embryon  eft 
tout  nouveau,  de  la  tête  diminue ’ à  mefure 
que  la  poitrine  de  le  bas- ventre  prennent 
de  l’accroüTement,  , 

La  figure  de  la  tête  varie  beaucoup  dans 
les  adultes  ;  les  Européens  l’ont  longue  ;  les 
Chinois  de  les  Tartares  l’ont  large  ;  les 
Génois  ont  communément  la  tête  longue  j 
d’autres  ont  le  vertex  fort  élevé  ;  les  Drufes 
ont  la  tête  longue  de  devant  en  arriéré  ;  les 
Éthiopiens  ont  les  fourcils  fort  faillans  ;  les 
femmes  de  la  côte  de  Malabar  ont  les  m⬠
choires  étroites  ;  les  Calmoucs  ont  la  tête 
quarrée  ;  les  Turcs  de  les  Algonquins  l’ont 
ronde  ;  Vefaie  de  d’autres  Anatomiftes  ont 
obfervé  qu’il  y  avoit  des  têtes  très-larges 
vers  les  oreilles  de  de  différentes  formes. 

Le  cerveau  efi:  fluide  dans  le  fétus,  en- 
fuite  il  prend  une  confiftance  molle  ,  il 
devient  comme  de  laboullie;  de  même  dans 
l’enfant  qui  naît  à  terme ,  il  n’a  pas  aflez  de 
fermeté  pour  fe  foutenir. 

Le  cerveau  eft  ce  qui  dans  le  poulet  rem¬ 
plit  les  bulles  qui  font  à  la  tête ,  elles  font 
au  nombre  de  cinq  quand  elles  font  parfai¬ 
tes  ;  la  première  eft  pour  loger  le  cervelet 


du  Fétus,  347 

îa  feCOnde  &  la  troilîeme  pour  le  cerveau  ; 
il  y  en  a  une  par- devant,  èc  celles  du  bec, 
c’eft-a  dire ,  des  deux  narines  ;  il  n’en  efl 
pas  de  même  dans  l’homme ,  il  n’y  en  a 
jamais  plus  de  trois. 

Le  cerveau  eift  fort  grand  dans  le  fétus  j 
il  efl:  formé  le  premier  ainfl  que  la  moëlle 
de  l’épine ,  il  donne  naifîance  aux  nerfs  qui 
font  parfaits  &  très-grands  ;  dans  le  prin-^ 
eipe  ils  font  feulement  tranfparens  comme 
le  cerveau, 

Les  yeux  font  aufli  fort  grands ,  ils  font 
le  tiers  de  la  tête  ;  ils  font  fermés  dans  les 
quadrupèdes,  autant  que  je  puis  en  juger 
par  ce  que  j-ai  appris  à  cet  égard  ÿ  c’eft 
-une  autre  maniéré  dans  les  oifeaux:  car  ce 
n’efl  pas  l’iris  qui  repréfente  l’œil,  mais  la 
partie  fupérieure  de  la  choroïde,  &  la  pru<=- 
nelle  efl  tournée  en  defîbus.  , 

Les  parties  de  l’œil  fe  perfeétionnent 
promptement,  même  la  rétine,  qui  efl  très^ 
fine  ;  elle  s’étend  jufqu’au  cryflallin. 

Dans  l’homme  de  dans  les  quadrupèdes, 
îa  membrane  de  la  prunelîe  empêche  que 
la  lumière  ne  pafle  à  la  rétine ,  il  n’en  efl 
jamais  de  même  dans  les  oifeaux. 

Les  yeux  font  rouges  ,  de  la  cornée  efl 
épaifle. 

Les  oreilles  ne  paroiflent  que  fort  tard , 


34?  La  Fie 

&  il  y  a  une  membrane  pulpeufe  qui  forme 
leur  conduit  ,  qui  alors  eft  large. 

Le  nez  paroîc  de  même  fort  tardj  il  eft 
toujours  court,  à  caufe  delà  molleffe  de 
fon  cartilage. 

Quand  le  fétus  eft  peu  avancé ,  il  n’a 
point  de  levres ,  l’ouverture  de  fa  bouche, 
eft  très -grande,  elle  l’eft  même  plus  en 
proportion  dans  le  fétus  à  terme  que  dans 
l’adulte  ;  la  bouche  eft  béante  comme  nous 
l’avons  obfervé, 

§.XXXTK.  La  pohrzne. 

En  général  la  poitrine  du  fétus  eft  fort 
petite  ;  dans  un  fétus  de  vingt-un  pouces, 
elle  n’a  que  deux  pouces  de  long  ;  car  alom 
le  foie  eft  très-gros ,  il  occupe  une  grande 
partie  de  l’efpace  qui  eft  derrière  les  cotes,  ] 
&  le  thymus  une  grande  partie  de  celui  qui 
eft  entre  les  lames  du  médiaftin ,  &  s’étend 
dans  toute  la  longueur  de  la  poitrine  ;  en¬ 
fin  le  cœur  eft  fort  gros  ,  &  y  dent  beau¬ 
coup  de  place  ;  nous  parlerons  en  fon  lieu 
de  fa  ttrufture  particulière,  ^ 

Tout  cela  fait  que  l’efpace  deftiné  à  re¬ 
cevoir  le  poumon  eft  plus  court  &  plus 
étroit ,  puifquë  le  thymus  diminue  la  capa¬ 
cité  de  la  poitrine  à  droite  &  à  gauche. 

Aufli  le  poumon  ne  paroît-il  que  fotti 


du  Fétus.  34^ 

tard,  ôc  eft  un  des  vifceres  les  plus  lents  à 
fe  former;  je  ne  fai  pas  trouvé  le  28^  jour 
dans  l’agneau,  &  je  l’ai  trouvé  petit  le  qua¬ 
rantième  ,  &  caché  fur  les  vertebres. 

Dans  ce  temps,  le  thymus  eft  une  des 
plus  grolTes  glandes,  quoique  dans  le  fétus, 
toutes  les-  glandes ,  &  même  le  pancréas  , 
foient  beaucoup  plus  grolTes  en  proportion, 
des  autres  parties ,  que  dans  l’adulte» 

Ce  thymus  eft  rempli  de  beaucoup  de 
fuc  laiteux,  comme  le  font  les  glandes  côn- 
globées ,  mais  on  y  voit  une  efpece  de 
crème  plus  manifeftement  que  dans  toutes 
les  autres. 

De  même  les  glandes  bronchiques  & 
méfentériques ,  qui  font  les  plus  groftes 
des  glandes  de  cette  cîafîe ,  font  pleines 
d’une  férofité  comme  laiteufe. 

J’ai  fait  voir  que  les  vifceres  de  la  poi¬ 
trine  n’étoient  jamais  fans  enveloppe,  quoi¬ 
qu’il  y  ait  un  temps  où  le  fternum,  les  cotes 
les  mufcles  paroiffent  n’être  formés  que 
d’une  membrane  d’une  fineffe  extrême. 

Il  y  a  une  grande  quantité  d’humeur 
rouge  dans  la  poitrine  &  dans  le  bas-ventre. 

XL.  Le  bas-ventre. 

On  a  dit  avoir  auffi  trouvé  les  vifceres 
du  bas-ventre  fans  enveloppe,  ce  que  je  n® 


3^0  La  Vit 

crois  pas  vrai  ;  car  dans  les  voîatiles  lirtc 
grande  partie  des  inteftins  eft  contenue 
dans  une  gaine  qui  vient  de  rombilic^  ils 
ne  font  donc  pas  üuds  ;  j^ai  vu  lè  péritoine 
dans  le  fétus  d’une  brebis  même  dans  les 
premiers  temps. 

Le  fétus  a  aulîî  le  ventre  plus  ample,  dt 
il  eft  faillant  en  comparaifon  de  la  poitrine. 

Cette  amplitude  du  ventre  dépend  du 
foie ,  parce  qu’ alors  ce  vifcere  eft  diftendu 
par  le  fang  qui  lui  vient  du  placenta  j  &  il 
doit  nécefîairement  être  du  double  plus 
gros  que  dans  l’adulte  >  puifqu’il  reçoit  plus 
du  double  de  fang  ;  car  la  veine  ombilicale^ 
au-deflus  du  canal  veineux,  eft  encore  d’un 
plus  grand  diamètre  que  la  veine  porte. 

J’ai  vu  le  foie  dans  un  agneau  avant 
qu’aucun  autre  vifcere  parut. 

Il  diftend  le  péritoine  en  dehors ,  &  re-* 
pouffe  le  diaphragme  en  haut  ;  il  eft  plus 
mou,  plus  rouge,  &  plus  mobile,  de  n’eft 
point  renfermé  fous  les  côtes. 

Je  penfe  que  c’eft  pour  cela  qu’on  a  dit 
que  le  foie  étoit  formé  le  premier  de  tous 
les  vifeeres  ;  c’eft  qu’il  a  déjà  un  certain 
volume  dans  le  temps  que  les  poumons,  la 
rate,  l’eftomac,  les  reins  dtles  grosintef- 
tins  font  fort  petits,  ou  ne  paroiffent pas 
encore;  au  refte,  fur  la  fin  du  quatrième 


duPéms,- 

joüï,  j’ai  vu  îe  commencement  du  foie 
dans  îe  poulet. 

Un  Auteur  dit  ne  l’avoir  pas  encore  vu 
clans  un  emb^on  humain  de  cinq  ou  & 
femaines  ;  il  eft  moti  &  prefque  muqueux  5 
il  n’eft  pas  bien  ferme  dans  un  fétus  à  terme. 

Il  eft  évident  que  dans  le  poulet  qui  eft 
à  l’incubation ,  le  foie  n’eft  d’abord  plein 
que  de  fang  5  c’eft  ce  qui  le  rend  rouge  ;  fur  ■ 
les  derniers  temps  il  y  a  un  peu  de  jaune  ^ 
ce  qui  prouve  que  la  liqueur  du  jaune-d’œuf 
èft  chariée  par  fâ  veine  dans  la  veine  hépa¬ 
tique  ;  c’eft  k  cela  qu’on  peut  rapporter  la 
belle  couleur  du  foie  qu’on  y  remarque  le 
dix-neuvieme  jour. 

Enfin  fur  la  fin  de  l’incubation ,  ce  vif* 
cere  eft  plus  propre  k  former  la  bile,  &  il 
tire  auffi  fur  le  verd  dans  ce  temps. 

La  véficule  du  fiel  pârott  dans  le  vola¬ 
tile  k  la  fin  du  feptieme  jour  ;  elle  eft  ca¬ 
chée  dans  un  enfoncement  du  foie;  & 
elle  n’en  pafte  pas  le  bord  ;  elle  eft  blanche 
d’abord,  k  caufe  de  la  grandeur  du  foie, 
enfuite  elle  s’emplit  d’un  fuc  verd ,  après 
devient  bleuâtre,  &  d’infipide  qu’elle  dtoit, 
elle  devient  amere,  a  mefure  qu’elle  prend 
cette  couleur. 

L’homme  enfortant  de  la  matrice ,  a  les 
membres  moins  fermes  que  le  poulet  qui 


La  l^îe 

fort  de  f  œuf  ;  fa  bile  eft  auffi  plus  impar¬ 
faite,  elle  eft  rouge  de  douceâtre  ;  on  ne 
peut  pas  en  comparer  lâ  couleur  a  celle  du 
méconium.  * 

La  rate  eft  fort  petite  dans  le  fétus  ,  elle 
eft  très-rouge ,  je  l’ai  apperçue  dans  le  pou¬ 
let  le  quinzième  jour  ;  f  épiploon  commence 
à  paroître  le  quatrième  mois^ 

On  commence  à  appercevoir  f  eftomac  du 
poulet  fur  la  fin  du  quatrième  jour,  il  prend 
enfuice  de  la  folidité  •  &  on  le  voit  rem¬ 
plir  fa  fonftion  ,  vers  le  dixième  jour,  car 
on  y  trouve  une  matière  biaiiche  &  ref- 
femblante  à  du  fromage  mou. 

L’eftomac  du  fétus  humain  eft  plus  rond 
&  plus  court ,  &  il  eft  à  celui  d’un  adulte 
comme  3  k  8é  ;  c’eft  ce  qui  fait  que  l’efto- 
mac  eft  tout  recouvert  par  les  côtes  &  par 
le  foie  il  eft  auffi  fort  petit  dans  le  fétus 
des  brutes. 

Quoique  les  inteftins  foient  fort  petits , 
on  les  voit  cependant  en  même-temps  que 
l’eftomac ,  ils  font  comme  des  fils  •  les  grê¬ 
les  ne  different  pas  beaucoup  de  ceux  des 
adultes ,  ils  font  cependant  rouges  &  très- 
longs  en  proportion  du  corps  ;  j’y  ai  appercu 
dans  le  poulet  un  mouvement  périftaîtique 
le  quatorzième  jour. 

Les  gros  inteftins  font  bien  différens  de 
Ceux 


du  Fétus,  313 

-Ceux  de  l^adulte  ;  ils  font  moins  amples' ,  on 
n’y  voit  point  de  ligamens,  &  ils  ne  font 
point  triangulaires. 

Il  y  a  aüffi  une  dilFérertce  fenfible  dans 
l’inteftin  cæcum  y  dans  le  fétus,  il  fe  termine 
en  une  petite  appendice  comme  conique 
qui  fort  du  milieu  de  fa  largeur  j  cette  pe¬ 
tite  appendice  du  fétus  n’eil  pas  beaucoup 
plus  ample  que  dans  l’adulte ,  même  -  en 
proportion  de  l’inteftin. 

On  trouve  dans  tous  les  gros  inteftins^ 
&  dans  la  petite  appendice ,  même  dans  l’i¬ 
léon  &  Teftomac ,  un  excrément  particu¬ 
lier,  de  confiftance  d’onguent,  &  d’un  verd 
obfcur.  Ariilote  dit  l’avoir  vu  blanc.  Cec 
excrément  n’ell  pas  amer,  . 

On  ne  fçait  quelle  efl:  fon  origine,  îl.y  a 
des  Auteurs  qui  difent  qu’il  vient  des  eaux 
de  l’amnios ,  mais  j’ai  lu  qu’on  en  avoic 
trouvé  dans  un  agneau  ,  dont  la  gueule 
étoit  clofe  ;  d’autres  difent  qu’il  vient  delà 
bile,  mais  la  bile  n’ efl:  pas  de  cette  couleur, 

11  efl  différent  de  la  mücofité  propre  de 
finteflin ,  car  cette  mücofité  refle  après 
qu’on  a  enlevé  le  méconium  ;  j’ai  vu  une 
matière  femblable  dans  la  tunique  albu-^ 
.  ginée  du  teflicule. 

Nous  avons  parlé  des  reins  ;  ils  font  gros 
dans  le  fétus ,  &  divifés  en  lobules  ;  les  lii  e- 
Tome  II.  Z 


3-54 

tères  font  auffii  plus  gros  ;  on  apperçoit 
les  reins  avant  la  fin  du  quatrième  jour,  ^ 
ils  ont,  dans  le  fétus ,  des  vaiflTeaux qui fer- 
pentent,  &  qui  font  d’un  certain  volume. 

Les  capfules  atrabilaires  font  beaucoup 
plus  grolfes  &  de  toute  autre  figure  ;  ce  font 
des  facs  oblongs,  de  nature  glanduleufe, 
que  j’ai  vus  divifés  en  lobules ,  comme  l’eft 
ordinairement  le  thymus;  elles  contiennent 
un  fuc  de  couleur  de  rouille ,  qui  eft  très- 
apparent  :  je  les  ai  trouvées  dans  le  poulet  I 
le  fixieme  jour. 

Comme  les  tefticules  font  fort  petits , 
ils  paroifiTent  auflî  fort  tard  ;  je  les  ai  vus 
le  dixième  jour  dans  le  poulet  ;  ils  font  dans 
l’homme  &  dans  le  poulet, proche  des  reins, 

&  ils  font  rénfermés  dans  le  péritoine  ;  leur 
flrudure  efi:  peu  connue ,  jufqu’à  préfent 
même  on  n’a  pu  la  connoître. 

Les  ovaires  font  fort  longs ,  fort  grêles, 
&  opaques,  il  n’y  a  point  encore  de  véfi- 
cules  ;  les  trompes  font  en  travers,  &  fou- 
vent  elles  font  entortillées. 

La  veffie  eft  très-grande,  plus  même  que 
l’eftomac  ;  elle  eft  fort  longue  ;  elle  s’élève 
au-defîus  du  baffin  en  forme  de  cône  ;  elle 
donne  naifîance  à  un  ouraque  qui  eft  creux; 
elle  contient  ordinairement  de  l’urine,  quel¬ 
quefois  elle  n’en  contient  pas,  car  je  fuis  sûr 


du  Fétus,  J 11 

dé  l’avoir  trouvée  vuide  ;  cette  urine  îiqIÏ 
point  âcre  >  elle  eft  même  douceâtre. 

On  Voit  de  bonne  heure  les  parties  exté¬ 
rieures  de  la  génération  >  foit  mafculines  ^ 
foit  féminines  ;  on  les  apperçoit  prefque  en 
même  temps  que  les  extrémités. 

Dans  les  mâles  les  tefticules  ne  font  pas 
encore  defcendus  dans  le  fcromm. 

J^ai  rapporté  ce  qu\i  y  avoit  de  particu¬ 
lier  dans  la  matrice ,  je  l’ai  vue  dans  le  fétus 
contenir  un  fuc  laiteux. 

§.  XLI.  Divcrfâs  particularités. 

Enfin  il  ne  paroit  point  de  membres  dans 
le  commencement,  iis  pouffent  peu-à-peu , 
&  paroiffent  dans  le  poulet  au  bout  de  ^  ^ , 
72,  de  8 é  heures  ;  iis  font  d’abord  fort 
courts,  &  on  n’y  diftingue  qu’une  articula¬ 
tion  3  c’efl:  celle  du  tarfe.  Peu-a-peu  ils  fe 
développent ,  c’eft  la  jambe  qui  fe  montre 
1|  première ,  &  la  cuiffe  fe  dégage  la  der¬ 
nière  du  corps,  auquel  elle  étoit  attachée 
par  des  liens  celluleux ,  alors  l’extrémité  eft 
compofée  de  trois  parties  ;  mais  ces  extre- 
mités  font  d’abord  fi  petites,  que  quand  le 
fétus  humain  n’a  pas  encore  un  pouce  de 
longueur,  les  bras  ne  peuvent  fe  toucher  , 
&  les  jambes  ne  peuvent  pas  monter  juf- 
qu’ au  nombril  ;  les  doigts  paroiffent  le 
fixieme  jour,  &  les  extrémités  fapérieures 
Zij  _ 


3^^  'La  Vie 

croifTent  plus  promptement  ;  on  a  vu  dans 
le  blaireau  paroître  les  pattes  de  devant 
avant  celles  de  derrière  •  de  même  dans  le 
fétus  humain  les  os  des  iles  font  fi  petits , 
qu’ils  ne  font  pas  plus  grands  que  la  moi¬ 
tié  du  coronal. 

Nous  avons  dit  qu’on  voyoit  dans  le  pou¬ 
let  un  mouvement  volontaire  le  jour. 

Mais  les  mouvemens  ne  font  fenfibles  à 
la  mere  que  plus  tard  ;  elle  ne  les  fent  que 
vers  le  commencement  ou  dans  le  cours  du 
quatrième  mois. 

Cela  varie  beaucoup  ;  on  a  cru  qu’on  ren- 
doit  les  mouvemens  de  l’enfant  fenfibles  en 
mettant  quelque  chofe  de  froid  fur  le  ven¬ 
tre  de  la  mere  ;  s’il  y  a  une  grande  quantité 
d’eau  dans  la  matrice,  ces  mouvemens 
font  plus  obfcurs. 

La  peau  du  fétus  eft  d’abord  très-délicate 
&  tranfparente  ;  elle  différé  peu  d’une  gelée, 
peu-à-peu  elle  prend  delà  confi fiance  &  fe 
couvre  de  l’épiderme  ;  quand  le  fétus  eft  à 
terme,  elle  eft  fort  rouge,  &  elle  eft  en¬ 
duite  d’une  crafiTe  ondueufe  ;  ce  n’eft  pas 
l’air  qui  rougit  la  peau,  car  j’ai  vu  des  fétus 
d’animaux  fort  rouges  dans  la  matrice. 

Les  poils  &  les  plumes  paroilfent  fort 
tard  ;  cependant  les  enfans  naiftent  tout 
couverts  d’un  duvet,  &  quelquefois  ils  font 
très-velus. 


du  Titus.  317 

L’animal  eft  blanc  dans  le  commence*^ 
ment,  même  jufqu’au  quatrième  mois  j 
peu-k-peu  le  fang  prend  le  deffus. 

Au  lieu  de  grailTe  c’eft  une  gelée  qui  eft 
fous  la  peau  ;  &  les  nouveaux  nés  font  gras 
&  pleins  de  fuc ,  mais  au  bout  de  quelques 
jours  ce  fuc  s’exhale,  &  ils  deviennent  mai¬ 
gres  ,  &  fe  rident. 

Les  tendons  font  mous  &  blanchâtres  ; 
ils  different  peu  de  la  chair  du  mufcle, 
comme  je  l’aiobfervé  dans  le  mufcle  fterno- 
maftoïdien. 

§.  XLII.  U accroijfcment  en  général. 

S’il  étoit  poffible  de  mefurer  journelle¬ 
ment  l’accroiffement  du  fétus  humain  , 
comme  on  peut  le  faire  dans  le  poulet ,  on 
enrètireroit  de  grands  avantages  ;  mais  nous 
n’avons  à  cet  égard  que  des  obfervations 
éparfes  ,  qui  même  ne  font  pas  affez  certai¬ 
nes.  J’ai  vu  beaucoup  d’œufs  abortifs  de 
femme,  j’en  ai  retiré  quelques-uns  du  ven¬ 
tre  de  la  mere  par  l’ouverture  du  ca,davre  * 
je  ne  ptiis  rien  affurer  fur  le  terme  où  iis 
étoient  ,  fi  ce  n’eft  fur  deux. 

En  général  le  fétus  croît  bien  plus  len¬ 
tement  que  le  poulet,  car  ils  font  tous  deux 
dans  le  principe  de  même  grandeur,  &  dans 
l’efpace  de  vingt-un  jours ,  le  poulet  croît 
fi  prodigieufement,  qu’il  a  quatre  pouces 
Z  iij 


^  8  La  VU 

de  long  k  cetté  époque  ;  de  plus  fes  os  font 
parfaits,  il  peut  marcher  ; fon bec  left  aulïi, 
il  s’en  fercpour  rompre  fa  coquille, &  enfuite 
pour  prendre  fes  alimens  ;  la  nature  n’a  pas 
jugé  iiécefTaire  que  l’homme  vint  au  monde 
jfi  parfait,  elle  lui  adonné  une  mere- in¬ 
telligente  pour  le  porter  &  le  nourrir ,  pen¬ 
dant  tout  le  temps  qu’il  feroit  hors  d’état 
de  fefuffire,  &  comme  fa  vie  eft  de  plus 
longue  durée,  elle  a  voulu  que  fon  accroif- 
fement  fut  lent. 

Nous  avons  fuivi ,  autant  qu’il  a  été  pof 
iible ,  les  Obfervateurs  les  plus exads  furies 
œufs  humains  ;  &  nous  avons  fait  ufage  de 
nos  obfervations  fur  l’embryon  de  brebis  ; 
êlles  nous  ont  convaincu  que  dans  le  pre’ 
rnier  mois  le  fétus  eft  très-petit. 

La  plupart  des  modernes  nous  repréfen- 
tent  trop  gros  les  œufs  humains.  M.  de  Buf- 
fon  dit  que  le  fétus  de  21  jours  a  fix  lignes 
de  long,  un  pouce  a  30  jours,  2  k  40,  plus 
de  2  k  éo;  3  au  troifteme  mois,  &  (3  007 
au  quatrième.  M.  Levret  lui  donbe  auili 
trop  de  volume  ;  félon  lui  le  férus  de  huit 
jours  a  <5  lignes  de  long  ;  a  quinze  jours  un 
pouce  ;  k  vingt -un  près  d’un  pouce  & 
demi  ;  k  trente  près  de  deux  pouces  ; 
a  foixante  près  de  4  ;  k  90,  ^  ;  à  I20,~8  ; 
à  1)0,  10  ;  k  180, 12  ;  k  210,  14;  k  240, 
1 6  ^  a  2  70, 1 8  pouces.  Cet  accroilTement  eft 


du  Fétus.  3^9 

trop  rapide  datis  les  premiers  temps ,  &  par 
la  même  raifon  trop  lent  fur  la  fin  ;  Mau- 
riceau  fa  fait  encore  bien  plus  rapide  dans 
le  commencement  J  auffî  M.  Levret  n’ad¬ 
met-il  pas  fes  calculs. 

On  dit  que  vers  le  quarantième  jour  l’œüf 
humain  eft  a-peu-près  comme  un  œuf  de 
pigeon  ;  je  l’ai  vu  gros  comme  celui  d’une 
poule ,  &  contenant  un  fëtus  d’environ  fix 
lignes. 

A  la  fin  du  fécond  mois ,  ou  un  peu 
plutôt il  efi  gros  comme  un  œuf  de  poule. 
Harvée  a  vu  à  cette  époque  le  fétus  gros 
comme  une  fève,  ou  grand  comme  l’ongle 
du  petit  doigt ,  mais  fans  aucune  diftinc- 
tion  de  parties.  ^ 

Il  efi:  au  troifierne  mois  de  la  grofîeur  d’un 
o^uf  d’oie,  il  renferme  un  fétus  bien  formé, 
nageant  dans  une  grande  quantité  de  flui¬ 
de  ,  &  fort  difproportionné  au  volume  de 
fonœuf,  il  n’a  pas  plus  d’un  pouce  de  long. 

Ou  l’a  vu  au  quatrième  mois  femblable  a 
un  œuf  d’autruche,  &  le  fétus  de  la  grandeur 
du  poulet  quand  il  fort  de  fon  œuf,  c’eft- 
a-dire,  qu’il  avoit  environ  quatre  pouces, 
&  tous  fes  vifceres  étoient  bien  conformés. 

Cet  aCcroifîement  fe  fait  rapidement,  & 
il  y  a  apparence  que  fiir  la  fin  du  troifierne 
mois ,  les  fucs  font  plus  d’effort  fur  la  ma- 
Ziv 


3<30  La  Vie 

trice  &  fur  l’œuf:  car  c’eft-là  le  temps  où 
fefont  plus  communément  les  avortemens, 
&  le  plus  fouvent  c’eft  i’impétuofité  avec 
laquelle  le  fang  fe  porte  de  la  matrice  au 
placenta  qui  y  donne  lieu  ;  on  prévient  cet 
accident  par  une  faignée  &  du  régime. 

Le  fétus  enfuite  approche  peu- à-peu  de 
fa  perfeebion,  &  quand  il  y  eft  parvenu,  foa 
poids  eft  communément  de  huit  à  dix  li¬ 
vres  ;  il  pefe  oependant  quelquefois  beau¬ 
coup  plus;  je  me  fouviens  que  le  dernier 
Archiduc  pefoit  en  naiffant  douze  livres. 
M.  Crantz  a  vu  un  enfant  qui  pefoit  vingt- 
trois  livres;  on  dit  même  que  depuis  peu  il 
eft  né  un  enfant  qui  en  pefoit  vingt-fept. 

La  longueur  ordinaire  du  fétus  eft  d’en¬ 
viron  vingt-un  pouces,  &  la  moindre  eft 
de  quatorze. 

Dans  les  commencemens  le  fétus  eft 
très -petit  en  proportion  de  fon  œuf,  &  je 
crois  qu’on  ne  trouve  cette  difproportioh , 
que  parce  qu’après  qu’il  a  péri,  l’œuf  a  con¬ 
tinué  de  croître. 

Quand  la  groftefte  eft  bien  avancée,  le 
fétus  remplit  prefque  tout  l’œuf,  &  il  n’y 
a  que  très-peu  d’eau. 

Tout  ceci  varie  beaucoup,  fui  vaut  la  dif¬ 
férente.  ftrufture  du  baffin  de  la  mere ,  de 
fa  maniéré  de  vivre,  &  fuivant  la fanté  du 
fétus  ;  je  l’ai  obfervé  dans  le  grand  nombre 


du  Fétus,  3^1 

de  poulets,  dont  j’ai  fuivi  l’accroifTement  ; 

froid  fa  conlidérablement  retardé  ;  j’ai 
vu  des  œufs  très-anciens  plus  petits  que  de 
nouveaux,  &  le  poulet  étoit  moins  formé, 
&  fes  os  très-mous. 

'§.  XLIII.  Circulation  partkulkrc  dans 
U  fétus. 

Ce  point  mérite  d’autant  plus  d’être 
exactement  difcuté  ,  qu’au  commence¬ 
ment  de  ce  fiecle  il  y  a  eu  de  grandes  dif- 
putes  fur  cette  circulation  ,  cependant  la 
vérité  paroît  avoir  pris  le  delTus. 

Premièrement,  la  plus  grande  partie  du 
fang  du  fétus  paife  des  arteres  iliaques  dans 
les  ombilicales,  &  ces  dernieres  le  portent 
dans  le  placenta. 

C’eft  ce  qui  fait  que  dans  le  fétus  le  baffin 
&  les  extrémités  inférieures  font  fort  petits, 
comme  nous  l’avons  obfervé  ailleurs. 

Le  fang  qui  revient  du  placenta  fe  mê¬ 
lant  au  fuc  nourricier  que  la  mere  envoyé 
au  fétus,  repalTe  dans  la  veine  ombilicale, 
&  cette  veine  verfe  une  petite  portion  de 
fon  fang,  peut-être  la  feptieme  partie,  dans 
la  veine  cave,  fous  le  diaphragme,  mais 
près  du  cœur. 

Dans  les  volatiles  il  y  a  une  autre  veine 
bien  plus  groffe,  qui  fe  vuide  dans  la  veine 


3^2  La  Vie 

cave,  auflî  plus  près  du  cœur  ;  elle  vient  de  la 
membrane  vafculeufe  du  fétus  ;  mais  la  veine 
ombilicale  du  fétus  humain  équivaut  pref- 
que  aux  deux  veines  de  tous  les  autres  ani¬ 
maux  j  c’eft  pour  cela  que  le  foie  des  volati¬ 
les  eft  plus  petit  que  celui  du  fétus  humain. 

Les  fix  autres  parties  du  fan  g  qui  revient 
du  placenta,  fe  diftribuent  dans  les  rameaux 
hépatiques,  qui  alors  font  des  branches  de 
la  veine  ombilicale ,  &  qui  dans  l’adulte 
font  des  diftributions  de  la  veine  porte. 

Après  que  ce  fang  s’eft  répandu  dans 
tout  le  foie ,  il  vient  fc  rendre  dans  les  ra¬ 
meaux  de  la  veine  cave  hépatique,  &  fe 
mêlant  avec  le  fang  du  canal  veineux ,  il 
palTe  à  travers  le  diaphragme ,  &  va  fe  ren¬ 
dre  dans  l’oreillette  droite  du  cœur. 

§.  XLIV.  L&  trou  ovale. 

Il  eft  k  propos  de  répéter  ici  quelque 
chofe  de  ce  que  nous  avons  dit  du  poulet , 
car  nous  n’avons  aucune  inftruâiioh  fur  la 
première  ftrufture  du  cœur  dans  le  quadru¬ 
pède  ;  les  Auteurs  qui  fe  font  occupés  de 
cet  objet  n’ont  parlé  que  du  fétus  de  quatre 
k  cinq  mois. 

Il  ii’y  a  point  de  raifon  qui  puifîe  nous 
faire  croire  que  la  ftrufture  du  cœur  du 
quadrupède  foit  différente  de  celle  du  vola- 


du  Fétus.  3^3 

tiîe  ;  au  contraire  tout  prouve  qu’elle  eft  la 
même  :  il  y  a  également  dans  l’un  &  dans 
l’autre  des  ventricules ,  des  oreillettes,  un 
trou  ovale,  un  canal  artériel,  &  des  canaux 
particuliers  au  fétus  qui  s’oblitèrent  après 
qu’il  a  refpiré  ;  il  y  a  cette  différence,  que 
dans  l’homme  &  le  quadrupède,  le  tronc  de 
l’artere  pulmonaire  eft  continu  avec  l’aorte, 
&  que  dans  le  volatile,  celle  du  côté  droit  & 
celle  du  côté  gauche,  envoyent  un  rameau 
dans  l’aorte  inférieure ,  &  que  par  confé- 
quent  il  y  a  deux  canaux  artériels. 

Dans  le  volatile,  c’ eft  le  ventricule  gauche 
qui  fe  forme  le  premier  ;  ce  qui  doit  être  le 
droit  eft  très-peu  de  chofe  dans  les  premiers 
temps ,  il  fe  forme  enfuite  peù-a-peu  ;  ainfi 
dans  le  volatile,  le  fang  qui  doit  fortir  de  l’o¬ 
reillette  droite  ,  trouve  une  grande  breche 
par  laquelle  il  pafte  dans  l’oreillette  gauche; 
ou  ce  qui  eft  la  même  chofe ,  le  trou  ovale , 
dans  les  premiers  jours  de  la  formation  du 
poulet ,  eft  fi  grand  que  tout  le  fang  de  la 
veine  cave  paffe  par  ce  trou,  &  qu’il  n’en 
paffe  point  dans  le  ventricule  droit. 

Je  crois  que  c’eft  la  mêmeftrudure  dans 
l’homme ,  car  le  trou  ovale  eft  auffi  très- 
ample  quand  l’embryon  eft  tout  nouveau , 
comme  nous  le  dirons  plus  bas  ;  &  le  ven¬ 
tricule  gauche ,  qu’à  la  vérité  nous  ne  trou- 


36^4 

vons  point  qu’on  ait  dit  être  plus  grand  que 
le  droit  dans  le  fétus  humain,  nous  ace- 
pendant  paru ,  ainfî  qu’à  d’autres ,  lui  être 
égal ,  quoique  dans  Tadulte ,  il  foit  beau¬ 
coup  plus  petit  ;  de-lk  la  pointe  du  cœur 
dans  le  fétus  eft  prefque  moulTe.  J’ai  re^' 
marqué  que  le  ventricule  droit  étoit  égale¬ 
ment  long  &  également  fort. 

Mais  nous  avons  fait  voir  plus  haut  com¬ 
ment  fe  fait  le  développement  du  ventri¬ 
cule  droit,  de  que  par-la  l’artere  pulmonaire 
qui  reçoit  le  fang  de  ce  ventricule  acquiert 
plus  de  volume. 

Cette  remarque  eft  de  grande  impor¬ 
tance  pour  la  difficulté  que  nous  allons  t⬠
cher  de  réfoudre.  Préfentement  il  eft  quef 
tion  d’expliquer  comment  ces  proportions 
du  fétus  changent  tellement  dans  l’enfant 
né,  qu’après  la  naiffiance  le  ventricule  gau¬ 
che  ,  qui  dans  l’embryon  étoit  ft  grand,  & 
qui  enfuite  eft  devenu  égal  au  droit,  eft 
alors  plus  petit  que  lui  ;  &  comment  l’aortÊ 
qui  étoit  plus  petite  que  l’artere  pulmonai¬ 
re  ,  paroît  alors  plus  groftTe. 

§.  XLV.  Defeription  du  trou  ovale. 

Nous  avons  difen  parlant  du  cœur,  qu’il 
fe  trouve  dans  la  clpifon  qui  fépare  les  deux 
oreillettes,  un  enfoncement  ovale ,  entouré 


du  Fétus.  3 

d’un  cercle  un  peu  épais,  qui  n’eft  pas  en-» 
tier  ;  Vieuffensadonné  à  ce  cercle  le  nom 
d’ifthme,  M.  Mery  l’a  nommé  fphinéter. 

Cet  enfoncement  eft  le  veftige  d’une 
grande  communication  entre  l’oreillette 
droite  &  la  gauche,  que  les  anciens  Ana- 
tomiftes  ont  avec  une  forte  de  raifon  appelle 
le  trou  ovale ,  &  que  Galien  a  allez  bien 
décrit  ;  ceüx  qui  ont  écrit  depuis  le  renou- . 
vellement  de  l’anatomie ,  l’ont  moins  bien 
décrit  ;  Carcanus  l’a  mieux  fait  depuis. 

Les  modernes,  favoirMM.  Mery,  Tau- 
vry,  Rouhault,  Duverney,  "W^inflow  àc 
Trcw  ont  fait  à  cet  égard  des  recherches  de 
détail,  &  nous  ont  donné  plus  de  lumières ^ 
fur  ce  point  ;  j  e  puis  dire  aulîi  que  mes  tra¬ 
vaux  y  ont  contribué  pour  quelque  chofe. 

Cette  ouverture  eft  fort  ample  dans  l’em¬ 
bryon,  on  l’a  obferve  autrefois ,  &  ce  que 
j’ai  vu  dans  un  fétus  long  de  huit  pouces  , 
que  j’ai  regardé  comme  de  quatre  à  cinq 
mois ,  m’en  a  convaincu  :  car  je  n’ai  pas  eu, 
de  fétus  moins  avancé  pour  faire  cette  re¬ 
cherche  ;  mais  un  de  mes  amis  l’a  vu  encore 
plus  grande  dans  un  embryon  de  deux  mois, 
&  il  n’y  a  point  apperçu  de  valvule  ;  c’eft 
auffi  le  fentiment  de  Ridley ,  puîfqu’ii  die, 
que  dans  un  très- jeune  embryon,  le  trou 
ovale  eft  k  la  partie  inférieure  de  l’enfonce- 


3^^  La  Vu 

ment ,  &  que  c’eft  ce  qui  fait  qu’on  h 

trouve  plus  profondément. 

Comme  dans  les  premiers  temps  il  n’y  a 
point  de  ventricule  droit  au  cœur,  &  qu’il 
y  a  un  canal  qui  conduit  de  l’une  à  l’autre 
oreillette,  qui  font  déjà  féparées,  il  efl:  tout- 
k-fait  probable  que  le  trou  ovale  eft  entiè¬ 
rement  ouvert,  &  qu’il  n’a  point  de  valvule. 

Mais  la  cloifon  des  oreillettes  commence 
aparoître  dans  le  trou  ovale,  dès  le  troilieime 
mois; ce  n’eft  pas  qu’elle  fe  forme  peu-k- 
peu ,  mais  c’eft  que  le  canal  des  oreillettes 
defeend,  emmene  avec  lui  les  deux  oreil¬ 
lettes,  les  rapproche  du  cœur,  &  enfonce 
pareillement  avec  lui  le  trou  ovale,  &c  en 
même  temps  le  ventricule  droit,  qui  jufqües- 
la  n’étoit  prefque  rien,  s’étend  vers  le  bas. 

C’eft  du  moins  par  le  moyen  de  cela 
que  la  cloifon  mitoyenne  des  oreillettes 
paroît  toujours  plus  profondément  dans  le 
trou ,  &  en  cache  une  grande  partie. 

Enfin  cette  même  cloifon  a  atteint  toute 
la  hauteur  du  trou,  dans  le  fétus  humain, 
au  fixieme  &  feptieme  mois  ,  &  elle  eft 
plus  large  que  ce  trou ,  car  en  arriéré  elle 
s’étend  au-delà  de  fon  bord  du  côté  gau¬ 
che,  &  le  débordeauftià  droite  de  quelques 
lignes  de  chaque  côté. 

G’eft-à-dire ,  que  cette  cloifon  eft  ce  que 


du  Fétus  3^7 

les  Anatotniftes  modernes  ont  appellé  la 
valvule  du  trou  ovale  ;  il  s’en  eft  cependant 
trouve  quelques-uns  qui  ont  rejetté  ce 
.  nom  3  parce  qu’il  ne  qüadroit  pas  avec  leur 
fyftême ,  &  ils  l’ont  regardée  comme  ce 
qui  doit  former  par  la  fuite  la  cloifon. 

Cette  cloifon  eft  double ,  e’eft-a-dire , 
que  la  membrane  interne  de  l’oreillette 
droite  &  celle  de  la  gauche  ont  des  libres 
.mufculaires  mêlées  enfemble  -  elles  fe  ter¬ 
minent  en  haut  en  forme  de  croifîant. 

L’obliquité  de  cette  valvule  eft  telle,  que 
par  fa  partie  inférieure  elle  eft  plus  en  de¬ 
vant, qu’elle  s’inclineplus  en  arriéré  à  mefure 
qu’elle  monte ,  &  qu’elle  eft  plus  large  du 
côté  gauche  -  enfin  dans  le  fétus  à  terme, 
elle  eft  dans  fa  partie  fupérieure  pliK  en  arrié¬ 
ré  que  l’ifthme,  c’eft-k-dire,  qu’elle  eft  appli¬ 
quée  au  cercle  épais  de  l’enfoncement  ovale; 
il  eft  vraifemblable  que  e’eft  le  fang  qui  don¬ 
ne  lieu  à  cette  obliquité,  il  fait  effort  du  finus 
droit  fur  le  finus  gauche,  &  il  repoufte 
par  ce  moyen  la  valvule  plus  en  arriéré  vers 
cet  endroit,  où  cette  petite  membrane  eft 
plus  éloignée  de  fa  bafe ,  c’eft-à-dire,  de  la 
partie  qui  réfifte  le  plus  ;  en  même,  temps 
elle  finit  un  peu  plus  bas  à  gauche ,  &  un 
peu  plus  haut  à  droite. 

Le  trou  n’ eft  pas  effacé  pour  cela ,  mais 


3(38  La  Vh 

il  devient  un  conduit  oblique ,  un  ovale 
tranfverfe,  plus  large  &  moins  profond, 
qui  conduit  de  l’oreillette  droite  en  arriéré 
éc  en  haut  ,  entre  l'e  cercle  ovale  &  la  val¬ 
vule.. 

Mais  il  eft  important  d’avertir  que  le 
trou  n’eft  jamais  dans  le  fétus  à  terme  au- 
deffous  de  l’arc  du  cercle  ovale,  &  qu’on 
ne  peut  l’appercevoir  qu’en  écartant  les 
parties  de  la  valvule  qui  s’ eft  affaiftee  ou 
defîechée  contre  l’état  naturel  ;  les  Gra¬ 
veurs  font  excufables  de  n’avoir  pas  fait  des 
planches  plus  exaétes  de  ce  trou ,  il  ne  leur 
a  pas  été  poffible  de  le  rendre  autrement. 

Enfin  le  fixieme  mois,  cette  valvule  a  Tes 
deux  petites  cornes  fur  l’ifthme,  &  le  fep- 
tieme ,  c’eft  le  milieu  de  fa  partie  fëmi-lu- 
naire  qui  eft  placée  deftus. 

Les  petites  cornes  de  cette  valvule  font 
même  dans  le  fétus  à  terme  ,  élevées  de 
deux  lignes  ,  de  trois  ,  même  de  trois  & 
demie,  fur  le  pafîage  qui  unit  les  cavités  des 
oreillettes  du  cœur;  &  cette  valvule  a  une 
ou  deux  lignes  de  fa  longueur ,.  appliquée 
derrière  l’ifthme,  dans  le  finus  gauche  ;  j’ai 
vu  tout  cela  crès-exaéfeement  &  plufîeurs 
fois. 

Enfin  elle  eft  plus  large  que  tout  l’en¬ 
foncement  ovale ,  &  elle  s’étend  fur-tout 

dans 


âu  Titus.  3^^ 

êâtis  ïe  fiïius  gauche,  fort  loin  à  droit. 

Ainfi  cette  valvule  fe  termine  par  fa  pâf'« 
lie  fupédeüre  efi  deux  petites  cornes, ^foit 
qu’on  les  appelle  freins ,  ou  petites  cordes  5 
mais  puifqu’elle  a  là  fornie  d’ un  croiffant  ^ 
on  peut  bien  les  nommer  cornes  ;  on  les 
trouve  toujours  dans  le  fétus  à,  terme  j  mais 
elles  ne-paroifTent  pas  encore  dans  l’em¬ 
bryon  ,  même  au  quatrième  mois. 

Celle  qui  eft  à  droite  eft  un  peu  plus 
grande ,  elle  fè  replie  vers  la  gauche,  en 
forme  de  crochet  j  ou  elle  n’a  qu’une  ex¬ 
trémité  qui  eft  tournée  vers  le  haut,  &  pîa- 
,  eée  derrière  la  parois  du  finus  gauche  ,  près 
de  l’embouchure  de  la  veine  pulmonaire 
droite  inférieure,  oü  bien  à  l’embouchure 
de  la  veine  fupérieure  du  même  côté.  Je 
l’aL  vue  auffi  fe  terminer  en  deux  fibres , 
même  féparées,  &  enfin  enpiufieurs  ,  en 
forme  d’un  peigne.  ^ 

La  petite  corne  gauche  eft  plus  bas ,  elle 
eft  plus  petite  &  plus  droite ,  cependant  elle 
eft  tournée  aufii  vers  la  droite  •  elle  eft  atta¬ 
chée  au  finus  gauche  par  une  feule  extré¬ 
mité  ,  ou  elle  en  a  deux ,  &  même  un  grand 
nombre ,  qui  repréfentent  une  branche  de 
palmier  ;  je  l’ai  vue  fi  petite,  qu’à  peins 
.  pouvoit'on  l’appercevoir. 

Tom&  II.  A  a 


2^0 

Xa  diftance  qu’il  y  a  d’une  corne  a  l’au¬ 
tre  eft  de  de  pouces.  r 

Ces  petites  cornes  exiftent  encore  dans 
l’adulte. 

La  valvule  eft  toute  tranfparente ,  elle 
eft  plus  délicate  que  le  finus,  &  elle  a  des 
jfibres ,  mais  qui  font  pâles. 

J’ai  vu  un  mufele  qui  prenoit  naiflancc 
au  côté  gauche  du  ventricule  gauche ,  & 
qui venoit  s’inférer,  en  écartant  fes  fibres 
en  forme  de  rayons,  à  la  partie  moyenne  ou 
inférieure  de  la  valvule ,  de  maniéré  que 
les  fibres  en  partant  d’un  centre  commun 
alloient  fe  répandre  dans  toute  la  circonfé¬ 
rence  ;  j’ai  vu  un  pareil  mufele  fe  rendre  de 
gauche  k  droit  &  en  bas,  &  diftribuer  fes 
fibres ,  de  maniéré  qu’une  partie  fe  perdoit 
dans  la  valvule,  &  l’autre  alloit  à  la  colonne 
droite  de  l’ifthme  ;  j’ai  vu  dans  un  fétus  à 
la  partie  inférieure ,  des  fibres ,  qui  de  droit 
&  de  gauche  alloient  fe  rendre  à  la  valvule; 
j’ai  vu  encore  un  pareil  mufele  partir  à 
droit ,  près  de  la  valvule ,  prefque  tranfver- 
fàlement,  cependant  un  peu  en  remontant  ; 
fies  fibres  fe  féparoient  en  haut,  &  plufieurs 
d’elles  alloient  de-lk  fe  rendre  à  la  valvule  ; 
j’ai  vu  enfin ,  un  mufele  partir  de  l’extré¬ 
mité  inférieure  gauche  de  la  valvule,  &  qui 
alloit  s’y  rendre  en  remontant. 


du  Fétus.  371 

Mais  tout  cela  varie  beaucoup,  ce  qu’il 
y  a  de  conftant,.  c’eft  que  les  fibres  ap¬ 
partiennent  toujours  au  finus  gauche. 

Je  n’ai  point  trouvé  de  fibres  circulaires 
autour  de  la  valvule,  ni  de  rebord  plus  épais, 
ni  de  ceinture  mufculeufe  placée  au-def- 
fous  du  conduit  ;  je  n’ai  point  vu  non  plus 
-deux  plans  de  fibres  dans  la  valvule  ;  je  ne 
nie  cependant  pas  qu’il  n’y  ait  des  fibres 
charnues  entre  les  deux  membranes  de  la 
valvule ,  car  elle  fiait  partie  ;  de  la  çloifon 
des  ventricules  ;  mais  ces  fibres  font  très- 
fines  ,  car  toute  la  valvule  efi:  tranfiparente  ; 
cependant  j’ai  très^-bien  vu  dans  une  femme, 
à  l’endroit  ou  avoir  été  le  trou  ovale ,  des 
fibres,  qui  étoient  toutes  du  finus  gauche, 
dont  les  unes  qui  étoient  fiortev,  remon- 
tpient  de  la  partie  inférieure,  &  les  autres 
defcendoient  à  droit. 

Je  penfe  que  le  trou  ovale  fe  trouve  dans 
tous  les  quadrupèdes,  &  je  fuis  sur  .d’avoir 
vu  la  valvule  dans  le  chien ,  le  cochon  &  la 
brebis  ;  onia  trouve  auffi  dans  la  baleine, 
dans  le  phoças  &  dans  le  crocodile,  qui  efi: 
un  quadrupède  froid  jpn  dit  qu’on  le  trouve 
quelquefois  ouvert,  &  quelquefois  bouché 
dans  la  loutre. 

On  y  a  trouvé  quelques  variétés  ;  Heuer- 
mann  a  vu  une  fibre  qui  partageoit  le  trou  j 
A  ai] 


La  Vit 

on  a  vu  la  valvule  percée  He  trous  ;  eÀ 
on  l’a  trouvée  réticulaire. 

Dans  deux  fétus ,  du  côté  droit  de  la  val¬ 
vule  ,  j’en  ai  vu  naître  comme  une  fecondcj 
plus  large  en  haut,  qui  alloit  s’inférer  au 
fommet  de  l’angle  qui  termine  l’arc. 

Vieuffens  dit  qu’on  a  trouvé  dans  un 
adulte  deux  trous  ovales ,  qui  avoient  cha¬ 
cun  leur  valvule  ;  je  crois  que  c’étoientdè 
petits  tuyaux  qui  reftent  fouvent  ouverts. 

,§.  XL VI.  Chemin  que  fait  le  fang  par 
le  trou  ovale. 

Le  fang,  qui  de  la  veine  ombilicale  vient 
fe  rendre  dans  la  cavité  droite  du  coeur,  eft 
détourné  du  ventricule  droit ,  par  la  valvulé 
d’Euftache  ;  il  efl:  forcé  par-là  de  fuivre  uh 
droit  chemin ,  &  doit  pafîer  en  grande  par¬ 
tie  dans  le  trou  ovale. 

Or  ce  fang,  fuivant  les  loix  du  mouve¬ 
ment  des  fluides,  prelTant  par-tout  &  dans 
tout  fon  trajet,  les  parois  de  fes  vaifleaux, 
efl:  prefle  contre  la  valvule  du  trou  ovale , 
&  éloigne  de  l’iflhme  fa  partie  fupérieure , 
qui  eft  libre,  &  dont  le  bord  eft  en  croif- 
fant  ;  il  la  repouffe  vers  le  finus  gauche ,  où 
il  ne  fe  trouve  rien  qui  puifîe  lui  faire  ûnê 
égale  réfiftance  *  car  quand  même  il  ne  paf- 
feroit  rien  dans  le  conduit  artériel,  néan- 


âu  Fétus.  37J 

moins  tout  le  fang  qui  vient  de  toutes  les 
parties  du  corps ,  va  fe  rendre  dans  la  ca¬ 
vité  droite  du  cœur  ;  on  ne  peut  donc  pas , 
concevoir  qu’il  y  ait  dans;  le  linus  ^gauche  ; 
une  plus  grande  quantité  de  fang  que  celle 
qui  vient  de  la  cavité  droite*  • 

Ce  fang  s’ouvre  donc  lui-même  un  paf- 
fage  pour  entrer  du  finus  droit,  en  haut 
en  arriéré  j  dans  le  fnius  gauche  ,  dans  la 
quantité  dont  la  valvule  permet  l’entrée  j 
quand  elle  eft  éloignée  de  l’iflhme. 

L’air  qui  eft  pouffé  dans  la  veine  ombi¬ 
licale  ,  ou  dans  la  veine  cave  inférieure  > 
ainfi  que  toute  autre  liqueur,  fuit  le  même 
chemin. 

Galien  a  enfeigné  cette  phyftologie  de 
fon  temps  ;  Harvée  eft  en  cela  dkccord 
avec  lui,  ainfi  que  ceux  qui  ont  reconnu  la 
circulation  du  fang;  &  aftuellement  même 
e’ eft  l’opinion  générale* 

Gn  demande  dans  quel  temps  pafte  ce 
fang;  car  la  plûpart  des  Auteurs  difent  que 
c’eft  pendant  la  diaftole  des  oreillettes  que  „ 
s’ouvre  le  trou  ovale,  &  que.  c’eft  auffi  dans 
ce  temps  que  paffe  le  fang  ;  d’autres  ,  difent 
que  c’eft  pendant  la  fyftole,  comme  c’eft 
pendant  la  fyftole  que  le  fang  paffe  dans  le 
ventricule  ;  mais  il  me  femble  qu’il  n’y  a 
en.  cela  rien  d’obfcar,  les  oreillettes  pouf- 
A  a  üjL 


fent  le  fang  dans  le  ventricule  pendant  leur 
fyftole ,  il  eft  donc  nécelTaire  qu’elles  le 
reçoivent  dans  leur  dyaftole  ;  fuppofé  que 
le  finus  gauche  reçoive  le  fang  dans  fa  fyf. 
tôle ,  il  arrive  que  dans  le  même  temps  ce 
finus  fe  dilate  &  fe  refferre. ,  - 

§.  XL VII.  Remarques  de  M.  Lemery, 

Les  obfervations  de  M.  Lemer)^  furies  , 
ufages  du  trou  ovale  s’accordent  parfaite¬ 
ment  avec  les  nôtres,  &  elles  fe  conlirment 
réciproquement  ;  les  poumons  du  fétus  font 
prefque  imperceptibles,  &  ne  tranfmettent 
prefque  point  de  fang  ;  ils  n’en  auroieht 
donc  envoyé  au  ventricule  gauche  du  cœur 
qu’une  très-petite  quantité ,  ce  ventricule 
feroit  demeuré  fort  petit,  &  n’auroit  pas 
été  capable  de  renvoyer  affez  de  fang  k  la 
tête  ;  en  même  temps  le  ventricule  droit 
auroit  pris  trop  d’accroiifement  ;  &  le  pou¬ 
mon  ne  devoit  pas  recevoir  une  grande 
quantité  de  fang,  puifqu’il  ne  pouvoir  pas 
le  renvoyer. 

La  nature  a  obvié  à  ces  incqnvéniens  en 
formant  le  trou  ovale  très-grand  dans  les 
commencemens ,  &  fi  grand,  que  le  ven¬ 
tricule  gauche  efl:  développé  avant  le  droit, 
&  que  la  force  de  ce  ventricule  fait  paffer 
du  fang  dans  tout  le  corps  ;  c’étoic  auffi 


àu  Têtus.  375 

pour  que  la  tête  fe  développât  d’abord  ;  caV 
comme  il  efl:  évident  que  le  cerveau  ne  pou¬ 
voir  pas  en  peu  de  temps  acquérir  fa  foli- 
dité  naturelle ,  il  falloir  bien  que  le  crâne 
eût  de  bonne  heure  la  dureté  néceffaire, 
pour  mettre  à  l’abri  les  nerfs  &  quelques 
organes  des  fensi. 

Cependant  le  ventricule  droit  devoit  auffi  > 
être  difpofé  de  maniéré,  que  le  poumon  eût, 
dans  le  temps  que  le  fétus  doit  refpirer, 
toute  fon  étendue  nécelTaire. 

C’eft  ce  qu’â  fait  la  nature ,  en  retirant 
l’oreillette  dans  la  fubftance  du  cœur,  par 
des  caufes  que  nous  avons  expliquées  ail¬ 
leurs,  de  maniéré  que  par  la  fuite  toute  la 
longueur  de  l’oreillette  &  toute  l’aire  de  la 
trace  du  trou  ovale,  &  le  trou  lui-même 
diminuent  par  rabaiffement  de  Tifthme  ; 
ce  qui  a  fait  que  le  trou  ovale  étant  rétréci, 
le  fang  qui  revient  des  veines  caves  pâfîe 
dans  le  ventricule  droit ,  le  dilate  ^  &  le 
rend  très  -  apparent ,  &  qu’il  fait  prendre 
au  poumon ,  qui  efl:  le  plus  tardif  des  vif- 
ceres,  tout  fon  accroiflTement;  mais  la  caufe 
conflante  du  retrédlTement  du  trou  ovale 
efl:,  à  ce  que  je  penfe,  cette  nouvelle  facilité 
que  trouve  naturellement  le  fang  k  pafTer 
dans  le  ventricule  droit  &  dans  le  poumon  ; 
car  c’eft-la  ce  qui  fait  qu’il  y  a  plus  de  fang 
A  a  iv 


yj^  La  ï^ie 

dans  îe  finus  gaoche,  &  qu’il  offre  plus  d§ 
réfiftance  k  celui  qui  vient  du  coté  droit  j 
&  cette  caufe  fait  que  de  jour  en  jour  le 
ventricule  droit  continue  à  prendre  de  fac- 
croilTement  ;  &  comme  tout  eft  très-déli-  j 
cat  dans  le  fétus  ,  ce  nouveau  fang  en  arri» 
vaut,  a  tant  de  force,  qu’enfin  le  ventricule 
droit,  avec  fon  artere ,  égale  le  gauche,  & 
ménie  le  furpalTe  un  peu.  en  grandeur. 

§;  XL VI II.  Le  conduit  artêrid. 

Le  fang  pafTe  du  finus  gauche  dans  le 
ventricule  gauche  &  dans  l’aorte.  i 

Mais  la  portion  de  fang  de  la  veine  om¬ 
bilicale  qui  n’a  pu  traverfer  letrou  ovale,  &’ 
celle  qui  revient  de  la  tête  &  dès  extrémités 
fupérieures  par  la  veine  cave  fupérieure , 
entrent  dans  le  ventricule  droit ,  que  nous 
fuppofons  être  alors  formé,  &  en  fort  pour 
paffer  dans  f  artere  pulmonaire. 

Mais  cette  artere  efl:  bien  différente  dans 
le  fétus  ;  car  le  principal  tronc  de  l’artere  ' 
pulmonaire  fe  jette  dans  l’aorte,  fous  fa 
grande  courbure,  de  maniéré  qu’il  fait  en 
deffous  un  angle  obtus, 

Gette  flruêfure  eft  la  même  dans  les  qua-» 
drupedes  que  j’ai  vus ,  &  dans  la  baleine. 

Dans  les  oifeaux  ce  n’eft  pas  le  tronc  , 
mais  c’eft  l’an  &:  l’autre  rameau  qui  vien-* 


du  Fétus.  377 

îîént  fe  jetter  dans  l’aorte  ;  ils  font  plus 
longs,  tout-a-fait  veineux,  &  font  auffi  par 
leur  infertion  un  angle  plus  obtus  en  def- 
foLis. 

Dans  la  tortue,  qu’à  la  vérité  je  n’ai  pas 
dilTéquée ,  dans  le  crocodile  &  quelques 
autres  animaux  froids ,  il  y  a  une  autre  ar¬ 
tère  qui  ne  paroît  être  qu’une  imitation  du 
conduit  artériek 

Le  premier  rameau  qui  fort  du  tronc  dé 
l’artere,  va  fe  rendrê  dans  le  poumon  droit, 
&  le  fécond  enfuite  dans  le  gauche,  ces 
rameaux  font  très  petits  dans  le  jeune  fé¬ 
tus,  &  de  beaucoup  plus  petits  que  le  tronc 
dans  le  fétus  à  terme. 

'  Les  Anatomiftes  conduit  arté¬ 

riel  cqxxq  partie  du  tronc  pulmonaire  ,  qui 
efl:  entre  le  rameau  pulmonaire  gauche  & 
l’aorte.  . 

Carcanus  &  d’autres  A  natomiftes  ont 
donné  une  defcription  très-  exade  de  ce 
conduit,  &  Galien  le  connoilfoit. 

Il  n’efi:  pas  poffibîé  que  le  fang  pouffé 
du  cœur  dans  une  artere,  ne  pénétre  dans 
fes  branches,  c’ efl:  la  loi  commune  des  li¬ 
queurs  ;  fa  moindre  partie  paffera  donc  au 
poumon ,  &  fa  plus  grande  partie  ira  dans 
l’aorte  defcendante;  &  cette  portion  eft  lî 
grande  ,  que  cette  artere  .en  reçoit  prefque 


378  La  Vie. 

plus  du  conduit  artériel  que  du  ventricule 
gauche ,  car  l’aorte  eft  avant  fa  jondion 
avec  ce  canal,  en  proportion  de  ce  canal, 
comme  57^ à  1024,  &  comme  i2t  ki7i; 
c’eft  pourquoi  après  qu’elle  l’a  reçu ,  elle 
eft  beaucoup  plus  grofte,  &  fon  diamètre 
eft  k  celui  qu’elle  avoir  k  fa  fortie  du  cœur, 
comme  43  k  39. 

Il  fuit  de  ces  mefures  que  la  plus  grande 
partie  du  fang  de  la  veine  ombilicale ,  fait 
peu  de  chemin  pour  pafter  dans  l’aorte  in¬ 
férieure,  &  de-lkpour  parvenir  au  placenta, 
par  le  moyen  des  arteres  qui  le  reçoivent 
d’elle  ;  &  que  par  conféquent  il  eft  très- 
fouvent  porté  &  rapporté  par  les  mêmes 
canaux  ;  il  fuit  aufli  que  dans  le  temps  que 
le  conduit  artériel  eft  plus  grand ,  les  par¬ 
ties-inférieures  du  corps  doivent  prendre 
plus  d’accroiftement. 

Mais  il  entre  fort  peu  de  fang  dans  le 
poumon,  tant  dans  l’embryon,  dont  le  pou¬ 
mon  eft  extrêmement  petit  ,  que  dans  le 
fétus  plus  avancé ,  dans  lequel  ce  vifcere 
eft  épais  &  compade,  &  n’eft  nullement 
étendu  par  l’air  ;  car  les  poumons  du  fétus 
vont  au  fond  de  l’eau ,  de  même  que  fon 
cœur  &  les  autres  parties  ;  il  h’ eft  pas  dou¬ 
teux  qu’il  n’y  ait  fort  peu  de  fang  dans  un 
vifcere  épais,  dont  les  arteres  ont  beaucoup 
“  de  matière  folide  k  diftendre. 


du  Fétus.  379 

§,  XLIX.  Différentes  opinions. 

1°.  Sur  le  conduit  artériel. 

Il  arrive  rarement  qu’on  fôit  forcé  de 
contredire  Fallope ,  mais  il  eft  impoffible 
de  ne  le  pas  faire  dans  le  cas  préfent  -  ce 
grand  homme ,  fi  célébré  d’ailleurs  ,  s’efl: 
totalement  trompé  fur  cet  objet  ;  ce  point 
de  phyfiologie  ètoit  à  la  vérité  tout  neuf  de 
fon  temps  ,  &  la  route  du  fang  n’étoit  pas 
encore  bien  établie.  Il  a  enfeigné  que  le 
fang  paflbit  de  l’aorte  dans  le  conduit  arté¬ 
riel,  &  de  ce  conduit  dans  lès  poumons  & 
dans  le  cœur  ;  Carcanus  a  erabrafîe  le  fen- 
timent  de  Fallope  ;  c’efi:  probablement  la 
valvule  qui  l’a  induit  en  erreur  ;  il  croyoit  , 
comme  beaucoup  d’autres ,  trouver  cette 
valvule  à  l’endroit  où  le  conduit  artériel 
prend  naifîance  a  l’artere  pulmonaire. 

Il  étoit  très-facile  de  réfuter  cette  opi¬ 
nion,  car  l’angle  formé  par  le  conduit  arté¬ 
riel  &  l’aorte,  efi:  fait  de  façon  qu’il  eût 
fallu  que  le  fang  qui  revient  de  l’aorte  ven¬ 
trale  rétrogradât  entièrement  pour  paf- 
fer  dans  l’artere  pulmonaire  >  &  principa- 
lément  dans  les  volatiles  ;  d’aiileürs  le  con¬ 
duit  artériel  efi  fort  large  du  côté  du  cœur, 
&  fort  étroit  du  côté  de  l’aorte,  &  avec 
un  peu  d’attention ,  on  voit  qu’il  efi;  fait  en 


'3^0  La  Vît 

cône  ;  j’ai  trouvé‘à  ce  conduit  AV  de  pou¬ 
ces  de  diamètre  du  côté  du  cœur ,  &  lA  du 
côté  de  l’aorte  \  outre  cela  les  arteres  ne 
portent  point  le  fang  au  cœur ,  c’eft  contre 
leur  nature  ;  de  enfin  quoique  l’artere  ven-  ,  j 
traie  augmente  de  diamètre  k  l’endroit  ou 
ce  conduit  s’y  inféré,  elle  ne  contient  pas 
cependant  autant  de  fang  qu’il  en  faut  pour 
remplir  ce  conduit,  ni  pour  être  diftendue 
au-defîlis  de  fon  infertion. 

Car  le  diamètre  du  conduit  artériel  efl: 
de  As  de  pouces  ,  celui  de  l’aorte  près  du 
cœur  eft  de  ^ &  au-deffous  de  l’infertion 
du  conduit  artériel ,  elle  n’a  que  As  :  fui- 
vant  l’opinion  que  je  combats,  le  tronc 
n’auroit  donc  que  37 ,  tandis  qu’une  bran¬ 
che  auroit  40  &  l’autre  43. 

C’eft  pourquoi  on  a  univerfellement 
adopté  le  fentiment  d’Harvée  ;  &  M.  Méry 
lui-même,  qui  d’ailleurs  eft  d’une  opinion 
contraire. 

Mais  il  eft  évident  que  deux  troncs  arté-  , 
riels  qui  fortent  du  cœur,  en  venant  fe  ren¬ 
dre  dans  l’aorte  inférieure,  lui  donnent  plus 
de  force  ;  que  par  conféquent  le  fang  qui  y 
pafîe,  eft  pouffé  par  les  farces  de  l’un  & 
l’autre  ventricule,  pour  arriver  plus  promp¬ 
tement  dans  le  placenta ,  &  pour  que  les 
parties  inférieures  du  fétus  fe  développent 


du  Fétus.  3^1 

^avantagé  que  les  fupérieures,  puifqu’iî 
n’y  a  que  des  rameaux  qui  ne  tranfmettent 
qu’à-peu-près  la  moitié  du  fang  de  l’aorte 
fupérieure ,  qui  vont  fe  rendre  k  ces  parties 
fupérieures ,  &  que  l’aorte  inférieure  re-* 
eoit  le  double  du  fang  &  même  plus  ;  car 
le  conduit  artériel  eft  plus  gros  que  toute 
l’aorte ,  comme  il  fera  dit  dans  l’inftant. 
On  a  vu  dans  un  enfant  nouveau-né  trois 
grofîes  branches  être  à  l’égard  du  tronc 
comme  lyoi  à  1849. 

C’^eft  pourquoi  dans  d’autres  animaux 
ce  conduit  vient  du  ventricule  droit,  dont 
il  emporte  néceirairementlefang  ,  &  on  a 
quelquefois  vu  cette  même  ftrudure  dans 
l’homme  ;  on  a  remarqué  auffi  dans  un  fé^ 
tus  qui  n’avoit  point  de  conduit  artériel  ,  & 
dans  lequel  par  conféquent  l’aorte  nailTante 
retenoit  le  fang  qu’elle  aUroit  dû  verfer  dans 
ce  canal ,  on  a  remarqué  ,  dis-je,  que  cette 
artere  étoit  plus  grolTe  que  l’artere  pulmo¬ 
naire. 

§.  L.  Opinion  de  M.  Mcry. 

Sur  la  fin  du  fiecle  dernier  M.  Mery , 
célébré  Anatomifte,  abandonna  l’opinion 
de  Galien  &  d’Harvée,  &  donna  un  nou¬ 
veau  fyftême  fur  la  route  du  fang  par  le 
trou  ovale. 


38a  La  Vit 

Il  voyoit  que  Tartere  pulmonaire  dans 
un  fétus  prefqué  à  ter  me,  ou  du  moins 
bien  avancé,  é toit  plus  grolTe  que  l’aorte, 
&  même  dans  le  phoças  qui  vit  comme 
un  fétus. 

ElFeétivement  cela  èft  vrai ,  car  le  tronc 
de  l’artere  pulmonaire  eft  plus  gros  que 
l’aorte,  je  l’ai  obfervé  en  mefurant  ces  vaif- 
feaux  pleins  de  fang  ou  injeâ:és. 

Il  ajoutoit  à  cela  que  la  cavité  du  ven¬ 
tricule  droit  eft  plus  grande  dans  le  fétus 
que  celle  du  ventricule  gauche  ;  &  que  la 
capacité  du  finus  eft  très-ample  en  compa^ 
raifon  de  celle  du  gauche ,  qu’ enfin  les  vei^^ 
nés  pulmonaires  prifes  enfemble,  ont  moins 
d’ouverture  que  les  veines  caves  aufii  prifes 
enfemble  j  que  dans  l’adulte  les  ventricules 
font  égaux,  de  même  que  les  oreillettes, 
&  que  l’artere  pulmonaire  eft  un  peu  plus 
petite  qu’auparavant. 

Il  concîuôit  de-îa  que  ç’étoit  contre  toute 
raifon, que  Galien  &  Harvée  faifoientpaffer 
le  fang  du  finus  droit  dans  le  gauche,  par  le 
trou  ovale. 

Car  fi  cela  étoit  vrai,  difoit-il,  le  ven¬ 
tricule  gauche,  devant  recevoir  plus  de  fang 
que  dans  l’adulte,  devroic  être  d’une  plus 
grande  capacité ,  &  l’aorte  aufii  étant  dila¬ 
tée  par  le  fang  qui  a  paffé  par  le  trou  ovale- , 


du  Fétus.  3S3. 

devrait  être  pius  greffe  que  Tartere  pulmo¬ 
naire,  qui  en  reçoit  d’autant  moins  j  &  ce¬ 
pendant  ii  trouvoiî  le  contraire. 

Par  conféquent,  ajoutoit-il,  le  fang  fuit 
un  chemin  tout  oppofé  par  le  trou  ovale  ; 
il  vient  en  totalité  dans  le  ventricule  droit, 
qui  pour  cette  raifon  eft  beaucoup  plus 
grand  que  le  gauche  ;  &  il  paffe  auffi  entiè¬ 
rement  dans  l’artere  pulmonaire,  qui  de 
même  eft  plus  groffe  que  l’aorte. 

La  nature  abrège  la  circulation  dans  le 
fétus.  . 

Elle  détourne  urfe  partie  du  fang  du  tronc 
de  l’artere  pulmonaire  par  le  moyen  du 
conduit  artériel ,  &  elle  renvoyé  du  iinus 
gauche  dans  le  droit,  l’adtre  partie,  qu’il  eft 
Inutile  de  faire  parcourir  tout  le  corps,  afin 
qu’il  circule  en  moins  de  trajet  dans  les 
deux  oreillettes  &  le  poumon  feul.  . 

Ainfi  il  eft  aifô  de  comprendre  pourquoi 
l’aorte  étant  privée  du  tiers  du  fang  qui 
vient  du  côté  droite  c’eft-a-dire,  dé  celui 
du  trou  ovale,  &  n’en  recevant  même  pas 
dans  fon  embouchure,  parce  que  le  con¬ 
duit  artériel  remporte  dans  l’aorte  ven¬ 
trale  ,  fbn  tronc  à  fa  fortie  du  cœur  eft  plus 
petit  ;  pourquoi  aufti  le  finus  gauche ,  eft 
plus  étroit,  puifque  le  finas  droit  reçoit 
tout  Je  fang  des  veines  caves,  &  outre  cela 
celui  qui  revient  du  finus  gauche. 


.384 

Il  ajoutoit  encore  que  les  ouvertures 
des  veines  pulmonaires  étoient  exaâement 
tournées  du  coté  du  trou  ovale,  &  que  la 
ftrudure  du  cœur  dans  les  animaux'^  dans 
la  tortue ,  par  exemple ,  étoit  favorable  k 
fon  opinion  ;  car  la  tortue  de  terre  n’a  au- 
'cune  artere  au  ventricule  gauche-,  &  ce 
ventricule  n’a  aucun  autre  canal  que  la  veine 
pulmonaire ,  qui  communique  par  le  trou 
ovale  avec  le  ventricule  droit;  que  par  con- 
féquent  il  n’eft  pas  douteux  que  ce  ne  foit 
par  ce  trou  que  le  fang  palTe  à  droit ,  du  ven- 
tricule  gauche  &  de  ia «veine  pulmonaire,  I 
afin  que  le  ventricule  gauche  puiffefe  dé? 
barralTer  de  fon  fang. 

Qu’on  avoit  trt)uvé  le  ventricule  droit 
&  l’oreillette  droite  plus  grands ,  dans  un 
homme  adulte,  à  qui  le  trou  ovale  ne  s’é- 
toit  pas  bouché. 

Qu’il  n’y  avoit  point  de  valvule  au  trou 
ovale,  &  que  ce  qu’on  a  pris  pour  une  val¬ 
vule  ,  étoit  de  figure  à  ne  pas  boucher'  un 
trou  ovale. 

Que  le  cours  du  fang  n’ étoit  pas  ralenti 
dans  le  poumon,  &  qu’il  n’y  avoit  d’autre 
borne  à  la  quantité  du  fang  qui  y  pafibit, 
que  l’ouverture  de  fon  vailTeau. 

Qu’ainfi  les  oreillettes  étoient  plus  grof- 
fes  dans  le  fétus  que  dans  l’adulte ,  parce 


dû  Fiiüài  3^^ 

^üè  le  fang  du  canal  arrérieî  ne  Va  pas  aux 
ventricules  ;  que  puifque  l'oreillecte  droite 
eft  plus  grolTe  que  la  gauche  ,  c’eft  unê 
preuve'  qu’elle  reçoit  plus  de  fangé 

M.  Rouhaut  5  auffi  célébré  Chirurgien  | 
iè  joignit  à  M*  Mery^. 

Il  s’efl:  fondé  principalement  fur  ce  que 
îé  Ventricule  gauche  éroit  deux: fois  plus 
petit  dans  le  fétus  que  le  droit,  &  même  le 
finus  trois  fois  j  cjue  de  même  le  ventricule 
gauche j  ainfi  que  le  iihus  gauche^  étoienfi 
trois  fois  plus  forts  que  le  ventricule  droiÊ 
&  le  ftnus  droits 

Il  a  ajouté  ce  cjüe  iious  aVoUs  dit  aiilêUfs^ 
que  les  cavités  difc  cœur  fe  remplifîent  pen^ 
dant  la  fyftole  des  ventricules  ;  car  félon 
lui  j  dans  ee  temps  les  valvules  des  veines 
font  à  l’égard  du  fang  ce  que  feroit  un  en« 
tonnoirj  ces  mêmes  valvules  en  fe  tendant , 
le  rejettent  ,  &  il  fe  mêle  avec  le  fang  qui 
efl:  dans  les  cavités  du  cœur. 

Que  pan  conféquent  lé  fang  eft  poulTé 
dans  le  même  temps  dans  les  deux  oreillet¬ 
tes  ,  &  les  diftend  l’une  &  l’autre  dans  le 
‘  même  temps,  par  la  contradion  des  deux 
ventricules  ,  &  que  pendant  qu’elles  fe  di¬ 
latent ,  le  trou  ovale  s’ouvre. 

Mais  que  le  fang  du  finus  gauche  a  le  def* 
fus,  parce  que  le  ventricule  gauche  efl:  trois 
Tomi  IL  B  b 


38(3  Lcl  Vk 

fois  plus  fort,  &  que  loreillette  gauche  étant 

aufïi  plus  forte ,  doit  moins  fe  prêter  à  l’ex' 

teiifion. 

Que  par  ce  moyen  le  fang  palTe  du  finus 
gauche  dans  le  droit,  &  que  cela  fait  que 
cette  cavité  droite  du  cœur  acquiert  fa  gran- 
deur  nécelTaire,  6t  le  ventricule  droit  la 
force  dont  il  a  befoin  ;  &  même  que  l’oreib 
lette  droite  eft  plus  grande  que  tout  le  cœur. 

.  M.  Mery  11  a  point  été  fans  parrifans,  car 
M.  Lifter,  &  toute  T  Académie  des  Sciences 
furent  favorables  k  fon  opinion  ;  il  a  même 
trouvé  pour  défenfeurs,  parmi  les  Membres 
de  cette  Académie,  MM.  Littré  ,  Rouhault 

V  arignon ,  grand  Méchanicien  ;  il  a  en¬ 
core  eu  depuis  peu  pour  feétateur  M.  Bian- 
chî,'  qui  a  écrit  que  dans  le  cœur  de  la  tortue 
le  fang  paftbit  de  gauche  à  droite,  de  même 
que  dans  le  fétus  humain. 

§.  LI,  Objectons  qui  ont  été  faites  contre 
ce  fentiment. 

Quoique  je  me  fois  fait  beaucoup  d^en- 
nemis  par  rapport  a  cette  queftion,  que 
même  j’aye  reçu  des  injures  de  la  part  de 
perfonnes  que  jamais  je  n’avois  olFenfé , 
cependant  je  ne  fuis  pas  fâché  que  les  Au¬ 
teurs  des  nouvelles  opinions  foient  jugés  à 
la  rigueur,  avant  que  leurs  fentimens  foient. 


âu  Féta^i 

féétàS  coffirtié  des  dogmes  eri  Medécîné  ;  M*. 
Mefjf  a  effuyé  les  mêmes  difgraGes  ^  il  â  vu 
s’élever  contré  lui  dans  l’Académie  MM. 
Duvemèy  &  Taüvry  •  un  célébré  Chirur¬ 
gien  de  Londres,  nommé  Buffiere  ;  un  Mé¬ 
decin  aufli  dé  Londres ,  nommé  Sylveftre , 
&  Verheyeoj  qui  étoic  uil  célébré  Anato- 
mifte. 

La  plupart  de  ces  adverfaires  ont  tenté 
d’aiFoiblir  fes  principes..  , 

Ils.  ont  préfentéle  cœur  de  la  tortue  dif- 
féqué  de  toute  une  autre  maniéré  *  il  y  avoic 
prefque  trois  ventricules,  maïs  imparfaits, 
qui  communiquoient  eofemble,  ^  dont  les 
forces  fe  réunifîbient  pour  pouBer  le  fâng 
par  trois  artères  ;  on  a  vu  ànpeu-près  la  même 
ftruâ:ure  dans  rhommé ,  du  moins  on  y 
a  trouvé  trois  ventricules  qui  communi- 
quoient  enfemble  *  un  homme  célébré  a  vu 
auffi.  dans  un  enfant  un  cœur  à  trois  ventri¬ 
cules,  deux  droits ,  •&  deux  ârteres  puîmd- 
naires  qui  venoient  fe  réunir. 

Les  adverfaires  de  M.  Mery  ont  nié  auffi 
que  l’artere  pulmonaire  fut  plus  grolTe  que 
l’aorte  ;  d’autres  ont  dit  qu’ elles  étoient  éga-^ 
les  ;  d’autres  mêmes  ont  prétendu  qu’elle 
étoit  plus  petite  ;  &  ce  qu’il  y  a  d’étonnant , 
c’eft  que  M.  Mery  a  admis  ouvertement  ces 
différentes  opinions,  toutes  contradictoires 
Bbij 


388  là  Vk 

qu’elles  font  ;  d’autres  convenoîent  bien  que 
l’arcere  pulmonaire  étoit  plus  grolTe ,  mais 
ils  en  attribuoient  la  caufe  à  la  grande  réfif- 
tance  du  poumon,  qui  ne  recevoir  que  dif¬ 
ficilement  le  fang  qu’elle  lui  apportoit  ;  M. 
Sénac  l’imputoit  au  peu  de  force  du  ventri¬ 
cule  gauclié. 

On  aobjedé  auflî  que  dans  le  fentiment 
d’Harvée ,  on  trouvoit  la  caufe  de  ce  que 
la  nature  avoir  fait  pafTer  le  fang  par  des 
routes  particulières  ;  car  il  eft  évident  que 
le  but  de  cette  ftruébure  eft,  qu’il  n’arrive 
pas  au  poumon  plus  de  fang,  qu’un  vifcere 
compafte  &  auîîi  difficile  à  pénétrer  n’en 
peut  recevoir  ;  que  c’étoit  pour  cette  raifon 
que  dans  un  fétus  qui  n’ avoir  point  de  trou 
ovale  ,  le  ventricule  droit ,  l’artere  &  les  i 
vaifleaux  pulmonaires  étoient  fort  amples,  | 
&  qu’un  autre  en  étoit  mort. 

Que  dans  l’hypothefe  de  M.  Mery ,  il 
n’eft  pas  poffible  de  comprendre  quelle  a 
été  l’intention  de  la  nature  dans  un  fi  grand 
appareil,  qui  lui  eft  plutôt  nuifible,  &  qui 
fait  que  le  poumon ,  qui  d’ailleurs  n’eft  pas 
capable  de  recevoir  une  fi  grande  quantité 
de  fang,  eft  accablé  par  celui  qui  lui  vient 
de  nouveau, des  canaux  qui  font  à  gauche; 

&  que  fi  cè  qu’il  avance  étoit  vrai ,  cette 
ftrudure  feroit  plus  néceffaire  dans  l’adulte, 


du  Fétus.  3^^ 

Enfin  ils  en  revenoient  a  la  ll:rü(9:ure ,  il 
eft  évident,  difoient-ils ,  que  lafofTe  ovale 
efi:  ainfi  enfoncée ,  parce  que  le  fang-  a  été 
jpoufie  de  la  cavité  droite  vers  la  gauche , 
&  qu’il  a  fait  effort  de  ce  côté  ;  car  ce  feroit 
au  contraire  le  finus  droit  qui  feroit  con¬ 
vexe  ,  fi  le  fang  étoit  poufle  de  gauche  à 
droit. 

Que  même  dans  le  fétus  le  trou  ovale 
refte  plus  long-temps  ouvert  du  côté  droit, 
qu’il  fe  bouche  plutôt  du  côté  gauche ,  & 
qu’il  eft  plus  large  à  droite  ;  que  les  petits 
conduits  qui  reftent  du  trou  ovale  dans  l’en¬ 
fant  nouveau-né,  font  d’une  forme  coni¬ 
que^  de  façon  que  la  bafe  du  cône  eft  du 
côté  droit  &  la  pointe  vers  le  gauche,  ou 
que  cette  pointe  même  eft  boutiiée  ;  que 
c’eft  une  preuve  que  le  fang  avoir  tenuîies 
conduits  ouverts  en  venant  du  côté  droit, 
péndant  qu’il  ne  faifoit  pas  aflez  d’efforts 
fur  le  côté  gauche  pour  empêcher  le  conduit 
de  s’oblitérer  de  ce  côté  ;  ajoutez  à  cela , 
d’après  les  remarques  que  nous  avons  faites 
plufieurs  fois,  que  ces  mêmes  petites  ouver¬ 
tures  font  placées  derrière  l’arc  fupérieur 
de  l’anneau  ovale,  &  que  le  fang  viendroit 
heurter  contre  cet  arc,  s’il  venoit  du  côté 
gauche,  au  lieu  que  venant  du  côté  droit, 
il  trouve  un  paffage  libre  entre  l’anneau  & 
B  b  iij 


'^90  Vite 

îa  valvule.  Une  fécondé  valvule,  qui  auroit 
été  attachée  du  côté  droit ,  auroit  même 
rendu  le  trou  ovale  inutile,  fi  le  fang  étoit 
venu  par  le  côté  gauche,  il  n’en  eft  pas 
de  même  s’il  vient  du  côté  droit. 

Que  pareillement  la  valvule  eft  enfoncée 
du  côté  du  finus  gauche. 

Qu’elle  eft  égale  à  tout  le  trou  ovale,  & 
que  fi:  elle  étoit  plus  prolongée,  elle  inter- 
cepteroit  certainement  tout  pafîage  ;  tout 
cela  eft  fort  au  -delTous  de  la  vérité,  car 
cette  valvule  eft  plus  grande  que  tout  le 
trou  ovale,  plus  profonde  &  plus  l^rgefur 
les  côtés.  ,  ♦ 

Que  s’il  y  avoit  une  parois  mobile  «ntre 
deux  courans  ou  deux  tuyaux  qui  commu¬ 
niquent  l’un  avec  l’autre,  il  n’eft  pas  dou- 
que  le  courant  ne  quittât  le  côté  où  il 
éprouve  une  plus  grande  réfiftancè,  pour 
paffer  du  côté  où  il  y  en  a  moins. 

Or  il  eft  certain  qu’il  y  a  plus  de  réfiftancè 
du  côté  de  la  cavité  droite  du  cœur  ;  c’eft- 
îà  que  toute  la  mafîe  du  fang  qui  revient  de 
tout  le  corps  fait  fbn  effort,  &  on  ne  peut 
pas  en  concevoir.un  plus  grand  j  c’eft  pour 
cela  que  dans  le  fétus^  l’oreillette  droite  eft 
plus  grande  que  tout  le  cœur  ;  &  les  deut 
veines  caves  apportent  beaucoup  plus  de 
fang  que  les  veines  pulmonaires  qui  font 


du  Fétus, 

bien  plus  petites ,  n’en  peuvent  emporter; 
par  cbnféquent  une  partie  de  ce  fang  paffe 
certainement  par  le  trou  ovale. 

Que  la  rapidité  du  fang  dépend  de  la 
force  du  ventricule  qui  le  pouffe  ;  mais  le 
ventrciule  droit  eft  plus  fort  même  du  triple 
que  le  gauche,  (en  cela  ils  exagèrent),  par 
conféquent  une  plus  grande  rapidité ,  dans 
une  plus  grande  maffe ,  fait  un  effort  beau¬ 
coup  plus  grand  ;  le  fang  du  fînus  droit  a 
donc  plus  de  force,  le  finus  gauche  efl:  obligé 
de  céder  &  de  recevoir  une  partie  du  fang 
du  droit. 

Que  toute  îa  valvule  eft  plus  eh  arriéré  que 
fifthme,  &  plus  large  que  la  folfe  ovale  du 
côté  gauche  ;  fes  petites  cornes  lui  donnent 
.  auffi  plus  de  force,  pour  rempêcher  de  céder 
'  au  fang,  qui  eû  pouffé  par  le  ftnus  gauche. 

G’ eft  pourquoi  fi  on  fuppofe  que  le  fang 
qui  vient  du  côté  gauche  fait  effort  con¬ 
tre  la  valvule ,  plus  il  en  fera,  &  plus  il  fe 
bouchera  le  pafîage  ;  car  la  partie  fupé:- 
rieure  de  la  valvule  eft  preffée  contre  l’are 
fupérieur  de  l’anneau  ovale ,  &  la  partie  qui 
fur  les  côtés,  déborde  l’enfoncement,  eft 
aufîi  preffée  contre  les  colonnes  de  cet  an¬ 
neau  ;  la  valvule  eft  donc  ferrée  par-tout 
contre  une  parois  mùfeuleufe,  &  qui  lui  fait 
réfiftance. . 


Bbiv 


La  Vie 

Que  r expérience  eft  d’accord  avec  cette 
théorie  :  que  l’air  poujfTé  du  côté  droit  paffe 
très-facilement  dans  le  finus  gauche,  comme 
je  l’ai  vu  plufieurs  fois  ;  fi  au  contraire  on 
infinue  de  l’air  dans  l’oreillette  gauche ,  il 
fe  bouche  le  paflage  &  applique  la  valvule 
au  trou  ;  fouvent  dans  cet  état  la  valvule 
refte  quelque  temps  eonvéxe  du  côté  gau¬ 
che,  &  concave  du  côté  droit  ;  quelque¬ 
fois  cette  expérience  répétée  fur  le  même 
fujet  réuflit  très-bien  ;  je  l’ai  vu  fouvent; 
cependant  on  ne  doit  pas  alTurer  que  l’air 
pouffé  du  côté  gauche  ne  s’ eft  pas  fait  paf» 
fage  dans  le  côté  droit  ;  mais  je  regarde 
comme  fort  rare  cet  ævévenement  que  M, 
Mery  a  trop  vanté ,  tour  ce  qu’il  a  vu,  cette 
valvule  ovale  l’a  de  commun  avec  toutes  les 
autres  valvules  ;  car  dans  un  vifcere  féparé 
du  corps ,  tout  y  étant  relâché ,  &  n’offànt 
aucune  réfiftançe ,  ce  qui  avoir  un  palTàge 
libre  ,  étant  même  refferré ,  les  pafTages 
font  ouverts  vers  l’origine  inférieure  qui  a 
plus  de  fermeté ,  &  les  obftaçles  qui  fecon- 
doient  les  forces  de  la  valvule ,  n’oppofent 
plus  de  réfiftançe. 

Le  ventricule  droit,  ajoute- 1- on,  eft 
même  plus  petit  dans  un  fétus  peu  avancé 
que  le  gauche ,  &  quand  le  fétus  l’eft  da^ 
Vantage^  il  eft  dç  la  même  grandeur  dt  d® 


du  F  km,  393 

la  même  force  ;  moi-même  j’ai  vu  les  deux 
ventricules  égaux  dans  un  enfant  nouveau- 
né,  &  j’ai  vu  auffi  le  droit  un  peu  moins 
fort  ;  il  y  a  même  des  Auteurs  qui  difent 
que  les  oreillettes  font  égales ,  de  maniéré 
qu’on  ne  doit  pas  croire  que  la  gauche  foit 
de  beaucoup  plus  petite. 

Ge  font  ces  raifons  &  d’autres ,  qui  peut- 
être  ne  font  pas  venues  à  ma  connoilfahce , 
qui  ont  fait  que  toute  l’école  moderne  a 
rejetté  le  fentiment  de  M.  Mery  ,  &  que 
même  après  que  le  laps  de  temps  a  eu  fait 
ceflér  cette  difpute  en  France ,  quelques 
Sçavans  lui  ont  encore  oppofé  de  fortes  rai¬ 
fons. 

g.  LU.  Pourquoi  Vartere  pulmonaire  ejl'* 
elle  plus  grojfe  dans  le  fétus  ? 

Il  me  paroît  afîez  bien  établi  que  Galien 
&  Harvée  ont  eu  raifon  d’attribuer  au  trou 
ovale ,  la  fondion  de  tranfmettre  le  fang  de 
droit  k  gauche  ;  j’avoue  que  je  ne  fuis  pas 
auffi  fatisfait  des  raifons  qu’on  a  données  de 
la  différence  qu’il  y  a  entre  le  diamètre  de 
l’artere  pulmonaire  &  celui  de  l’aorte,  dans 
îe  fétus  ;  c’eftA-dire ,  de  ce  que  ce  n’eft  que 
dans  le  fétus  que  cette  artere  eftplus  grolTe 
que  l’aorte. 

En  général  on  établit  qu’une  partie  du 


994 

fang  de  la  veine  cave,  environ  le  tiers,  pafle 
par  le  trou  ovale  ;  que  le  refte  du  fang  de  cette 
veine  pafle  dans  l’artere  pulmonaire,  &  que 
le  tiers' de  ce  fang  fe  perd  une  fécondé  fois, 
par  le  conduit  artériel  ;  fuivant  ces  calculs 
il  faudroit  que  l’artere  pulmonaire  fût  plus 
petite  que  l’aorte  ;  car  foit  le  (aug  de  la  veine 
cave  comme  fix,  deux  parties  ont  palfé  par 
le  trou  ovale,  refte  quatre;  de  ces  quatre  par¬ 
ties,  il  en  palTe  2|par  les  arteres  pulmo^- 
naires ,  il  en  refte  donc ,  &  il  en  pafle  par  le 
conduit  artériel  i\  ;  donc  l’aorte  reçoit  deux 
parties  de  fang  qui  vont  par  le  trou  ovale, 
ôc  deux  autres  parties ,  &  f  qui  ont  circulé 
dans  le  poumon,  ce  font  quatre  parties  &  f; 
mais  l’artere  pulmonaire  reçoit  le  fang  de 
l’oreillette  droite  qui  n’a  pas  pafte  par  le 
trou  ovale,  c’eft-à-dire,  par  çonféquent 
quatre  parties  de  moins  que  l’aorte ,  ce  qui 
ne  s’accorde  pas  avec  les  phénomènes  ;  car 
l’aorte  eft  conftamment  plus  petite. 

On  dit  pour  raifon  que  le  poumon  eft 
compafte  ;  on  auroit  raifon  ,  fi  ce  vifcere 
avoit  acquis  par  quelque  maladie  une  con- 
fiftance  foîide. 

Le  poumon  n’eft  formé  que  tard,  &  il 
eft  toujours  compade  dans  le  fétus  ;  la  na¬ 
ture  n’auroit  donné  qu’une  petite  artere  à 
ce  vifcere  ,  fi  elle  n’avoit  pas  une  autre 
intention. 


iu  Fétus»  39 i 

Et  il  ne  parole  |>as  diffipile  de  découvrir 
quelle  a  été  cette  intention  ;  mais  il  faut 
commencer  par  la  chofe  même  ,  afin  de 
confl:ater  que  l’artere  pulmonaire  eft  très- 
grolFe,  de  déterminer  de  combien  elle  Fefl: 
plus  que  Taorte,  d’établir  quelle  propor¬ 
tion  il  y  a  entre  cette  artere  &  les  rameaux 
pulmonaires  Sc  le  conduit  artériel ,  &  enfin 
ce  qui  eft  la  chofe  efîentielle,  en  quelle  pro¬ 
portion  elle  eft  avec  l’ouverture  du  trou 
ovale. 

Certainement  l’artere  pulmonaire  eft:  plus 
grofîe  que  l’aorte,  non-feulement  dans  le 
fétiis  humain,  mais  dans  le  chien,  l’agneau 
^  le  porc  ;  j’en  fuis  certain  parles  recher¬ 
ches  que  j’ai  faites  fur  ces  animaux. 

La  proportion  n’eft  pas  toujours  la  même  ; 
cette  artere  m’a  paru  être  plus  grolfe  dans 
un  fétus  de  cinq  mois ,  mais  lesoccafions 
de  l’examiner  font  rares. 

Dans  différentes  expériences  que  j’ai  fai¬ 
tes  ,  ayant  injedé  les  arteres,  &  ayant  pris 
la  mefure  avec  des  centièmes  de  pouces , 
l’àorteen  avoit  441 ,  &  l’artere  pulmonaire 
;  dans  un  autre  fu jet  l’aorte  étoit  de 
iéoo,  de  l’artere  pulmonaire  de  2.704  ; 
enfin  l’une  de  14  2.  i  de  l’autre  de  202 y  ;  ainfî 
tantôt  l’aorte  eft  plus  petite  d’un  quart,  ds 
tantôt  d’un  tiers,  que  l’artere  pulmonaire. 


37^ 

L’artere  pulmcMiaire ,  telle  que  ]e  viens  de 
dire ,  &  de  la  grofleur  de  1849,  fournilToit 
au  poumon  deux  branches ,  qui  en  fomme 
étoient  de  1341. 

Un  autre  de  1 600  fourniflbit  deux  bran¬ 
ches  de  1348. 

Xe  conduit  artériel  eft  conique,  k  la  vé¬ 
rité,  mais  en  le  mefurant  du  côté  de  l’artere 
pulmonaire,  je  l’ai  vu  de  la  grofleur  de 
1849,-  pendant  que  l’aorte  en  fortant  du 
cœurétoit  de  léoo,  &  l’artere  pulmonaire 
de  2704.  Une  autre  fois  ce  même  conduit 
étoitde  1^20,  l’aorte  de  1521 ,  &  l’artere 
pulmonaire  de  202-5  j  enfin  je  l’ai  trouvé 
comme  3^  i,  tandis  que  l’artere  pulmonaire 
étoitde  625. 

Ce  même  conduit  artériel  enleve  une 
grande  partie  de  fang  k  l’arcere  pulmonai¬ 
re  ,  car  je  l’ai  trouvée  comme  i  ^  2 1 ,  le  con¬ 
duit  artériel  comme  841,  &  les  branches 
pulmonaires  réunies  étoient  de  781  ;  il  en 
détourne  donc  un  peu  plus  que  le  poumon 
n’en  reçoit. 

Dans  un  autre  fujet  l’arrere  pulmonaire 
étoit  de  2704,  le  conduit  artériel  de  1849, 
&  les  branches  pulmonaires  de  900, &  441. 

Mais  il  ajoute  toujours  beaucoup  plus  de 
fang  k  l’aorte  inférieure,  que  la  cavité  gau¬ 
che  du  cœur  ne  lui  en  a  fourni,  c’efl:  le  dou- 


du  Fétus,  397 

bîe  ou  le  triple  •  car  j’ai  vu  faorté  aü-def- 
fus  de  fa  jondion  avec  l’artere  pulmonaire 
comme  5  y  G,  pendant  quele  conduit  artériel 
étoit  comme  1024  ;  &  comme  121 ,  pen¬ 
dant  qu’il  étoit  de  371. 

Enfin  il  faut  mettre  en  parallèle  le  cali¬ 
bre  du  conduit  artériel  avec  le  trou  bvaley 
ce  qui  eft  fort  difficile  ;  il  feroit  aifé  de  me-i 
furer  la  totalité  de  l’enfoncement,  mais  cela 
ne  ferviroit  à  rienj  j’en  ai  approché  autant 
qu’il  a  été  poffible. 

C’efl:  un  palTage  tranfverfal,  dont  on 
peut  fuppofer  la  plus  grande  hauteur  comme 
7^  de  pouce  ,  &  la  plus  grande  largeur 
comrne  car  c’efteeque  j’aile  plus  fou- 
vent  trouvé  ;  quelquefois  1 5  &  13 ,  &  pour 
la  plus  grande  largeur  22  &  20  ;  ainfi  en  ré- 
duifant  en  cercle  cette  ouverture  elliptique, 
&  prenant  le  diamètre  moyen,  qui  fera  d’un 
côté  &  de  l’autre  rk ,  on  aura  à-peu  près 
pour  l’ouverture  commune de  pouce, 
&  pour  la  plus  grande  Gr.  fi  011  füp- 
pofe  que  le  diamètre  du  conduit  artériel  efl; 
de  37,  dtde  19  dans  le  plus  petit fiérus,  on 
ne  peut  pas  le  fuppofer  moindre  que  de  30, 
donc  l’aire  (  qui  n’eft  point  le  quarré  )  fera 
de425  ;  c’eft-k-dire ,  que  quoiqu’on: veuille 
augmenter  le  diamètre  du  trou  ovale, -&  di¬ 
minuer  celui  du  conduit  artériel ,  fon  ou- 


598  La  Vte 

verture  fera  toujours  plus  grande  que  celk 
du  trou  ovale.  J’ai  trouvé  que  faire  de  la 
veine  cave  inférieure  dans  l’état  de  diften- 
fion  étoic  de  ié8i,  &  celui  de  la  fupérieure 
de  1 2é  &  le  diamètre  du  trou  ovale  auffi 
diftendu  étoit  de  20,  dont  faire ,  en  le fup- 
pofant  circulaire ,  eft  de  400.  J’ai  encore 
vu  la  veine  cave  fupérieure  de  iGi  ,  finfé^ 
rieure  de  22'^ ,  le  trou  ovale  de  13  &  1*5. 

Il  eft  certain  que  f  une  &  f  autre  veine 
cave,  prifes  féparément,  font  plus  greffes 
que  tout  renfoncement  ovale,  dont  il  n’y  a 
qu’une  petite  partie  ouverte,  &  dont  les 
diamètres  font  de  3  6.  &  2  o. 

Cette  feule  remarque  répond  k  f  objec¬ 
tion  de  M.  Mery,  &  t»ut  cela  peut  prouver 
contre  lui,  puifqu’ü  ne  s’étayoit  que  du 
diamètre  des  vaiffeaux. 

C’eft-k-dire,  que  le.  fang  de  f  artere  pul¬ 
monaire  eft  diminué,  &  qu’elle  en  perd 
autant  quel’ aorte  en  recoirpar  le  trou  ovale. 

Mais .  le  eonduit  artériel  enleve  la  plus 
grande  partie  de  celui  quila  coulé  par  l’ar- 
tere  pulmonaire ,  &  qui  ne  vient  point  de 
f  aorte,  puifqu’il  ne  va  pas  aux  poumons. 

Il  eft  donc  néceffaire  que  l’artere  pulmo¬ 
naire  foit-fortgroié,  &  je  foupçonne  qu’elle 
le  deviendroic  beaücoupplus,  mais  je  ne  l’ai 
vue-que dans  un  trèsqeune  embryon,  de 


du  Fétus:  39^ 

elle  ne  peut  s*aggrandir  qu’avec  ïe  temps. 

Tout  cela  prouve  que  cette  ftruâure  ue 
s’accorde  point  avec  les  câlculs  de  M.  Mery. 

Selon  lui ,  l’artere  pulmonaire  reçoit  du 
ventricule  droit  tout  le  fang  de  la  veine 
cave,  &  outre  cela,  tout  celui  qui  revient 
par  le  trou  ovale. 

L’aorte  au  contraire  ne  reçoit  que  celui 
qui  â  circulé  dans  le  poumon ,  auquel  il  y  â 
de  moins, la  portion  qui  a  palTé  au  coté  droit  ^ 
par  le  trou  ovale. 

Suppofons  par  comparaîfon  de  l’ouver¬ 
ture  du  ventricule  droit,  qui  eft  fort  ample, 
avec  celle  du  trou  ovale  qui  efl:  fort  étroite , 
qu’il  pafTe  par  ce  trou  le  quart  du  fang*  de 
la  veine  cave ,  &  c’efl:  beaucoup  j  l’artere 
pulmonaire  aura  tout  ce  fang  de  la  veine 
cave  &  I  de  plus. 

Suppofons  que  le  CQnduit  artériel  foit 
égal  aux  rameaux  pulmonaires  ,  quoique 
dans  le  fait  il  foit  plus  gros  ;  ces  rameaux 
recevront  | ,  &  il  en  pafîera  tout  autant  dans 
le  finus  gauche  ;  le  finus  gauche  en  renven-a 
le  quart  de  celuhqui  vient  de  la  veine  cave 
dans  l’oreillette  droite  ;  l’aorte  recevra  donc 
f  moins  ^  ou^ ,  c’eft-à-dire ,  le  fang  des  ar¬ 
tères  pulmonaires ,  excepté  la  portion  qui 
efl:  revenue  à  droite  par  le  trou  ovale  ;  elle 
recevra  donc  |  ,  candis  que  l’arfére  puimo- 


nâire  en  reçoit  |  ou  H  ou  x  j  ce  qui  fait  trô'k 
fois  plus  que  f  aorte ,  quoique  cependant 
elle  ne  foit  qu’un  peu  plus  groffe  qu’elle. 

J’aurois  bien  mieux  démontré  le  défaut 
de  calcul  de  M.  Mery^  fi  j’avois  pris  le  con¬ 
duit  artériel  en  raifon  double  avec  les  arceres 
pulmonaires  ;  car  alors  l’artere  pulmonaire 
refteroit  à  ,  l’aorte  retiendroit  la  fixieme 
partie  du  fang  de  la  veine  cave,  &  l’artere 
pulmonaire  feroit  k  l’aorte  commeyîkr, 
ôc  il  n’y  auroit  point  d’injuftice. 

Cela  pofé ,  le  poumon  dans  le  fétus  rece¬ 
vra  donc  tout  le  fang,  moins  un  quart,  qui 
palTe  par  le  trou  Ovale,  &  encore  f,  mais 
dimmué  des  deux  tiers  qui  fe  perdent  pat 
•lé  conduit  artériel,  ce  qui  fait  un  quart  du 
fang  de  la  veine  cave, 

§.  LUI.  Smtimcnt  de  M.  W^inJloWé 

M.  WinÜow  s’efi  imaginé  qu’on  poüvok 
concilier  l’opinion  de  M,  Mery  avec  çellé 
d’Harvée ,  &  il  n’a  pas  été  fans  partifans. 

Il  penfoit  qu’il  falloit  abfolument  ^ré 
abftradion  de  la  valvule  du  trou  ovale,  dé 
maniéré  que  dans  le  fétus  il  n’y  auroit  vé¬ 
ritablement  qu’une  oreillette  ,  dont  la  ca¬ 
vité  droite  feroit  mal  diftinguée  de  la  gau¬ 
che,  par  un  palfage  libre  &  bien  ouvert  ;  que 
le  fang  eft  porté  indiftindemenc  de  droit  k 
gauche, 


éuPitüsi  4^1 

f  auche ,  &  coule  également  de  gauche  à 
droit,  éc  qu’il  ett  poulTé  dans  i’üh  de  l’aii-ï 
tre  vehtriculé  cohirilé  d’ûne  feulé  ôreillettè/ 
de  mêftie  qu’il  eft  pôiilfé  pateilîemefiC  pâf 
les  forces  dè  l’un  &  l’autfé  ventricule  dan^ 
deux  groiTes  artefes ,  comme  s’il  n’ÿ  ért 
àvGfit  qu’une  ;  &  que  la  valvule  n’eft  que 
deftihée  k  faire  par  la  fuite  la  cloifon 
Éoyenné.  ,  „ 

Ou  voit  tout  de  fuite  que  fuivant  cette 
Opinion  j  cette  ftrudure  particulière  feroic 
bien  mutile  ;  eâr  pour  quelle  raifqn  les  voies 
dans  lefétiis  n’auroiént- elles  pas  été  comme 
dans  l’adulte  *  &  je  ne  vois  i)aâ  quel  avan¬ 
tagé  il  y  auroit  k  ce  qu^une  feule  oreilletté 
remplît  deux  véntfîcuîes ,  plutôt  qûe  deux.- 
De  plus,  il  y  a  uné  fauté  d’anatorhié  ;  car 
il  eft  certain  que  dans  lé  fétus  fort  avancé  ^ 
la  valvulé  du  troii  ovale  fuffit  pour  régler  le 
mouvement  du  fang ,  &  qu’elle  permet  fan 
palTage  de  ,droit  k  gauche ,  mais  non  pas 
de  gatïché  k  droit. 

Quand  le  fétus  eft  très- jeûné,  éi  que  lé 
Cœur  n’a  encore  qu’un  ventricule ,  je  né 
nie  pas  que  le  paftage  du  fang  par  îé  troii 
ovale  ^  ne  foit  aftez  aifé  pour  que  les  deiix 
oreillettes  ferempiiftenta  la  fois,  ni  qu’on  né 
|)uiire  les  regarder  comme  n’étant  qu’arié 
feule  oreillette,  a  ckufe  dé  leür  grahdé  corS’' 
Tàms,  IL  Ge 


402  ' 

munication  ,  mais  cela  ne  dure  pas  long¬ 
temps  ;  &  dans  le  quadrupède  il  ne  refte  pas 
apparence  du  trou  ovale  qui  étoit  entière¬ 
ment  ouvert  ;  car  même  dans  le  poulet  les 
oreillettes  ne  tardent  pas  k  fe  dittinguer;  j’ai 
cependant  vu  dans  un  cochon  qu’on  avoit 
tiré  du  ventre  de  mere,  par  une  ouver¬ 
ture  qu’on  y  avoit  faite,  que  la  valvule  n’é- 
toit  pas  plus  grande  que  le  tiers  de  la  foffe 
ovale. 

§.  LIV.  Le  fétus  refpire-uil  ? 

Il  paroit  inutile  de  s’occuper  d’un  phé¬ 
nomène  qui  efl;  de  toute  impoffibilité  ;  car 
le  fétus  humain  &  celui  du  quadrupède  eft 
continuellement  plongé  au  milieu  des  eaux  ; 
ces  eaux  font  renfermées  dans  des  membra* 
nés  qui  n’ont  aucune  ouverture,  &  qui  con- 
fervent&  retiennent  l’air  quiy  eft  apporté; 
pour  ce  qui  efl:  de  l’air  extérieur,  il  fe  charge 
en  pafTantpar  le  vagin,  de  vapeurs  qui  le  cor¬ 
rompent  ,  &  il  perd  beaucoup  de  fa  qualité. 

Et  cependant  il  y  a  des  efprits  fi  préve¬ 
nus  de  la  nécefîité  de  l’infrodiiéfion  de  l’air 
dans  le  fang ,  qu’ils  ont  prétendu  que  même 
le  fétus  plongé  dans  les  eaux  n’eft  pas  privé 
de  cet  avantage. 

Ils  en  ont  voulu  donner  des  preuves ,  & 
ils  prétendent  qu’il  y  a  des  indices  très-cer- 


du  FétuSi  4*^-3 

tains  que  îe  fétus  humain  &  celui  du  qna-« 
drupede  reçoivent  de  F  air. 

Je  paffe  fous  filence  ce  qu’ils  difent  de  la- 
fuccion  du  fétus  j  &  de  l’équilibre  qui  doit 
néceffairement  s’établir  avec  l’air  extérieur^ 
ce  qu’on  ne  peut  efpérer  fans  la  refpirations 

lis  difent  qu’on  à  trouvé  des  cavités  plei^®» 
nés  d’air  entre  les  humeurs  &  les  Vaiffeaux; 
que  dans  l’accouchement  difficile  on  a  vu 
s’ échapper  de  l’air  du  bas* ventre  del’enfantj 
&  qu’on  en  a  trouvé  des  bulles  dans  le  fang 
du  fétus. 

Que  le  poulet  renfermé,  daiis  l’œuf^  î?àt 
manifeftement  entendre  fon  cri  avant  d’en 
fortir,  fans  que  la  coquille  foit  caffée. 

.  Qu’on  a  même  quelquefois  entendu  le 
fétus  humain  renfermé  dans  la  matrice^ 
produire  des  fons  ;  qu’il  y  a  des  témoins  au¬ 
riculaires  de  cris  de  fétus  humain  dans  la 
matrice ,  même  de  rats  ou  de  petits  chiens. 

Que  le  fétus  enfin  a  une  pefanteur  fpéci- 
fique ,  qu’il  perd  de  cette  pefanteur  tous  lés 
mois  ;  de  maniéré  qu’au,  quatrième  mois 
fon  poids  efl:  à  celui  de  fes  eaux  comme 
282  à  274 ,  &  qu’au  cinquième  mois  il  eft 
comme  <504  à  494. 

De  plus  j  que  dans  le  fétus  de  la  brebis , 
vers  le  deuxieme  mois  j  cette  pefanteur  efl 
Comme  450  à  4345  troifiemé  comme 
C  c  ij 


404 

âi79  à2it3  ;au  quatrième  mois  cofltme 
3002  à  2927. 

§.  LV*  Ce  qu^on  peut  répondre  a  cela  ;  le 
fétus  refpire^t-il  dans  le  vagin? 

Gette  queftion  efl:  nouvelle  ;  il  y  a  vingt- 
quatre  ans ,  elle  fut  fort  agitée  en  Frife,  les 
efprits  furent  en  mouvement ,  &  il  y  eut 
beaucoup  d’écrits.La  folution  de  cette  quef- 
tion  feroit  d’une  grande  utilité  pour  déter¬ 
miner  quelque  chofe  fur  le  cri  de  l’enfant 
dans  la  matrice ,  c’eft  pourquoi  il  faut  com¬ 
mencer  par  la  difcuter. 

On  a  demandé  fi  le  fétus  refpire  dans  le 
vagin,  dans  le  temps  qu’il  y  pafîe  pour  venir 
au  monde. 

Quelques  Auteurs ,  fur  la  fin  du  fiecle 
dernier ,  &  depuis ,  quelques  modernes  ont 
foutenu  fortement  que  l’enfant  ne  refpire 
point  dans  le  vagin. 

D’un  autre  côté ,  plufieurs  gens  de  mé¬ 
rite  foutiennent  que  le  fétus  refpire  &  crie 
dans  le  vagin ,  &  qu’il  peut  auffi  refpirer 
dans  la  rnatrice. 

Un  d’eux  afîlire  même  qu’il  a  entendu  un 
enfant  crier  dans  le  vagin. 

Cette  queftion  eft  importante  dans  la  mé¬ 
decine  du  Barreau  ;  car  fi  le  fétus  refpire 
dans  le  vagin,  fon  poumon,  de  compafte 


du  Fétus! 

qu’il  étoit ,  deviendra  capable  de  furiia- 
ger  ;  &  on  n’aura  pas  autant  de  droit  de 
condamner  une  mere  qu’on  accufe  d’avoir 
tué  fon  enfant ,  parce  que  le  poumon  de 
l’enfant  dont  elle  eft  accouchée,  ne  fe  préci¬ 
pite  pas  au  fond  de  l’eau  ;  car  il  lui  refte  évi¬ 
demment  l’excufe  que  fon  enfant  a  refpiré 
dans  le  vagin,  mais  qu’il  eft  mort  en  venant 
au  monde,  &  que  ce  n’eft  pas  elle  qui  lui  a 
donné  la  mort. 

A  la  vérité ,  il  eft  certain  que  très-fou- 
vent  le  poumon  eft  compade  dans  le  fétus,, 
&  que  les  anneaux  de  la  trachée  artere  font 
reflerrés  j  &  ne  font  pas  fort  acceffibles  k 
l’air  ;  ces  anneaux  même  hors  du  poumon 
font  très-rapprochés  les  uns  des  autres  ;  il 
eft  même  conftant  qùe  les  vaifteaux  aériens 
du  poumon,  &  tout  le  canal  de  la  trachée 
artere,  font  pleins  d’une  mucofité  jaunâtre, 
de  maniéré  qu’il  eft  fouvent  nécefîaire  d’en 
débarrafîer  la  bouche  de  l’enfant  nouveau- 
né  ,  &  que  même  il  la  vomit. 

De  plus,  que  beaucoup  de  fétus,  tant 
humains,  que  dés  plus  forts  quadrupèdes, 
ne  refpirent  que  fort  îong-tempsaprès  être 
expofés  a  l’air  libre. 

Nous  voyons  qu’il  eft  rare  que  les  enfans 
qui  font  nés  avant  terme  crient  ;  les  animaux 
ne  crient  pas  non  plus  avant  d’être  nés, 

Cciij 


40(?  La  Vie 

-Ajoutez  a  cela  que  Tenfant  a  une  foua- 
tion  fort  gênante  dans  le  vagin ,  les  efforts 
que  fait  la  mere  le  prelTe  fortement  de  tou^ 
tes  parts ,  la  peau  du  périnée  fait  réiiftance, 
ainfi  que  les  parties  voifines  du  vagin  j  il  a 
îa  plupart  du  temps  la  bouche  tournée  vers 
la  cavité  de  l’os  facrum ,  conféquemment 
vers  la  parois  poftérieure  du  vagin ,  qui  lui 
offre  beaucoup  de  réfiftance ,  puifque  très* 
fouvent  il  s’y  fait  des  déchiremens  ;  d’après 
tout  cela ,  il  ne  paroît  pas  fort  probable  que 
dans  cette  fituation  le  fétus  puiffe  fe  débar- 
ralTer  de  la  mucofité  qui  lui  furcharge  le 
poumon ,  &  ainli  faire  ufage  de  fon  dia* 
phragme,  de  maniéré  que  fa  tête  étant  pouf- 
fée  en  bas  ,  il  puiffe  dans  la  fituation  la  plus 
gênante  afpirer  de  l’air ,  &  l’expirer  en  jet- 
tant  des  cris  ;  outre  celas,,  il  y  a  beaucoup 
d’aççoLiehemens  où  la  tête  de  l’enfant  eft 
très-peu  de  temps  arrêtée  dans  le  vagin ,  & 
on  le  regarde  comme  né  auffi-tôt  que  la 
tête  eft  entièrement  fortie  de  l’orifice  de  la 
matrice  ;  on  fe  fouvient  d’avoir  vu  un  enfant 
qui  ayant  préfenté  le  bras  ,  fut  fort  long¬ 
temps  à  être  extrait  de  la  matrice,  comme 
cela  arrive  ordinairement,  dont  cependant 
le  poumon  tomba  au  fond  de  l’eau  ;  &  Roe- 
derer,  qui  étoit  très-expérimenté  dans  l’art 
des  accouchemens,  ne  croit  pas  que  l’enfant 
refpks  dans  le  vagin. 


du  Fétus.  407 

Cependant  comme  j’ai  affifté  a  plufieurs 
accouchemens,  &  que  j’ai  fouvent  entendu 
l’enfant  crier  auffi-tôt  que  la  tête  a  été  for- 
tie  de  la  vulve  5  fous  les  couvertures  &  dans 
les  mains  de  la  perfonne  qui  en  faifoit  l’ex- 
tradion,  je  penfe  que  cela  arrive  commu¬ 
nément,  6c  que  c’eft  une  chofe  particulière 
à  l’efpece  humaine  que  l’enfant  crie  tout  de 
fuite ,  &  même  fortement  *  il  ne  paroit  pas 
qu’il  faille  beaucoup  de  temps  pour  qu’un 
enfant  fain  &  robufte  rende  fon  poumon 
capable  de  refpirer,  &  qu’il  puiffe  crier. 

On  peut  auffi  en  croire  les  témoignages  r 
on  dit  qu’un  enfant  a  dilaté  fa  poitrine,  pen¬ 
dant  que  fa  tête  étoit  arrêtée  au  palTage. 

Il  ne  me  paroit  donc  pas  déraifonnable 
de  croire  qu’un  enfant  dans  cet  état,  retenu  ' 
par  quelque  obftacle,  comme  la  largeur  de 
fes  épaules,  ayant  la  bouche  tournée  en  bas,, 
vers  l’orifice  de  la  vulve ,  refpire  &  crie. 

Mais  cela  ne  peut  être  que  très-rarement, 
quand  l’enfant  eft  fort,  &  qu’il  efi:  dans  une. 
fituation  favorable. 

§.  LVL  Suite  de  la  refpiraûoti  du  fétus. 

On  ne  peut  nullement  efpérer  que  les 
enfans  qui  ne  font  point  à  terme  ,'  qui  font 
trop  foibles ,  qui  ont  le  poumqn  trop  corn- 
pade,  petit  &  comprimé,  puifTent  refpirer.. 

C  c  iv 


4g8 

''  La  queftion  fe  réduit  à  fçavoir  fi  de  même 
que  fur  la  fin  de  Fincubation  le  poulet  refi 
pire  &  fait  entendre  fon  pepit  cri,  pn  peut 
èfpérer  de  même  que  le ‘fétus  humain,  ou 
qelui  4u  quadrupède,  puifTe  fur  la  fin  de  la 
geftation  refpirer  &  crier. 

Mais  ce  feroit  abufer  de  Fanalogie  que 
4’ avoir  égard  a  Fexemple  du  poulet  dans 
f  œuf ,  car  quoique  l’œuf  ne  foit  pas  çalTé, 
il  refpire  &  crie  vers  le  vingtième  jour, 
comme  je  l’ai  remarqué  plufieurs  fois ,  & 
fon  poumon  même  devient  capable  de  fui's 
nager,  mais  on  ne  peut  pas  admettre  pareille 
phofe  dans  le  fétus  humain. 

Quoique  l’œuf  paroifie  entier ,  le  poulet 
peut  avoir  de  l’air  ;  car  l’air  paiTe  dans  l’œuf 
par  beaucoup  de  voies  ,  que  Bellinus  a  dé- 
înoritrées  autrefois,  &  depuis  lui  M.  Stæhe? 
lin  ;  outre  cela ,  für  la  fin  de  rincubation, 
les  eaux  de  l’amnios  dans  l’œufj,fônt  confpm- 
mées ,  &  rien  n’empêche  qu’alors  le  poulet 
ne  déchire  fon  amnîosavec  fon  bec,  qui  eft 
déjà  dur,  ou  fes  ergots  qui  le  font  auffi. 

Enfin  i|  efi:  certain  que  même  dans  le 
poulet  qui  a  ouvert  le  bec,  le  poumon  ne 
perd  pas  tout  de  fuite  fa  denfité ,  &  qu’il  ne 
§oEte  point,  ni  que  le  poulet  ne  crie  pas  tout 
^ulîi-toc  niême  qu’il  à  pris  l’air.  La  coquille 
4’ailifurs  peut-être  fendue,  comme  il  n’eft 


du  Fétus.  46^ 

^as  rare  dè  le  voir  avant  la  fortîe  du  poulet, 

alors  la  iiiembrane  peut  être  auffi  rom-^ 
pue.* 

Un  fétus  quieftrobufte,  peutauffi  ayane 
reçu  de  l’air ,  refpirer  de  crier,  &  cependant 
être  renfermé  dans  la  matrice  bien  cjofe  & 
au  milieu  des  eaux. 

Si  vraiment  on  a  entendu  un  enfant  crier 
idans  la  niatriçe ,  on  ne  peut  attribuer  cela 
qu’à  quelque  évétiement  particulier ,  c’ell 
jque  les  jnembranes  fe  feront  rompues,  çe 
qui  arrive  affez  fouvent  avant  l’accouche-» 
îhent,&  ce  qui  arrive  tou  j  ours  quand  dans  un . 
accouchement  long  &  difficile,  les  eauxfe 
fontéçoulées  d’abord  ;  &  dans  ces  cas  néam 
moins  l’enfant  refte  quelques  jours  dans  la 
matrice  dans  cet  état  fans  perdre  la  vie  (i). 

Si  4'tine  part  l’air  a  trouvé  un  palTag© 
fibre  ,  ^  que  d’un  autre  côté  la  tête  foit 
tournée  de  façon  que  l’enfant  puiffie  en  re¬ 
cevoir  par  le  vagin ,  on  peut  accorder  que 
dans  eç  cas  l’enfant  peut  refpirer  &  crier. 

Mais  on  voit  aifénaent  que  tous  ces  cas 
font  extrêmement  rares  (2),  4e  que  cela  n’eft 

(i)  Cela  me  paroît  abfolument  impoffible. 

(1)  Il  n’eft  pas  concevable  qu’un  enfant  qui  autoit  une 
fois  refpiré,  ne  fût  pas  fuftbqué  dans  le  temps  de  l’accouche? 
laient  ;  fa  tête  étant  alors  dans  le  vagin ,  &  fa  face  appliquée 
.fît  l’os  factum  ^  il  ne  pourroit  plus  avoir  de  communiça- 
rjon  ayeç  l'air  extérieur  &  il  périroif, 


^10  La  Vit  du  Fétus. 
pas  dans  l’ordre  de  la  nature ,  puifque  le 
fétus  nage  dans  un  fluide  renfermé  dans 
des  membranes  qui  font  continues  ;il  n’eft 
donc  point  étonnant  que  de  grands  hom¬ 
mes  n’ayent  pas  voulu’ ajouter  foi  au  récit 
de  ces  cris  précoces. 

L’air  qu’on  a  trouvé  dans  le  fang  a  pu 
venir  du  bas-ventre ,  &  s’être  développé  par 
la  putréfadion. 


CHAPITRE  I  I  L 

De  z^Accouchement. 

§.  I.  D augmentation,  de  la  matrice* 

II  n’eft  pas  poflible  que  la  matrice  n^aug- 
mente  pas  de  volume ,  a  mefure  que  l’œuf 
humain  prend  de  l’accroilTement  ;  c’eft  elle 
qui  lui  fournit  fa  nourriture  &  qui  le  ren¬ 
ferme. 

Immédiatement  après  la  conception,  dès 
que  l’œuf  a  contradé  adhérence  avec  la  ma^ 
trice,  le  fang,  ou  une  humeur  féparée  du 
fang,  paîTe  dans  les  plus  petits  vaifleaux  de 
i’œuf  qui  font  abforbans  ;  ainlî  pendant  que 
quelques  vailTeaux  de  la  matrice  peuvent 
facilement  porter  le  fluide  qu’ils  contien¬ 
nent  au  fétus,  qui  eft  alors  encore  mou  & 
fans  réfiftance,  le  fang  arrive  dans  la  ma¬ 
trice  avec  plus  de  vîtefTe  &  en  plus  grande 
abondance,  &  fes  vaifTeaux  en  font  diften- 
dus.  Mais  je  crois  que  l’œuf  prend  peu  d’ac- 
croilTement  dans  le  premier  mois  ;  je  crois 
auffi  que  la  matrice  fe  dilate  peu. 

Elle  ne  commence  a  augmenter  fenfibîe- 
ment  que  lors  de  la  première  fuppreflion  des 
réglés  ;  alors  le  fang  qui  s’écoule  ordinaire- 


De  r Accouchement. 
ment  de  la  matrice,  y  eft  retenu  ;  a  la  vérité 
il  en  palTe  une  partie  au  fétus  pour  lui  fervir 
de  nourriture,  mais  cette  partie  eft  fort  pe¬ 
tite  ,  car  le  fétus  lui-même  eft  fort  petit,  & 
ne  prend  que  peu  d’accroilfement  ;  l’autre 
partie  circule  dans  les  vaifleaux  du  placenta, 

&  revient  k  la  matrice. 

Comme  le  fang  coule  très-lentement  dans 
les  veines,  il  eft  évident  qu’il  en  refte  une 
partie  dans  celles  de  la  matrice. 

Ce  fang  y  eft  retenu,  car  fon  épailTeur 
augmente  à  mefure  qu’elle  fe  dilate  ;  quoi-  i 
qu’il  ne  foit  pas  fort  aifé  d’expliquer  par  1 
quel  méchanifme  la  préfence  du  fétus  dans 
la  matrice,  ralentit  le  retour  du  fang  par  les 
veines  de  ce  vifeere. 

Cependant  les  fréquens  avortemens  qui 
arrivent  après  la  première  fuppreflion  des 
réglés,  font  voir  qu’il  y  eft  retenu,  quoique 
je  ne  difeonvienne  pas  que  c’eft  principale¬ 
ment  au  troifieme  mois  ,  quand  les  réglés 
ont  manqué  deux  fois,  &  que  la  pléthore 
du  troifieme  mois  commence  k  avoir  lieu, 
que  les  femmes  ont  des  pertes  confidéra- 
bles  &  fuivies  de  l’avortement,  qu’on  pré¬ 
vient  par  une  faignée. 

Enfin  les  arteres  de  la  matrice  augmen¬ 
tent  auffi  de  volume  k  mefure  que  la  grof- 
fefte  avance  ;  cependant  ç’eft  principale- 


De  V Accoiickémétit.  '  f 
îneiit  dans  les  veines  que  s’amafîe  le  fang 
qui  eft  retenu ,  car  elles  font  d’une  grofîeu^ 
incroyable  fur  les  derniers  temps ,  elles  font 
des  plexus  entre  là  membrane  intérieure  de 
la  matrice,  qui  eft  très-fine,  &  fa  fubftance 
mufculeufe. 

C’eft  ce  qui  fait  que  la  matrice,  donf  îé 
tiftu  cellulaire ,  hors  du  temps  de  la  grof- 
felTe,  eft  plus  ferme  qu’une  veine  pleine 
de  fang,  fe  relâche  &  s’amollit,  en  fe  dilatant 
pendant  lagrofîefie  ;  quoique  j’aye  reçu  trop 
tard  les  quinze  planches  de  M.  Hünter,  qui 
repréfentent  la  matrice  pendant  la  grofTeffey 
Sc  qu’il  ne  m’ait  pas  été  pofîîble  d’inférer 
dans  mon  ouvrage  fes  découvertes ,  qu’il 
me  foit  permis  cependant  d’ajouter  quelque 
chofe  de  te  qu’il  m’a  écrit  fur  la  matière  donc 
il  eft  queftion  ;  les  arteres  &  les  veines  de 
la  matrice  fe  dilatent ,  principalement  dans 
leurs  ramifications,  qui  font  placées  dans 
f  endroit  où  doit  s’implanter  le  placenta,  (i) 

Plufieurs  de  ces  veines  paflent  dans  le 
placenta,  les  unes  font  petites,  &  les  autres 
très-grofîes ,  &  il  y  a  un  grand  nombre  de 


(i)  On  a  va  dans  la  diiTertation  fur  I^origine  des  eaux 
de  l’amnios ,  que  les  vaiffeaux  utérins  qui  font  hors  de 
i’a  ire  qu’occupe  le  placenta ,  non-feulement  ne  font  pas 
diftendus ,  mais  qu’ils  font  même  entiéreraeat  exfanguips 
&  extrêmement  fins, 


414  V Accouchement.  j 

petites  arteres  &  veines  qui  charieiit  vrai*  ] 
ment  du  fang ,  qui  pafTent  de  la  matrice 
dans  la  membrane  extérieure  de  l’arriere- 
faix  ;  c’eft  pour  cela  que  dans  le  temps  de 
raccouchement,  lorfque  le  placenta  fe  dé¬ 
tache,  il  y  a  fur  la  furface  interne  de  la  ma¬ 
trice,  une  infinité  de  petites  ouvertures  de 
vaifieaux  déchirés ,  qui  verfent  du  fang. 

Toutes  les  parties  du  placenta,  dans  lef- 
quelles  pénétré  facilement  la  liqueur  injec¬ 
tée' dans  la  matrice,  &  dont  les  vaifieaux 
font  continus  avec  ceux  de  ce  vifcere , 
étoient  dans  le  principe  une  efpece  d’effio- 
refcence  dè  la  membrane  intérieure,  &  cette 
membrane  fe  détache  dans  l’accouchement 
comme  dans  l’avortement,  &  accompagne, 
l’arriere-faix ,  de  même  que  fi  elle  faifoit 
partie  de  l’œuf.  C’efl:  cette  portion,  de  non 
une  autre,  qui  fe  remplit  de  l’ inj ecèion  qu’on 
porte  dans  les  vaifTeaux  de  la  matrice  ;  c’eft- 
elle  qui  conftitue  la  membrane  qui  revêt  la 
partie  convexe  du  placenta ,  qui  s’infînue 
par  une  infinité  de  prolongemens  dans  fes 
linuofités ,  &  qui  fe  confond  avec  fa  partie, 
que  nous  appelions 5  c’efi:  cette  por¬ 
tion  qui  efl:  la  lame  extérieure  du  chorion , 
que  nous  connoilTons.  M.  Hunter  la  nomme 
caduca  ou  dccidua ,  &  à  Londres  on  la 
nomme  la  membrane  d’Hunter. 


Z)e  l- Accouchement.  41  ^ 

Gette  membrane  fe  détache  de  la  ma« 
trice  à  la  circonférence  du  placenta,  elle 
recouvre  tout  l’œuf,  &  la  furface  convexe 
du  chorion,  k-peu-près  de  la  même  maniéré 
que  le  péricarde  couvre  la  furface  du  cœur. 

Dans  les  derniers  temps  de  la  grolTefle , 
les  deux  lames  de  cette  membrane  caduque 
s’unifTent ,  comme  cela  arrive  quand  le  pé¬ 
ricarde  contrade  adhérence  avec  le  cœur,  & 
ces  deux  lames  conftituent  a  l’extérieur  ce 
qu’on  nomme  chorion. 

§.  II.  Les  changemens  qui  arrivent  à 
V orifice  de  la  matrice. 

Quoique  Roederer  penfe  que  dès  le  quin¬ 
zième  jour,  le  fétus  fait  defcendreJe  col  de  la 
matrice  dans  le  vagin,  &  que  par  ce  moyen 
fon  orifice  eft  plus  près  de  la  vulve,  je  ne 
crois  pas  qu’un  ,œuf  qui  n’eft  pas  de  beau¬ 
coup  plus  gros  que  le  pouce,  puiffe  caufer 
un  déplacement  fenfible  kla  matrice,  je  l’ai 
examiné,  mais  je  ne  l’ai  pas  remarqué. 

Mais  nous  ne  devons  décider  qu’avec  beau¬ 
coup  decirconfpedion,fi  Ia  matrice  remonte 
ou  defcend  ;  car  j’ai  reconnu  très-!manîfef- 
tement  que  dans  la  même  femme,  foit  grof- 
fe ,  foit  ne  l’étant  pas,  la  matrice  étoit  plus 
élevée  le  matin  dans  le  lit  &  après  le  repos 
de  la  nuit ,  &  qu’elle  étoit  plus  bas  après  les 
exercices  delà  journée,  qu’elle  approchoiü 


’JDé  F  Accouchement 
inême  de  la  vulve;  c’^eft  pourquoi  on  nédoil 
ajouter  aucune  foi  à  ce  figne ,  à  moins  qu’if 
ne  foit  durable  &  conftant  dans  tous  les 
états,  &  qu’enfin  il  augmente  avec  le  temps/ 

Cependant  il  efl:  certain  que  l’orifice  de  la 
Inatrice  defeend  peu-k-peu  dans  le  vagm,  urf 
peu  plutôt  ou  plus  tard,  &  qu’on  peut  y  at¬ 
teindre  avec  le  doigt  ;  il  defcend  aufli  dans  la! 
fuppreffion  des  réglés ,  j’enfuis  convaincu  ^ 
c’eft  donc  le  fang  retenu  dans  la  matrice,  qui 
donne  lieu  à  ce  changement. 

En  même-temps  l’orifice  de  la  matrice 
fe  ramollit,  &  ce  changement  va  toujours 
en  augmentant  depuis  le  commencement 
de  la  conception  ;  je  regarde  ce  ramollilTe- 
menC  comme  un  ligne  certain  de  groffelîè 
quand  il  continue  à  fe  faire. 

Quelques  Auteurs  ont  dit  que  l’orifice 
fe  fermoir  immédiatement  après  la  concep¬ 
tion,-  g’ efl:  par  analogie  avec  les  brutes  qu’on 
l’a  cru. 

Cependant  il  n’eh  efl  rien  ;  dans  une  pe¬ 
tite  fille ,  il  n’ efl  pas  fermé  à  la  vérité ,  &  if 
efl  ouvert  en  travers ,  mais  fon  ouverture 
ii’efl  qu’une  petite  fente  ,  qui  n’a  aucune 
étendue  en  largeur,  qui  efl  entre,  deux 
ievres  aflez  dures ,  qui  la  cachent. 

Mais  comme  l’orificé  de  la  matrice  fé 
tamollit,  &  que  cela  arrive  toujours  dans 

U 


■  De  t Æcouckzrheni. 
ia  groiteffe^  aüffi  le  doigt  pénetfe-t-iî  plus 
facilement  dans  cet  orfice  ^  &  ii  eft  plus 
étroit  &  comme  bouché  par  une  mueoiiüé  ;■ 
mais  au  refte  il  eft  lâche  &  béant  j  je  né 
Fai  jamais  vu  autrement ,  cependant  je  né 
nie  pas  qu’on  n’ait  pu  le  trouver  fermé;  (i) 
Il  le  dilate  de  plus  en  plus  avant  l’acéou-* 
éhement,  comme  tout  le  monde  le  fçait; 

§.  lii.  Ü élévation  de  la  maîrich  * 

:  La  matricè  fe  dilaté  péu-a^peü ,  &  vefs 
la  huitième  femaine  j  ou  un  peu  plutôt  ou 
plus  tard  j  elle  s’élfevé  amrdeffus  du  baffioÿ 
&  emmene  avec  elle  fon  éol  j  qui  n’a  pas 
encore  eu  part  a  la  dilatation. 

La  portion  de  ce  col,  qu  on  touché  en 
îrodüifantle  doigt  dans  ie.Vagin ,  fe  raeour- 
eitj  de  maniéré  que  cette  portion  qui  def- 
cendoiî.  dans  lé  vagin  j  eft  prefque  entière^’ 
ment  effacée  ;  quand  le  col  remonte  ai  nfî  i 
que  la  pdftion  qui  eft  dans  le  vagin  dimi^-’ 
nue  j  &'.que  Fdrifice  de  la  matrice  fe  raraob 
liqii  ne  refte  plus  de  doutes  fur  la  groffelTeo 


_(i)  Il  eft  confiant  que  dans  une  première  groftefle  il 
êft  rareqde  l’orifiee  de  la  matrice  foit  ouvert  ;  &  quïl  eft 
comiûunément  béant  dans -une  grofleffe  qui  a  été  précédée' 
de  plufiéürs  autres  5  cependant  on  le  trouve  quelquefois 
èntr’ouvert  dans  une  première,  &  exacftemcnt  clos  daiiè 
îsn  autre  J  il  y  a  à  cet  égard  bien  des  variétés  iddividUeileâ,- 

Tome  IL  Dd 


8  V Accouchement, 

Le  vagin  par  ce  moyen  s^alIonge  ;  en  in- 
troduifanc  même  le  doigt  tout  entier  dans 
ce  canal,  on  ne  peut  toucher  l’orifice  de  la 
matrice,  que  par  l’extrémité  du  doigt. 

Un  homme  expérimenté  eftime  que  la 
progreffion  delà  matrice  fe  fait  de  cette  ma¬ 
niéré  ;  elle  s’élève  de  deux  à  trois  pouces  au- 
delfus  du  pubis,  au  quatrième  &  cinquième 
mois  ;  elle  monte  jufqu’à  l’ombilic  le  feptie- 
me  ;  au  huitième, fon  fond  eft  entre  l’ombi¬ 
lic  &  le  fcrobicule  du  cœur  ;&  elle  parvient 
à  ce  fcrobicule  au  neuvième  mois. 

En  même-temps  le  fond  de  la  matrice 
fur-tout,  fe  dilate  confidérabîement,  de 
maniéré  qu’il  y  a  une  très-grande  diftarice 
entre  les  trompes ,  que.  la  matrice  fait  une 
convexité  au-defîus  de  leur  orifice,  &  qu’el¬ 
les  paroifient  être  à  la  partie  inférieure.; 
c’eft-la  qu’on  remarque  certains  tubercules 
qui  fe  forment  peu-à-peu ,  qui  font  plus  ou 
moins  apparens  qui  relTemblent  k  une 
glande  conglomérée  ;  c’eft  à  ces  tubercules 
que  s’attache  le  placenta  ;  les  trompes  font 
prodigieufement  dilatées  par  le  fang  qui 
vient  s’y  amalTer.  , 

Quand  il  y  a  eu  précédemment  une  def- 
cente  de  matrice,  k  mefure  que  la  grofielfe 
la  fait  remonter ,  elle  difparoît. 

Peu-k-peu  la  matrice  occupe  la  majeure 


Dt  V Acc'ùüchttiitîïh  4*9 

p'àvûe  du  baà-ventfCj  &  par  fà  diîatatiorl 
elle  caufe  différentes  incommodités. 

Elle  Comprime  les  vaifleaux  iliaques  qui 
font  voifinSj  &  empêché  par-lk  la  liberté 
du  retour  du  fàng  par  les  Veines  ;  de-lk  les 
finus  de  la  matrice  deviehnent  prodigieux» 
fement  gros  ;  fon  épailTeur  augmente  ;  la 
diftenfioti  des  vaiffeaùx  caufe  des  douleurs 
dans  les  lombes  ;  il  fe  forme  des  varices  aux 
pieds,  elles  fe  rompent  même  quelquefois  ; 
&  enfin  il  y  â  une  hydropifîe  anafarque?  la 
compreflion  du  Uerf  crural  caufe  des  ftu- 
peurs  dans  les  jambes  ;  lés  ligamens ronds 
groffifiTent  k  caufe  dé  robftacîe  que  trouve 
auffi  le  fang  k  revenir  de  la  matrice. 

Plus  la  matrice  augmente ,  &  plüs  fin»® 
teftin  reêlum  eft  preffé  j  il  s  y  amaffe  des 
vents  qui  caufent  des  douleurs;  la  femme 
eft  conftipée,  &  tourmentée  d’hémorroïdes.^ 

Sur  la  fin^la  miatrice  monte  jufqu’kl’efto^ 
mac  j  &  le  comprime  ;  cette  compreffipri 
donne  lieu  k  des  vemiftemens  fort  incomx* 
modes,  qiii  très-fouvent  ne  celTent  que  par 
l’accouchement. 

Je  rapporte  plutôt  a  la  fuppreflion  des 
réglés, cés  goûts  ridicules  des  femmes,dt  les 
enviés  qu’elles  ont  de  manger  des  chofes  ab- 
furdes  ■  on  voit  pareils  fymptômes  produits 
par  cette  caufe,  hors  du  temps  de  la  grof» 

.  i)  d  ij 


420  De  r  Accouchement. 
feffe  ;  cette  bifarrerie  eft  incroyable  ;  elles 
veulent  manger  du  poivre,  du  cuir,  du  lin¬ 
ge,  de  la  chaux,  même  leurs  excrémens,  &c. 
pour  rendre  raifon  de  cela,  je  m’imagine 
que  les  fucs  de  l’eftomac  étant  dépravés ,  & 
les  femmes  ne  trouvant  plus  de  goût  aux 
alimens  ordinaires ,  elles  efperent  avoir  plus 
de  plaifir  à  prendre  ces  chofes  ridicules,qu’el- 
les  n’en  attendent  des  alimens  ordinaires  ■ 
c’eft  comme  les  malades  qui  veulent  chan¬ 
ger  de  pofition ,  parce  que  celle  qu’ils  tien¬ 
nent  eft  incommode,  &  ils  fe  flattent  qu’une 
autre  fera  meilleure. 

La  comprefïion  du  diaphragme  gêne  la 
refpiration ,  &  il  refoule  les  poumons  dans 
la  poitrine. 

Souvent  le  fang  des  femmes  eft  couvert 
d’une  couenne  dure,  mais  la  caufe  de  ce 
phénomène  eft  obfcure. 

§.  IV.  Augmentation  du  col  de  la  matrice. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  ce  col  n’é- 
prouvoit  de  changemens  que  tard  ;  cepen¬ 
dant  un  homme  très-expert  dans  cette  par-, 
tie  dit  qu’il  commence  à  s’étendre  dès  le 
troifîeme  mois ,  &  qu’alors  la  quatrième: 
partie  de  ce  col  eft  étendue  en  même  pro¬ 
portion  que  le  fond  de  la  matrice. 

li  y  en  a  la  moitié  d’étendue  au  cinquième 


De  V Accouchement.  421 

mois  ;  au  fixieme  foii  canal  fait  partie  de  la 
cavité  delà  matrice  ;  le  neuvième  mois  tout 
le  col  eft  confondu  avec  la  matrice ,  de  ma¬ 
niéré  que  l’orifice  intérieur  de  ce  canal  ne 
fait  plus  avec  l’extérieur ,  qui  répond  aü 
vagin,  qu’un  feul  &  même  orifice ,  &  le 
col  a  perdu  toute  fa  longueur. 

Ainfi  toute  l’épaifTeur  du  col  étant  em¬ 
ployée  à  ne  former  de  la  matrice  qu’un  feul 
corps  ovale ,  ce  col  n’efi:  plus  alors  que  deux 
levres  &  un  cercle  fort  mince,  qui  termine 
l’orifice. 

Cependant  il  n’efl:  pas  bien  certain  que 
l’ordre  de  ces  changémens  foit  tel  que  nous 
venons  de  le  dire;  car  dans  la  femme  grofîe 
de  fept  mois ,  dont  parle  "W^eithrecht,  le  coi 
étoit  entièrement  comme  hors  du  temps  de 
la  groflefle,  &  n’avoit  qu’une  très-petite 
ouverture  dans  l’intérieur  ;  dans  une  plan¬ 
che  de  Roederer ,  qui  repréfente  la  matrice 
fur  la  fin  de  la  grofleffe,  on  voit  encore  le 
col  très-diftind. 

Dans  une  femme  qui  fut  punie  de  mort, 
parce  que  le  Juge  ne  voulut  pas  la  croire 
grolfe ,  quoique  la  matrice  remplit  la  moi¬ 
tié  du  bas-ventre  ,  j’ai  trouvé  l’orifice  ou¬ 
vert  k  y  mettre  le  doigt,  &  le  col  étoit  refté; 
je  l’ai  fait  graver,  elle  pouvoir  être  groffe.: 
de  fix  mois, 

Ddiil 


De  V Accouchement, 

Dans  une  fille  qui  étoit  gofîe,  &  qui  étoit 
morte  à  force  d’avoir  fait  ufage  de  remedes 
draftiques ,  j’ai  trouvé  les  éminences  valvu- 
îeufes  du  col  très-bien  exprimées  ;  elle  pou¬ 
vait  être  grofTe  de  cinq  à  fix  mois, 

§.  V.  La  culbute  de  V enfant. 

Le  fétus  humain  comme  celui  des  brutes 
eft  droit  dans  le  commencement,  &  il  a  lՎ 
pine  &  la  tête  en  ligne  droite  ;  je  l’ai  vu  de 
même  dans  les  volatiles  de  dans  les  fétus  des 
quadrupèdes ,  que  j’ai  vus  tout  nouveaux. 

Mais  il  fe  courbe  bientôt ,  de  maniéré 
que  le  cou  va  en  arriéré ,  la  tête  en  devant, 
vers  la  poitrine,  &  la  queue  qui  eft  l’extré¬ 
mité  inférieure  de  l’épine  du  dos, fe  recourbe 
peu-a-peu  vers  la  tête. 

Dans  le  volatile  il  fe  recourbe  de  plus  en 
plus,  juf^u’àce  que  les  pieds  approchent  de 
la  tête ,  l’embrafîent  enfuite ,  &  que  la  tête 
foit  cachée  fous  les  ailes. 

Tant  qu’il  y  a  beaucoup  d’eaux  dans  l’oeuf, 
le  fétus  fe  remue  librement  dans  ce  fluide,  il 
tourne  far  les  vaifleaux  ombilicaux  comme 
fur  un  gond  ;  il  penche  fa  tête  en  devant, 
&  porte  fes  pieds  en  arriéré ,  de  il  fe  re¬ 
met  ;  il  eft  même  en  mouvement  quand 
il  a  fa  tête  entre  fes  pieds  ;  le  peu  de  capa¬ 
cité  de  l’osuf  fait  que  ces  mouveroens  font 


De  V. Accouchement.  4^^ 

moins  forts ,  il  en  occupe  plus  de  la  moitié, 
car  il  a  deux  fois  plus  de  longueur  que  tour 
i’œuf. 

Ceft  la  même  chofe  dans  tous  les  autres 
animaux,  car  les  petits  ferpens  fe  roulent 
dans  leur  œuf,  les  agneaux ,  les  petits  rats, 
les  cochons  de  Guinée,  &  fans  doute  les 
autres  animaux  fe  meuvent  auffi. 

Ceft  auffi  la  même  chofe  dans  fefpece 
humaine  ;  tant  qu’il  y  a  beaucoup  d’eau 
dans  f  amnios ,  l’embryon  qui  alors  refTem- 
ble  a  un  petit  ver  informe ,  eft  tout  droit 
dans  la  matrice. 

Plus  l’embryon  avance,  plus  il  fe  courbe, 
à-peu-près  femblable  en  cela  au  poulet, 
il  approche  fa  tête  de  fes  pieds  &  fes  pieds 
de  fa  tête. 

Les  anciens ,  &  de  même  les  modernes  , 
on  dit  que  le  fétus  eft  affis  dans  la  matrice , 
qu’il  y  èft  pelotonné,  qu’il  a  la  tête  entre 
les  pieds ,  les  talons  rapprochés  des  felTes  ; 
&  ils  attribuent  cette  pofture  à  la  fupério-- 
rité  de  forces  des  mufcles  fléchiffeurs. 

On  le  trouve  dans  une  autre  pofture, 
quand  on  fait  l’ouverture  d’une  femme  qui 
eft  morte  fur  le  point  d’accoucher. 

J’ai  trouvé  un  fétus  qui  a  voit  le  cou, 
l’occiput  &  la  tête  appuyés  contre  les  os  du 
baffin,  &  qui  y  étoit  tellement  engagé,  qu© 
D  d  iv 


^44  V Accoüchmmt 

tête  s’étoit  allongée  ei|  forme  de  cônej , 
&  que  j’eus  quelque  difficulté  à  k  retirer  • 
il  avoit  les  feffes  k  l’ombilic  du  coté  droit, 
fes  pieds  étoient  en  haut,  êc  le  cordon 
ppit  entortillé  autour  de  Tun  des  deux, 
Souvent  auffi  la  tête  defeend  effedive-, 
filent  dans  le  baffin,  mais  de  maniéré  qu’une 
preille  efl:  en  devant  &  l’autre  en  arriéré^ 
&  que  le  rnenton  ett:  appuyé  fur  l’épaule  ; 
on  a  terrniné  heureufement  des  accouche- 
meiis,  GU  la  tête  de  l’enfant,  quoique  droite, 
n/avançoit  que  peu  k  caufe  de  rétroiteffie  du 
jiaffin ,  en  le  tournant  de  côté, 

Je  ne  parle  point  des  lituations  contre?  ' 
jiature  ;  if  n’eft  pas  fort  rare  de  voir  l’enfant 
la  face  en  delîus. 

Tout  cela  réuni ,  &  joint  au  peu  d’obfer-s 
vations  éparfes,  que  nous  avons  k  ce  fujet, 
a  porté  à  conclure  que  vers  le  feptieme  ou 
le  huitième  niois  de  la  groffelTe ,  l’enfant 
fe  précipite  dans  le  baffin ,  ôc  qu’il  préfente 
fa  tête  k  l’orifice  de  la  matrice. 

Quelques  modernes  en  France ,  &  fur?, 
fout  M.  Onymos ,  ont  foutenu  contre  cette 
opinion,  que  l’enfant  avoit  pendant  toute  la 
grofieffe,  la  tête  dans  le  baffin ,  &  que  ç’elf 
toujours  fa  tête  que  l’on  touche  quand  OU 
porte  le  doigt  dans  le  vagin  ;  ce  qui  prouve 
îï|anifefienienS  4|ue  ce  n’eft  pas  quand  li 


De  V Accouchement  '425' 

grolTelTe  eft  avancée  que  le  fétus  tombe 
dans  le  baflin  ;  beaucoup  de  modernes  font 
de  ce  lentiment. 

On  a  vu  le  fétus  nageant  dans  les  eaux, 
&  cependant  la  tête  en  bas ,  au  troilîeme^ 
au  quatrième ,  au  cinquième,  au  fixieme , 
au  feptieme ,  au  huitième  mois ,  &  enfin 
au  moment  d’accoucher. 

On  a  vu  aufîi  un  fétus  dans  le  fixieme 
mois ,  avoir  la  tête  prefque  en  bas,  &  le  dos 
placé  horifontalement. 

Il  y  a  beaucoup  d’ Auteurs  qui  difent  qu’il 
n’y  a  rien  de  certain  dans  la  fituation  de 
F. enfant. 

Pour  moi ,  je  fuis  sûr  d’avoir  vu  dans  un 
<©uf  humain ,  que  le  fétus  étoit  mobile  de 
tous  cotés,  dans  le  temps  où  il  y  avoir  beau-^ 
coup  d’eaux.  ■ 

Enfuite  vers  le  cinquième  mois,  quand 
il  fait  feiitir  fes  mouvemens ,  &  même  qu’il 
donne  a  fa  mere  des  fecoufies  qui  l’incom¬ 
modent,  j’ai  fouvent  remarqué  en  mettant 
la  main  fur- le  ventre,  que  tantôt  je  tou- 
chois  quelque  chofe  d’étendu  &  rond ,  qui 
refiembioit  a  la  tête  y  &  tantôt  un  petit 
membre,  que  je  diftinguois  facilement  de  la 
tête ,  qui  étoit  la  main  ou  le  pied. 

Souvent  même  dans  le  dernier  mois,  j’ai 
4iulnguç  la  tête  a  travers  les  téguniens  du 


42.(3 


De  V Accouchement, 


bas-ventre  ;  &  même  au  quatrième  mois, 
j’ai  trouvé  dans  une  femme  dont  j’ai  fait 
l’ouverture,  que  le  fétus  étoit  flottant,  de 
maniéré  que  je  ne  pouvois  décider  de  quelle 
façon  lés  membres  étoient  arrangés. 

Il  y  a  des  Auteurs  qui  difent  qu’il  eft  en¬ 
travers  ,  d’autres  qu’il  efl:  droit ,  &  d’autres 
dans  différentes  autres  fituations. 


M.  Levret,  qui  alTurément  a  une  très- 
grande  expérience  en  cette  partie ,  dit  qu’il 
feroit  dangereux  de  révoquer  en  doute  la 
culbute  de  l’enfant. 


Il  efl:  vraifemblable  qu’a  mefure  que  la 
tête  augmente  de  volume ,  elle  tombe ,  & 
que  ce  qui  étoit  en  devant  fe  trouve  en  bas. 

J’accorde  volontiers  que  le  temps  auquel 
la  tête  de  l’enfant  occupe  la  partie  inférieure 
du  baflin  efl:  incertain ,  qu’on  peut  la  tou¬ 
cher  dès  le  feptieme  mois ,  &  qu’enfuite 
fept,  cinq ,  quatre  ou  trois  femaines  avant 
l’accouchement ,  &  quelquefois  peu  d’heu¬ 
res  avant ,  elle  occupe  le  col  de  la  matrice. 

Je  penfe  que  la  tête  eft  immobile ,  je  l’ai 
même  remarqué  ;  &  c’ eft  l’oblervation  que 
j’en  ai  faite  peu  de  jours  avant  l’accouche¬ 
ment  ,  qui  me  le  fait  croire  ;  cependant  dans 
le  travail,  &  même  au  moment  d’accou¬ 
cher,  on  la  déplace  très- facilement. 

C’ eft  cette  chûte  de  la  tête  dans  le  baflin> 


De  V Accouchemen.  42-7 

fur  ïa  fin  de  la  grofîefîe,  qui  fait  que  le  ven¬ 
tre  de  la  femme  tombe  ;  on  peut  même  en 
fentir  la  différence  avec  les  mains. 

§.  VI.  Les  incommodités  de  la  grojjejfe. 

C’eft  à  la  même  caufe  que  j’impute  les  ré¬ 
tentions  d’urine,  qui  fiirviennent  alTez  fou- 
vent  fur  la  fin  de  la  grofTefTe,  au  point  qu’il 
s’en  amaffe  dans  la  veffie  quelquefois  plu- 
fieurs  livres, &  même  jufqu’à  huit  pintes,que 
même  il  y  a  eu  des  ruptures  de  veffie,  que 
l’urine  s’eft  épanchée  dans  le  tiflu  cellulaire 
des  parties  circonvoifines,  &  que  quelque¬ 
fois  la  mort  s’en  eft  enfuivie. 

Car  la  tête  du  fétus  occupant  un  palTage 
étroit ,  comprime  la  veffie  fur  l’os  pubis , 
fortement  en  haut  &  moins  en  bas ,  parce 
que  le  fétus  a  là  moins  de  mouvement,  & 
que  la  tête  efl:  plus  en  pointe  ;  par  ce  moyen 
toute  la  veffie  eft  comprimée ,  de  maniéré 
qu’une  très-petite  quantité  d’urine  ,  qui  ce¬ 
pendant  ne  trouve  pas  place  ^  fe  loger , 
donne  de  grandes  envies  d’uriner;  la  veffie 
étant  prelTée  par  derrière  ,  fait  un  angle 
très-aigu  avec  l’uretrê ,  elle  fe  gonfle  par  fa 
partie  inférieure  ,  où  il  y  a  moins  de  pref* 
lion  ;  c’ eft  pourquoi  elle  a  peine  à  s’élever , 
&  l’urine  ne  peut  s’évacuer.  Il  n’y  a  pas  de 
doute  que  comme  la  matrice  empêche  la 


'^28  VAccouchiment. 

fortie  de  l’urine,  de  même  k  fon  tour  la  ver- 
lie  étant  très-pleine,  comprime  l’orifice  de 
îa  matrice  &  le  vagin ,  &  met  obftacle  à 
l’accouchement. 

La  tête  de  l’enfant  comprimant  aufli  l’in- 
teftin  reftum ,  occafionne  de  la  douleur  k  la 
mere,  &  fouvent  caùfe  le  ténefme  ;  elle  fait 
preffion  aufli  par  fon  poids  fur  le  col  de  la 
matrice,  qui  eft  dur  &  fortement  contraâ:é, 
èc  le  comprime  contre  les  os  du  baflin,  qui 
font  durs ,  &  qui  lui  offrent  beaucoup  de 
réfiliance  ;  leseifortsdelarefpirationy  con¬ 
tribuent  aufli.  Cette  comprefîion  du  col 
me  paroît  la  caufe  la  plus  grave ,  car  il  eft 
bien  plus  fenfible  que  le  refte  de  la  matrice  ; 
puifque  m.ême  dans  l’aâe  vénérien,  les  frot- 
temens  de  l’extrémité  de  la  verge  contre 
l’orifice,  y  caufent  quelque  volupté  ;  cet  ori¬ 
fice  étant  donc  fi  fenfible,  &  dans  les  der¬ 
niers  temps  de  k  grolfeATe ,  ayant  perdu  fa 
confiftance  comme  cartilagineufe,  &  la  tête 
de  l’enfant  le  remplilTant  exadement ,  y  fait 
naître  de  vives  douleurs. 

La  femme  éprouve  encore  une  autre 
grande  incommodité,  qui  eft  caufée  par  le 
fang  retenu  dans  les  vailfeaux  de  la  matrice; 
die  eft  très-fenfible,  de  quoique  le  gonfle¬ 
ment  de  fes  veines  &  de  toute  fa  fubfta.nce 
ne  caufe  pas  une  vraie  douleur,  il  n’eft  pas 


De  V Accouchement  42^ 

poffible  qu’il  ne  donne  Heu  a  des  incommo- 
dîtés  que  les  femmes  réflentent,  mais  dons 
elles  ne  fe  plaignent  pas  j  parce  qu’elles  pen» 
fent  qu’il  eft  naturel  de  foulFrir  pendant  la 
grolTeffe  j  nous  avons  dit  que  des  veines  qui 
n’étoient  que  capillaires  deviennent  grplîés 
comme  le  doigt,  &  la  matrice  fe  gonfle 
outre  nature,  &  eft  gorgée  de  fang  ;  on  a 
vu  une  petite  iscifton  à  une  matrice  qui 
avoit  éprouvé  un  renverfement  donner  lieu 
à  une  hémorrhagie  mortelle. 

Ceux  qui  ont  voulu  mefurer  exaétemene 
l’augmentation  de  la  matrice  ,  ont  trouvé 
que  de  4  pouces |  cubes,  elle  parvenoit  k 
5 1  pouces  cubes,  &  qu’à  la  fin  de  k  grof- 
felfe  elle  étoit  plus  de  onze  fois  plus  grolTe 
que  dans  fa  vacuité;  ce  qui  eft  aifé  à  croire 
puifque  avec  une  ii  grande  furface  elle  ne 
perd  point  de  fon  épaiiTeur. 

On  eftime  la  cavité  de  la  matrice  ^  de 
pouce  cube,  &  ôn  croit  quelle  peut  con¬ 
tenir  333  grains  d’eau  ;  M.  Levret  dit  que 
le  contenu  peut  en  être  évalué  à  408  pouces 
cubes /d’eau,  cequi  faitdix-fept  livres,  tant 
pour  l’enfant  que  pour  fes  dépendances  3 
cette  augmentation  eft  comme  d’urt  à  4  44 , 
&  ce  calcul  ne  me  paroît  pas  jufte  ,  car; 
dans  une  vierge,  la  matrice  n’a  prefque  point 
de  cavité. 


430  r Accoüchêrmnté 

AlTurément  la  matrice  s’étend,  puifqu’elk 
renferme  quelquefois  un  fétus  de  dix  livres, 
avec  dix  livres  d’eau,  &  un  placenta  de  trois 
livres  ;  quelquefois  fix  livres  d’eau  avec  un 
fétus  de  1 2  livres,  &  quelquefois  enfin  cinq 
pintes  d’eau,  &  quelquefois  trente. 

On  doit  croire  que  la  matrice  ne  peut 
s’étendre  fans  douleur,  que  jufqu’à  un  cer¬ 
tain  point,  &  que  fi  l’accroilTement  du  fé¬ 
tus  la  fait  s’étendre  au-delà  de  ce  terme , 
cette  extenfion  outrée  efi:  douloureufe  ;  c’  eft 
ce  qui  fait  que  les  jumeaux  naifiTent  avant 
terme ,  &  que  les  enfans  morts  reftent  plus 
long-temps  dans  la  matrice,  parce  qu’ils  ne 
prennent  point  de  croifiance,  &  n’ont  point 
de  mouvement  ;  c’eft  pourquoi  auffi  les 
fquirres  &  les  polypes  utérins  occafionnent 
l’avortement  ,  parce  qu’ils  ne  permettent 
pas  à  la  matrice  de  fé  diftertdre  afiez. 

Cette  diftenfion  fe  fait  à  la  vérité  lente¬ 
ment,  mais  cependant  ce  n’eft  pas  fans  quel¬ 
que  divulfion  de  nerfs. 

Pour  être  convaincu  de  l’effet  que  peut 
produire  cette  diftenfion,  ilfuftit  de  faire 
attention  a  ce  que  produit  une  fupreflion  de 
réglés  d’un  ou  deux  mois  ;  fou  vent  le  feul 
effort  que  fait  la  matière  des  réglés,  pour  s’é¬ 
couler,  occaiionne  des  douleurs  de  colique 
prefque  infupportables ,  &  il  y  a  bien  des 


De  V  Accouchement.  431 

femmes  qui  reffentent  périodiquement  ces 
douleurs  ;  d’après  cela,  on  ne  doit  pas  douter 
qu’une  pléthore  de  neuf  mois  ne  donne  lieu 
à  de  pareilles  incommodités,  mais  plus  gra¬ 
ves  ;  on  peut  objeder  que  le  fétus  pefe  juf- 
qu’à  douze  livres ,  &  que  les  réglés  retenues 
pendant  neuf  mois  ne  pefent  pas  autant  * 
mais  le  fang  ne  fait  qu’une  petite  partie  du 
fétus,  &  il  y  a  dans  ce  poids  de  douze  li¬ 
vres  beaucoup  de  fluide,  qui  ne  peut  pas  être 
mis  en  parallèle  avec  la  quantité  du'fang 
retenu.  Le  gonflement  même  des  vailTeaux 
fpermatiques  &  hypogaftriques,  quiefl:  très- 
grand  dans  les  derniers  temps  de  la  groflef- 
fe,  produit  les  mêmes  effets,  &  encore  plus 
fenflbles  que  ceux  que  produifent  les  réglés 
retenues.  ' 

Ainfi  comme  c’eft  prefque  toujours  k  l’é¬ 
poque  des  regles  que  fe  font  les  avortemens^ 
de  même  l’accouchement  fe  fait  au  temps 
où  devroit  fe  faire  la  neuvième  purgation 
menffruelle  ;  c’efl;  pourquoi  le  pléthore  ac¬ 
céléré  l’accouchement  ,  de  même  qu’une 
fievre  aiguë  ;  &  qu’au  contraire  la  foibleffè 
des  parties  &  le  chagrin  le  retardent. 

Une  femme  qui  n’accouchoit  qu’au  dour 
zieme,  treizième  ou  quatorzième  mois,avoit 
fes  réglés  pendant  fa  grofTefTe  ;  une  faliva- 
icion  a  prolongé -la  groffelTe  jufqü’k  douze 


De  r Accoüchcmenti 

mois  ;  cependant  pour  ne  pas  pouffer  cefe 
trop  loin ,  il  faut  fé  refîouvenir  qüe  les  bru¬ 
tes  qui  n’ont  point  de  réglés  mettent  bas 
leurs  petits. 

Il  eft  croyable  aufli  que  la  diftenfion  que 
la  matrice,  qui  eft  feniiblê  dc  coritradile  ,' 
éprouve  de  la  part  d’üne  mafte  qui  eft  d’une 
certaine  dureté ,  dcqui  eft  ofteufe  en  par¬ 
tie;  que  fes  contrarions  fur  ie  fétus  qui  lui 
offre  de  la  f éftftailce  ;  &  enfin  que  k  pref- 
fioii-qff  exercent  fur  elle  lesmufcles  du  bas? 
ventre,  font  naître  les  douleurs  que  les  fem-' 
mes  reffentent ,  &  qui  les  incommodent 
dans  le  dernier  mois  de  leur  groffelfe ,  qui 
celTent  &  reviennent  avec  plus  de  violence^ 
éc  qui  foüvent,  comme  je  l’ai  remarqué 
leur  font  croire  qu’elles  vont  accoucher  j 
quelquefois  quinze  jours  avant  qu’elles  ac¬ 
couchent.  _ 

Que  ces  incommodités  font  d’autant  plus 
grandes ,  qu’en  même  -  temps  les  eaux  dé 
î’amnios  font  en  proportion  en  bien  moin¬ 
dre  quantité  ,  &  que  par  conféquent  ell^ 
mettent  la  matrice  bien  moins  à  l’abri  de 
cette  preffiprié  .  .  ^ 

On  impute  auffi  Ces  incomrnbdités  aux 
eaux  &  au  placenta,  qui  commencent  a  fe 
corrompre  ,  &  à  la  force  du  fang  ütérin:;ÿ 
qui  étant  repoüffé  pat, le  placenta,  qui.n-a 
■  ■  -  '  plu^ 


V Accôuchimtiité  4^ J 

de  vie  ,  dilate  les  vailTeaux  dé  la  ma« 
trice  ;  mais  on  ne  peut  pas  croire  que  cette 
corruption  ait  lieu. 

Il  eft  vraifemblable  qu’a  mefure  que  la 
groffelTe  avance  j  la  matrice  s’amollit  de 
devient  de  plus  en  plus  vafculeufe ,  puif-* 
qu’on  appercoit  des  vaiffeaux  fort  apparens 
dans  la  membrane  interne  ;  qu’au  contraire 
le  placenta  &  le  fétus  prennent  plus  de  foli-* 
dité  \  que  par  l’augmentation  de  leur  pefan- 
teur  j  ils  caufent  des  diftraétions  a  la  m-em- 
brane  délicate  dont  j’ai  parlé  ;  il  efi  croya¬ 
ble  auffi  qu’il  furvient  une  efpece  d’inflam^ 
matiop  à  la  matrice ,  quand  le  fétus  efî:  par-  / 
venuà  fon  accroilTement  parfait,  &  qualors 
les  forces  de  fon  cœur  né  peuvent  pas  faci¬ 
lement  le  faire  étendre  davantage:  qu’ainfi 
le  paffage  du  fang  delà  matrice  au  placenta^ 
eft  devenu  plus  difficile  qu’il  ne  Tétolt,  dans 
le  temps  que  le  fétus  étant  plus  tendre,  la 
dérivation  s’en  faifoît  aifémênt  vers  lui  ;  & 
qu’ainft  il  s’amafle  dans  les  membranes  in¬ 
térieures  de  la  matrice ,  comme  il  le  fait 
ailleurs,  quand  il  rencontre  quelque  obftacls 
à.  fôn  cours  j  que  même  le  fétus  étant  en  bas^ 
&  fufpendu  au  placenta,  fa  pofition  en  pro- 
dùit  le  décolement  ;  que  la  membrane  de  la 
matrice  en  eft  agacée,  que  les  nerfs  en  font 
irrités,  &  entrenp  comme  en  coiivulfiom 
Tom&  IL  Ee 


De  r Accouchement. 

Un  furcroit  de  preuves  contre  ce  fend- 
înenc,  c’eft  que  très-fouvent  il  refte  dans  la 
matrice  après  l’accouchement  des  lambeaux 
du  chorion  ;  que  le  placenta  refte  après  la 
fortie  de  l’enfant,  &  que  certains  animaux 
qui  n’ont  point  de  placenta ,  n’en  mettent 
pas  moins  bas  leur  portée. 

§.  VII.  Caufes  de  V accouchement. 

Nous  avons  parlé  des  différentes  incom¬ 
modités  qui  provoquent  l’accouchement; 
je  crois  que  ce  font  ces  incommodités,  qui 
en  augmentant  d’intenfiré ,  au  point  de  pa- 
roitre  infupportables  à  la  mere,  font  la  caufe 
de  l’accouchement  ;  car  cette  action  eft  vo¬ 
lontaire  comme  celle  de  rendre  fes  excré- 
niens,  quoi  qu’une  douleur  qu’on  ne  peut 
pas  fupporter  force  la  volonté  ;  c’eft  pour 
cette  raifon  que  les  fage- femmes  s’expo- 
fent  à  des  accidens ,  quand  par  impatience, 
ou  par  l’inquietude  des  ailiftans,  elles  met¬ 
tent  les  femmes  en  travail  avant  le  temps; 
aufii  les  filles,  que  des  amours  clandeftines 
ont  rendu  meres ,  retardent-elles  très-fou- 
vent  leur  accouchement ,  &  ne  s’y  prêtent- 
elles  que  quand  il  n’y  a  plus  moyen  de  dif¬ 
férer  ;  j’en  connois  qui  reifentant  déjà  de 
fortes  douleurs ,  ont  été  à  pied  chez  une 
fage-femme,  &  qui  font  revenues  environ 


De  V Accouchement.  43^ 

ime  heure  après.  U  y  a  peu  de  différence 
entre  les  douleurs  qui  font  la  caufe  pro¬ 
chaine  de  l’accouchement  &  le  ténefrae  ; 
car  les  femmes  qui  n’ont  pas  encore  fait 
d’enfàns  s’y  méprennent,  &  confor. dent  fun 
avec  l’autre.  Je  crois  que  l’effort  de  la  tête  de 
l’enfant  fur  le  col  de  la  matrice, &  fur  les  par¬ 
ties  fenfibles  contenues  dans  le  bafîin,  font 
la  vraie  caufe  des  effort?  que  fait  la  mere 
pour  accoucher  (i  )  ;  les  autres  incommo- 
dites  dont  j’ai  parlé  difpofent  peu-à-peu  la 
-matrice,  la  veffe  &  l’iiiteftin  reêlum  à  ne 
pouvoir  plus  fupporter  ces  douleurs  ;  ainfi. 
plus  une  femme  fera  fenlible  ,  plus  fon  ac¬ 
couchement  fera  précoce  ;  effeffivement  les 
femmes  fort  fenfibles  ne  vont  prefque  ja¬ 
mais  j  ufqu’au  neuvième  mois  *  ainfi  la  moin¬ 
dre  caufe  irritante  avance  l’accouchement  ; 
l’accouchement  fe  fait  prefque  toujours 
avant  le  neuvième  mois  quand  il  y  a  deux 
enfans,  &  à  plus  forte  raifon  quand  il  y  en  a 
trois  ;  au  contraire  un  grand  repos  d,e  corps 
&  d’efpritretarde  raccouchement,de  même 
qu’une  paffion  vioiente  qui  émoufié  toute 
autre  âèiion. 

("1)  Mais  it  y  a  des  douleurs  auffi  fortes  quand  l'enfant 
préfente  la  main  ,  les  pieds  ,  le  senon  ,  ie  coude  ^  &c.  ôc 
ces  douleurs  font,  auffi, faire  des  efforts  ,  puifc|ue  les  Ac¬ 
coucheurs  engagent.les  femmes  à  ne  point  pa  faire  dans 


43^  V  Accouchement 

Par  analogie  on  a  attribué  au  fétus  h 
caufe  de  raccouchement  ;  il  eft  vrai  que  le 


poulet  rompt  fes  membranes  &  caffe  la  co* 
quille  de  fou  oeuf,  car  j’ai  vu  la  fente  de  la 


coquille  vis-k-vis  le  bec  de  l’animal. 

Les  infeéfes  &  les  ferpens  fortent  de  leur 
œuf,  par  leur  propre  force. 

Mais  011  ne  peut  pas  raifonnablement  en 
dire  de  même  des  animaux  qui  ont  pris  leur 
accroifîement  dans  une  matrice  mufculeu- 
fe ,  ni  par  conféquent  de  l’homme. 


Quelques  anciens  &  des  modernes  ont 
dit  que  l’enfant  cherchoit  k  fortir,  parce 
que  dès  qu’il  eft  privé  des  eaux  de  l’amnios, 
il  n’a  pas  aftez  de  nourriture,  &  qu’il  eft 
affamé  ;  d’autres  ont  dit  qu’il  vouloit  fortir, 
parce  qu’il  avoit  befoin  de  refpirer  ;  d’au¬ 


tres  parce  que  fon  méconium  lui  irritoit  les 
inteftins  ;  d’autres  parce  que  fes  eaux  étoient 
acrimonieufes  ;  d’autres  enfin  parce  qu’il 
ne  pouvoit  plus  refter  dans  la  même  fitua- 
tion. 


On  cite  encore  pour  preuve,  les  exemples 
d’enfans  qui  font  fortis  vivans  de  la  matrice 
après  la  mort  de  leur  mere. 

Mais  quand  j’ai  fait  attention  k  ce  que 
dans  la  plupart  des  accouchemens ,  même 
les  plus  heureux,  l’enfant  refte  fans  le  moin¬ 
dre  mouvement ,  la  tête  engagée  dans  le. 


DeT Accouchement.  437 

baffin,  foüvent  même  afîez  long-temps ,  & 
qu’an  enfant  mort  fort  prefque  avec  autant 
de  facilité  qu’un  enfant  vivant  ;  outre  cela,, 
quand  j’ai  réfléchi  fur  l’extrême  compref- 
fion  que  la  mere  exerce  fur  elle-même  ,  & 
dont  elle  augmente  la  force  par  une  longue 
&  forte  infpiration,  j’ai  facilement  com¬ 
pris  que  c’eft  a  la  mere  feule  qu’on  doit  at¬ 
tribuer  lacaufe  de  l’accouchement,  comme 
le  difent  les  meilleurs  Auteurs  des  traités 
d’accouchemens  ;  mais  je  n’ai  pas  oublié 
que  quelquefois  l’enfant  caufe  des  douleurs 
à  la  mere,  ou  parce  qu’il  eft  trop  gros  ou 
trop  folide ,  ou  par  fes  mouvemens. 

Il  eft  certainement  difficile  d’expliquer 
comment  il  fe  peut  faire  qu’une  femme  ac* 
couche  fans  le  favoir,  étant  en  délire,  en¬ 
dormie,  immobile,  en  apoplexie,  en  épi^* 
lepfîe,  en  convulfîons,  enfin  d’une  foiblefle 
extrême  &  même  à  ragonie. 

De  plus,  il  y  a  des  femmes  qui  font  ac¬ 
couchées  après  leur  mort,  le  lendemain ,  le 
furlendemain,  ou  4  jours  après,  quelques- 
unes  même  d’enfant  vivant  ;  quelques-uns 
de  ces  enfans ,  fi  i’hiftoire  en  eft  vraie,  font 
fortis  par  leurs  propres  forces.  ' 

Ce  qui  diminue  cependant  la  force  de 
cette  objeêfion,  c’eft  que  de  ces  enfans 
nés  après  la  mort  de  leur  mere  ,  la  plupart 
Eeüj 


438 


jDe  V Accouchement. 


éroient  morts,  ou  ont  été  extraits  :  ces  exem¬ 
ples  ne  prouvent  donc  pas  que  le  fétus  em¬ 
ployé  fes  forces  a  fe  faire  paflage. 

On  peut  attribuer  la  fortie  de  quelques-; 
uns  de  ces  enfans ,  ou  à  la  force  contradile 
dont  jouit  la  matrice  même  après  la  mort , 
&  que  )’ai  fouvent  reconnue  en  enlevant  la 
matrice  ;  ou  à  f  aétion  de  l'air  'occafionné 
par  la  putréfaction  ;  car  Tair  a  pu  faire  com- 
preffion  fur  la  matrice  qui  étoit  relâchée  par 
la  mort  du  fujet,  &  en  faire  fortir  le  fétus, 
par  le  même  méchanifme  que  le  fait  la  pref- 
iîon  de  la  matrice,  ou  qu'une  liqueur  injec¬ 
tée  dans  les  vailTeaux  d’un  animal,  fiitéva^ 
cuer  .ies  matières  contenues  dans  le  bas- ven¬ 
tre. 

J’ai  fouvent  vu  fortir  du  fang  par  la  bon-? 
che  d’une  femme  morte  en  couche. 


§.  VIIÎ.  Le  temps  de  V accouchement.. , 
1°.  U  accouchement  prématuré. 

On  voit  aifement  que  ce  temps  ne  peut 
pas  être  ftridement  fixe  ;  l’accouchement 
peut  être  avancé,,  parce  que  le  fétus  aura 
trop  de  volume ,  ce  qui  dépend  fouvent  de 
la  taille  du  pere  ;  on  en  a  Texemple  dans  les 
chiens  ;  parce  qu’il  aura  pris  trop  d’accroif^ 
fement  j  parce  que  fes  os  feront  trop  tôtper- 


De  F  Accouchement.  439 

£e£^ioiifîés  ;  parce  qu’il  fera  trop  tôt  def» 
cendu  dans  le  bafîin,  &  qu’il  comprimera 
davantage  l’orifice  de  la  matrice  ;  parce  que 
la  mere  fera  trop  fenfible ,  que  les  fibres 
utérines  feront  plus  contradiles  y  plus  faci¬ 
les  à  fe  mettre  en  jeu  ;  parce  qu’il  y  aura  une 
trop  grande  pléthore  à  la  matrice  parce 
que  la  matrice  &  les  vifeeres  du  bas-ventre 
auront  été  fortement  irritées  ;  mille  canfes 
peuvent  accélérer  l’accouchement  y  &  les 
caufes  contraires  peuvent  le  retarder. 

La  chaleur  de  Fœuf  augmentée  accéléré 
l’accroiffement  du  poulet  ;  fi  elle  efl:  dimi?» 
nuée,  elle  le  retarde  ;  dans  l’Inde  le  ver  a 
foie  éclot  le  vingt-huitieme  jour ,  ce  n’eft , 
que  le  quarantième  en  Angleterre  ;  dans 
î’hyver  les  poulets  fortent  plus  tard  de  leur 
coquille  ;  dans  les  Mes  Antilles  j  ils  en  for- 
tenr  plutôt  que  dans  nos  climats. 

Ainfi  quoique  la  loi  commune  dans  notre 
efpece  foit  que  la  femme  accouche  à  neuf 
mois  J  c’eft-à-dire ,  après  la  trente-neuvieme 
femaine,  &  que  ce  fbit-là  le  terme  ordinaire 
de  la  nature  humaine,  cependant  je  ne  crois 
pas  que  ce  terme  foit  allez  certain  pour  que 
ce  ne  foit  pas  un  peu  plutôt  ou  un  peu  plus 
tard  ;  puifque  beaucoup  de  caufes  irritan¬ 
tes,  comme  une  trop  grande  pléthore,  une 
frayeur  ou  d’autres  événemens  peuvent  auffi 
E  e  iv 


440  De  V  Accouchement. 
accélérer  l’accouchement ,  &  qu^au  con¬ 
traire  la  frayeur,  le  chagrin,  la  langueur, 
le  défaut  de  nourriture  &  une  maladie  vio¬ 
lente  peuvent  le  retarder.  Arifton,  Roi  de 
Sparte,  fut  trop  rigoureux  de  défavouer  fon 
fik  Demarat ,  parce  qu’il  n’y  avoit  pas  dix 
mois  qu’il  étoit  marié,  quand  ce  fils  vint  au 
monde. 

En  général  il  efialTez  raifonnablede  croire 
que  les  enfans  vivent  moins,  quand  ils  ne 
naifîent  pas  a  terme. 

C’eft  pourquoi  on  croit  qu’en  Egypte, 
enGrece,  &  encore  plus  dans  l’Europe  fep- 
tentrionale ,  les  enfans  qui  viennent  à  huit 
mois,  comme  ceux  qui  approchent  de  neuf, 
font  abfolument  viables ,  quand  même  ils 
feroient  jumeaux  de  trois,  &  plus  viables 
que  ceux  qui  naifient  a  fept  mois,  parce 
qu’ils  approchent  plus  du  terme  naturel. . 

On  peut  mettre  au  nombre  des  erreurs 
de  l’Auteur  du  livre  d’Hyppocrate,  que  les 
enfans  qui  naifient  à  huit  ne  font  pas  via¬ 
bles,  &  la  caufe  qu’il  en  donne  eft  étrangère 
a  la  nature  du  fétus  ;  car  plus  il  eft  près  de  fon 
terme,  moins  il  dort,  &  plus  il  remue  fré¬ 
quemment  ;  à.  moins  que  peut-être  ayant 
déjà  la  tête  en  bas ,  dans  le  dernier  mois ,  il 
cefie  fes  mou ve  mens. 

Mais  il  paroit  que  cette  erreur  vient  des 
Mathématiciens  Chaldéerp^ 


De  V Accouchement.  44^ 

Pythagore  admit  îe  nombre  de  2 1 0  jours 
comme  le  moindre  ;  d’autres  comptent  21 4 
&  2î^  jours. 

Cependant  comme  il  y  a  un  grand  inter¬ 
valle  éntre  le  feptieme  mois  &  le  neuvième, 
en  recherchant  les  lignes  qui  font  connoître 
que  l’enfant  n’eft  pas  k  terme,  j’ai  remarqué 
que  la  fontanelle  eft  plus  grande,  que  fa 
bouche  eft  plus  large  &  plus  fendue ,  qu’il 
a  peu  de  cheveux ,  &  qu’ils  font  moins  Co¬ 
lorés,  que  fes  ongles  fonç  mous,  &  même 
qu’il  n’en  a  point  ;  qu’il  eft  plus  petit  qu’on 
ne  doit  l’attendre ,  vu  la  taille  du  pere  &  de 
la  mere;  que  fes  membres  font  plus  fouples , 
qu’il  eft  plus  aftbupi ,  qu’il  eft  foible ,  qu’il 
ne  vit  pas  long-temps ,  &  enfin  qu’il  ne  voit 
pas  •  car  au  feptieme  mois  la  membrane  de 
"W^achendorlF exifte  prefque  en  entier,  au 
lieu  que  la  plupart  du  temps  elle  n’exifte 
plus  au  neuvième. 

Moins  l’enfant  approchera  du  terme  de 
fépt  mois,  plus  j’aurai  de  peine  k  croire  qu’il 
puiffe  être  parfait  &  viable ,  &  qu’il  vive 
quelque  temps. 

Le  fétus  ne  peut  vivre  avant  le  feptieme 
mois. 

Il  y  a  quelques  Académies  &  quelques 
Médecins  qui  ont-  prétendu  que  l’enfanc 
écoit  viable  k  1^0  jours,  k  185  ,k  184,^^ 


442-  De  V Accouchement, 

183  ,  a  182  ï,  &  k  182.  Polybe  &  Ulpias 
ont  donné  182  jours  pour  le  premier  terme 
de  l’accouchement  ,  quelques-uns  même  eu 
ont  retranché  un  jour,  &  le  fixent  k  181. 

Tout  cela  me  paroît  fort  fufpecl:  ;  on  ne 
doit  pas  à  la  vérité  toujours  prononcer  en 
juftice  fur  un  point  qui  eft  un  peu  douteux  ; 
mais  il  eft  permis  de  le  faire  dans  un  oii-^ 
vrage  tel  que  celui  -  ci ,  dont  l’Auteur  n’a 
rien  k  appréhender,  &  qu’aucun  intérêt  n’en¬ 
gage  k  adopter  un  mauvais  fentiment. 

J’avoue  cependant  qu’il  y  a  eu  des  parts 
de  fîx  mois ,  par  fuperfétation.  (  i  ) 

On  a  beaucoup  écrit  fur  des  accouche- 
mens  à  178 ,  177, 173,  171,  &  1 70.  jours  ; 
fur  des  trijumeaux  nés  k  168  jours,,  &  fur 
un  fétus  de  160  jours. 

Les  anciens  nioient  que  les  enfans  fufient 
viables  au  fixieme  mois ,  quoiqu’il  y  ait  plu- 
fieurs  hiftoires  d’ enfans  nés  k  180  jours  & 
a  léo  ;  mais  je  ne  croirai  jamais  que  ces 
fétus  n’ayent  été  fort  imparfaits ,  ni  qu’ils 
ayent  pu  vivre  long-temps. 

Je  le  croirois  encore  plus  difficilement 
avant  le  fixieme  mois ,  &  je  n’ai  jamais  été 
de  l’avis  des  Avocats  qui  vouloient  faire  pafi 

(1)  s’il  y  a  eu  des  accouchemcns  à  fix  mois,  par  fupcrfé- 
.  ration  ou  autrement,  il  eft  certain  que  les  eufans  lî’ont  pas 
pu.  vivre  ,  ainiî  cela  ne  prouve  rien. 


JDô  V Accouchenunt,  443 
fer  pour  légitime, un  enfant  né  environ  à  1 6  ^ 
jours. 

Pareillement  les  anciens  n*ont  point  ad¬ 
mis  les  parts  de  cinq  mois,  quoique  quel- 
dues'modernes  les  ayent  admis  ;  à  ce  terme 
le  fétus  eft  fi  petit ,  fi  difFérent  d’un  fétus  à 
terme,  il  a  le  trou  ovale  fi  grand ,  &  le  pou¬ 
mon  fi  étroit,  que  je  ne  puis  croire  qu’il  foie 
capable  de  refpirer  •  en  pourroit  alléguer 
pour  raifon  la  grande  chaleur  du  climat. 

A  Leipfick  on  n’a  point  rej  etté  un  enfant 
de  133  jours,  qui  a  vécu  trois  jours  ;  d’au¬ 
tres  ont  regardé  ce  part  comme  un  avorte¬ 
ment  ;  un  autre  enfant  qu’ils  ont  donné  pour 
être  de  1 40  jours,  étoit  trop  formé ,  &  con- 
féquemment  étoit  plus  âgé. 

Un  Médecin  a  eu  raifon  de  ne  point  ad¬ 
mettre  un  part  de  quatre  mois ,  l’enfant  tê^ 
toit  comme  un  enfant  en  bonne  fanté  -  Car¬ 
dan  en  cite  un  de  cette  efpece  ,  mais  il  11’ eft 
pas  Auteur  bien  exact. 

§.  IX.  Il  ne  faut  pas  non  plus  trop  pro* 
longer  le  terme  de  V accouchement. 

C’eft  l’époque  du  jour  des  noces  qui  très- 
fouvent  fait  des  accouçhemens  prématurés , 
parce  que  les  pârens  veulent  alîurer  un  état 
à  un  enfant  qui  efl;  né  trop-tôt  ;  de  même 
ç’eft  le  jour  cb  la  mort  du  mari  qui  fait  que 


444  V Accouchement. 

les  veuves  qui  ont  imité  la  matrone  d’É- 
phefe,  difent  que  leur  grolIelTe  a  été  pro¬ 
longée  ,  afin  que  l’enfant  qui  eft  né  trop- 
tard,  jouilTe  de  l’état  de  celui  qu  elles  en  di¬ 
fent  le  pere. 

Je  conviens  que  la  grofTelTe  peut  être 
prolongée  de  quelques  jours,  &  même  de 
quelques  femaines;  mais  dans  ce  cas,  il  faut 
que  de  la  part  de  la  mere,  on  puifie  l’impu¬ 
ter  manifeftement  au  chagrin  &  a  la  lan¬ 
gueur,  ou  qu’il  y  ait  du  côté  de  l’enfant 
des  fignes  qui  manifeftent  qu’il  eft  trop 
formé,  qu’il  ait  la  fontanelle  fort  étroite, 
la  bouche  moins  grande ,  les  cheveux  plus 
longs  &  plus  foncés  en  couleur,  les  ongles 
plus  formés ,  des  dents  forties ,  qu’il  foit  de 
plus  grande  taille,  qu’il  ait  la  voix  plus  forte, 
la  vue  plus  parfaite ,  &  les  os  plus  durs. 

Les  Romains  accordoient  à  la  mere  le 
dixième  mois  tout  entier,  mais  pas  au-delà. 

On  peut  rapporter  à  cela  un  Arrêt  du 
Parlement  de  Paris,  qui  a  déclaré  légitime 
une  fille  née  à  304  jours  ;  &  dans  bien  des 
cas  les  Médecins  ont  été  de  cet  avis. 

Les  décifions  du  Barreau  font  contradic¬ 
toires  fur  ce  point;  car  il  y  a  eu  des  Juges 
qui  ont  déclaré  illégitime  un  enfant  de  309 
jours,  &  d’autres  un  de  312,  tandis  que 
d’autres  ont  déclaré  légitime  un  part  de  3 


De  V Accouchement  ^44$ 

(&  même  d'autres  beaucoup  plus  tardifs. 
Ariftote  a  autrefois  admis  le  part  de  onze 
mois,  &  Hadrianus  l'a  admis, auffi,  ainfi 
que  Varron  qui  eft  encore  plus  ancien  ;  il  y 
a  des  modernes  qui  ont  été  favorables  à  cette 
opinion,  &  même  Pierre  d'Apone,  fi  connu 
par  le  nom  de  Conciliateur,  dit  qu’il  eft  né 
à  onze  mois  ;  il  y  a  eu  aufii  quelques  Bar¬ 
reaux  qui  ont  admis  ces  fortes  de  parts  ;  on 
a  dit  qu’une  maladie  lente  avoir  prolongé 
une  grofîefîe  jufqu’a  onze  mois. 

Cependant  Uîpian ,  Juftînien,  &  les  Dé¬ 
cemvirs  ne  font  point  de  cet  avis ,  &  autre¬ 
fois  les  Lacédémoniens  ne  les  admettoient 
point  ;  à  Leipfick  on  a  déclaré  illégitime 
un  part  de  3 2 <5  jours  ;  Amman,  Perménion, 
Held,  Manningham,  &  tous  ceux  qui  ont 
été  finceres,  les  ont  rejettés  ;  depuis  peu  ily 
a  eu  a  Paris  un  grand  procès  fur  un  part  de 
320  jours  au  moins  ;  M.  Louis  a  foutenü 
qu’il  étoit  illégitime,  d’autres  ont  prétendu 
le  contraire. 

On  a  été  encore  plus  loin  :  il  y  a  des  Au¬ 
teurs  qui  regardent  comme  légitimes  des 
enfans  nés  à  douze  mois ,  ce  font  même  des 
Jurifconfultes  &  des  Médecins. 

Plevier  dit  que  cela  eft  arrivé  aune  femme 
qui  avoir  été  affoiblie  par  la  falivation  j  mais 


44<3  V Accouchemmt. 

Caranza  qui  parle  plus  franchement .  le  nie, 
ainfi  qu’Hafeneft. 

Papirius ,  au  rapport  de  Pline ,  admet  un 
part  de  treize  mois. 

Cardan  dit  que  fon  pere  eft  në  a  treize 
mois,  &  Heifter  foutienc  que  cela  peut  être. 

C’eft  contre  mon  gré  que  j  e  parie  de  parts 
de  14, de  1(3, de  17,  de  i8,de  19,  de  20, de 
2  2,  de  2  3,  de  2  4  mois,  &  plus,  qu’on  a  voulu 
faire  paiTer  pour  légitimes ,  dans  lefquels 
on  dit  que  les  enfans  ont  vécu,  &  n’étoienC 
pas  plus  gros  qu’un  enfant  né  au  terme  na¬ 
turel  ;  il  en  eft  de  ceux-là  comme  de  ceux 
de  ftx  &  de  cinq  mois. 

J’avoue  qu’il  feroit  fort  difficile  de  me  le 
prouver. 

La  loi  de  la  nature  eft  conftante  dans  tou¬ 
tes  fes  produftions  ;  chaque  animal  a  fon 
terme  de  geftation ,  ce  terme  eft  fixe ,  ou 
du  moins  ne  peut  varier  que  de  bien  peu  j 
la  jument  met  bas  le  onzième  mois,  ou 
au  commencement  du  douzième;  il  en  eft 
de  même  de  i’ânelfe  ;  la  vache  après  le  neu¬ 
vième  mois,  ou  le  dixième  ;  U  biche  porte 
neuf  mois  ;  de  même  que  la  renne  ;  la  bi¬ 
che  d’Amérique  fix  mois  ;  la  chevre  fau- 
vage  cinq  ou  un  peu  plus  ;  la  brebis  porte 
autant  de  temps  ;  la  lapine  &  la  femelle  du 


Dt  V  Accoüchemenî,  447 
lievre  trente-un  jours  ;  la  truie  cinq  mois  ; 
î’ourfe  feize  femaines  ;  la  louve  cent  jours  ; 
la  chienne  foixante  ■  la  chatte  cinquante- 
cinq  ;  la  femelle  du  dauphin  dix  mois  ;  le 
chien  de  mer  neuf  &  dix  mois. 

Ceftla  même  chofe  dans  les  volatiles; 
les  cygnes  couvent  leurs  œufs  deux  mois  ; 
les  oyes  trente  jours  ;  la  pintade  vingt-huit , 
le  canard  ving-fept  ;  la  poule  vingt-un,  & 
les  ferins  treize  jours. 

Tous  les  volatiles  ne  font  donc  pas  for¬ 
més  en  vingt-un  jours. 

Tout  ceci  fait  voir  que  chaque  animal 
a  fon  temps  de  geitation  fixe,  &  qu’en 
général  les  animaux  herbivores  portent 
plus  long-temps ,  puifque  la  brebis,  qui  eli 
de  beaucoup  plus  petite  que  l’ourfe ,  porte 
plus  long -temps  quelle  ;  en  général  les 
grands  animaux  portent  plus  &  les  petits 
moins  long-temps. 

Il  ne  faut  pas  croire  que  la  femme  feule 
fera  hors  de  la  réglé  générale ,  puifqu’il  y 
en  a  qui  annoncent  d’avance  le  jour  de  leur 
accouchement  ;  ni  que  de  légères  çaufes 
puifient  avancer  ou  retarder  l’accouche¬ 
ment,  puifque  même  les  mauvaifes  meres, 
qui  s’efforcent  de  fe  faire  avorter  par  l’ufage 
de  médicaraens  très- forts,  n’en  accouchent 
pas  moins  au  terme  ordinaire  ;  je  me  fou- 


De,  r Accouchement 

viens  d’avoir  traité  une  fille  qui  avoit  pris  de. 
la  fabine  pendant  long-temps ,  &  à  grande . 
dofe  J  &  qui  néanmoins  n’a  pas  retardé  fon, 
accouchement  d’un  feul  jjour,  quoique  l’u" 
fage  de  ce  mauvais  remede  lui  eût  donné 
une  toux  &  un  crachement  de  fang. 

J’attribue  donc  une  grande  partie  de  ces 
retards  ou  avancemens  de  l’accouchement, 
à  la  néceffité  où  font  les  femmes  de  dégui- 
fer  le  vrai  terme  de  leur  grofîefle  ;  d’autres 
même  mariées,  qui  ne  font  pas  dans  le  cas  de 
diflimuler,  peuvent  s’être  trompées  ;  elles 
auront  pris  pour  l’époque  de  leur  grofielfe 
la  première  fupprefiîon  de  leurs  réglés, 
elles  fe  trompent  de  plufieurs  mois ,  foie  que 
leurs  réglés  ayent  coulé  dans  les  premiers 
temps  de  leur  grofiefîe ,  ou  qu’elles  ayent 
été  fupprimées  avant  qu’elles  foient  deve¬ 
nues  grofies.  C’eft  pour  cette  raifon  que  les 
Accoucheurs  les  plus  expérimentés  ont  re¬ 
gardé  comme  impoflible  de  déterminer  le 
temps  de  la  conception. 

Ainfi  nous  regardons  comme  des  événe- 
mens  des  plus  rares ,  &  comme  l’effet  de 
caufes  très-puilfantes,  les  accouchemens 
retardés  ou  avancés  de  beaucoup ,  cités  par 
les  Auteurs  dignes  de  foi. 


De  VAccoucheînèfLt,  449 
1^.  Phénomènes  de  V accouchement» 

,  C’eft  l’intenfité  des  caufes  qui  ont  pré** 
cédé,  qui  eit  la  vraie  caùfe  de  l’accouche" 
ment,  (i) 

L’orifice, de  la  matrice  s’amollit  de  jour 
en  jour,  il  s’entrouvre  &;  eft  fiéant  avant 
l’accouchement ,  fouvent  même  plufieurs 
jours  auparavant  ;  on  l’a  trouvé  béant  dans 
quelques  femmes  dès  le  fixi'eme  mois ,  au 
feptieme,  au  huitième,  au  commencement 
du  neuvième,  les  deux  derniers  mois,  21 
jours  ,14  jours  ,14  jours  avant  l’accouche¬ 
ment;  mais  ce  relâchement  de  l’orifice  n’efï 
pas  tant  la  caufe  de  l’accouchemeiît,  qu’il  eft 
l’effet  des  agens  de  l’accouchement; car  les 
femmes  chez  lefquelles  l’orifice  ne  fe  dilate 
qu’au  temps  même  du  travail,  chez  lefquel- 
les  il  eft  très-étroit  dès  le  commencement, 
ou  entièrement  fermé  par  quelque  vice , 
n’en  accouchent  pas  moins  ;  on  a  vu  cet 
orifice  fe  déchirer  par  les  efforts  de  l’accou¬ 
chement,  on  a  même  quelquefois  été  obligé 


(  !  )  Il  fembieroit  par  ce  que  dit  llAuteuf,  que  les  caufes  de 
l’accouchement  exiftent  dès  le  coaimenceménr  de  lagrof- 
fé/Te ,  ou  du  moins  long-temps  avant  fa  fin.  Je  crois  au 
contraire  qu’il  eft  prouvé  que  cette  caufe  ne  commence  à 
agir,  &  ne  le  peuvnême,que  quand  les  caufes  de  la  grolTelTe, 
c’eft-à-dire ,  de  l’expanfion  de  la  matrice  ,.ne  peuvent  plus 
agir  ultérieurement. 

Tome  II  Ff 


V Accouchcîmnt. 

de  Tincifer  ;  fouvent  même  après  avoir  com¬ 
mencé  à  fe  dilater  il  fe  referme. 

Les  glaires  blanches  qui  coulent  en  abon¬ 
dance  avant  l’accouchement ,  deviennent^ 
alors  fanguin^)lentes,  parce  qu’elles  font 
mêlées  avec  le  fang  qui  coule  de  Torifice 
de  la  matrice,  &  les  fage- femmes. regar¬ 
dent  cet  écoulement  comme  ligne  d’un  ae- 
coüchement  prochain  (i)  ;  l’écoulement  de 
ces  glaires  eft  l’effet  du  frottement  qui  eft 
produit  par  les  caufes  de  l’accouchement, 
qui  font  déjà  portées  à  un  haut  degré  d’in- 
tenfité  ;  ces  glaires  font  néceffaires  pour 
modérer  l’effet  des  frottemens  que  fait  l’en¬ 
fant  en  avançant. 

Ainfi  la  première  chofe  qui  fe  manifefte 
dans  l’accouchement,  ce  font  les  douleurs 
dont  nous  avons  parlé,  qui  augmentent  de 
plus  en  plus  ;  elles  commencent  dans  la  ré¬ 
gion  des  lombes ,  &  viennent  répondre  au 
pubis  ;  elles  reffembleîit  a  des  épreintes  ;  elles 
font  d’abord  plus  éloignées  &  moins  vives, 
enfüite  elles  fe  rapprochent  &  font  plus  ai¬ 
guës. 


(i)  C’eft  une  grande  erreur  5  car  très-fouvent  ces  glai¬ 
res  font  fanguinolentes  dès  les  premières  douleurs  ,  SC 
néanmoins  le  travail  dure  encore  fort  loog-remps  •,  il  s’é¬ 
coule  même  quelquefois  des  glaires  fanguinolentes  iiuît 
Jours  avant  l’accoucliement. 


De  f: Accouchement.  4^r 

Quand' ces  douleurs  font  devenues  plus 
fortes ,  elles  ne  prennent  plus  que  par  inter¬ 
valles,  &  cotiirtie  par  accès,  &  pendant  que 
chaque  douleur  pouffe  f  enfant  en  bas  ,  l’o¬ 
rifice  intérieur  de  la  matrice  fe  relâche  un 
peu,  &  il  s’engage  dans  cet  orifice  une  plus 
grande  portion  des  membranes  du  fétus , 
qui  contiennent  encore  les  eaux ,  &;  la  po- 
clie  qu’elles  font  eft  dure  &  tendue  ;  c’efi;  ce 
qu’on  appelle  les  vraies  douleurs  de  l’accou¬ 
chement,  les  douleurs  expultrices. 

Après  que  chaque  douleur  eft  paffée,  l’o¬ 
rifice  fe  refferre  un  peu ,  les  eaux  remon¬ 
tent  auffi  un  peu,  elles  ne  font  cependant 
pas  fi  haut  qu’avant  la  douleur,  &  l’orifice 
n’eft  pas  non  plus  fi  étroit  qu’il  l’étoit  avant. 

Souvent, ce  travail  eft  lent,  je  l’ai  cepen¬ 
dant  vu  très-précipité;  car  j’ai  quelquefois 
vu  le  travail  ne  durer  que  quinze  minutes. 

J’ai  vu  en  général ,  quand  les  femmes 
étoient  patientes ,  &  qu’elles  s’abandon- 
poient  entièrement  à  la  nature ,  que  le  tra¬ 
vail  ne  diiroit  pas  plus  de  quatre-vingt-dix 
ou  cent  minutes,  (i) 


(i)  L’accélération  ou  le  retardement  de  raccouchemenc 
ne  dépendent  que  bien  peu  de  la  patience  di^la  mere  ;  une  ' 
femme  pufillanime  qui  craint  de  faire  valoir  fes  douleurs  , 
peut  bien  y  apporter  quelque  retard ,  mais  ce  retard  eft 
.  bien  peu  de  ebofe  j&-fouven:  on  voit  des  fepimes  coura-  ‘ 


a  De  V Accouchement, 

Ainfi  comme  chaque  douleur  dilate  To- 
rifice  de  la  matrice  &  fait  avancer  les  eaux, 
c’eft-à-dire,  le  fétus  quilles  pouffe  devant  fa 
fête,  que  la  poche  des  eaux  fait  faillie  dans 
le  vagin,  l’orifice  de  la  matrice  perd  le  peu 
d’épaiffeur  qui  lui  reftoit,  &  fon  cercle  dif- 
paroit  ;  c’eft  fa  partie  poftérieure  qui  s’ef¬ 
face  la  première  ;  cet  orifice  devient  très- 
ample  &  très-mince  ;  on  n’y  reconnoît  plus 
de  levres  -,  il  efl:  aufli  large  que  le  vagin,  & 
il  l’eft  tant,  qu’il  eft  impoilible  qu’il  le  de¬ 
vienne  davantage. 

La  poche  des  eaux  s’avance  dans  le  va¬ 
gin  •  c’eft  l’occiput  qui  fe  fait  fentir  le  pre-  - 
mier  à  l’orifice,  enfuite  le  vertex  fe  décou¬ 
vre  peu-a-peu ,  &  après  on  fent  toute  la 
tête  ;  elle  fait  effort  contre  le  vagin ,  mais 
elle  eft  encore  couverte  des  membranes  qui 
la  devancent  &  qui  ne  fe  font  pas  encore  ♦ 
rompues. 

Alors,  ou  un  peu  plutôt,  quand  la  poche 
des  eaux  s’ eft  avancée  dans  le  vagin,  que 
même  elle  excede  la  vulve,  elle  fe  rompt, 
&  les  eaux  de  l’amnios  s’écoulent  ;  quoi¬ 
qu’il  ne  foit  pas  abfolument  rare  que  l’en¬ 
fant  forte  de  la  vulve  avant  que  les  mem- 

geufes  ,  &  qui*font  conftamment  tous  leurs  efforts  pour 
,  mettre  leurs  douleurs  à  profit  ,  être  fix  ,  huit,  dijt,  douze 
^heures ,  &  même  plus  en  travail  décide. 


De  V Accouchement.  '4^  3 

braiies  fefoient  rompues;  c’eftce  qui  arrive 
aus  brutes ,  &  Boerliaave  regarde  cette  ef- 
pece  d’accouchement  comme  le  plus  heu¬ 
reux  ;  mais  il  faut  pour  cela  que  le  fétus  foit 
fort  petit  en  proportion  de  la  largeur  du 
baflin. 

L’accouchement  dont  parle  la  Motte, dans 
fa  cent  foixante-troilieme  obfervation,  au- 
roit  été  de  cette  efpece,  s’il  n’avoit  rompu 
les  membranes  ,■  de  peur  que  l’enfant  ne  fur 
fulFoqué. 

Il  n’eft  pas  avantageux  de  rompre  les 
membranes  de  bonne  heure ,  ni  de  retarder 
l’accouchement  quand  elles  font  rompues  ; 
car  les  accouchemens  qui  fe  font  à  fec  ont 
leurs  incommodités  ;  les  eaux  en  s’avançant 
dilatent  plus  doucement  l’ofifice  de  la  ma¬ 
trice  ,  au  lieu  que  quand  elles  fe  font  écou¬ 
lées,  les  forces  qui  agiiTent  fur  le  fétus  , 
agilTent  fur  lui  immédiatement,  k  nud  & 
bien  plus  inégalement,  car  lui -même  eû 
inégal  ;  il  a  des  articulations  ;  fes  mains  & 
fes  pieds  font  des  éminences  ;  ces  forces  le 
pouffent  donc  avec  moins  de  douceur  que 
quand  les  eaux  font  encore  renfermées  dans 
les  membranes  ;  car  alors  c’eft  un  tout  bien 
égal  &  uniforme  :  d’ailleurs,  quand  la  ma¬ 
trice  eft  pendant  un  certain  temps  fans  eaux,, 
de  molle  qu’elle  écoit ,  elle  devient  dure ,  & 
Ffiij 


V Accouchement. 

n’eft  plus  auffi  fouple.  J’ajoute  cette  re¬ 
marque,  car  iî  y  a  des  Auteurs  qui  n’atrri-  ' 
buent  aux  eaux  que  peu  de  propriétés,  & 
même  aucune. 

Prefque  auffi- tôt  que  les  membranes  fe 
font  rampues  ,  l’enfant  s’engage  ,  fa  face 
étant  en  delTous ,  fa  tête  s’avance  le  lo^ng 
de  la  cavité  de  l’os  facrum ,  &  c’eft  par-lk 
qu’elle  trouve  une  iffiue  pour  s’avancer  en 
bas  &  en  devant  ;  fouvent  la  tête  étant  ar¬ 
rêté  au  détroit  inférieur  du  baffin  ,  s’al¬ 
longe  &  prend  la  forme  d’un  cône  ;  elle 
diftend  alors  le  vagin  dans  la  partie  fu- 
périeure,  moyenne  &  inférieure,  avec  tant 
de  violence,  que  quelquefois  même  elle 
s’eft  fait  jour  à  travers  un  vagin  dans  lequel 
il  y  avoir  des  cohérences,  &  qui  étoit  bou¬ 
ché.  Elle  diftend  auffi  prodigieufement  le 
périnée,  &  la  peau  des  parties  voilines  ; 
fouvent  elle  fait  fortir  les  excrémens  ;  cette 
diftenfion  forcée  de  la  peau  caufe  les  dou¬ 
leurs  les  plus  aiguës  ;  la  femme  poulTe  des 
cris  perça-ns  ,  elle  eft  faille  d’un  tremble¬ 
ment,  &  enfin  reiifant  fort,  &  exprime  par 
fes  cris  la  preffion  &  la  gêne  qu’il  a  éprou¬ 
vées  ;  dès  que  fa  tête  eft  fortie ,  le  refte  du 
corps  pafle  prefque  toujours  aftez  facile¬ 
ment. 

La  femme  ne  peut  donc  accoucher  fans 
douleur  ;  d’ailleurs ,  de  tous  les  animaux, 


•y  ^  ’ 

De  r Accouchement  4^^ 

f  homme  eft  le  feul  qui  ait  la  tête  rotide,  éc 
fa  plus  groiTe. 

Cependant  les  brutes  même  très-fouvent 
ont  beaucoup  de  peine  a  mettre  bas ,  quoi¬ 
que  leurs  petits  n^ayent  pas  la  tête  fi  grofTe  > 
&  qu’elle  foit  en  pointe  •  elles  courentfou- 
vent  rifque  de  périr,  &  y  périfTent  même  ; 
il  eft  certain  que  les  vaches  ont  de  la  peine 
à  mettre  bas,  &  qu’elles  périfîent  quelque¬ 
fois  ;  il  en  eft  de  même  des  chattes ,  des^ 
brebis,  des  ferins,  &  même  des  poiftbns. 

Si  on  dit  qu’il  y  a  des  femmes  qui  accou¬ 
chent  fans  douleur,  comme  les  femmes  de 
la  côte  de  Guinée ,  de  Madagafcar  ^  du  Sé¬ 
négal,  du  Bréfil,  des  Indes  orientales, 
Naturelles  de  la  Nouvelle  Angleterre ,  de 
l’Amérique  feptentrionale,  du  Canada ,  du 
Mifliftipi  V  d’Orinock ,  les  Lapones  ,  les 
femmes  du  Groenland  ;  fi  on  lit  que  dans 
l’inftant  quelles  viennent  d’accoucher  elles 
reprennent  leurs  travaux  ordinaires  ;  c’eft 
que  ces  femmes  naturellement  dures',  étant 
chargées  de  la  plus  grande  partie  des  ou¬ 
vrages  domeftiques,  bien  plus  chez  des 
nations  barbares  que  parmi  des  nations 
policées ,  méprifènt  les  foibles  douleurs  , 
&  ne  font  attention  qu’aux  feules  vraies , 
qui  font  celles  de  l’accouchement  ;  d’ail¬ 
leurs  nos  femmes  même,  fi  elles  vouloient, 
Ffiv 


De  r Accoufficment 

pourraient  marcher  après  être  accouchées. 

C’eft  peut-être  l’habitude  dans  laquelle 
elles  font  de  fe  baigner,  qui  relâche  les  par¬ 
ties  ;  cependant  nos  femmes  fupportent  dif¬ 
ficilement  les  bains  pendant  leur  grofielTe, 
ils  excitent  les  douleurs  avant  le  temps,  (i) 

Enfin  les  Voyageurs  embelliffent  quel¬ 
quefois  les  faits  qu’ils  racontent  ;  les  fem-  - 
mes  n’accouchent  pas  avec  plus  de  facilité 
en  Irlande  qu’en  Danemarck  ;  &  les  fem¬ 
mes  Sauvages  n’accouchent  pas  plus  facile¬ 
ment  que  les  Européennes. 

Nous  ne  difons  ceci  qu’en  pafiant ,  &: 
nous  ne  parlons  que  de  l’accouchement  na¬ 
turel  ,  qui  eft  toujours  bien  plus  fréquent 
chez  les  nations  accoutumées  au.travail  ;  car 
la  nature  a  pris  la  précaution  de  former  la 
tête  de  l’enfant,  de  maniéré  que  fes  diamè¬ 
tres  font  un  peu  plus  petits  que  ceux  du  baf 
fin ,  &  que  la  tête,  outre  cela ,  peut  prendre 
une  forme  plus  favorable  fuivant  les  cas. 
On  trouve  fouvent  dans  les  grandes  villes 
des  femmes  de  petite  taille ,  &  des  bâffins 
dilFormes  ;  d’ailleurs  la  plus  grande  partie 
des  gens  du  peuple  travaillent  aflis,  &  il  fe. 


(l)  Ceci  eft  trop  général ,  çar  il  y  a  beaucoup  de  fem-  • 
mes  qui  fe  trouvent  bien  de  l’ufage  des  bains  pendanf  leur 
groflefle,  il  y  en  a  même  à  qui  ils  font  abfolument  nccef- 
iaires, 


'De  r Accouchement.  ’  457 

peut  faire  que  le  fcorbut  ou  le  fcropliule 
ayent  déformé  les  os. 

Par  la  raifon  contraire ,  chez  les  nations 
qui  s’adonnent  a  la  chalTe,  &  dans  îefquel-^ 
les  les  femmes  fe  livrent  aux  mêmes  tra¬ 
vaux  que  les  hommes  ,  comme  elles'  font 
communément  droites  &  de  bonne  taille , 
elles  accouchent  auffi  prefque  toujours  heu- 
reufement. 

C’efl  à  la  petitelTe  de  la  taille  des  fem¬ 
mes  Françoifes  ,  Flamandes ,  Angloifes  , 
&  à  ce  vice  de  conformation  dont  leur  baf- 
iin  eft  fouvent  aifecbé  ,  que  j’attribue  le 
grand  nombre  d’accoochemens  contre  na,- 
ture  &  malheureux,  &  de  rupture  de  ma¬ 
trice  ;  car  la  tête  de  l’enfant  faifant  effort 
contre  le  col  ou  la  partie  voifine  du  col ,  ou 
il  y  a  moins  d’épaiffeur  que  dans  le  fond, 
ufepeu-à-peu  ces  parties  par  fes  frottemens, 
n’en  fait  plus  qu’un  tiflu  cellulaire ,  &  les 
affoiblit  au  point  qu’elles  font  forcées  de 
céder  à  l’effort ,  &  fe  déchirent. 

C’eft  auffi  à  cette  caufe  que  j’attribue- 
rois  ces'obfervations  qui  feroient  incroya¬ 
bles  ,  fi  elles .  n  étoient  rapportées  par  des 
Auteurs  dignes  de  foi ,  non-feulement  du 
coccyx  repouffé  èn  arriéré  de  fraêturé  , 
mais  de  l’os  facfum,  qui  lui-même  a  cédé  à 
Fcffort ,  &  a  été  reculé. 

Enfin  les  os  pubis  s’écartent  l’un  de  l’au- 


4^8  V Accoachcmmt, 

tre,  quoiqu’ils  foient  maintenus  unis  en* 
femble  par  quatre  ligamens,  &  par  un  car¬ 
tilage,  dpnt  les  éminences  &  les  cavités  ont 
une  correfpondance  réciproque  avec  les 
éminences  &  les  cavités  qui  font  fur  leur 
facette  articulaire  :  on  les  a  vus  à  la  fuite 
d’un  accouchement  difficile,  laifTerun  vuidc 
entr’eux,  être  écartés  meme  d’un  pouce;  il 
y  a  beaucoup  d’ Auteurs  qui  affurent  que  cej» 
écartement  a  lieu. 

îl  y  en  a  à  la  vérité  d’autres  qui  ne  l’ad¬ 
mettent  pas  ;  il  eft  certain  que  dans  les 
femmes  qui  font  dans  un  âge  -avancé  ,  le 
coccyx  eft  foudé  avec  l’os  facrum  ,  & 
nepeuralors  reculer  ;  je  comprends  afTeZ  que 
cette  luxation  n’arrive  point  dans  un  ac¬ 
couchement  naturel  à  tous  égards,  mais 
elle  fe  fait  très -facilement  dans  un  jeune 
fujet  ;  Hunrer  prétend  qu’il  fe  recule,  &  il 
dit  qu’il  n’a  jamais  vu  de  véritable  foudure. 

Enfin  je  trouve  des  Auteurs  qui  difent 
que  les  trois  articulations  du  baffin  fe  font  ' 
écartées  d’un  demi  doigt,  de  d’autres  d’un 
pouce ,  ce  qui  prouve  qu’il  s’ eft  fait  une  vio¬ 
lence  exceffive  ;  E.iolan  a  vu  les  ligamens 
qui  unifient  ces  os  enfanglantés  ;  les  os  ilium 
font  afîez  fouvent  fondés  avec  le  facrum , 
mais  les  pubis  le  font  rarement  enfemble. 
Un  Auteur  rapporte  que^dans  un  accouche¬ 
ment,  l’os  ilium  fut  féparé  du  facrum ,  de 


De  V Accouchement  45  9 

que  les  os  pubis  eurent  du  mouvement , 
mais  qu’il  en  réfulta  de  fâcheux  accidens. 

Je  penfe  que  l’obliquité  de  la  matrice  & 
les  autres  vices  des  parties  molles  ne  contrb 
huent  que  très^-peu  à  cet  accident  ;  car  une 
chûte,  une  defcente  complette  n’empêchent 
point  l’accouchement  ;  l’angle  que  fait  la 
matrice  avec  le  vagin ,  même  dans  une  fem* 
jne  bien  conformée,  ne  s’oppofe  point  à  l’ac¬ 
couchement,  les  forces  expulfives  furmon- 
tent  aifément  i’obftacle  qu’il  y  apporte,  & 
ce  font  ces  feules  forces  qui  peuvent  luxer 
les  os. 

§  XI.  Caufis  ejficientes  de  F  accouchement 

Puifque  l’enfant  efl:  très-fouvent  immo¬ 
bile  pendant  le  travail  de  l’accouchement, 
&  que  fa  tête,  eft  ferrée  comme  un  coin  ; 
puifque  même  après  fa  naiffance  il  eft  alîèz 
fréquemment  fans  mouvement  ,  qu’il  ne 
fait  qu’un  foible  mouvement  de  fa  bouche 
pour  chercher  à  refpirer  ;  &  qu’ enfin  quand 
il  eft  mort ,  il  vient  au  monde  aufli  facile¬ 
ment  que  quand  il  vit,  on  ne  doit  donc  pas 
penfer  qu’il  coopéré  à  fa  fortie  de  la  matrice, 
&  il  ne  peut  être  regardé  comme  une  des 
caufes  efficientes  de  l’accouchement. 

Les  Auteurs  modernes  des  traités  d’ac- 


'^o  De  V Accouchement. 
couchement,  &  principalement  M.  Levret 
&  les  autres  Auteurs  fameux,  ainlî  que  Roe- 
derer,  regardent  la  matrice  comme  le  feul 
agent  de  l’expulfion  de  l’enfant  ;  ils  attri¬ 
buent  à  fes  forces  contractiles  deux  puiffan- 
ces  antagoniftes,  l’une  appartient  au  corps, 
&  l’autre  au  col. 

C’eft-k-dire,  que  ces  contractions  appro^ 
client  le  fond  du  col,  &  c’eft.la  contradion 
des  fibres  qui  vont  en  ligne  direde  du  fond 
au  col,  qui  produit  cet  effet  ;  tant  que  le  col 
a  affez  de  force  pour  réfifter ,  ces  forces 
contractiles  amènent  le  fond  en  bas ,  &  en 
même-temps  tout  l’œuf,  l’engagent  dans  le 
col ,  &  le  font  defeendre  avec  le  col  dans 
le  vagin. 

On  croit  que  ces  mêrhes  forces  dilatent 
,  le  col  de  toutes  parts ,  &  en  l’étendant  dans 
tous  les  points,  en  font  un  plus  grand  cercle. 

Roederer  diftingue  de  deux  fortes  de  fi¬ 
bres  ,  les  unes  circulaires ,  &  les  autres  obli¬ 
ques  ,  qu’il  place  au  fond  de  la  matricé  ;  par 
la  contraction  de  ces  fibres ,  le  fond  de  la 
matrice  efl  tiré  en  bas ,  &  fa  capacité  di¬ 
minue. 

Il  en  ajoute  encore  d’autres  tranfverfar. 
les  au  corps  de  la  matrice ,  qui  par  leur  con¬ 
traction  foutiennent  l’œuf  ;  les  autres  Au¬ 
teurs  ne  parlent  pas  de  ces  dernieres. 


''De  r Accouchement 
On  croit  que  les  forces  contraâ;iîes  du 
col  font  fur  lui  i’elfet  de  fphiiiâer ,  &  qu’en 
agdfant  fur  fa  circonférence,  elles  en  retré- 
cmÉit  l’ouverture,  qu’elles  réfiftent  k  l’ac¬ 
tion  des  fibres  longitudinales,  que  par-la 
dles  re^oufîent  l’œuf  vers  le  haut,  &  qu’elles 
retardent  l’accouchement.  ' 

Que  ces  forces  s’affoibjifîent  par  la  fuite 
du  travail,  quand  la  tête  de  l’enfant  fait  effort 
fur  le  col ,  qu’elle  en  comprime  les  nerfs, 
&  enfin  qu’elle  lui enleve  fon  irritabilité, 
conime  cela  arrive  dans  tout  mufcle  qui 
a  été  violemment  comprimé. 

Qu’ainfi  il  y  a  à  la  vérité  des  douleurs  , 
alternatives,  produites  par  la  defcente  de 
l’enfant,  par  l’impulfion  des  eaux ,  &  par  la 
dilatation  de  l’orifice  utérin ,  qui  font'  les 
forces  de  la  première  claffe  ;  de  que  ces  for¬ 
ces  contrebalancent  pendant  quelque  temps 
la  contraétion  oppofée  de  l’orifice,  - 

Qu’ enfin  les  contrarions  du  fond  étant, 
plus  fortes,  furmontent  celles  de  l’orifice, 
que  le  col  fe  dilate  par  l’effort-  que  fait  fur 
lui  la  tête  de  l’enfant ,  s’amincit  prodigieu- 
fement ,  &  devient  un  vrai  canal ,  &  que 
les  forces  expultrices  terminent  l’accouche- 
îiient. 

Que  les  fibres  de  la  matrice  dont  il  a  été 
parlé  ailleurs,  ont  beaucoup  de  force,  de 


4^2 


De  V Accouchement 


que  très-foiivent  la  main  de  T  Accoucheur 
éprouve  qu^elle  eft  confidérable. 

Que  même  cette  force  contractile  de  la 
matrice  &  du  vagin  eft  quelquefois  contul- 
five. 

Qu’elle  exifte  encore  après  la  mort,  & 
expulfe  l’enfant  s’il  eft  dans  une  bonne  li- 
tuation ,  &  fi  l’orifice  de  la  matrice  eft  fuf- 
fifamment  dilaté. 

Qu’ enfin  les  vraies  douleurs  font  produi¬ 
tes  par  l’énergie  des  forces  expultrices,  qui 
prefTent  violemment  la  matrice  contre  la 
fétus. 

Quelques  Auteurs  ajoutent  que  la  con¬ 
traction  de  l’orifice  de  la  matrice  produit  de 
fauffes  douleurs.  ' 

Qu’il  me  foit  permis  d’avoir  quelques 
doutes  fur  tout  cela. 

La  ftruCture  de  la  matrice  n’eft  pas  en¬ 
core  affez  connue ,  pour  que  nous  puiffions 
àffurer  qu’il  y  a  des  fibres  qui  vont  en  ligne 
droite  du  fond  au  col ,  &  moins  encore  de 
circulaires  qui  retrécilTent  le  col,  ou  qui  fer¬ 
ment  l’orifice. 

Toutes  ces  fibres  font  obliques,  &  mer- 
veilleufement  entrelacées  ;  je  croirois  faci¬ 
lement  qu’elles  ne  fervent  qu’à  refferrer 
la  matrice  ;  mais  comme  toutes  les  fibres 
de  la  matrice  font*  mêlées  &  entrelacées . 


De  V Accouchement, 

enfemble,  je  ne  comprends  pasaufli  facile¬ 
ment  comment  elles  peuvent  avoir  féparé- 
ment  des  forces  oppofées ,  &  qu’elles  puif 
fent  agir  les  unes  fans  les  autres  J  par  exem¬ 
ple,  comment  les  fibres  du  col  fe  refferrent, 
tandis  que  les  longitudinales  qui  font  faites 
pour  dilater,  font  en  repos,  &  comment  au 
contraire  ces  dernieres  agifient ,  tandis  que 
les  premières  font  dans  f  inadion. 

Les  fibres  dé  la  matrice  me  paroiffent 
trop  foibles  pour  produire  l’elFet  qu’on  leur 
attribue,  tels  que  l’écartement  des  os  pubis, 
&  la  luxation  des  autres  os  du  baffin. 

Les  Auteurs  n’ont  pas  afîez  obfervé  les 
efforts  que  fait  une  femme  en  travail  ;  ils 
font  fi  confidérabies ,  qu’il  n’y  a  dans  au¬ 
cune  autre circonftance  delà  vie,  d’exemple 
de  pareils  efforts. 

Elles  afpirent  autant  d’air  qu’elles  peu¬ 
vent  en  prendre,  les  mufcles  du |)as-veiitre 
&  le  diaphragme  font  en  contradion ,  elles 
pouffent  vers  le  bas ,  elles  retiennent  leur 
refpiration  tant  qu’elles  peuvent,  &  ce  n’eft 
que  dans  l’expiration  quelles  perdent  leurs 
forces ,  &  que  la  matrice  fe  relâche. 

Elles  ont  le  vifage  violet ,  le  col  gonflé , 
quelquefois  même  il  leur  en  refte  un  goëtre, 
produit  probablement  par  l’impulfion  de 
l’air  dans  la  glande  thyroïde  ;  cet  air  en  di- 


!4^4  r Accouchement 

îate  il  fort  les  canaux,  qa’ils  refteiit  toüfe 
la  vie  fans  fe  fermer ,  &  qu’ils  lailTent  péné¬ 
trer  dans  la  glande  des  particules  très-grof- 
lieres.  • 

Elles  ont  excefïivement  chaud, elles  fuent, 
leur  pouls  eft  d’une  extrême  vîteffe  pelles 
perdent  leurs  forces  en  peu  de  temps ,  à 
moins  que  l’accouchement  ne  fe  termine, 
&  cette  proftration  de  forces  eft  un  des  plus 
grands  maux  que  produife  le  travail  a  fec  & 
trop  long. 

O  if  trouve  dans  tout  ceci  des  forces  fuf- 
fifantes  pour  reculer  le  coccyx,  relâcher  les 
os  pubis ,  produire  un  écartement  des  os  du 
bafîin ,  faire  prendre  à  la  tête  de.  l’enfant  la 
forme  d’un  cône  &  déchirer  la  matrice. 

Ces  mêmes  forces  fe  manifeftent,  dans 
Texpulfion  des  excrémens  du  bas-ventre  , 
ou  quand  une  pierre  fe  brife  dans  la  veffie; 
Tinteftin  reftum  &  la  veftie ,  tout  foibles 
qu’ils  font,  jouiflent  d’une  vertu  contrac-, 
tile  ;  mais  ils  ne  font  que  le  fécond  rôle  dans 
ces  cas  J  ôc  je  ne  vois  pas  non  plus  que  dans  le 
temps  que  la  matrice  eft  violemment  com¬ 
primée  par  les  forces  du  bas-ventre,  fes  fi¬ 
bres  preftees  avec  tant  de  force  puilTent 
avoir  autant  d’adion. 

Je  foupçonne  fort  à  la  vérité  que  les  vraies 
douleurs  font  dans  la  matrice ,  dans  les  lom¬ 
bes  , 


Dé.  tAccùücÎLement  4^1 
bës ,  &  dans  îes  grands  nerfs  de  ces  parties^ 
Que  ces  douleurs ,  qui  reffefnblent  fi.  fort 
au  ténefiiiCj  que  les  femmes  qui  accouchent 
pour  la  première  fois  s’y  méprennent,  leur 
îontfaifeies  efforts  néceflàires  pour  fe  déli^ 
vrer  de  l’état  pénible  où  elles  font,  &  d’ex- 
■pulfer  l’enfant ,  qui  leur  caufe  les  douleurs 
qu’elles  refléntent  ;  on  a  vu  même  des  fem.- 
mes  accoucher  par  la  force  des  con  vulfions^ 
a  chaque  convulfion,  l’orifice  de  la  matrice 
fe  dilacoit. 

Je  croirois  plutôt  que  la  matrice  fait  ré'^ 
fiftance ,  que  fes  forces  empêchent  la  refpi- 
ration  3  qu’elle  ferme  elle-^mêmefon  orifice, 
A)C  que  c’efl:  pour  cette  râifon  qu’en  y  iiitro^ 
duifant  le  doigt  où  la  main,  on  les  fent  for^ 
tement  comprimés ,  par  les  forces  contrac¬ 
tiles  qui  agilfent  fur  le  col  (i)  ■  cette  force 
s’oppofe  à  l’accouchement,  puifqu’elle  ref^ 
ferre  l’orifice  par  lequel  doit  pafîer  l’en¬ 
fant. 

Il  m’a  paru  que  là  plupart  des  fibres  de 
la  matrice  étoient  tranfverfes  &  obliques,  de 


(i)  Ce  n’éft  jaiijais  dans  le  temps  de  la  douleur  que  le 
doigt  eft  comprimé  par  l’orifice ,  fi  elle  eft  vraiment  dou¬ 
leur  d’accouchement  j  au  contraire  la  contraârion  du  cofp$ 
de  la  matrice  qui  produit  cette  douleur,  force  l’orifice  à 
fe  dilater ,  pendant  le  temps  de  fon  aétion  5  &  loin  de  fs 
reflêrrer,  il  fe  dilate  cffeétiveGient  plus  où  moins. 

Tome  IL  G  g 


DtV  Accoücîitmmt 

très- capables  de  la  refTerrer  ;  mais  quelles 
réfiftent  vérrcablement  dans  les  commence- 
mens  du  travail,  parce  qu’ai  ors  la  tête  eft 
engagée  dans  le^col  ,  &  que  c’eftda  ou  eft 
la  plus  grande  irritation ,  &  conféquem? 
ment  la  principale  contradion  ;  je  penfe  i 
auflî  que  par-la  le  col  eft  plus  fenftbie,  parce  1 
qu’il  eft  bien  plus  exactement  rempli,  dif- 
tendu  &  froifte  par  la  tête ,  qui  eft  un  corps 
fort  dur ,  que  le  refte  de  la  matrice  ne  l’eft 
par  le  corps  de  l’enfant ,  qui  eft  pelotonné  ; 
c’eft  cette  réftftance  du  col  &  de  toute  la 
matrice  qui  fait  que  l’orifice  fe  dilate  len¬ 
tement  &  fans  trop  de  violence ,  car  une 
dilatation  fubite  le  déchireroiebien  plus  ai- 
fément.  ' 

Quand  les  efforts  du  travail  ont  fort 
aminci  le  col  &  le  corps  de  la  matrice,  le 
col  n’agit  plus  ;  c’eft  alors  la  refpiration  qui 
fait  tout  l’ouvrage,  &  je  fuisperfuadé  que 
l’orifice  eft  dilaté  par  la  tête  qui  s’y  eft  en¬ 
gagée  ,  comme  le  fphinder  de  la  veffie  eft 
force  de  s’ouvrir  par  la  preftion  de  l’urine  ; 

&  même  que  les  forces  des  fibres  tranfver- 
fales  de  la  matrice  foutiennent  le  fétus,  jde 
peur  que  la  grande  preftion  du  diaphragme 
ne  le  comprime  trop ,  &  que  ces  forces  le 
tiennent  droit,  femblabie  à  un  cylindre,  & 
la  tête  eft  en  avant. 


Dg  P  Accouckâîiîdité  4^7 

'  Quand  la  tête  eft  defceiidue  dans  îe  va*- 
gin,  il  parok  qu’ alors  les  fibres  de  la  ina-' 
trice  qui  font  contradées  autour  du  refte  du 
corps  du  fétus, contribuent  en  quelque  chofe 
à  terminer  raccou.chement,  mais  quelles 
préjudicient  quelquefois ,  <&;  ^caufent  même 
la  mort  de  f  enfant. 

C’eft  entiéreinent  la  niême  diofe  que 
quand  après  la  mort,  la  coutrai^ion  d’un  in- 
teftin  fait  rendre  , des  excrémens  durs ,  ou 
quand  fur  la  fin  de  la  déjeârion ,  la  refpira-' 
tion  furmonte  la  réfiftance  des  fphinders, 
-  la  vefîie  rejette  ce  qui  lui  refie  d'urine & 
le  redum  ce  qu’il  renferme  encore  d’excré- 
mens. 

Cette  contradion  expulfe  auffi  après  la 
fortie  de  l’enfant  le  fang  épanché  dans  la 
matrice,  ou  des  caillots,  .^  quelquefois  i’ar- 
riere-faix,  avant  que  le  col  ait  repris  fes  for- 
ees.  '  ■  '  . 

La  plüpart.dü  temps  cependantjCefte  force 
ne  fufiit  pas  pour  expuîfer  le  placen  ta  de  là 
matrice ,  de  il  faut  encore  Je  fecours  d’une 
infpiration  ,  légère  à  la  vérité. 

Quand  une  connoiflànce  plus  exadé  de 
la  matrice  en  aura  mieux  fait  eftimer  les 
forces,  qu’on  aura  trouvé  d’autres  fibres  quê 
celles  que  je  eonnois, capables  de  remplir  les 
fondions  auxqudles  eUçs  font  deftinèes , 

Ggij 


De  V Accouchement. 


&  qui  agiffentfuccelîivement,  je  tie  balan-î 
'cerai  pas  à  revenir  de  mon  erreur. 


§.  XII.  La  fc^Lon  du  cordon  ombilical 

Quand  l’enfant  eft  venu  au  monde,  c’eft 
un  nouvel  être  qui  doit  vivre  de  fa  propre 
vie ,  &  qu’il  faut  féparer  de  fa  mere  ;  car 
quoique  l’enfant  ait  quelquefois  vécu  un 
peu  de  temps  encore ,  attaché  au  placenta 
refté  dans  la  matrice  ;  quoiqu’un  célébré  Ac¬ 
coucheur  défende  de  couper  le  cordon  avant 
que  l’enfant  fe  foit  un  peu  remis  ,  cependant 
pour  la  sûreté  de  la  mere*,  il  ne  faut  pas  l’y 
îaifTer  (i);  &  il  y  auroit  auffi  du  dangerpour 
l’enfant,  de  l’expofer  à  l’effet  que  pourroit 
produire  le  fang  coagulé  par  l’air  qui  s’y  fe- 
roit  introduit. 

Les  brutes  réparent  leurs  petits,  enniâ« 
chant  le  cordon. 

Chez  l’homme,  la  fage-femme  dans  tou¬ 
tes  les  nations  policées,  ne  coupe  le  cordon 
qu’après  l’avoir  lié  avec  grand  foin  j  elle 
ne  le  laiffe  pas  trop  long,  de  peur  que  les 


(i)  Il  y  a  des  cas  où  il  eft  abfolument  néceflairede  laif- 
fer  l’enfant  attaché  à  fon  cordon,  pendant  un  court  inter¬ 
valle  ,  &  je  ne  crois  pas  qu’il  puide  en  réfulcer  le  moindre 
accident ,  ni  pour  la  mere  ni  pour  l’enfant  ;  on  courroit  au 
contraire  rifque  de  voir  périr  l’enfant,  fi  on  fe  prclToit  de 
faire  la  üüioa  du  cordon  dans  ces  cas. 


De  V Accouchement.  4^9 

inteftins  &  le  {)érîtoine  ne  fàlTent  hernie 
dans  le  cordon  ;  ni  trop  court ,  de  peur  que 
le  fang  ne  fôit  pas  bien  arrêté. 

Dans  tous  les  fiecles  précédens ,  &  a  ce 
que  je  crois,  dans  toutes  les  nations,  les  fage- 
femmes  necoupoient  le  cordon  qu’après  y 
avoir  fait  deux  ligatures. 

Fantonus  eft  le  premier  qui  ait  douté, 
d’après  ce  qu’on  voit  dans  les  brutes,  de  la 
néceffité  d’en  faire  la  ligature,  -  &  il  cite 
l’exemple  d’un  cordon  auquel  on  n’en  fie 
point,  fans  qu’il  en  foit  furvenu  d’hémor-. 
rhagie. 

M.  Schulze,  homme  d’une  très-grande 
érudition ,  ayant  fait  réflexion  fur  ce  qui 
arrive  aux  brutes ,  douta  qu’il  fût  plus 
ceflaire  de  faire  cette  ligature  à  l’homme 
qu’aux  autres  animaux. 

On  croîroit  plutôt  que  l’homme  en  a 
moins  befoin  ;  car  autant  que  je  m’en  fou- 
viens,  il  efl:  le  feul  des  animaux  à  qui  le 
cordon  foie  long  &  contourné,  ce  qui  dok 
d’autant  plus  empêcher  l’écoulement  du 
fang. 

lia  conclu  de-Iaqu’an  avoir  îa-deflus 
de  vaines  frayeurs ,  qu’on  pouvoir  fans 
crainte  couper  le  cordon  fans  y  Dire  de 
ligature  ,  &  qu’il  n’étoit  pas  naturel 
qu’il  y  eût  d’hémorragie  par  le  cordon. 

Ggüj 


jçjo  r Accouchement 

II  citoit  des  exemples ,  &  en  grand  now- 
bre,  de  cordons  qui  navoient  fourni  que 
très-peu  de  fang,  quoiqu’on  n’y  eut  point 
fait  de  ligature  ;  &  celui  même  d’un  enfant;à 
qui  on  a  trouvé  les  poumons  pleins  de  fang, 
quoiqu’on  ne  lui  eut  pas  lié  le  cordon. 

Il  difoit  qu’une  légère  compreffiôn  fuf- 
firoit>  pour  empêcher  l’hémorrahagie. 

Il  a  eu  beaucoup  de  partifans ,  qui  ont 
affuré  qu’il  étoit  d’expérience  qu’il  ne 
couloir  que  très-peu  de  fang  par  le  cordon , 
même  en  y  faifant  des  fomentations  chau¬ 
des,  quand  on  alailTé  l’enfant  joint  au  pla¬ 
centa,  refté  dans  la  matrice  ;  que  les  pul- 
fations  cefTent  fpontanément  dans  l’artete 
ombilicale,  aii  bout  de  28  minutes  au  plus, 
puifqu’ elles  cefTent  quand  il  n’y  a  poiiit  de 
chaleur ,  au  bout  de  quinze. 

Cependant  il  eft  çertainque  la  liqueur 
injeètée  dans  les  vaifTeaux  du  fétus  j  s’é¬ 
coule  par  les  vaifTeaux  du  cordon  quand  il 
eft  coupé  ;  il  y  a  même  des  preuves  que 
le  mcyuvementdu  fang  eft  très- fort  , dans  la 
veine  ombilicale. 

Il  eltconftant  que  dans  le  fétus  vivant, 
le  cordon  ombilical  a  des  pulfations ,  puif- 
que.  c’eft  le  principal  fîgne  que  l’enfant  eft 
vivant  ,  &  que  fes  vaifTeaux  font  très-pleihs 
de  fang  ;  c’eft  pour  cela  que  le  fang  en  fort 


V Accouchement.  471 
par  faccades-  }’ai  bien  remarqué  qu’en  tirant 
de  la  matrice,  des  petits  chiens,  environ  28 
jours  après  la  conception,  le  fang  rejaillif-. 
loit  très-fort  en  fortant  des  arteres  ombili¬ 
cales  ,  pendant  la  jiiaihole  du  cœur. 

C’eft  pourquoi  le  fétus  perd  non-feuîe- 
fnent  beaucoup  de  fang ,  &  même  tout,  par 
!a  fediqn  du  cordon,  quand  on  n’y  fait  point 
de  ligature,  &  en  périt  alTez  fouvent  ;  &  ü 
même  on  ne  fait  cette  ligature  que  foible- 
ment  &  avec  négligence,  il  en  perd  de  même 
beaucoup ,  pâlit  &  meurt. 

De  plus,  en  mâchant  le  cordon  comme 
îe  font  les  brutes ,  on  eft  expofé  aux  mêmes 
accidens  ;  l’enfant  n’en  court  pas  moins  de 
rifques,  &  il  perd  la  vie  en  perdant  fon  fang  ; 
les  nations  barbares  qui  coupent  le  cordoa 
avec  leurs  dents  j  en  font  auffi  la  ligature. 

On  a  vu  fortir  quatre  cuillerées  de  fang 
d’un  cordon  j  qui  s’étoit  délié. 

Il  eft  même  fürvenu  une  hémorrhagie 
funefte  à  un  enfant  de  fept  jours,  pour  avoir 
fait  une  fomentation  au  cordon ,  k  un  autre 
de  fept  jours ,  k  qui  on  l’avoic  lié  avec  trop 
de  négligence,  &  k  un  autre  de  quatorze 
jours  ,  qui  fut  bîelTé  k  l’ombilic.  - 

Si  quelquefois  le  contraire  eft  arrivé ,  fi 
le  cordon  coupé  n’a  fourni  que  pêü  de  fang, 
on  ae  peut  attribuer  cela  qu’k  des  caufe 
G  g  iv 


éffi  De  V Accouchement. 
particulières ,  &  qui  n’ont  pas  toujours  lieu, 
comme  l’extrême  foibleffe  de  l’enfant ,  es 
qui  eft  affez  commun ,  ou  la  longueur  du 
cordon,  ou  le  froid,  qui  a  tant  de  pouvoir 
dans  ce  cas ,  qu’il  efl^d’expérience  qu’il  em¬ 
pêche  l’écoulement  du  fang  d’un  cordon 
arraché  ou  coupé. 

Cependant  on  a  vu  s’écouler  beaucoup 
de  fang ,  du  cordon  d’un  enfant  qui  étoit  fi 
foible ,  qu’on  le  croyoit  mort. 

Il  ne  faut  pas  même  fe  perfuader  qu’uné 
foible  ligature  met  k  l’abri  des  dangers.  - 

Je  penfe  qu’on  pourroit  expliquer  la  dif¬ 
férence  qu’il  y  .  a  entre  l’homme  &  les  bru¬ 
tes,  relativement  au  cordon,  parce  que  dans 
l’homme  il  y  a  plus  de  fang  dans  le  placenta, 
que  fes  vaifieaux  par  conféquent  font  bien 
plus  gros  ,  &  que  la  circulation  y  eft  bien 
plus  libre ,  &  que  d’ailleurs  les  animaux  en 
mâchant  lentement  le  cordon ,  facilitent J’a 
congélation  du  fang. 

On  doit  faire  quelque  cas  du  témoignage 
de  Berenger ,  qui  dit  avoir  vu  périr  des  pou¬ 
lains  &  des  ânons,  pour  avoir  coupé  leurcot'i 
don  ombilical. 

Le  cordon  a  des  pulfations  dans  la  plu¬ 
part  des  quadrupèdes,  mais  il  en  a  de  bien 
plus  fréquentes  dans  rhom me 

Je  ne  penfe  pas  qu’on  puifie  avec  sûreté. 


De  V  Accouchement,  473 
confier  la  vie  de  Tenfant  à  la  longueur  de 
fon  cordon  ;  car  il  y  a  une  obfervation  fur 
un  enfant  dont  les  vifceres  &  les  gros  vaif- 
feâux  furent  trouvés  vuides  de  fang,  faute 
d’avoir  fait  la  ligature  du  cordon  ,  quoi¬ 
qu’on  l’eut  laiffé  très-long. 

Enfin  on  a  même  vu  une  femme  a  qui  on 
avoit  laifie  le  placenta  dans  la  matrice ,  fans 
faire  de  ligature  au  cordon  ,  perdre  beau¬ 
coup  de  fang,  &  être  en  danger  de  fa  vie 
jufqu’à  ce  qu’on  eût  mis  fin  à  cet  accident , 
en  liant  le  cordon  ;  &  quoiqu’il  foit  arrivé 
quelquefois,  lorfqufil  y  a  eu  deuiJ  jumeaux, 
qu’il  ne  fe  foit  point  écoulé  de  fang,  depuis  la 
fortie  de  Tun  des  deux, jufqu’à  ce  que  l’autre 
eût  été  extrait  de  la  matrice  ;  ces  exemples 
négatifs  ne  détruifent  point  la  force  des  , 
,  expériences  contraires  (i),  &  quand  il  y  a 
deux  jumeaux ,  certainement  le  premier 
étant  forti ,  l’autre  pourroit  perdre  fon  fang 
par  le  cordon  du  premier  &  périr.  (2)] 

C’eft  pourquoi  la  févérité  du  Barreau  ne 


Ci)  Mais  il  faut  pour  cela  que  rexpérience  foit  exacte , 
&  la  chofe  bien  vue,  c’eft;  je  crois,  ce  qui  manque'à  cetcc 
obfervation. 

(z)  Tout  le  fang  qui  s’écoule  pat  le  cordon,  n’eft  que 
celui  qui  cft  contenu  dans  le  placenta,  &  comme  les  vaif- 
feaux  des  deux  placentas  n’ont  aucune  communication  en- 
femble,  il  n’eft  pas  poflîble  que  l’un  fe  vuidant  de  fang, 
i’auwe  fc'Yuide  auffi  par  la  même  Yoie.  - 


'474  V-Accoucîiment 

reçoit  point  ccrteexcufedes  femmes, quifont 
accufees  d’avoir  tué  leur  enfant  ;  des  Méde¬ 
cins  qui  avoient  été  d’opinion  contraire , 
en  fo  U  revenus  ;  &  M.  Schulze  n’a  pas  ofé 
laiffjr  fes  propres  enfans,fans  lier  le  cordon. 

§.  XIII.  Le  fang  &  le  placenta  fontexpül^ 
Je  s  de  la  matrice. 

Après  que  l’enfint  eft  fort! ,  la  matricê 
e’I:  com  ne  excoriée  à  l'intérieur,  dansuhé 
g  ande  étendue ,  parce  que  le  chorion  qui 
lui  était  fort  adhérent  ,,s’eft  détaché  de  fâ 
m.'marane  interne,  &  que  les  vailfeaux  qui 
leur  étoienr  communs  fe  font  rompus ;c’eft 
la  la  première  fource  du  fang  qui  coule  eù 
abondance  de  la  matrice ,  en  même-tempS 
que  l’enfant,  ou  peu  de  temps  après. 

Il  relie  même  encore  quelque  temps 
après,  de  grands  lambeaux  de  chorion,  dans 
la  matrice,  je  l’ai  remarqué  plufieürs  fois; 
&  je  ne  puis  croire  que  ce  foit  de  la  mem* 
braie  de  la  matrice,  car  elles  font  dans  la 
marri  :e  comme  des  efpeces  d’îles. 

Il  s’écoulebeaucoup  plus  de  fang,  quand 
le  placenta  s’eft  décolé. 

En  tout  temps ,  même  quand  il  fe  fait 
avortement  d  ms  les  premiers  temps  de  la 
grolTclTe .  il  fe  Fait  toujours  Un  grand  écou¬ 
lement  de  fing  ,  foit  que  le  placenta  foit 


Dt  V Accouchement.  47^ 

forci  avec  le  fétus ,  foit  qu’il  foit  refté  dansi 
k  matrice  après  l’expulfion  de  l’enfant,  foit 
enfin  qu’il  n’en  foit  expuifé  que  quelque 
temps  après  ;  une  môle  détachée ,  ou  uiie 
portion  du  placenta  qui  fe  fera  décolée,  pro- 
duifetit  à-peu-près  les  mêmes  accidens,  c’eft- 
à-dire,  ces  fréquentes  hémorrhagies  qui  ar¬ 
rivent  à  beaucoup  de  femmes  dans  tout  le 
cours  de  la  groffelTe  •  elles  font  a  la  vérité 
d’autant  moins  dangéreufes  que  la  grofTeffe 
eft  moins  avancée. 

Elles  le  font  davantage  après  lé  lixieme 
mois ,  quand  les  fifius  de  la  matrice  font 
devenus  fort  gros ,  &  que  les  arteres  qui 
ferpentent  font  auffi  très-groffes  ;  ces  deux 
efpeces  de  Vàifleaux  fournilTent  tant  de  fang, 
quand  il  y  a  une  portion  du  placenta  déta¬ 
chée  ,  &  qui  a  quitté  la  matrice  ,  qu^il  efl; 
quelquefois  difficile  d’arrêter  l’hémorrha¬ 
gie,  par  la  faignée,  l’opium  &  le  repos  le  plus 
régulièrement  obfervé  ;  fôuvent  Ces  fortes 
d’accidens  exigent  un  prompt  accouche-- 
ment,  afin  qu’ayant  fait  l’extraéfion  de  l’en¬ 
fant  ,  on  puiffe  auffi  faire  celle  dn placenta,  _ 
qui  a  commencé  à  fe  détâcher ,  fans  en  laif- 
fer  la  moindre  portion  ;  on  fçait  que  c’eft  le 
feul  m'Oyeh  de  cohferVer  la  vie  à  la  mere , 
foit  que  l’enfant  foit  à  termes  foit  qu’ÿ  eu 
foit  encore  éioigrt'é. 


47^  JDe  V Accouchement, 

C’eft  ce  qui  rend  fi  fâcheux  les  acçou- 
chemens  où  le  placenta  s’étant  détaché  pré¬ 
cédé  l’enfant,  &  pour  la  même  raifon  ceux 
où  le  placenta  s’eft  implanté  fur  l’orifice  de 
la  matrice  ;  dans  ces  cas  il  eft  nécefFaire  de 
le  détacher  d’abord  pour  rendre  libre  le  paf- 
fage  de  l’enfant  \  il  faut  alors  précipiter  l’ac¬ 
couchement  pour  conferver  la  mere  ;  enfin 
quand  une  portion  du  placenta  s’étant  déco- 
lée ,  il  en  refte  une  autre  encore  adhérente  k 
la  matrice,  ou  que  le  placenta  eft  trop  adhé¬ 
rent,  il  fe  fait  une  hémorrhagie  dangéreufe. 

Il  y  a  cependant  des  modernes  qui  con- 
feillent  de  dilater  la  matrice  avec  les  doigts, 
pour  faire  naître  des  douleurs  ;  ils  efpe^ 
rent  par  ce  moyen  rendre  l’hémorrhagie 
moins  violente,  ou  l’extradion  du  placenta 
moins  funefte  (i). 

Dans  l’accouchement  naturel,  après  que 
l’enfant  eft  forti  de  la  matrice ,  le  premier 
foin  eft  de  faire  l’extraftion  du  placenta  (2), 
en  prenant  bien  garde  d’en  laifter  quelque 
portion.. 

On  obtient  le  plus  fouvent  fa  fortie ,  ou 
par  une  légère  tradion ,  ou  par  la  feule  con- 

(i)  C’eft  un  coûfeil  de  M.  Puzos,  dont  on  ne  peut  trop 
exalter  l’utilité. 

(i)  Cette  pratique  n’cft  pas  la  meilleure,  il  vaut  mieut 
différer  &  attendre  que,  la  nature  ait  commence  cet  ou¬ 
vrage  ,  pour  lui  aider  à  l’achever. 


De  V Accouckcmtnt.  477 

tradion  de  la  matrice,  ou  enfin  par  une  mé¬ 
diocre  infpiration.  '  , 

Il  arrive  cependâfiîÜLfièz  fou  vent  que  le 
placenta  eft  fi  fort  adhérent  à  la  matrice,  par 
la  dureté  &  la  petitefîe"  du  tifiu  cellulaire 
qui  Tunit  a  elle,  que  l’accouchée  n’efl:  pas 
fans  danger,  (i) 

A  la  vérité  la  plupart  des  Auteurs  con- 
feillent  d’en  faire  l’extradion,  en  portant  la 
main  dans  la  matrice ,  dont  l’orifice  eft  en¬ 
core  très-ouvert,  &  en  gliflantles  doigts 
entre  la  matrice  &  la  portion  de  la  circon¬ 
férence  du  placenta ,  qui  eft  le  moins  adhé¬ 
rente  ou  l’inférieure,  de  maniéré  que  le  dos 
de  la  main  foit  tourné  du  côté  de  la  matrice 
&  la  retienne,  &  en  ne  tirant  que  peu  le 
‘^^rdon ,  de  peur  qu’il  ne  fe  rompe, 

1 1  n’eft  pas  douteux  qu’il  feroit  plus  avan¬ 
tageux  qu’on  pût  extraire  le  placenta  ;  mais 
s’iïefttrop  adhérent,  Ruyfch  cônfeille  de 
commettre  fon  expulfion  à  la  nature. 

Il  ajoute  qu’il  eft  témoin,  &  que  d’autres 
ont  vu  comme  lui,  que  le  placenta  a  refté 
dans  la  matrice  27  heures,  3^  heures,  4 
jours,  &  même  davantage ,  G  jours,  7,  8 , 
1 4,  quelquesr  femaines ,  même  7,  enfin  3 , 

.  (3)  On  introduit  alors  la  main  dans  la  matrice ,  on  dé¬ 
tache  le  placenta ,  &  on  l’attire  au  dehors  5  il  n’y  a  rien  de 
daegéreux  dans  tout  cela. 


De  t Accouchement 

4  &  7  mois ,  &  même  un  an,  &  que  îa  na-» 
ture  l’a  détaché  &  expulfé  ;  &  ü  attribue 
cette  expulhon  à  l’adion  de  fon  mufcle  uté¬ 
rin  ;  il  dit  que  s’il  en  refte  une  partie ,  on  la 
détache  &  on  la  fait  fortir,  en  injedant  de 
l’efprit-de-vin  dans  la  matrice  (i),  ou  que 
Çi  elle  refte ,  elle  dégénéré  en  môle  ou  s’of- 
ftfie,  ou  enfin  que  le  placenta,  dans  les  ayor- 
temens  despremiers  mois,  fe putréfie. 

Car  il  y  a  beaucoup  de  danger  a  employer 
de  la  violence  pour  détacher  le  placenta, 
il  eft  arrivé  plu fieurs  fois  qu’une  fage-femme 
en  tirant  trop  fort  le  placenta ,  a  emmené  la 
matrice  avec  lui,  que  ce  vifcere's’eft  ren- 
verfé ,  &  que  le  fond  a  paffe  par  la  vulve  ; 
fouvent  la  femme  en  périt  ;  &  quoi  qu’on 
remette  la  matrice  à  fa  place ,  il  eft  rare 
qu’on  puifte  la  fauver. 

D’ailleurs  on  peut  excorier  &  blefter  la 
matrice  en  détachant  le  placenta,  l’inflam¬ 
mation  de  ce  vifeere  ,  à  caufe  de  la  mol- 
.  lefîe  de  fa  fubftance ,  de  fes  finus  pleins  de 
fang  veineux,  &  de  fa  fituation  dans  lebaf- 
fin ,  peut  aifément  dégénérer  en  gangrené, 
donner  lieu  à  des  fievres  miliaires  d’un  très- 
inauvais  caradere,  &  caufer'les  plus  grands" 


(i)  Cçtte  injeétioa  feroit  bien  dangéreufe  ,  une  émol¬ 
liente  eft  préférable. 


De  V Accouchement  479 

malheurs  aux  accouchées  *,  il  y  a  un  Auteur 
très-expérimenté  qui  aiTure  que  l^extraélion 
^rcée  du  placenta,  fait  plus  périr  de  femmes 
que  les  accouchemeES  difficiles. 

On  craint  de  s’expofer  k  de  fi  grands 
malheurs  ;  cependant  en  ne  corripte  pas  alTe? 
fur  les  forces  de  la  nature ,  ni  fur  celles  d’un 
mufcle  utérin ,  dont  fexiftence  n’eft  pas 
bien  prouvée,  pour  en  attendre  rexpulfion 
du  placenta  ;  car  on  craint  que  le  placenta 
reftddàns  la  matrice  ne  tombe  promptement 
en  pourriture,  comme  cela  arrive  très-foiji- 
vent,  même  jorfqu’il  n^en  refte  qu’une  pe¬ 
tite  parcelle; par  ce  moyen  il  fe  fait  réforb?- 
tion  de  l’humeur  putride  par  les  vaiffeaux 
de  la  matrice  qui  lui  répondent ,  il  pafîe.dans 
les  yaifleaux  de  la  mere  une  matière  capa¬ 
ble  de  produire  des  fievres  de  très-mauvais 
caraètere;  ou  cette  matière  par  le  feuî  eon- 
tad,  peut  faire  tomber  la  matrice  en  putré¬ 
faction  ;  on  voit  effedivement  périr  les  fem* 
mes  par  cette  caufe ,  après  la  fortie  du  pla¬ 
centa  ;  car  on  ne  doit  pas  toujours  fe  flatter 
que  la  matrice  ne  fe  putréfie  pas,,  quand 
l’arriere-faix  s’eft  putréfié. 

Il  ÿ  a  même  encore  à  craindre  que  la  ma?* 
trice  ne  fe  ferme  promptement ,  comme 
cela  arrive  aflez  fréquemment,  de  ne 
tienne  le  placenta  jrenfermé. 


De  T  Accouchement. 

C’eft  donc  là  un  cas  où  il  eft  dq  la  pm* 
dence  de  T  Accoucheur  de  décider  entré' 
deux  pofitions  critiques,  laquelle  eft  la  plus 
dangéreufe  ;  les  plus  habiles  confeillent  una¬ 
nimement  de  commettre  plutôt  à  la  nature 
le  foin  d’expulfer  une  portion  du  placenta 
reftée  adhérente  dans  la  matrice,  que  de 
s’opiniâtrer  à  la  détacher,  au  rifque  de  por¬ 
ter  grand  préjudice. 

On  pourroit  dans  ce  cas  douteux ,  em-* 
ployer  un  moyen  que  les  modernes  négli¬ 
gent,  ce  feroit  d’injeéter  une  décoction  de 
plantes  émollientes,  &  en  même-temps  anti‘ 
putrides,  comme  de  camomille  &  d’autres 
de  même  clafte ,  qui  peuvent  empêcher  lâ 
matrice  de  tomber  en  mortification, 

§.  XIV.  La  contra^ion  de  la  matrice, 

Nous  avons  confeillé  ,  d’après  les  maî¬ 
tres  de  l’art,  d’arrêter  les  hémorrhagies  uté¬ 
rines,  en  faifant  l’extradion  de  l’enfant  dc  ^ 
de  tout  le  placenta. 

Il  faut  faire  voir  fur  quoi  eft  fondé  ce 
confeil.- 

On  peut  regarder  la  matrice  après  l’ex¬ 
tradion  du  placenta  comme  un  membre 
amputé  &  fangîant,  plein  de  vaifteaux  cou-  ^ 
pés  &  béans ,  tous  veineux ,  mais  très-am¬ 
ples,  car  j’en  ai  vu  qui  avoient  prefque  deux 

lignes 


D&  V Accouchtmmt  4Sï 

lignes  de  diamètre ,  d’arteres  qui'  ferpeii'» 
tenc,  &  de  petits  tioccons  arraches  &  flot« 
tans  ^à&  là. 

Il  n’eft  donc  point  étonnant  que  le  fan'g 
s’écoule  en  abondance  de  ces  vaifleaux  dé¬ 
chirés  ,  comme  d’autant  de  fources. 

Cette  quantité  de  fang  eft  li  grande,  que 
quelquefois  à  peine  a-t-on  fait  l’extradion 
du. placenta,  que  l’accouchée  rend  le  der¬ 
nier  foupir  :  j’ai  l’exemple  de  pareil  malheur 
arrivé  à  deux  femmes  de  qualité  ;  où  me¬ 
me  elle  perd  fa  vie  avec  fon  fang  , pendant  le 
temps  qu’on  fait  cette  extradion  ,  même 
entre  les  mains  des  plus  habiles  Accou¬ 
cheurs.  ;  ^ 

.  Ce  terrible  accident  eft  fort  rare  ;  mais  il 
eft  rrès-ordinaire  de  voir  la  matrice  fe  rem¬ 
plir  de  fang  fluide  ou* de  caillots;  quel- 
quelques  modernes  confeillent  de  les  exf 
traire,  &  d’en  nettoyer  tout  de  fuite  la  ma¬ 
trice. 

Il  eft  très-rare  que  fextradion  du  pla- 
cenca  fe  faire  fans  effuflon  de  fang ,  &  qu’il 
ne  s’écoule  que  de  la  férofité. 

Après  lafortie  du  placenta,  î’orifice  de 
la  matrice  refte  très-ouvert,  &  ne  fait  plus 
qu’un  tuyau  continu  avec  le  vagin.  Je  l’al 
vu  large  de  deux  pouces,  &  même  fl  large 
que  je  pouvois  y  mettre  la  main. 

Tome  II.  H  h 


^82  Di  F  Accouchement. 

On  n^a  point  encore  découvert  de  remede 
contre  ces  accidens  fubits  ;  en  Flandres  on 
ferre  le  ventre  de  l’accouchée, avec  une  cein¬ 
ture  préparée  pour  cet  ufage  ;  on  com-  \ 
pare  l’ effet  de  la  grande  effufion  de  fang 
qui  fe  fait  alors,  a  celui  que  produit  l’évacua¬ 
tion  totale  de  l’eau ,  dans  l’opération  de  la 
paracentefe.  ;  car  on  croit  que  le  fang ,  que 
la  compreflion  de  la  matrice  avoir  empêché 
de  fe  porter  aux  parties  inférieures ,  ôc  avoit 
retenu  dans  les  arteres  fupérieures ,  étant 
prefque  en  un  inftant  affranchi  de  cette  com-  | 
prefîîon ,  defeend  avec  impétuolîté  dans  les 
vaiffeaux  inférieurs ,  par  la  force  de  la  déri-  J 
vation ,  &  y  coule  comme  à  flots. 

On  empêche  cette  funefle  révulfîon,  en 
mettant  la  malade j)refque  horifontalenienc 
dans  fon  lit  ;  cette  fltuation  .donne  moins 
de  facilité  au  fang  a  fe  porter  vers  les  par¬ 
ties  inférieures  ;  d’autres  confeillent  de  com¬ 
primer  le  corps  de  la  matrice  avec  les  mains, 
pour  en  aider  les  contractions. 

Mais  la  nature  a  elle-même  apporté  k 
remede  à  ce  mal  ;  car  il  eft  naturel  que  la 
matrice,  qui  eft  irritable  &  très-fenflble , 
follicitée  par  le  décolement  du  placenta, dès 
l’inftant  qu’elle  eft  délivrée  de  fon  fardeau, 
commence  à  fe  contrader  fortement  ;  les 
Accoucheurs  fçaveiit  avec  quelle  force  elle 


lÛt.ï  AccdUckenltnti  4^  J 
fe  felTerre^  &  cette  vertu  contraâik  èxifte 
îiiême  ehcore  après  la  mort  ;  par  ce  moyen 
le  faüg  des  aiteres  &  des  finüs^  qui  ^  le  plus 
près  de  leur  ouverture,  efi:  exprimé,  l’orific® 
de  la  matrice  fe  ferme  ^  toute  la  maffe  de 
cet  organe  diminue  de  voîumej  h.  il  reprend 
Ton  épaiffeUr  &.  fa  denfité; 

Ces  changemens  arrivent  plus,  ou  moins 
promptement ,  mais  cependant  ils  fe  fucce« 
dent  toujours  rapidement 

Ruyfch  ,  en  confeillant  de  lailTerle  pîa*- 
centa  dans  la  matrice  ^  a  prétendu  que  l’o- 
tifie  ne  fe  refermoit  que  fort  tard,  &  qu’Ü 
reftoit  même  alTez  fouvenC ,  encore  ouverfi 
le  quatorzième  jour.  M.  Pputeau  a  vu  là 
matrice  groffe  comme  les  deux  poings^  huit 
jours  après  f  accoucliement  j  dt  au  bout  dp 
quinze,  à-peü-près  de  même  ;  il  y  a  dkutres 
Auteurs  qui  ont  été  plus  loin,  ils  ont  nié 
que  la  matrice  fe  fermât,  dans  les  femmes 
qui  ont  fait  beaucoup  du’pnfans  ;  pour  mot 
j’ai  vu  dans  le  cadavre  de  deux  accouchées, 
dont  l’une  étoit  morte  d’une  maladie-aiguë^ 
&  l’autre  d’un  ulcéré  à  la  matrice,  que  lâ 
matrice  étoit  d’un  volume  confidérable  ,  & 
que  l’orifice  étoit  béant  t 

Quand  la  matrice  refte  vo|umineafe,- 
îong- temps  après  l’accouchement,  c’eft 
,  d’un  fort  mauvais  augure.  # 

•  Hhij 


484  V Accouchement. 

Mais  la  plupart  des  Accoucheurs  con- 
vienneijt  qu’elle  ne  conferve  pas  le  volume 
qu’elle  avoir  pendant  la  groffelTe,  ni  feize 
jours,  ni  quinze,  ni  dix,  ni  neuf,  ni  huit, 
ni  même  un  feul  jour,  mais  qu’elle  fe  con¬ 
trarie  fi  fort  en  peu  d’heures,  qu’elle  devient 
du  même  volume  qu’avant  la  groflelTe;  on 
Ta  vue,  immédiatement  après  l’accouche¬ 
ment,  pas  plus  grofîe  que  le  poing  ;  on  a  vu 
fon  diamètre  égal  à  celui  du  vagin  ;  au 
bout  de  fix  heures,  on  l’a  vue  delà  groffeur 
d’une  ventoufe  ;  quinze  minutes  après  l’ac¬ 
couchement,  on  l’a  vue  épaifie  d’un  pouce , 
de  trois  doigts,  &  de  quatre,  &  elle  n’avoit 
avant,  qu’un  demi  doigt  d’épaifieur. 

On  dit  aufîi  que  l’orifice  fe  reflerre  im¬ 
médiatement  après  l’accouchement  ,  d’a¬ 
bord  avec  beaucoup  de  force,  car  on  s’en 
apperçoit  quand  on  y  porte  la  main',  & 
enfuiteplus  foiblemenf  ,  a  mefure  qu’il  y  a 
plus  long -temps  •que  l’accouchement  eft 
fait  J  enfin  on  a  vu  quelquefois  cet  orifice 
fi  bien  ferm^  qu’on  n’auroit  pas  pu  y  faire 
pafier  un  fiilet. 

C’eft  ce  même  refierrement  de  la  ma¬ 
trice,  qui  fait  que  l’écoulement  du  fang  di¬ 
minue  tout-a-comp  ^  de  qu’il  ne  coule  plus, 
au  lieu  d’un  fang  pur,  qu’une  férofité  jaune, 
mêlée  de  fang*  enfuite  ce  n’eft  plus  qu’une 


De  V Accouchement  4^1  ^ 

humeur  jaunâtre  &  même  blanchâtre,  & 
c’eft  cette  humeur  qui  conftitue  les  lochies. 

Car  les  v^ailTeaux  de  la  matrice  fe  reffer- 
rent  en  même  raifon  que  la  matrice  elle- 
même  ;  &  Il  elle  revient  a  la  onzième  partâe 
du  volume  qu’elle  avoit  acquis  pendant  la 
grolTefle,  de  même  un  de  fes  vaiffeaux  qui 
avoit  alors  une  ligne  de  diamètre ,  n’a  plus 
qu’un  point. 

C’eft  pour  cette  rai^n  qu’on  a  fait  des, 
opérations  céfariennes',  fans  qu’il  fefoiü 
écoulé  beaucoup  de  fang  ;  car  quand  l’enfanü 
eft  forti  de  la  matrice, ce  vifcere  fe  contrade, 
&  revient  a  un  très  petit  volume  :  on  a  ob- 
fcrvé  que  la  plaie  réfultante  d’une  rupture 
de  rnatrice,  s’eft  trouvée  fermée ,  après  què 
i’enfant  en  fut  tiré  ;  &  dans  un  autre  cas,  la 
matrice  d’uneièmme  grofîe  ayant  été  bief, 
fée,  les  eaux  ne  s’écoulèrent  point  par  la 
plaie. 

On  voit  par-la,  la  raifon  de  ce  que  la  ma¬ 
trice  ne  contenant  plus  rien,  l’hémorrha¬ 
gie  cefîe. 

Mais  il  faut  pour  cela  qu’eîle  foit  exac¬ 
tement  vuide;,  car  fi  le  placenta  ,  ou  une 
grande  portion  de  cette  maife  ,  eft  refté 
dans  fa  cavité,  ou  s’il  y  a  de  gros' caillots 
de  fang,  ou  quelque  autre  corps ,  alors  la 
matrice  étant  diftendue  par  ces  corps ,  ne 
Hhiij  :v  : 


^85"  De  V Accouchement 
|3çut  pas  revenir  a  fa  petiteffe  nécelTaire ,  & 
îe  fang  trouvant  les  orifices  des  vaifîeaux 
ouverts ,  ne  cefîe  pas  de  s’écouler. 

L’hémorrhagie  continue  donc,  &  il  y  a 
alors  deuxaccidens  qui  menacent,  celui  de 
îa  perte  du  fang,  &  celui  de  la  putréfaction  • 
car  l’orifice  delà  matricej  qui  très-rarement 
eft  maintenu  béant  par  quelque  corps  qui 
^’y  eft  engagé  ,  fe  ferme  tout  de  fuite ,  à 
moins  que  la  matri^ge  étant  en  inertie ,  il  ne 
foit  trop  foible  ;  cet  orifice  étant  donc  re¬ 
fermé  ,  le  fang  qui  s’écoulera  dâns  fa  cavité, 
&  le  placenta,  y  feront  retenus ,  &  tombe¬ 
ront  en  putréfaétion,  toujours  très-dange-, 
reufe ,  quoiqu’on  fafle  pour  en  diminuer  le 
danger. 

..  Ç’eft  pour  cela  qu’il  eft  fi  fort  a  defirer 
que  la  matrice  foit  délivrée  du  plaCenta,  & 
ds  tout  autre  corps  étranger,  immédiate¬ 
ment  après  l’accouchement.  ' 

'  "Outre  cela,  il  y  aura  des  caillots  de  fang, 
qui  produiront  fur  la  matrice  une  fenfation 
très-vive ,  quand  à  force  de  fe  contracter 
©lie  fera  parvenue  à  les  toucher  immédiate¬ 
ment  ;  elle  en  fera  irritée ,  de  ce  fera  là,  la 
principale  caufe  des  douleurs  que  reffentent 
les  femmes  après  l’accouchement,  &  qu’on 
nomme  tranchées  ;  mais  ces  petites  incom¬ 
modités  ne  font  rien ,  en  comparaifon  dù 
danger  auquel  cet  état  expofe. 


De  V Accouchement  487 

.La  nature  a  fi  fagement  difpofé  les  cho- 
fes que  ce  mal  apporte  lui-même  fou  re- 
mede  ;  car  rirritation  que  caufent  ces  cail¬ 
lots  fur  la  matrice,  fait  naître  des  douleurs, 
&  fait  qu’elle  les  expulfe  de  fa  cavité. 

Les  lochies,  ou  purgations  de  la  matrice 
continuent  de  couler,  mais  en  diminuant 
de  jour  en  jour  de  quantité ,  &  en  deve¬ 
nant  de  plus  en  plus  aqueufes,  jufqu’à  ce 
qu’au  bout  de  vingt  jours  ,  de  trente  ,  ou 
de  quarante  ,  elles  fe  tarifent  ;  quelquefois 
elles  font  faoguines  pendant  tout  ce  temps. 

La  quantité  des  lochies  ne  peut  être  éva¬ 
luée  au  jufte  ;  on  a  vu  couler  èn  peu  de  jours 
jufqu’à  trente-fix  livres  de  fang ,  commu¬ 
nément  elles  ne  coulent  qu’à  la  quantité 
d’une  livre,  ou  d’une  livre  &  demie  ;  la  pre¬ 
mière  fois  que  les  réglés  reviennent  après 
i’accouchement,  elles  font  plus  abondantes. 
.  S’il  eft  refté  quelque  portion  du  chorion, 
ou  quelques  petits  lambeaux  du  placenta,  ou 
quelqu’autre  chofe ,  tout  cela  eft  expulfé 
par  la  fuite  avec  les  lochies  ;  la  putréfac¬ 
tion  qui  s’empare  de  tous  ces  reftes  les  fait 
tomber  en  fonte ,  Ôc  en  rendant  fluides  ces 
corps  étrangers ,  leur  donne  plus  de  facilité 
à  franchir  l’orifice  de  la  matrice. 

L’écoulement  de|  lochies  eft  abfbîument 
néceftaire,  car  leur  fiipprefîion  eftîa  caufe 
H  hiv 


^88  r Accouchemènt; 

h.  plus  fréquente  de  la  mort  des  femmes  .en 
couches  ;  cette  fuppreffion  eft  prefque  tou¬ 
jours  occafionnée  par  l’inflammation  de 
la  matrice  ;  quelquefois  c’eft  l’efFet-  de  la 
frayeur; 

Les  mauvaifes  manoeuvres  des  fage-fem- 
mes  en  font  fouvent  la  caufe. 

Il  eft  fort  rare  que  les  lochies  ceflent  de 
couler  le  cinquième  jour,  à  plus  forte  rai- 
fon  le  fécond,  fans  qu’il  en  réfulte  des  ac- 
eider»  ;  j’ai  cependant  vu  une  femme  à  qui 
cela  eft  arrivé  ,  &  qui  mourut  phtyfique,, 
quelques  années  après. 

II  eft  probable  que  quelquefois  l’abon¬ 
dance  du  lait ,  ou  une  diarrhée ,  même  une 
dyfîenterie  , .  fuppléent  a  l’évacuation  des 
lochies  ;  ou  enfin  quand  la  femme  n’eft 
point  pléthorique ,  &  que  les  vaifTeaux  de  *• 
la  matrice  font  petits ,  cet  écoulement  n’eft. 
pas  néceflaire. 

On  dit  qu’on  a  vu  couler  les  lochies  par  les 
trompes,  &  s’épancher  dans  le  bas-ventre  ; 
mais  je  penfe  que  ce  n’a  pas  été  fans  dan¬ 
ger;  &  ce  ne  feroit  pas  avec  moins  de  rif- 
ques  qu’eljes  pafîeroient  à  travers  les  pores  ^ 
de  la  matrice  ,  pour  tomber  dans  le  bas- 
ventre  5  fi  le  péritoine  le  permettoit. 

Les  brutes  perdent  moins  de  fang  que  de 
glaires. 


De  r  Accouchement.  485 

A  l’égard  du  vagin ,  peu-k-peu  il  fe  ré¬ 
trécit  après  l’accouchement  ;  je  l’ai  vu  au 
bout  de  quinze  jours ,  avoir  trois  pouces  de 
large  ,  quoiqu’il  fut  coudé  av^c  la  matrice, 
comme  il  l’eft  naturellement  ;  j’ai  lu  qu’a- 
près- l’accouchement  il  faifoit  avec  la  ma¬ 
trice  un  grand  angle  &  droit;  il  me  femble 
qu’ils  font  enfemble  tout  defuite^  un  angle 
obtus. 

§.  xy.  Le  lait. 

Nous  avons  appellé  lait ,  cette  humeur 
qui  commence  à  fe  former  pendant  la  grof- 
fèlTe,  &  qui  coule  abondamment  des  ma^ 
melies  quand  la  femme  eft  accouchée ,  & 
que  le  chyle  que  la  mere  fournilToit  k 
l’enfant,  dans  le  temps  qu’il  étoit  renfermé 
dans  la  matrice ,  fait  pléthore  dans  ces  or¬ 
ganes. 

L’enfant, de  même  que  les  autres  animaux, 
eft  inftruit  par  la  nature  a  fucer  ce  chyle  ; 
il  faifit  le  mamelon  avec  fes  levres ,  le 
fait  faillir  en  l’irritant  ;  il  le  prefle  quand  il 
le  faifit',  &  par  cette  preffion  il  fait  couler 
dans  fa  bouche  ce  qui  eft  en-deçk  de  fa  le- 
vre ,  de  ce  qu’il  prènd  pafle  dans  fon  efto- 
mac,  par  les  forces  de  la  déglutition  ;  quand 
il  quitte^  le  mamelon,  le  lait  continue  de 
couler  ie  de  fortir  abondamment  de  la 


490  De  V Accouchement, 
mamelle  ,  par  l’endroit  qu’il  avoir  faifî 
dans  fa  bouche  \  &  s’il  le  reprend  enfuite , 
il  tette  de  même  que  la  première  fois  ;  ainfi 
il  fçait  fadsfaire  au  premier  befoin  de  la 
vie  ;  ce  n’eft  pas  comme  on  l’enfeigne,  qu’il 
ait  appris  à  fe  fervir  de  fes  mufcles  ;  ce  n’eft 
sûrement  pas  de  ceux  des  yeux ,  de  la  bou¬ 
che,  de  l’œfophage,  delà  poitrine,  ni  même 
de  ceux  des  bras,  qu’il  apprend  à  faifîr 
la  mamelle  &  le  mamellon  ;  il  n’a  pas  non 
plus  fait  encore  ufage  de  fes  pieds  ;  cepen¬ 
dant  a  peine  les  petits  des  animaux  font-iIs‘ 
fortis  de  la  matrice,  qu’ils  fçavent  fe  traîner 
aux  mamelles  de  leur  mere;  &  les  petits 
agneaux  fuiventieiir  mere,  prefque  auffi-tôc 
qu’ils  font  nés. 

§.  XVI.  Les  jumeaux. 

,  Nous  avons  dit  en  abrégé  tout  ce  qui 
concerne  l’accouchement  ;  mais  quand  l’en¬ 
fant  &  toutes  fes  dépendances  font  fortis  de 
la  matrice,  la  mere  n’eft  pas  toujours  tota¬ 
lement  délivrée  ;  car  aifez  fréquemment 
dans  l’efpece  humaine  ,  comme  dans  les 
brebis ,  les  chevres  &  les  vaches ,  qui  ont 
coutume  de  ne  faire  qu’un  fétus  a  la  fois, 
il  y  en  a  un  fécond.  Qu’il  nous  foit  permis 
de  jetter  .les  yeux  fur  les  variétés  de  la  na¬ 
ture  k  cet  égard. 


De  V Accouchement.  49^ 

II  eft  lî  rare  qu’il  y  ait  trois  enfans  dans 
une  feule  grolTelTe ,  que  dans  ^<500.  accou- 
chemens ,  à  peine  y  en  a-t-il  un  de  trois ,  la 
femme  d’un  de  mes  parens  eft  accouchée  de 
trois  enfans ,  il  n’y  en  a  qu’un  qui  ait  vécu. 

II  eft  extrêmement  rare  de  voir  des  ac- 
couchemens  de  quatre  enfans  :  il  y  en  a  tout 
au  plus  un  fur  20,000,  &  il  eft  encore  plus 
rare  qu’ils  vivent  ;  je  ne  fçache  pas  que  ja¬ 
mais  ils  ayent  vécu. 

Pour  qu’un  enfant puifte  vivre,  il  faut 
qu’il  puifte  refpirer  &  remplir  les  autres 
fondions  nécelîaires  à  la  vie  ;  il  faut  aufli 
que  le  cœur  &  le  poumon  ayent  acquis 
un  certain  degré  de  perfedion,  &  que  le 
trou  ovale  foit  rétréci  &  prêt  à  fe  boucher  ; 
d’ailleurs  il  faut  de  l’irritabilité  dans  les  muf- 
cles ,  il  leurifaut  la  fermeté  nécelTaire  pour 
foutenir  les  membres,  &  l’une  &  l’autre 
propriété  ne  s’acquiert  qu’avec  le  temps  ; 
enfin  il  faut  aufli,  &  principalement,  que 
îef  tégumens'ayent  une  certaine  confiftan- 
ce,  &  qu’il  y  ait  un  épiderme. 

Or  quatre  enfans  qui  ont  été  en  même- 
temps  dans  la  matrice,  recevant  moins  de 
nourriture,  font  néceftairement  plus  petits, 
&  ne  different  gueres  d’un  embryon"  de  qua¬ 
tre  a  cinq  mois  ;  cependant  des  Auteurs  di- 
fent  qu’il  y  en  a  qui  ont  vécu. 

J’ai  lu  qu’il  y  avoit  eu  un  ou  deux  accou- 


!492  De  V Accouchement. 
chemens  de  cinq ,  &  je  ne  penfe  pas  qu’il 
s^en  rencontre  un  fur  un  million.  Plutarque 
dit  que  les  cinq  flambeaux  que  Tonportoit 
devant  les  mariées,  étqient  lé  fymbole  de  ce 
que  la  femme  ne  peut  porter  àu-delk  de  cinq 
enfans. 

Quant  aux  accouchemens  de  fix,  fept, 
huit ,  neuf  &  quinze  enfans ,  je  les  regarde 
comme  des  fables. 

On  peut  voir  comment  on  explique  l’iiif-* 
toire  de  cette  Comtefîe  d’Hollande,  qu’on 
a  dit  avoir  eu  d’une  feule  couche  36'^  en¬ 
fans. 

Il  femble  qu’on  doit  chercher  la  caufe 
delà  multiplicité  des  enfans  dans  le  nombre 
des  véflcules ,  qui  fe  trouvant  mûres  dans 
le  même.temps ,  dans  le  même  ovaire ,  font 
propres  k  former  le  corps  jaune  ;  c’efl:  pour¬ 
quoi  parmi  les  femmes  &  , parmi  les  femel¬ 
les  des  autres  animaux,  if  y  en  a  qui  ont 
plus  de  facilité  k  avoir  des  jumeaux  &  des 
trijumeaux  ;  les  anciens  s’accordent  k  dire 
qu’en  Egypte  les  animaux',,  qui  naturelle¬ 
ment  ne  font  qu’un  fétus,  ont  fréquemment 
des  jumeaux  '  mais  on  a  fçu  depuis  peu  qu’a 
peine  voy oit-on  des  jumeaux  dans  les  Indes 
orientales,  &  qu’on  èn  voyoit  plus  fréquem¬ 
ment  dans  la  Penfilvanie  tempérée,  &  dans 
l’Angleterre  feptentrionalej  &  même  dans 
les  Ifles  les  plus  froides. 


De  r Accouchement,  49^ 

Pour  le  nombre  des  fétus  «Sc  celui  des 
mamelles,  l’homme  approche  de  la  clalTe 
des  animaux  herbivores,  qui  pourlâ  plupart 
ne  font  que  peu  de  petits  à  la  fois.  ; 

Au  contraire  les  animaux  carnivores  f 
comme  ils  ont  beaucoup  de  mamelles,  font 
beaucoup  de  petits  ;  tous  fans  exception  ;  le 
lion,  le  tigre,  le  genre  des  chats,  des  chiens,  • 
des  ours,  des  belettes,  des  rats  ;  on  peut 
ranger  dans  cette  claffe  les.  lievres,  les  la¬ 
pins,  qui  ne  font  cependant  pas  véritable¬ 
ment  herbivores,  car  ils  dévorent  leurs  pro¬ 
pres  petits,  &  s’engraiffentdu  fang  humain; 
entre  les  animaux  qui  fe  nourrifîent  de  toute 
efpece  de  chofé,  le  porc  eft  celui  des  qua¬ 
drupèdes  dont  la  portée  eft  la  plus  nom- 
breufe ,  auffi  les  truies  ont-elles  un  nombre 
prodigieux  de  véficules  dans  les  ovaires  ; 
chaque  clafle  d’animaux  a  fon  nombre  fixe 
de  petits. 

Il  y  a  quelques  volatiles  qui  font  deux 
ceufs  à  la  fois ,  ce  font  ceux  qui  vivent  unis; 
il  y  en  a  beaucoup  qui  en  font  davantage  , 
&  en  général  le  genre  des  ovipares  eft  plus 
fécond  que  celui  des  vivipares  ;  je  penfe  que 
la  raifon  de  cela  eft  qu’il  faut  moins  de  tra¬ 
vail  pour  né  donner  à  un  fétus  que  les  pre¬ 
miers  principes  de  la  vie ,  qu’il  n’en  faut  aux 
femelles  vivipares  pour  produire  ,  comme 


^94  V  Accouchement 

elles  le  font ,  un  fétus  auffi  formé  en  naïf» 
fane,  que  le  volatile  en  forçant  de  fon  œuf, 
&  auffi  parfait ,  quoique  moins  propre  k 
prendre  fa  nourriture* 

Les  poilTons  qui  fe  mangent  les  uns  les 
autres ,  &  les  infedes,fe  multiplient  pro- 
digieufement  ;  mais  la  Providence  a  voulu 
qu’ils  fuffent  très-féconds  ,  à  câufe  des 
dangers  qui  les  menacent  fans  ceffe  ;  leur, 
petiteffie  fait  ■  qu’ils  font  expofés  a  tou¬ 
tes  fortes  d’injures,  ou  qu’ils  fe  procurent 
plus  difficilement  les  befoins  de  la  vie;fef- 
.  pece  des  bœufs  &  des  brebis,  qui  ne  font  pas 
capables  de  fe  conferver  fans  le  foin  qu’en 
prennent  les  hommes  ,  eft  bien  plus  nom- 
breufe  que  celle  des  loups ,  qui  cependant 
.  Jontjnuîtipares. 

Outre  cela,  comme  les  animaux  herbi¬ 
vores,  qui  fe  nourriffient  d’alimens  moins 
fucculens ,  ne  peuvent  pas  nourrir  un  grand 
nombre  de  petits,  k  nature  les  en  dédom¬ 
mage  par  la  facilité  qu’ils  ont  a  trouver  p⬠
ture  *  la  face  de  la  terre  eft  par-tout  recou-^ 
verte  d’herbe  qui  croît  fans  culture  ;  au  lieu 
que  les  anihiaux  carnivores  font  forcés  de 
chercher  leur  proie  k  travers  les  guerres,  les 
périls  &  beaucoup  de  difficultés. 

Mais  les  animaux  quine  prodiiifent  qü’un 
petit  k  la  fois,  &  l’homme  lui-même,  ne  s’eiï 


De  V Accouchement,  49 

multiplient  pas  moins  ;  les  animaux  qui  ne 
font  point  féroces  j  qui  ne  manquent  jamais 
de  nourriture ,  prcduifent  tous  les  ans ,  de 
font  prefque  en  état  d’engendrer  a  un  an  ; 
une  vache  en  vingt-fix  ans  a  été  mere  de 
huit  cent  enfans. 

L’homme  lui-même,  qui  de  cous  les  ani¬ 
maux  connus,  eft  celui  qui  parvient  le  plus 
tard  àja  puberté  ;  s’ eft  multiplié prodigieufe- 
ment  en  très- peu  de  temps,  dans  le  temps 
qu’il  n’y^  avoit  point  encore  dé  guerre,  qui 
en  détruiiic  un  grand  nombre. 

On  a  vu  des  femmes  meres  de  vingt-qua¬ 
tre  enfans,  d’autres  de  trente,  de  trente- 
neuf,  &  une  de  cinquante-trois. 

Il  eft  avéré  que  dans  l’Amérique  fepten» 
trionaîe ,  les  Colons  fe  multiplient  ft  pro- 
digieufement ,  qu’une  feule  femme  morte 
en  1739 ,  aleu  cinq  cent,  tant  enfans  que 
petits  enfans,  doüit'deux  cent  cinq  lui  ont 
iurvécu. 

Ce  n’eft  pas  par  les  jumeaux  ni  les  triju¬ 
meaux  que  fe  fait  cette  multiplication  ;  car 
•les  jumeaux  ordinairement  font  foibles  & 
vivent  peu ,  iis  affoibliflent  le  tempérament 
de  leur  mere  j  on  l’obferve  même  dans  les 
brutes. 

Mais  ce  qui  y  contribue  beaucoup ,  c’eft 
que  la  fage  nature  a  faitnaitre  les  enfans 


ï)c  V Accouchement 

des  deux  fexes  ,  dans  la  proportion  là  plus 
propre  à  multiplier  l’efpece  humaine* j  car 
il  eft  certain  qu’il  naît  plus  de  garçons  que 
de  filles  J  ce  n’eft  pas  une  réglé  bien  conf¬ 
iante  ,  mais  c’efi  une  obfervation  faite  de 
tout  temps ,  rnême  dans  l’Inde  &  dans  l’A^ 
mérique  ;  les  uns  eftiment  cette  proportion 
commede  à  14,  d’autres  de  14a  13, 
d’autres  de  12  à  1 1 ,  d’autres  comrr^  39  a 
28  J  ou  22  a  21,  ou  23  k  14,  , d’autres  enfin 
comme  3  à  2. 

V enufti  i’a  obfervé  autrefois,  &  cette  ob- 
fervattion  eft  confirmée  par  le  témoignage 
d’une  infinité  de  modernes. 

Ainfi  il  y  a  chaque  femme  pour  chaque 
homme,  &  ce  qu’il  y  auroit  de  plus  dans  le 
nombre  des  hommes  ,  eft  détruit  par  les 
guerres  &  par  les  autres  dangers ,  auxquels 
les  travaux  particuliers  des  hommes  les  éx- 
pofent,  par  les  naufrages,  &  par  les  diffé- 
rens  métiers,  dans  l’exercice  defquels  la  vie 
eft  expofée* 

S’il  y  avoit  plus  de  femmes  que  d^hom- 
mes ,  il  y  en  auroit  néCefîairement  qui  n’au- 
roient  aucune  efpérance  de  fe  marier  ;  & 
sftl  naiflbit  beaucoup  plus  de  garçons  que 
de  filles ,  les  hommes  feroient  en  guerre  par 
rapport  aux  femmes  ,  comme  font  certains 
oiîeaux  j  ou  les  plus  forts  châcreroient  les 


De  V Accouchement.  4^7 

plus  foibîes,  &  de.  f  uiie  &  Fautre  de  ces 
maniérés  la  propagation  du  genre  humain 
feroic  moindre. 

Il  y  auroit  quelque  chofe  d’approchant 
de  cette  harmonie,  fi  les  oifeaux  vraiment 
polygames  avoient.  plufieurs  feme-lles ,  & 
fi  dans  ceux  qui  font  par  paire  il  y  avoit  plus 
de  mâles  •  on  peut  en  juger  par  l’exemple 
des.  abeilles.  ,  ' 

g.  XVII.  La  fupcrfétation. 

C’efl:  un  autre  genre  de  jumeaux  fort 
différent  du  premier,  en  ce  que  les  jumeaux 
ordinaires  font  engendrés  en  même- temps, 
&  par  une  feule  conception,  au  lieu  que  la 
fuperfétation  efl:  la  formation  de  deux  fétus 
dans  deux  différentes  conceptions. 

Il  y  a  quelques  Auteurs  qui  nient  cette 
fuperfétation  ,  &  ils  donnent  pour  raifon 
que  [l’orifice  de  la  matrice  étant  fermé 
après  la  conception ,  il  ne  peut  plus  don¬ 
ner,  paflage.  a  la  femence,  &  que  les  trom¬ 
pes  dans  les  femmes  groffes  font  trop 
droites  &  trop  courtes,  &  ne  peuvent  pas 
embraffer  l’ovaire  ^  d’autres  admettent;  la 
fuperfétation  ;  il  faut  examiner  les  raifons 
de  Fune  &;  de  l’autre  opinion. 

Parmi  les  pretflves  que  donnent  les  parti* 
fans  de  la  fuperfétation,  il  y  en  a  quelques» ' 
Tome  IL  ti 


^^8  V Aceouchement. 

unes  que  je  rejette  entièrement ,  comme 
l^inègalité  du  volume  de  deux  enfans  qui 
naiflent  en  même-temps ,  &  dont  ils  difent 
que  le  plus  grand  eft  à  terme,  tandis  que 
l’autre  bien  plus  petit  n’eü:  que  de  quelques 
mois,  &  conféquemment  qu’ils  n’ont  pas  été 
l’un  &  l’autre  conçus  dans  le  même  temps;  . 
on  trouve  un  grand  nombre  de  ces  forces 
d’hidoires. 

J’ai  vu  moi-même  un  enfant  a  terme,  naî¬ 
tre  avec  un  autre  extrêmement  petit,  &  fi 
plat ,  qu’il  étoit  à  peine  de  l’épaifieur  d’un 
papier  brouillard  ;  on  a  vu  fortir  avec  un 
enfant  bien  formé  le  fqûelette  d’un  autre. 

On  a  vu  un  fétus  de  la  longueur  du  doigt, 
ou  de  la  grofieur  d’une feve,  avec  un  autre  à 
terme  ;  on  a  vu  avec  un  enfant  qui  étoit  dans 
fon  état  de  perfedion ,  Un  autre  qui  n’étoit 
pas  à  terme ,  &  qui  paroifibit  à  fa  grandeur, 
n’être  que  de  quatre  a  cinq  mois  ;  une  autre 
fois  deux  fétus  abortifs ,  l’un  qui  avoit  l’ap¬ 
parence  d’un  enfant  delix  mois,  &  l’autre 
celle  d’un  de  trois  ;  fur  trois  jumeaux  un 
qui  n’étoit  pas  a  terme,  6c  qui  étoit  mort; 
dans  un  autre  cas  qui  paroit  prouver  un  peu 
davantage ,  un  fétus  abortif  qui  paroifibit 
être  de  quatre  mois,  avec  un  embryon  de 
vingt  jours  ;  on  a  trouvé  dans  une  fécondé 
poche  un  fétus  de  quatre  k  cinq  mois ,  en 


De  VM.ccouchéinenh  499- 
bon  état  ^  mais  mçrt  ;  après  la  fortîe  d’un 
enfaiir  bien  portant  j  un  fac  dans  lequel  il  y 
avoitün  os  maxillaire  &  cinq  dents  ;  &  enfin 
Un  enfant  de  fix  mois  avec  un  de  deuxi 

On  peut  encore  rapporter  à  cela  f  exem-^ 
pie  d’un  enfant,  au  terme  de  neuf  mois,  avec 
un  de  fix  J  qiii  à  peine  pouvoit  faire  la  dé- 
glutitionj  qui  ne  Vécut, que  peu  de  jours;  & 
le  mari  de  la  mere  de  ces  deux  enfans  avoit 
été  trois  mois  en  voyage. 

"  Une  chienne  a  fait  d’une  portée  fept  pe^ 
tits  chiens  parfaits^  &  fept  autres  qui  ne  l’é- 
toient  pas. 

Je  ne  crois  pas  qu’un  enfant  qui  n’étant 
pas  k  termcj  naitroit  peu  de  temps  après,  ou 
peu  dé  temps  avant  on  autre  qui  fefoit  à 
terme ,  prouvât  davantage  en  faveur  de  la 
fuperfétation  *  telles  font  ces  obfefVations 
fur  UH  embryon  de  la  longueur  du  doigt,  qui 
fortit  de  la  matrice  avec  un  enfant  a  terme  ; 
un  fétus  de  trois  à  quatre  mois  avec  un  de 
neuf,  ou  une  petite  fille  en  bon  état,  qui 
vint  au  monde  foixante-trois  jours  après  une 
fauffe  couche  ;  de  mênie  un  accouchement 
à  terme  naturel,  après  une  fauife  couche  de 
deux  ou  trois  mois  ;  un  avortement  de  qua^ 
rante  jours,  aü  feptieme  mois  de  grofTeife, 
&  un  autre  au  neuvième  ;  un  entant  bien 
conftimé,foixarAt€-dix  jours  après  un  enfant 
mort^  1  i  ij 


^06  r Accouchement, 

L’illégalité  du  volume  des  en  fans  ne 
prouve  rien  de  plus  ;  airifi  je  mets  au  même 
rang  un  fétus  abortif  venu  quelques  heures 
après  un  enfant  bien  conftitué;  un  qui  n’ar- 
voit  qu’un  pied  de  long,  né  trois  jours  après 
un  autre  bien  portant  &  k  terme  ;  un  dé  la 
longueur  d’un  doigt  venu  fept  jours,  &  un 
autre  neuf  jours  après  un  enfant  à  terme  * 
un  fétus  mort  forti  prefque  vingt  femaineS 
après  un  qui  vivoit  ;  de  même  un  fétus  de 
cinq  mois ,  tout  maigre,  forti  quarante-deux 
jours  après  un  autre. 

Car  comme  il  eft  certain  qu’un  de  deux 
jumeaux  peut  mourir  tandis  que  l’autre  refte 
vivant  ;  que  des  remedes  pris  inconfidéré- 
hient  peuvent  expulfer  un  des  deux  enfanSj 
tandis  que  l’autre  refte  dans  la  matrice;  qu’un 
enfant  peut  venir  au  monde  vivant ,  quatre 
jours  après  la  fortie  d’un  enfant  mort,  & 
qu’un  enfant  mort  peut  venir  quelques  jours 
après  un  vivant  ;  enfin,  comme  fur  trois  ju¬ 
meaux, on  en'a  trouvé  un  mort  dans  la  trom¬ 
pe,  pendant  que  les  deux  autres  vinrent  au 
monde  vivàns  ;  ou  qu’un  ayant  péri  depuis 
peu,  les  deux  autres  démoiitroient  par  la 
putréfaction  dont  ils  étoient  atteints,  qu’ils 
étoient  morts  avant  ,  il  eft  afîez  apparent 
que  Tun  des  enfans  étoit  mort  ou  avoit  lan¬ 
gui  par  la  preffion  de  l’autre  qui  prenoit 


Dùf  Accouchement.  ^oi 

trop  d’accroifleitient^  ou  que  les  eiifans  ne 
prennent  pas  égal efnent  leur  croiffance, 
parce  qu’il  fe  trouve  dans  l’un  d’eux  quelque 
obftacle  particulier  à  fa  nutrition ,  quoique 
néanmoins  ils  ayent  été  conçus  en  même- 
temps.  ' 

Je  ne  croirai  pas  non  plus  que  deux  en- 
fans  bien  conftitués  qui  nailTent  à  quelques 
jours  d’intervalle  l’un  de  l’autre ,  prouvent 
qu’il  y  a  eu  deux  conceptions.  . 

Car  comme  les  Accoucheurs  fçavent 
qu’ après  la  fortie  de  l’un  de  deux  jumeaux 
un  autre  peut  refter  'câché  dans  la  matrice ,  à 
moins  qu’un  habile  Accoucheur  l’ay antre- 
connu,  ne  perce  les  membranes,  &  n’en 
faffe  l’extradion,  il  eift  évident  que  deux 
jumeaux  peuvent  avoir  été  conçus  abfolu- 
ment  dans  le  même  inftant &  ne  naître 
que  l’un  après  l’autre. 

Ainfi  je  regarde  comme  un  cas  de  la 
fnême  efpece  celui  où  un  de  deux  j.umeaux 
eft  né  ,  comme  cela  eft  arrivé,  dix  ou  feize 
jours  aprèsi’autre ,  &  que;cq>endant  ils.  oii£ 
vécui’un  &  l’autre  ;  &  celui  où  trois  enfans 
jumeaux  font  nés  à  différentes  heures,même 
à  différens  jours ,  &.  ont  vécu  tous  trois. 

Il  en  eft  de  même  de  cinq  jumeaux,  dont 
un  eft  né  fept  jours  après  les  quatre  autres  j 
&  dans  un  autre  cas,  il  y  a  eu  dix-fept  heu- 
I  iiij 


^oz  De  V AçcQuchement, 
res  d’intervalle  entre  le  premier  &  le  fécond, 
enfuite  vingt-quatre  entre  le  fécond  &  le 
troifieme,  autant  entre  le  troifieme  &  le 
quatrième,  &  après  cela  la  mere  eft  morte 
avec  deux  autres  enfans  qui  çtoient  reftés 
(ians  la  matiâce. 

On  trouve  dans  la  bibliothèque  çlioifie 
de  Planque  une  obfervation  fur  fept  enfans 
qui  font  nés  delà  même  mere  depuis  le  2q 
Avril  jufqu’au  ^  Mai, 

§5  XVIII,  Quelles  raiforts  on.  a  cepen-^ 
darit pour  qdme^ttre  la  fuperfétation. 

Les  exemples  de  deux  enfans  l’un  A  l’am 
tre  vivans  dç  en  bonne  fànté,  qui  font  nés 
=  de  la  même  mere ,  dans  uii  long  efpace  de 
temps,  ont  plus  de  poids, 

Les  Auteurs  ne  font  pas  toujours  alTez 
exads  pour  nous  inftruire  de  tout  ce  qui 
féroit  neceiraire  ,  pour  porter  un  jugement 
çertain  à  cet  égard. 

On  rapporte  qu’un  enfant  faiq  &  vivant 
efl:  venu  au  monde  vingt  jours  après  un  aur 
tre  ;  qu’un  fécond  fétus  eft  né  quelques  fer» 
maines  après  le  premier,  -  ■ 

Geci  ifeft  qu’une  foible  preuve,  mais  ce 
que  nous  allons  dire  prouve  un  peu  plus. 

J’àf  lu  des  obfervations  fur  des.  enfans 
nés  ^  un  mok  f  un  de  l’autre. 


De  V Accouchement  ^03 

'  Une  /emme ,  au  rapport  4e  Valifnieri  » 
accoucha  le  13,  le  24  Juin  &  le  10  de  Juil¬ 
let  ;  d’autres  rapportent  que  deux  enfans 
font  nés  à  quarante  jours  l’un  de  l’autre,  & 
d’autres  qu’un  enfant  eft  né  cinquante  jours 
après  un  autre. 

Une  femme  accoucha  a  fept  mois,  6c 
encore  à  neuf 

'  Une  autre  accoucha  de  deux  enfans  k 
deux  mois  d’intervalje,  &  ils  etpient  i’uîj 
dç  l’autre  dans  l’état  de  perfedion. 

De  même  une  autre  fentit  les  mouve- 
mens  d’un  enfant,  deux  mois  après  avoir 
fenti  ceux  d’un  autre.. 

Si  ces  hiftoires  font  vraies,  ce  font  autant 
d’exemples  certains  de  lafuperfetation  ;  car 
il  n’eft  pas  vraifemblabîe  que  fun  &  l’autre 
enfant  étant  vivant  &  fain ,  celui  qui  eft 
forti  le  premier  ait  acquis  en  fept:  mois  au¬ 
tant  d’âccroiflement.que  l’autre  ema  acquis 
en  neuf;  car  s’il  y  avoiteu  quelque  maladie 
qui  eût  retardé  cet  accroiflement,  il  femble 
qu’on  auroit  dû  le  voir  dans  ce  premier,  en- 
fanti 

-  On  rapporte  donc  des  exemples  d’enfans 
nés  à  trois  mois  l’un  de  l’autre  ;  de  deux 
freres  nés,  l’un  le  7  Avril ,  &  l’autre  le ^27 
Juillet ,  l’un  en  Septembre  &  l’autre  en  Dé¬ 
cembre,  l’un  dans  le  quatrième  mois-,  & 
I  i  iv 


5  04  V Accouchement. 

l’autre  le  huitième  ;  l’un  le  quatrième  mois 

6  l’autre  le  neuvième  ;  enfin  l’un  en  Avril 

&  l’autre  en  Septembre.  .  ■  ■  \- 

D’une  fille  qui  naquit  -trente-cinq  jouti 
après  un  garçon,  &  cent  quarante  jours  après 
fa  naiflance ,  il  vint  un  autre  garçon  morti 

D’un  enfant  a  la  vérité  bien  foible ,  qui 
vint  fix  mois  après  un  autre.  -  '- 

'  De  deux  enfans  bien  vivans  &  forts , -qui 
font  nés  l’ün  le  3 1  Juillet,  &  l’autre  le  ^  de 
Fev^’ier  ;  il.faut  que  ce  'déhiier  ait  été  conçu 
dans  le  temps  que  le  premiér  avoir  déjà  vécu 
environ  quatre-vingt  jours  dans  la  matrice. 

Si  tous  ces  exemples  font  vrais ,  il  ne-pa-^ 
roit  pas  pofiible  que  ces  enfans  foien#  nés  à 
de  fi  grands  intervalles  3  fans  que  l’un  ait 
été  conçu  loifg-temps  après  l’autre. 

On  peut  croire  qu’il  y  a'  eu  fuperfétatîon 
dans  les;  femelles  des  lapins  &  dêsdia#eSÿ 
'même  ^dans  les  truies  &  les  brebis  jjdanS-  le 
corps  defqüélles  on  a  trouvé  des  fétüs  plus 
grands  &  plus  formés  les  uns  que  les  autres^ 
’omdu-moins-dans  celles-  qiii  ayant  -déjà  mis 
bas,  avoient  encore  de  petits  embryons  ref¬ 
iés  dà-nsfe'ï.)'ent-re  ;  c’efi  pouf  célâ  que  ? line 
à  dit  que  la-fuperfétation*  avoir  lieu  dans  lé 
îievre  &  de  lapin.  ,  '  \  y  >7"^ 

■  Rien'filèmpêchê  qu’onmepuilFe  l’admèf- 
t-r-e  ^  l’ofififeïÉdë  la  matfioeinR-fi- jamais  exâC" 


.  De  r Accouchement.  ^05 

tement  fermé  (i) ,  c’ePc  pourquoi  la  fuper- 
fétation  peutfe  faire,  non-feulement  depuis 
le  fixieme  jour  de  ia  conception  jufqu’au 
trentième,  ou  lès  dçux  premiers  mois,  mais 
'même  pendant  toute  la  groffelTe.  (2). 


(t)  Regnier  de  Graaf  eft  le  premier,  &  peut-être  le  feul 
'Anatoniifte  qui  ait  donné:  une  idée  jufte  de  la  figure  du 
canal,  qui  régné  dans  toute  la  longueur  du  col  de  la  ma- 
tncej  ilne  le  rèpréfente  point  comme  un  cylindre, ‘mais 
'  dans  toutes  fes  pknclies ,- ce  canal  eft  comme  formé  de 
deux  :cônés  qui  fe  touchent,  par  leur  bafe  ,  &  dont  une 
poin};e,  en  s’évafant  à  fon  extrémité,  vient  s’ouvrir  du  côté 
dii ‘vagin',  l’autre  s’ouvre  dans  la  cavité  de  la  matrice  , 
de.  maniéré -qu!iL.r£pj:él£n.t£„.ce„canal  plus  large  , d.ans  fon 
milieu  qu’a  fes  deux  extrémités telle  çft  véritablement  fa 
figure  dàfis  les'  femmes  qui  n  ont  point  encore  eu  d’enfans, 
ou  qui'ii’en  ônt  eu  que.peU,  Mais  après'plufieurs  accouche- 
■meùsv'fâ'  forme  n’eft  plus'  là  même  ;  fon  orifice  extérieur 
par  ks  dilàtations  qu’il  a  éprouvées  ,  perd  -de;  fon  refibrt 
&  rèfte.un  peu  béant.,  tandis  que  l’orifice  interne  qui  ne 
s’eil  ^cârté  qu’ihrenfibléinént  pendant  la  grolTeffe  ;  -  fe  ré- 
traétc"  &  ié  feftitue  entièrement  après  l’accôüchement", 
comme  ■efàit'tout  le vifceré'-j'le canal  alors n’eft-plüs' qu’un 
côiie  environ  d’ün  poiicé  de  long  -,  dont  la-bafé  eft  du  côté 
du  vagür&ila  .pointe  veïs^fa-.tàyïfé  de  la  matrice  s  'csft  ce 
■que  norûbre  de  fois  j’arobïervo'&  fait  ôbfèrVér  fur  lèxà^ 
davre' des' femmes  tjuf  avôiâît  '-eu:  pfûfieurs^enfàns.-  -Çetté 
taifonfeift  donc'  manifçftéihènt  -ffivolé  ,  püirquél’orificé 
dé  cécanal;^  qui  répond  à.la  inàt'rrce ,.  éff  tôujôùfsfexaéle- 
'ment'clds  apTès  ladoncèptionv  &  qu’il  -iiè  peut  rièii  ad*- 
■mttfrddé'plus.  '■  "  ororra  :2op  i..:  ■.  i  .a. 

(ii')-:Lé'Tiiéchaniïm,e  déjà  groflefiç  me  paroitiré^ughef 
à  cette  addiridn’  d’ûn  fétus  W. un’ -afitre  déjà  'cdnça'^^èlque 
temp's  aüpà'ravânt.  Dès  l’inftanrii^ë'lè- produit dë;ia‘ .con¬ 
ception  ;c'ft  feçü'  dans  la  matficë,v  la  cavité  de  çey  ifcere; 
qui  alors  eft  très-étroite  ,  en  eft  remplie.  S’il  n’y -prend  pas 
adhérence  immédiatement  àprèà’qu’il  y  eft  rènfërmé,  du 


Dt  r Accouchement 
Car  il  eft  très-certain ,  &  nombre  d’ex-* 
périences  le  confirment,  qu’ii  y  a  des  ani¬ 
maux  &  même  des  femmes  qui  ont  conçu, 
quoiqu’il  fut  refté  dans  la  matrice  un  fétus 
mort  &  même  pétrifié. 

Ruyfch  a  trouvé  dans  une  vache,  des  fé¬ 
tus  vivans  avec  d’autres  qui  s’y  étoient  cor¬ 
rompus  ;  d’autres  en  ont  trouvé  de  même 


dans  des  chiennes.  _ 

Il  y  a  quelques  exemples  de  pareils  faits 
dans  la  femme  ,  foit  que  le  premier  fétus 
fut  dans  la  trompe ,  comme  le  rapporte  M. 

moins  n’y  refte:t-il  que  rrès-pcu  de  temps  ifolé.  Comment 
pourrait- on  concevoir  que  la  cavité  de  la  matrice  étant 
occupée  par  des  fubftances  qui  lui  font  attachées  dans  route- 
•fon  étendue,  refprit  féminai  puifle  y  trouver  place  ;  quand 
même  il  Ty  trouveroit ,  fa  progrelïion  feroit  arrêtée ,  6c 
fon  adion  bornée  par  la  rencontre  de  la  pprtion  de  la  pre¬ 
mière  conception ,  qui  feroit  voifinç  de  l’endroit  par  où  U 
auroit  entré ,  il  ne  pburroit  donc  traverfer  &  parvenir  juf< 
qn’à  la  trompe  pour  opérer  la  fécondation,  de  quelque 
maniéré  qu’elle  fe  fade  j  ou  fi.on  ne  convient^ pas  qu'il  foit 
néceflaire  pour  la  fécondation  que  l'efprit  férainal  par¬ 
vienne  jufqu’à  la  trompe  ,  ce  qui  cependant  .ne  peut  être 
raifonnablement' contefté,  comment  ce  qui  defeendrade 
l'ovaire  dans  la  matrice  pourra-t-il  s’y  introduire,  &  y  être 
imprégné  de  cet  efprit  leminal  ?  En  quel  endroit  fe  fera 
cette  imprégnation  ?  En  quel  endroit  le  réfultat  fe  placera- 
t-il  l  Ce  ne  pourra  être  qu'en  détachant  une  partie  du  pre-. 
mier  œufxjui  avoir  déjà  contradé  adhérence;  que  deyien-. 
dra  cette  portion, ainfi  décolée  ?  Sera-t-elle  flottante,  ou 
contradera  t-el}e  adhérence  avec  la  portion  du  fécond 
œuf  qui  fe  trouvera  vis-à-vis  d’elle  ?  je  crois  qu’üeftin;'? 
pofTible  de  réfoudre  toutes  ces  difEculcés.  ,  . 


JDc  r Accouchement.  ^07 

T’eichmeyer ,  dune  femme  du  cadavre  de 
îaquellè  il  tira,  après  qu’elle  fut  accouchée 
d’un  enfant  viva;nt,  un  autre  fétus  tout  cor¬ 
rompu  (() 

Harvée  a  vu  au  bout  de  quelques  mois 
d’une  vraie  grolTeffe,  fortir  les  os  d’un  fétus 
qui  avoir  été  conçu  précédemment,  d’autres 
ont  vu  la  même  ehofe  dans  une  lapine,  6c 
il  y  a  encore  plufieurs  autres  faits  pareils. 

Si  4onc  un  femme  dans  la  matrice  de  la¬ 
quelle  efi  renfermé  un  fétus  offifié  &  cor¬ 
rompu,  peut  malgré  cela  devenir  grolfe,  une 
autre  concevra  bien  plus  facilement  quand 
elle  aura  la  matrice  en  bon  état  (2). 

Il  ne  faudra  pas  qu’une  femme  ait  une 
double,  matrice  pour  qu’il  fe  faffe  fuperfé-* 
tation ,  quoiqu’à  la  vérité  cette  conforma¬ 
tion  partituliere  lui  fait  favorable  (3)  ;  c’eft 
ce  qu’on  peut  dire  de  la  femelle  du  lievre  , 
qui  n’a  à  la  vérité  qu’un  vagin ,  mais  deux 
matrices  qui  nQ  font  nullement  unies  en- 
femble.  _ 

(l  '  Il  efi:  très- poffiblej  bu  du  moins  ôri  cômprend  fan$ 
beaucoup  de  peine  qu’urié  femme  puifTe  concevoir  ^  quoi- 
qu’ayant  déjà  un  fétus  dans  la  trompe  ou  dans  le  bas-ven¬ 
tre  ,  mais  il  n’efl  pas  poffible  qu’un  fétus  étant  dans  la 
matrice,  il  puifTe  faire  place  à  un  autre. 

(j)  Il  refte  à  prouver  que  cela  puilTe  être ,  même  en  le 
fuppofant  vrai ,  la  conféquence  n’eft  pas  jufte, 

(3)  Il  n’efl;  cependant  pas  pofîible  d’admettre  la  fuper- 
fétâtipn  fans  que  la  tpatrice  Toit  double. 


^oS  JD  cV  Accouchement. 

Les  exemples  les  plus  sûrs  que  nous  ayons 
de  fuperfetâtion ,  font  dans  les  chiennes  qui 
ont  produit  dé  la  même  portée  des  petits  de 
différentes  couleurs,  parce  qu  elles avoient 
été  couvertes  par  différens  chiens  ;  comme 
une  jument  qui  mit  bas  en  même-temps  un 
mulet  &  un  cheval. 

On  peut  mettre  dans  la  même  claffe  de 
pareils  exemples  de  femmes ,  qu’on  dit  être 
accouchées  de  jumeaux ,  dont  i’un  reffem- 
bloit  k  leur  mari  &  l’autre  k  un  autre  ;  telle 
eft  l’hiftoiré  d’Hercule  qui  étoit  jumeau  d’I-^ 
phiéle  \  Ariftote  en  rapporte  auffi  un  exem¬ 
ple.  ' 

Il  eft  donc  poflible  que  dans  le  temps  que 
l’œuf  n’eft  pas  encore  bien  grand,  un  autre 
placenta  s’implante  dans  un  autre  endroit 
de  la  màtrice ,  &  qu’il  s’y  engendre  un  ije- 
cond  fétus.  (i)‘ 

Je  ne  nie  cependant  pas  qu’il  n’y  ait  eu 
quelquefois  de  la  tromperie'fur  cet  article; 


.  (i)  “sr  iëtJxôHuît  ' dé  la  prëmiéré  conception' n’a  pas 
èncctre  conu-àâedra-ékéï'ence  avec  là  matrice  ,  d'ans  toute- 
fôn 'éteiidue.  '  ;  ,  '  * 

/  •  '•  F  J  Ni  ■  j]]" 


T  A  B  L  E. 

DES  MATIERES 


Contenues  dans 

Tome  P  k 

La  nature  de  la  fe- 
mence,.  pag.  4 
I.  Ce  que  c’eil  que,  la  fe- 
mence,’  ihid.  , 

X.  Elle  eft  mêlée  de  ma¬ 
tière  opaque  ôc  tranf- 
parente.  ihid. 

Sa  couleur.  ibid. 

Sa  vircoficé.  5 

Son  poids.  ihid. 

Elle  fe  répare.  ibid. 
Les  particules  dures  qu’el¬ 
les  contient.  6 

Son  odeur.  '  ibid. 

phénomènes  qui  réfultent 
de  fon  mélange  avec 
d’autres  liqueurs.  7 
Ceux  que  produit  le  feu. 

ibid. 

3.  Les  petits  vers  fpermati- 
ques.  8 

Leur  petitelTe.  ibid. 
Dans  quels  animaux  on 
en  a  trouvé.  '  9 

Dans  toutes  les  clalTes. 

ibid. 

Leur  grandeur.  10 

Quels  font  ceux  dans  la 
femence  defquels  on 
n’en  trouve  pas.  ihid. 


cet  Ouvrage. 

.  E  M  I  E  R. 

Quel  eft  celui  qui  les  a 
découverts.  1 1 

Humme  jLeeuwenhoeck, 
Hartshoeker.  ihid. 

4.  N’y  en  a-t-il  que  dans  la 
femence.  i% 

Leeuwenhoeck  le  prétend. 

ibid. 

Les  modernes  difent  qu’il 
s’en  trouve  dans  d’au¬ 


tres  humeurs.  ibid, 
3.  Ont- ils  des.  queues.  14 
On  a  dit  que  non.  i  y 
Expériences  de  M.  de  Buf* 
fon.  16 

Réponfes.  17 


La  defcription  que  fait  M. 
de  Buffon  n’eft  pas  celle 
des  vers  fpermatiques. 

ibid. 

é.  Sont-cc  des  animaux  vi- 
vans.  ip 

Ils  ont  du  moins  nn  mou¬ 
vement  qu’on  ne  peut 
attendre  que  d’animaux 
vivans.  ibid. 

On  leur  accorde  une  trop 
'  longue  vie. 

7.  Objeftions.  ihid. 

Exexnple  du  Calmar,  ihid. 


tablé 


jîO 

Defcriptiondc  M.  de  Baf- 
fon  des  molécules  qu’on 
prend  pour  des  ani¬ 
maux  ,  Z  i 

Ce  n’eft  que  le  fuperflu  de 
la  matière  nutritive.  14 
8.  Rép.  à  ces  objections.  z6 
D’après  les  expériences  de 
M  de  Buixon.  ibid. 
Valifnieri  &  d’autres  les 
regardent  comme  des 
animauXi  zj 

p.  Ils  font-  naturellement 
dans  la  feraence.  28 
On  a  dit  qu’ils  aidoient  aü 
plailir  vénérien.  ip 

10.  Conjectures.  30 

Tout  ce  qu’en  a  dit  Leeu- 

v/enhoeck  n’eft  que 
conjecture.  ibid. 
La  grofleur  énorme  du  fé¬ 
tus  de  Gautier.  ,3 1 
Sentiment  de  Lieberkuhn. 

11.  La  matière  de  la  fe- 

raence.  ibid. 

Elle  vient  du  fang.  ibid. 
du  chyle.  3  3 

12.  Liqueurs  dont  eft  com- 

pofée  la  femence.  34 

13.  La  liqueur  des  véfîcules 

féminales.  3  f 

14.  Le  fuc  de  la  proftate.,  3  6 

zf.  L’efprit.  37 

ié.  De  ces  humeurs,  quelle 

eft  celle  qui  eft  vérita- 
blexnent  prolifique  ?  3  8 
C’eft  celle  qui  s’engendre 
dans  le  tefticule  79 
Pourquoi  les  Eunuques 
peuvent-ils  fe  livrer  à 
l’aCte  vénérien.  40 


Peuvent-ils  etigendrér.  41 

r.  Le  mouvement  de  la  fe¬ 
mence.  42 

i.  Elle  repafte  dans  le  fang, 
ibid. 

3.  Effets  de  cette  réforbtion. 

Elle  donne  une  odeur  forte 
à  la  chair  des  animaux, 

*,  ibidi 

Elle  augmente  la  force  du 
mâle.  ,  4é 

L’animal  eft  languiflanf 
quand  il' en  eft  privé* 
ibid. 

Les  châtrés  font  foibles. 

47 

L’excès  de  femence  nuit. 

'  '48 

La  réforbtion  donne  lieu 
à  bien  des  changemens* 
ibidi 

La  barbe  &  les  poils  pouf¬ 
fent.  49 

La  voix  change.  ibidi 
Les  cornes  pouffent  aux 
animaux  50 

Raifonnemens  fur  la  eau- 
fe  de  ces  changemens. , 

4.  Chemin  que  fait  la  fe¬ 

mence  pour  fortir  du 
corps.  s) 

La  matière  en  eft  apportée 
par  les  artères.  ibidi 
La  fecrétion  s’en  fait  len¬ 
tement.  ibid. 

Pourquoi.  ibid. 

Les  defirs  amoureux  l’ac- 
célerenr.  jy 

D’autres  caufes  produifent 
ie  même  effet.  j  6 


t)ȧ  Uk.t 

|-4  Mouvement  de  la  femencc 
en  fortant  du  tefticule. 

57 

Elle  palTe  dans  le  canal 
déférent.  ièii. 

Par  quelles  caufes.  $  8 
Son  mouvement  eft  lent. 

6.  Toute  la  femence  pafle 

dans  les  véficules.  59  1 

Elle  ne  s’éjacule  point 

fans  plaifir  vénérien. 

■ 

Pourquoi  elle  fe  conferve 
Ibng- temps  dans  les  vé- 
ficules.  6  r 

7.  L’éreftion.  '  ièii. 

Ses  caufes.  6% 

Sont  I  l’abondance,  éj 
2.*.  L’imagination.  64 
3°.  L’odeur  des  parties 

génitales.  6$ 

4®.  Le  frottement  du 
gland.  66 

I®.  La  plénitude  de  la  vef- 
fie.  67 

%.  Caufes  naturelles  de  i’é~ 
reétion.  é8 

'  L’irritâîion  des  parties 
génitales.  ihid. 

J.  Par  la  comprcflîon  des 
veines.  70 

L’expérience  le  prouve. 

ibid, 

La  ligature  des  veines 
caufe  l’éreétion.  ihid. 
to.  Quelle  eft  la  Vraie  caufe 
•  de  l’éreéïion.  71 

Deux  clalfes. 

La  comprelfion  des  vei¬ 
nes.  .  ibid. 

Ou  plutôt  parce  que  les 
arteres  apportent  plus 
de  fang.  ibid. 


lËRES.  su 

Parce  que  les  fibres  cellu- 
kufes  ferrent  les  vei¬ 
nes.  73 

Par  les  efprits*  ibid. 
C’eft  par  le  fang  retenu. 

74 

Il  y  en  a  allez  dans  la 
verge.  ibid. 

i.  Quelles  font  les  caufes 
qui  le  retiennent,  ibid. 
Ce  ne  font  pas  les  rnuf- 
des  éredeux.  73 
L’éredioii  fe^fait  même 
•  fans  ces  mufcles.  ibid. 
Par  l'entrelacement  des 
veinesavecles  nerfs.  78 
G’eft  cependant  le  fang 
retenu  qui  en  eft  la  prin¬ 
cipale  caufe.  ibid. 
Explication.  ibid, 

I  Zi  Les  caufes  qui  font  for-  ■ 
tir  la  femence  des  vé- 
ficuleSi  81 

Le  fpafme.  8j 

Quelles  font  les  forces  qui 
la  font  palTer  des  vélî- 
cules  dans  l’uretre.  85 
ï  3  i  Quelle  eft  la  quantité  de 
la  femence.  85 

L’homme  en  a  moins  que 
les  autres  animaux.  88 
14,  Incommodités  qui  fui- 
vent  l’ade  vénérien.  89 


Il  afFoibiir.  ibid. 

Même  les  yeux.  90 
L’excès  caufe  des  mala¬ 
dies.  ,  9t 

La  confomption.  ■  ibid. 


Il  affede  le  genre  nerveux. 

ibid. 

II  nuit  même  aux  animaux. 

95 

i;.  La  puberté,  94 


5^^ 

.  Point  de  femence  avant 
douze  ans.  ibid. 

Moins  après  cinquante. 

Cependant  il  y  a  des  hom¬ 
mes  qui  en  ont  bien 
plus  tard.  ■ 

'  Exemples.!-  •  ibid. 

Le  climat  met  en  cela  des 
düFéreraces. 

Les  animaux  font  en  état 
d’engendrer  plutôt  que 
l’homme.  ibid. 

Des  organes  propres  au 
fexe  féminin.  57 

Les  mamelles.  ibid. 

ï.  La  différence  des  fexes.i^. 

.  Toutes  les  parties  ont 
moins  de  fermeté  dans 
les  femmes.  ibid. 

.  Elles  font  plus  extenfibles. 

.98 

Plus  fenfîbles.  ibid. 

Les  femmes  ont  moins  de 
poils.  '  ibid. 

X.  Différences  de  la  poitrine. 

99 

Lemombre  des  mamelles 
en  proportion  du  nom¬ 


bre  de  fétus.  1 60 
Les  mamelles  des  ani¬ 
maux  mâles.  10  r 
J.  Dans  l’efpece  humaine. 

ibid. 

Le  nombre-,-  ibid. 

La  forme.  102. 

Le  mamelon.  id>i'd. 

L’aréqie.  ibid. 

4.  Strudure  de  la  mamelle. 

ibid. 

La  graiffe,  105 


La  glande  mammaire.  104 
Dans  les  hommes,  ibid.'' 

Dans  les  enfans.  ibid. 

y.  Les  conduits  laiteux,  i.oy. 
Dans  la  glande.  ibid. 

Dans  le  mamelon  10^ 

Dans  la  graiffe.  ibid. 

Les  Auteurs  qui  les  ont  dé-; 

couverts.  107 

Différentes  defcriptions 
de  ces  conduits,  tbid. 
Il  y  en  a  un  très-grand 
nombre.  109 

<3.  Leur  origine,  iio 

Ils  naiffent  d’arteres.  ibid. 
Ce  ne  font  point  des  vaif- 
feaux  particuliers^  1 1 1 
7/  La  papille.  ibid. 

Elle  fe  roidit.  iix 

■  Elle  eft  très  fenfîble.  ibid. 

8.  Laréole  de  la  mamelle. 

II? 

Les  tubercules  febacées. 

ibid. 

9.  Les  vaiffeaux  de  la  ma¬ 

melle.  114 

Leur  origine.  ibid&  fuiv... 

10. L’artere  épigaftrique.i  1 6 
Ses  différens  rameaux. 

ibid  &  fuiv. 
Ses  anaftomofes  avec  les 
mammaires.  118 
Elles  ne  font  pas  de  grande 
importance.  ibid. 

XI.  Les  veines  mammaires. 

119 

Elles  ne  font  pas  bien 
connues.  ibid. 

iz.  Les  nerfs.  ibid. 

1 3,  La  fecrérion  du  lait  iio 
On  en  trouve  dans  les 
mamelles 


T  AB  LE 


'  t)ES  MA 

Kielies  des  nouveaux- 
hés.  ibid. 

ïl  ne  fe  foriiie  pbinc  de 
Jait  dans  les  mamelles 
avaftt  la  puberté,  ihidi 
Ni  fans  quelque  caufe 
particulière.  izi 
La  fucioii  peut  le  faire 
venir.  ihidi, 

Le. lait  dans  Je  fein  n’eft 
point  une  preuve  cer¬ 
taine  de  conception. 

ni 

Ôn  a  vu  des  hommes  qui 
en  àvoient.  '  ihid. 
Êt  des  animaux  mâles. 

ihid. 

Cependant  il  ne  fe  forme 
naturellement  que  dans 
la  grolfeile.  ihid. 
ïl  efl.  en  plus  grande  abon¬ 
dance  après  l’accouche- 
mèht.  1 1 3 

Le  lait  fe  tarit  faüts  de 
fucion,  I Z4 

Les  mamelles  n’en  foiir- 
niifèntplusàun  certain 
âgev  ihid. 

Î1  y  a  cepertdantdes  exem¬ 
ples  du  Contraire,  ihid. 
Comment  fe  forme  le  lait. 

l'ij 

L’adion  des  xierfs  fur  le 
lait.  ihid. 

Les  paillons  le  dépraventi 
ihid. 

Ï4.  La  relàtion  des  mamel- 
lesavec  la  matrice.  î%6 
Le  lait  fe  forme  dans  la 
grofleffe.  ihid. 

Il  ceiTe  de  fe  former  quand 
l’enfant  meurt*  ihid. 
Tome  U, 


tIÉRËS. 

Les  réglés  fuppriméès  fe 
portent  au  fein.  127 
On  en  modère  l'excès  ea 
les  y  rappellant.  ihid. 
Le  lait  fe  porte  à  la  ma¬ 
trice.  ihidt 

Le  fang  pâife  donc  de  la 
matrice  au  fein.  1 
t)u  fein  à  la  matrice,  ihid. 
Èft-ce  par  l’anaftomofe 
des  vaiiTcaux  ?  ihid. 
RaifoiiS  de  ceux  qui  le 
difenti  i  lÿ 

11  n’y  a  pas  apparence. 

ihid. 

Ges  ànaftoraofes  font  très- 
petites.'  130 

On  en  trouve  par  tout  le 
corps.  ihid. 

C’eft  l’analogie  du  lait 
avec  lé  fuc  de  la  ma¬ 
trice*  1 3 1 

Le  lait  eft  un  chyle,  ihid. 
il  circule  long-temps  dans 
le  fang.  ihid. 

il  paife  dans  dilférén's 
couloirs.  ihid. 

il  fe  forme  une  cfpece  de 
lait  dans  Ja  matrice.. 

ihidi 

Il  y  a  une  fympathie  de 
nerfs  entre  la  matrice  8c 
les  mamelles.  13a 
I  J.  Le  lait  vient  du  chyle. 

ihidi 

Sa  quantité.  133 

Trop  abondante.  ihid. 
Ce  n’eft  gas  un  chyle  puf» 
^34 

l?ourquoi  il  s’aigrit.  1 3  y 
il  prend  les  qualités  des 
alimens.  ihid. 

Kk 


table 


Et  dès  médicamcns.  ibid. 
Le  lait  des  animaux /rag^i- 
vores  différent  de  celui 
des  carnivores.  1 5  7 
Il  ne  participé  point  aux 
maladies  de  la  nourrice. 

ihid. 

Pourc^uoi  il  y  participe 
quelquefois.  138 
16.  Analyfe  du  lait.  ibid. 
Sa  pefantèur  par  rapport 
à  1  eau.  ibid. 

Au  fang.  1351 

Ses  globules.  ibid. 
A  quel  degré  de  chaleur  il 
bout.  ibid. 

Changemensqu’il  éprouve: 

1°.  fpontanément.  ibid. 
i-f.  %°.  Par  le  mélange  de 
quelques  liqueurs.  140 
D'un  acide.  ibid. 

D’un  fel  volatil.  ibid. 
D’un  fel  neutre.  ibid. 
D’un  Tel  calcaire.  ibid. 
J  8.  Parties  du  lait.  141 
La  vapeur  qui  s’en  exhale. 

ibid. 

La  crème.  141 

La  partie  caféeufe.  ibid. 
Différens  moyens  de  le 
coaguler.  ibid. 

Le  fromage  gras.  143 
Celui  qui  ne  l’eft  pas.  ibid. 
Le  beurre.  ibid. 

La  férofité.  144 

Le  colofîrum.  145’ 

Le  poids  refpedif  du  lait 
dans  les  dftférens  ani¬ 
maux.  146 

Le  lait  de  femme,  ibid. 
D’ânelfe.  ibid. 

De  jument.  147 


De  chevre.  ibldt 

De  brebis.  ibidi 

De  vache.  ibid. 

Des  animaux  qui  rumi¬ 
nent.  148 

De  ceux  qui  ne  ruminent 
pas.  ibid. 

Des  animaux  carnivôres. 

ibid. 

"15.  Analyfe  du  lait  par  le 
feu.  147 

L’efprit  vineux  du  lait. 

150 

Il  a  la  propriété  d’en- 
ivrer.  ibid. 

10.  Le  petit  lait.  ifi 

Sa  pefanteur.  ibid. 

Les  changemens  qu’il 
éprouve  fpontanément. 

ibid. 

Le  fücrè  du  lait.  151 
Différentes  maniérés  de 
le  tirer.  ibid. 

Sa  nature.  15  3 

ir.  Le  beurre.  15 y 

Ses  changemens  fponta- 
nés.  ibid. 

11.  Le  fromage. 

Son  anal  y  le  par  le  feu. 

157 

1 3 .  U  fage  du  lait.  ibid. 
il  eft  très-bon  aux  enfans. 

158 

il  eft  avantageux  à  la  mete 
de  nourrir.  ibid. 
il  eft  bon  auffi  aux  adul- 
tes.  159 

Dans  quelles  maladies. 

1^0 

II  peut  être  nuifîble.  ibid. 
Utilité  du  petit  lait.  i6z 
Vices  du  beurre.  163 


£)ÈS  MÂ 

,  Du  fiomagc.  ibidi 

Les  parties  dé  lâ  généra¬ 
tion.  1 6^5 

î  •  La  matrice.  ibid. 

Animaux  qui  n’ônt  point 
de  niatrice.  ibidi 
DiiFérens  fiéges  de  là  ma¬ 
trice.  ï66 

i.  Le  baifin.  ibidi 

Ses  dimehfionS.  167. 

i.  Les  ligamens  laides.  169 
Comment  les  forme  le 
péritoine.  ibidi 

4i  La  fituation  de  la  matrice. 

17Î 

Elle  efl:  quelquefois  obli¬ 
que.  ibid. 

Les  chârigemèfas  de  fa  £- 
tuation.  17  a 

Dans  l’enfance.  173 
Dans  l’adulte.  174 

|.  Généralités  de  la  matrice^ 
âid. 

Dans  les  diflférens  ani¬ 
maux.  ibid. 

Quelquefois  double,  ibid. 
Les  anciens  l’ont  mal  dé¬ 
crite.  1 7/ 

t.  La  divifion  de  la  matrice. 


17^ 

Sa  figuré.  ibid. 

Son  corps.  ibid. 

Scs  parties  latérales,  ibid. 
Son  col.  ibid. 

Les  changémens  qui  lui 
arrivent.  177 

7s  Sa  cavité  178 

Celle  de  fon  col.  I79 
Son  orifice  interne.  1 80 


Il  eft  fermé  naturellement. 

i8i 


tfÈRËS,  |ij 

8.  La  ftruéïure  dé  la  ma¬ 
trice.  ibidi 

Sa  membrane  extérieure. 

ibidi 

Sa  fubftance  propre.  185 
Son  tilfu  cil  celluleux,  ihi 
Elle  eft  fort  épai  fie.  ibidi 
Principalement  au  fond» 
ibidi 

S’amincit-elle  dans  la  grof- 
fefle?  184 

On  l’a  vue  épai  fie.  ibidi  - 
Son  tiflu  eft  lâche:  1 8  j 
Oii  a  prétendu  qu’elle  s’a- 
mincifloit.  lîê 

10.  Sa  ftruéiure  rnufculeufe. 

187 

Elle  eft  irritable.  ibidi 
Elle  fe  contracte  après  l’ac¬ 
couchement.  ibid. 
Même  pendant  l’accou^ 
chement;  ibid. 

Spontanément.  189 

11.  L’ordre  dans  léçuel  feS 

fibres  font  rangées.  19O 
Séhtimens  dé  dilFérenS 
Auteursi  ibidi 

Mufele  de  Ruyfch.  151  i, 
Admis-par  les  uns,  rejet  te 
par  d’autres,  &  f. 

Sentiment  de  l’Auteur  & 
d’autres  fur  cette  ftruc- 
ture:  fuivi 

Peut-on  la  nommer  uii 
mufcle.  197 

li.  La  membrane  interné 
de  la  matrice.  198 
•  C’eft  la  même  que  celle 
du  vagin.  ibid. 

Elle  eft  comme  fioculeufc* 
iiià. 

C’éft  un  épiderme.  ipU 

Kkij 


TABLE 


5^^  . 

IJ.  Les  rides  du  col  de  la 
matrice.  ibid. 

Il  eft  dur  &  calleux,  ibid. 

On  y  voit  deux  palmes,  zoo 
L  orifice  de  la  matrice  eft 
crénelé  &  dentelé,  zez 
Il  change  de  figure  dans 
l’accouchement,  ibid. 

14.  La  mucofiré  de  la  ma¬ 
trice.  zoj 

Il  y  a  une  autre  mucofité 
rougeâtre.  ibid. 

Les  lacunes.  ibid. 

Y  a-t-il  des  glandes  ?  zoj 
Les  follicules  du  col.  zo^ 
Ce  ne  font  point  des  oeufs. 


Z07 

15.  Le  vagin.  zo8 

Sa  fituation  &  fa  direc¬ 
tion.  ibid. 

Il  eft  adhérent  à  la  veffie. 

ibid. 

Plus  au  reftam.  Z09 
Il  eft  fufceptiblc  de  dila¬ 
tation.  ibid. 

Sa  flrudure.  zio 


Le  péritoine  lui  fournit 
une  membrane,  ibid. 
Il  a  un  tifili  cellulaire,  ib. 
Il  y  a  dans  ce  tiiTu  des 
fibres  mufculaires.i^iif. 
Elles  font  aufli  contradi- 
les-  ibid. 

l'j.  Les  rides  du  vagin,  zii 
En  deux  colonne, s.  ziz 
Des  valvules  entre  ces  ri¬ 
des.  Z 13 

Quelquefois  trois  colon¬ 
nes.  ibid, 

même  quatre.  ibid. 
L’ufage  de  cette  ftrudure 
eftpeu  connu.  zij 


18.  La  mucofité  du  vagin. 

Zlf 

Ses  taches ,  fes  pores,  fes 
glandes,  &  les  finus. 

ibid, 

15.  Les  trompes  de  Fallopc. 

zi5 

Leur  ligament.  ibid. 

zo’.- L’ancienneté  de  leur  dé¬ 
couverte.  ZI  8 

Hérophile  en  a  parlé  & 
d’autres  anciens.  Z14 
Faliope  eft  le  premier  qui 
en  ait  fait  une  exade 
defeription.  izo 
La  plupart  des  animaux 
ont  des  trompes,  ibid. 
Z I .  Defeription  de  la  trom¬ 
pe.  zii 

Ses  membranes.  ibid. 
Sa  figure  conique,  ibid. 
Sa  diredion  eft  incertaine. 

zzz 

Ses  lignes  longitudinales. 

Z 14 

Le  morceau  frangé,  ibid, 

.  Il  n’y  a  point  de  valvules 
à  fon  orifice.  zzj 
Sa  mucofité.  ïbidl 

Ses  glandes.  zztf 

zz.  Les  changemens  qui 
arriveut  aux  trompes. 

ZZ7 

Ils  ne  font  pas  fi  grands 


qu’on  l’a  dit,  ibid, 
II  s’y  forme  des  hydatides. 

zz8 

Hydropifie.  ibid. 

Calcul.  ibid. 

Elles  fe  bouchent  quel¬ 
quefois  ZZ9 

zj.  Les  ovaires,  ijo 


DES  MATIERES. 


Leur  fiége.  ibid. 

Leur  figure.  ibid. 

Leur  ftrudure  intérieure. 

131 

Les  maladies  qui  leur  fur- 
viennetit,  idid. 

Toutes  les  femelles  ont 
des  ovaires.  131 

*.4.  Les  œufs  de  Graaf.  ibid. 

Qn  en  trouve  dans  pref- 
que  tous  les  animaux. 

Et  dans  les  enfans  de  cinq 
ans  &  même  avant. 

ibid. 

Ils  fonî  chatonnés  dans  la 
fakftanee  de  l’ovaire.  . 

ibid. 

Ils  y  font  une  faillie,  ibid. 

Leur  grofleur.  a 34 

Leur  nombre.  ibid. 

On  en  trouve  rarement 
dans  les  vieilles,  a  3  j 

Leur  membrane.  ibid, 

La  liqueur  qu’ils  contien¬ 
nent.  ibid. 

Ce  qu’en  ont  dit  les  an¬ 
ciens.  ,  Z  3  6 

Ce  ne  font  pas  des  hyda- 
tides.  '  Z37 

XJ.  Le  ligament  de  l’ovaire. 

138 

Ce  n’eft  pas  un  canal. 


115» 

%6.  Ligament  rond.  140 

Sa  defcripîîon.  ibid. 

Sa  ftruélure,  141 

Ses  fibres  font-çlles  muf- 

culaires  =  .  ibid. 


Lu  mobilité  de  la  matrice. 

24Z 

Il  n’y  a  point  de  jnufcie 


517 

crémajler  chez  les  fem¬ 
mes.  14Î 

XJ.  Les  vailTeaux  de  la  ma¬ 
trice.  244 

Les  fpermatiqués.  ibid. 
Leurs  plexus.  ibid. 
Leu  s  anaftomofes  avec 
les  branches  épigaftri- 
ques.  Z  45’ 

z8.  Les  hypogaftriques.  ibid. 

Leurs  divifions.  ibid. 

.  L’artere  utérine.  246 
Ses  rameaux.  i47 

29.  L’artere  du  vagin,  ibid. 
L’artere  hémorrhoïdale 

moyenne.  248 

30.  L’arteie  honteufe.  250 
Elle  fournir  un  rameau  au 

vagin.  2  31 

Au  clitoris.  ibid. 

3X.  Les  arteres  des  parties 
externes.  232 

32.  Les  veines  des  parties 

génitales.  ibid. 

Les  fpermatiques.  233 
Elles  fourniffent  à  l’o¬ 
vaire.  ibid. 

33.  Les  veines  qui  viennent 

des  hypogaftriques. 

^54 

La  veine  utérine.  ibid. 
Celle  du  vagin.  233 
Celles  de  la  vèflîe.  ibid. 
Elles  forment  un  plexus 
fous  le  clitoris.  256 
.  Leurs  valvules.  237 

34.  Les  veines  qui  fortent 

du  baflin.  ibid, 

La  veine  honteufe,  ibid. 
3  3. Les  veines  externes.  238 
36.  Les  vaiifeaux  internes 
de  la  matrice.  235 

A  Üj 


TABLE 


.5>S 

Les  ancres.  ibid. 

Les  popes  artériels,  ibid. 

|7,  Lçs  finus  veineux.  i6a 
Ce  font  de  véritables  vei¬ 
nes,  7.6^ 

Les  Auteurs  qui  les  ont 
obfcrvés.  164 

Cominent  M.  Aftrue  les  a 
décrits.  ibid. 

1 8.  Les  vailTeaux  lympha-  ' 
tiques  de  la  matrice, 

i6î 

On  les  a  vu  dans  la  fem¬ 
me,  266 

Dans  les  brutes.  ibid. 

J  5,  Les  nerfs  de  la  naatrice. 

%6-} 

La  matrice  eft  trçs-fenfi- 
ble.  X68 

Les  Réglés. 

î,  C’eft  la  loi  dans  l’efpçce 
-humaine.  a7Q 

Les  autres  animaux  n  ont 
point  de  véritables  ré¬ 
glés.  xji 

Jl  y  a  des  femmes  qui  ne 
font  jamais  réglées,  ib. 
L’âge  où  les  réglés  cou¬ 
lent.,  2  JT. 

Elles  font  quelquefois 
précoces.  ibid. 

Leur  éruption  ne  fe  faiç 
que  vers  les  derniers 
temps  de  l’accroilTe- 
ment.  ayj 

Pans  les  pays  chauds  elles 
vienuçnr  dç  très-bonne 
heure,  ibid. 

Elles  difparoilTgnt  vers  yo 
ans,  174 

^lleç  çontinuçnt  dans,  la 


vicilIelTe,  ou  quelque¬ 
fois  elles  reviennent 
amt  vieilles  après  avoir 
difparu,  xyy 

'  Elles  ont  quçlquefois  ren¬ 
du  fécondes.  ibid. 
5.  Les  réglés  des  femmes 
groffes  &  des  nourri¬ 
ces.  27^? 

4.  Phénomènes  des  réglés. 

a77 

La  première  éruption, 
ibid. 

C’cft  un  fuc  blanc,  ibid,. 
Enfuite  c’eft  du  fang.  278 
Ses  périodes.  ibid. 

5.  Le  lung  menftruel,  281 
Pourquoi  ou  a  cru  que  ce 

fang  éîoit  fœtide.  ibid. 
Il  peut  l’être  quelquefois, 
281 

$.  La  fource  des  réglés.  285 
Viennent  t-elles  du  vagin! 

ibid. 

Ce  qui  je  fait  croire.  284 
Leur  fûurce  eft  dans  Iq 
matrice,  ibid. 

On  la  démontre  par  l’ex¬ 
périence,  28  y 

7.  Sont-ce  les  arteres  ou  les 

veines  qui  fournilfenc 
la  matière  des  réglés  ? 

287 

IJ  n’eft  pas  aifé  à  décider, 

ibid- 

On  croit  que  lés  arteres. 
les  fourniirenc.  289, 

8.  La  caufe  des  réglés.  -190, 
La  lune  y  influe-t-  elle?  ib. 
Cela  n’efl  pas  probable» 

g.  Les  fçrmens,  25%., 


DES  MATIERE  S.- 


Preuves  de  cette  opinion. 

ibid. 

L’aiguillon  vénérien.  29  j 
Ces  ç^ufes  n’y  font  rien. 

194 

10.  Quelle  eft  la  véritable 
caufe  des  réglés  ?  25»  y 
Les  phénomènes  inté¬ 
rieurs.  ihid. 

ji.  Ce  qui  eft  capable  d’ac¬ 
célérer  ^  de  faire  re¬ 
venir  les,  réglés. .  ^96 
Le  mouvement  accéléré 
du  fang.  'Md. 
La  pléthore  univerfelle.  ib. 
La  pléthore  de  la  matrice. 

-  ^97 

J  2.  Ce  qui  eft  capable  de 
diminuer  ou  retarder 
les  reglesi  Md. 

13.  Symptômes  auxquels  la 

fuppreflîon  des  réglés 
donne  lieu.  298 
La  congeftion  du  fang 
dans  la  matrice.  299 
La  coi;ruption  de  ce  fluide. 

Md. 

Sa  révulfion  à  la  tête  &  les 
acçidens  qui  s’enfui- 

venr.  ib'id. 

L’engorgement  du  pou- 
m»H.  Mid. 

Les  coliques,  300 

14.  Ce  qui  fupplée  aux  ré¬ 

glés,  ’Mid. 
Ce  que  l’on  a  vu  à  ce  fujet. 

ihid, 

î  y.  Quels  font  les  maux  que 
diiîipe  le  rétabUffement 
des  réglés,  502 

l^.  La  théorie  du  flux  menf- 
truel.  M4- 


.  n. 

La  proportion  n’eft  pas  la 
même  entre  les  artères 
&  les  veines  dans  les 
deux  fexes,  ’ih'id, 

ly.Lesarteres  du  mâlepren- 
,  nent  plus  de  fermeté  en. 
approchant  du  baflîn, 
30^ 

Celles  de  la  femme  en, 
prennent  moins,  507 
Pourquoi  le  fang  arrive 
dans  le  baifin  avec  plus  ’ 
de  vîtefle que  fon 
retour  eft  plus  lent.  3  09 

1 8.  La  pléthore  des  vaifl.eaux 

inférieurs.  Md. 

Tous  les  animaux  ont  en 
naiflant  les  vaifleaux 
des  parties  inférieures 
&  .du  baflîn  beaucoup 
plus  petits  en  propor¬ 
tion  de  ceux  des  parties 
fupérieures,  3  lo 

19.  Pléthore  propre  de  la 

matrice,  313 

Le  fang  s’ainafle  dans  ce._ 
vifeere.  314 

Il  eft  la  caufe  des  réglés, 

, 

20.  Pourquoi  les  hommes  , 

les  femmes  grojfes  j  les 
vieilles  femmes  ne  font 
point  aflujcttis  aux  ré¬ 
glés.  :  317 

Pourquoi  les  brutes  n’en 
ont-ils  pas?  .  Md. 
Pourquoi  les  hommes  en 
font-ils  exempts,  319 
Pourquoi  les  femmes  gref¬ 
fes' font-elles  rarement 
réglées  î  ,321 
Pourquoi  les  nourricesîyxs, 

K  k  iv 


table 


Pourquoi  les  vieilles?  ïbid. 

il.  Caufes  des  périodes  des 
réglés.  324 

Ce  ne  font  que  des  con¬ 
jectures.  ibid. 

%%,  Objedions, 

Réponfes  aux  objec¬ 
tions,  ,318 

44,  De  l’ufagç  des  réglés. 

?33 

ï.  i^,  La  çqnçeption,  5  3  y 
Cette  matière  eft  difficile, 
ibid. 

ClalTe'  d’animaux.  3  3  6 

i.  Le  fexe.  537 

Animaux  qui  mont  point 
de  fexe.  33? 

3,  Les  animaux  qui  n’ont 

qu’un  fexe  qui  font  en¬ 
gendrés  d’œufs.  540 

4.  Les  animaux  à  deux  fexes, 

541 

I®.  Réunis.  342 

Les  hermaphrodites.  343 
Animaux  à  deux  fexes, 
2®.  fçparés.  344 

I®,  Semblables.  ibid. 
Ceux  qui  n’en  ont  point. 

34Î 

$.  Animaux  à  deux  fexes , 
i®.  féparés.  3®.  différ 
rens,  ibid. 

Le  mâle  efl:  plus  beau  que 
la  femelle.  ibid. 

Le  mâle  çft  d’unç  efpece 
différente  que  la  fe¬ 
melle.  3  4^ 

Animaux  métis,  ibid. 
|1  ne  faut  pas  croire  aux 
produdions  monftrueu-! 
fts,  347 


Les  plantes  bâtardes.  ^48. 

7.  Les  amours  &  la  copula¬ 

tion  des  animaux.  3  50 
Leurs  polygamies.  351 
Il  y  a  des  mâles  qui  ont 
plufîeurs  femelles.  <  5% 
Il  y  a  des  femelles  qui  ont 
plufieurs  mâles,  fâid, 
Le  mâle  eft  le  plus  ardent 
à  fade,  3  y  5 

Parmi  les  infedes  ,  c’eft 
la  femelle.  ibid. 

Pourquoi  tout  cela.  554 
Temps  de  l’accouplement 
des  animaux,  ibid. 

8.  La  caufe  des  defirs  amou^ 

re.ux,  3yj; 

Aux  uns  elle  eft  dans  l’o¬ 
vaire,  ibid. 

Aux  autres  dans  la  ma¬ 
trice,  3  5<f 

La  chaleur  de  Pair  y  cou., 
tribuc.  3  P 

L'abondance,  ibid. 
Maladies  caufées  par  Iç 
célibat.  558 

L’ufage  du  coït  les  guérit, 
■  ibid. 

9.  La  copulation  a-r-elle  lieu 

dans  tous  les  animaux 
dont  le  fexe  eft  difFé-. 
rent?  ^  339 

Les  poiflbns  ont  -  ils  un 
vrai  coït?  ifïJ,, 

içi.  Phénomènes  de  l’accQU- 
plement  des  animaux,. 

Comment  s’accouplent  les 
hermaphrodites,  342 
Çoînmeiic  les  infedes, 
ibid>. 

Comment  les oifeaux.  3(i| 


DES  MATIERES. 


Comraenc  les  quadrupè¬ 
des.  ibid. 

1 1,  En  quel  endroit  eft  por-  . 
tée  la  femençedu  mâle. 

, .  Eft-ce  dans  la  matrice’  iA. 
î  C’eft  le  fentiment  des  an¬ 
ciens.  ibia. 

Beaucoup  de  modernes  le 
nient.  565 

I  ■  Ils  s'étayent  d’expérien- 
^  ces.  366 

4  Conception  ,  quoique'  le 
I  vagin  fut  clos. 

.  L’efprit  féminal  fuffit  pour 
faire  concevoir,  368 
I  II  eft  cependant  probable 
que  la  femençe  eft  ppr- 
téé  dans  la  matrice, 
3^9 

Pour  quelles  raifons,  ibid. 
Reponfes  à  tout  ce  qui  eft 
objeélé  contre.  370 
îl.  Ce  qui  arrive  aux  fein- 
mes  pendant  i'ade  vé¬ 
nérien.  37i 

le  plaifir.  ibid. 

le  iiégc  du  plaifir  &  d’au¬ 
tres  fenfations.  373 

13.  La  femme  a-t-elle  de  la 

fcmence,  375 

Qui  l'a  dit.  !  ibid. 
Expérience  de  Galien. 

ibid.  . 

De  quelques  modernes. 

T^.  V  ■  .  ^7^ 

P  QU  vient  cette  femence. 

577 

14,  Des  changemens  que 

produit  dans  la  matrice 
&  les  trompes,  l’aéte 
vénérien,  378 


511 

j  La  trompe  fe  tourne  du 
côté  de  l’ovaire.  379 
I  On  le  nie.  ibid. 

i  Ce  fentiment  eft  cepen¬ 
dant  le  plus  certain  .380 
15.  Quels  font  les  change¬ 
mens  qui  arrivent  à 
Tovaire.  '  38x 

^  La  véficule  fe  gonfle,  ibid. 

Elle  fe  rompt.  383 
I  On  y  Voit  une  fente,  ibid. 
On  y  trouve  du  fang.  ibid, 

I  Des  flocons.  ibid. 

La  véficule  difparoît,  c’eft 
un  corps  grainu.  38^ 
Il  reflèmble  à  une  ma¬ 
melle  &  à  Ton  mame¬ 
lon.  ibid. 

Sa  cavité  difparoît.  ibid. 
Son  ouverture  eft  effacée, 

C’eft  un  corps  jaune,  ibid. 
Il  n’y  en  a  pas  dans  les 
femelles  qui  n’ont  ja¬ 
mais  fouffert  les  appro¬ 
ches.  387 

Quelques-uns  croyent  le 
contraire.  ibid. 

Le  corps  jaune  n’eftqu’unç 
dégénérefcence .  de  la 
véficule.  389 

i  6\  Le  corps  jaune.  ibid. 
Son  accroiffement.  390 
Son  ouverture  difparoît. 

ibid. 

On  l’a  cependant  vu  dans 
le  cadavre  d’une  femmç 
en  couche.  391 

Les  débris  du  corps  jaune. 

3.9^ 

Les fentes,à l’ovaire  393 
Dans  les  premiers  temps 


table 


de  la  fécondatioa  ,  le 
corps  jaune  occupe  une 
grande  partie  de  l’o¬ 
vaire.  ibid. 

Il  s’y  éleve.  3^4 

Il  fe  concentre,  ibid. 
Nombre  des  corps  jaunes 
dans  les  anirnaux.  ibid. 
Ceux  de  la  fçmme  ne 
font  pointdifférens.39y 
Auteurs  qui  les  ont  dé- 
1  couverts,  3  9  ^ 

I7.  Suc  du  corps  jaune,  ibid> 
Sentiment  de  M.  de  Buf- 
fon.  ibid, 

1  Ses  expériences  prouvent 
contre  lui.  397 

^  ÎS.  L’œuf  humain  fort-il  de 
l’ovaire,  398 

Calice  de  l’œuf  dans  les 
oifeaux.  599 

Dans  les  quadrupèdes,  ib. 
Dans  la  femme,  400 
(Euf  vu  dans  la  trompe. 

:  ibid. 

S  Sa  progrelfion  dans  la  ma.. 

trice.  401 

\  On  a  cru  que  la  véficule 
étoit  un  véritable  œuf. 

ibid. 

î,  5^.  Ohjeftions  contre  ce 
fyftême,  40  a. 

Les  œufs  dans  la  femme 
font  adhércns,  ibid. 
Ils  font  plus  gros  dans  la 
trompe  quç  dans  To- 
vaire.  404 

i  Les  œufs  de  Graaf  font  déjà 
*  tout  préparés  dans  le 
fétus,  ibid. 

Ils  ne  répondent  point  en 
•  nombre  au  fétus,  40^ 


Perfonnc  n’a  vu  d’œuf  4© 
cette  nature  dans  la 
trompe.  ibid,  , 

On  a  pris  des  hydatides 
pour  des  œufs.  40^, 

10.  Fétus  dans  Tovairc. 
r®.  dans  les  brutes, 

Il  y  a  peu  de  différence 
entre  les  ovipares  &  les 
vivipares.  407 

11.  1®.  Dans  les  femmes, 

40? 

Dents  &  Qs  trouvés  dans 
l’ovaire.  ibid. 

Même  des  fétus  entiers,  f 
ibid.  '' 

11.  Fétus  dans  la  trompe.  1 
409 

Fétus  dans  le  ventre  ,  la  . 
matrice  8c  la  trompe 
bien  faines.  ibid,  ^ 
Expérience  de  Nuck  410 
Fétus  trouvés  dans  la 
trompe,  41.1 

ij..  Par  conféquent  il  dèf- 
cend  de  l’ovaire  dans  la 
matrice  par  les  trom¬ 
pés.  414 

Difficulté  dans  les  ovipa-  S 
res  froids,  415 

Il  n’y  defcend  pas  moins,  | 
4ïtf  ' 

i4.  La  conception  fe  fait 
donc  dans  rovairc.  417 
Preuve  tirée  des  oifeaux.  | 
ibid. 

Des  vivipares  ibid. 
A-t-on  vu  l'œuf  humain.  . 

419 

On  en  doute,  i 

(Eufs  dans  les  premiers  ,) 

m. 


DES  MA 

V  Depuis  le  fixieme  jour. 

4Z?, 

I  Jufqu’au  îi,  414 

aé.  A  peine  peut-on  ajouter 
^  foi  à  tout  cela.  ihid. 
C’eft  raYi$  dçs  anciens, 
ibid. 

^  ^vant  le  dixième,  jour  je 
n’ai  rien  vu ,  fi  ce  n’ell 
des  membranes  mu- 
queufes,  ibi4. 

;  Le  dix-neuvif  me  jour  on 
voit  le  fétus.  418 
Encore  mieux  le  ii.  42.5» 
irparoît  quelquefois  plus 
tard.  430 

I  L’œu  f  des  quadrupèdes  eft 
long.  431 

11  chemine  plus  aifément 
dans  la  trompe.  Ibid, 

I  f  7,  Le  premier  zCy.lc  de 
l’homme  ell  un  œuf, 
45?- 

I  Différence  des  œufs  fui- 
vant  les  çlafies  d’ani¬ 
maux.  .  433 

^  $.8.  L’œuf  humain.  434 
Jamais  fans  duvet. .  ibid. 
Le  placenta  parole  aulfi- 
tôt.  ^  43  J 

I  L’oeuf  lui-même.  438 
Sa  deferiprion,  ibid. 
Sa  membrane.  ibid. 
Son- fluide.  .  ibid. 

I O.  (Safs  fans  germe.  439 
Exemples  chez  les  fem¬ 
mes.  ibid. 

3  J.  L’embryon,  441 

Exemples  plus  probables. 

ibid. 

Dans  la  femme,  44a 
pans  la  brebis,  444 


TI  ER  ES.  ^  5Z| 

Fétus  trop  avances,  445  \ 
Peu  avancés.  ibid. 

3  2,.  L’embryon  informe.  44^ 
Trèsrmou,  ibid^ 

Sa  figure  eft  fimple.  447 
Sans  différence  des  par¬ 
ties.  ibid, 

33.  L’embryon  développé, 

44^ 

On  diftingue  fes  parties 
dans  le  poulet,  449 
Dans  la  brebis,  ibid. 
Dans  le  fétus  humain  de¬ 
puis  le  trenteTçinquie- 
me  jour,  ibid. 

Fétus  trop  avancés,  454 
Et  trop  peu.  ibid. 

34.  Les  autres  phénomènes 

de  la  conception,  ibid. 
L’œuf  eft- il  libre  ?  437 

Il  nç  l’eft  pas'long-'temps, 
ibid. 

I^aufées  dès  les  premierç 
jqurs  de  la  Goneeption, 
4J^ 

I.  Des  premiers  rudimens 
de  l’animal,  458 
Eft-ce  du  mélange  de  la 
femencede-s  deux  fçxes, 

.  '  ,453 

■  Auteurs  de  ce  fentiment. 

ibid. 

Ce  fentiment  n’eft  pas 
fans  raifon,  ibid, 

3.  Hypolhefb  fur  le  fexe. 

4^4 

La  femme  conçoit-t  èlle 
du  côté  gauche  quand 
la  femcnce  vknt^.da 
teftiçule  gauche  ’  ih\d. 


114  T  A  B 

Cela  n’cft  pas  probable. 

465 

4.  Sjrftéme  de  M.  de  Bufton. 

ibid. 

Matière  organique  &  vi¬ 
vante.  ihid. 

En  réfervoir  dans  les  tcf- 

cicules.  4^4 

Et  dans  l’ovaire.  ibid. 

Qui  fait  la  femence  dans 
les  deux  fexes.  4«J 

■(  Animaux  raicrofcopiques. 

i  . 

!  Qui  ne  font  point  de  v  rais 
animalcules.  ib.d. 

1  Syftême  de  M.  Needhara. 

408 

t  Prefque  femblable  a  celui 
de  M.  de  Bufibn.  ibid. 

5.  Efl.-ce  le  mâle  qui  engen-  , 

dre  ^  470 

Auteurs  de  ce  fentiment. 

ibid. 

i  Théorie  de  Leeuwen- 
hœck.  471 

Raifon  de  cet  Auteur. 

ibid. 

1  Pour  prouver  que  e’cft  le 

'  ver  qui  s’attache  à  l’œuf. 

.471 

,  6.  Objections.  474 

f  Sur -tout  de  Valifnicri. 

ibid. 

,  Réponfes.  476 

î  Un  animal  vient-il  d’un 
feul  ver  5  477 

Progrès  de  la  vie  des  in- 
feCles.  478 

Pourquoi  les  petits  vers 

I  fe  régénèrent.  480 

I  Jl  ne  faut  pas  trop  étendre 
l’analogie,  481 


L  E 

7.  Le  fétus  vient-il  de  la  1 

raere  ?  481 

Analogie  tirée  des  plantes.  . 

ibid.  ' 

Des  animaux.  48a  | 

Fétus  femelles  pleines  ’ 
dans  le  veatre  de  leurs  \ 
meres.  484  ^ 

Cela  eft  faux.  ibid.  ' 

Conceptions  fans  mâles.  ' 

.  ibid. 

L’œuf  des.  oifeaux  vient 
de  là  mere.  48  j  ^ 

Objections  nouvelles  de  ^ 
M.  Wolf,  488 

Réponfesl  ibid.  , 

Partifans  des  œufs.  49O 

8.  Difficultés.  ibid.  J 

La  relfemblance  avec  les  i' 

parens.  ibid. 

Maladies  héréditaire».  4^1 
Vices  de  conformation  du 
pere,  ^  49} 

Marques  du  pere  à  l’en¬ 
fant.  ibid. 

Hiftoire  lîngùliere  d’une 
famille  à  fix  doigts, 
45>4 

Vices  de  la  mere  tranfmis 
au  fétus.  ibid. 

Toutes  les  maladies  ne 
font  point  tranfmifes  à 
•l’enfant.  49  5 

9.  Animaux  du  genre  des 

métis.  ibid. 

Exemples  de  quadrupèdes 
hdrbivores,  49  ^ 

Exemples  fabuleux.  498 
Les  animaux  d’une  efpecç 
trop  différente  n’en¬ 
gendrent  point  enfëm- 

•  blç,  ibid. 


DES  MATIERES: 


Exemples  tirés  des  oi- 
feaux.  500 

Des  plantes.  5'cx 

Eft-ce  la  plante  mâle  qui 
donne  l’écorce  &  la  fe- 
me  le  la  moelle  î  ibid. 
Le  pere  ou  la  mere  donne 
plus  fuivant  fa  force. 

50Î 

ïo.  Métis  ftériles.  ibid. 
Le  rouler,  504 

Les  oi  féaux.  ibid. 

II.  Quelles  conféquences 
peut-on  cirer  de  ce  phé¬ 
nomène  ?  505 

Il  cft  à  croire  que  le  petit 
tient  des  deux  natures. 

$06 

■  XI.  Faculté  formàtricc  du 
nouvel  animal.  çoj 
Génération  équivoque. 

ibid. 

On  la  rejette.  jo8 

/  Les  expériences  ne  prou¬ 
vent  point  que  des  ma¬ 
tières  putréfiées  engen¬ 
drent  des  animaux. 

ihid. 

î  3 .  Epigenefe.  509 

Sentiment  de  M.  de  Buf- 
fon.  510 

De  M.  Needham.  J 1 1 
Phénomènes  qu’il  a  ob- 
fervés.  ibid. 

Animaux  afeendans  & 
defeeudants.  j  i  î 

Subftances  animales  •& 
végétales.  ibid. 

Sont  les  mêmes.  514 
Caufe  produétricc,  s] S 
Force  élaftiquc. 
Réfiftancc. 


SM 

Qu’eft^ce  êtfe  élevé  à  la 
vitalité  î  ibid. 

Il  n’y  a  point  de  généra¬ 
tion  équivoque. 

Boines  de  l’ame  &  du 
corps.  ibid. 

Animaux  qui  ont  refté 
long-temps  dans  l’inac¬ 
tion.  J  Iv7 

14.  Réfiexions  fur  ce  fyf- 

tême.  ibid. 

Chaleur  de  l’eau  bouil-A 
lante  ne  tue  pas  tous  les 
animaux.  5^9 

Il  pourroit  fe  faire  que 
des  animaux  fe  foient  ! 
trouvés  dans  les  vian¬ 
des  ou  leur  jus.  fio 
Autres  explications,  ibid. 

15.  Force  eifentille  de  M.|;' 

Wolf.  ibid: 

C’efl:  le  principe  de  la  vé-,. 
gétation  &  de  la  généra-^i 
lion.  yzi 

Elle  forme  des  véficùles.l| 
.  ibid. 

Un  tifiu  celluleux,  ibid.  ] 
Des  vaifleaux,  ibid^ 
Afin  qu’il  s’en  forme  de 
nouveaux.  5x3 

Le  cœur  même.  jz4‘ 

Et  les  autres  parties  du  i 
corps.  ibid. 

Réponfe  à  ce  fentiroenr.  1 
ibid. 

Ce  qui  ne  paroifibit  d’a¬ 
bord  qu’un  gluten  pou¬ 
voir' être  organifé.  ib. 
Et  vaificaux  ,  ce  qui  ne  ^ 
paroifibitque  tracé.  515  I 
Le  cœur  paroîx  plus  tard.! 


^  t  A  I 

Les  veines  ne  (onc  point 
des  prbduÉlions  mé- 
chaniques.  517 

Les  élémcns  dés  cliofes 
ne  fe  voyent  pas.  ibid. 

Ge  n’éft  point  au  hafard 
qu’cft  due  la  cdnftitii- 
tion  de  l’animal.  fiS 

16.  Opinions  qui  ont  rap¬ 
port  à  celle-ci.  ibidi 

Vertu  des  fermens.  ibld. 

Ges  opinions  ne  font  pas 
croyables. 

17.  Moule  intérieur.  551 

Théorie  de  M.  deBufTori. 

ibid. 

Matière  organique  s’aifi- 
mile  à  chaque  partie  du 
corps.  ibid. 

Comme  dans  uii  moule 
intérieur.  ibid. 

Parties  génitales  font  la 
bafe  du  nouvel  animah 
îlî- 

Autour  defquelles  les  au¬ 
tres  parties  fe  rangent. 

ibid. 

Phénomènes  expliquési 

i 

i  Mé  Maupertuis  penfe  a 
peu  près  de  même.  5  5  4 

Les  anciens.  .  j  5  j 

t  S.  Sur  ces  hypothefes.  s  37 

Moule  intérieur  ne  peut 
fe  comprendre,  ibid. 

On  ne  peut  conpoître  la 
caufe  d’arrangement. 

538 

I9.  Les  reflemblances.  S3S> 

Souvent  il  n’y  en  a  point. 

ibid. 

tes  fétus  ont  quelquefois 


L  Ë 

des  parties  qui  màti- 
quent  aux  parens.  ibidi 
te  papillon  différé  beau¬ 
coup  de  la  chenille  qu’il 
,  engendre.  54I 

Les  parties  génitales  vien¬ 
nent  plus  tard.  ibidi 

Lés  Auteurs  des  hypothe,- 
fes  font  obligés  d’avoif 
recours  à  une  intelli¬ 
gence  fupérieure.  544 
Il  ne  peut  fe  former  dans 
un  moule  des  parties 
qui  font  plus  grandes, 
zAid. 

La  femme  ma  point  de| 
fcraence.  545  ' 

Ni  de  corps  jaune  avané 
la  conception.  ibidj 
±0.  L’ame  formatrice.  544- 
Force  fpirituelici  ibtd. 
Vertu  piaftique.  54^ 
La  formation  du  nouvel 
animal  eft  au-deffus  de  i 
nos  connoiifances.  ibidi 
ti.  Marques  de  iiaifTancei 
347 

AfFeéfion  de  l’ame  de  la 
mere  influé'  fur  l’en-s 
iznti  ibidi 

On  a  eflayé  de  l’expli-# 
quer.  54S 

Les  nerfs  de  la  mere  ne 
communiquent  pas  avec 
ceux  du  fétus.  55a 
La  communication  des 
vaifTeaux  n’én  peut  être 
la  caufe.  ibidi 

zz.  Différentes  claffes  de 
marques  de  nailfanCe  ^ 
hiftoires  à  ce  fujet.  5  x  ï 
Gomment  on  peur  admet- 


Dès  m  a  TI  e  il  es* 


trc  les  maïques»  551 
les  côideurs.  55? 

Les  plantes  varient  auflî 
ch  couleurs^  554 
Signes  que  l’on  attribue  à 
l’imprelEon  de  la  mere. 

Infant  qu’ou  difoit  fem- 
blable  à  un  cerf.  557 
Enfans  velus.  ibidt 
Defirs  de  fruits,  ididt 

Parties  d’animaux  impri¬ 
més  fur  l’enfant.  yfS 
âj.  Exemples  plus  graves. 

^  S$9 

Enfans  femblables  à  des 
animaux.  ibid. 

Ces  accidens  font  effet  de 
maladies  ,  &  ont  été 
produits  par  des  con- 
geftions  gélatineufes 
fous  la  peau.  j  <0 

a4.  Les  transformations. 

Enfans  reflemblans  à  des 
chofes  inanimées,  ibid. 
Reffemblânces  irréguliè¬ 
res. 

Hiftoires  à  ce  fujet.  ibid. 
ij.  Parties  Fraélurées.  564 
Articulations  contrefai¬ 
tes.  ihid._ 

Plaies.  ibid. 

Parties  détruites.  $6$ 
Poitrine  fans  tégumens, 
^66 

Eromphales.  ibid. 

''G’eft  trop  exagéré,  ibid. 
Cela  peut  arriver  fans 
foupçon  d’envie  ou  de 
.  frayeur  de  la  mere. 

5^7 


5i7 

Défaut  de  nourriture* 

Foiblelfe  du  tilfii  cella- 
iaire.  5^^ 

-Caufes  différentes,  ibid. 

Trop  de  nourriture.  5-70 

^6.  Autres  réflexions,  ibid. 

'  Femmes  effrayées,  ou  qui 
ont  des  envies  fans  que 
l’enfant  s’eii  reffeute, 
ibid. 

Les  Accoucheurs  célébrés 
y  croyent  moins  que 
les  autres.  572. 

Plantes  monftrueufes.  ib. 

27.  Le  développement.  57  j 

Facile  à  cornprendre.  ibid. 

Ce  qui  le  prouve,  ibid. 

Le  développement  des  in¬ 
fectes  en  eft  auflî  une 
preuve.  S75 

C’eft  la  même  chofe  dans 
l’incubation.  J77 

Ce  qui  d’un  animal,  d’une 
forme-  particulière ,  en 
fait  un  volatile  parfait. 

Î78 

L’Épigénefe  eft  totale-  ! 
ment  impoflîble.  579  i 

Une  partie  n’exifte  pas  | 
fans  l’autre.  580  ? 

C’eft  la  fluidité  &  la  tranf^ 
patence  des  parties  qui 
les  rend  invilibles.  5  8.1 

28.  Il  n’y  a  donc  point  d’£-  j 

pigénéfe.  582  | 

Harvée  s’eft  trompé,  ibid.  j 

Les  parties  de  l’animai  ne 
fe  forment  point  l’une 
après  l’autre,  mais  elles 
fartent  de  l’état  invifi- 
biepour  fe  montrer.  J  84 


52S  T  A  B 

Différentes  efpcces  de  ' 
développement,  1°.  par 
les  œufs.  ibid. 

Syftême  qu’on  attribue  à 
Hyppocratc.  jSy 

Il  rend  le  développement 
plus  facile  à  expliquer, 
ibid. 

L’embryon  eft  renfermé 
eu  petit  dans  la  mere. 

50.  Les  parties  de  la  femence 

du  mâle.  ^88 

Son  effet  dans  la  généra¬ 
tion.  ibid. 

Elle  donne  la  vie  à  l’ani¬ 
mal.  58^ 

Dans  d’autres  animaux  la 
chaleur  de  l’air  fuffit. 
Celle  du  feu.  ibid. 
Pour  la  fortie  de  l’animal, 
de  l’œuf.  550 

Le  cœur  fait  plus.  $91 
Ji*  Dans  les  animaux  vivi¬ 
pares.  ibid, 

La  femence  du  mâle  eft 
néceffaire.  ibid. 

Elle  contient  un  efprit 
odoriférant  &  volatil. 

$9% 

L’ame  n’a  point  de  part 
à  la  conception, 

51. ' Déveiop^'méne  fans 

mâle.  554 

Dans  les  arbres.  yjy 
,  Les  polypes  &  coraux. 

ibid.. 

■  Hiftoire  des  polypes,  y  5»  6 
La  faculté  régénératrice 
\  de  ces  animaux  a  été; 
long  -  temps  ignorée. 

597 


L  Ë 

Elle  eft  cottimune  àd'âii- 


tres  animaux.  ibidi 
Même  très-  longs,  ibid,  1 
Ce  qu’en  a  dit  M.  Trem-  1 
bley.^  S99 

Ses  expériences.  ibid. 


Les  grands  polypes  ont  la 
même  propriété.  60i 
JJ.  Régénération  des  p'ar-» 
ties  coupées  dans  d’au¬ 
tres  animaux  fans  co¬ 
pulation.  ibidi 

Queues  de  lézards  cou¬ 
pées  reviennent,  ibid,  _  , 
Les  jambes  St  pinces  d’é-  | 
creviffes  fe  régénèrent*  | 
^0} 

Leurs  corfeîets.  ibid,  | 

La  peau  dés  infedes.  ^04  | 
Bois  des  cerfs.  ibidi 
Plumes  des  oifeaux.  ibid, 

La  peau  de  l’homme. 

Les  vaiffeaux.  ibid. 
Mutilations  réparées.  6ûS  ,  ^  ^ 
Plumes  plantées  fur  d’au-  1 1  ’j 
très  animaux.  foy  -,  | 
Ergots  du  chapon,  ibid.  ||î 
Les  dents  plantées  dans  t  ‘ 
l’alvéole.  ibid, 

34.  Développement  de  l’a¬ 
nimal  entier  faiiS  fexe. 

fies 

Polypes  connus  avant  M. 


Trembley. 

ibid. 

Ses  découvertes. 

609 

Tubercules. 

dia 

Qui  deviennent 

bientôt 

un  animal. 

.  ibid. 

La  fedion  des  polypes  eu 
plulîeurs  endroits  pro¬ 
duit  autant  d’animaux.  / 
6n 

Animaux  ' 


DES  MATIERES.  529 

Les  dtifércns  polypes  ont  C‘ett  le  ^iucen  qui  formé 


la  même  propriété.  6  iz 
3  J.  Autres  animaux  compo- 
fés.  614 

^  rieur  animale.  ibid, 
l  Zoophites  du  .genre  des 
'  coraux.  6i^ 

3  è.  Que  répond-on  à  cela  î 
.  ibid. 

Que  cela  prouve  que  tou¬ 
tes  les  parties  de  l’ani- 
\  mal  n’ônt  pas  été  fôr- 
\  niées  en  même-temps. 

616 

Mais  les  unes  après  les 
autres.  .  ibidi 

'  Les  polypes  font  des  ar¬ 
bres  animés.  6 1 7 

Qui  fe  régénèrent  par  des 
bourgeons.  ibid. 

Les  vers  auffi ,  ainfî  que 
les  autres  animaux  qui 
fe  réparent  d’euxrmê- 
mes. 

Il  y  a  des  germes  def- 
,  tinés  à  réparer  les^r- 
ties.  ■  / ibid. 

La  peau  fe  forme/par  un 
mouvement  de  protru- 
fion.‘  i  6zi 


le  tilîu  cellulaire  ibid. 
'C’eft  ainlique  fe  conlb- 
lidcnt  les  fibres  mufcu- 
leufes.  6%% 

C’èft'  un  fuc  qui  donne 
la  confiftance  aux  os. 
un  tiflu  cellulaire,  613 
Le  tiflu  cellulaire  affermit  11 
les  ergots  qu’on  y  greffe. 

Les  parties  animales  fe 
réparent  ,  ou  par  un 
germe,  préparé , 

.  Ou  par  rallongement  dû 
tiifu  cellulaire.  ibid. 
Ou  par  un  fucépaifli,  6^6 
37.  Animaux  métis  &  ref- 
femblarice  des  enfans 
avec  leurs  peres.  ïbid. 
Réponfes  aux  objecfions 
faites  d’après  cela.  ièii. 
C’eft  la  femcnce  du  mâle 
qui  fait  pouffer  certai¬ 
nes  parties.  6z-j 

'  Le  fétus  vient  de  la  mere. 

Mais  la  fernence  du  mâle 
lui 'donne  là  configui. 
ration.  6tp 


TABLE  nu  SECOND  VOLUME. 


î.T  E  fétus  vit  de  bonne 
heure.  page  t 
On  le  voit  dans  l’œuf  dès 
les  premiers  jours  de 
l’incubation.  i 

Trois  véfieules  battent 
par  ordre.  ihii. 

\  Tome  IL 


Le  cœur  a  du  mouvement, 
quoique  fans  couleur. 

On  le  voit  battre  avant 
qu’il  ait  acquis  de  la 
confiftance.  ‘  4 

Dans  les  quadrupèdes,  ib. 

Li 


,530  TA 

/  Dan^  1  homme.  ibid. 
j  Les  plus  petits  fétus, vi¬ 
vent,  J 

rétus  vivans  extraits  par 
l’opération  céfarienne. 

6 

Loi  qui  punifloit  de  mort 
celui  qui  avoit  procuré 
l’a  V  O  :  temcnt  à  quarante 
jours.  7 

'  L’enfant  vit  dès  l’inftanc 
qu’il  efl;  conçu.  ibid. 

;  Non  avant.  8 

a.  Le  fétus  prend  racine  dans 
la  matrice.  9 

.  Il  n’eft  pas  certain  que 
l’œuf  y  foit  ifolé  quel¬ 
que  temps.  ibid. 

■  Il  eft  bientôt  garni  de  du- 
‘  ■  vet.  ibid. 

rioccons  qui  enveloppent 
l’œuf.  lo 

La  membrane  extérieure 
de  l'œuf.  Il 

D’abord  les  vaifTeaux  font 
à  nud.  ibid. 

Enfuite  ils  font  couverts 
d’une  membrane,  ibid. 
Ce  n’eft  pas  une  malle  de 
fang.  la 

-Mais  une  membrane  pul- 
■  -peufe.  ibid. 

1  Qui  enveloppe  le  placenta. 

-  ibid. 

Les  anciens  l’ont  connue, 

.  M 

4,  Le  chorion.  ibid. 

Il  exifte  dans  tous  les  ani¬ 
maux,.  .:,I4 

Il  enveloppe  de  tous  côtés 
/t;  Ic  placenta.  ib'id. 

Ij  '  Sa  ftmdure.  .  i  j 


BLE 

Ses  vai  (féaux.  lÈ 

5.  La  membrane  mitoyenne." 

17 

On  lui  a  donné  d’autres 
noms.  ibid.  . 

Sa  ftrudure.  1 8/7 

Son  tilfu  cellulaire,  ibid. 

6.  L’amnios.  19 

Sa  defeription.  zo 

Son  étendue.  zi 

Ses  vailfcaux.  ibid.. 
Chaque  fétus  a  le  lien,  zz 
C’eft  ce  qu’on  appelle  la 

CG'e'ffe  du  fétus.  zj 

7.  Les  eaux  de  l’amnios.  z-j 
J amais  l’amnios  n’eft  fans 

fluide.,  .  ,  ibid. 

Moins,  le  fétus  eft  avancé, 
plus  il  y  a  d’eau,  ibid. 

Il  y  en  a  moins  quand  il 
eft  plus  grand.  14 
Elles  font  toujours  en  rai- 
fon  inverfs  de  la  quan¬ 
tité,  de  l’urine.  ibid. 
Elles  font  claires.  zj 
Un  peu  gluantes.  ibid. 

8.  La  nature  de  ces  eaux.  ib. 

Quand  elles  Ipnç,  récen¬ 
tes.  ,  ; ,  ibid. 

Souvent  elles  fe  corrom-' 
pent.  .  ibid.  . 

Les  acides  les  coagulent- 
-  z^ 

Il  s’y  forme  des  .  caillots. 

-  ,  .',>7 

Le  féjour  les  rend  falées. 

ibid. 

Alors  ce  fluide  n’eft  plus 
lu fceptible  de  coagula¬ 
tion.  ibid. 

Ce  n’eft  point  une  muco- 
.'litéj  ibid. 


D  £  s  .  M  A  T  I  E  R  E  s. 


^  Source  de  ces  eaux.  z8 
Plufîcurs  en  ont  parlé,  id. 
Elles  ne  peuvent  venir  du 
_  -  fétus. 

Elles  viennent  de  la  mere.. 

■  . 

On  en  ignore  les  voies.  1^. 
Dilfenation  fur  l’origine 
des  eaux  de  i’aninios. 

3  3. 

ÎDifFérentes  opinions.  34 
Peux  erreurs  accréditées. 

5  J 

î®.  Sur  répaiÆùr'de  la  ma- 
tficè  pendant  la  grof- 
fel’e.  ■  '  '  -  ibid. 

a®.  Sur  la  nature  des  vaif- 
feaux  de  céivifcere;  ib. 
Opinion  dè  Dcvèhcer.  3  6 
.  ■  Preuves  contre  M.  -  3  8 
[f  B’après  l’eXpéfiehciS 
'  '  &  furiv. 

,  Par  la  raifon.  43-6*-  fuiv. 
Ordre  dàns-iequel  le  fait 
cet  ainînéiiTè'menr.  .48 
Il  n’eft  pas  le  même  dans 
toute  récendue  de  là 
matrice;  ■■  ‘  ibid. 

Elle  eft  trcs-épailFe  à  Tén- 
-  droit  -  de  l’attache  -du 
placenta.  ,  4ÿ 
pifférêncê  -  des  vâilTeaux 
de  cet  endroit  &  des  au¬ 
tres.  ■  ji 

A  cet  endroit  ils  font  fort 
'  groà’Sc  fàrigûins.  i^ii. 
'  &  fuiv. 

‘  Ailleurs  petits  &  lympha¬ 
tiques.  Si 

Preuves  tirées  des  Auteurs. 

. 

P’après  robfervarion.  37 
Ê*  fuiv. 


y 

Explication  méchaniqus 
de  cette  diftérence. 

&  fuiv. 

Mais  ce  n’eft;  que  conjec¬ 
ture.  6z 

Après  l’accouchement  ils 
deviennent  tous  fàn- 
guins.  6"j 

Les  vailTeaux  lympha¬ 
tiques  fournillent  les 
eaux.  6 J 

Preuves.  ‘  66 

Surcroît  de  preuves  tirées 
des  faufles  eaux.  ê8 

10.  Ces  eaux  font-elles  nour¬ 

ricières  ?  70 

Raifons  de  ceux  qui  le 
nient.  ^  ibid. 
L’humeur  qui  fe  trouve 
dans  l’eftomac  n’efl:  pas 
la  même,  7 1 

On  en  a  trouvé  dans  l’efto- 
mac  d’un  fétus  fans  houf 
che.  7^ 

Cette  humeur  vient  iies 
glandes  delabouche,&c. 

.  •:  ;  .  '  ^73 

11.  Réponfes  a  ces  objec¬ 
tions.  ibid. 

Preuves  que  ces  eaux  nour¬ 
ri  irenr.:';  :  -  'i  .ibjd. 

Le  fétus  a  la  bouche  ou-  1  ! 

verte.  ;  74 

Il  avale.  ibifl. 

Comme  l’homme  qui  fe 
poye.  ihid. 

.  Ou  en  a  trouve  dans  1  elto- 

-  -mac  du  fétus;  :  75  \  ] 

-  Même  dans  le  jabot  des  1  ! 

volatiles.  .  -ibid. 

.  L’enfant  rejette  cette  hu¬ 
meur  avant  de  tetteriy/» 

Llij 


55X  ^  TA 

,  Poils  mêlés  avec  le  mé¬ 
conium  du  veau.  77 

j  :  Si  les  eaux  de  l’amnios 

i  i  font  avalées^elles  nour- 
rillent.  ièid. 

'  ;  Preuves  certaines  qu’elles 
.  fervent  à  nourrir.  78 
Autres  ufages  de  ces  eaux. 

19 

I  a.  La  membrane  allantoïde 
des  brutes.  80 

Les  volatiles  n’en  ont 
point.  lia. 

Elles  exiftent  chez  les  qua¬ 
drupèdes.  8 1 

L’ouraque.  iVid. 

L’allantoïde  paroît  de 
bonne  heure.  8i 

13.  Ce  qu’on  a  vu  dans 
l’homme  relativement  à 

cela.  aa. 

;  On  y  trouve  l’ouraque. 

lia. 

Des  reftes  de  véficules.  8  3 

'  ;  Albinas  l’a  obfervé.  iba. 
Boehmer.  '  iba. 

Haie.  ,  ibid. 

Munick,  ,  84 

Eglinger.  ibid. 

Preuves  que  donnent  quel- 
.  ques  Auteurs  de  L’exif- 
tence  de  l’allantoïde 
dans  l’homme,  ibid. 

14.  Raifons  d’ép  douter.  8^ 
Louraqqe  ne  fe  continue 

pas  avec  le  cordon,  ib. 
Ceux  qui  en  ont  parlé  ne 
l’aifurent  point.  87 
Je  ne  l’ai  jamais  trouvé 
jufque-là.,  88 

Réponfes  aux  raifons  con¬ 
traires.  8i> 


BLE 

l;.  Le  cordon  ombilical.  51 
S’apperçoit  bientôt  dans 
l’embryon.  ç)z 

Même  dans  l’homme,  ib. 
Au  commencement  il  eft 
gros.  _  93 

■  Et  court.  ibid. 

Il  eft  de  même  jufqu’au 

j^e  jour.  ibid, 

16.  Hiftoire  du  cordon.  54 
Il  eft  plus  long  dans 

l’homme  que  dans  les 
autres  animaux,  ibid. 
Cordon'trop  long,  ibid. 
Sujet  à  fe  nouer.  ibidi 
Cordon  bifurqué.  93 
L’infertion  du  cordon  va¬ 
rie.  ^  ibid. 

Son  enveloppe  élaftique. 

Hernie"  âù  cordon.  $6 

■  Son  tilîu  intérieur,  ibid. 

Sa  macQUté.  ibid. 

Ses  cloifons.  97 

Ses  petites  loges.  ibid. 

17.  Lés  artères' ombilicales. 

'  ibid. 
Quelquefois  il  m’y  en  a 
qu’une.  '  '  ibid. 

Elles  font  contournées  en 
fpiràles.  ■  -  58 

Elles  ont  des'  nœuds.  99 
Çanal  de  communication. 

100 

Altérés  omphalo-méfen- 
tériqués.  '  '  ibid. 

■  Celles  des  oifeaux.  'i  01 

18.  La  veine  ombilicale,  ib.- 
Les  brutes  en  ont  deux  ib. 

-  SknS  ramification.  loz 
'  Grofleur  de  cette  veiner 
ibid. 


D  E  S  ^  M  A 

Ses  noeods.  '  103 

Veine,  .oraphalc-Hiéfencé- 
rique.  104 

y  a-t-il  d’autres  vaif-  : 
féaux  dans  le  cordon? 

ibid. 

On  n’y  a  point-  vu  de  . 

nerfs.  ■  loy  ; 

Ni  de  vaifleaux  lyœpha-  ■ 
tiques.  ibid.  . 

a.0.  Le  placenta.  libld.  . 
La  junaent  &  la  truie  en  -, 
.  ont.  un.  lo^  ^ 

Dans  les  animaux  rümi- 
nans  ,  il  y  en  a  plu- 
fieurs.  ibid.-. 

Les  autresianimaUx  herbi- 
vores,. n’en  ont  qu’un.- 

Ainfî  que  rhorame.*i^iV.  : 
Quelquefois  même  pour  f. 
des  jumeaux.  -  ibid. , 
--  Placenta  réparé.  '  ibid. . 
II.  Le  placenta  tire  fon  ,ôri- . 
gine  du  choirion.  108. 

Une  portion  de  cette  mem-.' 
;  .  brane  dévient  le  pia-- 
ccntâ.  ibid., 

La  grolTeur  des,  vaifleaux. 
de  la  rriütrice  y  contri- 
.  bue,.„,  !  109. 

Sièges  du  placenta.'  iio; 

Elaicenta  enkifté.  ibid..i 

.  -î.%.  Du  placenta.  iir- 
Sa  figure.  ibid.y. 

.  Ses  faces.  ibid. 

,  Son  chorion.  113.. 

/  /i  3 .  Structure  du  placenta.  îb. 

4  (  ■ ,  Elle  eft  fibreufe.  ibid.- 

Cellaleufe.  114. 

Il  n’y  a  point  de  glandes.- 
ibid.' 


TîERES.  555 

'  Hydatides.  i  i  5 

Exemples  de  placenta  dé¬ 
générés  en  hydatides. 

.ivToutes  les  hydatides  qui 
fortent  de  la  matrice 
ne  viennent  pas  du  pla¬ 
centa.  :  ;  [lié 

Z4.  Al  térés  du  placenta,  117 
Troncs  des  arteres.  ibid. 
Tifl'u  cellulaire  du  cho- 
ribaqui  les  enveloppe. 

lis 

Elles  s’enfoncent  dans  le 
placenta.  119 

Pelotons,  ,qu!elles  y  for¬ 
ment.,  ,  ■  ibid.  ' 

'  Acini  de  Ruyfch.  i  2o\n 
Ces  vaifleaux ;deviennent  |i 
quelquefois  bydatiques.  ' 
ibid. 

xy.  Adhérence  du  chorion 
à  la  matrice. 

Et  du  placenta.  ^  .  ibid. 

\6.  La  fin  des  vaiflTeaux  du 
placenta.  . .  1x4 

Ils  s’abouchent  avec  les 
ombilicaux.  ~  ibid. 
Avec  ceux  de  la  matrice. 

ixy 

■  27.  Veines  du  placenta,  ibid. 
Sinus  veineux;'  b 

z8.  Doutés  fur  l’union  du 
placenta; avec  la  ma- 
trice,  ;  V  - .  iiy 

Un  fac  nourricier  va  de 
la  matrice  au  féius  par 
le  placenta.  ibid. 

.  On  a  dit  que  ccroit  du 
fang.  ,  ibid. 

"  Raifon  de  ceux  qui  le 
■  nient.  ,  ,  *  :  ibid. 


!54  ,  T  A  B 

Il  ne  fort  point  de  faag 
de  ta  furface  convexe 
du  placenta.  1 1 8 

les  orifices  de  la  matncc 
ne  correfpondent  point  , 
avec  les  vaiflcaux  du  . 
placenta.  ibid.  : 

i,e  fang  ne  va  point  de 
la  matrice  au  placenta.  • 
11^  . 

Ni  au  fétus.  ibid. 

Ni  de  celui-ci  à  la  ma¬ 
trice.  130 

Le  fuc  s’épanche  dans  le 
tiflii  cellulaire.  ii'td. 

Il  eft  réforbé  par  le  pla¬ 
centa.  ibid. 

Corpsinrermédiaires  trou¬ 
vés  entre  la  matrice  Sc 
le  placenta.  13 1 

Le  placenta  appartient  au 
fétus.  ibid.. 

ip.  Cotylédons.  i  3 1 . 

De  la  matrice.  1 3 1 
Du  fétus.  ibid. 

Humeur  laiteufc.  idid. 
Les  liqueurs  injeétées  ne 
vont  point  de  la  mere 
au  fétus.  134 

Je  l’ai  éprouvé  dans  la  va¬ 
che.  -  ibid. 

Placenta  du  lapin.  1 5  3 
Du  chien.  .  ibid.. 

JO.  Y  a-t-il  de  vaiiTeaux  lai- 
.  :  teux  ,  qui  de  la  matrice 
;  vont-aü  placenta  :  13^. 
Ce  qu’on  en  a  écrit,  ibid. 
)i.  Ne i pafTc-t-il  abfôlu- 
ment  rien  de  nourri¬ 
cier  de  la  matrice  dans, 
les  vailléaux  ombili¬ 
caux  ?  '  138. 


L  E  "  . 

Preuves  de  cc  fentiment. 

ihii. 

Cordon  malade,  ou  dé¬ 
truit.  139 

11.  Cependant  il  eff  .certatn 
qu’il  palTe  quelque  chofe' 
de  la  mere  au  fétus  pat 
le  nombril..  140 

Pores  inorganiques  par  ou 
cela  fe  fait.  141 
La  perte  qui  fuit  de  dé- 
cokment  du  placenta 
ne  prouve  rien.  ibid. 
Événemens  qui  ne  s’ac¬ 
cordent  point.  1 41 

33.  Preuves  de  ce  que  le  fé¬ 

tus  reçoit  fa  nourriture 
par  le  nombrih  143 
Les  férus  acéphales,  ibid. 
Le  fang  s’amafle  dans 
la  matrice  pendant  la 
grolTeire.  ibid. 

Suppreflion  des  réglés. 
ibid. 

Moindre  quantité  des 
eaux  à  la  fia  de  la  grof- 
felTe.  144 

34.  Preuves  plus  fortes,  ibid. 
Le  fétus  perd  fon  fang 

quand  la  mere  perd  le 
fien.  .T  4  J 

Perte  après  l’extradion 
du  placenta.  ,  14^ 

35.  Les  injeftions  paffent 
de  la  mere  au  fétus. 

-  ,  ibid. 

De  l’enfant  à  la  mere .  ;  47 
Cela  n’eft  pas  toujours. 

148 

II  y  a  donc  communica¬ 
tion  de  rua  à  l’autre. 

ibid. 


,  DES  MATIERES.  ,  .53^1 

îlpafle  un  fuc  nourricier.  Le  poulet  vit  avant  l’mV 
I  ro  cubation.  léj 

y6.  Cependant  il  y  a  aufli  z.  Le  fuc  nourricier.  ï6f 
de  la  mere  au'placenta,  Beaucoup  d’anîmaux,:vi- 
ùne  certaine  continuité  vent  gélatineux,  ibid./- 

de  circulation  de  fang.  Il  y  en  a  beaucoup  plus  qui 
I  j  I  prennent  de  la  corifif- 

Le  mouvement  du  fang  ^  tance.  iiid. 

dans  le  cordon  dépend-  Quelle  matière  occafionne 

til  du  cœur  du  fétus.  le  développement.  i6é 

ibid.  Le  blanc  de  l’œuf.  iéy 

Accroilfement  du  placenta  II  contient  de  Teau.  i6% 

après  la  mort  du  fétus.  Et  de  la  gelée.  :  ibid. 

151  L’huile  du-jaune.  dbid. 

De  la  môle,  '  ibid.  Ges  principes  font  les 

Eétiis  fans  cœur.  153  mêmes  dans  les  qua- 

Du  chyle  dans  les  vaif-  drupedes.  16^ 

féaux  utérins. -■  134  La  lymphe  y  eft  plus  côa-r 

37.  Le  plaèénta  à-t-il  quel-  gulable.  '  ibid. 

qu’aurre  ufage  ?  155  3.  Les  fluides  du  fétus  fe  for- 

‘  Cela  n’eft  pas  vrai fembla-  ment  de  la  nourriture 

blc.  136  qu’if  prend.  '  17.0 

Le  chyle  fc  mêic-t-il  avec  Iln’yapointde  fangrouge 
le  fang  dans  le  pla-  dans  1  embryon,  ‘fi'ri/. 

centa  ?  ibid.  Quand  y  en  a-t-il  î;  171  ' 

.  Le  placenta  eft le  moyen  Les  humeurs.  '  :  i  i-iyi 

d’union  de  la  matrice  Leur  acrimonie,  i  0174 

avec  le  fétus.  157  4.  Les  parties  /olides  font 

.  _  .  originairement  fluides. 

Vie.  dti  Têtus.-  y.  ibid, 

i' |lv  L’embryon.  l  yS.  Ëxpériencesqui  le  prou- 

'' Son  principe.  -  ibid.  vent.  ;  '175 

Il  paroît  d’abord  informe.  Sur  le  fétus.  .  r.  -  'îild. 

Sur  les  os.  -  / 

I  A  caufe- dé  fa  tranfpa-  Fétus  très-jeunes  fediffol- 
I  rence.  ibid.  ventdànsiesicxpérién- 

.  ‘  Il  a  déjà  un  cœur  &  des  ces.  :  -  •  ..177 

vailfeaux.  i6o  -5.  Il  n’y  a  pas  grande  diiFé- 

La  moelle  épiniere  exifte.  xence  entre  des  foiides  ' 

161  &  les  fluides.  1  ■  ijj 

Les  vifeeres  font  invifi-  -  Le  feu  rend  fluides  tous 
A  blés.  iCz.  les  corps  fohdes.-  178  // 

-  '  Liv 


55<î  TA 

Le  grand  froid  condcnfe 
tous  les  fluides,  ibid, 
La  fohdité  des  parties  dé-\ 
pend  de  L’union  de  la 
terre  avec  \t gluten.ijç) 
Même  la  dureté  des  os.  ib^ 
Expériences.  iSa 

6,  Le  g/wtea  devient  fibreux. 

i8i 

Le  fan  g  liumain  le  de- 
vicnr,  184 

7.  l,tgluten  devient  tiflu  cel¬ 

lulaire.,  ibid. 

Il  forme  d’abord  des  feuil¬ 
lets.  '  i8î 

Exemples  tirés  des  mala- 
;  die.s.  ibid. 

Dubois.  18Ô 

Des  plaies.  -  ,  ibid. 

Ce  nifu  cellulaire  fe  for- 
,  me  méchaniquemeut. 

187 

Tout  cela  n’^eft  cependant 
pas  certain.  188 

Conjeârures  fur  la  forma¬ 
tion  du  tiflti  cellulaire. 

.  '  .  ibid. 

8.,  Il  devient  menibraneux. 

189 

Méchanicjue  de  la  forma¬ 
tion  des  membranes,  ih. 
:Gette  théorie  n’eit  pas  to¬ 
talement  adroiffible.  15)0 
i  A  Lcaufc  des  vaifleaux  qui 
.  :  trayerfent  les  membra- 
■■  ,nes.  -  191 

Les  membranes  qui  ne 
font  -point  'vafculeufes 
fe  réparent  par  un  fuc.  iA 
IldevientyaUreaux., ibid. 
H  M.  'NS^olf 'penle  que  les 
'  t,  globules  fe  pratiquent 


;  LT  •  7  , 

eux-mêmes  :lcürs  yailL 
féaux»  191 

Il  ne  Le  forme  point  de 
nouveau  de  fibres  mùf- 
culairesnides  nerfs.iyj 
Ni  de  vaifleaux.  .  194. 

Si  cela  étoit ,  les  plus  pe- 
tites.veines  feroienrfor*^  ' 
mécs  les  premières.  19  j 
L’obfervation  démontre  ■ 
le  contraire.  ibîd. 

Les  arteres  ne  forment 
point  les  veines  mé- 
chaniqueraent.  197 
Le  mouvement  du  jaune 
H.’en  efi:  point  la  caufe. 

198 

Pourquoi  les  veines  pa^X 
roilTent elles  les  pre-l' 
mieres?.  199 

Toutes  les  parties font  for- 
méesjea  même-temps,  ib: 
Quelques-unes  fe  peuvent 
■  réparer.  zqi  - 

10.  Idée  de  l’embryon  avant , 
fun  accFoiilement.iSfd.  |i 
Grandeur  du  ■  poulet  le  U' 
troifieine  jour.  zoz  X 

Ses.  vai/feaux.,  ïbld. 

.Scs  nerfs.'  .  xoj 

Son  cerveau.  Z04 

Son  cœur.eft  feiiî  irrita-;;  f  | 
ble.  ibid.  \ 

Le  refte  efl  imparfait.  i5id. 

Les  membres  St  le  tili'm 
cellulaire  font  tout  mu¬ 
queux.  .  XOJ 

I  î.,  Caufes  du  mouvement 
du  fang  .dans  l’eih- 
bryon.  xoiS:  ^ 

L’air  en  eftla  principale» 


DES  MA' 

■Vî,’orciîkcio«  n  a  pas  lieu 
y  dans  l’embryon..  107 
Peu  dans  l’adulte.  Ibid, 

La  chaleur  '  ilid. 

-  L’efpece  de  fuccion  des 
vaiffeaux  capillaires.  io8 
Le  cœur  eft  la  véritable 
caufe.  1C9 

Il  eft  très- gros  dans  le 
fétus.  Z 10 

Plus  que  dans  l’adulte,  z  1 1 
Il  fe  meut  avec  une  grande 
rapidité.  ziz  / 

iz.  Caufes  auxiliaires.  zr4 
La  lenteur  du  gluten,  ibîd. 

II  n’y  a  point  de  . nourri¬ 
ture  fans  retard.  -  ziy 
Il  faut  aéfipn  &  réaélion 
pour  nourrir. y  ihid. 

1 5.  C’eft  l’artere  -qui  charie 
le  fuc.'  .  Z 16 
14.  L’artere  s’allonge,  z  1 7 
Sur-tout  à  l’extrémité,  z  1 8 
■Exenlple  du  prompt  ac- 
croilTement  de  la  mem¬ 
brane  dtnbilicaiê.  z  1 9 
Ce  qui;  fe  paffe  .  dans  les 
arteres  libres.'  ïbid. 
Promptitude  de  l’accroif- 
'  fement  du  fétus.  ïbid.  - 
.  Des  os.  ..  ibîd. 

I  y.  L’arterc'fe  dilate,  z  z  r 
.Preffion  latérale.  ibid. 
Denfitë  des  parois,  zzz 
.  Des  parties  qui  l’environ- 
nenti  -  ;  ibid, 

,  Le  fang  pénétre  les  plus 
,  petits.  vailTeaux.  zzj  - 
-Expanflon  du  réfeau  vaf- 
'  culaire.  :zz4 

Ees  angles  des  rameaux 
augmentent.  ïbid. 


MERES.  in,. 

Et  leurs  diamètres,  zzy  y, 
Leur  accroiirement.  zz^ 
Le  gluten  icmplit  les  vui- 
des.  ZZ7 

S’y  épailfit.  zi8 

16.  Cette  méchanique  Te 
fait  dans  tout  le.  corps. 

ibid.' 

Même  dans  les  fibres  muC- 
culaires.  ibid." 

Certaines  parties  s’accroif- 
fent  moins  en  propor¬ 
tion  que  d’aurres.  zzp 

1 7,  Promptitude  dé  l’ac'croiT 


fement.  -  z  3  r 

Très  -  rapide  dans  les 
commencemcns.  '  Z3Z 
Enfuite  il  diminue,  z^ 
Dans  l’homme.  ibid. 
Syftême  nerveux  plus 


grand  dans  le  fétus. 

Z3^ 

Ce  qui  rend  lé  cœur  plus 
irritable.'  ibid. 

Battemens  plus  fréqüéns. 

Les  vaifTeaux  dans  le.  fé¬ 
tus  ■font  en  plus  grandi' 
nombre.  ibid. 

On  a  penfé  qu’il  fè  feir- 
moit  desvàilFeaux  après 
la  naifl'an'ce.  itid. 

Il  y  en  a  plus  danslê  'fé- 
tus  &  les  jeunes  db)ets 
que  dans- l’aduîte:.'  23^ 
Beaucoup  difparôilfent 
dans  là  faîte.  ‘ 
Démontré  par  TeXpérien- 
:ce;r  ■'Z40 

Ils  font  plus  groà.  '  Z4r« 
Et  plus  extcnfibles.'  ibîd.  ^ 
Pourquoi?  ibïdi/ 


53^  T  A  B 

18.  La  ccnfiTuration.  143 
Scs  eau  Tes,  ibid, 

L’expanfion.  ibîd. 

L’attraâion.  ibid. 

La  prcflîon.  ibid. 

Le  fluide  que  le  cœur  en¬ 
voyé  étend  les  parties. 

144 

C’eft  la  vertu  expanfive 
qui  change  la  chryfalidc 
en  papillon.  Z44 

IJ  L'attradion.  14-8 

Preuves  de  l’attradion. 

ibid. 

Ce  qui  fe  paflTe  au  cœur. 

2-49 

Dans  les  mufcles.  ^$o 
Dans  les  os.  -  z  f  i 

zo.  La  preflîon.  ibid. 

Defccnte  des  tcfticules. 

dans  le  ferotum.  Z5Z 
Forme  des  os  changée,  z  5  3 
Réfiftances  des  parties 
voifines.  zj4 

Les  parties  dures  font 
auffi  configurées  par  les 
molles.  Z  y  y 

La  preffion  ramollit  les 
os.  zjé 

zï.  La  force  de  dérivation 
,  &  de  révulfion.  ibid. 
Là  ligature  d’une  artere  la 
prouve.  Z  37 

Dérivation  en  cette  par¬ 
tie. ,  ibid. 

La  même  chofe  fe  paflé 
dans  le  baflin  après  la 
ligature  du  eprdon.  ib. 
Exemple  tdans  le  poulet 
pendant  l’incubation. 

,158 

^  \  Force  de  la  révulfion.  ^6o 


L  E  ^  , 

zz.  Caufes  qiiî  dépendent 
des  humeurs.  'z6i 
Qand  elles  abondent,  ié/d. 
Quand  il  y  en  a  peu.  ibid. 
Vices  de  certaines,  z6z 
Exhalation  des  plus  tenues.  ' 

Attradion  des  parties  ter- 
reufes.  z<?4 

Z  5 .  La  formation  des  osi  ib,  \\ 
Le  principe  de  l’os  cft  gé-  fs 
latineux.  zéy 

Ils  commencent  à  deve- 


nir  opaques. 

Se  durci  fient. 

z67',| 

On  y  remarque 

des  fil-  ‘? 

Ions. 

ibid. 

Des  vaificaux. 

ibid. 

Ils  font  creux. 

Trajet  des  arteres, 

.  ibidî] 

Les  vaifi'eaux  palTent  en-  . 

tre  les  lames  de  la  fub- 

ftance  de  l’os. 

z-^i 

14.  L’épiphyfe. 

ibid. 

Ses  vàifiéaux  viennent  de 

ceux  des  os. 

Cercle  vafculeux. 

^73  n 

'VailTeaux  propres.  Z74  i 
Noyau  de  l’épi  phyfe,  ib. 

Il  eft  plein  d’alvéoles,  ib. 
Quelques  os  ont  deux  /. 
noyaux.-  // 

zj.  Fortiiation  méchanique 
de  l’os  long  j  le  fuc  of- 
feux.  ibid. 

C’eft  un  gluten.  zy^ 
On  le  tire  des  os  par  lՎ 
bullition.  ibid. 

Il  confolide  les  os  frac¬ 
turés.  177 

Ce^/wrcÆ forme  les  ropho- 
■  lues  des  goutteux,  zyg 


DES  MA 

.  les  çxoftpfts.  zyS 
Les  Ankyjlpfes.  ibid. 
Xc  tartre  des  dents,  z  8o  , 
Il  remplit  les  futures,  ibid. 
Particules  dures  &  cal¬ 
caires  roulent  dans  le 
fang.  z8x 

Le.  g/are/z;e^nlevé,  Içs  os 
fe  ramolliirent,  ibid. 
Terre  crétacée  enleyée,  . 

même  réfulrat.  z8z 
Acides  &  alkalis  ont  cette 
propriété.  ,  ibid. 

,  .  Les  os  s’amolliflent  dans 
,  l’eftomac.  -  ,  ibid. 

.  Par,  maladies  aulG,  z8  5 
Obfervations.  -  ibid. 
Courbures  des  extrémités. 

-,  ibid. 
Côtes  fléchies.  ibid. 
La  terre  crétacée  de  l’os  en¬ 
levée  en  eli  la  caufe.  184 
Le  racnitis.  ibid. 

Le  fcoibut.  fj.bid. 

‘  Et  le  mercure.  z  8  5 
'%6.  Le  fuc  olfeux  eft  formé 
de  particuleS;gEoflîeres. 

V  z8^ 

C’eft  le  fang  feul  qui  les 

:çharre.-,_  .  Z87 

'...Progrès.  -  ibid. 

L’os  fe  perfeétionne  z88 
,  Formation  du  cal, .  Z89 
Il  y  naît,  des  vaiileaux  à 
raefure  qu’il-  s’offifie. 

- .  ■  '  .  -  Z90 

,  Et  dans  lesrcartilages  olîî- 
.  fiées  par  maladie.-  Z91 
,  -  EfFers  de  la  garance,  ibid. 

■  Elle  rougit  les  os.  ibid. 
Poufllere  fine  qui  fe  dé- 
..pofe.;  Z9Z 


riERES.  559 

Elle  ne- teint  que  les  os. 

ibid. 

.Sur-  tout  les  plus  durs. 

ibid. 

Le  calus.  ,  19  j 

Le  fuc  ofleux  eft  donc 
grolfier  ?  ibid. 

Il  eft  charié  par  de  gros 
vaifleaux.  ibid. 

zy.  Le  cartilage.  Z514 

Sa  ftruâure  eft  difficile  à 
connoître.  z^j 

On  n’y.  voit  ni  lames  ni 
fibres.  '  ibid. 

Il  différé  des  os. 

Cartilage  contre  nature. 

ibid. 

Offification  contre  nature. 

Comment?  ibid. 

Il  eft  a  croire  qu’il  y  a  des  • 
fibres  &  des  lames.  199 
z8.  Comment  fe  formeat 
les  os  cylindriqiaes.  ib. 
Par  les  ancres  qui  naïf- 
fent  peu-a  peu.  300 
Le  fuc  épais  apporté  pat 
le  fang.  3  01 

Et  la  terre  calcaire  dépo¬ 
sée.  .joz 

2,9.  Dans  l’homme,  405' 
-Prefque  co,mme  dans  les 
quadrupèdes  &  les  oi- 
-feaux.  •  ibid. 

'  .Noyaux.  -  ibid.Ÿ] 

Vaifleaux  nourriciers,  ib.  ' ! 
Branches  de  ces  vaiffeauxj 
■ .  ■  .  ^06 

.  Vaifleaux  des  épiphyfes. 
.Des  eartilages,  .  307 
Pibres.  ibid. 

Lames.  iüd.i 


540  TA 

Le  gluten  &  le  fuc  terreux 
font  de  même  nature,  ib. 
30.  Les  os  plats.  308 
Leurs  fibres.  309 

Le  fuc  s’épanche,  ihid. 
Les  fibres  s'allongent.  3 1  o 
Les  lames  s’appliq^uent 
les  unes  fur  les  autres. 

ihid. 

Il  y  en  a  beaucoup  au  cen¬ 


tre  de  l’os.  3  II 

Le  diploé.  ihid. 

Les  futures.  3 1  z 

Cartilages.  '  ibid. 
Vailfeaux  de  ces  os.  ihid. 
51.  Les  os  courts  j  les  os 
compofés.  313 

Leur  ftrufture.  314 


Croûte  cartilagineufe. 

La  marche  de  la  nature 
eft  la  meme  par-tout. 

■  ,  .  31^ 

3  2,..  Le  perioftc.  317 

Très -fin  dans  le  fétus. 

ihid. 

Très-peu  adhérent  à  l’os. 

ihid. 

Plus  à  l’épiphyfe.  3 1 8 

Qu’il  attache  à  l’os.  ihid. 

Il  forme  le  capfule  des 
articlès.  .  31^ 

Les  tendons  s’implantent 
dans  le  périofte.  ihid. 

Il  s’épaifTit  avec  l’âge.  ïb. 

S’attache  plus  fortement 
à  l’os.,.  ihid. 

Dans  le  Volatile  il  eft  peu 
vafculeux.  ihid. 

Dans  l’adulte  il  eft  épais. 

'  310 

La  direftion  de  fes  fibres 


LE  , 

n’cft  p>as‘'CErtaine.  'n,.-:., 

3  3 .  Les  os  s’engendrent-iU, 
du  périofte.  '35-1 
On  l’a  prétendu.  ib'ià. 

De  même  que  le' cal.  iiid. 

M.  Duhamel  le  penfe. 

.  311 

Suite  de  ce  qu’il  avance.  ; 

Que  les  exoftofes  vien-  ;| 
nent  du  périofte.  iiJid.  jj 
Que  Tos  dans  fon  prin-  . 
cipe  eft  un  cartilage. 

'3H 

34.  Quelques  objections. 

Le  fuc  olfeux  eft  démon- 
tré.  --313 

Le  périofte  ne  paroît  pas 
fuiEfant  pour  réparer 
les  grandes  déperdi¬ 
tions  d’os,  ’3i^ 

Le  fuc  olfeux  fe  répand 
évidemment.  317 
Se  congelé  &  devient  os. 

'  ihïd. 

Le  ealus  eft  diftinà  du 
périofte.  128 

Sa  nature  ne  permet  pas 
d’en  douter.  ’  '  ihid.Kk 
L’os  renaît  fans  périofte.  1| 
'  ihid. 

L’émail  des  dents.-  330 
Dents  unies  enfemble. 

331 

33.  Nos  preuves.  3  32. 

Le  périofte  n’a  point  de 
■  fuc  propre  à  réparer  les 
os.  ihid. 

Il  n’eft  point  cciloré  par 
la  garance.  ihid. 

Il  n’a  point  de  fibres.  5  3  3 
Une  concourt  point  au 


^  E  s  '  MA' 

j  , .  dîangçnjent .  de  l’épi- 
phyre”en  os.  '  ihid. 

,  Il  eft  ti;ès  délicat  dans  le 
.  fétus.  ihid. 

-  Il  ti’efl;  point  adhérent  à 
l’os.  '  3  34 

Les  os  ne  font  point  mein- 
braaeax.  33; 

3  (>.  Réponfes  de  M.  Fouge- . 
roux  à  CCS  preuves.  ïb. 
Ces  raifons  ne  font  pas 
.  fatisfaifantes..  3  3  6 
'Lz^^luten  fe  change  cer- 
laineinenr,  en  cartilage. 

,  r 

Le  périofte  ne  change 
po!  lit  de  nature  pendant- 
i’oflifïcation  der  fèpi- 
,  ^  h’  3  37 

Les  noyaux  ne  viennent 
- .  point  du  périoftè.  .3  3  8  , 
Le  cal  n’a  point  d’organi- 
,  fation,.  /,  ibid. 

3  7 .  L’accrôiÏÏemênt  du  fétus. 

.  -:3  39 

Quelques  différences  de 
l’œuf  humain.  3  40 
Os  du  fétus.  ;  341 

38.  La  têre,  341 

■  Ce  n’étüit  qulune .  bulle 
membraneufe.  ^  ibid. 
Quoiqu’elle  s’olfific  ,  il 
refte  des  efpaces  mem¬ 
braneux  ,  qu’on  nom- 
.  .  .  me  fontanelles,  ibid. 

.  C’eft  ce  c]ui  ’  fait  qu’elle 
-  change  aifément  de 

.  forme.  343 

-  :  Les  os  de  fouie  font  bien- , 

_  -  .  tôt  parfaits,  .  344 

:  Ainfi  que  ceux; des  m⬠
choires.  ibidt 


riERES.  H*  Ù 

Cependant  pas  entière-  \ 
ment.  ’  '  ihid. 

Les  dents  relient  cachées.iS. 

La  tête  eft  greffe.  34; 
Elle  diminue  quand  l’é^n- 
fant  eft  né ,  à  mefure 
que  la  poitrine  &  le  bas- 
ventre  croilfenr.  3  4.6 
Sa  figure  varie.  ihid. 

Le  cerveau  eft  fluide,  ihid. 
Bulles  du  crâne.  ihid. 
Les  yeux.  .  347 

Les  oreilles.  ihid. 

Le  nez.  348 

Les  levres.  ihid. 

35).  La  poitrine.  ihid. 
Eft  plus  petite;  ihid. 

Le  poumon  paroît  fort 
tard.  .  349 

Le'tiiymus  eft  grand,  ihid. 
Plein  de  fuc  laiteux,  ihid. 
De  même  les  glandes 
bronchiques.  ihid. 

Il  y  a  beaucoup  d’humeur 
rouge  dans  la  poitrine. 

ihid. 

40.  Le  bas-ventre;  ihid. 
Les  vifeeres  ne  font  pas 
fans  enveloppe.  -t3  5c» 
"Volume  dii  foie'.  4hid.  ' 
Son  accroiffement  dahs  le 
'  fétus.  '  -.3  5'i 

-  Sa  couleur.  '  '  ihid. 

La  véficalè  du  fièl.  ihid. 
La  rate.  35-1 

L’eftomac.  ihid. 

Les  inteftins.  '  ,  ihid. , 

Le  ccècum.  '  353 

LznKZcàrâujn^  ‘  ihid. 
Les  reins.  '  ihid.  , 
Les  capfules  atrabilaires.  / 
354 


541 

T  A  I 

//  Les  tefticules. 

ibid. 

^  Les  ovaires. 

ibid. 

La  velîie. 

ibid. 

Parties  génitales. 

3JI 

41.  Diverfes  particularités. 

ibid. 

Les  membres  ne 

parpif- 

fent  point  d’abord,  ib. 

La  jambe  fe  montre  la 

pieraiere. 

ibid. 

Mouvemens  fenflblcs  à  la 

inere. 

31^ 

Peau  du  fétus. 

ibid. 

Poils. 

ibid. 

Couleur. 

3J7 

Graille. 

ibid. 

4Z.  L’accroiffement 

en  gé- 

néral. 

ibïd. 

Tout  eft  prefque  iucer- 

tain. 

ibid. 

.  L’eftimation  qu’on  a  faite 

de  fes  progrès 

eft  peu 

jufte. 

I3S 

Ils  y  a  à  cet  égard  beau¬ 
coup  de  variétés,  3  59 
43.  Circuladoü  particulière 
dans  le  fétus.  ■  3  6 1 

Par  le  foie.  361 

44;  Le  trou  ovale.  ibid. 
Le  ventricule  gauche  du 
cœur  fe  forme  le  pre- 
.  :  mier.  3(^3 

41^  Defcription  du  trou 
ovale.  364 

La  grandeur  de  fon  ouver- 
turedans  rembryon.  ^6$ 
Elle  diminue  dès  le  troi- 
fieme  mois.  ■  ^66 

Valvule  de  cc  tion.  ibid. 
Obliquité  de  la  valvule. 
sV  .3^7 

trou  n’eff  pas  effacé^ 


LE 

pour  cela,  il  n’en  eft 
qu’oblique.  368 

Petites  coriies  fur  1  ifthme. 

le  fixieme  mois.  ibïd. 
La  droite  clt  la  plus 
grande.  369 

La  gauche  eft  plus  bas.  ib. 
Fibres  mufculaires  de  la 
valvule.  370 

La  valvule  fe  trouve  dans 
les  quadrupèdes.  371 
Scs  variétés.  ib:d. 

46.  Chemin-que  fait  le  fang 

-  '  par  le  trou  ovale.  37 z 
11  va  de  l’oreiiiette.droitc 

à  la  gauche.  -  ibïd. 

Le  trou  ovale  s’ouvre  pen¬ 
dant  la  diaftole  des 
oreillettes.  373 

47.  Reinarques-  de  M.  Lé- 

mery.  374 

Utilité  de  la  valvule, 
Rétréci  lîement  du  trou 
ovale.'  .  575 

48.  Le  conduit  artériel.  37^ 
Le  fang^  vâ  dans  l’arrerc 

pulmonaire.  ïh,id. 
Divifîon  de  cette  artere.  377 
Une  portion  va'  dans 
l’aorte.  -  378' 

II  entre  fort  peu  de  fang 
dans  le  poumon  d’un 
embryon.’  ïhid. 

49.  Différentes  opinions  ; 

-  1  fur  le  conduit  àrcéî  ici. 

'  -  :_37^ 

Erreur  de  Fallope.  ibïd. 
Il  eft  facile  de  le  réfuter  ïïb. 
Le  conduit  artériel  eft  fort 
large  du  côté  du  cœur, 
&  étroit  du  côté"  de- 
l’aorte,  ibid. 


D  E  s  M  A 

;  Sian  '  diamètre.,  3  8  o 

jo.  Opinion  de  M.  Méiy. 

381 

r  II  peafoitque  le  fang  va 
de  gauche  à  droite.  38a 
.  Parce  que  la  cavité  du 
ventricule  droiteft  plus 
ample.  ibid, 

Raifons  que  donne  M. 

Méry.  383 

M.  Rouhaut  étoit  de  ce 
fentimcnt.  38  y 

Autres  partifans  de  M» 
Méry.  386^ 

ObjetSions  qui  ont  été 
faites  courre  ce  fenti- 
meur.,  ,  ibid. 

Auteurs  de  ces  objections. 

:  V.  387 

.  On  dit  que  .rartere' pul¬ 
monaire  n’eft  pas  plus 
grofl'e  dans  le  fétus,  i5. 
Qu  e  fu  i  v_an  t-Thypot  he  fe 
de  M.  Méry  ÿ"  on  ne 
pourroiç  ^  ;Çompr€hdte 
i’in  tentio  a  ideJa  ha  t  U  re. 

.-■ÏPQ-..:  388 

-Que  'Jectfou-  QVâle  refte 
. ,  ;ylus  long-temps  ouvert 
P  ;  -  a  droite.  r.  -ü  ;:  .  389 
:  Il  eft  clair  cjuede  fàng  va 
de  droit  à  gauche.  385 
La  valvule  cfl  égale  au 
trou  ovale.  -  390 

:  sla  rapidité  du  fang  qui 
,  r  vient  de  la  droite  forme 
,  ,  fa  réHftance.,,  : 

'  L’expérience  pronve  que 
le.  fang  va  de  dioir  à 
'  gauche.  39^ 

5  Pourquoi  l’artere .  pul¬ 

monaire  eft-elle  plus 


riERES.  545 

grolTe  dans  le  fétus?  393 
Raifons  peu  folides.  394 
Certainement  elle  eft  plus 
grolTe.  ^  39  s 

Le  conduit  artériel  eft  feul 
aulft  gros  que -l’aorte. 

39^ 

-Et  plus  gros  que  toutes 
les  branches  pulmo¬ 
naires  prifes  euicmble. 

ibid. 

Et  plus  gros  que  l’ouver¬ 
ture  du  trou  ovale.  397 
Calculs  faits.  398 

Ne  s’accordent  point  avec 
ceux  de  M.  Méry.  3  99 

53.  Sentiment  de  M.  Winf- 

low.  400 

Il  n’admet  qu’une  oreil¬ 
lette  au  cœur  du  fétus. 

ibid. 

54.  Le  fétus  rerpire-t-il  ? 

401 

Raifons  de  ceux  qui  l’af- 
furent.  403 

Expériences  ibid.. 

•  55.  Ce  qu’on  peut  répondre 
à  cela  3  le  fétus  lefpiire- 
t-il  dans  le  vagin  ?  404 
Ou  alFure  avoir  entendu 
crier  l’enfant  dans  le 
vagin.  s  ibid. 

Cela  n’eft  pas  probable;. 

405 

A  caufe  de  la  fîtuation  de 
l’enfant  dans  cette  par- 
:  tie.  :•  1 

.  Il  n’eft  pourtant  pas  dé- 
,  iraifonnable  de  le  croire. 

407 

5^.  Suite  de  la  rcfpiracion 
; .  /  ;:du  fétus.  ibid. 


544  T  A  B 

L’exemple  dit  poulet  ne 
doit  pas  fervir  de  preu¬ 
ves.  408 

ruifqu’il  peut  avoir  de 
l’ait.  ibid. 

Cela  peut  auflî  arriver  à 
un  fétus  robufte.  409 
Cela  eft  excrémenient 
rare.  ibid. 

Notes  du  tradudeur  à  ce 
iujet.  ibid.  • 

De  rAccouchement. 

I.  L’augmentation  de  la  ma¬ 
trice.  41 1 

Sa  dilatation  n’eft  point 
d’abord  apparente, 

Mais  quelques  mois  en- 
faite.  ibid. 

Avottemens  fréquens  le 
premier  mois  de  la 
grolTeire.  411 

Peu  -  à  -  peu  le  fang  s’a- 
malfe  dans  les  veines 
de  la  matrice,  413 
La  matrice  s’amollit,  ibid. 
Membrane  de  M.  Hunter.  _ 

414 

X.  Changemensqui  arrivent 
à  l’orifice  de  là.  matrice. 

415 

Peu  fenfibles  d’abord. 

ibid. 

Il  defccnd  peu-  à-peu  dans 
le  vagin.  41  ^ 

Se  ramollit.  ibid. 

Il  n’eft  pas  fermé,  ibid. 

3.  Élévation  de  la  matrice. 

417 

Vers  la  huitième  femaine 
elle  s’élève  au  defl'us  du 
baffin.  '•  ibid. 


L  Ê 

Scs  progrès.  41 S 

Tubercules  de  la  matrice. 

.  ibid. 

Varices  occafionnées  par 
fa  dilatation,  419 
-  Autres  incommodités  qui 
en  font  les  fuites,  ièid. 

4.  Augmentation  du  col  de 

la  matrice.  410, 

Tout  efi:  fort  incertain.  4ii 

5.  Culbute  de  l’enfant  4^^ 
D’abord  il  eft  droit,  ikd. 

11  fe  courbe  enfuite.  ibid. 
Se  remue  long  temps  ave;: 

liberté.  ibid. , 

Il  eft  tout-à-fait  plié.  41 3 
Où  eft  fa  tête  î  -  ibid. 
On  a  nié  la  culbute.  414 
On  prétend. que  la  firtia- 
tion  de  l’enfant  eft  tou¬ 
jours  la  même.  41 J 
Cela  n’eft  pas  vraifem- 
blable.  ibid.  . 

La  tête  n’eft  pas  immo¬ 
bile,  416  ' 

6.  Incommodités  de  la  grof- 

felfe.  417 

Compreflîôn  de  la  veille, 
rétention  d’urine,  ibid. 
Celle  du  rectum ,  produit 
le  téuefme.  418 

Pléthore  de  la  matrice 
caufe  des  douleurs,  ib. 
Sa  grande  dilatation.  3 19 
Son  extenfion  forcée.  5  50 
La  matrice  ne  peut  sՎ 
tendre  fans  douleur.  ibid. 
La  fuppreffibn  des  réglés 
en  fait  preuve,  ibid. 
Règles  pendant  la  grof- 
felTc  qui  retàrdoient 
raccouefaeraent.  431 
La 


Dés  MATlEftËl 


54! 


■  t&  dul’ëté  des  parties  de 
l’enfant  eft  aufli  une  cau- 
fe  d’incommodités  .452; 
La  preffion  des  ihufcles 
,du  bas  - ventre.  ihidi 
.  Moindre  quantité  d’eaux 
de  l’amnios.  ihidi 
Tiraillement  du  placenta. 

43  î 

7.  Caufes  de  l’accouche-, 
ment.  434 

C’eftrintenfîté  des  incom¬ 
modités  de  la  grofleîTe. 

ihid. 

La  Volonté  ÿ  a  quelque 
■  part.  43  î 

Le  fétus  contribue-t-il  à 
fa  fortie  ?  43^ 

Cela  n’eft  pas  vraifem-^ 
blable.  ihidi 

Cependant  des  femmes 
accouchent  fans  le  fa- 
voir..  437 

Des  enfans  font  Çortis  vi- 
vâns  après  la  mort  de 
la  mere.  ihid. 

Comment  cela  fe  peut-il? 

438 

I.  Tem*ps  de  l’accouche¬ 
ment.  ihidi 

II  eft  incertain.-  ihid. 
Plus  fouvent  après  la  35®. 

femaine.  45  ^ 

Les  enfans  qui  nailTenc  à 
d’autre  terme  vivent 
moins.  440 

Ênfâns  à  huit  mois.  ihid. 
A  fepe.  441 

Le  fétus  ne  peut  vivre 
avant  le  fepriemc  mois. 

ihid. 

Enfans  trop  précoces  ne 

Tome  IL 


vivent  point.  442. 

P ,  II  ne  faut  pas  non  plus  pro¬ 
longer  le  terme  de  1  ac¬ 
couchement.  443 
On  a  admis  des  parts  dô 
dix  mois.  444 

De  onze  mois.  .  44? 

De  douze  mois.  ihidi 
De  treize  mois.  44^ 
Et  bien  plus  tard.  ihid. 
Je  n’y  crois  pas.  ihidi 
La  nature  eft  fixe  dans  les 
,  .  brutes.  ,  ^  •  ihidi 

Elle  ne  varie  que  de  bien 
peu.  ihidi 

De  même  chez  les  volati¬ 
les.  ■  ^  447 

La  femme  n’eft  pas  hors 
de  cette  règle.  ihid. 
Malgré  les  violens  reme- 
des  l’accouchément  n’ea 
vient  pas  moins  au  ter¬ 
me  ordinaire,  ïbiî. 
La  néceffité  de  déguifer  la 
vérité  a  porté  les  femmes 
à  cette  fupercherie.  44S 

lO.  Phénomènes  de  l’accou- 
,  chemerit.  444 

L’orifice  de  la  featrice  s’a¬ 
mollit.  ihidi 

On  les  -  régarde  comme 
figues  d’un  accouche¬ 
ment  prochain,  ihid. 

'  Note  du  Traduéleur  fur’ 
cela,  ihidi 

Il  fe  dilate.  ihid,. 

Il  s’ert  échappe  des  glaires 
fanguinolentes.  430 
Noté  du  Tradudeur  à  ce 
fujet.  ihid. 

Les  douleurs  furviennenr. 

ihidi 

M  m 


54^  TABLE 

La  liei>e  quelles  décri¬ 


vent.  ibid. 

Elles  augmentenCi  r 
Pendant  la  douleur  l’ori  - 
fîce  fe  dilate.  ibid. 
Note  du  Tradudeur  à 
cette  occalîon.  ibid. 
A  chaiq  ic  douleur  les  eaux 
avauceiit.  4f2, 

L’orifice  de  la  matrice 
difparoît  enfin,  ibid. 
Les  membranes  fc  iom- 
pent.  ■  "  ibid.. 

Utilité' de  l’écoulement 
des  eaux.  4j'3 

Il  ne  faut  pas  rompre  les 
membranes'  avant  le 
temps,  ou  fansnécef- 
fité.  ibid. 

L’enfant  s’engage  dans  le 
vagin.  '  4t4 

Et  vient  au  monde,  ibid. 
Non  fans  douleur  pour 
la  me  te.  ibid. 

De  même  chez  les  brutes. 

.  ..  ..  415 

Pays  où  l’on  dit  que  les 
femmes  accouchent  fans 
douleur.  ,  .  .ibid. 

Comment  on  doit-  l’en- 
tendre.  --r^xbid. 

Le  grand  exercice  leur 
rend  raccouchcment 
plus  facile.  '  456 

La  petitede  de  la  taille  le 
rend  laborieux,  ibid. 
■  Os  du  badin  luxés,  ibid. 
Écartement  des  os  pubis. 

ibid. 

Des  os  ilium  du  facrum.  458 
Caufes  de  ce.s  âccidens. 

45‘> 


1 1 .  Caufes  efiîcicntcs  de  Tac- 
coucheraent.  ibid. 

L’enfant  n’y  contribue 
point.  ibid, 

La  matrice  eft  regardée 
comme  le  feul  agent. 

460 

Forces  antagniftes  du  col 
&  du  fond  de  ce  vifeere. 

'  ibid. 

Elle  n’efi;  pas  bien  prou¬ 
vée.  ■  4^1 

■  Toutes  les  fibres  de  la  ma¬ 
trice  font  entrelacées  ; 

■  comment  peuvent-elles 
avoir  des  forces,  oppo- 
fées  î  ibid. 

Ce  n’eft  pas  à  l’adion  de 
ces  fibres  qu’on  doit  im¬ 
puter  réca vtement  des 
os  du  batîln.  475 

Les  yiolens  efforts  de  la 
femme  eu  font. la. caufe. 
;  .  ribîd. 

Effets  de  cçs  efforts.  464 
Explication  du  msclianif- 
me  de  l’aecouchemcnt. 

465  6»  fuiv. 
jCz  ne.  font  querdes  eon- 
jedures.  467 

I  I.  Section  d’n  cordon  om- 
,  ,  biJical. .  :  ■-  468 

Les  brutes  mâchent  le  cor- 
don.  ibid. 

"Dans  Khomme  on  en  Tait 
la  ligature.  .  ibid. 
On  a  douté  de  la  nécef- 
fité  de  la  ligature  du 
cordon.  467 

Raifons  de  ces  Auteurs,  ib. 
Râifons  contraires.  470 
Le  férus  perd  fon  fang 


DES  MA 

^uand  on  ne  fait  point  de 
ligature  au  cordon.  17 1 
Hémorrhagie  fûneftc  fur- 
'  venue  à  un  enfant  de 
fept  jours.  ibid. 

Perte  du  fang  de  la  mere 
faute  de  ligature  du 
cordon.  473 

Note  du  Tradudeur.  ib. 

13.  Le  faag  &  le- placenta 

font  expulfés  de  la  ma¬ 
trice,  ;  :  474 

Sortie  du  fang  par  le-dé- 
colement  du  placenta. 

ibïd. 

Hémorrhagie  utérines  , 
très- graves  pendant  la 
grofl'elTe.  '  473 

L’acouchement  feul  les 
fait  celTer.  ibid, 

Coiifeil  de  M.  Puzos  dans 
ce  cas.  47 

Ce  qu’il  faut  faire  quand 
le  placenta  eft  trop  ad¬ 
hérent.  .  477 

On  eonfeiile  de  l’aban¬ 
donner  à  la  nature,  ib. 
Oh  ne  l’arrache  pas  im- . 

punéraent.  '  478 

Danger  pour  la  matrice. 

ibid. 

Craintes  fur  l’abandon  du, 
placenta.  4*7^ 

La  matrice  pèut  fc  fermer 
promptement.  ibi'd. 

Moyens  pour  ces  cas  dou¬ 
teux.  480 

14,  La  contradioii  de  la 

matrice.  ibid. 

Le  fang  coule  abondam¬ 
ment  après  Taccouche- 
48 1 


-lËRES:  547 

Perce.  ibid. 

Moyens  que  l’on  propofe. 

ibid. 

Le  meilleur  eft  la  con- 
tradion  de  là  matière. 

Quelquefois  elle  fe  con- 
trade  très-tard.  48  3 
L’orifice  fe  relTerre  avec 
force  après  l’accouche- 
ment.  484 

La  matrice  reprend  fa 
grofleur  naturelle.  48  j 
Ses  vaijfTeaux  fe  relTerrenr. 


ibid. 

Tranchées  après  l’accou- 
‘  xhement.  .  ^26 

Lochées.  487 

Divcrfês  .  voies  qu’elles 
prennent.  488 

13.  Le  lait. .  489 

L’allaitement.  ibid. 

16,  Les  jumeaux.  490 

Trijumeaux.  49 1 

Quadrijumeaux.  ibid. 
Sont  rares.  ibid. 

-  Aççouchemens  de  cinq 
enfans.  49  f 

il  ne  faut  pas  croire  un 
plus  grand  nombre,  ib. 
Caüfe  de  la  multiplicité 
des  enfans.  ibid. 

Différence  dans  les  bru¬ 
tes.  493,. 


Celles  qui  fe  nourrilfeht 
bien  font  fujettes  à  fai rc 
plufieurs  petits  a  la  fois. 

494 

L’homme  fe  multiplie 
beaucoup.  4^3 

ïlnaît  plus  de  garçons  que 
,  de  filles.  494 


ment. 


^4^  T  A  B  L 

1 8.  La  fuperfétation.  497 
On  la  nie.  ibid, 

Elle  n’eft  point  prouvée  , 
quoique  l’un  foit  plus 
petit  que  l’autre.  498 
6*  fuiy. 

Il  y  a  des  caufes  pour 
cela.  500 

rétus  venus  vivans  à  des 
jours  difi'ércns  ne  la 
prouvent  point.'  501 
1 8.  Quelles  raifons  on  a 
cependant  pour  admet¬ 
tre  la.  Tuperfétation. 

501 


Enfans  parfaits  VeiiüS  | 
jours  différens.  ibid^ 
Exemples  plus  certains  dé 
fuperfétation.  50} 

Superfétation  dans  les  ani¬ 
maux.  504 

Elle  eft  prouvé -par  des 
fétus  conçus  pendant 
u’il  y  en  a  voit  de  morts 
ans  la  matrice. 

Notes  du  Tradudeur  fur 
cela.  J  07 

Exemples  plus .  certains. 

•  joS 


Fin  de  la  Table  des  Matières^